Procédé de fabrication d'un tissu élastique On connaît diverses manières d'obtenir des tissus élastiques, autres que l'emploi de fils de caoutchouc ou de fils à torsion crêpe.
C'est ainsi, par exemple, que dans le brevet fran çais No 699313 on confère de l'élasticité à un tissu par l'utilisation d'un fil spécial mouliné composé de spires rapprochées en laine ou en soie s'enroulant autour d'un fil de coton qui sert d'âme, fil de coton que l'on fait disparaître, au cours de la fabrication du tissu, après le tissage, en le détruisant par inciné ration ou par tout autre moyen.
De même, le brevet français No 947462 vise un procédé de fabrication d'une étoffe élastique, con sistant à introduire dans l'étoffe, lorsqu'on la tisse, un nombre sensible de fils fibreux à forte torsion, enroulés en hélice, pendant que ces fils sont secs et allongés sensiblement en ligne droite, puis à mouiller le tissu avec de l'eau chaude ou de la vapeur d'eau pendant qu'il est sans tension, de telle sorte que les fils enroulés prennent la forme d'hélices contractées qui contribuent à la douceur de l'étoffe et la main tiennent élastiquement à l'état contracté.
Egalement, le brevet français No 1103650 con cerne un procédé pour la fabrication de fils et tissus fortement élastiques et déformables avec des fibres synthétiques, dans lequel on part d'un filé synthétique insoluble qu'on tord, qu'on enveloppe ou accouple de toute autre manière avec un filé aisément soluble chimiquement, dans un dissolvant déterminé. Suivant le brevet anglais N 777449, on obtient des tissus ou des fils élastiques en contractant mécaniquement, à l'aide d'une machine spéciale, des tissus ou des fils de matière thermoplastique et en fixant les déforma tions obtenues par chauffage et refroidissement.
Tous ces procédés présentent l'inconvénient, soit de nécessiter la confection préalable de fils spéciaux, soit de nécessiter des traitements spéciaux sur des machines spéciales avant ou après le tissage, ce qui grève le prix de revient du tissu obtenu.
Le but de la présente invention est d'obtenir un tissu élastique à partir de fils ordinaires, non élasti ques, sans recourir à des machines ou traitements spéciaux avant ou après le tissage.
L'invention a pour objet un procédé de fabrica tion d'un tissu élastique, caractérisé en ce qu'on ef fectue le tissage avec une armure de grand embu- vage, puis on soumet le tissu ainsi obtenu à un trai tement thermique de fixage pour maintenir les fils de chaîne dans leur configuration sinueuse due au grand embuvage.
Dans un mode opératoire, on effectue le tissage en utilisant pour une partie de la chaîne des fils dits de tension montés sur une ensouple distincte et fortement tendue, ce qui facilite le fort embuvage des autres fils de chaîne, puis, après fixage, on fait disparaître les fils de tension par tout moyen conve nable, tel que carbonisage ou incinération, la matière dont sont faits lesdits fils étant évidemment choisie en conséquence.
Le dessin annexé représente, à titre d'exemple, une forme d'exécution de l'invention.
La fig. 1 représente une armure de tissu élasti que ; la fig. 2 représente, en coupe longitudinale, à très grande échelle, un fragment de tissu correspondant à l'armature de la fig. 1.
Pour fabriquer le tissu élastique, on choisit une armure à grand embuvage qui tend à assurer un rac courcissement apparent des fils de chaîne au cours du tissage et au cours des traitements ultérieurs. On peut obtenir de cette façon un raccourcissement ap parent pouvant atteindre les valeurs de 30 à 35 %.
Dans le mode de réalisation représenté, il est prévu une chaîne à deux ensouples, l'une des chaî nes, qu'on appellera dans ce qui suit chaîne de re trait , est tissée extrêmement lâche, tandis que l'au tre chaîne, qu'on appellera dans ce qui suit chaîne de tension , est au contraire tissée avec une forte tension. Les fils de la chaîne de retrait sont en fibres de toute nature désirée, naturelle, artificielle ou syn thétique, tandis que les fils de la chaîne de tension sont en une matière telle qu'on puisse, après tissage, les faire disparaître par tout moyen connu convena ble, tel que par exemple carbonisage ou incinération.
L'ourdissage des ensouples est effectué dans les conditions habituelles, toutefois le nombre des fils de chaîne de retrait est supérieur au nombre des fils de chaîne de tension. On obtient de très bons résul tats en prenant quatre fois plus de fils de chaîne de retrait que de fils de chaîne de tension. Bien entendu, il faut prévoir une longueur de fils de chaîne de retrait beaucoup plus grande que la longueur des fils de chaîné de tension ; c'est ainsi que, par exemple, pour 100 mètres de la première, il faudra seulement 60 mètres de la seconde, la différence de longueur étant absorbée, au cours du tissage, par le grand embuvage.
En ce qui concerne le centrage, il est conseillé de rentrer les lames en rentrage composé et de placer les lames de la chaîne de tension à l'avant du métier, l'ouverture de la foule étant réduite, le tissage en est facilité et la fatigue est moindre.
Quant au piquage au ros, on obtient de bons résultats en le faisant par cinq fils en broche, en ayant soin de placer chaque fil de tension entre deux fils de retrait.
Dans l'exemple d'armure représentée sur la fig. 1, on a indiqué en 1, 2, 3, 4 quatre fils de chaîne de retrait et en 5, 6, 7, 8 quatre autres fils de chaîne de retrait, tandis que 11 et 12 représentent deux fils de chaîne de tension. Les duites sont désignées par les lettres A et L.
Lors de la construction de l'armure, il convient de prendre soin de faire passer la chaîne de tension à l'intérieur du tissu séparant lesdites d'endroit et d'envers. Dans ces conditions, la chaîne de retrait est obligée de subir une forte ondulation, comme on peut le voir sur la coupe longitudinale de la fig. 2.
Il est commode de disposer la chaîne de tension la première, le plus profondément possible, dans le métier et de charger au maximum les bascules de freinage pour pouvoir donner à la nappe de chaîne de tension une très forte tension. On donne à cette nappe un porte-fils propre.
On place la chaîne de retrait en deuxième posi tion pour qu'elle soit plus accessible en cours de tis sage, car elle doit être surveillée afin que son dérou lement se fasse de façon régulière, sans croisement des fils. Le porte-fils de la chaîne de retrait est plus élevé que celui de la chaîne de tension, en vue d'éviter les pincements des fils entre eux.
En cours de tissage, on procède fréquemment à des sondages pour vérifier le retrait des chaînes. On pourra marquer par exemple la chaîne de retrait à un mètre du tissu et la chaîne de tension à 60 cm, ces deux marques devant, après tissage, se super poser.
La différence de tension entre les deux genres de chaîne donne à l'embuvage sa valeur maximum et la présence des fils de chaîne de tension facilite tou tes les opérations subséquentes de traitement, tout en conservant pendant tout ce temps à l'embuvage sa valeur primitive, et en évitant les risques d'allon gement.
Le tissu subit ensuite les opérations de traitement suivantes : dégraissage, fixage, teinture, carbonisage ou incinération, broyage et neutralisation.
Pour le fixage, on pourra procéder par exemple à un traitement à la vapeur sous pression, à l'eau chaude sous pression, à un passage sur rame à haute température, etc.
L'opération de teinture peut se faire à un moment quelconque du traitement, mais, de préférence, après le fixage.
Après destruction de la chaîne de tension, par carbonisage, incinération ou autre, le tissu présente l'élasticité désirée par allongement des ondulations des chaînes de retrait qui reviennent d'elles-mêmes à leur forme sinueuse dès qu'on les relâche.
Il est conseillé de procéder au séchage du tissu sur un appareil à suralimentation.
Si on le désire, on peut encore, en fin de traite ment, procéder à un nouveau fixage pour consolider l'ondulation des fils de chaîne.
De préférence, les lisières sont faites dans le même grain que le fond du tissu, mais avec un em- buvage réduit, par exemple de moitié, la différence d'élasticité facilitant les opérations de traitement.
Dans le mode de réalisation qu'on vient de dé crire, on utilise donc deux sortes de chaîne, à savoir une chaîne de retrait dont les ondulations confèrent au tissu son élasticité, et une chaîne provisoire de tension qui facilite la création d'un fort embuvage dans le tissu et qui maintient les ondulations de la chaîne de retrait pendant toute la durée de la fabri cation et du traitement du tissu. On pourrait cepen dant supprimer complètement la chaîne de tension et n'avoir, par conséquent, que des fils de chaîne de retrait.
Dans ces conditions, il y aurait lieu évi demment, au cours de la fabrication et du traite ment du tissu, de prendre toutes les précautions dé sirables pour ne pas allonger les ondulations des fils de chaîne, notamment après les opérations de fou- lonnage et de dégraissage.