Procédé pour extraire la graisse des eaux résiduelles contenant encore des matières protéiques. Les eaux résiduelles, contenant de la graisse et des matières protéiques, par exemple les eaux provenant du lavage de la laine, sont susceptibles de fermenter rapidement et ainsi qu'on le sait, elles causent immédiatement des ennuis, quand on les met en décharge.
En particulier, les eaux provenant du la vage de la laine contiennent, comme il est bien connu, du carbonate de soude, du suint, du savon employé pour le lavage, des élé ments provenant des excréments et de l'urine et en général des saletés, dont la laine était souillée.
L'état constamment émulsifié desdites eaux résulte de la présence d'éléments géla tineux, qui proviennent de l'hydrolyse des matières protéiques (albumines et albuminoïdes), contenues dans la laine, par l'action de la soude employée dans le lavage. Les produits de cette hydrolyse sont- des colloïdes pro tecteurs, qui retiennent la graisse et font que celle-ci résiste à la séparation. Jusqu'à présent, on a acidulé la lessive provenant du traitement de la laine pour la- neutraliser en vue de libérer la graisse; cette acidulation a eu pour résultat de ne coaguler qu'une partie de la graisse.
Pour accroître la séparation on ajoute ordinairement de l'acide en excès, de sorte qu'on obtient un magma visqueux noir, qui se dépose et que l'on traite ensuite pour récupérer un produit connu dans le commerce en Australie sous le nom de "huile noire de Wakefield".
La graisse que l'on retire de la laine par ce procédé connu est un produit clair, qui se coagule a environ 420 C; sa couleur varie, suivant l'origine de la laine, du jaune pâle à la .couleur de la pierre meulière.
Suivant le procédé -formant l'objet.de la présente invention, on traite les eaux rési duelles, contenant de la graisse et des ma tières protéiques, sans les laisser fermenter, en les faisant bouillir en présence de soude caustique, on les traite ensuite au chlore à une température modérée et décompose fina lement par un acide -les hypocblorites formés pour provoquer des réactions qui libèrent la graisse.
Ce procédé peut être irii@ en pratique pour le traitement des eaux de lavage de la laine, par exemple de la inanièro suivante: On emploie deux cuves, d'une capacité suffisante eliaciiiic pour contenir une charge d'eau de savon d'une journée. Ces cuves sont de préférence disposées à un niveau différent, da manière que la lessive de la première cuve puisse s'écouler dans la seconde cuve par gravité. Chacune des cuves est formée avec un fond collecteur pour faciliter l'enlèvement de la boue qui s'y dépose.
Les eaux prove nant des lavages de chaque jour sont traitées immédiatement et on commence chaque jour née de -travail avec un bain frais. On ne conserve donc pas des eaux de lavage pendant la nuit pont- les employer de nouveau le lendemain. Car, si on laisse refroidir et re poser les eaux, un changement se produit dans leur composition, changement qui est dû à la fermentation, dans laquelle se produisent de l'acide acétique et de l'acide propionique. La fermentation commence dès que la tem pérature tombe sensiblement au-dessous de celle moyenne pour le travail de lavage de la laine, moyenne qui est environ de 48" C. L'abandon des lessives à la fin de chaque jour est suffisamment compensé par l'augmen tation de valeur de la graisse obtenue.
Quand l'eau de savon est amenée des récipients de lavage à la première cuve, on détermine d'abord son contenu de carbonate de soude par titrage. Puis on ajoute du lait de chaux frais cri quantité suffisante pour caustifier aussi parfaitement que possible 12 carbonate de soude. On mélange le lait de chaux avec l'eau de lavage en agitant, par exemple à l'aide de courants d'air soufflé. En tout cas, on doit s'assurer que la chaux est bien répartie dans toute la lessive. On chauffe ensuite le mélange à la vapeur vive pour l'amener au point d'ébullition pen dant cinq minutes ou davantage. Le carbonate de soude de la lessive est transformé en soude caustique par réaction avec la chaux.
Il se produit du carbonate de calcium, qui joue le rôle de coagulant. Il précipite avec lui la matière organique insoluble et la ma- tière minérale fine suspendue dans l'eau de lavage, ainsi que les savons de chaux pro duits par la réaction de la chaux -avec les savons solubles utilisés dans les opérations de lavage de la laine.
Après le chaulage et l'ébullition, on laisse le contenu de la cuve sans y toucher jusqu'au lendemain pour qu'il se refroidisse et dépose. L'ébullition du bain a pour résultat une ré duction de sa viscosité, elle facilite la sédi mentation et provoque l'expulsion de l'ammo niaque libre.
Après un repos suffisamment long pour obtenir une sédimentation et un refroidisse ment satisfaisants, on fait passer la lessive de la première cuve dans la seconde, la boue précipitée restant dans le collecteur de la première cuve d'où on l'enlève ensuite pour l'utiliser comme engrais. On peut hâter le refroidissement en introduisant de l'eau froide, ce qui a pour résultat d'éclaicir la masse et de faciliter ainsi les opérations suivantes, ou bien par réfrigération ou par exposition à l'atmosphère en filets ou en couches minces.
On détermine alors par le titrage d'un échan tillon l'alcalinité de la lessive et ou fait arriver une quantité suffisante de chlore ga zeux pour réagir avec l'alcali et produire du chlorure et de hhydrochlorite en laissant toutefois un excès d'alcali libre d'environ uii detni-gratnine par litre.
La réaction du chlore sur la soude caus- tique par exemple, tant que la température est maintenue normale ou basse (au-dessous de 35 C), produit de l'hypochlorite de soude et du sel commun. On laisse s'échapper les fumées de chlorure d'ammonium qui se pro duit. L'hypochlorite de sodium agit sur les protéines hydrolysées et produit des dérivés chlorés de celles-ci.
Pendant l'introduction du chlore une cer taine quantité de graisse est libérée et flotte sur le liquide. A. cette période du procédé, on maintient une température ne dépassant pas 35 C, de préférence 27 C environ. L'action du chlore sur les protéines est des plus efficaces à l'état froid. Là où par suite des conditions climatériques la température de la lessive n'est pas au-dessous de 35 o Ç, on peut refroidir artificiellement cette dernière pour l'amener au-dessous de ce point.
Le chlorage prend environ une demi-heure.. Le chlore peut être libéré dans la seconde cuve par l'action électrolytique. Dans ce cas, on ajoute à la lessive dans la première cuve une quantité suffisante de chlorure de sodium pour produire la quantité nécessaire de chlore quand la lessive est soumise à l'électrolyse dans la seconde cuve. Après le traitement au chlore, la lessive est pâle, de couleur jaune et à peu près propre, mais elle conserve en core des corps minéraux en suspension. On. détermine par titrage la teneur en hypochlorite alcalin de la lessive et on ajoute ensuite la quan tité voulue d'acide pour en effectuer la décompo sition.
L'acide estdiluédans l'eau et mélangé à la lessive en l'agitant à l'aide de courants d'air soufflé. Il se produit une violente réaction due à la mise en liberté de l'acide chlorhy drique et de l'oxygène, la graisse et le savon contenus dans la lessive sont rapidement sé parés et flottent et un peu de gaz s'échappe. La graisse et le savon flottants sont enlevés par écrémage. Si l'on constate que la lessive résiduelle n'est pas suffisamment claire, on ajoute un peu plus d'acide dilué pour aug menter la clarification.
Si, à la fin de l'opé ration, un essai au tournesol montre que la lessive est acide, on ajoute du lait de chaux pour la neutraliser et produire la précipita tion des derniers restes de matière minérales maintenues en suspension. On peut en outre, clarifier la lessive en la faisant passer à tra vers un lit filtrant constitué par du mâchefer, de la sciure de bois ou toute autre matière inerte analogue. On trouvera très peu de saleté dans la seconde cuve et on constatera que la graisse séparée dans cette cuve est granulée et qu'elle renferme une petite pro portion de matière fibreuse consistant proba blement en des dérivés chlorés de la protéine contenue dans la lessive.
On emploie généra lement de l'acide sulfurique pour la réaction acide, mais on peut se servir d'acide chorhy- drique. Le rendement en graisse récupérée dépasse 90 % de celle qui est contenue dans la les sive, il est généralement de 96 %, la différence étant principalement représentée par les acides gras libres des savons solubles précipités comme savons de chaux dans la boue. L'effluent final renferme pour ainsi dire une proportion négligeable de matières grasses; il est généralement teinté, mais il n'a aucune tendance à la décomposition.
La déshydratation de la graisse récupérée, qui renferme un peu d'eau acidulée empri sonnée, s'effectue suivant une méthode connue, qui consiste à l'émulsifier de nouveau avec de l'eau claire dans laquelle on a dissous un peu de carbonate dee soude dans une cuve chauffée à l'aide d'un serpentin à vapeur, ou d'une chemise de vapeur, et pourvue d'un agitateur, ou bien par ébullition dans un di- gesteur et en laissant déposer.' Le carbonate de soude réagit avec le sel alcalin et avec l'acide libre contenus dans l'eau que renferme la graisse et aussi avec les acides organiques dans celle-ci.
On met la graisse extraite dans une terrine chaude entourée d'une chemise; et dans cette terrine, on peut recueillir et mélanger la graisse extraite pendant phrsieurs jours en vue d'obtenir un produit final présentant une couleur et une texture uniformes. L'eau en suspension dans la graisse se sépare lente terrent, lorsqu'on maintient cette dernière au repos pendant plusieurs -jours à une tempé rature légèrement au-dessus de son point de fcrsion.
La déshydratation pourrait être effectuée d'après la méthode connue consistant à coaguler la graisse dans un bain d'acide sulfurique pour que l'acide puisse absorber l'eau de la graisse. Bien que par ce moyen on enlève l'eau, la graisse est teintée, cette méthode présente 'donc des inconvénients.
II n'est pas désavantageux de mélanger toutes les eaux de lavage provenant d'une usine, y compris celles qui proviennent de l'ébouage de la laine. Mais lorsque des quan tités importantes de laine d'agneau ou de laine propre mérinos sont à traiter, il est avanta- geux de les traiter séparément, car la graisse que l'on obtient par ce lavage séparé est d'une qualité beaucoup plus fine que celle obtenue en mélangeant toutes les eaux de lavage provenant de l'usine.
L'extraction des corps-gras et des graisses dés eaux d'abattoirs et autres eaux résiduelles contenant de la graisse et des matières pro téiques, s'effectue à peu près de la même manière que celle qui a été décrite à propos du trai tement des eaux provenant du lavage de la laine. Ces eaux sont généralement reçues à l'état chaud.
Pour leur traitement, on évalue approximativement leur contenu saponifiable et on ajouté immédiatement -une quantité équivalénte d'alcali caustique, de préférence - de la soude caustique, et on agite la lessive; si on effectue le traitement au chlore par des Inoyen3# électrolytiques- on ajoute la quantité voulue de chlorure de sodium avec l'alcali caustique. L'ébullition est effectuée alors pour faciliter la sédimentation et pour chasser l'ammoniaque libre. On laisse ensuite refroidir et déposer les eaux pendant 12 heures ou davantage.
Quand la température est inférieure à 35 C, "de préférence 27 C environ, on fait passer la lessive dans une autre cuve, et on ajoute ou on développe par électrolyse dans la lessive, du chlore et on l'agite par de l'air sous pression, ou autrement. On acidifie ensuite la lessive comme il a été déjà -dit pour décomposer les hypochlorites afcalins et obtenir par conséquent; la séparation des corps :gras et des graisses. Les corps gras et les graisses sont enlevés par écrémage et on neutralise les lessives effluentes, si on le désire; elles n'ont aucune tendance à la décomposition.
On enlève la matière précipitée obtenue dans la première phase du traitement, on la mélange avec l'argile ou de la terre glaise, et on s'en sert comme engrais.