UTILISATION D'UN COMPOSÉ POUR LA PROTECTION DES PLANTES CONTRE DES ORGANISMES VIVANTS PATHOGÈNES
La présente invention concerne l'utilisation d'une triamine pour la protection des plantes contre des organismes vivants phytopathogènes, tels que les nématodes, les bactéries, les champignons, leurs spores ou encore les virus et viroïdes.
De nombreux organismes vivants, tels que les bactéries, les nématodes, les champignons et les virus provoquent en effet de graves dégâts sur les récoltes agricoles. Par exemple, les nématodes représentent de véritables parasites pour les plantes. Ces nématodes dits phytoparasites sont, selon la façon dont ils se nourrissent de la plante, divisés en deux groupes principaux : les ectoparasites et les endoparasites.
Les ectoparasites vivent à l'extérieur des racines des plantes. Ils se nourrissent des végétaux après perforation des tissus externes grâce à leur stylet.
Les endoparasites entrent quant à eux dans les racines des plantes pour y vivre et s'y nourrir. Les conséquences de cette présence se situent généralement sous la terre et peuvent être : l'apparition de galles anormalement grands, des racines partiellement abîmées et décolorées, une ramification excessive desdites racines créant un effet de « chevelure » ou encore l'arrêt de la croissance voire la mort des extrémités des racines.
La plante réagit à cette présence par une réponse hypersensible.
Les dégâts directs sont avant tout un affaiblissement de la plante, des déformations, des décolorations (racines, feuillage), des galles, etc. ; les dégâts indirects consistent en l'aggravation de maladies dues à des champignons et à des virus. La lutte intégrée se fait conventionnellement au moyen de variétés résistantes (ou tolérantes), de rotations de cultures incluant des variétés non sensibles aux nématodes, et de nématicides.
De nombreux produits dits « nématicides » ou qui éloignent les nématodes ont en effet été proposés pour protéger les plantations agricoles.
Ces produits nématicides agropharmaceutiques se classent principalement en deux catégories : les produits fumigants et les non- fumigants, qui peuvent être par exemple utilisés sous la forme de solutions liquides ou de granulés répandus mécaniquement sur le sol. Les principaux produits non-fumigants sont les produits agropharmaceutiques comprenant les familles des carbamates, des organophosphorés, le dichloropène ... Ces produits non-fumigants sont par exemple Mocap® de la société Aventis, Enzone® de la société Arysta.Lifescience, Vydate® commercialisé par Dupont, Nemethorin® de la société ISK Europe, DD92® ou le Bazamide® de la société BASF ...
Des produits fumigants comprennent généralement un groupe chimique d'hydrocarbure halogène comme la chloropicrine, le bromure de méthyle (BM 2C®, BM3A® de la société Traitai, Mebrom 98® et AA® de la société Mebrom, Sobrm 98® de la société Albemarle chemical SAS) ou le 1,3-dichloropropène (Dorlone® 2000 et Telone II® de la société Dow).
Tous les produits cités ci-dessus présentent toutefois l'inconvénient de pouvoir être toxiques vis-à-vis d'organismes non cibles comme les mammifères voire même d'être phytotoxiques à des doses non appropriées. Il a même été décidé au niveau mondial (Protocole de Montréal) de réduire l'utilisation du bromure de méthyle, qui, par exemple au Maroc, est l'un des principaux composés utilisés pour détruire les nématodes.
Des substances organiques et minérales ont également fait l'objet de recherches comme nématicides ou pour éloigner les nématodes des plants des cultures. Ces substances sont : les fumiers de poulet et de vache ; la sciure de bois ; la chitine et les résidus hémicellulosiques de l'industrie des pâtes et papiers ; le terreau de feuilles ; les tourteaux d'oléagineux (ricin, moutarde, arachide) ; le compost de champignon ; les cendres de charbons ; les algues ; et autres.
Par exemple, le produit commercialisé par la société ValentBioSciences sous le nom de DiTera® est un produit de fermentation élaboré à partir du champignon du genre hyphomycète Myrothecium spp. qui a été isolé à l'origine à partir d'un nématode sporocyste, comportant principalement des protéines, des sucres et des lipides.
Toutefois, ce produit n'est pas un fumigant et ne peut pas contrôler les insectes ou les maladies des plantes, notamment celles dues à un champignon, à une bactérie ou à un virus. Par conséquent, il ne constitue pas un produit de remplacement direct du bromure de méthyle ou des autres nématicides fumigants.
D'autre part, il existe également sur le marché le produit ClandoSan® de la société I-gene Biotechnology. Ce produit élaboré à partir de la carapace crustacés est également un nématicide naturel se trouvant sous forme de granules ou de pastilles. Ce produit agit sur le sol en tant qu'agent de contrôle biologique en stimulant la croissance des microorganismes se trouvant naturellement dans le sol. Or, ces microorganismes produisent de la chitinase et d'autres enzymes qui vont dégrader la chitine présente dans les cuticules et les œufs des nématodes phytopathogènes. Ainsi, ce produit n'a pas d'effet nuisible direct sur les nématodes phytoparasites et agit seulement indirectement sur la diminution de la population de nématodes dans les terrains des cultures traitées. En outre, il doit être utilisé en complément d'autres pesticides, tels que des herbicides, des insecticides et des fongicides. Afin d'accroître le rendement des cultures, il est également nécessaire de combattre les organismes pathogènes tels que les bactéries, les virus, les champignons ou leurs spores. En effet, la contamination d'une plante par des bactéries peut provoquer des symptômes variés comme la pourriture des tubercules de pomme de terre (par ex. Erwinia carotovora et Ralstonia solanacearum), des taches foliaires (par ex. Xanthomonas hortorum pv. pelargonii sur pélargonium, X. axonopodis pv. begoniae sur bégonia), la modification de couleur des faisceaux vasculaires {Erwinia spp. sur Kalanchoé, Pseudomonas cichorii sur chrysanthème) ou des galles sur les racines (Agrobacterium tumefaciens sur rosier et chrysanthème). Les virus et viroïdes lorsqu'ils pénètrent dans les cellules hôtes d'une plante et s'y reproduisent provoquent également et inévitablement des maladies chez ladite plante. Certains champignons produisent qu'en à eux des toxines redoutables qui rendraient la production impropre à la consommation.
Ainsi, de nombreux produits fongicides, tels que le Benlate®, le Rovral®, l'Aviso®, le Previcur®, ou bactéricides, tels que des produits à base de cuivre, bien connus des producteurs ont été proposés.
Par ailleurs, on connaît l'utilisation d'une triamine de formule générale (I) ci-dessous dans laquelle R est une chaîne alkyle comportant
8 à 22 atomes de carbone, pour des applications bactéricides, fongicides et algicides dans le domaine de la désinfection de matières inertes, notamment celles destinées à l'hygiène humaine ou animale comme par exemple le matériel, les conteneurs, les ustensiles de consommation, les surfaces ou conduits utilisés pour la production, le transport, le stockage ou la consommation de denrées alimentaires, etc.
Formule I
Ce composé utilisé en tant que produit de désinfection de surface permet de détruire entre autres les bactéries, les virus et les champignons sur des matières non vivantes. Par conséquent, il est connu afin de désinfecter des matériaux inertes.
Par exemple, le document WO 02/23992 décrit des compositions d'agent désinfectant contenant une aminé de formule II ci- dessous :
(CH2)3NH2
R1 N ^ (Ia)
^ (CH2)3NH2 dans laquelle R1 est un alkyl en C6-Ci8, qui présentent une activité efficace contre les champignons et ce, même lorsque les compositions sont très diluées. Un exemple de composé selon II est N,N-bis(3- aminopropyl)dodécylamine. Il est indiqué dans ce document que les domaines d'application sont ceux de la désinfection : de surfaces, d'instruments, de linges, de matériaux de construction tels que le bois, la conservation des liquides industriels comme l'eau de refroidissement, l'huile de coupe dans les machines en métal, les lubrifiants pour les tapis
roulant/courroies. Ainsi, ce document décrit seulement l'utilisation d'une triamine pour traiter les champignons présents sur de la matière inerte (bois).
Ou encore, le document EP 0 620 013 décrit un moyen de désinfection pour système de toilettes (par exemple les toilettes d'avion) ou installation équivalente utilisant un sel liquide comprenant l'aminé suivante :
^ (CH2)mNH2
R N ^ (CH2)nNH2 où R peut-être une chaîne alkyle en C6-Ci2, et m et n correspond à un nombre entre 4 et 12. Ce document décrit ainsi l'utilisation d'une triamine sur de la matière inerte.
Egalement, le document EP 0 551 975 décrit un désinfectant destiné à la désinfection de matière non vivante (la désinfection du bois, la désinfection des instruments, des surfaces, du linge....). Ce désinfectant comprend au moins un alcool aromatique et un composant aminé incluant au moins une aminé tertiaire de formule : ^ (CH2)nNH2 R N \
(CH2)nNH2
où R peut-être une chaîne alkyle en C4-C20, en particulier en C6-Ci8 et n représente un nombre entier entre 2 et 10, de préférence entre 2 et 3. En conclusion, il reste encore un besoin dans le développement de compositions non ou peu phytotoxiques et efficaces afin de neutraliser, contrôler et/ou tuer les nématodes, les bactéries, les champignons, les spores des champignons ou encore les virus, pouvant notamment affecter les plantes des productions agricoles ou horticoles. L'invention a pour but de proposer une nouvelle utilisation de composés pour la protection des plantes contre des organismes vivants pathogènes, tels que les nématodes, les champignons, leurs spores, les bactéries, voire même les virus et viroïdes, qui présentent de nombreuses qualités et qui permettent d'éviter tout ou partie des inconvénients précités.
A cet effet, l'invention concerne l'utilisation d'un composé de formule I ci-dessous entrant dans une composition phytosanitaire, pour la protection des plantes:
Formule I
dans laquelle R est une chaîne alkyle comportant 8 à 22 atomes de carbone, afin de neutraliser et/ou contrôler et/ou tuer des nématodes, des bactéries et/ou des virus et/ou des viroïdes et/ou des champignons et/ou des spores de champignons, susceptibles d'endommager ladite plante. De manière surprenante et inattendue, le demandeur a en effet découvert que les formulations comprenant les composés répondant à la formule I ci-dessus étaient efficaces afin de neutraliser et/ou contrôler et/ou tuer les nématodes des plantes (matière vivante) tout en étant pas ou peu toxiques pour les plantes et les mammifères. Par conséquent, il n'était pas évident de trouver parmi les nombreux produits de désinfection de surface existants, un composé à large spectre d'action, pas ou peu phytotoxique, pas ou peu toxique pour les mammifères et agréé contact alimentaire. En effet, les produits de désinfection de surface connus et habituellement utilisés et/ou autorisés sont soit toxiques pour les plantes, soit toxiques pour les mammifères.
Seulement deux substances : le cuivre sous diverses formes et l'acibenzolar-S-méthyl ont été homologuées en France pour lutter contre les maladies bactériennes de la tomate en pulvérisation foliaire.
En outre, il est surprenant que les composés de formule I permettent de neutraliser et/ou contrôler et/ou tuer les nématodes sachant que ladite formule est très différente des composés nématicides connus. Elle ne comporte pas en effet les fonctionnalités chimiques desdits composés nématicides efficaces de l'art antérieur mentionnés ci-dessus, telles que les groupes carbamates, organophosphates, les hydrocarbures halogènes ou les libérateurs d'isothiocyanate de méthyle.
Avantageusement, ledit composé est associé à au moins un agent mouillant.
De préférence, ledit mouillant comprend un mélange à base :
- d'un surfactant comme par exemple un polyalkylglucoside de formule
R-O-[C5H5θ(OH)3]-CH2-O-([C5H5O(OH)3]-CH2-O)x-H, où R correspond à une chaîne alkyle linéaire ou ramifiée et X est compris entre 5 et 13,
- et/ou d'un séquestrant comme par exemple un phosphonate, tel que le sel de sodium de l'acide diéthylène-triaminepenta(méthylène- phosphonique),
- et/ou d'un cosolvant comme un alcool aliphatique, tel que CH3CHOHCH2OH,
- et/ou d'un coadjuvent comme par exemple un oxyde d'aminé. Plus particulièrement, ledit mouillant comprend O % à 85 % d'un polyalkylglucoside, de O % à 5 % d'un phosphonate, de 0 % à 25 % d'un alcool aliphatique et de O % à 87 % d'un oxyde d'aminé, en poids, par rapport au poids total dudit mouillant.
De manière avantageuse, la composition phyto sanitaire comprend, en poids, 5 % à 50 % du composé de formule I, 0 % à 20 % de l'alkylpolyglucoside, 0 % à 1 % du phosphonate, 0 % à 5 % de l'alcool aliphatique et 0 % à 10 % de l'oxyde d'aminé par rapport au poids total de ladite composition phytosanitaire.
Selon une caractéristique de l'invention, le composé de formule I et/ou l'agent mouillant se présente sous forme d'une solution ou d'une suspension aqueuse ou sous forme solide.
De manière avantageuse, le composé de formule I et/ou l'agent mouillant est mis sous forme solide par contact avec un support solide choisi parmi : de la poudre de silice précipitée, du kieselgur, de la terre de diatomées, des argiles en poudre, des zéolithes, ou autres matériaux poreux.
Préférentiellement, les nématodes sur lesquelles agit le composé selon la formule I sont choisis parmi : les nématodes cécidogènes, tels que Meloidogyne spp., les nématodes à kyste tels que Globodera spp., Heterodera spp., les nématodes radicicoles tels que Pratylenchus spp., les nématodes des citrus tels que Tylenchulus
semipenetrans, les nématodes Trichodorus tels que Trichodorus spp., les nématodes à lancette tels que Longidorus spp., Hopoloaimus spp., les nématodes à stylet tels que Paratylenchus spp., les nématodes réniformes tels que Rotylenchulus spp., les nématodes Xiphinema tels que Xiphinema spp., les nématodes Belonolaimus tels que Belonolaimus spp., les nématodes annelés tels que Criconemoides spp., Criconemella spp., les nématodes Tylenchorhynchus tels que Tylenchorhynchus spp., les nématodes spirales tels que Rotylenchus spp., Helicotylenchus spp., les nématodes Radopholus similes tels que Radopholus spp. Avantageusement, les bactéries sur lesquelles agit le composé de formule I sont choisies parmi : Pseudomonas tel que Pseudomonas syringae pv lacrymans, Pseudomonas syringae pv phaseolicola, Pseudomonas aeruginosa ; Clavibacter tel que Clavibacter michiganesis michiganensis ; Staphylococcus, tel que Staphylococcus aureus ; ou Xanthomonas tel que Xanthomonas campes tris pv vesicatori ou campestris ; Agrobacterium tumerfaciens ; Agrobacterium rhizogenes.
De préférence, les champignons et/ou les spores de champignons sur lesquels agit le composé de formule I sont choisis parmi : Armillaria, Aphanomyces, Botrytis tel que Botrytis cinerea, Fusarium, Geltrichum tel que Geltrichum candidum, Helminthosporium, Mildiou, Monosporascus, Mucor spp., Penicilium tel que Pénicillium digitatum, Pénicillium expansum, Pénicillium italicum, Pénicillium rockfortii, Phytophthora, Phytomaototricum, Postia, Pythium, Rhizoctonia, Sclerotinia, Verticillium. De manière avantageuse, les virus et/ou les viroïdes sur lesquels agit le composé de formule I sont choisis parmi : Bromoviridae, Closteroviridae, Comoviridae, Geminivirus, Virus mosaïque, Potyviridae, Sequiviridae, Tombusviridae, Tymoviridae, Badnavirus, Carlavirus Luteovirus, Nanovirus, Phycodnaviridae, Potexvirus, Tenuivirus, Tospovirus.
Le composé de formule I agit avantageusement également sur les viroïdes, tels que Potato spindle tuber.
L'invention sera mieux comprise et d'autres buts, détails, caractéristiques et avantages de celle-ci apparaîtront plus clairement à la lecture de la description suivante d'exemples de réalisation, en référence aux figures annexées dans lesquelles :
- la figure 1 représente le pourcentage de nématodes des plantes tués en fonction de la concentration en N,N-bis(3-aminopropyl)- dodécylamine (AD336) dans la composition phytosanitaire ;
- la figure 2 est une photo prise au microscope montrant les masses d'œufs de nématodes ;
- la figure 3 montre l'effet bactéricide de AD336 associé au mouillant 2652 sur Pseudomonas syringae pv. lachrymans ;
- la figure 4 montre l'effet bactéricide de AD336 associé au mouillant 2652 sur Xanthomonas campes tris pv.vesicatoria ; - la figure 5 montre l'effet bactéricide de AD336 associé au mouillant 2652 sur Pseudomonas syringae pv.phaseolicola ;
- la figure 6 montre l'effet sporicide de AD336 associé au mouillant 2652 sur Botrytis ;
- la figure 7 montre le peu de phytotoxicité au bout de 3 semaines, de AD336 lorsque celui-ci est arrosé sur de jeunes plants de tomates ;
- la figure 8 montre le peu de phytotoxicité au bout de 8 semaines, de AD336 lorsque celui-ci est arrosé sur de jeunes plants de tomates ; - la figure 9 montre le peu de phytotoxicité au bout de 9 semaines, de AD336 lorsque celui-ci est arrosé sur de jeunes plants de tomates ;
- la figure 10 est une photo représentant un exemple de feuille de tomate lorsqu'elle est dite incurvée (FI) ; - la figure 11 est une photo représentant un exemple de feuille de tomate lorsque ses extrémités sont dites brûlées (EB) ;
- la figure 12 compare la phytotoxicité au bout de 14 jours de traitement de trois produits phytosanitaires, nommés X (photo a), Y (photo b) et Z (photo c) usuellement utilisés dans le commerce par rapport à la composition phytosanitaire de la présente invention :Inv (photo d) et par rapport à un plant témoin, sur des plants de tomates ;
- la figure 13 compare de même la phytotoxicité des produits phytosanitaires indiqués ci-dessus mais au bout de 29 jours.
Selon la présente invention, le demandeur a trouvé de façon inattendue qu'une triamine de formule I, connue pour son activité bactéricide pour la protection de matières inertes tels que les surfaces
inertes destinées à entrer en contact avec des denrées alimentaires, exerçait également une activité contre divers organismes vivants pathogènes, permettant ainsi la protection de plantes et donc de matière vivante. De façon connue, le terme plante signifie tout organisme vivant faisant partie du règne végétal, tel que par exemple les plantes de grandes cultures (céréales, pomme de terre, betteraves...), de cultures vivrières (légumes), de plantes à fruits (tous les arbres fruitiers et plantes fruitères (fraises, ananas...), de plantes ornementales, médicinales, oléifères, à parfum ...
Tel qu'indiqué précédemment, l'invention concerne l'utilisation d'au moins un composé de formule I, telle que représentée ci-dessous, entrant dans une composition phyto sanitaire afin de protéger les plantes :
Dans ladite formule, R représente une chaîne alkyle comportant 8 à 22 atomes de carbone. L'utilisation de ce composé permet de neutraliser et/ou contrôler et/ou tuer au moins un organisme vivant pathogène susceptible d'endommager une plante, la formulation n'étant pas ou peu phytotoxique.
De façon surprenante, le demandeur a découvert qu'une formulation phyto sanitaire comprenant au moins un composé de formule générale I selon la présente invention n'entraînait pas ou peu de dégâts au niveau de ladite plante. Ceci a d'ailleurs été démontré par des essais in vivo qui figurent ultérieurement dans la présente demande.
De plus, les composés répondant à la formule générale I sont préférentiellement agréés contact alimentaire selon l'arrêté français du 8 septembre 1999, publié le 27 novembre 1999, pris pour application de l'article 11 du décret N° 73-138. Un composé répondant à la formule I ci-dessus peut être par exemple la N,N-bis(3-aminopropyl)dodécylamine, la N,N-bis(3-
aminopropyl)tétradécylamine, la N,N-bis(3-aminipropyl)hexadécyl- amine, la N,N-bis (3-aminipropyl)oléylamine, la N,N-bis(3- aminipropyl)octadécylamine, N,N-bis(3-aminipropyl)-érucidylamine, la N,N-bis(3-aminipropyl)-behénylamine. De manière préférée, le composé de formule I est la N,N- bis(3-aminipropyl)dodécylamine commercialisée notamment par les sociétés Akzo Nobel et Lonza GmbH et désignée pour la suite de la demande par le terme « AD336 ».
Un ou plusieurs composés de formule I peuvent être également associés à au moins un agent mouillant. Il s'est avéré de façon surprenante que l'agent mouillant permettait de potentialiser les activités du ou des composés de formule générale I.
Ledit mouillant est avantageusement formulé à partir d'un mélange à base : - d'un surfactant comme par exemple un polyalkylglucoside de formule
R-O-[C5H5θ(OH)3]-CH2-O-([C5H5O(OH)3]-CH2-O)x-H, où R correspond à une chaîne alkyle linéaire ou ramifiée et X est compris entre 5 et 13, - et/ou d'un séquestrant comme par exemple un phosphonate, tel que le sel de sodium de l'acide diéthylènetriaminepenta(méthylène- phosphonique),
- et/ou d'un cosolvant comme un alcool aliphatique, tel que CH3CHOHCH2OH, - et/ou d'un coadjuvent comme par exemple d'un oxyde d'aminé
- et éventuellement de l'eau.
De manière avantageuse, le mouillant comprend 0 % à 85 % d'un polyalkylglucoside, de 0 % à 5 % d'un phosphonate, de 0 % à 25 % d'un alcool aliphatique et de 0 % à 87 % d'un oxyde d'aminé, en poids, par rapport au poids total dudit mouillant.
A titre d'exemple, les agents mouillants peuvent avoir les formulations suivantes :
Tableau 1
Les chiffres ci-dessus sont exprimés en pourcentage en poids par rapport au poids total de chaque formulation. Un alkylpolyglucoside convenant pour la composition phytosanitaire de la présente invention peut être le décyl-D- glucoside (C16H32O6) commercialisé sous le nom Simulsol SL 10® par la société SEPIC ou encore le butylpolyglucoside commercialisé sous le nom Simulsol SL 4® par la société SEPIC. La composition phytosanitaire peut également comprendre un phosphonate tel que le sel de sodium de l'acide diéthylène- triaminepenta(méthylènephosphonique) commercialisé sous le nom commercial Dequest 2066® par la société Solutia Europe.
L'alcool aliphatique utilisé dans la composition phytosanitaire peut être par exemple le monopropylène glycol (MPG) de formule CH3CHOHCH2OH et/ou le monoéthylène glycol.
La composition phytosanitaire peut également comprendre un oxyde d'aminé, tel que le produit commercialisé par la société Akzo Nobel sous le nom Aromox mcd-w® de formule chimique : oxyde de cocodiméthylamine ; de l'oxyde d'aminé dérivé de suif commercialisé également sous le nom de Aromox® ; l'oxyde de décylamine ; l'oxyde de laurylamine ; l'oxyde de miristylamine ; l'oxyde de palmitamine commercialisé par exemple sous le nom Mackamine® ; l'oxyde de stéaramine commercialisé par exemple sous le nom Mackamine®. Le ou les composés de formule I et l'agent mouillant peuvent se présenter sous forme d'une solution ou d'une suspension aqueuse ou encore sous forme solide.
Lorsque ces derniers sont sous forme liquide, ils peuvent être mis sous forme solide par contact avec un support solide choisi parmi : de la poudre de silice précipitée, du kieselgur, de la terre de diatomées, des argiles en poudre, des zéolithes, ou autres matériaux poreux ou leurs
mélanges. Ces différents éléments solides vont en effet fixer les principes actifs tels que les composés de formule I ou les agents mouillants. Ceci a pour effet de fixer les principes actifs, c'est-à-dire les agents mouillants et les composés de formule I.
La composition phytosanitaire comprend, en poids, 5 % à 50 % du composé de formule I, 0 % à 20 % de l'alkylpolyglucoside, 0 % à 1 % du phosphonate, 0 % à 5 % de l'alcool aliphatique et 0 % à 10 % de l'oxyde d'aminé par rapport au poids totale de ladite composition phytosanitaire.
La composition phytosanitaire comprend outre au moins un composé de formule I et au moins un mouillant tel que défini ci-dessus, de l'eau, telle que de l'eau distillée, osmosée, adoucie ou de l'eau du robinet.
La composition phytosanitaire utilisée afin de neutraliser et/ou contrôler et/ou tuer au moins un organisme vivant pathogène susceptible d'endommager une plante, peut avoir par exemple les formulations représentées dans le tableau 2 ci-dessous (les chiffres étant exprimés en pourcentage en poids par rapport au poids total de chaque formulation):
Tableau 2
Ces formulations AD336 + Mouillant 304, 504, 704 ou 2652 seront notamment utilisées dans les essais présentés ultérieurement ci- dessous.
En outre, la composition phytosanitaire selon la présente invention peut également comprendre les produits suivants: l'acide 2- phosphonobutane-l,2,4-tricarboxylique ; le sel tétrasodique de l'acide 2- phosphonobutane-l,2,4-tricarboxylique ; l'acide citrique ; des alkylpolyglucosides (APG) ; le benzotriazole ; des dérivés d'aminés
grasses, par exemple celles commercialisées sous les noms commerciaux Ethomeen®, Armeen®, Duomeen® ; des dispersants et des agents antitartre "verts" tels que le produit commercialisé sous le nom Dequest® PB ; l'acide diéthylène triamino-pentaacétique (DTPA) ; l'acide éthylènediaminetétraacétique (EDTA) ; les esters phosphoriques commercialisés par exemple sous le nom Hordaphos® ; le gluconate ; le mercaptobenzothiazole ; le molybdate de sodium ; l'acide nitrilotriacétique (NTA) ; le stéarate PEG-100 ; le laurate PEG- 12, l'huile de ricin PEG-36 ; le stéarate PEG-40, le séquestrant "vert" commercialisé par exemple sous le nom HEID A®.
La composition phytosanitaire selon la présente invention se trouve avantageusement sous forme liquide afin de pouvoir être pulvérisée ou épandue sur toute la surface à traiter.
Comme indiqué ci-dessus, les organismes vivants pathogènes susceptibles d'endommager une plante peuvent être aussi bien des nématodes juvéniles, adultes, leurs œufs, un type de bactéries, de virus, de viroïdes, de champignons ou encore les spores de champignons. L'activité du composé répondant à la formule I contre ces organismes pathogènes sera par la suite de la demande désignée respectivement par les termes « activité nématicide », « activité ovocide », « activité bactéricide », « activité virucide » (qui comprend la propriété de détruire les viroïdes), « activité fongicide » et « activité sporicide ».
Les composés répondant à la formule générale I ont en effet une activité nématicide. Plus particulièrement, les composés selon la présente invention permettent de réduire la pression des espèces de nématodes au stade juvénile. Ces nématodes sont caractérisés par le fait qu'ils présentent peu de différence de résistance à ce stade de développement.
Puis, durant leur cycle, certaines espèces de nématodes par exemple, les nématodes à kystes telles que Globodera spp., Heterodera spp. passent par des phases enkystées, d'autres dites nématodes à masses d'œufs telles que Meloidogyne sapassent par une phase avec masse d'œufs, ou encore d'autres dites à mouvement libre (les autres genres) ne présentent ni masses d'œufs, ni de kystes. La difficulté d'éradication s'établit alors comme suit : tout d'abord les nématodes à kystes sont plus difficile à éradiquer car protégés par ledit kyste, puis viennent les
nématodes à masses d'œufs et enfin les nématodes à mouvement libre. Ainsi suivant les genres et par conséquent suivant la difficulté d'éradication, la dose de traitement sera plus importante.
De manière générale, les composés de formule I permettent de neutraliser et/ou contrôler et/ou tuer, sans s'y limiter, les nématodes suivants: les nématodes cécidogènes, tels que Meloidogyne spp., les nématodes à kyste tels que Globodera spp., Heterodera spp., les nématodes radicicoles tels que Pratylenchus spp., les nématodes des citrus tels que Tylenchulus semipenetrans, les nématodes Trichodorus tels que Trichodorus spp., les nématodes à lancette tels que Longidorus spp., Hopoloaimus spp., les nématodes à stylet tels que Paratylenchus spp., les nématodes réniformes tels que Rotylenchulus spp., les nématode Xiphinema tels que Xiphinema spp., les nématodes Belonolaimus tels que Belonolaimus spp., les nématodes annelés tels que Criconemoides spp., Criconemella spp., les nématodes Tylenchorhynchus tels que Tylenchorhynchus spp., les nématodes spirales tels que Rotylenchus spp., Helicotylenchus spp., les nématodes Radopholus similes tels que Radopholus spp.
Des essais ont montrés que les composés de formule I permettent de tuer in vitro les nématodes juvéniles Meloidogyne javanica et les masses d'œufs de Meloidogyne chitwoodi. Les composés de formule I présentent par conséquent une activité nématicide tout en étant pas ou peu phytotoxiques. Toutefois, in vivo, les composés de formule I bien que nématicides in vitro, risquent de réagir avec la matière organique du sol et perdre ainsi une partie de leur réactivité. De plus, étant donné que ces composés ne sont pas fumigants, il est plus difficile de répartir parfaitement les composés de formule I sur la totalité de la zone à traiter et par conséquent d'éradiquer tous les nématodes. Ainsi, les composés de formule I auront in vivo un effet global nématostatique, c'est-à-dire que toutes les populations de nématodes ne seront pas tuées, mais suffisamment réduites pour que la plante ait le temps de se développer et que leur impact sur le rendement soit faible.
En outre, la concentration efficace du composé de formule I au sein de la bouillie se situe in vitro entre 0,1 mL/L à 35 mL/L pour un traitement nématicide et ovocide. Le terme « bouillie » désigne, communément dans le domaine agricole, le liquide prêt à l'emploi pour
pulvérisation ou épandage et dans lequel est dispersée la matière active. Les essais in vitro montrent que cette gamme de concentration, du composé de formule générale I, permet de tuer 100 % des juvéniles (activité nématicide) et 100 % des masses d'œufs (activité ovocide). In vivo, les concentrations efficaces des composés de formule générale I sont plus élevées et se situent entre environ 0,3 g/L à 3g/L lorsque ladite composition est utilisée en pré-traitement du sol, c'est-à-dire avant plantation et entre 0,05 g/L à 0,3 g/L lorsqu'elle est utilisée en entretien (traitement). Ceci en tenant compte du fait que le taux de matière organique du sol reste un facteur limitant.
La composition phytosanitaire comprenant au moins un composé de formule générale I présente également une activité bactéricide.
De façon connue, les bactéries sont classées en deux grands groupes : à gram positif (gram+) et à gram négatif (gram-). Suivant ce classement, les matières actives des produits désinfectants ou de nettoyage usuellement utilisés afin de nettoyer les matériaux inertes, telles qu'une table de découpe de produits carnés, les ustensiles utilisés pour la préparation des denrées alimentaires etc, présentent des caractéristiques adaptées pour détruire plus facilement soit les bactéries à gram+ soit les bactéries à gram-. Pour obtenir un produit à large spectre, soit différentes matières actives sont souvent mélangées soit les doses de matières actives sont augmentées. Or, il a été démontré par des essais in vitro que les composés de formule générale I permettent de détruire à la fois les bactéries à gram+ et à gram- attaquant les plantes et ce, à des doses relativement proches.
Les composés de formule générale I permettent par conséquent de détruire, mais sans s'y limiter au moins une des bactéries suivantes : Pseudomonas tel que Pseudomonas syringae pv lacrymans, Pseudomonas syringae pv phaseolicola, Pseudomonas aeruginosa ; Clavibacter tel que Clavibacter michiganesis michiganensis ; Staphylococcus, tel que Staphylococcus aureus ; ou Xanthomonas tel que Xanthomonas campestris pv vesicatori ou campestris ; Agrobacterium tumerfaciens ; Agrobacterium rhizogenes. La concentration du composé de formule I au sein de la bouillie se situe in vitro entre 0,001 g/L à 2,5 g/L afin de neutraliser
et/ou contrôler et/ou détruire les bactéries. Les essais montrent que ces gammes de concentrations du composé de formule générale I permettent de tuer 100 % des bactéries testées au bout de quelques minutes (activité bactéricide). In vivo, les concentrations efficaces des composés de formule générale I sont plus élevées et se situent que ce soit pour une utilisation en préventif ou en curatif entre 0,05 g/L à 4 g/L dans la bouillie. La limite de phytotoxicité devant au préalable être établie pour chaque espèce de plantes traitées.
La composition phytosanitaire comprenant au moins un composé de formule générale I présente également une activité fongicide et sporicide.
De façon connue, il est plus difficile d'éradiquer les spores de champignons que les champignons eux-mêmes, c'est pour quoi seule l'activité sporicide a été démontrée par des essais. Les composés de formule générale I permettent de détruire, mais s'en s'y limiter au moins un des champignons ou spores suivants : Armillaria, Aphanomyces , Botrytis tel que Botrytis cinerea, Fusarium, Geltrichum tel que Geltrichum candidum, Helminthosporium, Mildiou, Monosporascus, Mucor spp., Penicilium tel que Pénicillium digitatum, Pénicillium expansum, Pénicillium italicum, Pénicillium rockfortii, Phytophthora, Phytomaototricum, Postia, Pythium, Rhizoctonia, Sclerotinia, Verticillium.
La concentration efficace du composé de formule I dans la bouillie se situe in vitro entre 0,001 g/L à 0, 3 g/L ou 0,001 mL/L et 0,2ml/L. Les essais montrent que ces gammes de concentrations du composé de formule générale I permettent de tuer 100 % des champignons ou leurs spores avec un temps de contact de quelques minutes (activité fongicide et sporicide). In vivo, que ce soit en traitement préventif ou curatif, les concentrations efficaces des composés de formule générale I sont plus élevées et se situent entre 0,05 g/L et 1 g/L de bouillie. La limite de phytotoxicité devant au préalable être établie pour chaque espèce de plantes traitées.
La composition phytosanitaire comprenant au moins un composé de formule générale I présente également une activité virucide. Les virus sur lesquels peuvent agir les composés de formule I sont par exemple les suivants : Bromoviridae, Closteroviridae,
Comoviridae, Geminivirus , Virus mosaïque, Potyviridae, Sequiviridae, Tombusviridae, Tymoviridae, Badnavirus, Carlavirus, Luteovirus, Nanovirus, Phycodnaviridae, Potexvirus, Tenuivirus, Tospovirus.
En outre, étant donné que les composés de formule générale I sont des désinfectants à large spectre, cela a d'ailleurs été démontré par les essais, il est probable qu'ils ont également une activité insecticide.
Les composés de formule générale I présentent par conséquent l'avantage d'être un produit complet qui peut être efficace sans ajout de produits complémentaires tels que les insecticides ou les virucides traditionnels.
Pour les différents types d'application, c'est-à-dire activité nématicide, ovocide, bactéricide, virucide, la composition phytosanitaire comprenant au moins le composé de formule générale I selon la présente invention peut être appliquée sur les cultures selon des techniques bien connues de l'homme du métier. Par exemple, il est possible d'appliquer la composition selon la présente invention par des moyens mécaniques, par pulvérisation, par épandage ou par un goutte-à- goutte.
De plus, le ou les composés de la présente invention peuvent être utilisés pour neutraliser et/ou contrôler et/ou tuer les organismes vivants pathogènes tels que les nématodes, les champignons, leurs spores, les virus et viroïdes ou encore les bactéries et ce quelle que soit la variété de la plante. Les différentes variétés de plantes peuvent être, mais sans s'y limiter, les artichauts, les aubergines, la banane, l'orge, la betterave, le cacao, les carottes, le manioc, le céleri, le pois chiche, le citron, la noix de coco, les cultures de navettes, le maïs, le coton, les doliques à œil noir, les féveroles, le ginseng, le raisin, la goyave, différentes salades, les melons, les panics, l'avoine, le gombo, le haricot sec, le haricot vert, le haricot rognon, le haricots mungo, le haricot adzuki, la papaye, l'arachide, le poivre, le pois cajan, l'ananas, les pommes de terre, le riz, le seigle, le sorgho, le soya, la betterave sucrière, la canne à sucre, le poivron, le thé, les tomates, le tabac, la tourbe, le blé et l'igname. Différentes plantes ornementales ou arbustes à fleur peuvent également être protégés grâce aux composés de formule I de la présente invention telles que les œillets, les rosés, les chrysanthèmes, les plantes
d'appartement, les philodendrons, les fougères, les figuiers, les cactus, etc.
Les différents degrés d'efficacité des composés de formule I, c'est-à-dire la neutralisation, le contrôle ou l'éradication des populations des nématodes, dépendent également de leur attirance pour le système radiculaire desdites plantes, qui est différent suivant les espèces et les variétés.
Ainsi, suivant le type d'application, le type de traitement (prétraitement, traitement), le type de plante à traiter et suivant le type d'espèce à éradiquer in vivo (nématodes à kyste, nématodes à masses d'œufs, types de spores des champignons), les doses du composé de formule générale I dans la composition phytosanitaire devront être ajustées. Cet ajustement pourra être réalisé par l'homme du métier par des expériences de routine. Les exemples, donnés ci-après à titre illustratif et non limitatif, permettront de mieux comprendre l'invention. EXEMPLES
Les exemples 1 à 8 concernent des essais d'éradication de pathogènes et les exemples 9 à 10 concernent des essais de phyto toxicité, utilisant des composés de formule I de la présente invention. Tous ces essais ont été effectués par un laboratoire indépendant : le laboratoire de l'Institut de Recherche de l'Agriculture et de la Pêche (ILVO) de la
Région Flamande de Belgique En outre, à titre d'exemple et d'illustration de l'invention, il est plus particulièrement présenté ci-après des résultats obtenus à partir de la N,N-bis(3-aminopropyl)dodécylamine
(AD336). Ces résultats sont ainsi donnés uniquement à titre illustratif et non limitatif.
A) Effet de la N,N-bis(3-aminopropyl)dodécylamine (AD336) sur la neutralisation et/ou le contrôle et/ou l 'éradication des nématodes des plantes
Exemple 1 :
Un essai in vitro de l'effet de AD336 sur l'espèce de nématode Pratylenchus penetrans au stade juvénile a été effectué selon le protocole suivant.
Extraction des nématodes :
Des petits morceaux de racines de plantes infectées par le nématode Pratylenchus penetrans ont été placés sur un filtre préalablement positionné sur un tamis. Ledit tamis avec filtre a ensuite été positionné sur un entonnoir propre et préalablement rempli d'eau.
L'ensemble a été ensuite placé sur une hotte à brumisation pendant 24 h.
Les nématodes migrent dans l'eau et tombent au fond de l'entonnoir où ils sont récoltés.
Préparation de la suspension avec les nématodes : Environ entre 100 à 200 nématodes ont été placés dans
5 microfioles différentes contenant 1 mL de solution à base d'eau distillée numérotées de 1 à 5.
Afin d'obtenir des volumes mesurables, une solution fille a été obtenue contenant 3 % de AD336. Différentes concentrations de matière active (MA) d'AD336 ont ensuite été testées dans les cinq flacons contenant la solution avec les nématodes et sont présentées dans le tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3 Le terme « bouillie » désigne, communément dans le domaine agricole, le liquide prêt à l'emploi pour pulvérisation et dans lequel est dispersée la matière active, ici la N,N-bis(3-aminopropyl)dodécy lamine (AD336). Essais : Chaque flacon contenant 1 ml d'eau avec des nématodes a reçu sa dose d'AD336 afin d'arriver aux concentrations des flacons 1 à 5. Ces différentes concentrations sont laissées en contact avec les nématodes pendant 60 minutes.
Les contenus de 1 ml des flacons 1 à 5 sont additionnés de 9 ml d'eau distillée pour permettre le comptage à la loupe binoculaire (de marque WiId).
L'essai est répété une seconde fois suivant le même protocole.
Résultats :
Tableau 4 Cette expérience montre que le composé N,N-bis(3- aminopropyl)dodécylamine répondant à la formule générale I permet in vitro de fortement neutraliser les nématodes du type Pratylenchus penetrans. A partir d'une concentration de seulement 0,024 % de N,N- bis(3-aminopropyl)dodécy lamine pour 1 mL de solution contenant des nématodes, soit de 0,8 mL par L de bouillie, le taux de mortalité est proche de 100 %.
Le tableau 4 et la figure 1 correspondante montrent également une stagnation de l'activité nématicide de la composition selon la présente invention à partir d'une concentration en matière active d'environ 0,025 % en volume par rapport au volume de la bouillie. Exemple 2 :
Un essai in vitro de l'effet de AD336 sur des masses d'œufs de l'espèce de nématode Meloidogyne chitwoodi a été effectué selon le protocole suivant. Préparation de la solution avec les nématodes :
10 masses d'œufs de nématodes Meloidogyne chitwoodi telles qu'elles figurent sur la figure 2 ont été récoltées sur les racines d'une plante infectée par lesdits nématodes et placées dans une microfiole dont le fond est obturé par un tamis avec maille de 20 μm. L'opération est répétée 3 autres fois pour une dose, de manière à obtenir 4 micro fioles (Eppendorf) de masses d'œufs.
Préparation de la bouillie contenant un composé de formule générale I selon la présente invention :
Différentes concentrations de matières actives, numérotées de 6 à 9, ont été testées et sont présentées dans le tableau 5 ci-dessous :
Tableau 5 Essai :
20 ml des solutions aux concentrations de 6 à 9 sont versées dans des pots dans lesquels sont disposés une micro fiole Eppendorf avec les masses d'oeufs. Ceux-ci sont laissés en contact avec les nématodes pendant 60 minutes.
Les œufs sont rincés à l'eau et sont stockés à température ambiante (200C). Les comptages des juvéniles qui éclosent ont été effectués au bout de 3 jours, 7 jours et 17 jours. Résultats :
Chaque essai avec les différentes concentrations décrit ci- dessus a été répété 4 fois afin d'établir une moyenne probante. Les résultats figurent dans le tableau 6 ci-dessous :
Tableau 6
L'analyse multifactorielle de la variance a été réalisée sur le tableur Exell et le test LSD (test de la différence significative minimale) avec le programme STATISTICA de la société Statsoft.
Pour rappel la formule pour calculer les LSD des séries prises deux à deux est la suivante :
T est lu sur la table de Student avec V = N-C
N étant l'effectif total
C étant le nombre de colonne
Ni étant l'effectif de la lère série
N2 étant l'effectif de la 2ème série
Vr étant la variance résiduelle
Les lettres a, b et c correspondent à des groupes significatifs de résultats. Par exemple, dans le tableau J+3, trois groupes se distinguent statistiquement : l'essai 9 qui correspond au témoin (groupe a), l'essai 6 qui correspond à la dose de MA la plus faible (groupe b) et les essais 7 & 8 qui correspondent aux doses les plus concentrées en MA. Pour les tableaux J+7 et J+17, le témoin et la dose à 0,025 % de MA (essai 6) ne forment désormais plus qu'un seul groupe (groupe a) car ils donnent de résultats similaires, de même pour les doses 0,25 % et 2,5 % (groupe b).
Ainsi, pour les trois dates de relevés, l'analyse statistique (test LSD) montre que les doses à 0,25 % et 2,5 % de AD336 ont un comportement semblable et significativement différent des deux autres doses. Pour cet essai, le seuil d'efficacité afin de neutraliser et/ou contrôler les œufs des nématodes se situe par conséquent entre 0,25 % et 2,5 %. En outre, ces résultats sont confirmés par une probabilité que l'hypothèse soit exacte de 95 % car P<0.05 pour chaque essai.
Exemple 3 !
Un essai in vitro de l'effet de la N,N-bis(3-aminopropyl)- dodécylamine sur la bactérie Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis (CMM) dans une suspension aqueuse a été effectué selon le protocole suivant : Elaboration de la bouillie phvtosanitaire selon la présente invention :
Différentes concentrations de matières actives ont été testées et sont résumées dans le tableau 7 ci -dessous :
Tableau 7
La préparation B correspond à une préparation contenant 63 % de AD336 sous forme de sel (solide). Les différents essais 10 à 12 ont été préparés à partir de la préparation B décrite ci-dessus. Préparation du milieu de culture en boîtes de Pétri (BP) :
Les boîtes de pétri sont coulées à partir de 500 mL de milieu de culture contenant 500 ml d'eau distillée, 5 g de glycérol, 19g de Pseudomonas Agar et 250 μL de cycloheximidine provenant d'une solution mère à 1 g/5 mL. Préparation de l'inoculum :
Des bactéries CMM (dgbbc 242) provenant de la collection du laboratoire de l'Institut de Recherche de l'Agriculture et de la Pêche (ILVO) de la Région flamande ont été mises en solution dans un tampon phosphate dont la composition est décrite ci-dessous, afin d'obtenir une concentration proche de 108 c/mL.
Le tampon phosphate est composé de 1 1 d'eau distillée, 4,26 g de Na2HPO4 et 2,72 g de KH2PO4. Essais :
10 μL d'inoculum ont été ajoutés à 90 μL de bouillie d'une concentration de 0,025 g/L (essai 10) ou 0,25 g/L (essai 11) ou 2,5 g/L (essai 12) ou à un témoin (essai 13) se trouvant dans une microfiole pendant des temps de contact pour chaque concentration de 5, 10 et 30 minutes. On a ensuite prélevé 2 x 50 μL de chaque mélange bouillie/inoculum pour étalement sur les boîtes de pétri contenant le milieu sélectif décrit ci-dessus. Ainsi, par temps de contact et pour chaque concentration, les essais ont été répétés deux fois. Chaque boîte de Pétri a ensuite été mise en incubation à 27°C pendant 3 jours. Résultats :
Les résultats de ces essais figurent sur le tableau 8 ci-dessus, le signe « + » correspond à la présence de bactéries tandis que le signe «- » correspond à l'absence de bactéries sur les boîtes de Pétri, c'est-à-dire à une désinfection totale du milieu.
Tableau 8
On observe que 0,025 g de préparation B à 63 % de ADD336 par litre de bouillie n'est pas suffisant pour détruire tous les germes pour un temps de contact de 5 minutes.
Ce test montre toutefois que le composé AD336 permet de détruire les germes Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis à de faible concentration et pendant un temps de contact assez court, ceci en suspension aqueuse.
Exemple 4 !
Des essais in vitro de l'effet de la N,N-bis(3-aminopropyl)- dodécylamine associée au mouillant 2652 sur la bactérie Pseudomonas syringae pv. lachrymans dans des solutions aqueuses ont été effectués selon le protocole suivant :
Préparation de la bouillie phytosanitaire selon la présente invention :
Différentes concentrations de matières actives ont été testées et sont résumées dans le tableau 9 ci-dessous :
Les différentes bouillies phytosanitaires numérotées 15 à 18 ont été préparées avec la préparation B décrite dans l'exemple 3. Dans ce test, on a ajouté 0,01 mL de mouillant 2652 par litre de bouillie. Le mouillant 2652 est une formulation dans l'eau de 1,4 % de monopropylène glycol et de 7,1% d'oxyde de cocodiméthylamine commercialisé par Akzo sous le nom commercial Aromox mcd-w®. Un témoin 18 a également été testé à titre de comparaison. Préparation du milieu de culture en boîtes de Pétri (BP) :
Les boîtes de pétri sont coulées à partir de 500 mL de milieu de culture contenant 500 ml d'eau distillée, 5 g de glycérol, 19g de Pseudomonas Agar et 250 μL de cycloheximidine provenant d'une solution mère à 1 g/5 mL. Préparation de l'inoculum :
Des bactéries PsI. (dgbbc 1164) provenant de la collection du laboratoire de l'Institut de Recherche de l'Agriculture et de la Pêche (ILVO) de la Région flamande ont été mises en solution dans un tampon phosphate (décrit dans l'essai 3) afin d'obtenir dans une microfiole une concentration proche de 107 c/mL. Essais : On prélève 90 μL de la bouillie phytosanitaire contenant
0,025 (essai 15) ; 0,05 (essai 16) ; 0,1 (essai 17) ; 0,25 g (essai 18) de préparation B à 63 % de ADD336 par L de bouillie. Puis, on ajoute à chaque prélèvement, 10 μL d'inoculum à +- 107 c/mL. On laisse agir 1 minute. On étale ensuite 2 x 45 μL du mélange bouillie/inoculum sur deux boîtes de Pétri (A et B) contenant le milieu nutritif. Au reliquat de 10 μl on ajoute 90 μl de tampon phosphate et on étale 2 x 45 μL de cette
première dilution. On répète l'opération pour arriver à 4 dilutions successives.
Par la suite, on procède également au même protocole, mais on laisse agir la bouillie avec l'inoculum pendant un temps de contact de 5 minutes.
On met en incubation les étalements en boîtes de Pétri à 27°C. Puis, après 3 jours, on procède au comptage des bactéries. Résultats :
Tableau 10
° : première dilution
00 : deuxième dilution
000 : troisième dilution
0000 : quatrième dilution
Le tableau 10 ci-dessus et la figure 3 correspondante, montrent que 0,25 g de la préparation B par litre de bouillie permet en 5 minutes une désinfection totale du milieu et ce, même pour une concentration en bactéries de 107 c/mL.
La figure 3 montre qu'à 0,025 g de préparation B par litre de bouillie, on observe une réduction de 2 log, soit une élimination de 99 bactéries sur 100 en 5 minutes. Pour 0,05 g/L et 0,1 g/L, on observe une réduction de 3,5 log, soit une élimination de 999 bactéries sur 1000 en 1 minute. En outre, l'augmentation de la durée de contact n'améliore pas le résultat pour ces premières concentrations. A partir de 0,25 g/L, on observe une élimination total en 5 minutes, c'est-à-dire qu'il ne reste aucun résidu de la bactérie Pseudomonas syringae pv. lachrymans testée, ceci en solution aqueuse.
Exemple 5 !
Un essai in vitro de l'effet de la N,N-bis(3-aminopropyl)- dodécylamine associée au mouillant 2652 sur la bactérie Xanthomonas compestris pv. vesicatoria dans des solutions aqueuses a été effectué selon le protocole suivant : Préparation de la bouillie phvtosanitaire selon la présente invention :
Une concentration de AD336 a été testée et est résumée dans le tableau 11 ci -dessous :
Tableau 11
La bouillie phytosanitaire numérotée 20 a été préparée avec la préparation B décrite dans l'exemple 3. Dans ce test, on a ajouté 0,01 mL de mouillant 2652, tel que défini dans l'exemple 4, par litre de bouillie. Un témoin 19 a également été testé à titre de comparaison. Préparation du milieu de culture en boîtes de Pétri (BP) :
Les boîtes de pétri sont coulées à partir de 500 mL de milieu de culture contenant 500 ml d'eau distillée, 5 g de glycérol, 19g de Pseudomonas Agar et 250 μL de cycloheximidine provenant d'une solution mère à 1 g/5 mL. Préparation de l'inoculum :
Des bactéries XVES (lmg 667) provenant de la collection du laboratoire de ITLVO ont été mises en solution dans un tampon phosphate (décrit dans l'essai 3) afin d'obtenir dans une microfiole une concentration proche de 10 c/mL.
Essais :
On prélève 90 μL de la bouillie phytosanitaire contenant 0,1 g de préparation B à 63 % de ADD336 par L de bouillie (essais 20), puis on ajoute à ce prélèvement, 10 μL d'inoculum à 107 c/mL. On laisse agir 2 minutes.
On étale ensuite 2 x 45 μL du mélange bouillie/inoculum sur deux boîtes de Pétri (A et B) contenant le milieu nutritif. Au reliquat de 10 μl on ajoute 90 μl de tampon phosphate et on étale 2 x 45 μL de cette première dilution. On répète l'opération pour arriver à 4 dilutions successives.
Par la suite, on procède également au même protocole, mais on laisse agir la bouillie avec l'inoculum pendant un temps de contact de 5 minutes.
On met en incubation les étalements des différents essais (boîtes de Pétri) ainsi obtenus à 27°C. Puis, après 3 jours, on procède au comptage des bactéries. Résultats :
Les résultats sont récapitulés dans le tableau 12 suivant :
Tableau 12
° : première dilution 00 : deuxième dilution 000 : troisième dilution oooo . qUatrième dilution
Le tableau 12 et la figure 4 correspondante montrent que pour seulement un temps de contact de 2 minutes d'une préparation B à 0,1 g/L de bouillie, on atteint une élimination totale de la bactérie Xanthomonas compestris pv. vesicatoria testée, ceci en solution aqueuse
Exemple 6 :
Des essais in vitro de l'effet de la N,N-bis(3-aminopropyl)- dodécylamine associée aux mouillants 304, 504 ou 704 sur la bactérie
Pseudomonas syringae pv. phaseolicola dans des solutions aqueuses ont été effectués selon le protocole suivant :
Préparation de la bouillie phvtosanitaire selon la présente invention :
Différentes concentrations de matières actives (préparation A + mouillant) ont été testées et sont résumées dans le tableau 13 ci- dessous :
Tableau 13
Les trois bouillies phytosanitaires numérotées 22 à 24, ci- dessus ont été préparées à partir de la préparation A contenant 30 % de AD336 et des formulations de mouillant représentées dans le tableau 14 ci-dessous :
Tableau 14
Les différentes données sont données en pourcentage par rapport au poids total des différents mouillants.
Un témoin 21 a également été testé à titre de comparaison. Préparation du milieu de culture en boîtes de Pétri (BP) :
Les boîtes de pétri sont coulées à partir de 1000 mL de milieu
MSP présenté dans le tableau 15ci-dessous.
Tableau 15
Préparation de l'inoculum :
Des bactéries Pseudomonas syringae pv. phaseolicola (dgbbc 1173) provenant de la collection du laboratoire de l'ILVO tel que définie dans l'exemple 5, ont été mises en solution dans un tampon phosphate (décrit dans l'essai 3) afin d'obtenir dans une microfiole une concentration proche de 106 c/mL. Essais :
On prélève 90 μL de la bouillie phytosanitaire des différentes formulations à 0,1 mL de composés actifs (AD336 et mouillant) par L de bouillie (essais 22 à 24), puis on ajoute à chaque prélèvement, 10 μL d'inoculum à 106 c/mL. On laisse agir 2 minutes.
On étale ensuite 2 x 45 μL du mélange bouillie/inoculum sur deux boîtes de Pétri (A et B) contenant le milieu nutritif. Au reliquat de 10 μl on ajoute 90 μl de tampon phosphate et on étale 2 x 45 μL de cette première dilution. On répète l'opération pour arriver à 5 dilutions successives.
Par la suite, on procède également au même protocole, mais on laisse agir la bouillie avec l'inoculum pendant un temps de contact de 5 minutes.
On met en incubation les étalements des différents essais (boîtes de Pétri) ainsi obtenus à 27°C. Puis, après 3 jours, on procède au comptage des bactéries. Résultats : Le tableau 16 suivant récapitule les résultats obtenus :
Tableau 16
° : première dilution °°° : troisième dilution : cinquième dilution 00 : deuxième dilution 1000 : quatrième dilution
Le tableau 16 et la figure 5 correspondante montrent que pour un temps de contact de seulement 2 minutes, 0,1 g de préparation A par litre de bouillie associée à un des mouillants indiqués ci-dessus, permet l'élimination totale de la bactérie Pseudomonas syringae pv. phaseolicola, ceci en solution aqueuse.
Exemple 7 '.
Des essais in vitro de l'effet de la N,N-bis(3-aminopropyl)- dodécylamine associée au mouillant 2652 sur des spores de Botrytis dans des solutions aqueuses ont été effectués selon le protocole suivant : Préparation de la bouillie phvtosanitaire selon la présente invention :
Différentes concentrations de matières actives ont été testées et sont résumées dans le tableau 17 ci -dessous :
Tableau 17
Les différentes bouillies phytosanitaires numérotées 26 et 27 ont été préparées avec la préparation B décrite dans l'exemple 3. Dans ce test, on a ajouté 0,01 mL de mouillant 2652, tel que défini dans l'exemple 4, par litre de bouillie. Un témoin 25 a également été testé à titre de comparaison. Préparation du milieu de culture en boîtes de Pétri (BP) :
Les boîtes de pétri sont coulées à partir de 500 mL de milieu contenant 500 ml d'eau distillée, 20 g/L de Potato glucose Agar et de 50 mg/L de chloramphénicol. Préparation d'une solution mère proche de IQ6 spores/mL :
On ajoute à un tampon IF (tampon d'immunofluorescence) de composition ci-dessous, 4 fraises infectées et sporulentes.
Le tampon IF présente la composition suivante : 1 1 d'eau distillée, 2,7 g de Na2HPO4.12 H2O, 0,4 g de NaH2PO4. 2 H2O, 8 g de NaCl.
On centrifuge le tout, puis on élimine le surnageant. On remet le mélange centrifugé précédemment obtenu dans 5 mL de tampon IF. Puis, on vérifie la concentration : on obtient ici, une solution mère à 2,9.105 spores/ mL.
Essais :
On prélève 90 μL de la bouillie phyto sanitaire contenant 0,05 et 0,1 de préparation B à 63 % de ADD336 par L de bouillie (essais 26 et 27), puis on ajoute à chaque prélèvement, 10 μL de la solution mère contenant 2,9.105 spores/ mL.
On laisse agir 2 minutes.
On étale ensuite 2 x 45 μL du mélange bouillie/inoculum sur deux boîtes de Pétri (A et B) contenant le milieu nutritif. Au reliquat de
10 μl on ajoute 90 μl de tampon phosphate et on étale 2 x 45 μL de cette première dilution. On répète l'opération pour arriver à 4 dilutions successives.
Par la suite, on procède également au même protocole, mais on laisse agir la bouillie avec l'inoculum pendant un temps de contact de 5 minutes. On met en incubation les différents essais (boîtes de Pétri) ainsi obtenus en incubation à 28°C. Puis, après 16 à 18 heures d'étuve, on procède au comptage des bactéries.
Résultats : le tableau 18 ci-dessous montre le nombre moyen de spores germé observé par champ de microscope (de marque et type : Leica DM LB2).
Tableau 18
Le tableau 19 ci-dessous montre le nombre de spores/mL après 16 à 18 h d'étuve à 28°C.
Tableau 19
Les tableaux 18 et 19, ainsi que la figure 6 correspondante, montrent que la préparation B n'a pas d'effet à une concentration de 0,05 g/L de bouillie que ce soit pendant 2 ou 5 minutes. Par contre, la préparation B est efficace à une concentration de 0,1 g/L de bouillie. On remarque en effet une réduction de 3 log après 2 minutes de temps de contact et une suppression totale des spores après 5 minutes de temps de contact. Ainsi, une concentration de 0,063 g de AD336 par litre de bouillie est suffisamment puissante pour éradiquer par trempage le Botrytis pour un temps de contact de 5 minutes, ceci en solution aqueuse. Exemple 8 !
Des essais in vitro de l'effet de la N,N-bis(3-aminopropyl)- dodécylamine associée au mouillant 2652 sur des spores de Pénicillium dans des solutions aqueuses ont été effectués selon le protocole suivant : Préparation de la bouillie phvtosanitaire selon la présente invention :
Différentes concentrations de matières actives ont été testées et sont résumées dans le tableau 20 ci -dessous :
Tableau 20
Les différentes bouillies phytosanitaires numérotées 29 à 31 ont été préparées avec la préparation B décrite dans l'exemple 3. Dans ce test, on a ajouté 0,01 mL de mouillant 2652, tel que défini dans l'exemple 4, par litre de bouillie. Un témoin 28 a également été testé à titre de comparaison.
Préparation du milieu de culture en boîtes de Pétri (BP) :
Les boîtes de pétri sont coulées à partir de 500 mL de milieu contenant 500 ml d'eau distillée, 20 g/L de Potato glucose Agar et de 50 mg/L de chloramphénicol. Préparation d'une solution mère proche de IQ6 spores/mL (inoculum) :
On ajoute à un tampon IF (tampon d'immunofluorescence) tel que décrit dans l'exemple 7, 1 boîte de culture de pénicilliums sporulents. Puis, on vérifie la concentration : on obtient ici, une solution mère à 1.106 spores/mL. Essais :
On prélève 90 μL de la bouillie phytosanitaire contenant 0, 1 ; 0,2 et 0,4 de préparation B à 63 % de ADD336 par L de bouillie (essais 29 à 31), puis on ajoute à chaque prélèvement, 10 μL de la solution mère contenant 1.106 spores/mL. On laisse agir 2 minutes. On étale ensuite 2 x 45 μL du mélange bouillie/inoculum sur deux boîtes de Pétri (A et B) contenant le milieu nutritif. Au reliquat de 10 μl on ajoute 90 μl de tampon phosphate et on étale 2 x 45 μL de cette première dilution. On répète l'opération pour arriver à 2 dilutions successives.
Par la suite, on procède également au même protocole, mais on laisse agir la bouillie avec l' inoculum pendant un temps de contact de 5 minutes.
On met en incubation les étalements des différents essais (boîtes de Pétri) ainsi obtenus à 28°C. Puis, après 16 à 18 heures d'étuve, on procède au comptage des bactéries. Résultats :
On compte par champ de microscope (de marque et type : Leica DM LB2) : le nombre de spores germes et le nombre de spores total.
Les tableaux 21 et 22 ci-dessous montrent le pourcentage moyen de spores germes après 16 et 18 h d'étuve à 28°C.
Tableau 22
D'après, les tableaux 21 et 22 ci-dessus, on obtient pour une concentration à 0,2g/L de la préparation B, 95 % de spores non germes pour un temps de contact de 2 minutes et une sporulation totalement inhibée pour un temps de contact de 5 minutes. Pour une concentration de 0,4 g/L, on remarque que la sporulation est empêchée au bout de seulement 2 minutes.
Après 48 heures, on pratique un recomptage du nombre de spores germes pour vérifier qu'ils ont bien été éradiqués et non pas que leur pousse ait été simplement retardée par la préparation B.
On a effectivement observé après 48 heures une reprise partielle de développement, c'est-à-dire que certains spores avaient germes et que le mycélium se développait. On a remarqué un gradient très net entre : 0,1 - 0,2 - 0,4 g/L de préparation B dans le nombre de colonies. Pour la concentration en MA la plus élevée, la désinfection était presque totale. Ainsi, en tenant compte de la concentration extrême de l'inoculum de départ, on peut anticiper qu'en conditions naturelles, le
produit aura déjà une activité sporicide efficace dès 0,2 g de préparation B, soit à 0,126 g de AD336 par L de bouillie et ce, pour un temps de contact de 5 minutes, ceci en solution aqueuse.
B) Essais sur la phytotoxicité du composé N,N-bis(3-aminopropyl- dodécylamine (AD336).
Exemple 9 '.
Un essai de phytotoxicité du produit AD336 sur un système racinaire de jeunes plants de tomates en vue d'une utilisation en nématicide par arrosage au pied des plantes a été effectué et est présenté ci-dessous.
Objectif de l'essai :
L'objet de cet essai est de tester les seuils de phytotoxicité du AD336 sur des racines après un traitement curatif, c'est-à-dire un traitement avec plantes en place. Concentrations testées :
Différentes concentrations de la préparation A contenant 30 % de AD336 a été testées et figurent dans le tableau 23 ci-dessous :
Tableau 23 Protocole :
Pour les trois concentrations de la préparation A ci-dessus (essais 32 à 34), cinq plants de tomates ont été traités. Méthode :
On utilise du matériel d'arrosage afin d'arroser le pot jusqu'à percolation. Sujet :
Les sujets sont de jeunes plants de tomates de 6 à 7 vraies feuilles (entre 10 et 15 cm de haut). Méthode : On dispose les pots avec les plants dans une logette à 300C le jour et 25°C la nuit. On élabore les différentes bouillies ci-dessus (tableau 22). Puis, on arrose un groupe de 5 plants de tomates avec 200 ml de bouillie par pot contenant soit 0,05g/L de préparation A (essai 32), soit 0,1 g/L de préparation A (essai 33) ou soit 0,1 g/L de préparation A
(essai 34). On arrose également à titre de comparaison des plants témoins avec de l'eau.
Au bout de 7 jours, on arrose tous les plants normalement.
Résultats :
Tableau 24
RAS = Rien à signaler n/5 = n plantes sur 5 D'après le tableau 4, ainsi que les figures 7 (traitement à
0,05g/L de préparation A après 3 semaines), 8 (traitement à 0,1 g/L de préparation A après 3 semaines) et 9 (traitement à 0,2 g/L de préparation A après 3 semaines), on observe que les plantes traitées ont subi des retards de développement (feuillage moins développé) dès la dose la plus réduite de 0,05 g/L. Ces retards se sont accentués avec l'augmentation de la dose.
Une dose de 0,1 g/L parait acceptable. Ainsi, le traitement par arrosage préconisé est de l'ordre de 0,05 g/L de préparation A à 30 % de AD336. Exemple 10 !
Des essais de comparaison de la phytotoxicité de produits nématicides connus et utilisés au Maroc par rapport à la préparation A contenant 30 % de AD336 ont été effectués. Objectif de l'essai : On souhaite comparer la phytotoxicité sur de jeunes plantes de tomates de produits nématicides X, Y, Z usuellement utilisés au Maroc par rapport à une composition phytosanitaire selon la présente invention. Pour cette comparaison, on a utilisé pour chaque composition phytosanitaire, la dose normalement recommandée par les fabricants (l xdose) de produits phytosanitaires, ainsi qu'une dose deux fois plus élevée (2χdose). Les différents produits ont été arrosés aux pieds des plants de tomates comme cela sera expliqué ci-dessous.
Produits testés et doses préconisées
Tableau 25
Dose simple et double dose par litre de bouillie phytosanitaire pour chaque produit phytotoxique :
Tableau 26
Méthodologie : On repique dans des pots des plants de tomates de 6 à 9 feuilles, de manière à obtenir 10 plants pour les 4 traitements : X, Y, Z et
Inv. (5 par dose). Les pots sont maintenus dans un environnement de
25°C le jour et 200C la nuit.
On attend un jour. On applique ensuite aux pieds de 5 plants de tomates repiqués, la bouillie X ou la bouillie Y ou la bouillie Z ou la bouillie Inv.
Ceci à simple dose. On répète la même opération à double dose. On laisse toutefois à titre de comparaison, des plants témoins sans traitement. On obtient ainsi à un jour J, 10 x 3 plants de tomates traités avec trois compositions phytosanitaires connues et utilisées par exemple au Maroc et 10 plants de tomates traités avec la composition phytosanitaire selon la présente invention.
On observe l'évolution des différents plants à J+l, J+7, J+14 et J+29. Résultat :
Traitement au bout de 1 our :
Tableau 27
Dans le tableau 27, l'abréviation FI signifie que la plante présente des feuilles incurvées comme cela est visible sur la figure 10, et l'abréviation RAS (Rien à signaler) signifie que la plante pousse normalement.
Traitement au bout de 7 ours :
Tableau 28
Dans le tableau 28, l'abréviation JP signifie que la plante présente un jaunissement prématuré des feuilles du bas comme cela est visible sur la figure 11.
Traitement au bout de 14 ours :
Tableau 29
Le tableau 29 répertorie à la fois les critères de taille de la plante comme :
• la taille normale par rapport au témoin (TN)
• la taille réduite (TR) qui correspond à une taille réduite +/- 5 cm en moins que le témoin,
• la taille réduite fortement (TRF) qui correspond à une taille réduite de +/- 10 cm en moins que le témoin ainsi que les anomalies comme :
• l'extrémité des feuilles brûlées = EB
• le jaunissement prématuré des feuilles du bas (JP)
• le léger Jaunissement générale du feuillage LJF)
• et les feuilles incurvées (FI)
D'après la figure 12 qui correspond aux photos de plants de tomates ayant été traitées par les différentes bouillies X, Y, Z et Inv, on remarque que contrairement aux autres bouillies, la composition phytosanitaire selon la présente invention altère moins la croissance et la couleur des jeunes plants de tomates au bout de 14 jours et ce, même à double dose que les bouillies X, Y et Z. " Traitement au bout de 29 jours :
Tableau 30
Le tableau 30 répertorie à la fois les critères de taille de la plante comme :
• la taille normale par rapport au témoin (TN),
• la taille réduite (TR) qui correspond à une taille réduite +/- 5 cm en moins que le témoin,
• la taille réduite fortement (TRF) qui correspond à une taille réduite de +/- 10 cm en moins que le témoin ainsi que les anomalies comme :
• l'extrémité des feuilles brûlées = EB
• la chute des feuilles brûlées (CFB)
• la chute des feuilles du bas (CFBH)
• et les feuilles incurvées (FI).
D'après la figure 13 qui correspond aux photos de plants ayant été traités avec les différentes bouillies X, Y, Z et Inv, on observe que la composition phytosanitaire selon la présente invention altère peu les caractéristiques de la plante au bout de 29 jours.
Conclusion :
D'après les tableaux ci-dessus, ainsi que les figures 12 et 13 correspondantes, les produits du moins toxique au plus toxique après 29 jours de suivi se classent comme suit : tout d'abord, le témoin, la composition sanitaire selon la présente invention, le produit Y, le produit
X et enfin le produit Z. En particulier, le produit Y est plus phytotoxique que le composé de la présente invention car à double dose, il réduit très sensiblement la taille des plants de tomates. Par conséquent, pour les produits et doses proposées, il apparaît que AD336 est moins toxique que les autres produits de références.
Bien que l'invention ait été décrite en relation avec un mode de réalisation particulier, il est bien évident qu'elle n'y est nullement limitée et qu'elle comprend tous les équivalents techniques des moyens décrits ainsi que leurs combinaisons si celles-ci entrent dans le cadre de l'invention.