DISPOSITIF INTEGRE ET MINIATURISE DE SEQUENÇAGE D'ACIDES NUCLEIQUES
La présente invention porte sur des méthodes de séquençage d'acides nucléiques, ainsi que sur des dispositifs de séquençage d'acides nucléiques et sur des cassettes jetables utilisables dans ces dispositifs.
L'invention est basée sur la mesure de l'élongation d'un acide nucléique double brin, à partir d'une matrice d'acide nucléique simple brin à séquencer, hybridée à une amorce fixée sur un support, par mise en contact de la matrice à séquencer successivement avec des fluides réactionnels comportant un nucleotide donné.
Le séquençage d'acides nucléiques est un outil essentiel, d'importance grandissante, dans plusieurs domaines de la recherche en biologie et de ses applications. Ceci est le cas, par exemple, en recherche en biologie moléculaire, en virologie, en phylogénétique ou en épidémiologie, ou encore dans la recherche pour l'amélioration des espèces végétales.
Dans tous ces domaines, le séquençage de génomes viraux, bactériens, végétaux ou animaux, trouve de nombreuses applications. Par ailleurs, le séquençage d'ADN est déjà utilisé comme moyen de diagnostic d'un désordre ou d'une anomalie génétique. Il est probable que ce moyen de diagnostic sera de plus en plus utilisé à l'avenir, permettant, par exemple, de déterminer la susceptibilité d'un individu à un médicament donné, ou de diagnostiquer une prédisposition à une pathologie.
La majorité des méthodes de séquençage utilisées actuellement sont dérivées de la méthode de Sanger, ou d'une méthode chimique comportant une étape de traitement chimique modéré qui détruit sélectivement l'une des quatre bases de l'ADN. Dans la méthode de Sanger, l'ADN à séquencer est utilisé comme matrice pour la synthèse in
vitro, par l'ADN polymérase, d'une série de répliques partielles de la chaîne d'ADN, commençant toutes au même niveau, mais se terminant en différents points. La clé de cette méthode est l'utilisation de didésoxyribonucléosides triphosphates, dans lesquels le groupement 3'- OH du désoxyribose, présent dans les nucléotides normaux, est absent.
Lorsqu'un tel nucleotide modifié est incorporé à la chaîne d'ADN, il bloque l'addition du nucleotide suivant. Cette réaction, tout comme la réaction d'hydrolyse chimique ménagée, donne un ensemble de fragments d'ADN de tailles différentes, qui sont ensuite séparés par électrophorèse sur gel de poiyacrylamide. La préparation et le chargement des gels, ainsi que l'analyse suivant l' électrophorèse, sont lourds à mettre en. œuvre, et des efforts importants ont été réalisés pour automatiser ces étapes. En dépit de la mise au point de séquenceurs automatisés, utilisés notamment dans les projets à grande échelle de séquençage des génomes humain ou autres, ces méthodes de séquençage restent très onéreuses et difficiles à mettre en œuvre dans un laboratoire d'analyse médicale. Il existe donc une demande importante pour des dispositifs de séquençage d'ADN à plus grand débit, tant pour le séquençage de génomes que pour les applications cliniques de routine.
La présente invention a pour objet des méthodes et dispositifs de séquençage à haut débit, qui sont de mise en œuvre aisée et économique. La présente invention permet notamment de s'affranchir de l'étape particulièrement lourde d' électrophorèse sur gel de poiyacrylamide, en proposant d'effectuer l'élongation d'un brin d'acide nucléique, à partir d'une matrice d'ADN simple brin ou d'ARN à séquencer, hybridée en 3' à une amorce, par l'apport séquentiel de plusieurs solutions d'élongation contenant chacune un nucleotide donné. L'élongation du brin complémentaire à la matrice dont on cherche à déterminer la séquence est mesurée après le passage de chacun des nucléotides, ce qui permet de déterminer la séquence en question.
Le concept de séquençage par incorporation de nucléotides a déjà été suggéré, notamment dans la demande de brevet WO 00/50642. Toutefois, les méthodes et dispositifs de l'art antérieur ne proposent pas de système permettant à la fois d'éviter le mélange des nucléotides au niveau du site réactionnel (ce qui conduirait à des erreurs de séquençage), et une rapidité satisfaisante.
L'invention porte donc en premier lieu sur une méthode de séquençage d'acide nucléique, comportant les étapes suivantes :
1 ) hybridation de l'acide nucléique à séquencer, sous forme simple brin, à une amorce polynucléotidique fixée dans un tube capillaire, au niveau d'une zone réactionnelle,
2) élongation du brin complémentaire dudit acide nucléique à séquencer, par la mise en mouvement d'un fluide contenu dans le tube capillaire, ledit fluide comportant, dans des phases distinctes, des fluides réactionnels contenant chacun un seul nucleotide (A, T,
C, ou G, respectivement) et les réactifs nécessaires à l'élongation, à partir de l'amorce, du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, à l'exception des autres nucléotides, de telle façon que la mise en mouvement du fluide dans le tube capillaire permette le passage, au niveau de la zone réactionnelle, des fluides réactionnels contenant chacun un nucleotide donné,
3) mesure de l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, après le passage de chacun des fluides réactionnels au niveau de la zone réactionnelle.
Dans cette méthode, désignée ci-après par le terme "méthode en système fermé", la mise en mouvement du fluide dans le tube est par exemple effectuée par des moyens pneumatiques, et le mouvement du fluide dans le tube est de préférence un mouvement cyclique, par exemple un
mouvement de va-et-vient de part et d'autre de la zone réactionnelle, de la partie du fluide comportant les fluides réactionnels.
Dans une réalisation préférée de la méthode décrite ci-dessus, chacun des fluides réactionnels est séparé des autres fluides par un fluide séparateur gazeux ou liquide, non miscible avec les fluides réactionnels.
Un exemple de mise en œuvre des premières étapes de cette méthode est décrit à l'exemple 1 ci-dessous, et illustré à la figure 1.
L'invention porte aussi sur une méthode de séquençage d'acide nucléique, qui comporte les étapes suivantes : 1 ) hybridation de l'acide nucléique à séquencer, sous forme simple brin, à une amorce polynucléotidique fixée dans un tube capillaire, au niveau d'une zone réactionnelle,
2) élongation du brin complémentaire dudit acide nucléique à séquencer, par le passage en continu, dans le tube, de fluides réactionnels contenant chacun un seul nucleotide (A, T, C, ou G, respectivement) et les réactifs nécessaires à l'élongation, à partir de l'amorce, du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, à l'exception des autres nucléotides, lesdits fluides traversant l'un après l'autre, de façon cyclique, le tube capillaire à une vitesse supérieure à la vitesse de diffusion des nucléotides dans les fluides réactionnels (définie par une constante),
3) mesure de l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, après le passage de chacun des fluides réactionnels au niveau de la zone réactionnelle.
Une variante de cette méthode, désignée ci-après par le terme "méthode en système ouvert", consiste à faire passer en continu à une vitesse donnée, supérieure ou non à la vitesse de diffusion des fluides, un fluide
porteur, dans lequel on injecte les fluides réactionnels à intervalles donnés, par exemple à l'aide d'un distributeur piezzo-électrique. Les intervalles entre les injections de fluides sont déterminés en fonction de la vitesse de passage du fluide et de la vitesse de diffusion des nucléotides, de telle sorte qu'il n'y ait pas de mélange possible entre les nucléotides.
Le fluide porteur est de préférence un fluide aqueux, et peut contenir ou non up certain nombre de réactifs autres que les nucléotides. Ces réactifs peuvent alors, le cas échéant, être absents des fluides réactionnels.
Dans les méthodes décrites ci-dessus, chaque fluide réactionnel contient un seul type de nucleotide, qui ne sera incorporé dans le brin en cours d'élongation à partir de l'amorce que s'il est complémentaire de la base située sur l'acide nucléique à séquencer, au niveau suivant immédiatement la partie déjà séquencée. Ainsi, la détection de l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, après le passage de chaque fluide réactionnel contenant un type de nucléotides donné, permet de déduire la séquence de la matrice : par exemple, l'incorporation de A, suivie de l'incorporation de deux C et d'un G, indique la présence de la séquence 5'-CGGT-3'.
Le type de nucleotide incorporé est identifié soit par un marqueur spécifique détectable par un dispositif de mesure, soit par une identification du fluide réactionnel les contenant. Les moyens d'identification peuvent être physiques, comme cela est décrit dans la description du dispositif, ou colorimétriques, chaque fluide réactionnel contenant alors un colorant qui lui est spécifique. Dans ce dernier cas, le colorant permet d'identifier le fluide réactionnel présent au niveau de la zone réactionnelle et donc, indirectement, le . type de nucleotide éventuellement incorporé.
Bien entendu, l'ordre dans lequel les nucléotides sont placés dans les fluides réactionnels est quelconque. Il importe seulement qu'il soit connu. Par ailleurs, l'utilisation d'équivalents des nucléotides A, C, T, ou G entre également dans le cadre des méthodes de l'invention. Par « équivalent », on entend ici n'importe quel type de molécule capable de former une chaîne complémentaire de l'acide nucléique à séquencer. Par exemple, l'uracije (U) est un équivalent de la thymidine (T).
Parmi les équivalents des nucléotides, on peut citer notamment les analogues de nucléotides bloquant l'extension en 3' de façon réversible. L'utilisation de tels analogues permet l'incorporation d'un seul nucleotide à la fois lors du passage d'une nucleotide, même lorsque la matrice présente une répétition du nucleotide complémentaire. L'élimination du groupement bloquant, par exemple par photoclivage, permet la poursuite de l'élongation à l'étape suivante. L'utilisation de tels équivalents permet donc de contrôler la vitesse d'extension de l'amorce même en présence de nucléotides répétés. Le déblocage du nucleotide 3' -terminal intervient alors de préférence après rinçage et/ou destruction des nucléotides non incorporés.
Dans les méthodes décrites ci-dessus, il n'est pas indispensable que chaque fluide réactionnel contienne l'ensemble des réactifs habituellement nécessaires à une réaction d'élongation. En particulier, l'ADN polymérase possède une constante d'affinité pour son substrat suffisamment élevée pour qu'elle ne s'en décroche pas immédiatement lors du passage d'un fluide ne contenant pas cette enzyme. Dans le cas de la méthode en système fermé, elle peut donc n'être présente que dans un fluide, contenant ou non des nucléotides. Dans la méthode en système ouvert, l'ADN polymérase peut être introduite seulement au départ, avec, le cas échéant, un ou plusieurs nouveaux passages de fluide la contenant, au cours de la réaction de séquençage. Une telle utilisation parcimonieuse de
l'ADN polymérase permet d'abaisser le coût du séquençage, sans toutefois en diminuer la qualité.
La première étape des méthodes décrites ci-dessus peut être remplacée par une étape équivalente, c'est-à-dire une étape à l'issue de laquelle l'acide nucléique à séquencer est hybride à une amorce localisée et maintenue au niveau de la zone réactionnelle. Par exemple, l'acide nucléique à séquencer peut être hybride, sous forme simple brin, à des amorces fixées sur des billes magnétiques, qui sont ensuite introduites dans le tube et maintenues au niveau de la zone réactionnelle à l'aide d'un aimant.
La mesure de l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer peut être effectuée de plusieurs façons. Elle peut être directe, par exemple en utilisant des nucléotides couplés à un marqueur fluorescent et en mesurant l'augmentation de la fluorescence de la zone réactionnelle, ou indirecte, par exemple en mesurant le départ des molécules de pyrophosphate, l'incorporation d'un nucleotide entraînant la libération d'une molécule de pyrophosphate.
Un autre type de mesure indirecte de l'élongation consiste à mesurer une quantité d'intercalant fluorescent dans un fluide réactionnel avant et après son passage au niveau du site de la synthèse nucléique. La différence de fluorescence traduira alors l'incorporation de nucléotides dans la molécule en cours d'élongation.
Un troisième type de mesure indirecte consiste à utiliser des nucléotides couplés à un marqueur (fluorescent par exemple), de telle sorte que le marqueur soit photoclivable et bloque l'élongation de la chaîne en 3'.
Après passage du fluide réactionnel comportant le nucleotide couplé, et élimination des nucléotides non incorporés, une impulsion lumineuse est
envoyée au niveau de la zone réactionnelle, et les marqueurs fluorescents éventuellement libérés sont détectés en aval de cette zone.
Dans une mise en œuvre préférée des méthodes de l'invention, la mesure de l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer est effectuée par un dispositif de mesure placé en regard de la zone réactionnelle, par exemple un dispositif optique tel qu'un appareil d'excitation et de mesure de luminescence, fluorescence, ou chemiluminescence.
De manière encore préférée, le dispositif de mesure est un appareil d'excitation et de mesure de fluorescence capable de mesurer une augmentation de fluorescence de 1% et, préférentiellement, de 0,1%. Ceci permet, par exemple, d'utiliser comme marqueur de l'élongation de l'acide nucléique double brin, un intercalant fluorescent du type bromure d'ethydium ou SybrGREEN (marque déposée). L'incorporation de x nucléotides se traduira alors par une augmentation de la fluorescence de x/n %, n désignant ici le nombre de bases du brin complémentaire de la matrice à séquencer, amorce comprise. Par exemple, si ce brin atteint 100 nucléotides et que la séquence de la matrice comporte 3 Guanines successives au niveau suivant immédiatement la partie déjà séquencée, le passage du fluide réactionnel comportant le nucleotide C, entraînera une augmentation de la fluorescence de 3%. Au fur et à mesure de l'élongation de la sonde, l'augmentation de la fluorescence après l'incorporation d'un nucleotide représentera donc une proportion de plus en plus faible de la fluorescence totale. La sensibilité du détecteur utilisé détermine donc la taille maximale des fragments qu'il est possible de séquencer. Ainsi, un appareil d'excitation et de mesure de fluorescence capable de mesurer une augmentation de fluorescence de 0,1 % permet de séquencer des fragments de 1000 bases.
L'invention porte également sur des méthodes permettant de séquencer des fragments de grande taille avec un capteur de sensibilité réduite, en utilisant un marquage labile ou éphémère de la molécule en cours d'élongation. Par exemple, il peut être avantageux d'utiliser, pour l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, des nucléotides couplés à des molécules fluorescentes par une liaison clivable. Des exemples de conjugués photo-clivables, permettant la libération d'un marqueur couplé à une biomolécule par une décharge électromagnétique, sont donnés dans le brevet US 5986076. L'utilisation de tels composés permet donc de supprimer périodiquement le marquage des molécules en cours d'élongation, par une décharge électromagnétique, tout en maintenant l'intégrité de ces molécules, et donc de poursuivre le séquençage sans risquer de dépasser les limites de sensibilité du capteur.
Le marquage fluorescent des molécules peut également être supprimé par photoblanchiment (photobleaching), c'est-à-dire en détruisant les fluorophores par une impulsion électromagnétique.
D'autres méthodes permettant de poursuivre le séquençage d'une molécule d'acide nucléique au-delà de la limite fixée par la sensibilité du capteur, font également partie de l'invention. Ces méthodes consistent, pour l'essentiel, à effectuer une « marche par étapes » le long de la molécule à séquencer, en utilisant l'information issue d'une première étape de séquençage, pour synthétiser une nouvelle amorce située en limite de la zone séquencée, permettant ensuite l'amplification sélective de la séquence non encore connue. Une nouvelle étape de séquençage commence alors, en utilisant comme matrice le produit de cette amplification sélective. Bien entendu, l'amorce séquencée à partir des informations issues de la première étape de séquençage peut être située à un niveau quelconque de la séquence déjà connue, ce qui permet, le
cas échéant, de séquencer plusieurs fois certaines zones de la molécule, et d'augmenter ainsi le niveau de fiabilité de la méthode. Des exemples de méthodes pour séquencer des acides nucléiques de grande taille sont décrits plus en détail dans l'exemple 2 ci-après.
Dans une mise en œuvre préférée des méthodes de séquençage de l'invention, les fluides réactionnels contiennent donc un marqueur d'élongation d'une molécule d'acide nucléique double brin, tel qu'un intercalant fluorescent ou un intercalant couplé à une molécule marquée, le cas échéant par une liaison photo-clivable. Dans une mise en œuvre alternative des méthodes de l'invention, les nucléotides contenus dans chacun des fluides réactionnels sont marqués ou couplés à une molécule marquée, le cas échéant par une liaison photo-clivable.
Dans une mise en œuvre particulière des méthodes de séquençage de l'invention, une étape de rinçage de la zone réactionnelle par une solution de rinçage est introduite après le passage de chacun des fluides réactionnels, ladite solution de rinçage contenant, le cas échéant, une ou plusieurs enzymes capable(s) de dégrader les nucléotides triphosphates. Une telle enzyme peut être, par exemple, une apyrase. Dans cette mise en œuvre des méthodes de l'invention, le fluide de rinçage peut être situé de part et d'autre de chacun des fluides réactionnels, ou amené au niveau du site réactionnel à partir d'un embranchement du tube capillaire, comme décrit dans les figures 2 et 3, respectivement, ainsi que dans l'exemple 3.
Dans les méthodes de l'invention, chacun des fluides réactionnels est laissé au contact de la zone réactionnelle pendant une durée comprise de préférence entre 10 et 200 ms, par exemple de 50 à 100 ms.
Dans une mise en œuvre préférée des méthodes de séquençage de l'invention, l'étape d'élongation 2) est effectuée entre 65 et 75 °C, préférentiellement entre 71 ,5 et 72,5 °C.
L'invention porte également sur une méthode de séquençage telle que celles décrites ci-dessus, dans laquelle plusieurs tubes capillaires sont utilisés pour réaliser plusieurs séquençages en parallèle.
Un autre aspect de l'invention, illustré à la figure 1, concerne un dispositif de séquençage d'acide nucléique comportant au moins un tube (1 ) comportant une zone réactionnelle (2), où se trouvent des amorces polynucléotidiques (3), ledit tube (1) contenant un fluide (5) polyphasique contenant les fluides réactionnels (6-9), de telle sorte que les fluides réactionnels effectuent des passages successifs au niveau de la zone réactionnelle (2). Dans l'ensemble du texte, les fluides (6-9) sont définis de la façon suivante : ils contiennent chacun un seul nucleotide (A, T, C, ou G, respectivement) et les réactifs nécessaires à l'élongation, à partir de l'amorce, du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, à l'exception des autres nucléotides. Comme mentionné plus haut, l'ordre des nucléotides donné ici est arbitraire, et peut bien évidemment être modifié. Par ailleurs, ils peuvent contenir un équivalent des nucléotides A, C, T ou G, comme défini ci-dessus. D'autres éléments peuvent, le cas échéant, être rajoutés dans ces fluides, comme cela a été mentionné plus haut et sera rappelé plus loin.
Dans cette réalisation de l'invention, chacun des fluides réactionnels (6-9) est sous la forme d'une phase indépendante, séparée des autres fluides par un fluide séparateur (10) gazeux ou liquide, non miscible avec les fluides réactionnels (6-9).
Ainsi, l'invention porte en premier lieu sur un dispositif de séquençage d'acides nucléiques, comportant au moins les éléments suivants :
- un tube (1) comportant une zone réactionnelle (2) à laquelle sont fixées des amorces polynucléotidiques (3), - des moyens (4) de mise en mouvement d'un fluide (5), comportant les fluides réactionnels (6-9), dans le tube (1 ), permettant à une partie au moins du fluide (5) d'effectuer plusieurs passages au niveau de la zone réactionnelle (2),
- des moyens d'amenée des fluides réactionnels (6-9) dans le tube (1 ), sous forme de phases distinctes,
- des moyens (13) de régulation de la température des fluides réactionnels (6-9), au moins au niveau de la zone réactionnelle (2), et
- un dispositif de mesure (14) placé en regard de la zone réactionnelle (2), destiné à mesurer l'incorporation d'un marqueur dans une molécule d'acide nucléique en cours d'extension.
Dans cette réalisation de l'invention, le tube (1) peut être soit circulaire, soit linéaire. Dans le premier cas, le tube (1) forme une boucle, et les moyens (4) de mise en mouvement du fluide (5) assurent par exemple la circulation continue du fluide (5) dans le long de cette boucle ; dans le deuxième cas, ils permettent au fluide (5) d'effectuer des va-et-vient le long d'une portion du tube (1), de telle sorte que les fluides réactionnels (6-9) passent successivement et cycliquement au niveau de la zone réactionnelle (2).
Alternativement, le dispositif de séquençage d'acide nucléique peut être un système ouvert, dans lequel des fluides réactionnels (6-9) tels que définis ci-dessus sont introduits les uns après les autres, de telle sorte qu'une circulation continue soit assurée dans le tube (1), entre la partie du
tube où sont introduits les fluides et un dispositif de collection des fluides à leur sortie du tube, après leur passage au niveau de la zone réactionnelle (2). Dans un tel dispositif, les fluides circulent préférentiellement à une vitesse supérieure à la vitesse de diffusion des nucléotides dans les solutions réactionnelles, afin d'éviter des artefacts. Le cas échéant, un fluide de rinçage (11 ) peut être introduit dans le tube entre chaque fluide réactionnel contenant des nucléotides.
Dans cette deuxième réalisation, le dispositif de l'invention comporte donc au moins : - un tube (1 ) comportant une zone réactionnelle (2) à laquelle sont fixées des amorces polynucléotidiques (3),
- des moyens d'amenée des fluides réactionnels (6-9) dans le tube (1).
- des moyens (4) de mise en mouvement des fluides réactionnels (6- 9) dans le tube (1), permettant le passage continu desdits fluides dans le tube (1), à une vitesse supérieure à la vitesse de diffusion des réactifs contenus dans lesdits fluides réactionnels,
- un dispositif de collection des fluides à leur sortie du tube (1 ),
- des moyens (13) de régulation de la température des fluides réactionnels (6-9), et
- un dispositif de mesure (14) placé en regard de la zone réactionnelle (2), destiné à mesurer l'incorporation d'un marqueur dans une molécule d'acide nucléique en cours d'extension.
Dans les dispositifs de l'invention décrits ci-dessus, le tube (1) peut être de section circulaire ou autre. Dans tous les cas, on désignera sous le terme « diamètre du tube (1) » le diamètre du cercle dans lequel s'inscrit la section du tube. Dans une réalisation préférée des dispositifs de
l'invention, le tube (1) a une longueur comprise entre 0,2 et 20 cm et un diamètre compris entre 1 et 3000 μm, de préférence entre 1 et 1000 μm. Dans ce qui suit, le tube (1) sera donc parfois appelé « capillaire », compte-tenu de ses dimensions. Du fait du diamètre réduit du tube (1 ), les volumes de réactifs mis en jeu dans les méthodes et dispositifs de l'invention sont très faibles, de l'ordre de quelques dizaines ou centaines de nanolitres, ce qui permet d'obtenir des coûts de séquençage réduits.
Dans une réalisation particulière de l'invention, le tube (1 ) comporte, au niveau de la zone réactionnelle (2), une chambre dont le diamètre est supérieur à celui du reste du tube. Le "diamètre" de la chambre est défini, comme pour le tube (1), comme étant le diamètre du cercle dans lequel s'inscrit la section de la chambre, perpendiculairement au passage du fluide. Ainsi, la chambre réactionnelle peut être un tube de section non circulaire, présentant par exemple des plis radiaux, de telle sorte que le diamètre de la chambre soit supérieur à celui du tube (1), mais que la surface de la section de la chambre soit sensiblement égale à celle du tube (1 ). Alternativement ou de façon complémentaire, la zone réactionnelle (2) peut avoir une géométrie particulière augmentant la surface de réaction, par exemple des villosités, pour obtenir une plus grande densité d'amorces polynucléotidiques (3).
Dans les dispositifs de l'invention, les amorces polynucléotidiques (3) peuvent être composées d'un seul type de nucléotides, mais sont préférentiellement composées d'une séquence non monotone de nucléotides, afin que l'hybridation de la séquence cible sur l'amorce détermine exactement la position de ladite séquence cible par rapport à l'amorce. Les exemples ci-après sont présentés avec des amorces poly- thymine dans le but d'en simplifier l'exposé. La longueur de ces amorces est par exemple comprise entre 15 et 100 nucléotides, préférentiellement entre 40 et 60 nucléotides, et le nombre d'amorces polynucléotidiques (3)
fixées au niveau de la zone réactionnelle (2) peut être compris entre 10 et
Dans une réalisation particulière des dispositifs de l'invention, ces dispositifs comportent plusieurs tubes (1), qui permettent de réaliser plusieurs séquençages en parallèle. Dans cette réalisation particulière de l'invention, tout ou partie des moyens de mise en mouvement (4) du fluide peuvent être communs à plusieurs tubes (1), ainsi que tout ou partie des moyens d'amenée des fluides réactionnels (6-9) dans les tubes (1).
Dans une autre réalisation particulière de l'invention, les moyens de mise en mouvement (4) du fluide sont des moyens pneumatiques. Bien entendu, d'autres moyens de mise en mouvement des fluides peuvent être envisagés, tels que l'utilisation de tubes souples sur lesquels s'appuient des galets qui poussent le fluide en écrasant une partie variable du tube, ou encore en disposant les tubes de façon radiale et en utilisant la force centrifuge.
Dans une réalisation supplémentaire des dispositifs de l'invention, les moyens d'amenée des fluides réactionnels (6-9) comportent au moins une zone (15) de dépôt des réactifs. Cette zone peut être constituée d'un entonnoir relié au tube (1 ), dans lequel les fluides réactionnels peuvent être déposés manuellement ou de façon automatisée. Alternativement, cette zone peut être un adaptateur entre une extrémité du tube (1) et un ou plusieurs canaux reliés à des réservoirs de réactifs.
Dans les dispositifs de séquençage de l'invention, le dispositif de mesure
(14) est préférentiellement un appareil optique d'excitation et de mesure de luminescence, fluorescence, ou chemiluminescence. De manière encore préférée, le dispositif de mesure (14) est un appareil d'excitation et
de mesure de fluorescence capable de mesurer une augmentation de fluorescence de 1% et, préférentiellement, de 0,1 %, voire plus faible.
D'autres moyens alternatifs de mesure de l'élongation de l'amorce (3) sont néanmoins envisageables et dépendent bien évidemment du type de marquage utilisé. Par exemple, il est possible d'utiliser des nucléotides radioactifs et un compteur de radioactivité comme dispositif de mesure .
Dans une réalisation préférée des dispositifs de l'invention, le dispositif de mesure (14) est relié à un système informatique (16), programmé pour traduire les résultats mesurés en une séquence génétique. Le système informatique (16) peut être relié aussi aux moyens (4) de mise en mouvement du fluide (5) contenu dans le tube (1) et/ou aux moyens d'amenée des fluides réactionnels (6-9) dans le tube (1 ). Ceci permet d'assurer la cohérence de la lecture de la séquence, c'est-à-dire de faire une corrélation exacte entre la mesure de l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer et le passage d'un nucleotide donné.
Ainsi, dans un système fermé tel que décrit à la Figure 1 , où le fluide (5) contient les fluides réactionnels (6-9), sous forme de phases distinctes deplaçables dans le tube par des moyens pneumatiques symbolisés par un piston, la liaison du piston (4) à l'ordinateur (16) permet de relier l'information recueillie par le capteur (14) à la position du piston (4). L'élongation éventuelle observée est donc reliée à la position du fluide (5) dans le tube, et par là même, au fluide réactionnel qui vient de passer au niveau de la zone réactionnelle (2), ce qui permet de déduire la nature du nucleotide incorporé.
Par ailleurs, dans un système ouvert tel que décrit plus haut, dans lequel les fluides (6-9) sont amenés les uns après les autres, et parcourent le
tube (1) pour être ensuite collectés dans une « poubelle », le système informatique peut être relié aux moyens d'amenée •> des fluides réactionnels. Ainsi, l'information recueillie par le capteur (14) sera reliée à la nature du nucleotide qui vient de passer au niveau de la zone réactionnelle (2).
Toutefois, le système informatique (16) n'est pas obligatoirement relié aux moyens (4) de mise en mouvement du fluide (5) contenu dans le tube (1) ni aux moyens d'amenée des fluides réactionnels (6-9) dans le tube (1). En absence d'une telle liaison, la corrélation entre la mesure effectuée par le dispositif (14) et le fluide réactionnel (6, 7, 8, ou 9) qui vient de passer au niveau de la zone réactionnelle peut être faite par exemple par un système d'horloge, le passage des fluides étant alors programmé de façon précise. Alternativement, les nucléotides peuvent être marqués chacun d'une façon différente, par exemple en étant couplés à des fluorophores de longueur d'onde de fluorescence différentes. La détermination de la nature du nucleotide incorporé se fait alors directement à partir de l'information recueillie par le capteur (14).
Dans une réalisation particulière de l'invention, le dispositif de séquençage comporte en outre un dispositif d'émission de radiations électromagnétiques, destiné à libérer un marqueur d'un composé photo- clivable. En effet, comme mentionné plus haut, la sensibilité du dispositif de mesure de l'élongation de l'acide nucléique double brin conditionne la taille maximale des fragments qui peuvent être séquences. L'utilisation d'un marquage labile, par exemple photo-clivable, lié soit aux nucléotides, soit à un intercalant, ou à toute molécule susceptible de se lier à la molécule d'acide nucléique double brin en cours d'extension, permet donc de supprimer périodiquement le marquage des molécules en cours d'élongation, par une décharge électromagnétique, tout en maintenant l'intégrité de ces molécules, et donc de poursuivre le séquençage sans
risquer de dépasser les limites de sensibilité du capteur. Bien entendu, dans cette réalisation de l'invention, le dispositif d'émission de radiations électromagnétiques et le dispositif de mesure (14) peuvent être associés dans le même dispositif.
Dans une réalisation particulièrement préférée des dispositifs de l'invention, le ou les tube(s) (1) sont agencés dans une cassette (17) jetable, le cas échéant recyclable par le fabricant. Ceci permet notamment d'assurer un bon calibrage du nombre et de la qualité des amorces polynucléotidiques fixées au niveau de la zone réactionnelle (2), et de faciliter l'utilisation des dispositifs et méthodes de l'invention.
L'invention porte aussi sur des cassettes de séquençage (17), comportant au moins
- un tube (1) comportant une zone réactionnelle (2) à laquelle sont fixées des amorces polynucléotidiques (3), et - une ouverture (18) adaptable à des moyens de mise en mouvement (4) d'un fluide (5) dans le tube (1), permettant à une partie au moins du fluide (5) d'effectuer plusieurs passages au niveau de la zone réactionnelle (2).
Les cassettes de l'invention peuvent être recyclées après usage, par exemple par la méthode décrite dans l'exemple 2.
Dans les cassettes de l'invention, le tube (1 ) peut avoir une section circulaire, et a préférentiellement une longueur comprise entre 0,2 et 20 cm et un diamètre compris entre 1 et 3000 μm. Le cas échéant, le tube (1) peut comporter, au niveau de la zone réactionnelle (2), une chambre dont le diamètre est supérieur à celui du reste du tube. Alternativement ou de façon complémentaire, la zone réactionnelle (2) peut avoir une géométrie particulière augmentant la surface de réaction, par exemple pour obtenir
une plus grande densité d'amorces polynucléotidiques (3). Les amorces polynucléotidiques (3) fixées au niveau de la zone réactionnelle (2) sont composées d'une séquence déterminée de nucléotides, par exemple d'un seul type de nucléotides, préférentiellement de thymine. Leur longueur est de préférence comprise entre 15 et 100 nucléotides, par exemple entre 40 et 60 nucléotides.
Dans une réalisation préférée des cassettes de l'invention, le nombre d'amorces polynucléotidiques (3) fixées au niveau de la zone réactionnelle (2) est compris entre 103 et 109, préférentiellement entre 106 et 108. L'homme du métier pourra utiliser n'importe quel moyen disponible pour fixer les amorces au niveau de la zone réactionnelle (2), comme par exemple un greffage chimique covalent ou une liaison affine de type avidine/biotine. Ce greffage peut être réalisé directement sur les parois du tube (1 ), ou sur des éléments mobiles tels que des billes, éventuellement magnétiques, qui seront ensuite « piégés » au niveau de la zone réactionnelle (2).
Dans une réalisation particulière, les cassettes de l'invention comportent plusieurs tubes (1 ). Ceci permet notamment d'effectuer plusieurs séquençages en parallèle. Dans une telle cassette, tous les tubes (1 ) peuvent être reliés à une même ouverture (18) adaptable à des moyens de mise en mouvement (4) d'un fluide (5) dans le tube (1 ).
Dans une réalisation particulière des dispositifs de l'invention, le ou les tube(s) (1 ) comportent chacun une zone de dépôt des réactifs (15). Dans le cas où la cassette comporte plusieurs tubes, cette zone de dépôt des réactifs (15) peut être commune à plusieurs tubes, voire à tous les tubes.
La zone de dépôt des réactifs (15) peut par exemple être une ouverture adaptable à des moyens d'amenée des fluides réactionnels.
Dans une autre réalisation particulière des cassettes de l'invention, utilisable dans un système fermé tel que décrit plus haut, la cassette de séquençage (17) est déjà chargée avec les fluides réactionnels (6-9). Une telle cassette présente l'avantage d'être prête à l'emploi, et son utilisation nécessite seulement d'hybrider l'acide nucléique à séquencer au niveau de la zone réactionnelle (2). L'apport de l'acide nucléique à séquencer peut être réalisé par exemple en piquant une seringue au travers d'une membrane ou septum (21 ) situé à proximité ou au niveau de la zone réactionnelle (2), comme cela est représenté à la figure 4 et précisé dans l'exemple 4. Alternativement et afin d'éviter des problèmes de pression suite au perçage du septum par la seringue, la cassette peut comporter une zone de dépôt de l'acide nucléique à séquencer, située entre la zone réactionnelle et les fluides réactionnels, ou en aval de la zone réactionnelle, ladite zone de dépôt étant adaptable au dispositif, de telle façon que le dispositif amène lui-même le fluide dans la cassette, par exemple par des moyens pneumatiques.
La présente invention porte donc sur une cassette de séquençage (17), comportant au moins
- un tube (1 ) comportant une zone réactionnelle (2) à laquelle sont fixées des amorces polynucléotidiques (3), et
- une ouverture (18) adaptable à des moyens de mise en mouvement (4) d'un fluide (5) dans le tube (1 ), permettant à une partie au moins du fluide (5) d'effectuer plusieurs passages au niveau de la zone réactionnelle (2), dans laquelle chaque tube (1 ) contient en outre les fluides réactionnels (6) à (9), contenant respectivement le nucleotide A, T, C, ou G, et les réactifs nécessaires à l'élongation, à partir de l'amorce, du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, à l'exception des autres nucléotides, chacun des fluides réactionnels (6-9) étant sous la forme d'une phase
indépendante, séparée des autres fluides par un fluide séparateur (10) gazeux ou liquide, non miscible avec les fluides réactionnels (6-9).
De manière préférée, l'ensemble des fluides réactionnels (6-9) est initialement situé du même côté du tube (1 ) par rapport à la zone réactionnelle (2).
Dans les cassettes de séquençage (17) prêtes à l'emploi décrites ci- dessus, les fluides réactionnels (6-9) peuvent contenir en outre un marqueur d'élongation d'une molécule d'acide nucléique double brin, tel qu'un intercalant fluorescent ou un intercalant couplé à une molécule marquée, le cas échéant par une liaison photo-clivable. Alternativement ou de façon complémentaire, les nucléotides contenus dans chacun des fluides réactionnels (6-9) des cassettes (17) prêtes à l'emploi peuvent être marqués ou couplés à une molécule marquée, le cas échéant par une liaison photo-clivable.
De plus, les fluides réactionnels peuvent contenir un colorant spécifique qui permet de distinguer visuellement les différents fluides réactionnels, et donc, indirectement, de déterminer le nucleotide présent dans chaque fluide.
L'invention porte aussi sur une cassette de séquençage (17) telle que celles décrites ci-dessus, dans laquelle le tube (1) contient en outre une solution de rinçage (1 1 ), contenant, le cas échéant, une ou plusieurs enzymes capable(s) de dégrader les nucléotides triphosphates. Dans le cas où la cassette est prête à l'emploi, la solution de rinçage peut être placée dans le(s) tube(s) (1), entre chaque fluide réactionnel (6-9) et de part et d'autre des fluides (6-9), comme cela est représenté à la figure 2.
Le cas échéant, le fluide de rinçage (11 ) et le fluide séparateur (10) peuvent être confondus. Alternativement, que la cassette soit prête à
l'emploi ou non chargée avec les fluides réactionnels, le fluide de rinçage (1 1 ) peut être situé dans un embranchement du tube (1 ), doté de moyens propres de mise en mouvement dudit fluide ou adaptable à de tels moyens. Dans ce cas, les moyens de mise en mouvement (14) des fluides réactionnels (6-9) et ceux du fluide de rinçage (11 ) devront fonctionner de façon parfaitement coordonnée, comme cela est représenté à la figure 3 et expliqué à l'exemple 3.
L'invention porte également sur un dispositif de séquençage utilisable avec les cassettes de l'invention ou avec des cassettes équivalentes. Par « cassette équivalente », on entend ici une cassette permettant l'élongation d'un brin d'acide nucléique à partir d'une matrice d'acide nucléique simple brin et d'une amorce, par passage successif de fluides réactionnels contenant chacun un nucleotide donné. L'invention porte donc sur un dispositif comportant des moyens de mise en mouvement (4) d'un fluide (5), les moyens de régulation (13) de la température du fluide
(5), et un dispositif de mesure (14), agencés dans un séquenceur dans lequel on peut placer une ou plusieurs cassettes (17) à usage unique, chaque cassette comportant un ou plusieurs tube(s) (1 ).
Les exemples et figures ci-après, illustrent certains aspects de la mise en œuvre et de l'intérêt de la présente invention, sans toutefois en limiter la portée.
Légende des figures :
La figure 1 illustre le procédé mis en œuvre par un dispositif de séquençage suivant l'invention, dit « en système fermé », ainsi que les premières étapes du séquençage. Les figures 1A à 1 D sont commentées dans l'exemple 1 ci-après.
La figure 2 illustre un exemple de disposition des fluides (6-11) dans un tube (1), dans lequel le fluide de rinçage (11) est placé de part et d'autre de chacun des fluides réactionnels (6-9), séparé de ceux-ci par le fluide séparateur (10).
La figure 3 illustre une variante du dispositif, dans laquelle le fluide de rinçage (11 ) est mis en mouvement par des moyens pneumatiques (20) distincts des moyens (4) assurant la circulation des fluides réactionnels (6- 9) dans le tube (1 ), et tel que décrit dans l'exemple 3.
La figure 4 illustre l'utilisation d'une cassette « prête à l'emploi », telle que décrite dans l'exemple 4.
Exemple 1 : Chargement du dispositif et initiation du séquençage
Cet exemple, illustré à la figure 1 , décrit les premières étapes du séquençage, avec un dispositif muni d'un appareil d'excitation et de mesure de la fluorescence (14), en utilisant un intercalant fluorescent du type SybrGREEN (marque déposée) pour mesurer l'élongation de la molécule d'ADN double brin.
• La figure 1A représente le dispositif avant l'introduction de fluide dans le tube (1 ). Dans cet exemple, le piston (4) est relié à un ordinateur (16) qui reçoit les données mesurées par le capteur (14), ce qui permet de corréler les mesures à la position des fluides dans le tube (1), et donc d'associer une augmentation de la fluorescence à l'intégration d'un nucleotide donné.
• Dans l'illustration de la figure 1 B, le fragment à séquencer (12) a été introduit au niveau de la zone de dépôt (15), puis le piston (4) a été actionné pour amener le fluide (12) au niveau de la zone réactionnelle
(2), portée à une température permettant l'hybridation du fragment à séquencer avec les amorces (3) fixées au niveau de la zone réactionnelle (2). Un fluide séparateur (10), non miscible avec (12), a été introduit immédiatement après la solution contenant le fragment d'intérêt (12).
• Figure 1C : Après l'hybridation du fragment à séquencer au niveau de la zone réactionnelle (2), les fluides réactionnels (6) à (9) sont introduits dans le tube (1), séparés les uns des autres par le fluide séparateur (10). L'ordre d'introduction des nucléotides présenté ici (A, T, C, G) est arbitraire, et tout autre ordre peut être envisagé. De même, on peut envisager introduire dans le tube (1) plusieurs fois chaque fluide réactionnel.
• Figure 1 D : L'activation du piston (4) permet ensuite de faire passer les fluides réactionnels (6) à (9) au niveau de la zone réactionnelle (2), dont la température aura été portée non plus à la température d'hybridation, mais à la température d'élongation de l'amorce, ce qui entraîne l'élongation de l'amorce (3). Ainsi, dans l'illustration de la figure 1D, un nucleotide G a été incorporé, reflétant la présence d'un nucleotide C dans l'acide nucléique à séquencer.
Exemple 2 : Solutions pour séquencer au-delà de 1000 bp, avec un appareil d'excitation et de mesure de fluorescence et des fluorophores permanents
Les fluorophores permanents désignent ici, soit un intercalant fluorescent, du type SybrGREEN (marque déposée), soit des nucléotides couplés de façon stable à un marqueur fluorescent, par opposition à des molécules couplées de façon labile (par exemple, photo-clivable), à un marqueur fluorescent.
L'utilisation de fluorophores permanents pose le problème suivant : au cours de l'élongation du brin complémentaire de l'acide nucléique à séquencer, l'augmentation de la fluorescence, correspondant à l'incorporation d'un nucleotide, représene une proportion de plus en plus faible de la fluorescence totale.
Pour poursuivre le séquençage au-delà d'une certaine longueur séquencée, il est donc nécessaire de s'affranchir de la fluorescence correspondant à la région déjà séquencée.
Deux options peuvent être envisagées pour cela. Afin de simplifier les explications, les amorces polynucléotidiques seront ici des poly-thymines.
Bien entendu, ce qui suit est transposable à n'importe quelle séquence d'amorces.
1 ) Option manuelle
Au-delà de 1000 bp, l'utilisateur recommence toute l'opération en injectant dans un nouveau capillaire le reste de la séquence d'intérêt, en procédant de la façon suivante :
a) Une fois arrivé à 1000 bp d'allongement du brin complémentaire de la matrice à séquencer, on effectue un lavage, puis une solution de rinçage aqueuse (H2O ou solution tamponnée) est déposée au niveau de la zone de dépôt (15), puis amenée au niveau de la zone réactionnelle (2) par les moyens de mise en mouvement (4).
b) La zone réactionnelle (2) est ensuite portée à une température suffisante pour dénaturer l'ADN (environ 95° C), afin que le fragment d'intérêt, initialement hybride aux amorces, ne soit plus hybride au brin néosynthétisé, mais en solution.
c) L'utilisateur récupère ce fragment. Par exemple, la solution de rinçage est ramenée au niveau de la zone de dépôt (15) par les moyens pneumatiques, où elle est collectée par l'utilisateur.
d) Il procède ensuite à une nouvelle PCR, à partir du fragment initial, à l'aide des amorces suivantes :
• o l'amorce 1 est identique à l'une de celles qui avaient servi à amplifier la séquence d'intérêt préalablement à l'utilisation du système. Sa séquence est celle de l'extrémité 5' du fragment utilisé au cycle de séquençage précédent, o l'amorce 2 a une séquence identique à celle du brin néosynthétisé, en son extrémité 3'.
Cette PCR permet d'obtenir des fragments plus courts que ceux obtenus à l'issue de l'amplification initiale (ils sont amputés de la séquence juste décryptée dans l'étape précédente) et de réitérer le processus et donc de séquencer des fragments de taille supérieure à 1000 bp. Le nombre de cycles PCR à effectuer est déterminé pour que la séquence obtenue soit en excès par rapport aux amorces (3) fixées, et représente une grande fraction de l'ADN total, de telle sorte que la proportion de la séquence initiale soit très faible relativement à la nouvelle plus courte. Dix à 15 cycles d'amplification par PCR suffisent généralement à atteindre ces exigences. Bien entendu et comme précédemment, l'utilisateur fixera en 3' du produit de la PCR un fragment de taille égale et de séquence complémentaire aux amorces (3) fixées.
e) Ces opérations seront effectuées autant de fois que nécessaire, en fonction de la taille du fragment à séquencer.
2) Option automatisée
Au-delà de 1000 bp, l'automate continue seul le reste des opérations.
Les étapes a) et b) mentionnées ci-dessus sont identiques.
f) La solution contenant le fragment d'ADN dont on recherche la séquence est amenée par des moyens pneumatiques dans un bassin contenant tous les réactifs nécessaires à une PCR. Les amorces sont telles qu'indiquées ci-dessus. Ce bassin peut être porté successivement aux températures correspondant aux cycles PCR, par des résistances ou par tout autre moyen.
g) Les amorces sont fabriquées in situ, c'est-à-dire que le dispositif est équipé pour procéder à de la synthèse d'oligonucléotides, à partir d'instructions que lui aura données le système, à savoir les séquences correspondantes aux amorces souhaitées : o amorce 1 : séquence fournie par l'utilisateur au système informatique (1b) lors du lancement du séquençage (séquence qui lui a servi pour amplifier la séquence d'intérêt), o amorce 2 : séquence fournie par le système informatique (1b) qui l'a obtenue du fait du séquençage.
Ainsi, le dispositif est équipé de stations de synthèse d'oligonucléotides et de moyens de dilution, et de moyens d'amenée des oligonucléotides à la bonne concentration dans le bassin susmentionné (et également de réservoirs, de moyens de lavage et d'élimination des réactifs afin de recommencer l'opération).
h) Dans le même bassin ou dans un autre bassin, un fragment complémentaire de l'amorce (3) placée en (2) est fixé à l'extrémité
3' du fragment amplifié (ici, une queue polyA).
i) Les fragments d'acide nucléique ainsi obtenus sont ensuite amenés en (2), dans un nouveau capillaire, qui aura été changé par l'utilisateur, ou bien qui était déjà incorporé dans le système mais qui n'a pas encore servi.
3) Autre variante automatisée avec recyclage du ou des capillaire(s)
En parallèle de la PCR, les étapes suivantes peuvent se dérouler dans le capillaire utilisé dans l'étape de séquençage :
j) Un fragment de taille égale et de séquence complémentaire à l'amorce (3) préalablement fixée en (2), est apporté au niveau de la zone réactionnelle (2). La zone (2) est portée à la bonne température pour permettre l'hybridation de ce fragment avec l'amorce (3).
k) Une exonucléase est ensuite apportée au niveau de la zone réactionnelle (2), par exemple en utilisant les moyens pneumatiques (4), ce qui permet le polissage des extrémités 3' protubérantes, par la digestion de la partie allongée de l'amorce polyT.
I) La zone réactionnelle (2) est ensuite chauffée pour la porter à la température de dénaturation de l'ADN (environ 95°C), afin de libérer en solution la séquence complémentaire (séquence polyA), puis lavée. Ainsi, la zone réactionnelle (2) se retrouve dans son état initial, avec une population d'amorces (3) polyT.
Ceci permet d'injecter le produit de la nouvelle PCR dans le même capillaire, autant de fois que cela sera nécessaire (par exemple, 1 fois toutes les 1000 bp).
Exemple 3 : Utilisation d'un fluide de rinçage (11)
Deux façons d'utiliser un fluide de rinçage aqueux (11), miscible avec les fluides réactionnels (6-9), sont présentées ici :
1) disposition du fluide de rinçage (11) de part et d'autre de chacun des fluides réactionnels (6-9) :
Cette disposition est représentée à la figure 2. Elle consiste à alterner les phases aqueuses et le fluide séparateur (10) (par exemple, de l'huile), la séquence des phases aqueuses étant elle- même une alternance de fluide réactionnel et de solution de rinçage (11) ;
2) apport du fluide de rinçage (11) à partir d'un embranchement du tube (1), grâce à des moyens de mise en mouvement (20) distincts des moyens de mise en mouvement (4) des fluides réactionnels (6- 9) : Cette disposition, illustrée à la figure 3, nécessite une coordination parfaite entre les pistons (4) et (20). Les figures 3A à 3D illustrent le rinçage de la zone réactionnelle (2) entre le passage des fluides réactionnels (6) et (7).
A la figure 3A, le fluide réactionnel (6) vient de passer au niveau de la zone réactionnelle, et le fluide de rinçage (11) est dans l'embranchement du tube (1) qui débouche à proximité de la zone réactionnelle (2).
Le mouvement simultané du piston (4) (vers le haut) et du piston (20) (vers le bas), permet d'apporter le fluide de rinçage (11) au niveau de la zone réactionnelle (2) (figure 3B).
Le mouvement inverse permet de remonter le fluide de rinçage dans l'embranchement (figure 3C). Le rinçage de la zone (2) ayant
été effectué, le mouvement du piston (4) seul permet ensuite d'apporter le fluide réactionnel (7) au niveau de la zone réactionnelle (2) (figure 3D).
La solution de rinçage a de préférence un volume élevé par rapport à celui des fluides réactionnels, afin de diluer au maximum les réactifs potentiels qu'elle entraînera potentiellement à chacun de ses passages au niveau de la zone réactionnelle, et donc de conserver le plus possible sa fonction de solution de rinçage, non polluée.
Exemple 4 : Hybridation de l'acide nucléique à séquencer, dans des cassettes prêtes à l'emploi
On considère ici une cassette prête à l'emploi, c'est-à-dire déjà chargée avec les fluides réactionnels (6-9), séparés les uns des autres par le fluide séparateur (10).
Avant d'initier le séquençage, l'opérateur doit introduire dans cette cassette, au niveau de la zone réactionnelle (2), une solution d'acide nucléique à séquencer (12). Les fragments à séquencer ont bien entendu été préparés, par l'ajout d'une extrémité 3' complémentaire des amorces (3) fixées au niveau de la zone réactionnelle (2).
La cassette, illustrée à la figure 4, dispose d'une membrane élastomère (21), permettant l'introduction de la pointe d'une aiguille en un point du tube (1), situé entre le piston (14) et la zone réactionnelle (2) (figure 4A).
L'introduction du fluide contenant les fragments à séquencer (2) entraîne un déplacement des fluides réactionnels (6-9) (de α vers ε, voir la figure 4B).
Le piston (4) est ensuite actionné pour apporter la solution (12) au niveau de la zone réactionnelle (2) (figure 4C). La zone réactionnelle (2) est portée à une température permettant l'hybridation des fragments à séquencer aux amorces (3) fixées en (2).
Le séquençage proprement dit peut alors commencer, par des mouvements de va-et-vient permettant le passage successif des fluides (6-9) au niveau de la zone réactionnelle (2) (Figures 4D et 4E).