Composés pyrotechniques générateurs de gaz
La présente invention a pour objet des composés pyrotechniques générateurs de gaz, convenant pour utilisation dans des systèmes de protection d'occupants de véhicules automobiles, pour, par exemple, le gonflage de coussins amortissants (dits "airbags") ou pour les prétensionneurs de ceintures de sécurité.
Le domaine technique relatif à la protection des occupants de véhicules automobiles a connu un essor très important durant les vingt dernières années. Les véhicules de dernière génération intègrent dorénavant au sein de l'habitacle plusieurs systèmes de sécurité, de type coussin gonflable amortissant (dit "airbag") ou de type prétensionneur de ceinture de sécurité, dont le fonctionnement est assuré par les gaz de combustion de composés pyrotechniques. Parmi les systèmes de type coussin amortissant, on distingue principalement les "airbags" pour choc frontal ("airbag" conducteur ou passager) et ceux pour choc latéral ("airbag" rideau, protection thorax).
Au vu des diminutions requises du coût des générateurs de gaz pour "airbag" imposées par les constructeurs automobiles, le chargement pyrotechnique doit satisfaire conjointement aux exigences suivantes :
- les gaz générés par la combustion du chargement pyrotechnique doivent être non toxiques, c'est-à-dire présenter une teneur faible en monoxyde de carbone, en oxydes d'azote et en composés chlorés ;
- le rendement gazeux de la composition (c'est-à-dire la quantité de gaz généré par la combustion) doit être élevé afin de conduire à un fort pouvoir de gonflage. Celui-ci est donné par le produit du rendement molaire gazeux de ladite composition (en mole/kg) par sa température de combustion Te (en K) ; - de façon corrélée, la quantité de particules solides générées par la combustion, susceptibles de constituer des points chauds pouvant endommager la paroi du coussin gonflable, doit demeurer faible ;
- la température de combustion ne doit pas être trop élevée (idéalement inférieure à 2200 K) afin que la température des gaz dans le coussin amortissant soit suffisamment basse pour
ne pas porter atteinte à l'intégrité physique de l'occupant. Une température de combustion basse permet, d'une part, de limiter l'épaisseur du sac, d'autre part, de simplifier la conception du générateur de gaz en permettant de diminuer la présence de chicanes et de filtres au sein de celui-ci. Au final, le générateur de gaz présente un poids et un volume réduit, et ce, à un coût moindre ; et
- la composition pyrotechnique doit présenter une valeur élevée de débit surfacique de gonflage, lequel débit est estimé par le produit p x n x Te x Vc, où p est la densité du matériau pyrotechnique (exprimé en g/cm3), n est le rendement molaire gazeux de la combustion (exprimé en mole/g), Te est la température de combustion (exprimé en degré Kelvin) et Vc est la vitesse de combustion (exprimée en mm/s). Ainsi le paramètre de débit surfacique de gonflage est- il exprimé en mol.K.mm^.s"1.
Les systèmes airbag pour application latérale se différencient de ceux pour application frontale essentiellement par le temps requis pour le déploiement et la mise en place du coussin gonflable. Typiquement, ce temps est plus court pour un airbag latéral (de l'ordre de 10-20 ms, contre 40-50 ms pour un airbag frontal). Pour un airbag latéral, le besoin fonctionnel de gonflage du sac sur un temps court impose de recourir à une composition pyrotechnique présentant une vitesse de combustion élevée (typiquement supérieure à 35 mm/s à 20 Pa et supérieure à 40 mm/s à 50 MPa) sur la totalité de la plage de pression de fonctionnement dans la chambre de combustion du générateur (typiquement de l'ordre de 20-80 MPa), ceci afin d'obtenir une valeur de débit surfacique de gonflage (produit p x n x Te x Vc) suffisante. Par ailleurs, afin d'assurer une mise en régime satisfaisante du système, la composition pyrotechnique doit également présenter de bonnes caractéristiques d'allumabilité. En dernier lieu, compte tenu du profil de surface généralement dégressif des chargements employés (de type pastille), la composition doit idéalement présenter une vitesse de combustion stable et suffisamment élevée à basse pression (on entend par basse pression, une pression égale ou légèrement supérieure à la pression atmosphérique).
Par ailleurs, les systèmes airbag pour application latérale peuvent faire appel à deux technologies de générateurs de gaz : ceux dits entièrement pyrotechniques (la génération de gaz étant alors assurée exclusivement par la combustion d'un chargement pyrotechnique) et ceux dits "hybrides" (les gaz provenant alors de façon conjointe de la combustion d'un chargement pyrotechnique et d'un volume de gaz neutre stocké sous pression dans un réservoir étanche). Pour les générateurs de type "hybride", 1e chargement pyrotechnique ne doit pas présenter une température de combustion trop basse afin que les gaz de combustion soient suffisamment chauds pour compenser la baisse de température engendrée par l'expansion de volume du gaz neutre pré-comprimé. Idéalement, des températures de combustion supérieures à 2000 K sont requises.
Ainsi, l'homme du métier est à la recherche de compositions pyrotechniques présentant simultanément une température de combustion modérée de l'ordre de 2000-2200 K et une vitesse de combustion élevée sur toute la plage de pression de fonctionnement, y compris à basse pression, afin que lesdites compositions conviennent pour une utilisation dans des générateurs de gaz entièrement pyrotechniques ou dans des générateurs hybrides destinés à des airbags latéraux.
Divers types de compositions pyrotechniques ont déjà été proposés à ce jour. Actuellement, les compositions pyrotechniques qui semblent offrir le meilleur compromis en termes de température de combustion et de toxicité des gaz de combustion sont formulées à partir du mélange de nitrate basique de cuivre (BCN) en tant que charge oxydante et de nitrate de guanidine (NG) en tant que charge réductrice. L'emploi du couple BCN/NG permet l'obtention d'une température de combustion faible, typiquement de l'ordre de 1800 K. Le brevet US 5 608 183 décrit de telles compositions, obtenues par un procédé de fabrication en voie humide. Toutefois, ces compositions présentent comme inconvénients majeurs :
- un taux élevé de résidus solides non filtrables. Ces résidus proviennent de la décomposition du BCN, sous la forme de gouttelettes de cuivre liquide à la température qui règne dans la chambre de combustion du générateur de gaz, gouttelettes qui se solidifient en sortie dudit générateur. Les particules solides
chaudes résultantes sont alors susceptibles d'endommager la paroi du coussin gonflable ;
- une "allumabilité" difficile nécessitant le recours à une charge d'allumage importante, ce qui augmente le coût du générateur ; - un rendement gazeux peu élevé ;
- une température de combustion trop basse, ce qui rend difficilement compatible leur utilisation dans des générateurs de type "hybride" ; et
- une vitesse de combustion faible (proche de 20 mm/s à 20 MPa), ce qui rend très difficile leur utilisation dans des générateurs entièrement pyrotechniques ou des générateurs "hybrides" pour airbag latéral.
Selon l'art antérieur, il a été proposé, pour remédier au premier des inconvénients majeurs évoqués ci-dessus, d'incorporer, dans la composition pyrotechnique, un oxyde réfracta ire tel que l'oxyde d'aluminium ou l'oxyde de silicium dans le but d'agglomérer les résidus liquides de combustion du BCN. Ainsi, le brevet US 6 143 102 décrit des compositions à base de BCN et de NG, toujours obtenues par la voie humide, incorporant comme oxyde réfracta ire de l'oxyde de silicium, à un taux pouvant aller jusqu'à 5% en masse. L'homme du métier sait que cet effet d'agglomération est rendu possible par le fait que l'oxyde de silicium présente une température de fusion (ou de ramollissement) de 1950 K, supérieure, ou a minima proche, de la température de combustion de la composition Te = 1800 K, de telle manière que l'oxyde à l'état solide ramolli permet d'agglomérer les gouttelettes de cuivre liquide. On retrouve ainsi en fin de combustion le squelette du bloc pyrotechnique. Toutefois, l'incorporation, même à un taux réduit, d'un tel oxyde d'agglomération s'avère rapidement préjudiciable sur la vitesse de combustion, du fait que cet effet d'agglomération génère une gangue particulaire qui reste au contact du bloc pyrotechnique (de la pastille) pendant la combustion et qui limite le flux thermique vers la surface non encore brûlée. Ce type de composition pyrotechnique présente donc l'inconvénient d'une vitesse de combustion et d'un rendement gazeux faibles. Pour compenser ladite faible vitesse de combustion des compositions décrites, il est proposé, dans le brevet US 6 143 102, l'incorporation d'un second additif réfractaire de type oxyde métallique (oxyde d'aluminium, de titane, de zirconium, de
zinc ou de magnésium) en tant que catalyseur balistique. Au final, l'incorporation d'oxyde de silicium et d'un oxyde métallique, à un taux total proche de 10% (en masse), pénalise fortement la valeur de rendement gazeux de la composition.
Pour améliorer 'Tallumabilité" des compositions à base de BCN et de NG, on a proposé selon l'art antérieur l'ajout de perchlorate de potassium dans ces compositions. La demande de brevet EP 1 526 121 décrit ainsi l'ajout d'un perchlorate (notamment du perchlorate de potassium), à faible taux (moins de 5% en masse), pour améliorer l'allumage desdites compositions. L'incorporation de perchlorate à un taux aussi faible permet d'accroître légèrement la vitesse de combustion et le rendement gazeux de la composition, cette amélioration restant toutefois insuffisante pour une utilisation dans des générateurs de gaz pour airbag latéral.
La demande de brevet US 2006/0016529 décrit des compositions à base de nitrate de guanidine (40 à 60% en masse), de nitrate basique de cuivre (35 à 50% en masse), de perchlorate de métal alcalin, présent à des taux pouvant être plus élevés que ceux selon l'enseignement du brevet EP 1 526 121 (1 à 10% en masse) mais restant limités, et d'oxydes métalliques (1 à 5% en masse) jouant le rôle de catalyseur balistique et d'agent agglomérant. Lesdits oxydes métalliques sont présents aux mêmes fins d'agglomération que selon l'enseignement du brevet US 6 143 102 (voir ci-dessus).
L'ajout de perchlorate de potassium en quantité plus élevée (en quantité toutefois limitée, c'est-à-dire typiquement inférieure à 30%, pour ne pas conduire à une élévation rédhibitoire de la température de combustion) conduit à une augmentation notable du rendement gazeux, et aussi, lorsqu'il est associé à un procédé particulier d'obtention du composé, à une augmentation notable de la vitesse de combustion. Ainsi, la demande de brevet FR 2 892 117 décrit une composition à base de nitrate de guanidine (réducteur), de nitrate basique de cuivre (oxydant principal) à taux réduit et de perchlorate de potassium (co-oxydant) à taux plus élevé, jusqu'à 30% en masse. Le faible taux de nitrate basique de cuivre ne nécessite pas l'addition d'agent agglomérant dans la composition (la faible quantité de particules de cuivre produite par le BCN étant admissible dans le cadre de l'application décrite), et le taux élevé de
perchlorate de potassium associé à un procédé d'obtention spécifique du composé permet d'atteindre des vitesses de combustion élevées à moyenne et haute pression ne nécessitant pas l'ajout de catalyseur balistique. Ces compositions constituent l'art antérieur le plus proche de la présente invention.
La demande de brevet FR 2 892 117 enseigne donc que la conjonction de taux modérés de perchlorate de potassium (proche de 14%), de nitrate basique de cuivre et d'une mise en œuvre d'un procédé de compactage en voie sèche conduit à l'obtention de compositions pyrotechniques conciliant, de façon avantageuse :
- une température de combustion proche de 2100 K,
- une vitesse de combustion élevée à haute pression,
- un rendement gazeux élevé,
- une bonne "allumabilité", et
- une faible quantité de particules solides (de cuivre) générées à la combustion, ce qui permet de s'exonérer de la présence d'un agent agglomérant.
Toutefois, ce type de composition présente une pression limite de combustion qui se situe au-dessus de la pression atmosphérique. L'absence de combustion auto-entretenue à pression atmosphérique, ainsi qu'un fort exposant de pression en deçà de 2MPa, peut conduire, suivant la pression de fonctionnement et la géométrie du chargement, à des extinctions en fin de combustion. L'homme du métier connaît en effet l'impact induit par l'incorporation de perchlorate, lequel s'avère favorable sur la vitesse de combustion à haute pression mais moins favorable à la combustion à très basse pression, dès lors que le taux de perchlorate incorporé devient important. A basse pression, la forte détente générée par le rendement gazeux élevé associée au faible taux de particules solides induit un faible retour de flux thermique vers la zone imbrûlée : ce faisant, la combustion est difficilement auto-entretenue.
Pour une composition pyrotechnique, le fait de ne pas présenter une combustion stable et auto-entretenue à basse pression constitue un inconvénient majeur lorsque ladite composition est employée en générateur de gaz pour airbag, principalement pour les raisons suivantes :
- risque d'extinction à très basse pression en début ou en fin de fonctionnement, en raison d'une valeur élevée de l'exposant de
pression, ce qui peut nécessiter de recourir à un co-chargement pour soutenir la combustion du chargement principal à basse pression. Ainsi, le générateur de gaz est plus volumineux, moins compact et donc plus coûteux ;
- risque d'extinction en fin de fonctionnement (lorsque la pression dans la chambre du générateur chute en deçà de la pression limite de combustion auto-entretenue de la composition pyrotechnique), extinction se traduisant par la présence d'imbrûlés, qui ne contribuent pas à la génération de gaz de combustion participant au gonflage de sac selon le besoin fonctionnel objectif. Par ailleurs, ces imbrûlés peuvent se dégrader progressivement par un phénomène de pyrolyse sous l'effet d'une température résiduelle élevée dans la chambre de combustion. Cette dégradation lente par pyrolyse conduit à l'émission de bouffées de gaz difficilement contrôlables et parfois de particules solides de faibles tailles qui ne peuvent être captées par le filtre. Un tel phénomène conduit à l'apparition de fumées en fin de fonctionnement, préjudiciables au respect des normes de toxicité et d'émission de particules respirables en vigueur dans le domaine (USCAR).
Dans un tel contexte, les inventeurs ont souhaité proposer des composés pyrotechniques générateurs de gaz améliorés, en ceci qu'ils satisfont simultanément aux objectifs suivants :
- une température de combustion modérée (proche de 2100 K),
- un rendement gazeux élevé (supérieur à 30 mol/kg),
- un taux de particules solides générées à la combustion limité,
- une bonne "allumabilité",
- une vitesse de combustion élevée à haute pression (supérieure à 35 mm/s à 20 MPa, supérieure à 40 mm/s à 50 MPa), et
- une combustion, avec des vitesses de combustion intéressantes, stable et auto-entretenue à basse pression, idéalement à pression atmosphérique, permettant de s'affranchir d'un risque d'extinction du chargement lors du fonctionnement en générateur.
Dans le cadre de la présente invention, les inventeurs ont montré, plus particulièrement en référence au problème technique de l'amélioration de la combustion à basse pression tout en maintenant une
vitesse de combustion élevée à haute pression, le grand intérêt à incorporer, en teneur limitée (de 1 à 5% en masse), dans une composition renfermant un taux modéré de perchlorate de potassium, au moins un oxyde, choisi parmi les oxydes de métal, les oxydes de métalloïde et leurs mélanges, ledit au moins un oxyde présentant une température de fusion inférieure à la température de combustion du composé pyrotechnique (afin de s'affranchir ainsi de tout effet d'agglomération des résidus de combustion, préjudiciable au maintien d'une vitesse de combustion suffisamment élevée à haute pression). Ledit au moins un oxyde, pour la constitution d'un mélange pulvérulent homogène (comprenant principalement NG + BCN + KCI04 + ledit au moins un oxyde (voir ci- après)) destiné à être utilisé en vue de la constitution d'un composé pyrotechnique de l'invention par voie sèche, se présente sous la forme d'une charge pulvérulente de granulométrie micronique (typiquement entre 0,1 et 100 pm) et/ou de haute surface spécifique (> 20 m2/g)- Il s'agit là de caractéristiques habituelles pour un constituant de ce type.
Les inventeurs proposent donc présentement de nouveaux composés pyrotechniques performants, pour utilisation dans des générateurs de gaz de type "hybride" ou entièrement pyrotechniques, particulièrement adaptés à une utilisation dans les systèmes airbag pour application latérale.
Les compositions des composés pyrotechniques générateurs de gaz de l'invention (convenant tout particulièrement pour des applications airbag) renferment :
- du nitrate de guanidine (en tant que charge réductrice azotée),
- du nitrate basique de cuivre (en tant que charge oxydante principale), et
- du perchlorate de potassium (en tant que charge oxydante secondaire).
De façon caractéristique ; ledit perchlorate de potassium représente entre 8 et 20 %, avantageusement entre 10,5 et 20 %, de la masse totale dudit composé pyrotechnique ; et
ladite composition renferme en outre au moins un oxyde, choisi parmi les oxydes de métal, les oxydes de métalloïde et leurs mélanges ; ledit au moins un oxyde représentant entre
1% et 5% de la masse totale dudit composé pyrotechnique et présentant une température de fusion inférieure à la température de combustion du composé pyrotechnique.
Les ingrédients des quatre types ci-dessus (NG, BCN, KCI04 et oxyde(s) du type précisé ci-dessus) représentent généralement plus de 90 % en masse de la composition des composés de l'invention, très généralement plus de 95 %, voire plus de 98 %, voire même 100 %, en masse. L'éventuelle présence d'additifs, tels des auxiliaires de fabrication (stéarate de calcium, par exemple), est expressément prévue.
Le nitrate de guanidine a été choisi comme réducteur pour ses propriétés thermodynamiques (notamment son rendement gazeux), pour les propriétés balistiques qu'il confère au composé pyrotechnique, et pour son comportement rhéo-plastique favorable à la mise en œuvre du procédé en voie sèche d'obtention dudit composé pyrotechnique. Ledit nitrate de guanidine est particulièrement intéressant pour des raisons de sécurité pyrotechnique et pour ce comportement rhéo-plastique très adapté à la mise en œuvre des phases de compactage et éventuel pastillage du procédé voie sèche, assurant une bonne densification de la composition pyrotechnique tout en limitant l'effort de compression à appliquer. La fabrication de composés pyrotechniques par le procédé voie sèche comprend généralement quatre étapes principales, qui ont notamment été décrites dans la demande brevet WO 2006/134311.
Le perchlorate de potassium est présent, dans la composition des composés de l'invention, à une teneur modérée (de 8 à 20 % en masse), tout particulièrement en référence à la température de combustion, "l'allumabilité" et la vitesse de combustion à haute pression visées. Il est avantageusement présent pour au moins 10,5 % en masse.
On a compris que la fonction dudit au moins un oxyde métallique et/ou de métalloïde n'est pas, comme dans l'art antérieur (voir notamment les enseignements du brevet US 6 143 102 et de la demande US 2006/0016529 rappelés ci-dessus), d'agglomérer les particules de cuivre liquides lors de la combustion pour former au cours de ladite combustion une gangue particulaire préjudiciable à l'obtention d'une vitesse de combustion élevée à haute pression, mais d'assurer au sein d'une composition (renfermant une teneur modérée en KCI04) dont la température de combustion est supérieure à la température de fusion
dudit au moins un oxyde métallique et/ou métalloïde, de façon surprenante ;
- une combustion stable et auto-entretenue à plus basse pression que celle des compositions de l'art antérieur,
- une vitesse de combustion à basse pression plus élevée que celle des compositions de l'art antérieur ;
le perchlorate de potassium présent au sein de ladite composition étant, pour sa part, essentiellement responsable
- d'une vitesse de combustion à haute pression élevée, proche de celle des compositions de l'art antérieur, et
- d'un exposant de pression sur la totalité de la plage de pression égal à ou plus faible que celui des compositions de l'art antérieur. De cette manière, les composés de la présente invention concilient de façon avantageuse :
- une température de combustion modérée (proche de 2100 K),
- un rendement gazeux élevé,
- une vitesse de combustion élevée à haute pression, et
- une vitesse de combustion non nulle à basse pression, voire à pression atmosphérique,
et ce, avec une "bonne" "allumabilité" et sans générer trop de particules solides à la combustion.
Dans le cadre de la présente invention, il est donc proposé une utilisation originale des oxydes métalliques et/ou de métalloïde (connus en tant que catalyseurs balistiques et/ou agents agglomérant), pour améliorer la combustion à basse pression (voir ci-dessus).
Ledit au moins un oxyde, présent dans la composition des composés de l'invention à au moins 1 % en masse, est donc responsable d'une amélioration de la combustion à basse pression. Sa teneur est limitée à 5 % en masse, en référence, tout particulièrement, au rendement gazeux et à la combustion à haute pression desdits composés.
Pour obtenir les composés de l'invention, on détermine donc préalablement les proportions nécessaires des ingrédients (constitutifs desdits composés) suscités conduisant aux propriétés recherchées (celles desdites propriétés qui résultent de calculs thermodynamiques : température de combustion, rendement gazeux, taux de résidus solides, balance en oxygène et densité théorique...) tout en s'assurant que la
condition portant sur la température de fusion du au moins un oxyde de métal et/ou métalloïde présent (température de fusion qui doit être plus faible que celle de combustion du composé renfermant dans sa composition ledit au moins un oxyde) soit vérifiée (alors, on observe les résultats intéressants, mis en évidence par les inventeurs, sur la combustion à basse pression).
La température de fusion dudit au moins un oxyde présent (de l'oxyde présent ou de chacun des oxydes présents) dans la composition des composés pyrotechniques de l'invention est avantageusement inférieure d'au moins 50 K à la température de combustion dudit composé pyrotechnique.
De façon préférée, ledit au moins un oxyde est choisi parmi l'oxyde de silicium (Si02), l'oxyde de tungstène (W03) et l'oxyde de molybdène (Mo03). L'oxyde de silicium (Si02) est plus particulièrement préféré.
De façon avantageuse, les compositions des composés de l'invention renferment, exprimées en pourcentage massique :
- de 50 à 65 % de nitrate de guanidine,
- de 20 à 40% de nitrate basique de cuivre,
- de 8% à 20%, avantageusement de 10,5% à 20%, de perchlorate de potassium, et
- de 1 à 5%, avantageusement de 1 à 3%, dudit au moins un oxyde de métal et/ou de métalloïde.
Les composés de l'invention sont donc très avantageusement obtenus par un procédé de fabrication en voie sèche qui comprend une première étape de mélange à sec des ingrédients en poudre et une seconde étape de compactage du mélange pulvérulent obtenu. Ces deux étapes sont éventuellement suivies d'une troisième étape de granulation, elle-même suivie, si nécessaire, d'une quatrième étape de mise en forme par pastillage des granulés obtenus pour l'obtention de produits comprimés.
Les composés de l'invention se présentent donc généralement sous la forme de granulés, de pastilles ou de blocs.
De manière à faciliter la mise en œuvre du pastillage, en perturbant le moins possible les performances fonctionnelles souhaitées du produit final, un additif peut être ajouté, après la phase de granulation. Cet additif est avantageusement de la famille des stéarates. Il consiste
préférentiellement en le stéarate de calcium ou de magnésium. Le taux ajouté est inférieur à 1% et préférentiellement inférieur à 0,5% (% en masse).
Les composés de l'invention conviennent tout particulièrement pour être intégrés au chargement pyrotechnique d'un générateur de gaz pour airbag. Ils peuvent constituer tout ou partie dudit chargement.
Selon un autre de ses objets, la présente invention concerne les générateurs de gaz contenant au moins un composé pyrotechnique de l'invention. Lesdits générateurs conviennent parfaitement pour les airbags (voir ci-dessus).
On se propose maintenant d'illustrer, de façon nullement limitative, l'invention présentement revendiquée. Des compositions (de composés de l'invention) illustrant plusieurs variantes de l'invention sont décrites et comparées avec des exemples de compositions (de composés) de l'art antérieur.
La figure 1 montre les courbes de vitesse de (propagation de la) combustion à basse pression pour des composés de l'invention et des composés de l'art antérieur. Les mesures ont été mises en œuvre sur les granulés par la technique dite de "strand-burner" (voir ci-après).
La figure 2 montre les courbes de vitesse de combustion sur une large plage de pression pour des composés de l'invention et des composés de l'art antérieur. Les mesures ont été mises en œuvre sur les pastilles en bombe manométrique.
Le tableau 1 ci-après présente des exemples de compositions de composés de la présente invention, ainsi que leurs performances associées. Les compositions (composés) ont été évaluées (évalués) au moyen de calculs thermodynamiques ou à partir de mesures physiques obtenues sur des granulés ou des pastilles fabriqués à partir desdites compositions via le procédé de mélange de poudre - compactage - granulation - et éventuellement pastillage en voie sèche.
En fonction du taux d'oxyde incorporé, le taux des constituants majeurs (NG, BCN et KCIO4) a été ajusté afin de conserver une valeur de balance en oxygène proche de -3%, de manière à pouvoir directement comparer les performances des compositions du tableau 1.
Les constituants majeurs utilisés dans les compositions décrites dans le tableau 1 présentent avantageusement une granulométrie fine,
caractérisée par une valeur de diamètre médian (D50) d'environ 12 pm pour le nitrate de guanîdine, d'environ 3 pm pour le BCN et d'environ 10 pm pour le KCI04.
Les oxydes de métal ou de métalloïde utilisés dans les compositions des exemples 1 à 4 se caractérisent par une température de fusion d'environ 1950 K (Si02), 1070 K (Mo03) et 1750 K (W03). L'oxyde de silicium présente une surface spécifique de 100 à 200 m2/g, l'oxyde de molybdène un diamètre médian centré sur 10 pm et l'oxyde de tungstène un diamètre médian centré sur 100 pm.
Les compositions des exemples 1 à 4 sont constitutives de composés suivant la présente invention, celles des exemples de référence (exemples comparatifs A et B) sont constitutives de composés selon la demande de brevet FR 2 892 117 de l'art antérieur.
Tableau 1
(*) vitesse de propagation de la combustion non nulle à pression atmosphériq (**) Pastilles de diamètre 6,35 mm et d'épaisseur 3 mm
Pour chacun des composés du tableau 1, la pression limite de combustion a été mesurée sur des granulés par la technique dite de "strand burner" (tirs en caisson pressurisé). Pour cela, les granulés sont introduits dans une paille de diamètre 7,4 mm, laquelle est placée dans une enceinte de capacité 5 litres pressurisée sous atmosphère inerte (N2). L'allumage est réalisé à l'aide d'un fil chaud, puis la mesure de la vitesse de propagation de la combustion est réalisée à l'aide de 2 fils fusibles logés dans la paille et espacés de 100 mm. Les tirs ont été conduits à 20°C pour différentes valeurs de pressurisation du caisson jusqu'à observer le non-allumage des granulés de chaque composition.
Pour chacun des composés du tableau 1, la vitesse de combustion (Vc) a été mesurée sur des pastilles à l'aide de tirs conduits en bombe manométrique. Les tirs ont été conduits pour différentes valeurs de densité de chargement (35 kg/m3 à 175 kg/m3) afin d'établir la courbe Vc(P) sur une large plage de pression.
Les résultats du tableau 1 indiquent que les compositions des exemples 1 à 4 suivant l'invention présentent :
- de façon avantageuse, un maintien des performances, en termes de densité, de température de combustion et de rendement gazeux, par rapport aux compositions des exemples comparatifs A et B. Ces performances sont importantes car elles participent d'une façon majeure à la fonction attendue de la composition (pouvoir de gonflage) ;
- une bonne aptitude à la densification, comme l'indiquent les faibles valeurs de porosité mesurées sur pastilles. Cette aptitude à la densification est importante pour la fabrication de granulés compactés ainsi que pour la fabrication de pastilles dont la géométrie, le diamètre ou l'épaisseur peuvent être aisément adaptées selon l'application envisagée. Elle permet également de pouvoir appliquer un effort de compression minimal lors de la mise en œuvre du produit par pastillage, ce qui réduit l'usure des outillages et les risques pyrotechniques lors de la compression ; et
- conduisent à l'obtention de pastilles présentant une tenue mécanique satisfaisante. L'incorporation à un taux modéré d'un oxyde de type Si02, M0O3 ou W03, ne dégrade pas la tenue mécanique des pastilles, comme l'indiquent les valeurs de résistance à l'écrasement radial.
Les valeurs basses de pression limite de combustion indiquées dans le tableau 1 et tes courbes de vitesse de combustion à basse pression du graphe 1 montrent que l'incorporation à un taux modéré (compris entre 1,5 et 3% dans les exemples) d'un oxyde de type oxyde de silicium, oxyde de molybdène ou oxyde de tungstène permet de diminuer de façon significative la valeur de pression limite de combustion par rapport à celle des compositions de référence A et B. Parmi les compositions des exemples 1 à 4, la composition de l'exemple 2 formulée avec 3% d'oxyde de silicium présente l'amélioration la plus notable puisqu'elle présente une valeur de vitesse de combustion non nulle à pression atmosphérique et, d'une façon générale, la vitesse de combustion la plus élevée sur la plage de pression allant de 0,1 à 1 Pa.
En référence à la figure 2, la caractérisation balistique en bombe manométrique conduite sur les pastilles fabriquées à partir des compositions citées dans le tableau 1 montre que les compositions des exemples 1 à 4 présentent une vitesse de combustion qui demeure suffisamment élevée sur la plage haute pression allant de 20 à 50 MPa.
Le composé de l'exemple 1, formulé avec 1,5 % d'oxyde de silicium, offre le meilleur compromis de performances entre température de combustion, rendement gazeux, pression limite de combustion et vitesse de combustion à haute pression. Ce composé présente notamment le grand intérêt de maintenir une vitesse de combustion non nulle à pression atmosphérique. L'incorporation d'oxyde de silicium à un taux de 3 % selon la composition de l'exemple 2 apparaît encore plus bénéfique à la combustion à très basse pression, mais engendre en contrepartie une diminution de la vitesse de combustion à haute pression. Ces résultats indiquent que l'oxyde de silicium est avantageusement incorporé jusqu'à un taux de 3 % afin de préserver une performance balistique suffisante à haute pression sur la plage 20 à 50 MPa.
Parmi les différents oxydes testés, une diminution bénéfique de l'exposant de pression a été observée pour tes composés des exemples i et 2, formulés selon la présente invention avec l'oxyde de silicium.
Du fait que la température de fusion de l'oxyde incorporé (SiO?, Mo03 ou WO3) demeure inférieure à la température de combustion de la composition, on n'observe pas de résidu de combustion aggloméré sous la forme d'un squelette du bloc pyrotechnique, c'est-à-dire présentant la forme initiale de la pastille, comme cela est habituellement le cas pour des compositions à base de BCN incorporant un oxyde réfractaire à haut point de fusion tel que l'oxyde d'aluminium.