PROCEDE DE DIAGRAPHIE CHIMIQUE D'UN LIQUIDE
ET INSTALLATION DE DIAGRAPHIE CHIMIQUE
POUR LA MISE EN OEUVRE DE CE PROCEDE
La présente invention concerne un procédé de diagraphie chimique d'un liquide ainsi qu'une installation de diagraphie chimique pour la mise en oeuvre de ce procédé. Plus précisément, ce procédé de diagraphie chimique permet de prélever des échantillons de liquide ou d'eau d'un forage, d'un océan, d'un lac ou d'une rivière, et d'effectuer des mesures sur ceux-ci, afin d'établir des profils de concentration d'au moins un élément chimique se trouvant dans ce liquide. Ce procédé permet par exemple de suivre au jour le jour, l'évolution d'une tache de pollution présente dans la mer.
Afin d'établir des profils de concentration d'éléments chimiques se trouvant dans l'eau d'un forage ou en eau libre, on connaît déjà d'après l'art antérieur une technique de prélèvements ponctuels consistant à utiliser une bouteille de prélèvement, actionnée par un câble. Ces bouteilles sont généra- lement constituées par un cylindre ouvert à ses deux extrémités, que l'on descend à la profondeur requise et que l'on ferme à distance. Ces bouteilles sont fermées par un dispositif électrique ou mécanique. Ainsi, par exemple, la fermeture de la bouteille peut s'obtenir au moyen d'un messager, qui est une sorte de contre-poids ou de masselotte métallique qu'on laisse coulisser par gravité le long du câble et qui déclenche la fermeture d'un clapet par son impact sur un mécanisme de fermeture. Les mesures chimiques sont réalisées ultérieurement en laboratoire
sur les échantillons prélevés. Il existe actuellement sur le marché de nombreux types de bouteilles qui répondent à des besoins variés concernant le volume du prélèvement, les matériaux constituant la bouteille de prélèvement, le principe de déclenchement de cel¬ le-ci, la conservation ou non des gaz dissous pré¬ levés, la filtration ou la pression maximum d'utili¬ sation.
Ce procédé de prélèvements ponctuels est long à mettre en oeuvre puisqu'il exige la descente et la remontée de la bouteille de prélèvement pour chaque échantillon. De surcroît, pour obtenir un profil de concentration détaillé ou pour rechercher une anomalie très localisée, il est nécessaire de prélever un grand nombre d'échantillons.
On connaît également un dispositif permet¬ tant d'effectuer des prélèvements multiples et compre¬ nant sur un même câble, plusieurs bouteilles de prélè¬ vements, conçues pour s'ouvrir puis se refermer automatiquement, en même temps, une fois que la totalité du câble a été déroulée dans la masse de liquide à analyser.
Cette technique, si elle permet de rendre plus rapide les prélèvements, n'est pas pour autant plus précise, car la distance entre deux bouteilles de prélèvement est souvent suffisamment importante pour que l'on ne puisse pas obtenir un profil très précis de concentration ou qu'une anomalie passe à travers le relevé effectué. En outre, pour un pas d'échantillonnage donné (c'est-à-dire la hauteur sur laquelle est effectué le prélèvement correspondant à un échantillon), chaque échantillon n'est pas obligatoirement représentatif de la concentration moyenne sur le pas retenu. Enfin, on connaît également des dispositifs
de mesure in situ comprenant une sonde spécifique d'un ou de quelques éléments chimiques et qui permet¬ tent d'effectuer une mesure directement en profondeur sur le lieu du prélèvement et de renvoyer les informa- tions collectées en surface, par l'intermédiaire d'un câble électrique. Ces sondes sont par exemple des sondes gamma spectrales pour les émetteurs gamma permettant de mesurer des quantités d'iode, par exem¬ ple. Toutefois, ces sondes sont généralement très complexes et coûteuses puisqu'elles nécessitent d'installer un dispositif électronique à l'intérieur d'un corps étanche et qu'elles doivent résister à des contraintes de pression. Ces sondes sont généra- lement spécifiques à un ou à quelques éléments et leurs performances sont limitées. Enfin, bien souvent, elles sont moins précises qu'une installation de paillasse dans un laboratoire. Les contraintes aux¬ quelles sont soumises ces sondes entraînent généra- lement une perte de résolution et des phénomènes d'interférence.
A cet effet, l'invention a pour but de remédier aux inconvénients précédemment cités et de permettre la réalisation de cartographies chimi- ques précises, à une, deux ou trois dimensions, d'un élément chimique se trouvant dans un liquide, dans l'eau d'un forage ou en eau libre.
En conséquence, l'invention concerne un procédé de diagraphie chimique d'un liquide permettant de réaliser un profil de concentration d'au moins un élément chimique se trouvant dans un liquide à analyser.
Selon les caractéristiques de l'invention, ce procédé comprend les étapes consistant à : - effectuer un prélèvement continu dudit
liquide à analyser, grâce à un tuyau dont l'ouverture d'entrée est déplacée progressivement dans la masse de ce liqui¬ de, ce tuyau étant muni de moyens d'aspi- ration de ce liquide à l'intérieur du tuyau et de moyens de pompage destinés à faire remonter ce liquide à l'intérieur dudit tuyau, en direction de la surface,
- effectuer en surface, des analyses sur le liquide prélevé en profondeur, grâce à des moyens d'analyse,
- mesurer en permanence et enregistrer simultanément la longueur du tuyau plongé dans le liquide, le débit du liquide se déplaçant dans ledit tuyau et le temps écoulé, afin qu'en connaissant le volume mort du tuyau, on puisse faire correspondre à chaque valeur d'analyse déterminée, la profondeur à laquelle le prélèvement a été effectué.
Ce procédé permet donc en une seule opéra¬ tion, c'est-à-dire en déplaçant le point de pompage le long du profil à étudier, de faire une série de prélèvements. Ces prélèvements sont effectués plus rapidement que dans l'art antérieur. La répétition de ce procédé permet de réaliser des cartographies chimiques en deux ou en trois dimensions en déplaçant le point de départ de la descente du tuyau.
De façon avantageuse, on réalise à l'inté- rieur du tuyau un régime d'écoulement du liquide de type turbulent.
On limite ainsi sensiblement la dispersivité de l'écoulement du liquide pompé au court de son trajet dans le tuyau. De préférence, le rapport entre la vitesse
moyenne du fluide circulant dans le tuyau et la vites¬ se de déplacement de l'ouverture d'entrée du tuyau est compris entre 4 et 100.
Ces valeurs illustrent une gamme assez large des rapports des vitesses existant en pratique. On notera que plus ce rapport augmente et plus la dispersivité est limitée.
Selon un premier mode de réalisation, l'ana¬ lyse du liquide prélevé est effectuée sensiblement en temps réel par au moins un appareil d'analyse en continu d'un élément chimique particulier, cet appareil étant placé à la sortie du tuyau.
Ce procédé permet ainsi comme dans les sondes spécifiques d'obtenir des profils de concen- tration pratiquement en temps réel (simplement différé du temps de transit du liquide jusqu'à la surface) et garantit la détection des variations et des anoma¬ lies locales qui pouvaient échapper aux prélèvements ponctuels. En outre, avec un équipement de prélè- vement de base unique, relativement simple, on peut ensuite utiliser toutes les techniques et matériels de mesure en continu de laboratoire qui sont beaucoup plus précis. Il n'est pas nécessaire de réaliser des développements spécifiques complexes des sondes comme cela est le cas lorsque l'on souhaite réaliser une sonde de mesure in situ.
Selon un second mode de réalisation qui peut être réalisé en parallèle avec le premier, l'ana¬ lyse du liquide prélevé est effectuée en différé, par au moins un appareil d'analyse, sur la base d'échantillons prélevés en continu à la sortie du tuyau sur au moins une fraction du débit et selon au moins un pas d'échantillonnage.
Selon ce procédé, lorsque le liquide est prélevé sur une fraction du débit, il est possible
de conserver une partie du débit pour les analyses en temps réel et une autre partie du débit pour les analyses en différé. Ainsi, lorsque pour un élément chimique donné, les techniques de mesure en continu et en temps réel ont une résolution ou une précision moins bonne que les techniques de mesures en différé, le couplage des deux techniques permet de détecter les anomalies locales par les mesures effectuées en temps réel et d'obtenir simultanément des valeurs précises en différé. En outre, l'échantillonnage étant effectué en continu, chaque échantillon est représentatif de la composition moyenne de l'inter¬ valle considéré.
Enfin, de façon avantageuse, on prévoit plusieurs dérivations à la sortie du tuyau afin d'ef¬ fectuer un échantillonnage selon des pas différents.
Ce procédé permet ainsi d'effectuer rapi¬ dement des mesures sur des échantillons prélevés selon des pas d'échantillonnage assez grands, puis lors de la détection d'une anomalie sur un pas d'échantillonnage donné, d'effectuer alors des analyses plus précises dans cette zone sur les échantillons de pas plus petits prélevés en parallèle.
L'invention concerne également une instal- lation de diagraphie chimique pour la mise en oeuvre du procédé qui vient d'être décrit. Selon les caracté¬ ristiques de l'invention, ce dispositif comprend :
- un tuyau présentant une ouverture d'entrée et muni de moyens moteurs permettant de le déplacer progressivement dans la masse de liquide à analyser,
- des moyens d'aspiration du liquide à analyser, ces moyens d'aspiration étant localisés sur le tuyau et permettant d'injecter le liquide aspiré à l'intérieur
dudit tuyau,
- des moyens de pompage, localisés sur ledit tuyau et permettant de faire remon¬ ter jusqu'à la surface, le liquide se trouvant dans le tuyau,
- des moyens d'alimentation en énergie des moyens d'aspiration et des moyens de pompage, et
- des moyens d'analyse du liquide recueilli, disposés en surface,
- des moyens de mesure et d'enregistrement en fonction du temps de la position de l'ouverture d'entrée du tuyau, et
- des moyens de mesure et d'enregistrement en fonction du temps du débit du liquide s'écoulant à l'intérieur du tuyau.
L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description suivante d'un mode de réalisation de l'invention donné à titre d'exemple illustratif et non limitatif, cette description étant faite en faisant référence aux dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 est un schéma représentant une vue d'ensemble de l'installation de diagraphie chimique permettant de réaliser le procédé selon l'invention,
- la figure 2 est un diagramme illustrant la dilution d'un créneau de traceur après circulation le long d'un tuyau de 100 m, en fonction du nombre de Reynolds de l'écoulement, - la figure 3A et B illustre les résultats d'un test de résolution, et
- la figure 4 est une courbe théorique illustrant un exemple de résultats qu'il est possible d'obtenir avec l'installation de diagraphie chimique selon l'invention.
L'installation de diagraphie chimique va maintenant être décrite plus en détail en faisant référence à la figure 1.
Cette installation comprend un tuyau 1, enroulé sur un treuil 3. Ce treuil est équipé de moyens moteurs permettant d'enrouler ou de dérouler le tuyau 1 et donc de le descendre ou de le remonter à l'intérieur d'un forage, par exemple, comme cela est représenté en figure 1. Le treuil 3 comprend également un connecteur tournant hydraulique permet¬ tant de relier le tuyau 1 à une canalisation de surfa¬ ce. Ce tuyau 1 présente à l'une de ses extrémités, une ouverture d'entrée 4 ; il est équipé d'une sonde de prélèvement 5 placée au niveau de cette ouverture d'entrée. L'installation de diagraphie comprend en outre des moyens de mesure 7 de la longueur de tuyau 1 plongé dans le forage, ainsi qu'un débitmètre élec¬ tromagnétique 9, placé à la sortie du tuyau 1.
Les moyens de mesure 7 permettent donc de mesurer ce qu'en termes de diagraphie, on appelle la "cote profondeur", c'est-à-dire la position de l'ouverture d'entrée 4 du tuyau 1. Ces moyens de mesure 7 comprennent une poulie de circonférence connue (poulie métrique) entraînée par le tuyau 1 et dont on compte les tours par codeur optique. On pourrait également utiliser d'autres moyens de mesure de la profondeur, tel qu'un manomètre. On prévoit enfin en aval du débitmètre 9, des moyens d'analyse du liquide recueilli, disposés en surface, généralement dans un laboratoire et référencés de manière générale 11. Les moyens de mesure 7, le débitmètre 9 et les moyens d'analyse 11 sont, en outre, connectés à un ordinateur central 13, comme cela est schématisé par les doubles flèches. Cet ordinateur 13 comprend une horloge interne permettant
de mesurer et d'enregistrer le temps (t).
La sonde de prélèvement 5 comprend une enveloppe sensiblement cylindrique 15 reliée à son extrémité aval ou extrémité supérieure, au tuyau 1, par des moyens de fixation 17. De façon avanta¬ geuse, la sonde 5 présente à son extrémité amont ou extrémité inférieure, un filtre d'entrée 19. Ce filtre n'est généralement pas nécessaire lorsqu'on effectue des prélèvements en mer. A l'intérieur de cette enveloppe 15, sont disposées au moins une pompe 21, (ici dans l'exemple représenté, trois pompes, reliées entre elles).
Chaque pompe 21 assure simultanément la fonction d'aspiration du liquide 23 dans lequel la sonde de prélèvement 5 est plongée et la fonction de pompage permettant de faire remonter le liquide 23 aspiré à l'intérieur du tuyau 1, jusqu'à la surface où ce liquide sera ultérieurement analysé. L'aspi¬ ration se fait au niveau de l'ouverture d'entrée 4 de la sonde ou plus précisément de son filtre d'en¬ trée 19.
La ou les pompes 21 sont alimentées par des moyens constitués par exemple, par des batteries internes, ou depuis la surface par un câble, ou encore, dans le module de réalisation préféré de l'invention, par un câble unique regroupant les fonctions de tuyau 1, de câble porteur et de câble d'alimentation électrique. Dans ce cas, le connecteur hydraulique du treuil 3 est en outre électrique. Pour des raisons de simplification de la figure 1, ce câble (ou tuyau 1) a été schématisé.
La sonde de prélèvement 5 ne sera pas décrite plus en détail, d'une part, parce que ses caractéristiques ne sont pas limitatives de l'inven- tion et d'autre part, parce qu'un homme du métier
saura aisément réaliser une telle sonde permettant d'effectuer les prélèvements souhaités.
Dans le mode de réalisation qui vient d'être décrit, les moyens de pompage et d'aspiration du liquide sont confondus en une seule et même pompe 21 placée à l'intérieur de la sonde 5 de prélèvement. Toutefois, on pourrait prévoir dans des variantes de réalisation non représentées sur la figure 1, de séparer la pompe 21 en deux parties, une première partie permettant l'aspiration du liquide 23 à ana¬ lyser afin de l'injecter à l'intérieur du tuyau 1 et une deuxième partie permettant de faire remonter jusqu'à la surface, le liquide 23 se trouvant dans ce tuyau 1. Dans ce cas, on peut également placer la partie de pompage, à la surface et la partie d'aspiration dans l'eau, à l'extrémité 4 du tuyau 1.
Par ailleurs, dans le mode de réalisation préféré de l'invention, la sonde de prélèvement 5 est placée à l'extrémité du tuyau 1. Toutefois, on pourrait également prévoir de placer cette sonde 5 sur une partie médiane du tuyau 1, voire même en surface. Seul le tuyau 1 se déplacerait alors dans le profil à analyser. Comme illustré en figure 1, les moyens d'analyse 11 du liquide recueilli comprennent une canalisation 25 reliant la sortie du débitmètre 9 à un débitmètre de contrôle 27. Une canalisation 29, formant une dérivation depuis la canalisation 25 relie cette dernière à une pompe 31 permettant de remettre le liquide sous pression avant de l'en¬ voyer vers les autres appareils. Un filtre 33 est placé en série en aval de cette pompe 31. Une canali¬ sation 35 relie ce filtre 33 à un manomètre de contrô- le 37 puis à un second débitmètre de contrôle 39.
Un appareil d'échantillonnage 41 est connecté par une dérivation 43 à la canalisation 35. Un appareil d'analyse 45 de la concentration de l'élément chimique recherché est également relié par une dérivation 47 à la canalisation 35. Cet appareil d'analyse 45 est également relié à un troisième débitmètre de contrôle 49. Des vannes de régulation de débit 51 sont prévues, respectivement, entre l'appareil d'échantillonnage 41 ou l'appareil d'analyse 45 et la canalisation 35.
Comme illustré en figure 1, on peut prévoir deux appareils d'analyse 45 de la concentration d'élé¬ ments chimiques donnés. Toutefois, le nombre d'ap¬ pareils d'échantillonnage 41 ou d'appareils d'analyse 45 n'est pas une caractéristique limitative de l'invention.
Au cours de son transport dans l'instal¬ lation, l'eau prélevée à une pression in situ initiale est dans un premier temps soumise à une surpression (dans le cas d'un pompage immergé), puis ramenée progressivement à pression atmosphérique, ou ' même en dépression si le dispositif fonctionne par aspira¬ tion. Cette baisse de pression progressive, accompa¬ gnée des turbulences de l'écoulement, est propice au dégazage des gaz éventuellement dissous dans l'eau prélevée.
Dans un mode de réalisation non représenté, il serait également possible de mettre en place un système de collecte et d'échantillonnage de ces gaz en surface (cloche de récupération des gaz et système de transfert) .
L'utilisation de cette installation de diagraphie chimique, ainsi que le procédé selon l'in¬ vention vont maintenant être décrits en détail. Le procédé selon l'invention consiste.
contrairement à ce qui se faisait dans l'art anté¬ rieur, à effectuer un prélèvement en continu du liqui¬ de 23 à analyser, en déplaçant progressivement (généralement à vitesse constante) à l'intérieur du liquide 23, le tuyau 1 dont l'extrémité est munie de la sonde de prélèvement 5. Généralement, ce prélèvement est effectué sur un profil vertical, et dans ce cas, on déplace le tuyau 1 et la sonde 5 verticalement de haut en bas afin que le liquide 23 soit prélevé "au repos". En effet, si l'on effectue le prélèvement de bas en haut, le liquide 23 prélevé peut avoir été brassé par le passage du tuyau. Néanmoins, dans certains cas spécifiques, il est tout à fait envisageable d'effectuer un prélèvement en remontant la sonde 5. Ainsi, dans un forage non tube, la descente d'une sonde à vitesse régulière est parfois contrariée par le fait que la sonde se pose sur les irrégularités de la paroi, tandis que la remontée de la sonde ne pose pas de problèmes. De façon générale, le profil investigué peut être vertical, incliné ou même horizontal, le dispositif pouvant être remorqué à profondeur constan¬ te derrière un bateau, par exemple. En outre, ce profil n'est pas nécessairement rectiligne. Le liquide 23 aspiré par la sonde de prélè¬ vement 5 est renvoyé à l'intérieur du tuyau 1 jusqu'à la surface vers le débitmètre 9 et les moyens d'ana¬ lyse 11.
On mesure grâce aux moyens de mesure 7, la position de l'ouverture d'entrée 4 du tuyau 1 lorsque la sonde 5 est descendue à l'intérieur du forage. Par la dérivée par rapport au temps de cette information, on obtient la vitesse de déplacement Vd de l'ouverture d'entrée 4. On mesure également la vitesse moyennne VI du déplacement du liquide
23 à l'intérieur du tuyau 1 grâce au débitmètre 9. Enfin, on mesure le volume mort du tuyau 1 qui est une valeur constante pour une installation donnée. Le tuyau 1 est en permanence rempli de liquide même lorsque l'on n'effectue pas de mesure. Lorsque l'on plonge le tuyau 1 dans le liquide 23 et que l'on démarre les mesures, on commence par faire remonter dans les moyens d'analyse 11 un volume de liquide, présent initialement dans ce tuyau et appelé volume mort et dont la valeur correspond au produit de la section du tuyau, par sa longueur.
La totalité de ces mesures permet de faire correspondre à chaque valeur d'analyse déterminée pour un échantillon donné, la profondeur à laquelle le prélèvement de cet échantillon a été effectué. Les calculs sont généralement effectués par 1'ordi¬ nateur 13 qui réalise en permanence les tâches suivantes :
- enregistrement des données fournies par les moyens de mesure 7 (cote de profondeur), par le débitmètre 9 et par les moyens d'analyse 11,
- détermination de la cote de prélèvement correspondant à l'analyse en cours au temps (t).
Pour déterminer cette cote, on procède ainsi :
- on calcule le temps de travail ( A t ) dans le dispositif en fonction des débits effectivement enregistrés dans la période précédant l'analyse, et - on recherche la cote occupée par l'extrémité du tuyau au temps (t~Δt), à partir des cotes de profondeur enregistrées.
La qualité des résultats obtenus dépend d'une part de la dispersiyité de l'écoulement dans le tuyau 1 entre le point de prélèvement et le point
d'analyse et/ou d'échantillonnage et d'autre part du coefficient d'échantillonnage.
On a pu observer que la dispersivité de l'écoulement du liquide remontant dans le tuyau 1 à tendance à entraîner au cours du trajet, un mélange des eaux d'origine voisine et à introduire un lissage du profil chimique obtenu par rapport au profil chimi¬ que réel. Cette fonction de dispersivité dépend principalement du régime d'écoulement à l'intérieur du tuyau 1 et de la longueur de ce dernier.
L'influence du régime d'écoulement a été mise en évidence par des essais en laboratoire consistant à mesurer la dilution subie par un créneau de traceur circulant dans un tuyau, pour différents diamètres de tuyau et pour différentes conditions d'écoulement. Les résultats présentés en figure 2 ont été obtenus dans les conditions expérimentales suivantes :
- longueur du tuyau : 100 m, - longueur du créneau de traceur introduit à l'origine : 80 cm à une concentration CO,
- concentration maxima mesurée en sortie Cl, - eau douce, 20°C.
Sur la figure 2, on a représenté en abscisse le nombre de Reynolds,
![Figure imgf000016_0001](https://patentimages.storage.googleapis.com/7f/00/cd/1c8a37b58ac6f2/imgf000016_0001.png)
, avec Vf≈vitesse moyenne du fluide dans le tuyau, D≈diamètre du tuyau, f> = densité du fluide, ≈viscosité du fluide). Ce nombre sans dimension indique le type d'écoulement : laminaire (Re<2000), turbulent hydrauliquement lisse (4000<Re<100 000), ou intermédiaire. On a représenté en ordonnée la dilution correspondant à C0/C1. La courbe A correspond aux résultats obtenus pour un tuyau d'un diamètre de 6 mm, et la courbe B pour
un tuyau d'un diamètre de 4 mm. La dispersivité de l'écoulement, mise en évidence par la dilution du créneau expérimental, est forte en régime d'écoulement laminaire, mais elle est limitée en régime turbulent. En conséquence, on s'arrangera pour maintenir de préférence, à l'intérieur du tuyau 1, un régime d'écoulement de type turbulent, de façon à éviter cette dispersivité. Cet écoulement turbulent sera obtenu par des dimensions correctes du tuyau 1 ou par l'adaptation des caractéristiques des moyens de pompage 21. Enfin, on notera que pour un débit et un diamètre de tuyau donné et pour un rapport de densité à viscosité constant, la dispersivité augmente avec la longueur du tuyau. Le coefficient d'échantillonnage est défini par le rapport entre la vitesse moyenne VI de dépla¬ cement du liquide 23 aspiré et circulant à l'intérieur du tuyau et la vitesse de déplacement Vd de l'ouver¬ ture d'entrée 4 du tuyau 1. L'augmentation du coef- ficient d'échantillonnage (par diminution de-Vd ou par augmentation de VI), limite la dispersivité. En pratique, la réduction de Vd est limitée par la longueur du profil à analyser et par le temps que l'on souhaite consacrer à la mesure, tandis que l'augmentation de VI est liée aux moyens de pompage.
A titre d'exemple, dans les conditions "normales" d'exploitation, Vd peut varier entre 1 et 10 m par in et VI entre 40 et 100 m par min. En conséquence, ce coefficient d'échantillonnage est compris entre 4 et 100.
La résolution spatiale est ultérieurement optimisée par l'ordinateur 13 en ajustant ces para¬ mètres et en traitant de façon mathématique les don¬ nées (déconvolution). A titre, d'exemple purement illustratif
et pour une application nécessitant une longueur de tuyau de 600 mètres, les valeurs suivantes ont été évaluées puis testées en laboratoire et sur le terrain (en forage, sur 600 m de profondeur), afin d'avoir simultanément une faible dispersivité et un bon coefficient d'échantillonnage :
- diamètre intérieur du tuyau : 4 mm,
- débit à l'intérieur du tuyau : environ 15 cm-Vs, correspondant à une vitesse de déplacement du liquide à l'intérieur du tuyau d'environ 1 m/s,
- pression d'injection de la pompe 21 : 40.105Pa,
- vitesse de déplacement de l'ouverture d'entrée du tuyau : 10 cm/s,
- nombre de Reynolds de l'écoulement : 5000.
Dans ce cas, on obtient un coefficient d'échantillonnage de 10. Des tests de résolution spatiale obtenus dans ces conditions sont représentés en figure 3. On a injecté à l'entrée du dispositif des créneaux de marqueur pendant différentes durées (5 ; 2,5 ; 1 et 0,5 minutes), correspondant à une longueur de déplacement de l'ouverture du tuyau, (respectivement 30 ; 15 ; 6 et 3 mètres). La concentration d'origine est de 100%, (voir la partie A de la figure 3). On observe ensuite le signal de concentration en sortie du dispositif, (voir la partie B de la figure 3, signal en trait plein). Le signal de sortie est décalé dans le temps (temps de transit moyen dans le tuyau : 9 minutes) . On constate que les trois premiers créneaux de marqueur (durée d'au moins 1 minute) présentent en sortie leur concentration d'origine. Le créneau de 30 secondes atteint en
sortie du dispositif une concentration axima égale à 70% de sa concentration d'origine. On constate donc que même une anomalie locale (pollution) sur quelques mètres peut être détectée. On a pu constater que lorsque le diamètre du tuyau est inférieur à 4 mm, on a de fortes pertes de charge et qu'il faut utiliser une pompe plus puis¬ sante, donc éventuellement plus volumineuse et/ou plus coûteuse. Par ailleurs, lorsque la longueur du tuyau est supérieure à 600 m, il faut également une pompe plus importante ou une vitesse de descente du tuyau plus lente. En outre, l'encombrement sur le treuil sera plus important.
Après avoir effectué ces prélèvements, il est ensuite possible de réaliser l'analyse du liquide prélevé. Cette analyse peut se faire soit en temps réel, soit en temps différé. Dans le cas d'une analyse en temps réel, on place un appareil d'analyse 45 en série sur la canalisation 25 amenant le liquide recueilli dans le tuyau 1. Il est possible d'effectuer une mesure sur une partie seulement du débit et de relâcher vers l'extérieur le reste du liquide prélevé. Le type de ces appareils d'analyse est fonction de la nature de 1'élément chimique que l'on souhaite analyser. A titre d'exemple purement illustratif, ces appareils d'analyse peuvent compren¬ dre un fluorimètre, des électrodes spécifiques d'ions ou un appareil de mesure de la conductivité (salinité) . Lorsque l'analyse est effectuée en différé, il est nécessaire de prélever des échantillons à la sortie du tuyau 1 grâce à l'appareil d'échantil¬ lonnage 41. Cet appareil 41 permet de réaliser des échantillons selon un pas d'échantillonnage donné. En d'autres termes, on prélève à la sortie du tuya
1, un volume donné de liquide correspondant à une hauteur de liquide 23 dans la colonne de liquide analysée. Par exemple, dans un forage d'une pro¬ fondeur de 600 m, on peut réaliser 20 échantillons correspondants au volume de liquide ou à une partie de celui-ci, recueilli sur 30 m de profondeur. On peut également sur une dérivation du tuyau 1 réaliser un échantillonnage d'un pas différent. Par exemple, on peut réaliser 40 échantillons correspondants à 15 m de la colonne de liquide à analyser. Ainsi, on peut commencer à effectuer une première analyse sur la totalité des 20 premiers échantillons, et lorsque l'on détecte une anomalie, correspondant à une profondeur donnée, on effectue alors une analyse plus précise sur quelques uns des 40 échantillons correspondant à une hauteur de colonne d'eau de 15 m seulement.
La figure 4 illustre un exemple de courbe théorique qu'il est possible d'obtenir par le procédé selon l'invention et représentant la concentration (C) d'un produit en fonction de la profondeur (P) du prélèvement.
On peut observer une courbe en trait plein correspondant au profil mesuré et une courbe en traits mixtes correspondant au profil réel. On constate donc un certain lissage des valeurs mais toutefois une anomalie peut quand même être détectée précisé¬ ment. Ici, par exemple on peut observer un pic, certes moins important que le pic réel, entre 30 et 40 m de profondeur. Le technicien peut alors ultérieurement recommencer une série de mesures au niveau de ces valeurs ou utiliser des échantillons d'un pas plus petit.
Par ailleurs, on notera qu'il est également possible avec cette installation et ce procédé de
mesurer des vitesses de circulation de liquide in situ par le suivi d'un traceur, par exemple un traceur coloré ou chimique. Le dispositif selon l'invention peut d'ailleurs servir à mettre en place le traceur, par injection depuis la surface. Le dispositif doit alors être légèrement modifié.