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Mouvement de pièce d'horlogerie On prétend souvent que la montre électrique, c'est-à-dire celle dont le balancier a ses oscillations entretenues par voie électromagnétique, assure une plus grande précision de marche que la montre mécanique. Pour juger la question, il convient de considérer les trois facteurs suivants: a) Force constante de l'entraînement du balancier ; b) Impulsion aussi courte que possible, au moment où le balancier possède sa plus grande vitesse ; c) Moment d'inertie maximum du balancier, pour un balancier de poids et de diamètre déterminés.
Dans le cas du balancier à entraînement électromagnétique, la condition a) est relativement bien remplie. En revanche, la condition b) est beaucoup mieux satisfaite par l'échappement à ancre des montres mécaniques. Enfin, en ce qui concerne la condition c), le balancier à entraînement électromagnétique est toujours muni de bobines ou éléments similaires, de sorte que son poids est forcément assez important ; par suite, à diamètre égal et à moment d'inertie égal, le balancier d'une montre à entretien électromagnétique est plus lourd ; en d'autres termes, pour un même poids et un même diamètre, le balancier à entretien mécanique présente un moment d'inertie supérieur à celui du balancier à entretien électromagnétique.
Ces réflexions montrent qu'il n'existe à priori pas de raison de croire que la montre électrique permet d'obtenir une plus grande précision de marche que la montre mécanique. Comme cependant les balanciers à entretien électromagnétique fabriqués jusqu'à présent présentent un moment d'inertie beaucoup plus grand que ceux utilisés dans les montres mécaniques, l'inventeur a tenté, dans la présente invention, de se servir d'un très grand balancier.
Ce premier point acquis, considérons maintenant le rouage d'une montre mécanique usuelle. Ce rouage remplit deux fonctions : premièrement, il sert à transmettre la force du barillet à la roue d'échappement, et secondement, il fonctionne comme rouage compteur et certains de ses mobiles portent des aiguilles destinées à indiquer l'heure. Cette double fonction du rouage détermine, d'une part, les rapports d'engrenage, par exemple roue de minute -roue de seconde 60 : 1, roue de seconde - roue d'échappement 10: 1, et; d'autre part, la position géométrique des mobiles par rapport au mouvement, la roue de minute et la roue de seconde devant par exemple être situées au centre du mouvement.
Ces conditions ont pour effet que les agencements les plus avantageux pour les engrenages et les pivotements ne peuvent pas toujours être choisis. Ainsi, par exemple, on doit utiliser des rapports d'engrenage aussi élevés que 10 : 1, et les conditions de pivotement de certains mobiles, notamment dans les mouvements à seconde au centre, sont défavorables.
Dans les montres mécaniques usuelles possédant une réserve de marche d'environ 40 heures, à remontage manuel ou automatique, le rapport d7engre-
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nage total (Z) entre le barillet et la roue d7échappe- ment est donné, suivant le nombre d'alternances du balancier en une heure (Al,), par le tableau suivant
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<tb> Ah <SEP> Z
<tb> 18000 <SEP> 4000-4200
<tb> 19800 <SEP> 4500-4700
<tb> 21600 <SEP> 5000-5100
Le premier rapport d'engrenage est obtenu par exemple par les rapports partiels suivants Barillet - roue de minute . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Roue de minute - roue de petite moyenne . . 8 Roue de petite moyenne - roue de seconde . .
7,5 Roue de seconde - roue d'échappement .... 10 le produit 7 - 8 - 7,5 - 10 étant égal à 4200. Ces rapports d'engrenage présentent de grands écarts les uns par rapport aux autres, de sorte que la transmission de la force n'est pas uniforme.
Pour le même rapport d'engrenage total de 4200 et avec quatre démultiplications, la valeur moyenne de chaque rapport partiel est donnée par
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Si le rouage sert uniquement à transmettre la force du barillet, et ne fonctionne donc pas comme rouage compteur, il est possible de choisir des, conditions d'engrenage plus favorables, en prenant un rapport d'engrenage égal entre les différents couples de mobiles. On obtient de ce fait une transmission de force plus uniforme.
La présente invention a pour objet un mouvement de pièce d'horlogerie, dont le barillet entraîne mécaniquement le balancier par l'intermédiaire d'un train d'engrenages et d'un échappement, ce mouvement étant caractérisé en ce qu'il comprend un rouage compteur distinct dudit train d'engrenages, ledit rouage compteur étant entraîné par le balancier et actionnant au moins une aiguille indicatrice. Du fait que le train d'engrenages disposé entre le barillet et la roue d'échappement sert uniquement à la transmission de la force, on peut choisir à volonté les rapports d'engrenage partiels et, en particulier,
on peut faire en sorte que ces rapports soient à peu près égaux entre eux, ce qui assure une transmission de force uniforme. Quant au rouage compteur actionnant les aiguilles, il est entraîné par le balancier et ne transmet pratiquement aucune force, si ce n'est la faible force devant assurer l'entraînement des aiguilles. En général, toutes les aiguilles seront entraînées par le rouage compteur, soit l'aiguille d'heure, l'aiguille de minute et, le cas échéant, l'aiguille de seconde.
On peut cependant envisager le cas où une aiguille serait portée par un des mobiles du train d'engrenages reliant le barillet à la roue d'échappement, si la position et la vitesse de ce mobile s'y prêtent.
De préférence, pour assurer une grande précision de marche, le balancier sera de grandes dimensions et dépassera même le centre du mouvement. Le dessin représente, à titre d'exemple, une forme d'exécution de l'objet de l'invention.
La fig. 1 est une vue en plan de cette forme d'exécution, côté ponts, mais montrant aussi la minuterie et le dispositif de remontage et de mise à l'heure.
La fig. 2 est une coupe suivant la ligne II-II de la fig. 1.
La fig. 3 est une coupe suivant la ligne III-111 de la fig. 1. La fig. 4 est une coupe suivant la ligne IV-IV de la fig. 1. La fig. 5 est une vue à échelle agrandie d'un détail suivant la ligne V-V de la fig. 4. La montre représentée comprend un barillet 1 conduisant le pignon 2 de la roue d'échappement 3 par l'intermédiaire de trois paires de mobiles, à savoir : pignon 4 et roue 5 de grande moyenne, pignon 6 et roue 7 de petite moyenne, pignon 8 et roue 9 de champ. L'arbre de barillet 10 pivote dans la platine 11 et dans le pont de barillet 12, tandis que le mobile de grande moyenne 4, 5 pivote dans un pont intermédiaire 13 et dans le pont de finissage 14.
Quant aux mobiles 2, 3 - 6, 7 et 8, 9, ils pivotent dans la platine 11 et dans le pont de finissage 14.
Sur un carré de l'arbre de barillet 10 est ajusté le rochet de barillet 15 maintenu par une vis 16. Le rochet 15 est en prise avec la roue de couronne 17 qu'une vis 18 maintient en place sur une goutte du pont de barillet 12. La roue de couronne 17 engrène avec le pignon de remontoir 19 monté fou sur la tige de remontoir 20. Un pignon coulant 21 est monté sur un carré de la tige de remontoir 20 et peut entrer en prise, suivant sa position axiale sur la tige 20, soit avec le pignon de remontoir 19, soit avec un renvoi de mise à l'heure 22.
La roue d'échappement 3 coopère de la manière usuelle avec une ancre 23 pivotée dans la platine 11 et dans une barrette 24. La fourchette de l'ancre 23 coopère de manière usuelle avec une ellipse ou cheville de plateau 25 plantée dans le grand plateau 26 chassé sur l'axe de balancier 27. Le dard 28 et le petit plateau 29 ne présentent rien de particulier. Les goupilles de limitation de l'ancre 23 sont désignées par 30.
Le balancier 31 a un diamètre particulièrement grand, de telle sorte qu'il dépasse le centre du mouvement. Il pivote dans la platine 11 et dans le coq 32, et la longueur active de son spiral 33 peut être réglée au moyen d'une raquette 34.
Dans le grand plateau 26 est plantée une seconde cheville 35, dite cheville d'encliquetage, dont la section droite a la forme d'une lentille biconvexe. La cheville d'encliquetage 35 est destinée à entraîner une roue d'encliquetage 36 présentant des dents de loup. La roue d'encliquetage 36 pivote dans la platine 11 et dans le pont 13, qui sera dorénavant appelé
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pont du rouage compteur, car il sert au pivotement des mobiles portant les aiguilles indicatrices, comme décrit ci-après.
La roue d'encliquetage 36 est solidaire d'un pignon 37 engrenant avec une roue de seconde au centre 38 dont l'axe 39 porte l'aiguille de seconde (non représentée). La roue 38 est solidaire d'un pignon 40 engrenant avec une roue intermédiaire 41 pivotant dans la platine 11 et dans le pont du rouage compteur 13. Le pignon 42 de la roue intermédiaire 41 est en prise avec une roue de minute 43 sur l'arbre creux 44 de laquelle est montée à frottement gras la chaussée 45 portant l'aiguille de minute (non représentée). L'axe 39 de la roue de seconde au centre 38 pivote, d'une part, dans le pont du rouage comp-, teur 13 et, d'autre part, à l'intérieur de l'arbre creux des minutes 44.
La chaussée 45 est en prise avec une roue de minuterie 46 engrenant elle-même avec le renvoi de mise à l'heure 22. Le pignon 47 de la roue de minuterie 46 est en prise avec la roue des heures 48 portant l'aiguille d'heure (non représentée).
Sur une goutte de la platine 11, maintenu par une vis 49, pivote un levier de blocage 50 à deux bras. Un de ces bras, 50a, dont l'extrémité libre est recourbée, est maintenu en contact par un ressort-fil 51 avec l'extrémité intérieure de la tige de remontoir 20. L'autre bras, 50b, du levier de blocage 50 se termine par un bec 50e destiné à agir sur un coeur 52 fixé sur l'axe de balancier 27. Une goupille 53, plantée dans le bras de levier 50b, est destinée à s'engager dans la denture de la roue d'encliquetage 36, comme décrit plus loin. Un cliquet 54, soumis à l'action d'un ressort 55, est monté sur un tenon 56 planté dans la face inférieure du pont du rouage compteur 13, le bec du cliquet 54 étant engagé dans la denture de la roue d'encliquetage 36.
Le tenon 56 est engagé dans une entrée allongée 57 du cliquet 54, dans un but décrit plus loin.
La montre décrite et représentée fonctionne de la manière suivante Supposons que le ressort moteur contenu dans le barillet 1 soit armé, le remontage pouvant être fait à la main, au moyen de la tige 20, ou au moyen d'une masse de remontage automatique et d'un train d'engrenages aboutissant au rochet de barillet 15. Le barillet 1 entraîne la roue d'échappement 3 qui, à son tour, actionne l'ancre 23, et cette dernière fait osciller le balancier 31. Lorsque le balancier 31 se déplace dans le sens antihoraire de la fig. 5, la cheville d'encliquetage 35 vient heurter le flanc radial d'une dent de la roue d'encliquetage 36 et fait avancer cette roue d'un pas.
Pendant ce mouvement de la roue 36, le cliquet 54 se soulève, puis retombe dans l'entre- dent suivant, sous l'action de son ressort 55. Par l'intermédiaire du rouage compteur décrit plus haut, la roue d'encliquetage 36 fait avancer les mobiles portant les aiguilles indicatrices de seconde, de minute et d'heure. Lors de l'alternance suivante du balancier 31, dans le sens horaire de la fig. 5, la che- ville d'encliquetage 35 entre en contact avec le flanc incliné d'une dent de la roue 36 et fait légèrement tourner la roue 36 dans le sens antihoraire, ce qui fait reculer le cliquet 54 dans la mesure permise par l'entrée 57.
Cependant, dès que la cheville 35 a quitté la pointe de la dent, le cliquet 54 ramène la, roue 36 dans sa position de départ. Ainsi, le rouage compteur de la montre, avec les aiguilles qu'il commande, est actionné lors d'une alternance sur deux, l'autre alternance du balancier étant muette. Il convient de remarquer que l'impulsion donnée à la roue d'encliquetage 36 se produit au moment où le balancier 31 a sa plus grande vitesse, ce moment étant aussi celui où l'ancre 23 communique son impulsion au balancier 31. Comme les deux chevilles 25 et 35 sont fixées de part et d'autre du même plateau 26, leur position relative reste toujours la même, ce qui assure le déroulement correct des fonctions.
Pour opérer la mise à l'heure de la montre, on tire la tige de remontoir 20 vers l'extérieur, comme d'habitude. Le pignon coulant 21 entre alors en prise avec le renvoi de mise à l'heure 22 et la rotation de la tige 20 est transmise à la roue de minuterie 46 et, de là, à la chaussée 45 et à la roue des heures 48.
Par suite du déplacement vers l'extérieur de la tige de remontoir 20, le levier de blocage 50, sous l'action de son ressort 51, bascule dans le sens horaire de la fig. 5, de sorte que sa goupille 53 pénètre dans un entre-dent de la roue d'encliquetage 36 et bloque cette dernière. En même temps, le bec 50c du levier 50 agit sur le coeur 52 et fait tourner le plateau 26 jusqu'à ce que la cheville d'encliquetage 35 sorte de la trajectoire des dents de la roue d'encliquetage 36. Le balancier 31 est donc immobilisé, de sorte qu'on évite que la cheville d'encliquetage 35 ne vienne heurter les dents de la roue 36 et ne risque de se briser.
La roue 36 étant immobilisée par la goupille 53, la roue de seconde au centre 38 est bloquée, ainsi que la roue intermédiaire 41 et la roue de minute 43. La mise à l'heure est cependant possible, du fait de l'ajustement de la chaussée 45 à frottement gras sur l'arbre 44.
Selon une variante, on pourrait supprimer le coeur 52 et le bec 50c du levier 50. Dans ce cas, la roue d'encliquetage 36 serait simplement immobilisée par la goupille 53 lorsqu'on tire la tige 20 en position de mise à l'heure, et le balancier 31 continuerait d7oscil- ler jusqu'à ce que la cheville d'encliquetage 35, en se déplaçant dans le sens antihoraire de la fig. 5, bute contre une dent de la roue 36 maintenant immobilisée, ce qui arrêterait aussi l'oscillation du balancier. La cheville 35 devrait alors être faite assez massive pour supporter le choc contre la roue d'encliquetage 36.
Dans le mouvement d'horlogerie décrit, toutes les aiguilles indicatrices, à savoir les aiguilles de seconde, de minute et d'heure, sont montées sur des mobiles du rouage compteur entramé par le balancier. On pourrait cependant aussi concevoir le cas où l'une ou l'autre de ces aiguilles serait portée par un
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mobile du train d'engrenages reliant le barillet à la roue d'échappement, si la position et la vitesse de rotation de ce mobile s'y prêtent.
L'aiguille de seconde au centre pourrait être supprimée ou être remplacée par une aiguille de seconde décentrée.
Le mouvement représenté possède un balancier de très grandes dimensions, ayant un excellent pou- poir réglant.
Du fait que le train d'engrenages reliant le barillet à la roue d'échappement sert uniquement à la transmission de force et ne fonctionne pas comme rouage compteur, on peut choisir les mobiles qui le composent de manière à obtenir un rapport d'engrenage au moins approximativement égal entre les différents couples de mobiles. Par exemple, pour un nombre d'alternances du balancier par heure de 18 000, on peut prendre un rapport d'engrenage de 8, comme expliqué plus haut. On assure ainsi des conditions d'engrenages très favorables, donnant une transmission de force uniforme, ce qui diminue l'usure des dentures et réduit la pression exercée sur certains pivots de mobiles.