La présente invention concerne une tige humérale de prothèse d'épaule, et un ensemble formé par cette tige et par un élément de reconstruction apte à être assemblé à cette tige. La réparation d'une articulation de l'épaule fracturée implique généralement la mise en place d'une prothèse totale incluant une tige médullaire, destinée à être ancrée dans le canal médullaire de l'humérus, et un implant d'omoplate, destiné à être ancré sur l'omoplate. L'implantation de la tige humérale nécessite une coupe proximale de l'humérus selon un plan incliné ; classiquement, l'inclinaison du plan de cette coupe est tel que la perpendiculaire à ce plan forme un angle d'environ 155° avec l'axe de la diaphyse humérale. Il s'avère qu'une telle coupe a pour inconvénient d'éliminer une part importante d'os sur le côté latéral extérieur de celui-ci, au niveau des tubérosités. Cette coupe a également pour inconvénient de générer des sollicitations notables sur l'implant ancré sur l'omoplate (phénomène dit "d'encoche" ou "notch" en anglais) avec risque de descellement ou de luxation. La présente invention a pour objectif de remédier à ces inconvénients. La tige humérale concernée comprend, de manière connue en soi, une portion métaphysaire élargie et une portion diaphysaire effilée. Selon l'invention, ladite portion métaphysaire est évasée sur l'ensemble de son pourtour et forme une corolle proximale sensiblement circulaire, cette corolle étant, sur le côté externe de la tige humérale, raccordée à la portion métaphysaire par une paroi arrondie convexe et, sur le côté interne de la tige humérale, raccordée à la portion métaphysaire par une paroi en creux, formant un rebord interne d'appui osseux, ladite corolle étant en outre délimitée du côté proximal par une face proximale plane et inclinée, dont l'inclinaison est telle qu'une perpendiculaire à cette face forme un angle de 142° à 148° avec l'axe de la portion diaphysaire de la tige humérale. Cette forme spécifique de la portion métaphysaire de la tige humérale permet l'obtention d'une parfaite assise de la tige humérale dans l'humérus, tant du côté interne que du côté externe, ce qui rend possible d'opérer une coupe proximale de l'humérus selon un plan de même inclinaison que la face proximale de la tige humérale, c'est-à-dire avec une inclinaison telle qu'une perpendiculaire à cette face forme un angle de 142° à 148° avec l'axe de la diaphyse humérale. Cet angle de coupe permet une conservation suffisante d'os sur le côté latéral extérieur de l'humérus. De plus, cet angle de coupe permet une latéralisation suffisante de l'humérus pour limiter fortement les sollicitations générées sur l'implant ancré sur l'omoplate ainsi que le risque de luxation de l'articulation prothétique. De préférence, ladite inclinaison est telle qu'une perpendiculaire à ladite face proximale forme un angle de 145° avec l'axe de la portion diaphysaire de la tige humérale. La tige humérale précitée fait avantageusement partie d'un ensemble incluant un élément de reconstruction métaphysaire externe, apte à être assemblé à la tige humérale, sur son côté proximal externe, cet élément de reconstruction incluant une paroi latérale arrondie qui s'étend, après assemblage, sur une large portion externe de ladite corolle, le long de ladite paroi arrondie convexe raccordant cette corolle à ladite portion métaphysaire, à proximité immédiate de cette paroi arrondie convexe. Cet élément de reconstruction est donc destiné à se trouver, lorsque ledit ensemble est mis en place sur un humérus, sur la partie externe de cet humérus, en regard des tubérosités. Sa paroi latérale arrondie forme un large support de remise en place des tubérosités, permettant un repositionnement précis et stable de ces dernières et éliminant tout risque de déplacement des tubérosités vers l'intérieur de l'humérus avant que cet os, ainsi réparé, ne soit consolidé. En outre, la proximité immédiate de cet élément de reconstruction et de ladite paroi arrondie convexe permet de conserver une bonne assise de la prothèse par rapport à l'os.
De préférence, ledit élément de reconstruction est dimensionné de telle sorte qu'il s'étend après assemblage sur environ la moitié latérale externe de cette tige humérale. Cet élément de reconstruction offre ainsi une surface d'appui importante pour les tubérosités.
De préférence, ledit élément de reconstruction est dimensionné de manière à ce que son bord supérieur vienne, après assemblage, à proximité immédiate de ladite paroi arrondie convexe. Après assemblage, l'élément de reconstruction est ainsi parfaitement intégré à la tige humérale.
Selon une possibilité, l'élément de reconstruction est en un matériau plein poreux, apte à être colonisé par les cellules osseuses en croissance, notamment en un matériau osteoconducteur ou inducteur et/ou biorésorbable. Selon une autre possibilité, cet élément de reconstruction présente un fond et une paroi latérale reliés l'un à l'autre, ayant une épaisseur comprise entre 0,1 et 1 mm, ce fond et/ou cette paroi latérale comprenant des ouvertures, mailles ou ajours mettant en communication sa face extérieure avec sa face intérieure. L'élément de reconstruction forme ainsi une cage apte à recevoir un greffon entre lui et la paroi de ladite portion métaphysaire de la tige humérale, ce greffon permettant une réintégration des tubérosités par croissance des cellules osseuses au travers des ouvertures, mailles ou ajours que comprend ledit fond et/ou ladite paroi latérale. Avantageusement, ledit fond et/ou ladite paroi latérale sont en un matériau malléable, notamment métallique.
L'élément de reconstruction peut ainsi être déformé selon les besoins, en particulier selon la conformation de son site osseux de réception. Dans le même but, ladite paroi latérale peut comprendre au moins une saignée s'étendant depuis son bord supérieur jusqu'à proximité dudit fond, cette saignée divisant la paroi latérale en au moins deux portions aptes à être déformées de manière indépendante l'une de l'autre. De préférence, - l'élément de reconstruction comprend une patte inférieure percée d'un trou ; - la tige humérale comprend une cavité débouchant dans sa face extérieure et s'étendant à l'intérieur d'elle, destinée à recevoir ladite patte à l'intérieur d'elle de manière ajustée, et un logement axial communiquant avec cette cavité, le trou de ladite patte inférieure étant agencé de manière à venir, en position d'assemblage, en coïncidence du logement axial que comprend la tige humérale, et - ledit ensemble comprend un organe formant broche, apte à être engagé au travers de ce trou et de ce logement de manière à immobiliser l'élément de reconstruction par rapport à la tige humérale. Cette structure d'assemblage est ainsi située en dessous de ladite corolle que forme la portion proximale de la tige humérale, et n'interrompt donc pas la continuité de cette corolle sur l'ensemble du pourtour de la tige humérale. Elle permet de réaliser facilement et rapidement le montage de l'élément de reconstruction sur cette tige humérale. Ledit logement axial peut notamment être taraudé et ledit organe formant broche peut notamment être sous forme d'une vis. L'invention sera bien comprise, et d'autres caractéristiques et avantages de celle-ci apparaîtront, en référence au dessin schématique annexé, qui représente une forme de réalisation non limitative de la tige humérale et de l'ensemble tige humérale - élément de reconstruction concernés. La figure 1 est une vue de la tige humérale en perspective ; la figure 2 en est une vue en perspective sous un autre angle ; la figure 3 en est une vue de côté, par son côté interne ; la figure 4 en est une vue en coupe longitudinale médiane, passant par l'axe de sa partie diaphysaire ; la figure 5 est une vue de l'élément de reconstruction en perspective ; la figure 6 en est une vue en perspective sous un autre angle ; la figure 7 en est une vue de dessus ; la figure 8 est une vue de la tige humérale de côté, par son côté interne, avec l'élément de reconstruction monté sur elle ; la figure 9 en est une vue similaire, par son côté externe ; la figure 10 en est une vue de dessus ; la figure 11 en est une vue de côté, par son côté antérieur, après mise en place sur un humérus et avant mise en place sur elle de l'élément articulaire formant la surface articulaire humérale ; cette figure montre également l'élément articulaire de l'implant d'omoplate ; la figure 12 est une vue similaire à la figure 11, après mise en place sur la tige humérale de l'élément formant la surface articulaire humérale et venue en contact de l'élément articulaire de l'implant d'omoplate avec cet élément articulaire huméral ; et la figure 13 est une vue de l'humérus tel que réséqué, avant mise en place de la prothèse. Les figures représentent 11 et 12 représentent une prothèse d'épaule 1 comprenant une tige humérale 2 mise en place sur un humérus 100 fracturé au niveau des tubérosités 101, un élément de reconstruction 3 assemblé à la tige 2, un élément articulaire 4 formant la surface articulaire humérale 4a, et un élément articulaire 5 destiné à être fixé à l'omoplate de l'articulation à restaurer. La surface articulaire 4a est en creux dans l'exemple représenté, la prothèse d'épaule 1 étant une prothèse dite "inversée". La tige humérale 2 est en un matériau rigide biocompatible, notamment en un alliage de titane. Comme le montrent plus particulièrement les figures 1 à 4, elle comprend une portion métaphysaire 2a évasée sur l'ensemble de son pourtour et une portion diaphysaire 2b effilée, la portion métaphysaire 2a étant destiné à prendre appui sur la partie métaphysaire de l'humérus 100, dûment réséquée (cf. figure 13), et la portion diaphysaire 2b étant destinée à être insérée dans le canal médullaire de cet humérus 100 (cf. figures 11 et 12). La portion métaphysaire 2a forme une corolle proximale 10 sensiblement circulaire, raccordée, sur le côté externe de la tige humérale 2, à la portion métaphysaire 2a par une paroi arrondie convexe 10a et raccordée, sur le côté interne de cette tige humérale 2, à la portion métaphysaire 2a par une paroi en creux 10b, formant un rebord interne d'appui osseux. La corolle 10 est creuse intérieurement et délimite un logement proximal 11, circulaire et légèrement conique, de réception avec frottement d'un plot d'assemblage 4b solidaire de l'élément articulaire 4. En dessous de ce logement proximal 11, la tige humérale 2 comprend un logement distal axial 12, communiquant avec une cavité 13 qui débouche sur son côté externe, en dessous de la paroi arrondie convexe 10a. La cavité 13 inclut une rainure transversale 14 s'étendant jusqu'au-delà du périmètre de la partie inférieure du logement 12, laquelle partie inférieure est sous forme d'un alésage lisse et légèrement conique. Comme cela se comprend en référence aux figures 5 à 10, la cavité 13 et la rainure 14 sont destinées à recevoir, de manière ajustée, une patte de montage 20 que comprend l'élément de reconstruction 3, cette patte de montage 20 étant percée d'un trou qui, en position de montage de l'élément de reconstruction 3 sur la tige humérale 2, vient en coïncidence dudit alésage formé par la partie inférieure du logement 12. Une broche (non représentée) est alors apte à être engagée étroitement au travers du trou de la patte de montage et dans cet alésage de manière à assurer le montage et l'immobilisation de l'élément de reconstruction 3 par rapport à la tige humérale 2. La corolle 10 est délimitée du côté proximal par une face proximale 10c, plane et inclinée, dont l'inclinaison est telle qu'une perpendiculaire P à cette face 10c forme un angle de 145° avec l'axe A de la portion diaphysaire 2b de la tige humérale 2 (cf. figures 11 et 12). La tige humérale 2 est en outre percée transversalement d'un trou 16 la traversant de part en part, situé sur le côté interne de sa portion métaphysaire 2a ; 30 dans l'exemple représenté, ce trou 16 débouche dans ce côté interne. En référence aux figures 5 à 7, il apparaît que l'élément de reconstruction 3 comprend, outre la patte 20, une paroi latérale arrondie 21 et un fond 22. L'ensemble est réalisé en un matériau métallique malléable biocompatible, d'une épaisseur de l'ordre de 0,5 mm.
La paroi latérale arrondie 21 présente une large ouverture externe 25, une pluralité d'ouvertures 26 plus petites et deux saignées 27 s'étendant depuis son bord supérieur jusqu'à proximité du fond 22. Ces saignées 27 divisent la paroi latérale 21 en au moins trois portions aptes à être déformées de manière indépendante les unes des autres. Le fond 22 est quant à lui formé par une paroi oblique attenante à la portion externe de la paroi 21, dont est solidaire la patte 20, et par des pattes inférieures transversales solidaires des autres portions de cette paroi 21. Il apparaît sur les figures 8 à 12 qu'après assemblage à la tige 2 de la manière précitée, l'élément de reconstruction 3 s'étend sur environ la moitié latérale externe de cette tige humérale 2, offrant ainsi une surface d'appui importante pour les tubérosités 101, et que son bord supérieur vient à proximité immédiate de ladite paroi arrondie convexe 10a de la corolle 10. Cet élément de reconstruction 3 forme ainsi une cage apte à recevoir un greffon entre lui et la paroi de la portion métaphysaire 2a, permettant une réintégration des tubérosités 101 par croissance des cellules osseuses au travers des ouvertures 25 et 26 que comprennent la paroi latérale 21 et le fond 22. L'élément articulaire 4 est réalisé en une seule pièce de matériau favorisant le glissement, notamment en polyéthylène à haute densité. Outre le plot d'assemblage 4b, il comprend un corps 4c dimensionné pour recouvrir l'ensemble de la face proximale 10c de la corolle 10. L'élément articulaire 5 est également réalisé en un matériau favorisant le glissement, notamment en polyéthylène à haute densité. Il comprend une partie bombée 5a, dite "glénosphère", formant une surface articulaire apte à coopérer avec la surface articulaire 4a, et une embase 5b d'assemblage à une embase d'ancrage osseux (non représentée). Comme cela apparaît de ce qui précède, l'invention fournit une tige humérale 2 et un ensemble formé par cette tige 2 et par l'élément de reconstruction 3, qui présentent les avantages déterminants suivants : - la tige humérale 2, de par la forme spécifique de sa portion métaphysaire 2a, a une parfaite assise dans le canal médullaire de l'humérus 100, tant du côté interne que du côté externe, ce qui rend possible d'opérer une coupe proximale de l'humérus selon un plan de même inclinaison que la face proximale 10c, soit 145° dans l'exemple représenté ; ainsi que le montre la figure 13, cet angle de coupe permet une conservation suffisante d'os sur le côté latéral extérieur de l'humérus 100 ; par la latéralisation de l'humérus 100 qu'il permet, il limite les sollicitations générées sur l'implant ancré sur l'omoplate, de même que le risque de luxation de l'articulation prothétique ; - la paroi latérale 21 de l'élément de reconstruction 3 forme un large support de remise en place des tubérosités 101, permettant un repositionnement précis et stable de ces dernières et éliminant tout risque de déplacement des tubérosités 101 vers l'intérieur de l'humérus 100 avant qu'il ne soit consolidé ; - la paroi latérale 21 est malléable de manière à pouvoir être adaptée à la forme spécifique du site osseux concerné ; - la proximité immédiate de la paroi 21 et de la paroi 10a permet de conserver bonne assise de la prothèse par rapport à l'os lorsque l'élément de reconstruction 3 est utilisé ; - cet élément de reconstruction 3 forme une cage apte à recevoir un greffon entre lui et la paroi de la portion métaphysaire 2a, permettant une réintégration des tubérosités 101 par croissance des cellules osseuses au travers des ouvertures 25 et 26 ; - la structure d'assemblage de l'élément 3 à la tige 2 (cavité 13, rainure 14, patte 20) est située en dessous de la corolle 10, et n'interrompt donc pas la continuité de cette dernière sur l'ensemble du pourtour de la tige humérale 2.
L'invention a été décrite ci-dessus en référence à une forme de réalisation fournie à titre d'exemple. Il va de soi qu'elle n'est pas limitée à cette forme de réalisation mais qu'elle s'étend à toutes les autres formes de réalisations couvertes par les revendications annexées.