COM POSI Tl ON POLYM ÈRE COM PREN AN T U N Ll QU I D E D l ÉLECTRI QU E
POLAI RE
L'invention concerne une composition polymère comprenant au moins un matériau polymère thermoplastique, au moins un liquide diélectrique polaire et au moins une nano-charge, un procédé de préparation de ladite composition polymère, un câble comprenant au moins une couche électriquement isolante obtenue à partir de ladite composition polymère, et un procédé de préparation dudit câble.
L'invention s'applique typiquement mais non exclusivement aux câbles électriques destinés au transport d'énergie, notamment aux câbles d'énergie à moyenne tension (notamment de 6 à 45-60 kV) ou à haute tension (notamment supérieure à 60 kV, et pouvant aller jusqu'à 400 kV), qu'ils soient en courant continu ou alternatif, dans les domaines du transport d'électricité aérien, sous-marin, terrestre, ou encore de l'aéronautique.
Un câble de transport d'énergie à moyenne ou à haute tension comprend généralement de l'intérieur vers l'extérieur :
- un élément électriquement conducteur allongé, notamment en cuivre ou en aluminium ;
- une couche semi-conductrice interne entourant ledit élément électriquement conducteur allongé ;
- une couche électriquement isolante entourant ladite couche semi- conductrice interne ;
- une couche semi-conductrice externe entourant ladite couche isolante ; et
- éventuellement une gaine de protection électriquement isolante entourant ladite couche semi-conductrice externe.
En particulier, la couche électriquement isolante peut être une couche polymère à base d'une polyoléfine réticulée telle qu'un polyéthylène réticulé (XLPE) ou un élastomère réticulé d'éthylène-propylène ou d'éthylène-propylène-diène. La réticulation est généralement effectuée lors de
l'étape d'extrusion de la composition polymère autour de l'élément électriquement conducteur allongé. L'utilisation d'une polyoléfine réticulée permet de fournir une couche présentant des propriétés électriques et mécaniques satisfaisantes et de conduire à un câble pouvant fonctionner à une température supérieure à 70°C, voire égale à 90°C. Toutefois, plusieurs problèmes sont rencontrés. D'une part, les matériaux réticulés ne peuvent pas être recyclés. D'autre part, la réticulation (vulcanisation) pour produire une couche homogène requiert des conditions de réaction spécifiques (e.g . en termes de durée et de température) qui réduisent la vitesse de fabrication du câble et augmentent son coût de production. Enfin, la réticulation peut parfois débuter de façon prématurée dans l'extrudeuse et/ou la tête d'extrudeuse, induisant une dégradation de la qualité de la couche obtenue, notamment de ses propriétés diélectriques.
Des alternatives ont donc été proposées telles qu'une couche thermoplastique de polyéthylène de faible densité (LDPE) ou de haute densité (HDPE). Toutefois, un câble comportant une telle couche électriquement isolante ne peut fonctionner à une température supérieure à 70°C environ pour une couche thermoplastique de LDPE et supérieure à 80°C pour une couche thermoplastique de HDPE, induisant une limitation de la puissance pouvant être transportée dans ledit câble et des méthodes de fabrication.
Il est également connu de fabriquer une couche électriquement isolante composée de plusieurs rubans de papier ou d'un composite papier-polypropylène imprégnés avec une grande quantité de liquide diélectrique (e.g . câble à papier imprégné d'huile). Le liquide diélectrique remplit complètement les espaces vides présents dans la couche et empêche les décharges partielles et l'endommagement de l'isolation du câble. Cependant, la fabrication de ce type de couche électriquement isolante est très complexe et coûteuse.
Le choix du liquide diélectrique va dépendre de l'application envisagée (i.e. du type d'équipement électrique) et de sa compatibilité avec l'isolant solide qu'il est censé imprégner et/ou avec lequel il forme un mélange intime. Parmi les liquides diélectriques conventionnels, on peut citer les huiles
minérales (e.g . huiles naphténiques, huiles paraffiniques, huiles aromatiques ou huiles polyaromatiques), les huiles végétales (e.g. huile de soja, huile de lin, huile de colza, huile de maïs ou huile de ricin) ou les huiles synthétiques telles que les hydrocarbures aromatiques (alkylbenzènes, alkylnaphtalènes, alkylbiphényles, alkydiaryléthylènes, etc.), les huiles de silicone, les éther-oxydes, les esters organiques ou les hydrocarbures aliphatiques.
En particulier, la demande internationale WO 02/03398 Al décrit un câble comprenant au moins un conducteur électrique et au moins une couche électriquement isolante extrudée basée sur un liquide diélectrique en mélange intime avec un matériau polymère thermoplastique comprenant un homopolymère de propylène ou un copolymère de propylène avec au moins un comonomère d'oléfine choisi parmi l'éthylène et une oléfine a différente du propylène. Le liquide diélectrique est un hydrocarbure aromatique comprenant au moins un hydrocarbure de type alkylaryle ayant au moins deux cycles aromatiques non condensés (e.g . dibenzyltoluène ou mélange de 85% en poids de monoxylylxylène et de 15% en poids de dixylylxylène). La demande internationale WO 02/03398 Al indique que le liquide diélectrique est exempt de composés polaires afin d'absorber une quantité minimale d'eau et d'éviter la formation de défauts dans la couche isolante liés à la présence de vapeur d'eau pendant l'extrusion à chaud . Toutefois, les hydrocarbures aromatiques (alkylbenzènes, alkylnaphtalènes, alkylbiphényles, alkydiaryléthylènes) présentent un coût élevé et induisent généralement des problèmes de sécurité et/ou d'environnement (e.g. certains hydrocarbures aromatiques sont considérés comme cancérigènes).
90 à 95% du marché des liquides diélectriques sont couverts par les huiles minérales en raison du faible coût de ces produits « naturels », obtenus directement par raffinage de bruts pétroliers. La composition chimique d'une huile minérale est extrêmement complexe (plusieurs milliers de molécules différentes) et peut varier dans de larges proportions. La composition chimique d'une huile minérale est donc généralement définie par sa teneur en carbone paraffinique (Cp), sa teneur en carbone naphténique (Cn) et sa teneur en carbone aromatique (Ca). Les huiles minérales peuvent également
contenir un faible pourcentage de molécules d'hydrocarbures qui comprennent dans leur structure des hétéroatomes comme l'azote, le soufre ou l'oxygène (e.g . composés polaires). La teneur en composés polaires d'une huile minérale peut être déterminée selon la norme ASTM D2007-02. Toutefois, les huiles minérales présentent une stabilité à l'oxydation et une tenue diélectrique qui sont moins élevées par comparaison aux hydrocarbures aromatiques. Par ailleurs, il est connu de la demande internationale WO 2004/066318 Al que les propriétés électriques d'un câble comprenant au moins un conducteur électrique et au moins une couche électriquement isolante extrudée basée sur un matériau polymère thermoplastique en mélange intime avec une huile minérale à titre de liquide diélectrique, peuvent être détériorées par la présence de ces composés polaires, notamment en termes de pertes diélectriques.
Il existe donc toujours un besoin en câbles électriques comprenant une couche électriquement isolante présentant des propriétés électriques comparables à celles obtenues avec une couche réticulée XLPE, tout en garantissant de bonnes propriétés mécaniques.
Ainsi, le but de la présente invention est de pallier les inconvénients de l'art antérieur et de fournir une composition polymère économique comprenant des matériaux, notamment recyclables, pouvant conduire à une couche électriquement isolante présentant des propriétés électriques améliorées, notamment en termes de rigidité diélectrique, tout en garantissant de faibles pertes diélectriques.
Le but de la présente invention est également de fournir un câble, en particulier à moyenne ou à haute tension, pouvant fonctionner à des températures supérieures à 70°C et présentant des propriétés électriques améliorées, notamment en termes de rigidité diélectrique, tout en garantissant de faibles pertes diélectriques.
Les buts sont atteints par l'invention qui va être décrite ci-après.
L'invention a pour premier objet une composition polymère comprenant au moins un matériau polymère au moins un liquide diélectrique
polaire, et au moins une nano-charge.
La combinaison d'un liquide diélectrique polaire avec au moins une nano-charge, ou en d'autres termes une charge de dimension nanométrique, permet d'obtenir une couche électriquement isolante d'un câble électrique présentant une rigidité diélectrique améliorée tout en garantissant peu de pertes diélectriques.
Par ailleurs, la composition polymère de l'invention permet en outre d'augmenter la température de fonctionnement d'un câble à 90°C- 110°C.
Enfin, la composition polymère de l'invention présente en outre une conductivité électrique réduite, permettant de l'utiliser avantageusement dans une couche électriquement isolante d'un câble électrique, notamment un câble de type haute tension en courant continu, bien connu sous l'anglicisme « High Voltage Direct Current » (HVDC) .
Dans la présente invention, on entend par « polaire » un composé comprenant des charges partielles positives et négatives, le barycentre des charges partielles positives ne coïncidant pas avec le barycentre des charges partielles négatives. Les charges partielles positives et négatives apparaissent dans des liaisons covalentes polaires, en particulier dans des liaisons covalentes entre deux atomes d'électronégativité différente, par exemple des liaisons covalentes entre un atome de carbone ou un atome d'hydrogène et un atome choisi parmi un atome d'oxygène, d'azote, de soufre, de fluor, de chlore, de brome, d'iode, ou de phosphore.
Selon un premier mode de réalisation, le liquide diélectrique peut comprendre au moins 2,5 % en poids de composés polaires par rapport au poids total de liquide diélectrique. De préférence, le liquide diélectrique peut comprendre au moins une huile minérale polaire ayant au moins 2,5 % en poids de composés polaires par rapport au poids total de l'huile minérale polaire.
Selon un deuxième mode de réalisation, le liquide diélectrique peut comprendre au moins une huile minérale et au moins un composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés. De préférence, le
liquide diélectrique peut comprendre au moins 2,5 % en poids de composés polaires par rapport au poids total de liquide diélectrique.
Selon un troisième mode de réalisation, le liquide diélectrique peut comprendre au moins 2,5 % en poids de composés polaires par rapport au poids total de liquide diélectrique, et le liquide diélectrique peut en outre comprendre au moins une huile minérale et au moins un composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés.
Dans la présente invention, la quantité de composés polaires dans le liquide diélectrique peut être facilement déterminée selon la norme ASTM D2007-02.
La composition polymère de l'invention peut ainsi comprendre de préférence au moins 2,5 % en poids de composés polaires par rapport au poids total de la composition polymère.
La nano-charge de l'invention est une charge de dimension nanométrique.
La ou les nano-charge(s) de l'invention ont typiquement au moins une de leurs dimensions de taille nanométrique (10"9 mètre).
Dans la présente invention, on entend par « la nano-charge », une particule élémentaire. Un ensemble de particules élémentaires peut être un agglomérat ou agrégat de particules élémentaires.
Plus particulièrement, la ou les nano-charge(s) de l'invention (i.e. une ou des particules élémentaires) peu(ven)t avoir au moins une de leurs dimensions d'au plus 2000 nm (nanomètres), de préférence d'au plus 1000, de préférence d'au plus 800 nm, de préférence d'au plus 600 nm, et plus préférentiellement d'au plus 400 nm.
En outre, la ou les nano-charge(s) de l'invention peu(ven)t avoir au moins une de leurs dimensions d'au moins 1 nm, et de préférence d'au moins 5 nm.
De préférence, la ou les nano-charge(s) de l'invention peu(ven)t avoir au moins une de leurs dimensions allant de 1 à 800 nm .
En considérant plusieurs nano-charges selon l'invention, on entend par le terme « dimension », la dimension moyenne en nombre de l'ensemble des nano-charges d'une population donnée, cette dimension étant classiquement déterminée par des méthodes bien connues de l'homme du métier.
La dimension du ou des nano-charges selon l'invention peut être par exemple déterminée par microscopie, notamment par microscope électronique à balayage (MEB) ou par microscope électronique à transmission (MET).
Au moins une des nano-charges, ou plus particulièrement les nano- charges comprises dans la composition polymère, peu(ven)t avoir un facteur de forme strictement supérieur ou égale à 1, et de préférence d'au plus 10.
La ou lesdites nano-charge(s) est/sont de préférence de type sphérique, ou en d'autres termes elle(s) a/ont un facteur de forme sensiblement égal à 1.
Dans la présente invention, le facteur de forme est typiquement le rapport entre la plus grande dimension d'une nano-charge (telle que par exemple la longueur d'une nano-charge lorsqu'elle est du type lamellaire ou cylindrique) et la plus petite dimension de la nano-charge (telle que par exemple l'épaisseur d'une nano-charge du type lamellaire, ou le diamètre d'une nano-charge du type cylindrique).
La nano-charge de l'invention peut avoir de préférence une surface spécifique BET d'au moins 100 m2/g, de préférence d'au moins 120 m2/g, et de préférence d'au moins 150 m2/g- La nano-charge peut avoir une surface spécifique BET d'au plus 1000 m2/g, et de préférence d'au plus 500 m2/g .
Dans la présente invention, la surface spécifique peut être facilement déterminée selon la norme DIN 9277 (2010). La composition polymère de l'invention peut comprendre au plus 10,0% en poids de nano-charge, de préférence au plus 5,0% en poids de nano-charge, et de préférence au plus 3,0% en poids de nano-charge, par rapport au poids total de la composition polymère.
La composition polymère de l'invention peut comprendre au moins
0,2% en poids de nano-charge, de préférence au moins 0,5% en poids de nano-charge, et de préférence au moins 1,0% en poids de nano-charge, par
rapport au poids total de la composition polymère.
La nano-charge de l'invention peut être de préférence une nano-charge minérale pouvant être choisie parmi les carbonates de métaux alcalino- terreux, les sulfates de métaux alcalino-terreux, les oxydes métalliques, les oxydes de métalloïdes, les silicates métalliques, et les siloxanes.
A titre d'exemple :
- les nano-charges de carbonates de métaux alcalino-terreux peuvent être des nano-charges de carbonate de calcium,
- les nano-charges de sulfates de métaux alcalino-terreux peuvent être des nano-charges de sulfate de baryum,
- les nano-charges d'oxydes métalliques peuvent être des nano- charges d'alumine, d'oxyde de zinc, de dioxyde de titane,
- les nano-charges d'oxydes de métalloïdes peuvent être des nano- charges de dioxyde de silicium (silice), notamment des nano-charges de silice pyrogénée, l'expression « silice pyrogénée » étant bien connue sous l'anglicisme « fumed silica »,
- les nano-charges de silicate métalliques peuvent être par exemple des nano-charges d'aluminium (par exemple des nano-charges de silicate d'aluminium et de magnésium hydraté telles que la montmorillonite),
- les nano-charges de siloxanes peuvent être des nano-charges de silsesquioxanes (par exemple des nano-charges de Trisilanolphényl Polyhedral SilSesquioxane (TP-POSS)).
De préférence, les nano-charges de l'invention peuvent être des nano- charges d'oxydes métalliques et/ou des nano-charges d'oxydes de métalloïdes.
La nano-charge de l'invention peut être une charge dite « traitée » ou
« non-traitée ».
On entend par « charge traitée » une charge ayant subi un traitement de surface, ou en d'autres termes, une charge traitée en surface. Ledit traitement de surface permet avantageusement de modifier les propriétés de
surface de la charge, par exemple pour améliorer la compatibilité de la charge avec le matériau polymère thermoplastique, notamment pour améliorer l'homogénéité de la charge avec le matériau polymère thermoplastique. On peut parler de charge traitée avec un agent compatibilisant. La nano-charge de l'invention est de préférence une charge traitée avec un traitement de surface hydrophobe. On peut alors parler de nano- charge traitée hydrophobe, l'expression « traitée hydrophobe » étant bien connue sous l'anglicisme « hydrophobic treated ».
Dans un mode de réalisation particulièrement préférée, la composition polymère de l'invention peut comprendre au moins un agent compatibilisant.
Ledit agent compatibilisant permet avantageusement d'améliorer la compatibilité entre la nano-charge et le matériau polymère thermoplastique. Il favorise plus particulièrement les interactions physicochimiques à l'interface entre ladite nano-charge et ledit matériau polymère pour obtenir notamment une meilleure homogénéité de mélange (dispersion et/ou distribution) entre ladite nano-charge et ledit matériau polymère.
Selon une première variante, la nano-charge de l'invention est une charge traitée avec un agent compatibilisant, ou une charge destinée à être traitée avec un agent compatibilisant. De préférence, ledit agent compatibilisant est du type hydrophobe.
A ce titre, la composition polymère de l'invention peut comprendre :
- au moins une nano-charge traitée avec un agent compatibilisant, ce type de charge pouvant être facilement disponible dans le commerce, et/ou
- au moins une nano-charge non traitée, la composition comprenant en outre un agent compatibilisant destiné à être greffé à la surface de ladite nano-charge.
A titre d'exemple de nano-charge traitée, on peut citer les nano- charges comprenant, à leur surface, des groupements siloxane et/ou silane. Les groupements silane peuvent être du type chlorosilane.
A titre d'exemple de nano-charge destinée à être traitée, on peut citer
tout type de charge n'ayant subi aucun traitement préalable lors de leur incorporation dans la composition polymère de l'invention, la composition polymère de l'invention comprenant alors un agent compatibilisant combinant un peroxyde organique avec un silane insaturé, afin d'obtenir dans une étape ultérieure une nano-charge comprenant des groupements siloxanes à sa surface.
Selon une deuxième variante, la composition polymère peut comprendre un polymère, en tant qu'agent compatibilisant, comportant des groupements destinés à améliorer la compatibilité entre la nano-charge et le matériau polymère thermoplastique.
A titre d'exemple, ledit polymère peut être un polymère greffé anhydride maléique, et de préférence une polyoléfine greffée anhydride maléique.
Selon une troisième variante, les première et deuxième variantes peuvent être combinées.
Dans la présente invention, le liquide diélectrique peut comprendre au moins 70% en poids environ d'huile minérale, et de préférence au moins 80% en poids environ d'huile minérale, par rapport au poids total du liquide diélectrique.
L'huile minérale est généralement liquide à 20-25°C environ.
L'huile minérale peut être choisie parmi les huiles naphténiques et les huiles paraffiniques, et de préférence parmi les huiles naphténiques.
L'huile minérale est obtenue à partir du raffinage d'un brut pétrolier.
Selon une forme de réalisation particulièrement préférée de l'invention, l'huile minérale comprend une teneur en carbone paraffinique (Cp) allant de 45 à 65% atomique environ, une teneur en carbone naphténique (Cn) allant de 35 à 55% atomique environ et une teneur en carbone aromatique (Ca) allant de 0,5 à 10% atomique environ.
Dans un mode de réalisation particulier, le composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés représente au moins
2,5% en poids environ, de préférence au moins 3,5% en poids environ, et encore plus préférentiellement au moins 4% en poids environ, par rapport au poids total du liquide diélectrique. Grâce à cette quantité minimum de composé polaire, la rigidité diélectrique est améliorée.
Le liquide diélectrique peut comprendre au plus 30% en poids environ, de préférence au plus 20% en poids environ, et encore plus préférentiellement au plus 15% en poids environ, de composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés, par rapport au poids total du liquide diélectrique. Cette quantité maximale permet de garantir des pertes diélectriques modérées, voire faibles (e.g . inférieures à 10"3 environ), et également d'éviter la migration du liquide diélectrique hors de la couche électriquement isolante.
Le composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés peut répondre à la formule (I) suivante :
dans laquelle R1 et R2, identiques ou différents, sont des groupes aryles, alkyles, alkylène-aryles, les groupes R1 et R2 pouvant être reliés ensemble par l'élément A représentant une liaison simple ou un groupe -(CH2)n- avec n égal à 1 ou 2.
Le groupe aryle peut comprendre un ou plusieurs cycles aromatiques, condensés ou non condensés, et de préférence non condensés.
Le groupe aryle peut comprendre de 5 à 20 atomes de carbone, et de préférence de 5 à 15 atomes de carbone.
Chaque cycle aromatique peut comprendre un ou plusieurs hétéroatomes tels qu'un atome d'azote, un atome de soufre ou un atome d'oxygène.
Chaque cycle aromatique peut être substitué par un ou plusieurs
substituants X choisis parmi un atome d'halogène, un groupe alkyle ou un groupe alkoxy -O-alkyle. Un groupe alkyle est préféré.
L'atome d'halogène à titre de substituant X sur un cycle aromatique est de préférence un atome de chlore ou de fluor, et de préférence encore un atome de chlore.
Le groupe alkyle à titre de substituant X sur un cycle aromatique peut avoir de 1 à 10 atomes de carbone, de préférence de 1 à 5 atomes de carbone, et de préférence encore de 2 à 4 atomes de carbone.
Le groupe alkyle du groupe alkoxy -O-alkyle à titre de substituant X sur un cycle aromatique peut avoir de 1 à 10 atomes de carbone, de préférence de 1 à 5 atomes de carbone, et de préférence encore de 2 à 4 atomes de carbone.
Le ou les cycles aromatiques ne comprennent pas de préférence de substituants polaires protiques tels qu'un groupe -OH, un groupe -SH, un groupe -NH ou un groupe -NH2.
Le groupe aryle est de préférence un groupe phényle, un groupe naphtyle ou un groupe pyridyle, et de préférence encore un groupe phényle.
Le groupe alkyle à titre de groupe R1 et/ou R2 peut avoir de 1 à 20 atomes de carbone, de préférence de 1 à 10 atomes de carbone, et de préférence encore de 1 à 5 atomes de carbone.
Dans la présente invention, le groupe alkyle peut être cyclique, linéaire ou ramifié.
Le groupe alkylène-aryle est un groupe mixte qui comprend un groupe aryle tel que défini dans la présente invention et un groupe alkylène. Le groupe alkylène du groupe alkylène-aryle est relié directement à la fonction cétone du composé de formule (I).
Le groupe alkylène peut être linéaire, cyclique ou ramifié, et de préférence linéaire.
En particulier, le groupe alkylène peut avoir de 1 à 5 atomes de carbone.
De préférence , le groupe alkylène est un groupe -(CH2)P- avec 1 < p < 5 ; un groupe -(CH R)pi- avec 1 < Pi < 5 et R étant un groupe alkyle, de préférence ayant de 1 à 5 atomes de carbone ; un groupe statistique -(CHR)mi-(CH2)m2- 0-e. comprenant iru -CH2- et m2 -CHR-), avec 1 ≤ mi + m2 ≤ 5, et R étant un groupe alkyle, de préférence ayant de 1 à 5 atomes de carbone ; ou un groupe statistique -(CH R)p2-(CH2)p3-(CHR')p4- (i .e. comprenant p2 -CH2-, P3 -CHR- et p4-CH R'-), avec 1 ≤ p2 + P3 + p4 ≤ 5, et R et R' étant des groupes alkyles différents, chacun ayant de préférence de 1 à 5 atomes de carbone, avec de préférence 1 < nrii < 4, 1 < m2 < 4, 1 < p2 < 3, 1 < p3 < 3 et 1 < p4 < 3.
Dans la présente invention, un groupe statistique signifie que les radicaux qui le constituent (e.g . -CH2-, -CH R- et/ou -CHR'-) peuvent être aléatoirement positionnés au sein du groupe alkylène.
R (respectivement R') peut être un groupe méthyle, éthyle, propyle ou isopropyle.
Lorsque le groupe alkylène est ramifié (e.g . présence d'au moins l'un quelconque des groupes R ou R'), il peut également être relié via la ramification au groupe aryle dudit groupe alkylène-aryle.
Le groupe alkylène-aryle peut être un groupe benzyle (groupe alkylène-aryle dans lequel le groupe alkylène est un CH2 et le groupe aryle est un phényle).
Le composé de formule (I) est de type benzophénone lorsque les groupes R1 et R2 sont des groupes aryles ; de type acétophénone lorsque l'un des groupes R1 ou R2 est un groupe aryle et l'autre est un groupe alkyle ; et un de leurs dérivés lorsque les groupes R1 et R2 sont des groupes alkyles ou l'un des groupes R1 ou R2 est un groupe alkylène-aryle et l'autre est un groupe alkyle, aryle ou alkylène-aryle.
Selon une première variante de l'invention, au moins l'un desdits groupes R1 ou R2 du composé de formule (I) est un groupe phényle. Selon une deuxième variante de l'invention, les groupes R1 et R2 du composé de formule (I) sont des groupes aryles. De préférence, au moins l'un
d'entre eux comprenant un groupe phényle, et de préférence encore, les deux groupes aryles comprennent chacun un groupe phényle.
Selon une troisième variante, les groupes R1 et R2 du composé de formule (I) sont chacun des groupes phényles, de préférence non substitués.
Selon une forme de réalisation particulièrement préférée de l'invention, le composé de formule (I) peut être la benzophénone, la dibenzosubérone, la fluorénone ou l'anthrone, et de préférence la benzophénone.
Le rapport du nombre d'atomes de carbone aromatique sur le nombre total d'atomes de carbone dans le liquide diélectrique peut être inférieur à 0,3 environ ; et de préférence encore inférieur à 0,2 environ.
Grâce à ce faible rapport, les problèmes de sécurité liés à la toxicité du liquide diélectrique sont minimisés.
Le rapport du nombre d'atomes de carbone aromatique sur le nombre total d'atomes de carbone dans le liquide diélectrique peut être déterminé selon la norme ASTM D3238.
L'huile minérale peut comprendre un ou plusieurs composés polaires différents du composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés et en particulier différents du composé de formule (I).
On préférera toutefois que ces composés polaires différents du composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés ou différents du composé de formule (I) représentent au plus 2,5% en poids environ, et de préférence encore au plus 1,5% en poids environ, par rapport au poids total du liquide diélectrique.
Une huile contenant de telles proportions en composés polaires peut être une huile raffinée.
De préférence, le liquide diélectrique a un point d'ébullition supérieur à 250°C environ.
Ainsi, le liquide diélectrique de la composition polymère de l'invention qui combine une huile minérale et un composé de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés peut être manipulé sans risque à
température ambiante (peu volatil) et aux températures requises par le procédé de mise en forme de la couche électriquement isolante (e.g . extrusion), tout en garantissant la formation d'un mélange intime homogène avec le matériau polymère de la composition polymère de l'invention.
Dans la présente invention, le matériau thermoplastique peut être à base de de polyoléfine, et de préférence à base de polypropylène. Le matériau polymère thermoplastique à base de polyoléfine peut comprendre au moins un homopolymère ou un copolymère de polyoléfine.
Le matériau polymère thermoplastique à base de polypropylène peut comprendre au moins un homopolymère ou un copolymère de propylène (Pi), et éventuellement au moins un homopolymère ou un copolymère d'oléfine a (P2).
La combinaison de polymères Pi et P2 peut permettre avantageusement d'obtenir un matériau polymère thermoplastique présentant de bonnes propriétés mécaniques, notamment en termes de module élastique, et électriques.
En particulier, le copolymère de propylène Pi peut être un copolymère statistique de propylène.
À titre d'exemples de copolymères de propylène Pi, on peut citer les copolymères de propylène et d'oléfine, l'oléfine étant notamment choisie parmi l'éthylène et une oléfine a différente du propylène.
L'oléfine a différente du propylène peut répondre à la formule CH2=CH-R3, dans laquelle R3 est un groupe alkyle linéaire ou ramifié ayant de 2 à 10 atomes de carbone, notamment être choisie parmi les oléfines suivantes : 1-butène, 1-pentène ; 4-méthyl-l-pentène, 1-hexène, 1-octène, 1-décène, 1-dodécène, et un de leurs mélanges.
L'oléfine du copolymère de propylène et d'oléfine représente de préférence au plus 15% en mole et de préférence encore au plus 10% en mole du copolymère.
Les copolymères de propylène et d'éthylène sont préférés à titre de copolymère de propylène Pi .
Le copolymère de propylène Pi a de préférence un module élastique allant de 600 à 1200 MPa environ. L'homopolymère de propylène Pi a de préférence un module élastique allant de 1250 à 1600 MPa environ.
L'homopolymère ou le copolymère de propylène Pi peut avoir une température de fusion supérieure à 130°C environ, de préférence supérieure à 140°C environ, et de préférence encore allant de 140 à 165°C environ.
En particulier, l'homopolymère de propylène Pi peut avoir une température de fusion de 165°C environ et le copolymère de propylène Pi peut avoir une température de fusion allant de 140 à 150°C environ.
L'homopolymère ou le copolymère de propylène Pi peut avoir une enthalpie de fusion allant de 30 à 100 J/g environ.
En particulier, l'homopolymère de propylène Pi peut avoir une enthalpie de fusion allant de 80 à 90 J/g environ et le copolymère de propylène Pi peut avoir une enthalpie de fusion allant de 30 à 70 J/g environ.
L'homopolymère ou le copolymère de propylène Pi peut avoir un indice de fluidité allant de 0,5 à 3 g/10 min, mesuré à 230°C environ avec une charge de 2, 16 kg environ selon la norme ASTM D1238-00.
Selon une forme de réalisation préférée de l'invention, l'homopolymère ou copolymère de propylène Pi représente de 40 à 70% en poids environ du matériau polymère thermoplastique.
L'oléfine a de l'homopolymère ou du copolymère d'oléfine a P2 peut répondre à la formule CH2=CH-R4, dans laquelle R4 est un atome d'hydrogène ou un groupe alkyle linéaire ou ramifié ayant de 1 à 12 atomes de carbone, et notamment être choisie parmi les oléfines suivantes : éthylène, propylène, 1- butène, isobutylène, 1-pentène, 4-méthyl-l-pentène, 1-hexène, 1-octène, 1- décène, 1-dodécène, et un de leurs mélanges.
L'oléfine a propylène, 1-hexène ou 1-octène est préférée.
L'homopolymère ou le copolymère d'oléfine a P2 peut être :
- un copolymère hétérophasé comprenant une phase thermoplastique de type propylène et une phase élastomère thermoplastique de type copolymère d'éthylène et d'une oléfine a,
- un polyéthylène, ou
- un de leurs mélanges.
La phase élastomère thermoplastique du copolymère hétérophasé peut représenter au moins 20% en poids environ, et de préférence au moins 45% en poids environ, par rapport au poids total du copolymère hétérophasé.
L'oléfine a de la phase élastomère thermoplastique du copolymère hétérophasé peut être le propylène.
Le polyéthylène peut être un polyéthylène linéaire basse densité (LLDPE). Dans la présente invention, l'expression « polyéthylène linéaire basse densité » signifie un polyéthylène linéaire ayant une densité allant de 0,91 à 0,925 environ.
De préférence, le matériau polymère thermoplastique de l'invention peut comprendre au moins ledit copolymère hétérophasé et au moins ledit polyéthylène.
Selon une forme de réalisation préférée de l'invention, l'homopolymère ou copolymère d'oléfine a P2 représente de 30 à 60% en poids environ du matériau polymère thermoplastique.
Le matériau polymère thermoplastique de la composition polymère de l'invention est de préférence hétérophasé (i.e. il comprend plusieurs phases). La présence de plusieurs phases provient généralement du mélange de deux polyoléfines différentes, tel qu'un mélange de polypropylène et d'un copolymère de propylène ou de polyéthylène.
La composition polymère de l'invention comprend un mélange intime homogène du liquide diélectrique et du matériau polymère thermoplastique (e.g . elle forme une phase homogène).
La concentration massique du liquide diélectrique dans la composition polymère est de préférence inférieure ou égale à la concentration massique de saturation dudit liquide diélectrique dans le matériau polymère thermoplastique.
La concentration massique de saturation à 20-25°C est généralement de l'ordre de 15 à 20% environ. Elle peut être déterminée par la méthode d'absorption liquide. En particulier, des plaques (e.g. de dimensions 200 mm x 200 mm x 0,5 mm) constituées du matériau polymère thermoplastique de la composition polymère sont préparées à partir des matières premières correspondantes, notamment par moulage. Des échantillons de ces plaques sont pesés (poids initial = P0) puis immergés à 20°C environ dans le liquide diélectrique de la composition polymère. La concentration massique de saturation est mesurée en déterminant le changement de poids (en pourcentage) des échantillons après différentes durées d'immersion (e.g. 3, 6, 9, 12 et 15 jours) et après avoir nettoyé et séché leur surface (poids final = Pf) . L'absorption du liquide diélectrique est déterminée selon la formule suivante :
% d'absorption de liquide diélectrique = [(Pf-Po)/Po] 100
La concentration de saturation est atteinte lorsque Pf montre une variation inférieure à 1% par rapport à l'augmentation du poids total qui correspond à Pf-P0.
Selon un mode de réalisation particulier, le liquide diélectrique représente de 1% à 20% en poids environ, de préférence de 2 à 15% en poids environ, et de préférence encore de 3 à 12% en poids environ, par rapport au poid totale de la composition polymère.
Selon un mode de réalisation particulier, le composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés représente de 0, 15 à 1,8% en poids environ, de préférence de 0,21 à 1,2% en poids environ, et de préférence encore de 0,24 à 0,9% en poids environ, par rapport au poids total de la composition polymère.
Selon un mode de réalisation particulier, le matériau polymère thermoplastique représente de 70% à 98% en poids environ, de préférence de 80 à 95% en poids environ, et de préférence encore de 88 à 97% en poids environ, par rapport au poids total de la composition polymère La composition polymère peut comprendre en outre un ou plusieurs additifs.
Les additifs sont bien connus de l'homme du métier et peuvent être choisis parmi des antioxydants, des agents anti-UV, des agents anti-cuivre, des agents anti-arborescences d'eau, des pigments et un de leurs mélanges.
La composition polymère de l'invention peut typiquement comprendre de 0,01 à 5% en poids environ, et de préférence de 0,1 à 2% en poids environ d'additifs, par rapport au poids total de la composition polymère.
Plus particulièrement, les antioxydants permettent de protéger la composition polymère des contraintes thermiques engendrées lors des étapes de fabrication du câble ou de fonctionnement du câble.
Les antioxydants sont choisis de préférence parmi les phénols encombrés, les thioesters, les antioxydants à base de soufre, les antioxydants à base de phosphore, les antioxydants de type aminé et un de leurs mélanges.
À titre d'exemples de phénols encombrés, on peut citer le Pentaérythritol tétrakis(3-(3,5-di-ferf-butyl-4-hydroxyphényl)propionate) (Irganox® 1010), l'octadécyl 3-(3,5-di-ferf-butyl-4-hydroxyphényl)propionate (Irganox® 1076), le l,3,5-triméthyl-2,4,6-tris(3,5-di-ieri-butyl-4- hydroxybenzyl)benzène (Irganox® 1330), le 4,6-bis (octylthiométhyl)-o-crésol (Irgastab® KV10), le 2,2'-thiobis(6-ieri-butyl-4-méthylphénol) (Irganox® 1081), le 2,2'- thiodiéthylène bis[3-(3,5-di-ieri-butyl-4-hydroxyphényl) propionate] (Irganox® 1035), le 2,2'-méthylènebis(6-ferf-butyl-4- méthyl phénol), le l,2-bis(3,5-di-tert-butyl-4-hydroxyhydrocinnamoyl) hydrazine (Irganox® MD 1024), ou le 2,2'-oxamido-bis(éthyl-3(3,5-di-ferf- butyl-4-hydroxyphényle)propionate).
À titre d'exemples de thioesters, on peut citer le didodécyl-3,3'- thiodipropionate (Irganox® PS800), le distéaryl thiodipropionate (Irganox® PS802) ou le 4,6-bis(octylthiométhyle)-o-crésol (Irganox® 1520).
À titre d'exemples d'antioxydants à base de soufre, on peut citer le dioctadecyl-3,3'-thiodipropionate ou le didodecyl-3,3'-thiodipropionate.
À titre d'exemples d'antioxydants à base de phosphore, on peut citer le tris(2,4-di-ferf-butyl-phényle)phosphite (Irgafos® 168) ou le bis(2,4-di-ferf- butylphényl)pentaérythritol diphosphite (Ultranox® 626).
À titre d'exemples d'antioxydants de type aminé, on peut citer les phénylène diamines (e.g . 1PPD ou 6PPD), les diphénylamine styrène, les diphénylamines, les mercapto benzimidazoles et le 2,2,4-triméthyl-l,2 dihydroquinoline polymérisé (TMQ).
À titre d'exemples de mélanges d'antioxydants, on peut citer l'Irganox B 225 qui comprend un mélange équimolaire d'Irgafos 168 et d'Irganox 1010 tels que décrits ci-dessus.
La composition polymère est une composition polymère thermoplastique. Elle n'est donc pas réticulable.
En particulier, la composition polymère ne comprend pas d'agents de réticulation, d'agents de couplage de type silane, de peroxydes et/ou d'additifs qui permettent une réticulation. En effet de tels agents dégradent le matériau polymère thermoplastique.
La composition polymère est de préférence recyclable.
L'invention a pour deuxième objet un procédé de préparation de la composition polymère conforme au premier objet, caractérisé en ce qu'il comprend au moins une étape i) de mélange des différents constituants de la composition polymère telle que définie dans le premier objet de l'invention.
En particulier, le mélange est effectué selon les sous-étapes suivantes :
i-a) lorsque le liquide diélectrique comprend une huile minérale et au moins un composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de
leurs dérivés, mélanger l'huile minérale et le composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés (tels que définis dans le premier objet de l'invention), afin de former un liquide diélectrique tel que défini dans le premier objet de l'invention, et i-b) mélanger un matériau polymère thermoplastique et au moins une nano-charge, tels que définis dans le premier objet de l'invention, avec le liquide diélectrique tel qu'obtenu dans la sous-étape précédente i-a).
Le matériau polymère thermoplastique de la sous-étape i-b) est généralement sous la forme de granulés de polymère(s), notamment de granulés d'au moins un homopolymère ou un copolymère de propylène Pi et éventuellement d'au moins un homopolymère ou un copolymère d'oléfine a P2 tels que définis dans le premier objet de l'invention.
Le mélange de la sous-étape i-a) peut être effectué à l'aide de n'importe quel appareil permettant de dissoudre le composé polaire de type benzophénone, acétophénone ou un de leurs dérivés et éventuellement le ou les additifs (notamment lorsqu'ils sont sous la forme de poudres solides) dans l'huile minérale.
La sous-étape i-a) est de préférence effectuée à une température allant de 20 à 100°C environ, de préférence de 50 à 90°C environ, et de préférence encore à une température de 75°C environ.
La sous-étape i-a) dure généralement de 15 minutes à 1 heure, et de préférence de 20 à 30 minutes.
A l'issue de la sous-étape i-a), on obtient une solution stable et transparente.
Le mélange de la sous-étape i-a) peut comprendre en outre le ou les additifs tels que définis dans l'invention (e.g. antioxydant).
Selon une première variante, le mélange de la sous-étape i-b) peut être effectué en mélangeant le liquide diélectrique obtenu à la sous-étape i-a) avec le matériau polymère thermoplastique ou les composés polymères qui le constituent, et la nano-charge, notamment à l'aide d'un mélangeur interne,
notamment à rotors tangentiels ou à rotors engrenants, ou d'un mélangeur continu, notamment à vis ou contre rotatif double vis, ou d'un mélangeur de type « Buss extruder » .
Selon une deuxième variante, la sous-étape i-b) peut être effectuée par imprégnation de granulés d'un matériau polymère thermoplastique tel que défini dans le premier objet de l'invention avec le liquide diélectrique, en particulier en mélangeant les granulés de polymère avec le liquide diélectrique, la nano-charge étant ajoutée dans un étape ultérieure décrite ci- après. Ledit mélange des granulés de polymère avec le liquide diélectrique est réalisé en chauffant le mélange résultant afin que les granulés absorbent le liquide diélectrique, la température du mélange garantissant au matériau polymère thermoplastique de rester à l'état solide (i .e. sous forme de granulés). Ces granulés peuvent ensuite être mélangés dans une extrudeuse avec la nano-charge. Plus particulièrement, la nano-charge de la composition polymère de l'invention peut être incorporée dans une extrudeuse avec les granulés de matériau polymère imprégnés avec le liquide diélectrique. L'ensemble est ainsi homogénéisé à l'état fondu au sein de l'extrudeuse, l'extrudeuse pouvant être du type mélangeur continu, notamment à vis ou contre rotatif double vis (e.g . « Berstorff twin screw extruder »), ou du type mélangeur « Buss extruder » . Le jonc obtenu en sortie d'extrudeuse est refroidi et granulé, les granulés obtenus pouvant alimenter une extrudeuse pour fabriquer le câble de l'invention selon un procédé tel que défini ci-après.
L'invention a pour troisième objet un câble comprenant au moins un élément électriquement conducteur allongé, et au moins une couche électriquement isolante obtenue à partir d'une composition polymère telle que définie dans le premier objet de l'invention .
La couche électriquement isolante de l'invention est une couche non réticulée.
La couche électriquement isolante de l'invention est de préférence une couche recyclable.
La couche électriquement isolante de l'invention peut être une couche extrudée, notamment par des procédés bien connus de l'homme du métier.
Dans la présente invention, on entend par « couche électriquement isolante » une couche dont la conductivité électrique peut être d'au plus 1.10"9 S/m, et de préférence d'au plus 1.10"10 S/m (siemens par mètre) (à 25°C).
Le câble de l'invention concerne plus particulièrement le domaine des câbles électriques fonctionnant en courant continu (DC), notamment un câble du type HVDC, ou le domaine des câbles électriques fonctionnant en courant alternatif (AC).
La couche électriquement isolante de l'invention peut entourer l'élément électriquement conducteur allongé.
L'élément électriquement conducteur allongé peut être un conducteur monocorps tel que par exemple un fil métallique ou un conducteur multicorps tel qu'une pluralité de fils métalliques torsadés ou non.
L'élément électriquement conducteur allongé peut être en aluminium, en alliage d'aluminium, en cuivre, en alliage de cuivre, et en un de leurs combinaisons.
Selon une forme de réalisation préférée de l'invention, le câble électrique peut comprendre :
une première couche semi-conductrice entourant l'élément électriquement conducteur allongé,
- une couche électriquement isolante entourant la première couche semi-conductrice, ladite couche électriquement isolante étant telle que définie dans l'invention, et
- une deuxième couche semi-conductrice entourant la couche électriquement isolante.
Le câble électrique décrit ci-dessus comprenant la première couche semi-conductrice, la couche électriquement isolante et la deuxième couche semi-conductrice peut être un câble HVDC.
Dans la présente invention, on entend par « couche semi-conductrice » une couche dont la conductivité électrique peut être d'au moins 1.10"9 S/m (Siemens par mètre), de préférence d'au moins 1.10"3 S/m, et de préférence peut être inférieure à 1.103 S/m (à 25°C).
Dans un mode de réalisation particulier, la première couche semi-conductrice, la couche électriquement isolante et la deuxième couche semi-conductrice constituent une isolation tricouche. En d'autres termes, la couche électriquement isolante est en contact physique direct avec la première couche semi-conductrice, et la deuxième couche semi-conductrice est en contact physique direct avec la couche électriquement isolante.
Le câble peut comprendre en outre une gaine électriquement isolante entourant la deuxième couche semi-conductrice, et peut être en contact physique direct avec celle-ci.
Le câble électrique peut comprendre en outre un écran métallique entourant la deuxième couche semi-conductrice. Dans ce cas, la gaine électriquement isolante entoure ledit écran métallique.
Cet écran métallique peut être un écran dit « filaire » composé d'un ensemble de conducteurs en cuivre ou en aluminium arrangé autour et le long de la deuxième couche semi-conductrice, un écran dit « rubané » composé d'un ou de plusieurs rubans métalliques conducteurs en cuivre ou en aluminium posé(s) éventuellement en hélice autour de la deuxième couche semi-conductrice ou un ruban métallique conducteur en aluminium posé longitudinalement autour de la deuxième couche semi-conductrice et rendu étanche grâce à de la colle dans les zones de chevauchement de parties dudit ruban, ou d'un écran dit « étanche » de type tube métallique composé éventuellement de plomb ou d'alliage de plomb et entourant la deuxième couche semi-conductrice. Ce dernier type d'écran permet notamment de faire barrière à l'humidité ayant tendance à pénétrer le câble électrique en direction radiale.
L'écran métallique du câble électrique de l'invention peut comprendre un écran dit « filaire » et un écran dit « étanche » ou un écran dit « filaire » et
un écran dit « rubané ».
Tous les types d'écrans métalliques peuvent jouer le rôle de mise à la terre du câble électrique et peuvent ainsi transporter des courants de défaut, par exemple en cas de court-circuit dans le réseau concerné.
D'autres couches, telles que des couches gonflantes en présence d'humidité peuvent être ajoutées entre la deuxième couche semi-conductrice et l'écran métallique, ces couches permettant d'assurer l'étanchéité longitudinale du câble électrique à l'eau.
L'invention a pour quatrième objet un procédé de fabrication d'un câble électrique conforme au troisième objet de l'invention, caractérisé en ce qu'il comprend au moins une étape 1) d'extrusion de la composition polymère conforme au premier objet de l'invention autour d'un élément électriquement conducteur allongé, pour obtenir une couche électriquement isolante (extrudée) entourant ledit élément électriquement conducteur allongé.
L'étape 1) peut être réalisée par des techniques bien connues de l'homme du métier, par exemple à l'aide d'une extrudeuse.
Lors de l'étape 1), la composition en sortie d'extrudeuse est dite « non réticulée », la température ainsi que le temps de mise en œuvre au sein de l'extrudeuse étant optimisés en conséquent.
En sortie d'extrudeuse, on obtient donc une couche extrudée autour dudit élément électriquement conducteur, pouvant être ou non, directement en contact physique avec ledit élément électriquement conducteur allongé.
Le procédé ne comprend pas de préférence d'étape de réticulation de la couche obtenue à l'étape 1).
D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront à la lumière de la description d'exemples non limitatifs de compositions selon l'invention et de câble selon l'invention fait en référence à la figure suivante :
La figure 1 représente une vue schématique d'un câble électrique selon un mode de réalisation préféré conforme à l'invention.
Pour des raisons de clarté, seuls les éléments essentiels pour la compréhension de l'invention ont été représentés de manière schématique, et ceci sans respect de l'échelle.
Le câble d'énergie 1 à moyenne ou haute tension, illustré dans la figure 1, comprend un élément électriquement conducteur 2 allongé central, notamment en cuivre ou en aluminium. Le câble d'énergie 1 comprend en outre plusieurs couches disposées successivement et coaxialement autour de cet élément électriquement conducteur allongé central 2, à savoir : une première couche 3 semi-conductrice dite « couche semi-conductrice interne », une couche 4 électriquement isolante, une deuxième couche 5 semi- conductrice dite « couche semi-conductrice externe », un écran métallique 6 de mise à la terre et/ou de protection, et une gaine extérieure de protection 7.
La couche 4 électriquement isolante est une couche extrudée non réticulée, obtenue à partir de la composition polymère selon l'invention.
Les couches semi-conductrices 3 et 5 sont des couches extrudées thermoplastiques (i.e. non réticulées).
La présence de l'écran métallique 6 et de la gaine extérieure de protection 7 est préférentielle, mais non essentielle, cette structure de câble étant en tant que telle bien connue de l'homme du métier.
EXEM PLES
1. Compositions polymères
Le tableau 1 ci-dessous rassemble des compositions polymères dont les quantités des composés sont exprimées en parties en poids pour cent parties en poids de polymère(s) dans la composition polymère.
La composition Cl est une composition comparative, et la composition Il est conforme à l'invention.
Les polymères dans ces compositions sont au nombre de trois, à savoir : un copolymère de propylène (Pi), un polyéthylène linéaire de faible densité (P2), et un copolymère de propylène hétérophasé (P2).
TABLEAU 1
L'origine des composés du tableau 1 est la suivante :
- Copolymère de propylène statistique commercialisé par la société Borealis sous la référence Bormed RB 845 MO, sous forme de granulés ;
- Polyéthylène linéaire de faible densité commercialisé par la société Exxon Mobil Chemicals sous la référence LLDPE LL 1002 YB, sous forme de granulés ;
- Copolymère de propylène hétérophasé commercialisé par la société Basell Polyolefins sous la référence Adflex Q 200F, sous forme de granulés ;
- Huile minérale commercialisée par la société Nynas sous la référence Nytex 810, l'huile comprenant 10% d'atomes de carbone aromatique, 43% d'atomes de carbone naphténique et 47% d'atomes de carbone paraffinique ;
- Benzophénone commercialisée par la société Sigma-AIdrich sous la référence B9300 ;
- Nano-charges commercialisées par la société Aérosil sous la référence Aérosil R 974, ces nano-charges ont les caractéristiques suivantes :
- particules élémentaires sphériques avec un facteur de forme sensiblement égale à 1, dont le diamètre est inférieur à 100 nm,
- surface spécifique (BET) : 170±20 m2/g,
- particules de silice (Si02) traitées en surface avec du DDS (Diméthyle dichlorosilane) ; et
- Antioxydant commercialisé par la société Ciba sous la référence Irganox B 225 qui comprend un mélange équimolaire d'Irgafos 168 et d'Irganox 1010.
Les compositions Cl et II comprennent les quantités de composés polaires suivantes (déterminées selon la norme ASTM 2007-02), par rapport au poids totale de la composition polymère :
- Composition Cl : 4,8 % en poids,
- Composition II : 4,8 % en poids.
Plus particulièrement, l'huile minérale et la benzophénone forment un liquide diélectrique conforme à l'invention. La benzophénone (composé polaire) est ainsi présente en une quantité de 4,8 % en poids par rapport au poids total de liquide diélectrique.
2. Préparation des couches non réticulées
Les compositions rassemblées dans le tableau 1 sont mises en œuvre comme suit.
L'huile minérale, l'antioxydant et la benzophénone ont été mélangés sous agitation à 75°C environ, afin de former un liquide diélectrique.
Le liquide diélectrique a ensuite été mélangé avec le copolymère de propylène, le polyéthylène linéaire de faible densité et le copolymère hétérophasé, dans un mélangeur afin d'imprégner les granulés de polymères
avec le liquide diélectrique. Le mélange s'effectue à une température de 80°C. A cette température, les granulés de polymères ne sont pas à l'état fondu et restent donc à l'état solide.
Lesdites granulés imprégnés de liquide diélectrique ont ensuite été incorporés, ensemble avec la nano-charge, dans une extrudeuse à double vis (« Berstorff twin screw extruder ») à une température de 145 à 180°C environ, puis fondu à 200°C environ (vitesse des vis : 80 tours/min), afin d'obtenir un jonc extrudé. Le jonc extrudé est ensuite refroidi et granulé par des techniques bien connues de l'homme du métier. On obtient donc des granulés de composition polymère selon la composition Cl et selon la composition II, respectivement.
Des câbles ont été fabriqués avec une extrudeuse de laboratoire, à partir des granulés de composition Cl et des granulés de composition II respectivement, et soumis à des caractérisations électriques. Chacun des câbles comprenait :
- un élément électriquement conducteur de section transversale de 1,4 mm,
- une première couche semi-conductrice entourant ledit élément électriquement conducteur, - une couche électriquement isolante obtenue à partir de la composition polymère de l'invention ou d'une composition polymère comparative entourant ladite première couche semi-conductrice, et
- une deuxième couche semi-conductrice entourant ladite couche électriquement isolante. Les câbles avaient un diamètre total extérieur de 6, 1 mm environ et une longueur totale de 3,64 m environ. Ils ont été dénudés de la deuxième couche semi-conductrice selon une épaisseur de 150 pm et une longueur de 87 cm.
La couche électriquement isolante avait une épaisseur de 1,5 mm (rayon interne et externe respectivement de 1,4 mm et 2,9 mm).
Les couches semi-conductrices étaient des couches thermoplastiques présentant la composition suivante : 48% en poids de copolymère de propylène statistique (Bormed RB 845 MO) ; 20% en poids d'un copolymère hétérophasé (Adflex Q 200F) ; 25% en poids de noir de carbone (Vulcan XC 500) ; 6,5% en poids d'une huile minérale (Nytex 810) et 0,5% en poids d'antioxydant.
3. Caractérisation des couches non réticulées
La rigidité diélectrique des couches, ou en d'autres termes la résistance au claquage diélectrique en courant continu, exprimée en kV/mm, a été réalisée sur des échantillons en forme de plaque de 700 pm d'épaisseur, obtenus à partir des compositions extrudées décrites ci-avant. L'appareil utilisé pour ce type de mesure est HVTS C2000, avec une montée de tension par palier de 5kV toutes les 30 minutes, de 50 kV à 300kV DC.
Une analyse statistique (modèle de Weibull) a été effectuée sur 10 valeurs expérimentales de rigidité diélectrique obtenues.
La tangente delta (tanô) (ou facteur de perte) à 25°C, 90°C et 130°C des couches telles que préparées ci-avant a été mesurée par spectroscopie diélectrique à l'aide d'un appareil vendu sous la dénomination commerciale Alpha-A par la société Novocontrol Technologies.
La tangente de l'angle de perte donne une indication sur l'énergie dissipée dans un diélectrique sous forme de chaleur.
Les essais ont été effectués sur des échantillons d'épaisseur proche de 0,5 mm, sur une gamme de fréquences de 40 à 60 Hz avec une tension de 500 V adaptée selon l'épaisseur l'échantillon testé, afin d'appliquer un champ électrique de 1 kV/mm. Une température de 25°C, 90°C ou 130°C a été appliquée durant les différents essais.
4. Résultats
Les résultats de tangente delta à 25°C obtenus à partir des compositions Cl et II sont tous les deux inférieurs à 2 x 10"4, et sont sensiblement identiques. Les résultats de tangente delta à 90°C obtenus à partir des compositions Cl et II sont tous les deux inférieurs à 3 x 10"4, et sont sensiblement identiques.
En outre, la résistance au claquage en courant continu sur plaque à 50 Hz obtenue avec la composition II est d'au moins 20% supérieure à celle obtenue avec la composition Cl .
Ainsi, la composition polymère selon l'invention présente de meilleures propriétés diélectriques (i.e. meilleure isolation électrique), pour des pertes diélectriques sensiblement identiques (tangente delta).
Plus particulièrement, la résistance au claquage diélectrique (i.e. la rigidité diélectrique) de la couche obtenue à partir de la composition II selon l'invention est améliorée de façon significative par rapport à celle obtenue à partir de la composition comparative Cl .