La présente invention concerne un disjoncteur à gaz à
arc tournant.
De façon classique, un tel disjoncteur comprend une
chambre de coupure, qui est pourvue de deux organes
respectivement fixe et mobile, dont chacun est équipé d'un
contact d'arc respectif. Le contact mobile peut ainsi être
déplacé, par rapport au contact fixe, entre une première
position, dans laquelle ils sont en contact mutuel, et une
seconde position, dans laquelle ces deux contacts d'arc
sont séparés.
Lors du mouvement du contact mobile entre la position
de contact et la position séparée, il se forme un arc
électrique, qui disparaít une fois la coupure de l'arc
effectuée. L'organe fixe est par ailleurs muni d'une buse
isolante, délimitant un canal annulaire par lequel, lors du
mouvement du contact mobile, un gaz isolant est dirigé vers
la zone où se produit l'arc électrique.
Un disjoncteur de ce type est encore dénommé « à auto-soufflage
».
L'invention a plus particulièrement trait à un tel
disjoncteur, qui est muni de moyens magnétiques associés au
contact d'arc fixe, de manière à provoquer une rotation de
l'arc électrique.
Une telle solution est notamment décrite dans EP-A-0
734 035. Selon l'enseignement de ce document, le contact
d'arc fixe annulaire se trouve associé à une bobine
électromagnétique de mise en rotation de l'arc, qui est
agencée coaxialement autour de ce contact fixe.
Lors d'une interruption du courant alternatif par le
disjoncteur, le courant de défaut, inhérent à la présence
de l'arc, traverse la bobine et induit ainsi un courant de
Foucault dans le tube supportant le contact fixe. Les,
matériaux, les dimensions et le positionnement de ce tube
sont tels qu'ils permettent de générer un fort champ
magnétique par le courant induit, qui se trouve déphasé par
rapport au courant de défaut.
Ainsi, lorsque le courant de défaut passe par une
valeur nulle, le courant induit précité permet de maintenir
un champ magnétique, dont la composante radiale maintient
la rotation de l'arc.
Ce disjoncteur implique cependant certains
inconvénients, liés notamment à l'utilisation d'une bobine
électromagnétique.
L'enveloppe de ce disjoncteur présente des dimensions
relativement importantes, conduisant à un encombrement
élevé. A cet égard, il est à noter que, si l'on désirait
diminuer les dimensions de ce disjoncteur, il conviendrait
de réduire de manière correspondante la bobine
électromagnétique.
Il est à remarquer que le dimensionnement des bobines
électromagnétiques est d'autant plus difficile que celles-ci
doivent produire un champ magnétique suffisamment élevé
pour provoquer l'extinction de l'arc, tout en satisfaisant
des contraintes thermiques et mécaniques.
En effet, des spires de section trop faible peuvent
entraíner une surchauffe, voire une fonte du conducteur,
alors que les forces électromagnétiques qui agissent sur
les spires peuvent endommager la bobine jusqu'à la
destruction.
Ceci étant précisé, l'invention se propose de
remédier aux différents inconvénients de l'art antérieur
évoqués ci-dessus.
A cet effet, elle a pour objet un disjoncteur à gaz,
comprenant une chambre de coupure qui comporte un organe
fixe pourvu d'un contact d'arc fixe, ainsi qu'un organe
mobile pourvu d'un contact d'arc mobile, ces deux contacts
d'arc étant aptes à présenter une première position
mutuelle, dans laquelle ils sont en contact, ainsi qu'une
seconde position mutuelle, dans laquelle ils sont séparés,
afin de permettre l'interruption du courant dans le
disjoncteur, ce disjoncteur comprenant également des moyens
magnétiques permettant la mise en rotation de l'arc dans
une zone d'arc, caractérisé en ce que les moyens
magnétiques de mise en rotation de l'arc comprennent des
moyens de création d'un champ magnétique, ainsi que des
moyens distincts de création d'un courant induit, alors
qu'il est également prévu des moyens de connexion
électrique entre lesdits moyens de création du champ
magnétique et lesdits moyens de création du courant induit,
de sorte que les moyens de création du champ magnétique
peuvent être alimentés par ce courant induit.
Selon d'autres caractéristiques de l'invention :
- les moyens de création du courant induit sont
séparés longitudinalement des moyens de création du champ
magnétique ;
- les moyens de création du courant induit sont
plus éloignés de la zone d'arc que les moyens de création
du champ magnétique ;
- les moyens de création du champ magnétique
comprennent une bobine à spires non jointives formée par
une partie longitudinale d'un tube conducteur, lesdites
spires étant obtenues par le creusement d'une gorge
hélicoïdale dans ladite partie ;
- le contact d'arc fixe est annulaire, et il est
coaxial avec ledit tube conducteur ;
- les moyens de création d'un courant induit
comprennent une bobine primaire, ainsi qu'une bobine
secondaire ;
- la bobine primaire est formée par un
enroulement intercalaire, alors que la bobine secondaire
comprend des enroulements respectivement intérieur et
extérieur, ledit enroulement intercalaire étant disposé
entre ces enroulements intérieurs et extérieurs ;
- l'enroulement intermédiaire est formé par une
feuille conductrice mince ;
- chaque enroulement intérieur et extérieur est
réalisé sous forme d'un anneau conducteur tronqué,
s'étendant notamment selon un secteur angulaire voisin de
330° ;
- l'enroulement intercalaire est fixé, à une
première extrémité, sur l'un des deux enroulements
intérieur et extérieur de ladite bobine secondaire, par
l'intermédiaire de moyens de fixation ;
- l'enroulement intercalaire est prolongé, à son
autre extrémité voisine de l'autre enroulement de ladite
bobine secondaire, par une feuille de sortie s'étendant à
l'opposé du contact d'arc fixe ;
- les moyens de connexion électriques comprennent
ledit tube conducteur, ainsi qu'un tube conducteur coaxial
extérieur de plus grand diamètre, lesdits tubes conducteurs
étant raccordés électriquement, en deux points distincts,
aux moyens de création du courant induit ;
- l'espace entre lesdits tubes conducteurs
coaxiaux est rempli d'un matériau isolant ;
- il est en outre prévu des moyens de
modification du couplage électromagnétique entre la bobine
primaire et la bobine secondaire ;
- les moyens de modification du couplage
électromagnétique comprennent un cadre formé d'un
empilement de tôles ferromagnétiques, ce cadre comprenant
un corps en forme de U, dans le volume intérieur duquel
s'étendent les enroulements respectivement intercalaire,
intérieur et extérieur, ainsi qu'un barreau, reliant les
extrémités des ailes de ce corps, qui s'étend à l'intérieur
de l'enroulement intérieur.
L'invention va être décrite ci-après, en référence aux
dessins annexés, donnés uniquement à titre d'exemple non
limitatif, dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en coupe longitudinale,
illustrant une chambre de coupure appartenant à un
disjoncteur conforme à l'invention ;
- la figure 2 est une vue de face, illustrant un
agencement de deux bobines appartenant au disjoncteur de la
figure 1, destinées à créer un courant induit ;
- la figure 3 est une vue en coupe longitudinale,
illustrant les deux bobines de la figure 2 ;
- la figure 4 est une vue schématique, illustrant
un diagramme électrique représentatif du fonctionnement du
disjoncteur de la figure 1 ; et
- la figure 5 est une vue en coupe longitudinale,
analogue à la figure 3, illustrant une variante de
réalisation de l'invention.
La figure 1 illustre une chambre de coupure 2
appartenant à un disjoncteur, délimitée par une enveloppe
cylindrique isolante 3, qui est remplie d'un gaz isolant,
tel que du SF6. Cette chambre 2 comprend tout d'abord un
organe fixe, affecté dans son ensemble de la référence 4,
qui comporte un contact d'arc fixe 6, de forme annulaire.
Cet organe 4, qui est électriquement connecté à un
raccord électrique, non représenté, est en outre pourvu
d'un contact de courant permanent 8. La structure de
l'organe fixe 4 sera par ailleurs décrite plus en détail,
dans ce qui suit.
La chambre de coupure 2 renferme également un organe
mobile, illustré partiellement, qui est désigné dans son
ensemble par la référence 10. Celui-ci comprend un support
12, sur lequel est rapporté un contact d'arc mobile 14.
L'organe mobile 10, qui est également connecté à un
autre raccord électrique, non représenté, est équipé d'un
contact de courant permanent 16.
En service, de façon classique, l'organe mobile 10
peut être déplacé entre une position fermée, non
représentée, dans laquelle les contacts d'arc 6 et 14 sont
en contact mutuel, ainsi qu'une position ouverte,
représentée sur la figure 1, dans laquelle ces deux
contacts sont mutuellement séparés.
Lors du déplacement de l'organe mobile 10 de sa
position fermée à sa position ouverte, il se forme un arc
électrique entre les deux contacts 6 et 14, alors que du
gaz isolant se trouve dirigé vers la zone 22 de cet arc
électrique.
En revenant désormais à la description de l'organe
fixe 4, le contact d'arc fixe 6 est monté, à sa périphérie
extérieure, sur l'extrémité d'un premier tube 24, dit tube
extérieur. La liaison entre ce tube 24 et le contact fixe 6
est assurée par exemple par soudure.
Il est en outre prévu, de façon classique, un volume
thermique 25 relié à la zone d'arc 22 par un canal 25', qui
débouche au voisinage du contact fixe 6.
A l'opposé du contact fixe 6, le tube extérieur 24
reçoit une bride 26, sur laquelle est vissée une patte
axiale 28 conductrice. Cette dernière se prolonge par un
anneau intérieur tronqué 30, plus particulièrement visible
sur les figures 2 et 3.
Cet anneau 30 est tronqué, en ce sens qu'il s'étend
selon un secteur angulaire inférieur à 360°, par exemple
voisin de 330°. Cet anneau 30 est solidaire, par
l'intermédiaire d'au moins une vis conductrice 32, d'une
première extrémité 341 appartenant à un enroulement 34 d'une
feuille conductrice mince, telle qu'un clinquant. Cet
enroulement 34 est plus particulièrement visible sur la
figure 2, où il est représenté de façon schématique.
La seconde extrémité 342 de cet enroulement 34 se
prolonge en une feuille 36, s'étendant axialement à
l'opposé du contact d'arc fixe 6. Cette feuille de sortie
36 est raccordée à la borne non représentée du disjoncteur.
L'anneau intérieur 30 est en outre prolongé
axialement, à l'opposé de la patte 28, par un pont 38
conducteur, en forme de U couché dans la direction axiale,
dont l'âme 381 s'étend radialement vers l'extérieur. Ce pont
38 est solidaire d'un anneau extérieur 40 conducteur, qui
est également tronqué, à savoir qu'il s'étend selon un
secteur angulaire inférieur à 360°, par exemple voisin de
330°.
Cet anneau 40 se prolonge par une patte axiale 41
conductrice, plus particulièrement visible sur la figure 3,
qui est fixée par vissage sur une bride coudée 42 solidaire
d'un second tube 44, dit tube intérieur. Ce tube intérieur
44 est entouré de façon coaxiale par le tube extérieur 24
et est isolé électriquement de ce dernier par une couche
tubulaire 45 en matériau isolant.
Il est à noter que, au voisinage de ce contact fixe 6,
le tube intérieur 44 est creusé d'une gorge hélicoïdale 46.
Comme cela sera précisé dans ce qui suit, cette gorge est
destinée à délimiter les spires d'une bobine formée dans
une partie 44A du tube intérieur 44, cette bobine possédant
trois spires dans l'exemple représenté.
Il est également à noter que les contacts 6 et 14, les
tubes 24 et 44, ainsi que les anneaux 30 et 40, qui sont
co-axiaux, possèdent un axe principal A correspondant à
celui de la chambre de coupure. Cependant, à titre de
variante, on peut notamment prévoir que les anneaux 30 et
40 sont excentrés par rapport à la chambre de coupure.
Par ailleurs, le diamètre extérieur du tube 44 est
inférieur à celui du contact fixe 6. Cependant, à titre de
variante, ce tube 44 peut présenter un diamètre supérieur
ou égal à celui du contact fixe 6.
La figure 4 illustre un diagramme électrique du
disjoncteur des figures précédentes.
Sur ce diagramme, on retrouve tout d'abord le contact
d'arc fixe 6, à partir duquel s'étend une première branche
conductrice, formée par le tube extérieur 24, la bride 26
et la patte 28. Cette branche débouche dans un noeud du
circuit, formé par la ou les vis 32.
Ce noeud 32 est tout d'abord connecté à l'enroulement
34, qui forme une bobine dite primaire, reliée à une sortie
par l'intermédiaire de la feuille 36.
Ce noeud 32 est également raccordé à une bobine dite
secondaire, possédant une première spire constituée par
l'anneau intérieur 30, ainsi qu'une seconde spire
constituée par l'anneau extérieur 40, ces deux spires étant
reliées par l'intermédiaire du pont 38.
La seconde spire 40 est ensuite prolongée par une
autre branche électrique du circuit formée par la patte 41,
la bride 42, ainsi que la partie du tube intérieur 44
adjacente à cette dernière. Cette branche électrique est
alors connectée à une troisième bobine, formée par la
partie 44A du tube intérieur 44.
Comme mentionné précédemment, le creusement de cette
partie 44A par une gorge hélicoïdale 46 permet de
transformer cette partie du tube 44 en une bobine à spires
non jointives. Dans ce qui suit, nous utiliserons la
référence 44A pour désigner cette troisième bobine.
Cette troisième bobine 44A est enfin reliée
électriquement au contact d'arc fixe 6.
La figure 5 illustre une variante de réalisation de
l'invention. Sur cette figure, les éléments mécaniques
analogues à ceux des figures précédentes y sont affectés
des mêmes numéros de référence, augmentés de 100.
Comme le montre cette figure 5, les bobines
respectivement primaire 134 et secondaire 130, 140 sont
associées à un cadre 150. Ce dernier comprend un corps 152,
en forme de U, ainsi qu'un barreau 154, s'étendant entre
les extrémités des deux ailes de ce U. Le corps 152 et le
barreau 154 sont tous deux constitués par un empilement de
tôles ferromagnétiques, de type connu en soi, pouvant être
utilisées pour la fabrication de transformateurs.
Le cadre 150 définit ainsi un espace libre médian 156,
à l'intérieur duquel s'étendent partiellement les deux
anneaux 130 et 140, ainsi que l'enroulement 134. Par
ailleurs, le barreau 154 s'étend dans le volume intérieur
de l'anneau 130.
Ce cadre 150 entoure ainsi les anneaux 130 et 140 à la
façon d'un maillon de chaíne. A cet égard, on peut noter
que, si ces anneaux s'étendaient sur 360°, ils formeraient
deux maillons de chaíne avec le cadre 150.
La présence de ce cadre 150 permet de modifier le
couplage électromagnétique entre les bobines respectivement
primaire 134 et secondaire 130, 140. Ainsi, grâce à la
présence de ce cadre 150, les lignes de champ magnétiques
sont sensiblement maintenues dans les tôles
ferromagnétiques constitutives de ce cadre 150, ce qui peut
assurer une augmentation de la valeur du courant induit
déphasé.
Le fonctionnement du disjoncteur, décrit ci-dessus, va
maintenant être explicité en référence aux différentes
figures.
Lors d'une interruption du courant de défaut, on
produit un arc dans la zone 22 entre les contacts d'arc 6
et 14. Ce courant passe par le contact d'arc 6, puis vers
la branche formée par le tube extérieur 24, la bride 26 et
la patte 28. Ce courant s'écoule alors, via le noeud formé
par les vis 32, dans la bobine formée par l'enroulement 34,
puis se trouve évacué par la feuille de sortie 36.
Par ailleurs, sous l'effet du passage de courant dans
l'enroulement 34, un fort champ magnétique induit un
courant dans le circuit constitué des deux anneaux associés
30 et 40, des tubes intérieur 44 et extérieur 24 et de la
troisième bobine 44A.
De la sorte, ce courant induit est susceptible de
prendre le relais du courant de défaut, lorsque celui-ci
passe par une valeur nulle. Par conséquent, la troisième
bobine 44A est à même de créer un champ magnétique assurant
la rotation de l'arc, de façon connue en tant que telle.
Ainsi, dans la présente invention, il y a séparation
entre, d'une part, les moyens de création du champ
magnétique, à savoir la bobine en hélice 44A formée dans le
tube intérieur 44 et, d'autre part, les moyens de création
du courant induit, à savoir la bobine 34 ainsi que la
bobine équivalente aux deux anneaux 30 et 40, qui sont
reliés par le pont 38.
Ceci est à comparer avec l'art antérieur, notamment
connu de EP-A-0 734 035, dans lequel le tube supportant la
bobine possède deux fonctions. En effet, celui-ci assure
non seulement la création d'un courant induit, par couplage
inductif avec la bobine, mais constitue également une
bobine à une spire, assurant la génération d'un champ
magnétique, pour la rotation de l'arc.
La séparation de ces deux fonctions, apportée par la
présente invention, est avantageuse.
Ainsi, grâce à l'invention, les moyens séparés de
création respectivement du courant induit et du champ
magnétique peuvent être l'un et l'autre dimensionnés de
façon optimale.
Dans cette optique, les organes de création du courant
induit peuvent être réalisés de manière particulièrement
satisfaisante, étant donné qu'ils se trouvent à distance de
la région de l'arc, région dans laquelle il y a lieu de
tenir compte des règles d'écoulement gazeux et des champs
diélectriques.
L'invention permet de se passer de chambre de
soufflage à piston pour la coupure des faibles courants,
d'où une réduction de la quantité d'énergie nécessaire à la
manoeuvre du disjoncteur.
L'invention n'est pas limitée à l'exemple décrit et
représenté.
Ainsi, la bobine secondaire, formée dans l'exemple par
deux anneaux disposés de part et d'autre d'un enroulement
intercalaire, peut être réalisée sous forme d'un
enroulement unique, prévu à l'intérieur ou à l'extérieur de
cet enroulement formant la bobine primaire.
Par ailleurs, chaque bobine, que ce soit primaire,
secondaire ou tertiaire, peut être réalisée sous une forme
différente de celle décrite ci-dessus. On citera ainsi, à
titre non limitatif, des réalisations sous forme d'au moins
un tube, dans lequel est ménagée une gorge hélicoïdale, ou
encore sous forme d'au moins un enroulement d'une feuille
de matériau conducteur.