[0001] L'invention a pour objet un dispositif de coiffe radiculaire préfabriquée comportant deux éléments, un premier élément en forme de plaque destiné à être fixé sur la partie supérieure d'une racine dentaire préparée à cet effet, et un second élément présentant des moyens d'ancrages supraradiculaires destinés à maintenir une prothèse de type partielle ou totale.
[0002] On connaît la technique exposée dans le brevet CH 670 563 par le Dr Dalla Bona (Quintessenz, 4/1987) concernant l'utilisation d'ancrages radiculaires sphériques vissés à l'intérieur du canal radiculaire et utilisés pour fa fixation de prothèses partielles et totales. Dans cette technique, après avoir fixé l'ancrage radiculaire selon Dalla Bona, on prépare sur la surface occlusale de la racine des rétentions mécaniques et on recouvre le tout avec du ciment verre-ionomère. Ce recouvrement permet d'éviter une carie radiculaire et d'augmenter la rétention de l'ancrage.
[0003] L'idée de conserver des racines dentaires et de réaliser par-dessus des prothèses adjointes poursuit le but de ralentir et d'éviter le processus inéluctable de résorption des crêtes alvéolaires après les extractions. Elle vise également à maintenir des rétentions mécaniques qui permettent une meilleure adaptation à la prothèse, une meilleure coordination musculaire entre la langue et la musculature periorale, une force majeure ainsi qu'une mastication plus efficace. La pério-overdenture représente l'évolution de la prothèse composite traditionnelle (Hybridprothese en allemand ou overdenture en anglais) et se caractérise par des bases prothétiques qui respectent au maximum le parodonte marginal.
Pour ce faire, les espaces interdentaires de part et d'autre des dents piliers doivent rester ouverts, et la base de la prothèse doit se limiter aux surfaces édentées (Koller & Palla 1988).
[0004] Le patient peut ainsi nettoyer les dents piliers au moyen de brossettes qui sont introduites dans les espaces interdentaires, et qui produisent par la même occasion une action de brossage du parodonte marginal (Kundert & Palla 1988).
[0005] Tout au long de ces années plusieurs types de préparations des dents piliers ainsi que différents types de coiffes radiculaires ont été développées. Au départ, la préparation classique des dents piliers pour coiffes radiculaires se caractérisait par un chanfrein circulaire qui impliquait un bord en or nettement visible de la coiffe. De nos jours une telle solution est difficilement proposable de part la recherche effrénée de l'esthétique même chez les patients âgés.
A partir des années 90, afin de diminuer au maximum la présence d'un bord en or visible, on a développé une préparation sans chanfrein à 90[deg.], légèrement concave, où l'on a réduit au maximum l'épaisseur de la coiffe radiculaire qui se limite a un fin liseré en or à peine visible et qui offre de meilleurs résultats esthétiques notamment chez les patients découvrant entièrement leurs dents (Airoldi et al. 1999). Le manque de chanfrein ne s'est pas avéré défavorable cliniquement (Jermini 1996, Oberson 2001). D'autre part l'utilisation de ciments adhésifs a définitivement mis de côté la technique avec chanfrein.
[0006] Une évolution ultérieure a été marquée par l'apparition des coiffes radiculaires en céramique ou à revêtement céramique qui sont indiquées lors de récessions ou de caries radiculaires dans la zone buccale visible ou lorsque le niveau gingival est très irrégulier (Airoldi et al. 1999). On peut ainsi corriger l'inclinaison de la surface occlusale de la coiffe et donc augmenter l'épaisseur du revêtement buccal de la suprastructure en diminuant notablement le risque de fracture de la céramique à cet endroit.
[0007] Cependant, le coût élevé des réhabilitations précédemment exposées limite considérablement l'utilisation de ces méthodes à une très large échelle. C'est pour cette raison que des systèmes alternatifs, comme le système Ticap<(R)> (Unor AG, Schlieren, Suisse) ont été développés afin de proposer des prothèses amovibles de type perio-overdentures à des coûts réduits (Treubner & Marinello 2005). Bien que les coiffes préfabriquées de type Ticap<(R)> en titane présentent certains avantages, notamment un coût relativement bas, un gain de temps lors de leur placement et l'universalité de l'ancrage sphérique. Elles ont néanmoins l'inconvénient de présenter de grandes difficultés lors de l'adaptation au pourtour de la racine compte tenu du fait qu'il faut limer le titane.
De plus, elles comportent un tenon qui s'insère dans le canal radiculaire afin d'en assurer le maintien. Ce tenon peut d'une part créer des tensions sur les parois dentinaires qui peuvent entraîner la fracture de la racine, et d'autre part il rend presque impossible le retraitement du canal radiculaire.
[0008] L'invention a pour buts de fournir un dispositif de coiffe qui soit également relativement bon marché et qui ne présente pas les inconvénients cités ci-dessus, c'est à dire qui soit facile à adapter au pourtour de la racine, qui soit facilement réparable, et qui ne comporte pas de tenon métallique afin de permettre le retraitement du canal radiculaire.
[0009] Ces buts sont atteints avec un dispositif de coiffe selon l'invention définit à la revendication 1.
[0010] L'invention sera mieux comprise, ses avantages et ses caractéristiques apparaîtront plus clairement à la lecture de la description d'une forme d'exécution d'un dispositif de coiffe selon l'invention, donné uniquement à titre d'exemple, en regard des dessins sur lesquels:
<tb>La fig. 1 <sep>représente schématiquement une coupe sur une racine dentaire et une forme d'exécution d'un dispositif de coiffe selon l'invention.
<tb>La fig. 2 <sep>représente schématiquement la même vue que la fig. 1, mais juste avant l'application du dispositif de coiffe sur la racine.
<tb>La fig. 3 <sep>représente schématiquement la même vue que la fig. 1, lorsque le dispositif de coiffe est en place.
[0011] Comme on le voit sur la fig. 1une racine dentaire est disposée dans l'os alvéolaire 9 de la mâchoire Elle est constituée de dentine 12 entourée de cément 7, entouré lui-même d'un ligament parodontal 8 réalisant la liaison avec l'os alvéolaire 9. Le dessus de l'os alvéolaire est recouvert par la gencive 6 et la racine présente en son centre un canal radiculaire 10.
[0012] Dans la confection traditionnelle d'une coiffe en or, après avoir effectué un traitement de racine, on prépare la partie coronale de la racine de façon plate. On effectue ensuite un alésage du canal radiculaire de manière à permettre l'insertion d'un tenon intracanalaire métallique préfabriqué. On réalise un puit sur la surface coronale de la racine, et finalement on prend l'empreinte définitive de la préparation avec le tenon inséré dans le canal radiculaire. Le technicien construit enfin une coiffe en or autour du tenon intracanalaire et soude un élément rétenteur cylindrique sur lequel viendra se fixer la matrice fixée à l'intérieur de la prothèse définitive. Cette procédure est longue, difficile à réaliser d'un point de vue technique, et présente un coût élevé.
[0013] Une forme d'exécution d'un dispositif de coiffe selon l'invention représentée à la fig. 1comporte un premier élément 1 en forme de plaque en résine composite photopolymérisable ou en résine acrylique thermodurcissable, présentant une surface plane 13, et un second élément 15 comportant une partie 3 noyée dans la masse de la résine composite constituant le premier élément 1. La surface plane 13 dudit premier élément est destinée à être collée sur la surface 14 préparée sur la partie coronale de la racine dentaire 12. Dans la forme d'exécution représentée, il a été prévu un téton 4 constitué du même matériel de l'élément 1. Ce téton est destiné à pénétrer dans la partie supérieure 5 du canal radiculaire. Le téton 4 a un diamètre de 2-3 mm, et une hauteur comprise entre 2 et 4 mm.
Il pourra aisément être raccourci à la longueur voulue au moment de la pose. Le téton 4 destiné à être introduit dans le puit 5 préparé dans la partie supérieure du canal radiculaire permettra un meilleur centrage de la coiffe, augmentera la surface d'adhésion à la dentine radiculaire, et enfin permettra une meilleure résistance du dispositif aux forces transversales de cisaillement. Le second élément 15 métallique, par exemple en titane, comporte une partie 3 noyée dans le premier élément 1, de manière à le lier à ce dernier, et des moyens d'ancrage 2 qui sont dans le cas particulier en forme de boule ou sphère, mais qui pourraient aussi être en forme de cylindre.
[0014] La mise en place d'un dispositif de coiffe selon l'invention se fera de la manière suivante:
on réalise un traitement de racine traditionnel,
on prépare une surface plane sur la partie coronale de la racine,
on alèse la partie supérieure du canal radiculaire de manière à créer un puit cylindrique,
on coupe le téton à la longueur correspondante à la profondeur de la préparation du puit radiculaire, c'est-à-dire normalement à environ 2 à 3 mm,
on cimente ledit premier élément sur la partie supérieure de la racine au moyen d'un ciment résineux, ou au moyen de résine composite photopolymérisable 11
on comble les éventuels défauts entre le premier élément en résine composite et la partie supérieure de la racine au moyen de résine composite photopolymérisable selon la technique directe connue,
on rectifie le pourtour du premier élément en composite de manière à l'adapter parfaitement au pourtour de la racine au moyen de fraises diamantées et de gommes à finir.
[0015] L'utilisation des mêmes matériaux, c'est-à-dire une résine composite pour construire le premier élément et pour coller ledit premier élément sur la racine améliore considérablement l'adhésion du premier élément sur la dentine radiculaire de la surface 14. Cette caractéristique facilite également sa pose et permet une correction facile des éventuels défauts. Par la suite un dispositif selon l'invention permet d'effectuer des retraitements, par exemple une révision du canal radiculaire ou un changement dudit dispositif. Un dispositif selon l'invention permet une pose facile et rapide pour le médecin dentiste avec une réduction des temps de traitement et donc également une réduction des coûts pour le patient. De plus un dispositif selon l'invention permet d'obtenir d'excellents résultats esthétiques grâce à l'absence totale de métal sur les bords.