Lentille à immersion solide et procédé de réalisation associé.
Le domaine de l'invention est celui des lentilles à immersion permettant l'écriture ou la lecture d'informations optiques à des tailles submicroniques.
La possibilité de focaliser une onde électromagnétique sur des zones de très petites dimensions présente, depuis toujours, des applications dans des domaines très variés. On citera ia microscopie, la réalisation de capteurs ou de détecteurs optiques, la réalisation de systèmes optiques d'écriture et/ou de lecture de données sur un média d'enregistrement, et plus généralement toutes les applications où la lumière est utilisée pour sonder ou modifier localement une zone de focalisation ou le matériel qui s'y trouve. De plus, Ia course à la miniaturisation des dispositifs et des systèmes, ainsi que l'avènement des nanosciences et des nanotechnologies, requiert un accroissement des capacités de focalisation des sondes optiques sur des dimensions de plus en plus petites.
Cependant, la focalisation d'une onde électromagnétique par un système optique en champ lointain classique est normalement limitée par le critère de Rayleigh à un rayon r égal à λ/2n.sinθ, où r est la taille du foyer de focalisation, λ la longueur d'onde de l'onde électromagnétique, n l'indice optique du matériau dans lequel se propage ladite onde, et θ l'angle maximal d'ouverture du système de lentille assurant la focalisation. Pour focaliser une onde sur des rayons les plus réduits possibles, plusieurs voies sont généralement suivies.
La première consiste à augmenter au maximum l'ouverture numérique NA égale à n.sin θ. Ceci se fait soit par immersion dans un liquide de haut indice optique, soit par immersion dans un matériau solide également de haut indice grâce à une lentille hémisphérique ou super hémisphérique. Ces lentilles sont dites à immersion solide et sont encore appelées « SIL », acronyme de « Solid Immersion Lens », leur foyer de focalisation se trouvant dans le plan de i'hémisphère ou du super hémisphère. Pratiquement, ces techniques permettent de focaliser la lumière sur un foyer plus petit d'un facteur n ou n2 qu'un système classique en
conservant une transmission proche de 100%, le facteur étant fonction de ia forme de ia lentille. La limitation de cette technique est liée à l'indice optique du matériau qui n'excède pas quelques unités.
La seconde voie possible consiste à concentrer ce champ par (es méthodes dites de champ proche optique. Celles-ci exploitent la localisation naturelle du champ électromagnétique à proximité immédiate d'un nano-objet sous forme d'un champ non-propagatif dû à la diffraction. On entend par nano-objet un objet dont au moins une des dimensions n'excède pas quelques dizaines de nanomètres. La géométrie, ia distribution spatiale de ce champ et son amplitude sont déterminées d'une part, par la nature, la géométrie et la taille du nano-objet, et d'autre part, par les caractéristiques de polarisation et de longueur d'onde de la lumière diffractée. Le fonctionnement est le suivant : une onde incidente est envoyée sur un nano- objet qui diffracte cette onde, sa taille étant petite devant la longueur d'onde. Le champ résultant possède une composante propagative classique et une composante non propagative qui reste localisée à proximité du nano-objet et appelée champ proche. Ce champ proche peut ensuite être modifié par un second objet, également de faible dimension devant la longueur d'onde. La modification est soit une diffraction, soit une diffusion, soit une modulation du champ. De nombreuses applications utilisent la génération et la détection de ce champ localisé pour l'écriture de points mémoire, la caractérisation, l'excitation et la détection d'objets, généralement de dimensions nanométriques localisés spatialement dans ce champ proche créé par le premier nano-objet, la microscopie dite de champ proche, ...Deux types de nano-objets sont utilisés en pratique pour générer le champ localisé.
Le premier est un trou nanométrique dans un écran opaque généralement métallique. Celui-ci peut être réalisé en géométrie planaire ou dans un revêtement métallique sur un support diélectrique comme une fibre optique ou un guide d'onde. Dans cette géométrie, la taille du foyer ne dépend que de la taiile du trou. On utilise le champ proche généré en transmission par ces trous de manière à s'affranchir au mieux de l'onde incidente, ce qui offre un bon rapport signal sur bruit. Dans le cas des écrans métalliques, l'effet d'exaltation par couplage aux modes de plasmon peut également être mis à profit pour augmenter encore ie rapport signal sur bruit
entre ie champ local et le champ propagatif. Les principales limitations de cette approche viennent d'une part, de ia faible transmission obtenue qui est proportionnelle au facteur (a/λ)4 où a est le diamètre du trou, et d'autre part de la profondeur de pénétration de l'onde lumineuse dans le matériau opaque qui constitue l'écran et qui est liée à l'épaisseur de peau dans les métaux. Théoriquement, la résolution est limitée à environ 15 à 20 nm. Ce type de structure a été abondamment utilisé, par exemple, pour les applications de type microscopie optique en champ proche dites à ouverture. Les techniques de réalisation de ces pointes à base de fibres optiques ne sont généralement pas compatibles des procédés de la microélectronique standard et ces pointes sont donc peu reproductibles. Pour remédier à cela, certains procédés standards ont été proposés. On se reportera, en particulier, à l'article de P. N. Minh et al. paru dans Review of Scientific Instruments - Vol. 71 , 3111 (2000). Cependant, la dimension de l'ouverture nanométrique dans l'écran n'est pas maîtrisée à mieux que 50 nm.
La deuxième voie consiste à utiliser un nano-objet unique de géométrie définie comme une nano-sphère, un nano-disque ou un paraboloïde ayant au moins une dimension confinée pour concentrer le champ à proximité de celle-ci. Dans cette approche, l'effet de peau n'est pas une limitation et le champ peut être potentiellement confiné sur de très petites dimensions. De même, la transmission n'est généralement plus un problème quand on considère cette approche. En revanche, il est nécessaire d'extraire !e signal venant du champ confiné du signal incident. Ceci se fait par des techniques de modulation qui impliquent soit la manipulation physique de ces nano-objets souvent difficile, soit l'exploitation de l'effet d'exaltation via les modes de plasmon de surface pour les structures métalliques. Cette géométrie est abondamment utilisée pour la réalisation de capteurs ou de détecteurs et pour la microscopie optique en champ proche dite sans ouverture. La manipulation des nano-objets uniques 0- dimensionnels reste néanmoins difficile et en pratique, les objets nanométriques ayant au moins une dimension macroscopique sont plus souvent utilisés.
Afin de combiner les avantages des approches avec et sans ouverture de manière à conserver la résolution ultime avec un rapport signal sur bruit favorable, ii est connu d'adjoindre un nano-objet à une nano-
ouverture. On citera, à cet égard, l'article de T. H. Taminiau et ai., paru dans Nano Letters Vol. 7, 28 (2007) intitulé "λ/4 résonance of an opticai monopole antenna probed by single molécule fluorescence". Dans ce cas, une antenne métallique est rapportée sur une pointe dite « SNOM », acronyme de « Scanning Near-field Opticai Microscope », ou « NSOM », acronyme de « Near-field Scanning Opticai Microscope », à ouverture classique par des techniques de faisceau d'ion focalisé. Les limitations de cette structure sont multiples. Premièrement, la transmission de la pointe optique « SNOM » classique reste faible comme dans le cas des pointes à ouverture précédemment évoquées. Deuxièmement, le nano-objet qui sert d'antenne est réalisé par gravure du masque métallique sous faisceau d'ions focalisé. Ces techniques de réaiisation sont difficilement exploitables pour une réalisation en parallèle de ces têtes de focalisation avec des techniques de production de masse.
II est également connu d'utiliser des lentilles « SIL » pour générer une excitation ou collection en champ proche de type ouverture, tout en conservant une transmission proche de 100%. La génération d'ondes évanescentes au foyer de la lentille « SIL » est alors liée à la réflexion totale interne à l'interface plane de la lentille due à sa géométrie. Ceci a été abondamment mis à profit pour des applications :
• de type microscopie, on se reportera à la publication de S. M. Mansfield et al., parue dans Applied Physics Letters vol. 57, 2615 (1990) ; • de type enregistrement optique, voir du même auteur, Optics
Letters 18, 305 (1993) ;
• ou encore photolithographie, voir l'article de L. P. Ghislain et al., Applied Physics Letters74, 501 (1999).
De telles lentilles « SlL » ont également été associées à une pointe pyramidale ou conique. Ces solutions sont décrites dans le brevet US
6 441 359. Cette pointe est réaiisée du coté du foyer de Ia lentille, permettant de balayer cette lentilfe à proximité de l'échantillon mesuré, sur une distance proche de la longueur d'onde. De telles pointes présentent un rayon de courbure typique de 500 nm et sont réalisées dans le même matériau que celui constituant le « SIL ». Il est également connu d'adjoindre à cette pointe
un revêtement métallique percé d'un trou nanométrique servant à limiter Sa taille du foyer. L'inconvénient principal de ces pointes vient de leur facteur de forme peu élevé, l'angle ouverture au sommet est typiquement de 65 degrés afin de conserver l'effet de focalisation. Cet angle est très défavorabie pour obtenir une bonne résolution topographique en applications de type microscopie en champ proche. Ces pointes peuvent comporter un revêtement métallique mais elles souffrent alors des mêmes limites que les pointes « SNOM » à ouvertures classiques précédemment décrites.
L'idée de la présente invention est d'utiliser un nano-objet dit 1 D en matériau semi-conducteur tel un nanofil, un nanotube de carbone, un nano-pilier unique au foyer d'une « SIL » comme pointe à haut facteur de forme d'une part et comme antenne pour augmenter la résolution optique d'autre part. Le couplage du nano-objet avec le monde macroscopique est assuré par la lentille à immersion solide au foyer de laquelle est positionné ce nano-objet 1 D. Il est particulièrement avantageux de réaliser le nano-objet en matériau semi-conducteur. En effet, un nano-objet est caractérisé entre autres par son facteur de forme. Celui-ci correspond au ratio entre la hauteur du nano-objet au-dessus de son support divisé par son diamètre dans le plan du support. Un ratio élevé permet un asservissement plus facile du dispositif par rapport à la surface en regard le long de laquelle le dispositif se déplace et/ou permet de relâcher les contraintes de planéité sur cette surface. Or, les nano-objets métalliques ont des facteurs de forme assez faible, limité à deux ou trois alors que les nano-objets en matériau semi-conducteur peuvent avoir des facteurs de forme beaucoup plus élevés, de l'ordre de dix.
Plus précisément, l'invention a pour objet une lentille à immersion solide pour applications optiques, comportant un secteur sphérique limité par une surface plane, caractérisé en ce que en ce qu'un fil ou un tube de forme cylindrique en matériau semi-conducteur dont les génératrices sont perpendiculaires à la surface plane et dont au moins une dimension est nanométrique est disposé sur la surface plane, au foyer de ladite lentille à immersion solide.
Avantageusement, une couche opaque à la lumière comportant une ouverture centrale de dimensions nanométriques est disposée sur la
surface plane, ladite ouverture étant centrée sur Ie foyer de la lentille à immersion solide. Le fil peut être en silicium, peut comporter à son extrémité libre une nanoparticule en or. Il peut également être en oxyde de zinc ou en nitrure de gailium ou être un fullerène tubulaire. Avantageusement, le secteur sphérique est en matériau à fort indice de réfraction.
L'invention concerne également un dispositif optique comprenant une lentille optique selon les dispositions précédentes, le dispositif comprenant alors soit des moyens de génération d'une onde électromagnétique agencés de façon à exciter l'objet de dimensions nanométriques, soit des moyens de détection d'une onde électromagnétique localisée au niveau de l'objet de dimensions nanométriques.
Avantageusement, les lentilles sont organisées en matrice comportant plusieurs lignes de colonnes, chaque colonne comportant plusieurs lentilles.
Avantageusement, la lentille est réalisée par des techniques de lithographie et le procédé comporte au moins une première étape de réalisation qui peut être effectuée de deux façons différentes. Dans un premier mode de réalisation, on dépose : • Sur un substrat d'un premier matériau, une première couche d'un second matériau différent du premier matériau apte à être gravé de façon isotrope ;
• une seconde couche d'un troisième matériau comportant une ouverture de dimensions nanométriques. Dans un second mode de réalisation, on dépose sur un substrat d'un premier matériau apte à être gravé de façon isotrope, une seconde couche d'un troisième matériau comportant une ouverture de dimensions nanométriques.
Avantageusement, le procédé comporte au moins les étapes suivantes :
• Etape 2 : réalisation à travers l'ouverture de la seconde couche d'une cavité dans le substrat ou la première couche de forme sensiblement hémisphérique par oxydation ou gravure isotrope ;
• Etape 3 : réalisation d'un dépôt d'un quatrième matériau dans la cavité hémisphérique de façon à former un secteur sphérique ;
• Etape 4 : suppression sur la seconde face du substrat de ia partie du substrat recouvrant le secteur sphérique de façon à le dégager ;
• Etape 5 : réalisation d'un objet de dimensions nanométriques dans ou sur la première couche, au centre de l'ouverture de la seconde couche. Avantageusement, la première étape est suivie d'une étape 1 bis de réalisation d'un nano-pilier centré sur l'ouverture de la seconde couche et l'étape 5 consiste à réaliser l'objet de dimensions nanométriques à partir de ce nano-pilier.
Avantageusement, l'étape 5 est suivie d'une étape 5bis de croissance d'une couche d'un cinquième matériau sur l'objet de dimensions nanométriques.
Avantageusement, i'étape 5 est suivie d'une étape 6 de réalisation d'une couche opaque à la lumière épargnant l'objet de dimensions nanométriques. Avantageusement, le troisième matériau est un matériau opaque à la iumière.
Avantageusement, le premier matériau est du silicium, le second matériau est du silicium ou de l'oxyde de silicium, le troisième matériau est de l'oxyde de silicium ou du nitrure de silicium et le quatrième matériau est un matériau à fort indice de réfraction comme de l'oxyde de silicium ou de l'oxyde de hafnium.
L'invention sera mieux comprise et d'autres avantages apparaîtront à la lecture de la description qui va suivre donnée à titre non limitatif et grâce aux figures annexées parmi lesquelles :
La figure 1 représente une vue d'une lentille selon l'invention. Les figures 2 à 7 représentent les différentes étapes d'un premier procédé de réalisation d'une lentille selon l'invention.
Les figures 8a et 8b représentent la première étape d'un second procédé de réalisation d'une lentille selon l'invention.
Les figures 9 à 11 représentent les différentes étapes de préparation à la réalisation du nano-objet.
La figure 1 représente une vue en coupe d'une lentille à immersion solide selon l'invention. Elle comprend essentiellement :
• un secteur sphérique 1 limité par une surface plane 11. Ce secteur constitue une structure de focalisation de type lentille à immersion solide apte à focaliser un faisceau lumineux incident sur une zone de la structure, appelée zone focale ou foyer 12. Cette lentille peut être réalisée en silice. Cette lentille peut être réalisée en géométrie planaire par des techniques de lithographie, permettant son intégration en parallèle ;
• un objet de dimensions nanométriques 2 appelé nano-objet et disposé sur la surface plane 11 , au foyer de ladite lentille à immersion solide.
Ce nano-objet peut servir de pointe à haut facteur de forme pour les applications dans lesquelles l'ensemble comprenant la lentille à immersion solide et le nano-objet est scanné en champ proche d'un échantillon afin d'en mener l'analyse ou d'en modifier la nature. Ces nano- objets 1 D à haut facteur de forme, nanofils et nanotubes, sont utilisés comme pointes « AFM » haute résolution, « AFM » étant l'acronyme de « Atomic Force Microscopy ». On peut, par conséquent, utiliser la lentille selon l'invention, comme pointe multifonctions dans des applications soit AFM, soit « SNOM» et éventuellement « STM », acronyme de « Scanning Tunneling Microscopy ». Dans l'application « SNOM », le nano-objet 2 peut :
• être excité par le faisceau lumineux issu de la SIL dans ia zone focale, à transmettre ce signal vers son extrémité opposée et/ou à induire des effets d'exaltation et de localisation spatiale du champ capables de modifier ou sonder localement son environnement. On peut alors l'utiliser, par exemple, pour des fonctions d'écriture d'un média ou d'excitation de molécules, ... ;
• ou détecter un champ électromagnétique localisé et transmettre ce signal à travers sa structure vers le monde macroscopique.
Le nano-objet 2 est choisi parmi une ou plusieurs molécules, un ou plusieurs agrégats, un ou plusieurs nanofils, un ou plusieurs nanotubes ou fullerènes, qu'ils soient organiques ou inorganiques, ou semi-conducteurs ou isolants et pouvant être « fonctionnalisés » ou non, dopés ou non, recouvert d'un revêtement supplémentaire ou non. Ce revêtement peut être métallique. On entend par « fonctionnalisation » la capacité de modifier le nano-objet pour lui donner une fonction particulière. Dans le cas des fulierènes, cette fonctionnalisation peut être faite à l'intérieur ou à l'extérieur de la cage de carbone. Dans le cas des nanofils, la nanoparticule de catalyseur métallique à l'extrémité du nanofil, nécessaire à la phase de croissance peut servir de nano-objet, déporté et positionné dans le foyer de la lentille de façon contrôlée pendant l'étape de croissance. Ainsi, la nature du nano-objet permet de modifier la nature du signal exploitable en fonction de l'application recherchée. A titre d'exemples non limitatifs, • Si le nano-objet est un nanofil en silicium, la présence d'une nanoparticule de catalyseur en or à l'extrémité du fil permet la génération d'un plasmon qui concentre le champ à quelques nanomètres seulement de la nanoparticule. Dans ce cas, le contrôle de la croissance du fil permet de positionner et de manipuler le résonateur plasmon aisément ;
• Si le nano-objet est un nanofil en ZnO ou en GaN, la luminescence guidée dans le nanofil peut être utilisée ;
• Si le nano-objet est un nanotube de carbone ou fullerène, la possibilité de fonctionnaliser l'intérieur du tube avec une molécule unique peut être exploitée.
Dans le cas de nanofils photo-luminescents, on exploite la iuminescence du nanofil individuel. Le système SIL associé au nanofil positionné en son foyer permet de coupler efficacement la lumière avec le nanofil, afin d'une part, d'exciter la photoiuminescence de ce nanofil individuel, et d'autre part, de collecter cette luminescence réémise dans la lentille.
Diverses applications peuvent exploiter ce couplage à un fil individuel Ii a, par exemple, été montré qu'un nanofil individuel se comporte comme une nanocavité LASER et peut donner Heu à une émission stimulée,
voir à ce sujet l'article « Un effet laser » de Jonhson et al. dans Nature Materials 1 , 106 (2002). On dispose alors d'un laser nanométrique et intégré qui peut être utilisé pour illuminer et/ou modifier une surface, faire de la photolithographie par matrice de nano-lasers, ou comme structure d'injection dans le fil qui se comporte comme un guide d'onde pour des communications optiques sur des grandes distances.
La luminescence d'un nanofil individuel est de plus fortement modifiée par son environnement immédiat. Par exemple, la présence d'une surface métallique à quelques dizaines de nanomètre peut « éteindre » la luminescence du nanofil. En sondant la luminescence du nanofil re-couplé dans la lentille il est donc possible de cartographier la surface métallique en balayant Ia surface avec le nanofil utilisé comme une sonde optique en champ proche. De la même façon, la structure « SIL » associé au nanofil permet d'exploiter les deux extrémités du nanofil. L'extrémité couplée à la « SIL » sert de point d'entrée et sortie à la lumière et l'extrémité libre est à même de sonder l'environnement en champ proche du fil. Si on balaye une surface présentant des indices de réfractions variable, îa proportion de lumière émise du nanofil vers la surface est d'autant plus forte que i'indice du matériau est fort. A puissance d'excitation constante, la partie réémise vers la « SIL » diminue donc d'autant. La sonde permet dans cet exemple de cartographier la variation d'indice optique d'une surface avec une résolution de ia taille nanométrique de la sonde correspondant au diamètre du nanofil.
Lorsque le nano-objet est un nanotube de carbone ou fullerène, il peut être utilisé comme une cage dans laquelle des objets nanométriques aux propriétés optiques intéressantes peuvent être insérés. Par exemple, il a été montré que l'on peut faire entrer dans un nanotube de carbone des molécules organiques comme ie β-carotène par traitement chimique et nettoyage des molécules en excédant. On se reportera à l'article de K. Yanagi et al., Phys. Rev. B 74, 155420 (2006) sur ce point. Cela ouvre la porte à la réalisation d'une sonde nanotube comportant à son extrémité une molécule organique unique, typiquement un chromophore, couplée à une lentille afin d'accéder à ses propriétés électroniques et ayant une extrémité libre pouvant se coupler à son environnement immédiat pour le sonder. On peut par exemple exciter et détecter la luminescence de cette molécule via la
« SIL » et enregistrer les modifications de celle-ci afin de remonter aux propriétés optiques de ia surface étudiée comme dans l'exemple précédent. Le phénomène de transfert d'énergie de type Forster encore appelé « FRET » peut également être mis à profit pour imager des objets moléculaires déposés sur une surface. Si ia molécule dans le nanotube est amenée à quelques nanomètres d'une autre molécule, elie peut se désexciter non plus radiativement mais en cédant son énergie à la seconde molécule de manière non radiative par couplage dipolaire. La luminescence de la molécule sonde est alors éteinte ce qui permet de distinguer la présence de la seconde molécule et donc d'imager celle-ci ou au moins d'en cartographier une propriété optique. Ici aussi, la taille « moléculaire » de la sonde permet d'envisager une cartographie avec une résolution de typiquement la taille de la molécule sonde.
Dans le cas de la figure 1 , une couche opaque 3 au faisceau lumineux est disposée contre la face de la structure comportant la zone focale. Elle est munie d'un trou nanométrique 31 de dimension inférieure à celle de la zone focale 12 de la lentille afin de réduire la zone focale de la lentille. Avantageusement, l'ouverture de la couche opaque est auto-alignée avec la zone focale. Par ailleurs, cette couche est monocouche ou multicouches selon les applications visées. La « SIL » sert dans ce cas à augmenter la transmission à travers le trou. Le masque métallique troué sert également à aligner le champ électrique avec l'axe du nanofil. Le nano-objet est situé dans l'ouverture de la couche opaque et sur la zone focale de la structure de focalisation.
La lentille à immersion solide selon l'invention est reliée à des moyens d'excitation et d'utilisation de Ia réponse du nano-objet. Ses moyens ne sont pas représentés sur la figure 1. Ses moyens d'utilisation peuvent être :
• des moyens de traitement permettant d'utiliser la réponse du nano-objet pour le caractériser, ou pour caractériser le couplage de cette réponse avec un autre objet à proximité dans une fonction de type capteur ;
• des moyens d'écriture permettant d'utiliser la réponse du nano- objet pour modifier localement une couche notamment d'enregistrement ou lithographique ;
• des moyens de lecture permettant d'utiliser la réponse du nano- objet pour sonder localement l'état d'une couche d'enregistrement ou de cartographier une réponse locale sur un échantillon d'intérêt ou une couche de lithographie insolée.
Il peut-être avantageux d'utiliser de façon matricielle des dispositifs selon l'invention, en particulier pour écrire sur un milieu d'enregistrement ou lithographique ou utiliser de façon simultanée plusieurs capteurs.
La réalisation de la structure d'adressage « SIL » avec son écran métallique troué et son nano-objet est réalisable de façon parallèle avec des techniques de micro-éiectronique standard. Ces techniques sont très reproductives et permettent la production de masse de têtes de lecture
/écriture multiples. Ce type de tête combine les avantages des sondes à ouverture et sans ouverture en termes de rapport signal sur bruit et de résolution tout en assurant une transmission importante grâce à la lentille. Ces têtes assurent une diversité de fonctions au travers des divers nano- objets positionnés au foyer de la « SIL ».
A titre de premier exemple, les étapes d'un procédé de réalisation d'une lentille selon l'invention, typiques de l'industrie microélectronique, sont détaillées sur les figures 2 à 7. Ces figures représentent des vues en coupe de la lentille au cours des différentes étapes de sa réalisation.
• Dans une première étape illustrée en figures 2 et 3, on réalise sur une première face d'un substrat 100 d'un premier matériau un empilement comprenant : o une première couche 101 d'un second matériau apte à être gravé de façon isotrope. Il est à noter que cette couche aurait pu être ie substrat 100 lui même. o une seconde couche 102 formée par au moins un troisième matériau. Cette seconde couche doit être à la fois opaque à la lumière et résistante à la gravure isotrope de la couche
inférieure. Bien entendu, on peut remplacer cette couche unique par un empilement de couches pour obtenir les effets souhaités ; o On réaiise ensuite dans cette seconde couche une ouverture de dimensions nanométriques 103. L'ouverture a un diamètre de dimension inférieure à celles de Ia structure de focalisation à réaliser ;
Le premier matériau peut être du silicium, le second matériau peut être du silicium ou de l'oxyde de silicium et le troisième matériau peut être, en fonction des sous-couches, du nitrure de silicium, de l'oxyde de silicium et un métal comme, par exemple, l'or ou le platine.
• Dans une seconde étape illustrée en figure 4, on réalise à travers l'ouverture de la seconde couche une cavité 106 dans le substrat de forme sensiblement hémisphérique par gravure isotrope. On obtient ainsi un auto-alignement de la zone focale par rapport à l'ouverture 103 ;
• Dans une troisième étape illustrée en figure 5, on réalise un premier dépôt conforme 107 d'un quatrième matériau qui peut être du nitrure de silicium puis on dépose une couche épaisse 108 d'un matériau à fort indice optique tel que l'oxyde de silicium ou l'oxyde d'hafnium dans la cavité hémisphérique de façon à former le secteur sphérique de la lentille à immersion. On réalise alors une seconde « planarisation » sur ce dernier dépôt ; • Dans une quatrième étape illustrée en figure 6, on supprime, par gravure anisotrope sur la face arrière du substrat, la partie du substrat recouvrant le secteur sphérique 108 de façon à le dégager ;
• Dans une cinquième étape illustrée en figure 7, on réalise un objet 109 de dimensions nanométriques au centre de l'ouverture de la seconde couche. Cette étape peut être suivie d'une phase de croissance d'un nano-objet à forme fortement anisotrope tel qu'un nanofil ou un nanotube de carbone dans l'ouverture sur la zone focale.
On trouvera des informations concernant cette étape de réalisation de l'objet nanométrique dans les publications suivantes : Carbon nanotubes : opportunities and challenges de H. Dai publiée dans Surface
Science 500 (2002) - Epitaxial growth of Hl-V Nanowires on group IV Substrates de E.P.A.M. Bakkers and Al. publiée dans MRS Bulletin (VoL 32
- Fév. 2007) - Verticaily aligned carbon nanofilters and related structures xontrolled synthesis and directed assembly de Melechko and Ai publiée dans Applied Physics Reviews 97 (2005) - Propriétés des nanoparticuies de T.H. Taminiau et al publiée dans Nano Letters 7, 28 (2007).
A titre d'exemple, l'étape de réalisation du nano-objet peut être effectuée par une approche dite « descendante », plus connue sous le terme de « top-down » où le nano-objet est issu d'un procédé de report de couches associé à un procédé de photo-lithogravure. Le nano-objet est alors réalisé dans la couche rapportée par une séquence d'étapes standards typiques des technologies microélectroniques.
Cette étape consiste à reporter une couche constituant le matériau sur le dépôt 107 par collage moléculaire. Cette couche est successivement mise en forme pour donner naissance au nano-objet placé au foyer de la « SiL ». Le procédé de report d'une couche par collage moléculaire sur une surface planaire composée de plusieurs matériaux est décrit dans le brevet US2008/0079123. Cette méthode permet :
• D'associer toutes types de matériaux constituant le futur nano-objet placé au foyer, même ceux qui ne sont pas directement réalisables sous forme de nano-objet par dépôt et/ou croissance directe comme des nanofils, des nanotubes, des nano-tiges encore appelés « nanorods », des nano-points encore appelés « nanodots » ;
• De pouvoir gérer la forme du nano-objet a travers le contrôle dimensionnel mis a disposition par les techniques de photo-lithogravure courantes et d'exploiter par conséquent toutes les propriétés iies à la forme du nano-objet.
Une variante de type « top-down mixte » du procédé décrit ci- dessus est d'utiliser la couche rapportée comme couche « patron », plus
connue sous la terminologie anglo-saxonne de couche « template » pour la croissance du nano-objet. Cette variante est décrite sur les figures 9, 10 et 11. Cette variante est utile pour les nanofils où il est nécessaire d'avoir une matrice cristalline pour guider la croissance du fil selon la direction souhaitée. Dans ce cas, l'orientation de la couche « template » est la même que la direction préférentielle de croissance pour le nanofil. Par exemple, pour une structure en silicium, la direction cristalline est selon un axe <111 >. Comme indiqué sur la figure 9, la couche rapportée peut être constituée d'un sandwich comprenant la couche « template » 110 qui peut être en silicium, une couche catalyseur 111 qui peut être en or et une couche de protection 112 qui peut l'oxyde de la couche inférieure. Une fois gravée localement la couche de protection comme indiqué sur la figure 10, on fait croître le nanofil selon les procédures connues. On peut précéder cette étape de croissance d'une étape de traitement thermique de la couche du catalyseur comme indiqué sur la figure 11.
L'intérêt de cette variante est lié au diamètre et à la taille du nanofil que l'on peut obtenir. Par des techniques de dépôt chimique en phase vapeur encore appelées « CVD » signifiant « Chemical Vapor Déposition », on obtient des fils dont le diamètre est de quelques dizaines de nanomètres pour des tailles pouvant atteindre ou dépasser le micron.
A titre de second exemple, les étapes d'un second procédé de réalisation d'une lentille selon l'invention sont détaillées ci-dessous. Ce procédé est une variante du précédent et comprend également cinq étapes de réalisation.
• Durant la première étape du procédé précédent, on réalise en plus dans le troisième matériau un nano-pilier 104 centré sur l'ouverture de la seconde couche comme illustrés en figures 8a et 8b. La figure 8a est une vue en coupe et la figure 8b est une vue en perspective. L'ouverture a un diamètre de dimension inférieure à celles de la structure de focalisation à réaliser. Enfin, on dépose une couche sacrificielle sur la seconde couche et on réalise une « planarisation » sur cette couche;
• Les étapes 2, 3 et 4 sont sensiblement identiques aux étapes correspondantes du procédé précédent ;
• Dans une cinquième étape, on réalise un nano-objet dans l'ouverture sur la zone focale à partir d'une phase de croissance en utilisant le nano-pilier réalisé au cours de la première étape comme support.
Cette variante peut être réalisée à partir d'un substrat de type SOI ou la couche d'oxyde est suffisamment épaisse pour y fabriquer la « SIL ». Cette épaisseur peut être de l'ordre de 2 ou 3 microns. La fabrication de la « SIL » est alors précédée par la réalisation d'une poutre nanométrique dans la couche cristalline du SOI, qui est typiquement du silicium, traversant l'ouverture à travers laquelle se fait la gravure isotrope.
La fabrication se poursuit selon ies procédures précédemment décrites jusqu'aux étapes de « planarisation ». Ensuite, le catalyseur est déposé au foyer de la « SlL » selon un des procédés décrits. Ainsi, le catalyseur peut être déjà déposé sur la couche semi-conductrice avant gravure de ia poutre, on peut également réaliser un greffage sélectif, ....On effectue enfin la croissance du nanofil ou du nanotube.
Le procédé décrit ci-dessus est bien adapté à l'obtention d'un nano-objet en matériau minéral ayant une structure cristalline donnée sous forme d'un nanofil ou bien sous forme d'une nano-bille.
Si le nano-objet que l'on souhaite coupler à la « SIL » est un nanotube, le procédé de fabrication peut être simplifié parce que la direction de croissance du nanotube est contrôlée par les conditions de croissance et non plus par l'orientation de la couche sous-jacente. il est alors suffisant de localiser le catalyseur approprié selon une des techniques déjà décrites.