La présente invention concerne la fabrication d'un
d'un produit de remplacement du bois, du type de ceux qui
sont constitués par un matériau composite de résine
organique et de fibres de bois, dans la gamme des densités
moyennes. Il s'agit de matériaux qui se présentent sous la
forme de plaques à découper et que l'on appelle dans le
métier un "medium density fiberboard", ou "MDF", à partir de
l'expression anglo-saxonne.
Les fibres de bois présentent des atouts indéniables
pour la fabrication de matériaux composites à partir de
compositions dans lesquelles elles se trouvent en mélange
avec des résines organiques durcissant par polymérisation.
Elles assurent une bien meilleure cohésion que des charges
en poudre. Elles ont en outre l'avantage d'être largement
disponibles à bon marché à partir des résidus des scieries
et des usines de fabrication d'articles de menuiserie en
bois véritable.
Par contre, et d'une manière générale, la fabrication
des composites MDF, spécialement dans le cas d'une
fabrication industrielle, implique des compositions et
conditions qui sont différentes de celles que l'on applique
pour des produits légers ou pour des matériaux très denses
dans lesquels les fibres de bois ne constituent guère qu'une
charge parmi d'autres.
Les fibres de bois s'y utilisent en général
calcinées et en combinaison avec des résines organiques de
la famille des aminoplastes, telles plus spécialement les
résines de mélamine-formol et/ou urée-formol, en des
proportions telles que lorsque la composition de base est
étalée en un feutre puis durcie, ce qui se fait à chaud sous
pression mécanique, à une température suffisante pour
provoquer la polymérisation du liant de résine(s), elle
conduit à des plaques de matériau MDF utilisables, en mieux,
en remplacement des plaques de bois ou de bois reconstitué
plus classiques.
Les matériaux actuels de type MDF se fabriquent donc
couramment en plaques à découper. Mais on ne se sait pas
leur donner un aspect 2 qui évite d'avoir à leur appliquer
un revêtement, alors qu'il le faudrait pour répondre aux
attentes du marché. En particulier, ils sont naturellement
d'une couleur terne, variable dans les bruns, qui leur vient
du bois d'origine, et qui, dans la grande majorité des
applications, n'est pas appréciée par la clientèle. En
outre, cette couleur n'est ni franche, ni uniforme, ni
reproductible, et elle n'est même pas stable dans le temps.
Par suite, on est conduit à doubler les plaques de MDF d'une
couche de revêtement correctement colorée en vue de leur
commercialisation, et si tel n'est pas le cas, il faut à
tout le moins, préconiser l'application d'une peinture
recouvrant leur surface chez l'utilisateur.
Pourtant, les composites de ce type trouvent de
nombreuses applications dans l'industrie, où ils sont
destinés généralement à remplacer le bois dans ses applications
courantes, notamment pour la fabrication de meubles
et autres objets d'équipement de locaux et de décoration,
mais aussi pour la confection de boítes, panneaux et
articles divers. Il s'ensuit qu'ils doivent être tout aussi
faciles que le bois naturel à découper, trouer, coller,
visser, raboter, abraser, polir, etc. Par contre, même si
l'on peut chercher, par rapport au bois naturel, à faire
mieux dans certaines propriétés telles que la résistance aux
agents chimiques, la résistance au choc ou à la rayure, la
résistance au feu, etc., ils présentent encore
l'inconvénient majeur de mal accepter la peinture
superficielle ultérieure pour des consommations
raisonnables.
A l'origine de l'invention, on a effectivement
constaté qu'il se présentait des difficultés pour obtenir
des coloris divers dans la masse de ces matériaux, et
surtout que les connaissances en la matière ne permettent
jamais d'obtenir des teintes claires de qualité pastel.
Pour permettre la coloration du matériau dans la
masse au cours de sa fabrication, l'invention se base sur la
sélection d'agents colorants particuliers en combinaison
avec la composition de la matière à durcir et les conditions
de sa mise en oeuvre.
Ainsi, l'invention a pour objet un procédé de fabrication
d'un produit de remplacement du bois, se présentant
en plaques à découper et constitué par un matériau composite
de résine organique de la famille des aminoplastes et de
fibres de bois, dans la gamme des densités moyennes, qui se
caractérise en ce que, pour assurer la coloration du
matériau dans sa masse dans des teintes variées, et
notamment dans des tons pastel, il consiste à provoquer le
durcissement, par polymérisation à chaud sous pression
mécanique, d'une composition comportant un agent colorant
organique en plus de la résine organique et des fibres de
bois, cette composition étant soumise au préalable à une
étape de séchage à chaud en atmosphère oxydante.
Les colorants peuvent être avantageusement de type
cationique. Toutefois il est préférable de les choisir parmi
les colorants catalogués basiques ou ceux catalogués
directs, avec en plus une préférence pour ces derniers bien
qu'ils ne soient pas de type cationique.
La classification des colorants à laquelle on se
réfère ici est, comme il est usuel, celle de la désignation
internationale SDC établie par la société "Society of Dyers
and Colorists".
L'agent colorant, éventuellement lui-même constitué
par un mélange de plusieurs composés chimiques compatibles,
est présent dans la composition dans une proportion efficace
à la fois pour faire disparaítre la teinte venant des fibres
de bois qu'il aurait en son absence et pour conférer sa
propre teinte au matériau durci final. D'une manière
générale, cette proportion est avantageusement comprise dans
la gamme de 0,1 à 3 % en poids du poids de matières sèches
de la composition totale, et de préférence entre 0,1 et 1 %.
Les agents colorants utiles suivant l'invention
existent sur le marché. Ils y sont proposés pour des
applications tout différentes, à savoir la teinture des
fibres textiles dans les tissus naturels ou synthétiques.
C'est ainsi que l'on peut avantageusement utiliser
suivant l'invention les colorants vendus sous la marque
Astrazon de la société DyStar pour les colorants basiques,
et que, notamment pour des matériaux devant supporter une
exposition au soleil, on leur préfère les colorants directs
vendus par la même société sous la marque Sirius.
Bien entendu, l'invention porte non seulement sur le
procédé, mais aussi sur la composition correspondante et sur
les matériaux en plaques obtenus.
Par ses différentes caractéristiques, telles
qu'elles sont définies et décrites ci-dessus et ci-après et
telles qu'elles peuvent être avantageusement appliquées
industriellement, l'invention permet notamment :
- d'assurer une bonne diffusion du colorant tout au sein
de la masse de matériau ainsi que sa fixation définitive sur
les fibres de bois, et donc une permanence durable et
homogène de la coloration ;
- de faciliter la mise en oeuvre du produit obtenu, en
supprimant éventuellement tout besoin de peinture ultérieure
pour peu que l'objet confectionné se contente des coloris
des plaques que son fabricant a achetées ;
- de faciliter la mise en forme et le traitement des
compositions jusqu'à l'obtention des plaques durcies ;
- de conduire de manière sûre et reproductible à des
teintes stables dans les coloris désirés, grâce en particulier
au fait que la composition supporte sans difficulté
les conditions de traitement choisies suivant l'invention,
malgré les hautes températures auxquelles elle est exposée
et malgré les variations sensibles du pH qu'elle doit subir.
L'invention sera maintenant plus complètement
décrite, dans le cadre de ses caractéristiques préférées, à
l'aide d'un mode de mise en oeuvre particulier du procédé et
d'exemples de la composition objet de l'invention. Dans ces
exemples, les quantités et proportions seront chiffrées en
poids et en pourcentage du poids de matières sèches, sauf
indication contraire.
Bien entendu, cette description n'entend pas être
limitative, et l'homme de l'art saura y apporter de
nombreuses variantes et adaptations à partir des connaissances
à sa portée, se situant notamment dans le domaine des
matières plastiques et des matériaux composites de bois.
Suivant l'invention les fibres de bois sont
incorporées dans la composition à durcir sous la forme d'une
pulpe dite thermo-mécanique, résultant de la dessiccation de
déchets de bois broyés.
En général, des déchets de bois trop gros sont
ramenés à l'état de sciure ou copeaux puis tamisés ou
autrement triés pour ne conserver que ceux dont les
dimensions sont de l'ordre de 5 à 40 mm. Ensuite, après un
nettoyage éventuel en soi classique, ils sont passés en
étuve pour un traitement d'humidification et de ramollissement
par la vapeur d'eau qui s'effectue à une température
de l'ordre de 150 à 170 °C. Ils en sont éjectés à
travers un broyeur à disques rotatifs qui les déchiquette en
fibres dont la longueur n'excède pas 1 à 2 mm en moyenne.
C'est alors que ces fibres sont additionnées de la
résine organique et d'un colorant organique approprié à la
teinte désirée. L'ensemble est soigneusement malaxé. L
composition obtenue est ensuite transférée par transport
pneumatique à une étape de séchage, qui s'effectue en
cyclone en milieu d'air chaud, donc en atmosphère oxydante,
et à une température de l'ordre de 120 à 140 °C, jusqu'à
atteindre un degré de siccité ne dépassant pas 12 %
d'humidité.
La composition chimique du bois, s'agissant ici
d'une espèce tendre (essence
Pinus Pinaster par exemple),
est la suivante, en poids :
| | Moyenne |
Cellulose | 43 - 47 % | 45 % |
Hémicellulose | 25 - 35 % | 30 % |
Lignine | 16 - 24 % | 20 % |
Matières volatiles | 2 - 8 % | 5 % |
Suivant l'invention, la sciure de fibres de bois est
en intime mélange dans la composition avec la résine
additionnée de l'agent colorant dès l'étape de séchage
préalable à l'étape de durcissement proprement dite. La
résine est comme il est classique une résine appartenant à
la famille des résines aminoplastes, et apte à durcir par
polycondensation de la résine sur elle-même et
éventuellement par réaction également avec d'autres
constituants ajoutés dans la composition.
Comme résine on utilise ici une résine d'urée-formol
ou une résine de mélamine-urée-formol. En général, il n'est
pas nécessaire qu'elle soit modifiée par un autre polymère.
Par contre, on préférera souvent les copolymères d'urée-formol
et de mélamine formol.
A titre d'exemple, la résine comprend 75 % d'urée et
25 % de mélamine, en combinaison avec du formaldéhyde dans
les proportions stoechiométriques.
Dans le mélange, en plus du ou des agents colorants
organiques choisis conformément à l'invention, on peut
incorporer des additifs divers, tels que ceux que l'on
connaít pour conférer au produit final des propriétés
spécifiques de résistance au feu ("flame retardants" en
anglais) ou de résistance à l'humidité, ou pour favoriser la
résistance aux agents atmosphériques dans les applications
en extérieur des plaques finalement obtenues.
On obtient ainsi une pâte que l'on dépose en
épaisseur régulière sur une bande en tamis qui passe sur des
pompes à vide, de manière à compacter la pâte retenue sur le
tamis pour former un feutre. L'opération conduit à un feutre
compact où les fibres de bois sont réparties de manière
homogène et où déjà la cohésion est assurée entre elles et
la résine additionnée de colorant.
Dans la composition ainsi mise en forme, le taux
d'humidité n'est plus que de l'ordre de 8 à 10 %. Il s'est
abaissé par exemple de 12 % en sortie de l'étape de séchage
à 9 % après le séchage complémentaire à température ambiante
qu'implique l'étape de compactage. On peut observer d'autre
part que la composition présente un caractère légèrement
acide, contrairement à la pâte de départ. Lors du malaxage,
le pH est compris entre 8,5 et 10, et en fin de séchage, il
est voisin de 5.
Le feutre ainsi obtenu en une bande continue est
découpé en plaques individuelles avant d'être soumis à une
cuisson qui assure son durcissement par polymérisation.
Cette cuisson s'opère à chaud et sous pression,
chaque plaque étant comprimée entre deux plateaux d'une
presse mécanique qui la chauffent simultanément à une température
de l'ordre de 170 °C, plus généralement comprise
entre 160 °C et 180 °C. La pression est de l'ordre de 290
bars, et plus généralement comprise entre 30 et 10 kg/cm2.
Les plaques finalement obtenues, colorées dans la
masse, sont prêtes à être commercialisées après une rectification
des bords. En exemples, leurs compositions
chimiques sont constituées, en proportions pondérales de
matières sèches, de:
| | En moyenne |
Fibres de bois | 80 - 90 % | 83 % |
Résine organique | 8 - 12 % | 10 % |
Huile de paraffine | 1 - 2 % | 1.5 % |
Colorant organique | 0.1 - 1 % | 0.5 % |
Les agents colorants incorporés dans ces compositions
suivant l'invention, à une dose comprise entre 0,1
et 1 % en poids du poids total de la composition en matières
sèches (suivant l'intensité de coloration désirée dans la
masse de la plaque finale), sont tous des colorants
organiques qui appartiennent seulement à deux catégories de
la classification SDC, à savoir celle des composés dits
basiques, ou celle des agents colorant dits directs.
Dans ce cadre rentrent par exemple les agents
colorants ci-après :
- Astrazon 2RN pour obtenir une teinte gris anthracite,
- Astrazon FBL pour obtenir une teinte bleu ciel,
- Sirius Royal Blue S pour obtenir une teinte bleu vif.
En utilisant d'autres colorants des mêmes gammes en
même temps que des additifs connus appropriés, on obtient :
- des plaques spéciales par leur résistance à
l'humidité, aux quelles on confère la couleur verte,
- des plaques colorées en gris en association avec un
additif favorisant la résistance aux agents atmosphériques,
en vue des applications en extérieur,
- des plaques colorées en rouge en association avec un
additif assurant une bonne résistance au feu.
Différents essais ont été effectués pour étudier les
mécanismes réactionnels qui peuvent entrer en jeu pendant le
déroulement du procédé de séchage et durcissement et déterminer
comment peuvent s'expliquer les résultats surprenants
obtenus par l'invention.
A ce sujet, il est à souligner que les colorants
préconisés suivant l'invention ont été développés pour
servir en teinture de fibres textiles, principalement des
fibres de coton, lesquelles sont dépourvues de lignine et
exclusivement constituées de cellulose. Il était donc imprévisible
que les agents colorants de cette famille puissent
être efficaces pour la coloration des matériaux composites à
base de fibres de bois, et ce au point d'imposer la teinte
du colorant en faisant disparaítre la couleur naturelle
venant des fibres de bois qu'aurait le matériau en leur
absence.
En premier lieu, il apparaít que les colorants
voient leur pouvoir colorant préservé tout au long du
traitement de la composition, alors même que les conditions
de sa mise en oeuvre lui font subir des variations de pH
importantes et des températures élevées, que ce soit pendant
l'étape de séchage ou pendant l'étape de durcissement
thermo-mécanique proprement dite.
D'autre part, il semble que l'on doive globalement
admettre que pour l'essentiel, les réactions chimiques qui
touchent les fibres de bois pour y fixer le colorant amené
par la résine organique impliquent la cellulose.
Or effectivement, il se trouve qu'au cours du
traitement, les matières volatiles du bois s'évaporent en
majeure partie dans la vapeur dégagée lors du séchage à
chaud. Il en est de même partiellement pour l'hémicellulose
et la lignine, dans la mesure de leur solubilité dans l'eau.
Les résultats obtenus en appliquant l'invention font
également penser que pendant le processus de traitement, la
cellulose du bois subit une réaction d'oxydation à l'air
lors de l'étape de séchage, à la suite de laquelle elle
réagit avec les agents colorants organiques par des
fonctions aldéhyde, cétone, ou carboxyle, ce que ne pouvait
prévoir l'homme de l'art.
En outre, étant donné que la cellulose contenue dans
les fibres de bois est sous forme de microfibres, ou
fibrilles, présentant des régions amorphes et d'autres
cristallines, l'addition de vapeur d'eau au cours du
traitement entraíne une augmentation des régions amorphes.
Les composés organiques constituant des colorants
dits basiques ont bien moins tendance que les colorants
directs à réagir avec les fibres de cellulose, mais ils ont
l'intérêt de présenter une forte affinité électrophile, d'où
leur capacité à former des ponts hydrogène les liant par des
forces de Van des Walls aux régions amorphes des fibrilles.
De la sorte, l'invention a l'avantage de permettre
la fabrication de plaques de bois à découper qui présentent
dans la masse, des teintes variables à volonté, et notamment
dans les tons pastel, ce que l'on ne pouvait pas concevoir à
partir des connaissances techniques antérieures sans faire
oeuvre inventive.