VERRE OPHTALMIQUE PROGRESSIF A INSET PERSONNALISE La présente invention
concerne un procédé de réalisation d'un verre ophtalmique progressif à inset personnalisé, ainsi qu'un verre ophtalmique progressif du type obtenu par un tel procédé. Un verre ophtalmique progressif, ou PAL pour Progressive Addition Lens en anglais, possède une puissance optique qui varie progressivement le long d'une ligne sur la surface de ce verre, appelée ligne méridienne. La ligne méridienne relie un point de vision de loin du verre, auquel la puissance optique et l'astigmatisme du verre sont adaptés pour corriger la vue d'un porteur en vision de loin, à un point de vision de près auquel la puissance optique est adaptée pour corriger la vue du porteur en vision de près. Dans un verre ophtalmique progressif, le point de vision de près est décalé horizontalement par rapport à une droite verticale qui passe par le point de vision de loin, lorsque le verre est dans une position d'utilisation par un porteur de celui-ci. Ce décalage, qui est en direction du côté nasal du verre, est appelé couramment inset. Il dépend de la puissance optique du verre, de la variation de convergence du regard du porteur entre les visions de loin et de près, de la distance d'observation d'un objet, de la déviation prismatique du verre et de la distance oeil-verre, notamment. La figure la indique les positions des points de vision de loin et de près d'un verre ophtalmique 100, respectivement notés VL et VP, la croix de montage, notée CM, la ligne méridienne, notée LM, et l'inset, noté ln. La figure 1 b est une vue de profil du verre 100, qui montre la face antérieure de celui-ci, qui est convexe et référencée S0, et sa face postérieure concave S1. Couramment, un verre ophtalmique qui est adapté à la vision d'un porteur est obtenu à partir d'un verre semi-fini qui est fabriqué en grande série, et qui a une face antérieure définitive. Cette face antérieure peut être progressive. Autrement dit, la face antérieure du verre semi-fini possède des valeurs locales de sphère moyenne et de cylindre qui varient entre des points différents de cette face. La face postérieure du verre semi-fini est utilisée pour -2- adapter la correction ophtalmique à l'amétropie du porteur. Pour cela, elle est usinée en reprise conformément à une prescription qui est établie pour le porteur. De façon courante, la face postérieure du verre final est de forme simple : elle possède des valeurs uniformes de sphère moyenne et de cylindre qui, en combinaison avec la face antérieure, confèrent au verre des caractéristiques optiques conformes à la prescription. Le verre semi-fini est sélectionné parmi plusieurs modèles standards, en fonction d'une valeur de cambrure de la face antérieure au point de vision de loin et d'une valeur d'addition. En fonction de ces deux valeurs, la face antérieure d'un verre semi-fini progressif présente une valeur d'inset fixe, qui est aussi appelée valeur d'inset de série. Elle est déterminée pour des conditions moyennes d'utilisation du verre et est réalisée lors du moulage du verre semi-fini. Or, il est aussi connu d'adapter la valeur d'inset d'un verre progressif en fonction du porteur auquel le verre est destiné, notamment pour réduire une éventuelle période d'accoutumance du porteur à ce verre progressif. Une telle adaptation du verre est appelée personnalisation ( customisation en anglais) de la valeur d'inset. Elle peut être réalisée simplement en tournant le verre semi-fini autour de son axe optique, avant que la face arrière ne soit ajustée à la prescription et avant que le verre ne soit découpé aux dimensions d'une monture de paire de lunettes. La valeur d'inset peut ainsi être personnalisée, par l'intermédiaire de l'angle de rotation, en fonction de résultats de mesures effectuées sur le porteur. Mais alors toutes les caractéristiques du verre, y compris les variations d'astigmatisme en dehors des zones de vision de loin et de près, sont simultanément tournées. Il en résulte notamment une réduction de la largeur de la zone de vision de loin, évaluée selon une direction horizontale, qui peut être préjudiciable pour le confort du porteur. Un but de la présente invention consiste alors à proposer un procédé de réalisation d'un verre ophtalmique progressif à inset personnalisé, qui ne 3o présente pas les inconvénients cités ci--dessus. Un autre but consiste à proposer un procédé qui est compatible avec la réalisation d'un verre correcteur à partir d'un verre semi-fini progressif, dont la -3-face antérieure n'est pas modifiée en reprise. Pour cela, l'invention propose un procédé de réalisation d'un verre ophtalmique progressif qui comprend : - une face antérieure qui a une addition de puissance progressive entre un point de vision de loin et un point de vision de près du verre, et qui a une valeur d'inset de série, et - une face postérieure qui est adaptée pour réaliser, en combinaison avec la face antérieure, une correction de vue conforme à une prescription établie pour un porteur du verre, et qui est adaptée en outre pour conférer au verre une valeur d'inset apparente personnalisée pour le porteur, différente de la valeur d'inset de série de la face antérieure. Le procédé comprend les étapes suivantes : /a/ obtenir un verre semi-fini qui a la face antérieure à addition de puissance avec la valeur d'inset de série ; /b/ définir un verre fictif de cible comprenant une face antérieure qui possède une addition de puissance sensiblement égale à l'addition du verre à réaliser, et une face postérieure qui est adaptée pour que le verre fictif de cible corresponde à la correction de vue prescrite pour le porteur, la face antérieure du verre fictif de cible ayant en outre une valeur d'inset qui est sensiblement égale à la valeur d'inset apparente personnalisée ; /c/ par calcul, optimiser un verre fictif d'essai ayant, d'une façon fixe, la face antérieure du verre semi-fini, et ayant une face postérieure variable, de sorte que ce verre fictif d'essai ait des caractéristiques optiques qui sont sensiblement égales aux caractéristiques du verre fictif de cible ; et /d/ usiner la postérieure du verre semi-fini conformément à la face postérieure du verre fictif d'essai optimisé. Ainsi, dans un procédé selon l'invention, la face postérieure du verre est utilisée à la fois pour réaliser la prescription, et pour modifier la valeur apparente d'inset du verre, par rapport à la valeur d'inset de série de la face -4- antérieure du verre. La face postérieure est donc aussi utilisée pour personnaliser l'inset du verre. Pour cela, elle possède une forme généralement complexe. Autrement dit, les valeurs de sphère moyenne et de cylindre de la face postérieure varient entre des points différents de celle-ci.
La face antérieure du verre semi-fini n'est donc pas modifiée en reprise pour réaliser le verre fini à inset personnalisé, dans un procédé selon l'invention. Pour cette raison, la personnalisation de l'inset des verres ophtalmiques progressifs ne requiert pas d'augmenter le nombre de modèles de verres semi-finis progressifs, par rapport à une gamme de verres semi-finis qui sont distingués par leurs valeurs de cambrure et leurs valeurs d'addition. La forme de la face postérieure du verre qui doit être réalisée est déterminée par optimisation numérique. Une telle détermination peut être réalisée simplement et rapidement, en utilisant des moyens informatiques simples et couramment disponibles, tels qu'un ordinateur individuel.
En outre, un procédé selon l'invention permet de modifier l'inset d'un verre ophtalmique progressif, sans réduire les largeurs respectives des zones de vision de loin et de près, ou sans qu'une telle réduction soit significative. Un bon confort d'utilisation du verre est alors préservé. L'invention propose aussi un verre ophtalmique progressif tel qu'il peut être obtenu par un procédé tel que décrit précédemment. Dans un tel verre, la face postérieure est adaptée pour conférer à celui-ci une valeur d'inset apparente qui est différente de la valeur d'inset de la face antérieure, en plus de la fonction de la face postérieure pour conférer au verre des caractéristiques optiques prescrites.
D'autres particularités et avantages de la présente invention apparaîtront dans la description ci-après de trois exemples de mise en oeuvre non limitatifs, en référence aux dessins annexés, dans lesquels : - les figures la et 1b sont des vues en plan et de profil, respectivement, d'un verre ophtalmique progressif, qui indiquent certaines données géométriques ou optiques de ce verre ; - la figure 1c illustre le principe d'une fonction de cisaillement ; -5- - la figure 2a est un diagramme d'utilisation de données géométriques qui correspond à un premier mode de mise en oeuvre de l'invention ; - les figures 2b-2g sont des cartographies relatives à un verre ophtalmique progressif à inset personnalisé, réalisé en utilisant un procédé conforme 5 au mode de mise en oeuvre de la figure 2a ; - les figures 3a et 4a correspondent à la figure 2a, respectivement pour un deuxième et un troisième modes de mise en oeuvre de l'invention ; - les figures 3b-3k sont des cartographies relatives à un verre ophtalmique progressif à inset personnalisé, réalisé en utilisant un procédé conforme 10 au mode de mise en oeuvre de la figure 3a ; - les figures 4b-4i sont des cartographies relatives à un verre ophtalmique progressif à inset personnalisé, réalisé en utilisant un procédé conforme au mode de mise en oeuvre de la figure 4a ; et - les figures 5a-5b sont des cartographies d'un verre ophtalmique 15 progressif à inset personnalisé, réalisé en utilisant un procédé connu de l'art antérieur. Dans le cadre de l'invention, les termes suivants ont les significations indiquées ci-après : - axe optique du verre ophtalmique : direction perpendiculaire à la face 20 antérieure du verre et passant par le centre optique de celui-ci ; - zone de vision de loin : zone du verre qui entoure le point de vision de loin, et dans laquelle les caractéristiques optiques locales de puissance optique et d'astigmatisme du verre sont sensiblement identiques à celles au point de vision de loin ; 25 - zone de vision de près : zone du verre qui entoure le point de vision cle près, et dans laquelle les caractéristiques optiques locales de puissance optique et d'astigmatisme du verre sont sensiblement identiques à celles au point de vision de près ; - addition d'un verre progressif : différence entre la valeur de puissance 30 optique du verre au point de vision de près et celle au point de vision de loin ; -6- - caractéristiques optiques d'un verre : données de puissance optique, d'astigmatisme, d'aberration, etc., relatives aux modifications d'un faisceau lumineux qui traverse le verre ; - prescription : ensemble de caractéristiques optiques de puissance optique, d'astigmatisme et éventuellement d'addition, déterminées par un ophtalmologiste pour corriger les défauts visuels d'un individu, par exemple à l'aide d'un verre qui est positionné devant son oeil. On utilise le terme d'astigmatisme pour désigner le couple formé par une valeur d'amplitude et une valeur d'angle Bien qu'il s'agisse d'un abus de langage, on l'utilise aussi parfois pour désigner l'amplitude de l'astigmatisme seulement. Le contexte permet à l'Homme du métier de comprendre quelle acception du terme est entendue. Couramment, la prescription d'un verre progressif comprend des valeurs de puissance optique et d'astigmatisme au point de vision de loin, et éventuellement une valeur d'addition ; - caractéristiques surfaciques d'un verre : données géométriques relatives à une face du verre, telles que des valeurs de sphère moyenne ou de cylindre, par exemple ; - sphère moyenne, notée D : (N-1) fois la demi-somme des inverses des deux rayons de courbure d'une surface, notés R1 et R2 et déterminés en un même point de celle-ci. Soit : D = (N-1)x(1/R1+1/R2), où N est l'indice de réfraction du verre ; et -cylindre, noté : (N-1) fois la valeur absolue de la demi-différence des inverses des deux rayons de courbure d'une surface, déterminés en un même point de celle-ci. Soit : C = (N-1)xl1/R1-1/R21 .
La figure la représente schématiquement un verre ophtalmique 100, avant que celui-ci soit détouré selon un contour C aux dimensions d'un logement de monture de paire de lunettes. Sont indiqués sur la figure les côtés nasal et temporal du verre, notés respectivement N et T, la ligne méridienne LM, les points de vision de loin et de près, notés respectivement VL et VP, I'inset ln, et un centre optique du verre, noté O. La figure 1 b montre les faces antérieure et postérieure du verre 100, respectivement notées SO et S1, ainsi que l'axe optique du verre, noté Z. -7- Lorsque le verre 100 est un verre semi-fini, celui-ci peut être choisi parmi une gamme de 60 modèles par exemple, qui est constituée par cinq valeurs disponibles pour la cambrure de la face antérieure au point de vision de loin, et pour chacune de ces valeurs de cambrure, par douze valeurs disponibles pour l'addition. Chaque verre semi-fini de cette gamme possède une valeur d'inset de série, qui est fixée pour le modèle correspondant. En fonction de la prescription d'un porteur de lunettes, un verre semi-fini de l'un des modèles disponibles clans la gamme est sélectionné, à partir duquel le verre final va être fabriqué. Cette fabrication consiste en une reprise par usinage de la face postérieure du verre, éventuellement l'application de revêtements fonctionnels sur les faces du verre, et le détourage du verre. De façon connue, les revêtements fonctionnels peuvent être, sans limitation, un revêtement antireflet, un revêtement anti-rayure, un revêtement anti-salissure, etc., ou une combinaison de ceux-ci.
La fourniture du verre semi-fini en fonction de la prescription du porteur correspond à la première ligne des figures 2a, 3a et 4a. La face antérieure SO du verre 100 est ainsi connue. L'objet de la fabrication du verre qui est maintenant décrite consiste à déterminer et à usiner la face postérieure S1 du verre 100, pour obtenir la correction d'amétropie prescrite pour le porteur, en même temps qu'une valeur d'inset personnalisée pour celui-ci. De façon connue, cette valeur d'inset personnalisée peut être déterminée à partir de mesures qui sont réalisées sur le porteur, et qui concernent par exemple la distance entre le sommet de la cornée et le verre pour la monture choisie, la variation de la convergence du regard pour des objets qui sont observés à distance variable, la distance de lecture, etc. Sur les figures 2a, 3a et 4a, des données surfaciques qui correspondent à une même face du verre 100 sont indiquées en colonne, pour permettre une visualisation plus facile des mises en oeuvre correspondantes. Les flèches verticales indiquent l'évolution ou l'utilisation de ces données lors de chaque mise en oeuvre. Chaque ligne récapitule les données surfaciques du verre réel ou d'un verre fictif qui correspond à une étape du procédé. Ce verre est indiqué au début de la ligne ou à la fin de celle-ci, selon s'il s'agit d'un verre 2911696 -s- réel (verre semi-fini ou verre fini) ou d'un verre fictif. Dans le cadre de l'invention, on appelle verre fictif un verre dont les faces antérieure et postérieure sont définies numériquement, et qui est utilisé pour effectuer des calculs surfaciques ou optiques ou qui résulte de tels calculs. 5 Un premier mode de mise en oeuvre de l'invention est maintenant décrit, en référence à la figure 2a. Dans ce premier mode de mise en oeuvre, l'étape /b/ du procédé de l'invention, qui consiste à définir le verre fictif de cible, comprend elle-même les deux sous-étapes suivantes : /b1/ définir un verre fictif intermédiaire qui possède la face antérieure du 10 verre semi-fini, et qui possède une face postérieure fictive à valeurs uniformes de sphère moyenne et de cylindre sélectionnées de sorte que le verre fictif intermédiaire corresponde à la correction de vue prescrite ; et /b2/ définir le verre fictif de cible en appliquant par calcul une fonction de 15 cisaillement à des caractéristiques optiques du verre fictif intermédiaire, la fonction de cisaillement étant appliquée parallèlement à une direction horizontale dans au moins une partie du verre qui est située en dessous du point de vision de loin, par rapport à une position d'usage du verre ophtalmique, et étant sélectionnée de sorte que le 20 verre fictif de cible ait la valeur d'inset apparente personnalisée. La face postérieure du verre est alors usinée conformément à un verre fictif, qui est optimisé pour présenter à la fois la valeur d'inset personnalisée, déterminée pour le porteur, et la correction d'amétropie prescrite pour celui-ci. De façon connue, une telle optimisation est exécutée numériquement à partir 25 d'un verre fictif de cible, de façon à atteindre les répartitions des quantités optiques, telles que la puissance optique et l'astigmatisme. Des programmes conçus pour réaliser de telles optimisations sont supposés connus de l'Homme du métier, et ne sont pas décrits ici. Dans ce premier mode de mise en oeuvre de l'invention, le verre fictif 30 de cible est déterminé en deux étapes successives. Tout d'abord, le verre fictif intermédiaire est généré numériquement, avec la face antérieure du verre semi-fini et une face postérieure simple qui correspond à la prescription. On -9- appelle face simple une face avec des valeurs de sphère moyenne et de cylindre qui sont constantes entre deux points quelconques de celle-ci. La face postérieure du verre fictif intermédiaire est donc sélectionnée de la façon couramment pratiquée pour un verre progressif avant la présente invention. La face antérieure du verre fictif intermédiaire est identique à celle du verre semi-fini. Le verre fictif intermédiaire possède donc une valeur d'inset apparente qui est égale à la valeur d'inset de série de la face antérieure du verre semi-fini. Le verre fictif de cible est ensuite défini à partir du verre fictif intermédiaire, de façon à présenter une valeur d'inset apparente qui est égale à la valeur d'inset personnalisée déterminée pour le porteur. Pour cela, une fonction de cisaillement est appliquée numériquement aux caractéristiques optiques du verre fictif intermédiaire, sur toute ou partie de la surface de celui-ci. Cette fonction de cisaillement est sélectionnée de façon à transformer la valeur d'inset du verre fictif intermédiaire en la valeur d'inset personnalisée. On entend par fonction de cisaillement une translation des propriétés optiques du verre, par rapport à un système fixe de coordonnées qui est lié au verre, dont l'amplitude de translation varie selon une direction perpendiculaire à la direction de translation. La figure 1 c illustre la transformation de la ligne méridienne du verre fictif intermédiaire, notée LMO, en ligne méridienne du verre fictif de cible, notée LM1. Les flèches horizontales qui relient LMO à LM1 correspondent à la longueur de la translation à des hauteurs différentes sur le verre. La direction de translation est parallèle à la direction X indiquée sur la figure 1c, et la longueur de translation varie selon la direction Y. En particulier, la longueur de translation peut être nulle au dessus du point de vision de loin VL, varie entre VL et le point de vision de près VP, et peut être constante en dessous de VP. In0 et In1 indiquent les valeurs d'inset avant et après l'application de la fonction de cisaillement. Elles correspondent respectivement au verre fictif intermédiaire et au verre, fictif de cible. Dans l'exemple particulier de mise en oeuvre qui correspond aux figures 2a-2g, la fonction de cisaillement est définie en deux parties successives, l'une au dessus de la croix de montage CM et qui ne correspond à aucun cisaillement, l'autre en dessous de la croix de montage CM et qui correspond à un cisaillement variable. L'optimisation peut être réalisée en utilisant un verre fictif d'essai qui - 10- est modifié à chaque itération du procédé d'optimisation. Ce verre fictif d'essai possède une face antérieure fixe qui est identique à celle du verre semi-fini, et une face arrière qui est variable. Une face postérieure simple, qui correspond à la prescription établie pour le porteur, peut être adoptée comme face postérieure initiale du verre fictif d'essai. Le verre fictif d'essai est alors optimisé par rapport aux caractéristiques optiques du verre fictif de cible. Cette optimisation transforme la face postérieure du verre fictif d'essai de sorte que celle-ci réalise une conversion de la valeur d'inset apparente du verre. La valeur qui est finalement obtenue est proche de la valeur d'inset personnalisée déterminée pour le porteur. La géométrie de la face postérieure du verre fictif ainsi optimisé est notée résultat sur la figure 2a. Des données surfaciques de la face postérieure sont alors déduites de ces caractéristiques optiques, telles que des valeurs de sphère moyenne et de cylindre en des points d'un maillage de la face postérieure. La face postérieure SI du verre semi-fini 100 est ensuite usinée conformément à ces données, par exemple en utilisant un outil d'usinage à trois axes. Les figures 2b et 2c sont des analyses optiques du verre réalisé, respectivement de la puissance optique et de l'astigmatisme résultant. Les coordonnées d'abscisse et d'ordonnées correspondent aux angles de la direction du regard du porteur avec l'axe optique Z du verre 100, respectivement dans un plan horizontal et dans un plan vertical. Ces deux angles sont désignés par alpha et bêta et comptés en degrés. Sur la figure 2b, les courbes indiquées sont des courbes d'iso-puissance, repérées en dioptries par l'écart par rapport à la valeur de puissance au point de vision de loin VL. Sur la figure 2c, les courbes indiquées correspondent à des points pour lesquels la valeur d'astigmatisme est constante, repérée en dioptries par l'écart par rapport à la valeur prescrite. Pour cette raison. l'astigmatisme qui apparaît sur cette figure est appelé astigmatisme résultant et est sensiblement nul le long de la trace qui correspond à la ligne méridienne. Les croix qui sont indiquées sur ces figures correspondent aux directions de regard qui passent respectivement par les points de vision de loin VL, par la croix de montage du verre CM, et le point de vision de près VP. Le verre final des figures 2b et 2c a été obtenu à partir d'un verre semi-fini, dont la face antérieure SO possède une valeur de base de 5,0, une addition de 2,0 dioptries et un inset de série de 2,5 mm (millimètre). La prescription pour ce verre est une correction nulle en vision de loin et une addition de 2,0 dioptries. Sa face postérieure S1 a été usinée pour conférer au verre une valeur d'inset apparent de 5 mm, correspondant à un décalage angulaire horizontal de 11 degrés par rapport à direction de vision de loin. En tant que référence, les figures 2d et 2e sont des cartographies de la ~o puissance optique et de l'astigmatisme résultant du verre semi-fini qui a été utilisé, lorsqu'il est usiné avec une face postérieure sphérique. Le décalage angulaire horizontal de la direction de regard pour la vision de près, par rapport à la direction de regard pour la vision de loin, est de 6 degrés sur ces figures, correspondant à l'inset de série de 2,5 mm. L'usinage de la face postérieure S1 15 a donc permis d'obtenir un inset apparent de 5 mm, à partir d'un inset de série de 2,5 mm. Enfin, les figures 2f et 2g sont des cartographies des valeurs de sphère moyenne et de cylindre de la face postérieure S1 du verre final, qui a été usinée conformément au verre fictif d'essai optimisé. Les coordonnées sur le 20 verre sont repérées en millimètres le long des axes X et Y, respectivement pour les directions horizontale et verticale. Sur ces deux figures, les courbes d'iso-sphère moyenne et d'iso-cylindre correspondent respectivement aux valeurs de 0,25 dioptrie (sphère moyenne pour la figure 2f) et 0,25/0,50 dioptrie (cylindre pour la figure 2g). 25 A titre de comparaison, les figures 5a et 5b sont des cartographies de puissance optique et d'astigmatisme résultant, pour un verre ophtalmique progressif qui a une même face antérieure que le verre des figures 2b-2g, et une face postérieure simple qui correspond à la prescription. La valeur d'inset apparente de 5 mm a été obtenue en tournant simplement le verre autour de :30 son axe optique Z. La comparaison des figures 2b et 5a, ainsi que celle des figures 2c et 5b, montre que l'invention permet d'obtenir des zones de vision de loin et de près qui sont réparties de façon plus symétrique par rapport à des -12- plans verticaux passant par les points de vision de loin et de près. Un deuxième mode de mise en oeuvre de l'invention est décrit ci-après, en référence à la figure 3a. Dans ce deuxième mode de mise en oeuvre, l'étape /b/ du procédé de l'invention, qui consiste à définir le verre fictif de cible, comprend elle-même les trois sous-étapes suivantes : /b1'/ appliquer par calcul une fonction de cisaillement à des caractéristiques surfaciques de la face antérieure du verre semi-fini, de façon à obtenir une face antérieure fictive modifiée qui possède l'addition de puissance progressive du verre semi-fini et la valeur ~o d'inset personnalisée, la fonction de cisaillement étant appliquée parallèlement à une direction horizontale dans au moins une partie de la face antérieure qui est située en dessous du point de vision de loin, par rapport à une position d'usage du verre ophtalmique ; /b2'/ optimiser des caractéristiques surfaciques la face antérieure fictive 15 modifiée par la fonction de cisaillement, par rapport à des caractéristiques surfaciques cibles qui correspondent à l'addition de puissance du verre semi-fini et à la valeur d'inset personnalisée ; et /b3'/ définir le verre fictif de cible en associant la face antérieure modifiée par la fonction de cisaillement et optimisée avec une face postérieure 20 fictive qui possède des valeurs uniformes de sphère moyenne et de cylindre, sélectionnées de sorte que le verre fictif de cible corresponde à la correction de vue prescrite. Ce deuxième mode de mise en oeuvre de l'invention possède deux différences principales par rapport au premier mode de mise en oeuvre décrit 25 précédemment : - la fonction de cisaillement est maintenant appliquée numériquement à des caractéristiques surfaciques de la face antérieure du verre semi-fini. Cette fonction de cisaillement peut encore être déterminée de la façon qui a été décrite plus haut pour le premier mode de mise en 30 oeuvre de l'invention, pour transformer la ligne méridienne. La face antérieure fictive qui est ainsi générée possède alors la valeur d'inset personnalisée qui a été déterminée pour le porteur, ou une valeur -13-proche de celle-ci ; - les caractéristiques surfaciques de la face antérieure qui sont ainsi obtenues sont ensuite optimisées, notamment pour réduire des discontinuités de courbure et la présence d'écarts non désirés de valeurs de cylindre dans certaines zones de cette face. Le verre fictif de cible est ensuite constitué par cette face antérieure optimisée, qui est combinée avec une face postérieure simple correspondant à la prescription. L'optimisation du verre fictif d'essai, par rapport aux caractéristiques optiques du verre fictif de cible, est alors identique à celle qui a été décrite pour le premier mode de mise en oeuvre de l'invention. La face postérieure du verre qui est obtenue comme résultat de l'optimisation du verre fictif d'essai, suivant le deuxième mode de mise en oeuvre de l'invention, est toujours réalisable. Les figures 3b-3g illustrent ce deuxième mode de mise en oeuvre de l'invention, de la même façon que les figures 2b-2g pour le premier mode de mise en oeuvre : - figures 3b et 3c : cartographies depuissance optique et d'astigmatisme résultant clu verre final ; - figures 3d et 3e : cartographies de puissance optique et d'astigmatisme résultant du verre semi-fini, lorsque la face postérieure est de forme simple et correspond à la prescription ; et - figures 3f et 3g : cartographies de sphère moyenne et de cylindre de la face postérieure usinée selon le deuxième mode de mise en oeuvre de l'invention.
En outre : - les figures 3h et 3i sont des cartographies de sphère moyenne et de cylindre de la face antérieure du verre fictif de cible qui sont obtenues à l'étape /b/ de ce deuxième mode de réalisation ; et - les figures 3j et 3k sont des cartographies de sphère moyenne et de cylindre de la face postérieure initiale du verre fictif d'essai qui sont -14-obtenues conformément à un perfectionnement de l'invention qui sera présenté plus loin. Dans cet exemple, la prescription du verre correspond à une puissance optique de +2,0 dioptries en vision de loin, sans correction d'astigmatisme. La face antérieure SO du verre semi-fini possède les caractéristiques suivantes : base de 6,0, addition égale à 2, 5 dioptries et inset de série de 3,3 mm, correspondant à un décalage angulaire horizontal de la direction de vision de près de 7 degrés. La face postérieure SI a été déterminée de façon à obtenir une valeur d'inset apparente de 0 mm, correspondant à une direction de regard pour la vision de près qui est située dans un même plan vertical que pour la vision de loin. En outre, les figures 3h et 3i sont des cartographies de sphère moyenne et de cylindre de la face antérieure du verre fictif de cible, obtenues après l'optimisation des caractéristiques surfaciques de la face antérieure à valeur d'inset personnalisée.
Enfin, on décrit un troisième mode de mise en oeuvre de l'invention en référence à la figure 4a, dans lequel l'étape /b/ du procédé de l'invention comprend elle-même les trois sous-étapes suivantes : /b1"/ obtenir au moins deux faces antérieures de référence qui correspondent à deux valeurs d'inset respectives ; /b2"/ calculer la face antérieure du verre fictif de cible en mélangeant ces deux faces antérieures de référence, de façon à obtenir une face antérieure de mélange qui possède la valeur d'inset personnalisée ; et /b3"/ définir le verre fictif de cible en associant la face antérieure de mélange avec une face postérieure fictive qui possède des valeurs uniformes de sphère moyenne et de cylindre, sélectionnées de sorte que le verre fictif de cible corresponde à la correction de vue prescrite. Ce troisième mode de mise en oeuvre de l'invention se distingue du deuxième par la façon de générer numériquement la face antérieure du verre fictif de cible. Au lieu d'utiliser une fonction de cisaillement, cette face antérieure est obtenue en mélangeant deux faces de référence qui ont des valeurs d'inset distinctes. De façon connue, un tel mélange peut être effectué -15- en caractérisant chaque face par ses valeurs sagittales aux points d'un maillage commun défini sur celles-ci. Les valeurs sagittales des deux faces de référence sont alors ajoutées entre elles, pour chaque point du maillage, en les pondérant par des coefficients de poids qui sont adaptés pour que la face antérieure résultante possède la valeur d'inset personnalisée. De préférence, les deux faces de référence peuvent correspondre chacune à la valeur d'addition qui est prescrite pour le porteur, ou posséder chacune une valeur d'addition qui est proche de celle prescrite. La somme des deux coefficients de poids qui sont affectés respectivement aux deux faces de référence, pour un même point du maillage, peut être égale à l'unité. Ces coefficients peuvent éventuellement aussi varier entre des points différents du maillage, pour modifier une prépondérance de l'une des deux faces de référence dans le mélange, dans certaines zones de la face antérieure du verre. D'une façon pratique, l'une des deux faces antérieures de référence qui est obtenue à l'étape /b1 "/ peut être la face antérieure SO du verre semi-fini qui est obtenu à l'étape /a/. L'autre face antérieure de référence peut alors posséder une valeur d'inset plus grande ou plus petite que la face antérieure du verre semi-fini, en fonction de la valeur d'inset personnalisée qui a été déterminée pour le porteur.
Les figures 4b-4g illustrent ce troisième mode de mise en oeuvre de l'invention, encore de la même façon que les figures 2b-2g pour le premier mode de mise en oeuvre. Dans ce nouvel exemple, la prescription du verre correspond à une puissance optique de +4,0 dioptries en vision de loin, sans correction d'astigmatisme.
La face antérieure du verre semi-fini possède les caractéristiques suivantes : base de 7,25, addition égale à 1,5 dioptrie et inset de série de 3,0 mm, correspondant à un décalage angulaire horizontal de la direction de vision de près de 6,5 degrés. La face postérieure S1 a été déterminée de façon à obtenir une valeur d'inset apparente de 0 mm, correspondant à une direction de regard pour la vision de près qui est située dans le même plan vertical que la direction de regard pour la vision de loin. La face antérieure de mélange a été obtenue en mélangeant deux faces antérieures de référence de base 7,25 -16- et d'addition 1,5 dioptrie, ayant respectivement des valeurs d'inset de 3,0 mm et 0,0 mm, de manière à obtenir une surface résultante d'inset 1,0 mm. Les coefficients du mélange sont respectivement 1/3 et 2/3. Les figures 4h et 4i sont des cartographies de sphère moyenne et de cylindre de la face antérieure du verre fictif de cible après le mélange des faces de référence. Selon un premier perfectionnement de l'invention, le verre fictif de cible peut être défini avec une valeur de base de la face antérieure différente de la valeur de base qui serait sélectionnée pour le verre semi-fini, ceci en fonction de la correction de vue prescrite. De cette façon, des aberrations optiques du verre ophtalmique final peuvent être minimisées. Selon un second perfectionnement de l'invention, l'optimisation du verre fictif d'essai par rapport au verre fictif de cible peut être effectuée en attribuant initialement au verre fictif d'essai une face postérieure qui est le résultat d'une soustraction entre la face antérieure du verre semi-fini SO et la face antérieure du verre fictif de cible, par rapport aux valeurs uniformes de sphère moyenne et de cylindre. De cette façon, l'optimisation est plus rapide. D'une façon usuelle pour l'Homme du métier, une soustraction de surfaces désigne une opération de combinaison de deux surfaces initiales pour en obtenir une troisième, par laquelle une valeur sagittale ( sag value en anglais) de la seconde surface est soustraite de celle de la première surface, en chaque point d'une projection des surfaces sur un plan de base, et la troisième surface est définie en attribuant le résultat de la soustraction comme nouvelle hauteur sagittale au même point. En particulier, lorsque l'optimisation est effectuée de façon itérative en utilisant une fonction de mérite pour mesurer un écart entre le verre fictif d'essai qui est obtenu à chaque itération et le verre fictif de cible, l'optimisation requiert un nombre inférieur d'itérations pour atteindre une même valeur de la fonction de mérite. Les figures 3j et 3k sont des cartographies initiales de sphère moyenne et de cylindre de la face postérieure initiale du verre fictif d'essai, ainsi déterminées.
II est entendu que ces perfectionnements ne sont pas indispensables à la mise en oeuvre de l'invention. En outre, d'autres modes de mise en oeuvre peuvent être utilisés, différents de ceux qui ont été décrits en détail en -17- référence aux figures 2a à 4i, tout en conservant certains au moins des avantages de l'invention.