PROCEDE DE PREPARATION DE SILICES PRECIPITEES
La présente invention concerne un nouveau procédé de préparation de silice précipitée.
Il est connu d'employer des silices précipitées comme support de catalyseur, comme absorbant de matières actives, (en particulier supports de liquides, par exemple utilisés dans l'alimentation, tels que les vitamines (vitamine E notamment, le chlorure de choline), comme agent viscosant, texturant ou anti- mottant, comme élément pour séparateurs de batteries, comme additif pour dentifrice, pour papier.
On peut également employer des silices précipitées comme charge renforçante dans des matrices silicones (par exemple pour l'enrobage des câbles électriques) ou dans des compositions à base de polymère(s), naturels(s) ou synthétique(s), en particulier d'élastomère(s), notamment diéniques, par exemple pour les semelles de chaussures, les revêtements de sols, les barrières aux gaz, les matériaux ignifugeants et également les pièces techniques telles que les galets de téléphériques, les joints d'appareils électroménagers, les joints de conduite de liquides ou de gaz, les joints de système de freinage, les gaines, les câbles et les courroies de transmissions.
Il est ainsi connu de préparer, en mettant en œuvre une réaction de précipitation entre un silicate et un acide dilué, des silices précipitées utilisables comme charge renforçante pour les compositions de polymères, aux caractéristiques atypiques.
Le but de la présente invention est de proposer un nouveau procédé de préparation de silice précipitée, qui constitue une alternative aux procédés connus de préparation de silice précipitée.
Plus préférentiellement, l'un des buts de la présente invention consiste à fournir un procédé qui, tout en ayant une productivité améliorée en particulier au niveau de la réaction de précipitation, notamment par rapport aux procédés de préparation de l'état de la technique mettant en œuvre à titre d'acide un acide dilué, permet d'obtenir des silices précipitées ayant des caractéristiques physicochimiques et des propriétés similaires, notamment au niveau de leur morphologie, leur granulométrie et leur porosité et/ou de leurs propriétés renforçantes, à celles des silices précipitées obtenues par ces procédés de préparation de l'état de la technique.
Un autre but de l'invention consiste préférentiellement, dans le même temps, à réduire la quantité d'énergie consommée et/ou la quantité d'eau employée lors de la préparation de silice précipitée, notamment par rapport aux procédés de l'état de la technique mettant en œuvre à titre d'acide un acide dilué.
Notamment dans ces buts, l'objet de l'invention est un nouveau procédé de préparation de silice précipitée comprenant la réaction d'un silicate avec au moins un acide ce par quoi l'on obtient une suspension de silice, puis la séparation et le séchage de cette suspension, dans lequel la réaction du silicate avec l'acide est réalisée selon les étapes successives suivantes :
(i) on forme un pied de cuve aqueux présentant un pH compris entre 2 et 5, de préférence entre 2,5 et 5, (ii) on ajoute audit pied de cuve, simultanément, du silicate et de l'acide, de telle manière que le pH du milieu réactionnel soit maintenu entre 2 et 5, de préférence entre 2,5 et 5,
(iii) on arrête l'addition de l'acide tout en continuant l'addition de silicate dans le milieu réactionnel jusqu'à l'obtention d'une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 7 et 10, de préférence entre 7,5 et 9,5,
(iv) on ajoute au milieu réactionnel, simultanément, du silicate et de l'acide, de telle manière que le pH du milieu réactionnel soit maintenu entre 7 et 10, de préférence entre 7,5 et 9,5,
(v) on arrête l'addition du silicate tout en continuant l'addition de l'acide dans le milieu réactionnel jusqu'à l'obtention d'une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2,
(vi) on met en contact (mélange) le milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (v) (présentant donc un pH compris entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2) avec de l'acide et du silicate, de telle manière que le pH du milieu réactionnel soit maintenu entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2, procédé dans lequel :
- dans au moins une partie de l'étape (ii) (c'est-à-dire dans, au minimum, une partie ou la totalité de l'étape (ii))
et/ou
- dans l'étape (vi)
l'acide utilisé est un acide concentré, de préférence choisi dans le groupe formé par l'acide sulfurique présentant une concentration d'au moins 80 % en masse, en particulier d'au moins 90 % en masse, l'acide acétique ou l'acide formique présentant une concentration d'au moins 90 % en masse, l'acide nitrique présentant une concentration d'au moins 60 % en masse, l'acide phosphorique présentant une concentration d'au moins 75 % en masse, l'acide chlorhydrique présentant une concentration d'au moins 30 % en masse.
De manière avantageuse, l'acide concentré est de l'acide sulfurique concentré, c'est-à-dire de l'acide sulfurique présentant une concentration d'au moins 80 % en masse, de préférence d'au moins 90 % en masse.
On peut ainsi utiliser, comme acide concentré, de l'acide sulfurique ayant une concentration d'au moins 1400 g/L, en particulier d'au moins 1650 g/L.
Il est possible, dans une éventuelle étape (vii) ultérieure, d'ajouter, dans le milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (vi), un agent alcalin, de préférence un silicate, et ce jusqu'à atteindre une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 4,7 et 6,3, de préférence entre 5,0 et 5,8, par exemple entre 5,0 et 5,4. Selon une variante (A) du procédé de l'invention, l'acide utilisé dans l'étape (vi) est un acide concentré tel que défini ci-dessus.
L'acide utilisé dans les étapes (ii), (iv) et (v) peut alors être un acide dilué, de manière avantageuse de l'acide sulfurique dilué, c'est-à-dire présentant une concentration très inférieure à 80 % en masse, en l'occurrence une concentration inférieure à 20 % en masse (et en général d'au moins 4 % en masse), en particulier inférieure à 14 % en masse, notamment d'au plus 10 % en masse, par exemple comprise entre 5 et 10 % en masse.
Selon la variante préférée de l'invention (variante (B)), l'invention est un nouveau procédé de préparation de silice précipitée comprenant la réaction d'un silicate avec au moins un acide ce par quoi l'on obtient une suspension de silice, puis la séparation et le séchage de cette suspension, dans lequel la réaction du silicate avec l'acide est réalisée selon les étapes successives suivantes :
(i) on forme un pied de cuve aqueux présentant un pH compris entre 2 et 5, de préférence entre 2,5 et 5, (ii) on ajoute audit pied de cuve, simultanément, du silicate et de l'acide, de telle manière que le pH du milieu réactionnel soit maintenu entre 2 et 5, de préférence entre 2,5 et 5,
(iii) on arrête l'addition de l'acide tout en continuant l'addition de silicate dans le milieu réactionnel jusqu'à l'obtention d'une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 7 et 10, de préférence entre 7,5 et 9,5,
(iv) on ajoute au milieu réactionnel, simultanément, du silicate et de l'acide, de telle manière que le pH du milieu réactionnel soit maintenu entre 7 et 10, de préférence entre 7,5 et 9,5,
(v) on arrête l'addition du silicate tout en continuant l'addition de l'acide dans le milieu réactionnel jusqu'à l'obtention d'une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2,
(vi) on met en contact (mélange) le milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (v) (présentant donc un pH compris entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2) avec de l'acide et du silicate, de telle manière que le pH du milieu réactionnel soit maintenu entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2, procédé dans lequel, dans au moins une partie de l'étape (ii) (c'est-à-dire dans, au minimum, une partie ou la totalité de l'étape (ii)), l'acide utilisé est un acide concentré, de préférence choisi dans le groupe formé par l'acide sulfurique présentant une concentration d'au moins 80 % en masse, en particulier d'au moins 90 % en masse, l'acide acétique ou l'acide formique présentant une concentration d'au moins 90 % en masse, l'acide nitrique présentant une concentration d'au moins 60 % en masse, l'acide phosphorique présentant une concentration d'au moins 75 % en masse, l'acide chlorhydrique présentant une concentration d'au moins 30 % en masse.
Selon l'une des caractéristiques essentielles de la variante (B), prise en combinaison avec une succession d'étapes particulières, et en particulier la
présence d'une première addition simultanée d'acide et de silicate en milieu acide à pH compris entre 2 et 5 et d'une seconde addition simultanée d'acide et de silicate en mileu basique à un pH compris entre 7 et 10, l'acide utilisé dans au moins une partie de l'étape (ii) est un acide concentré, de préférence choisi dans le groupe formé par l'acide sulfurique présentant une concentration d'au moins 80 % en masse, en particulier d'au moins 90 % en masse, l'acide acétique ou l'acide formique présentant une concentration d'au moins 90 % en masse, l'acide nitrique présentant une concentration d'au moins 60 % en masse, l'acide phosphorique présentant une concentration d'au moins 75 % en masse, l'acide chlorhydrique présentant une concentration d'au moins 30 % en masse.
De manière avantageuse, l'acide concentré est de l'acide sulfurique concentré, c'est-à-dire de l'acide sulfurique présentant une concentration d'au moins 80 % en masse (et en général d'au plus 98 % en masse), de préférence d'au moins 90 % en masse ; en particulier, sa concentration est comprise entre 90 et 98 % en masse, par exemple entre 91 et 97 % en masse.
Selon un mode de réalisation de la variante (B), l'acide concentré tel que défini ci-dessus est utilisé uniquement dans une partie de l'étape (ii).
L'acide utilisé dans les étapes (iv) à (vi) peut alors être par exemple un acide dilué, de manière avantageuse de l'acide sulfurique dilué, c'est-à-dire présentant une concentration très inférieure à 80 % en masse, en l'occurrence une concentration inférieure à 20 % en masse (et en général d'au moins 4 % en masse), en particulier inférieure à 14 % en masse, notamment d'au plus 10 % en masse, par exemple comprise entre 5 et 10 % en masse.
De préférence, l'acide utilisé dans l'étape (iv) est également un acide concentré tel que mentionné ci-dessus.
De manière préférée, l'acide utilisé dans les étapes (iv) et (v) est également un acide concentré tel que mentionné ci-dessus.
Cependant, selon un mode de réalisation préféré de la variante (B), l'acide utilisé dans les étapes (iv) à (vi) est également un acide concentré tel que mentionné ci-dessus.
Dans le cadre de ce mode de réalisation préféré de la variante (B), l'acide concentré utilisé dans une partie de l'étape (ii) est utilisé en général dans une deuxième et dernière partie de cette étape (ii) (l'acide utilisé dans l'autre partie de l'étape (ii) étant par exemple un acide dilué comme décrit ci-dessus). Ainsi, dans cette étape (ii), l'acide employé jusqu'à ce qu'on atteigne le point de gel dans le
milieu réactionnel (correspondant à une brusque augmentation de la turbidité du milieu réactionnel caractéristique d'une augmentation de la taille des objets) peut être un acide dilué tel que mentionné ci-dessus, de manière avantageuse de l'acide sulfurique dilué (c'est-à-dire présentant une concentration très inférieure à 80 % en masse, en l'occurrence une concentration inférieure à 20 % en masse, en général inférieure à 14 % en masse, en particulier d'au plus 10 % en masse, par exemple comprise entre 5 et 10 % en masse). L'acide employé après atteinte du point de gel dans le milieu réactionnel peut quant à lui être un acide concentré tel que mentionné ci-dessus, de manière avantageuse de l'acide sulfurique concentré, c'est-à-dire de l'acide sulfurique présentant une concentration d'au moins 80 % en masse, de préférence d'au moins 90 % en masse, en particulier comprise entre 90 et 98 % en masse.
De même, dans cette étape (ii), l'acide employé dans les x premières minutes de l'étape (ii), avec x compris entre 10 et 25, de préférence entre 12 et 22, peut être un acide dilué tel que mentionné ci-dessus et l'acide employé après les x premières minutes de l'étape (ii), avec x compris entre 10 et 25, de préférence entre 12 et 22, peut être un acide concentré tel que mentionné ci-dessus.
Dans le cadre de ce mode de réalisation préféré de la variante (B), l'acide utilisé dans la totalité de l'étape (ii) peut également être un acide concentré tel que mentionné ci-dessus, de manière avantageuse de l'acide sulfurique concentré, c'est-à-dire présentant une concentration d'au moins 80 % en masse, de préférence d'au moins 90 % en masse, en particulier comprise entre 90 et 98 % en masse. Dans ce cas, on peut éventuellement ajouter de l'eau dans le pied de cuve initial, en particulier soit avant l'étape (ii) soit au cours de l'étape (ii).
Dans le procédé selon l'invention, on utilise généralement comme acide(s) (acide concentré ou acide dilué) un acide organique tel que l'acide acétique, l'acide formique ou l'acide carbonique ou, de préférence, un acide minéral tel que l'acide sulfurique, l'acide nitrique, l'acide phosphorique ou l'acide chlorhydrique.
Si on utilise comme acide concentré de l'acide acétique concentré ou de l'acide formique concentré, alors leur concentration est d'au moins 90 % en masse.
Si on utilise comme acide concentré de l'acide nitrique concentré, alors sa concentration est d'au moins 60 % en masse.
Si on utilise comme acide concentré de l'acide phosphorique concentré, alors sa concentration est d'au moins 75 % en masse.
Si on utilise comme acide concentré de l'acide chlorhydrique concentré, alors sa concentration est d'au moins 30 % en masse.
Cependant de manière très avantageuse, on emploie comme acide(s) un (des) acide(s) sulfurique(s), l'acide sulfurique concentré alors utilisé présentant une concentration telle que déjà mentionné dans l'exposé ci-dessus.
En général, lorsque de l'acide concentré est utilisé dans plusieurs étapes, on emploie alors le même acide concentré.
On peut par ailleurs utiliser en tant que silicate toute forme courante de silicates tels que métasilicates, disilicates et avantageusement un silicate de métal alcalin, notamment le silicate de sodium ou de potassium.
Le silicate peut présenter une concentration (exprimée en S1O2) comprise entre 40 et 330 g/L, par exemple entre 60 et 300 g/L, en particulier entre 60 et 260 g/L.
De manière générale, on emploie, comme silicate, le silicate de sodium.
Dans le cas où l'on utilise le silicate de sodium, celui-ci présente, en général, un rapport pondéral SiO2/Na2O compris entre 2,5 et 4, par exemple entre 3,2 et 3,8.
L'agent alcalin employé lors de l'éventuelle étape (vii) peut être par exemple une solution de soude, de potasse ou d'ammoniac. De préférence, cet agent alcalin est du silicate, en particulier du silicate tel qu'utilisé lors des étapes précédentes.
En ce qui concerne plus particulièrement le procédé de préparation de l'invention, la réaction du silicate avec l'acide se fait d'une manière très spécifique selon les étapes suivantes.
On forme tout d'abord (étape (i)) un pied de cuve aqueux présentant un pH compris entre 2 et 5.
De préférence, le pied de cuve formé présente un pH compris entre 2,5 et 5, notamment entre 3 et 4,6 ; ce pH est par exemple compris entre 3,5 et 4,5.
Ce pied de cuve initial peut être obtenu (variante préférée) par ajout d'acide à de l'eau de manière à obtenir une valeur de pH du pied de cuve entre 2 et 5, de préférence entre 2,5 et 5, notamment entre 3 et 4,6 et par exemple entre 3,5 et 4,5.
Il peut être également obtenu par ajout d'acide à un mélange eau + silicate de manière à obtenir cette valeur de pH.
Il peut aussi être préparé par ajout d'acide à un pied de cuve contenant des particules de silice préalablement formées à un pH inférieur à 7, de manière à obtenir une valeur de pH entre 2 et 5, de préférence entre 2,5 et 5, notamment entre 3 et 4,6 et par exemple entre 3,5 et 4,5.
Le pied de cuve formé dans l'étape (i) peut comprendre ou non un électrolyte.
Le terme d'électrolyte s'entend ici dans son acceptation normale, c'est-à-dire qu'il signifie toute substance ionique ou moléculaire qui, lorsqu'elle est en solution, se décompose ou se dissocie pour former des ions ou des particules chargées. On peut citer comme électrolyte un sel du groupe des sels des métaux alcalins et alcalino-terreux, notamment le sel du métal de silicate de départ et de l'acide, par exemple le chlorure de sodium dans le cas de la réaction d'un silicate de sodium avec l'acide chlorhydrique ou, de préférence, le sulfate de sodium dans le cas de la réaction d'un silicate de sodium avec l'acide sulfurique.
De préférence, lorsqu'on utilise du sulfate de sodium comme électrolyte dans l'étape (i), sa concentration dans le pied de cuve initial est comprise, en particulier, entre 12 et 20 g/L, par exemple entre 13 et 18 g/L.
La deuxième étape (étape (ii)) consiste en une addition simultanée d'acide et de silicate, de telle manière (en particulier à des débits tels) que le pH du milieu réactionnel soit compris entre 2 et 5, de préférence entre 2,5 et 5, notamment entre 3 et 5, par exemple entre 3,5 et 4,8.
En général, cette addition simultanée est réalisée de manière telle que la valeur du pH du milieu réactionnel soit proche, de préférence constamment égale (à ± 0,2 près), à celle atteinte à l'issue de l'étape initiale (i).
Puis, dans une étape (iii), on arrête l'addition d'acide tout en continuant l'addition de silicate dans le milieu réactionnel de manière à obtenir une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 7 et 10, de préférence entre 7,5 et 9,5, par exemple entre 7,5 et 9.
On peut éventuellement effectuer juste après cette étape (iii) et donc juste après l'arrêt de l'addition de silicate, un mûrissement du milieu réactionnel, notamment au pH obtenu à l'issue de l'étape (iii), et en général sous agitation ; ce mûrissement peut par exemple durer de 2 à 45 minutes, en particulier de 5 à 25 minutes et ne comporte préférentiellement ni addition d'acide, ni addition de silicate.
Après l'étape (Ni) et l'éventuel mûrissement, on procède à une nouvelle addition simultanée d'acide et de silicate, de telle manière (en particulier à des débits tels) que le pH du milieu réactionnel soit maintenu entre 7 et 10, de préférence entre 7,5 et 9,5, par exemple entre 7,5 et 9 (étape (iv)).
En général, cette seconde addition simultanée est réalisée de manière telle que la valeur du pH du milieu réactionnel soit constamment égale (à ± 0,2 près) à celle atteinte à l'issue de l'étape précédente.
Il est à noter que l'on peut, entre l'étape (iii) et l'étape (iv), par exemple entre, d'une part, l'éventuel mûrissement suivant l'étape (iii), et, d'autre part, l'étape (iv), ajouter au milieu réactionnel de l'acide, de préférence de l'acide concentré tel que défini ci-dessus, le pH du milieu réactionnel à l'issue de cette addition d'acide étant cependant compris entre 7 et 9,5, de préférence entre 7,5 et 9,5, par exemple entre 7,5 et 9. Ensuite, dans une étape (v), on arrête l'addition du silicate tout en continuant l'addition d'acide dans le milieu réactionnel de manière à obtenir une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2, par exemple entre 3,5 et 5,1 (voire entre 3,5 et 5,0).
On peut éventuellement effectuer juste après cette étape (v) un mûrissement du milieu réactionnel, notamment au pH obtenu à l'issue de l'étape (v), et en général sous agitation ; ce mûrissement peut par exemple durer de 2 à 45 minutes, en particulier de 5 à 20 minutes et ne comporte préférentiellement ni addition d'agent acidifiant, ni addition de silicate. Puis on met en contact (étape (vi)) :
- le milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (v), ledit milieu réactionnel présentant un pH compris entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2, par exemple entre 3,5 et 5,1 (voire entre 3,5 et 5,0),
- avec de l'acide et du silicate,
de telle manière (en particulier à des débits tels) que le pH du milieu réactionnel obtenu soit maintenu entre 2,5 et 5,3, de préférence entre 2,8 et 5,2, par exemple entre 3,5 et 5,1 (voire entre 3,5 et 5,0).
Ledit pH du milieu réactionnel peut varier à l'intérieur de la plage 2,5-5,3, de préférence de la plage 2,8-5,2, par exemple de la plage 3,5-5,1 (voire 3,5-5,0), ou, de manière préférée, rester (sensiblement) constant à l'intérieur de ces plages.
En général, dans cette étape (vi), la mise en contact du milieu réactionnel issu de l'étape (v) avec l'acide et le silicate est effectuée en ajoutant de l'acide et du silicate audit milieu réactionnel.
Selon une variante du procédé de l'invention, dans l'étape (vi), on ajoute audit milieu réactionnel d'abord l'acide, puis le silicate.
Cependant, selon une variante préférée du procédé de l'invention, dans l'étape (vi), on ajoute plutôt simultanément l'acide et le silicate audit milieu réactionnel ; de préférence, cette addition simultanée est effectuée avec régulation du pH du milieu réactionnel obtenu lors de cette addition à une valeur (sensiblement) constante à l'intérieur des plages précitées.
L'étape (vi) est généralement effectuée sous agitation.
L'éventuelle étape (vii) du procédé selon l'invention consiste en une addition, dans le milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (vi), d'un agent alcalin, de préférence de silicate, et ce jusqu'à atteindre une valeur du pH du milieu réactionnel comprise entre 4,7 et 6,3, de préférence entre 5,0 et 5,8, par exemple entre 5,0 et 5,4.
Cette étape (vii) est habituellement effectuée sous agitation. En général, l'ensemble de la réaction (étapes (i) à (vi), ou (vii) le cas échéant) est effectué sous agitation.
Toutes les étapes (i) à (vi), ou (vii) le cas échéant sont habituellement réalisées entre 75 et 97 °C, de préférence entre 80 et 96 °C.
Selon une variante du procédé de l'invention, l'ensemble des étapes est effectué à une température constante.
Selon une autre variante du procédé de l'invention, la température de fin de réaction est plus élevée que la température de début de réaction : ainsi, on maintient la température au début de la réaction (par exemple au cours des étapes (i) et (ii)) de préférence entre 75 et 90 °C, puis on augmente la température, de préférence jusqu'à une valeur comprise entre 90 et 97 °C, valeur à laquelle elle est maintenue (par exemple au cours des étapes (iii) à (vii)) jusqu'à la fin de la réaction. II peut être avantageux de procéder à l'issue de l'étape (vi), ou de l'éventuelle étape (vii), à un mûrissement du milieu réactionnel obtenu, notamment au pH obtenu à l'issue de cette étape (vi) (ou de l'étape (vii)), et en général sous agitation. Ce mûrissement peut par exemple durer de 2 à
30 minutes, en particulier de 3 à 20 minutes et peut être réalisé entre 75 et 97 °C, de préférence entre 80 et 96 °C, en particulier à la température à laquelle a été effectuée l'étape (vii) (ou l'étape (vii)). Il ne comporte préférentiellement ni addition d'acide, ni addition de silicate.
Dans le procédé selon l'invention, l'étape (vi) peut être effectuée dans un mélangeur rapide ou dans une zone d'écoulement turbulent, ce qui peut permettre un meilleur contrôle des caractéristiques des silices précipitées obtenues.
Par exemple, dans le cas où, dans l'étape (vi), on ajoute au milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (v) d'abord l'acide, puis le silicate, alors la mise en contact dudit silicate avec le milieu résultant de l'ajout de l'acide au milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (v) peut être effectuée dans un mélangeur rapide ou dans une zone d'écoulement turbulent.
De même, dans le cas où, dans l'étape (vi), on ajoute simultanément l'acide et le silicate au milieu réactionnel obtenu à l'issue de l'étape (v), alors la mise en contact dudit acide et dudit silicate avec ledit milieu réactionnel peut être effectuée dans un mélangeur rapide ou dans une zone d'écoulement turbulent.
De préférence, le milieu réactionnel obtenu dans le mélangeur rapide ou dans une zone d'écoulement turbulent alimente un réacteur, de préférence soumis à une agitation, réacteur dans lequel l'éventuelle étape (vii) est mise en œuvre.
Dans l'étape (vi), on peut utiliser un mélangeur rapide choisi parmi les mélangeurs (ou tubes) en T ou en Y symétriques, les mélangeurs (ou tubes) en T ou en Y asymétriques, les mélangeurs à jets tangentiels, les mélangeurs Hartridge-Roughton, les mélangeurs vortex, les mélangeurs rotor-stators.
Les mélangeurs (ou tubes) en T ou en Y symétriques sont généralement constitués de deux tubes opposés (tubes en T) ou formant un angle inférieur à 180° (tubes en Y), de même diamètre, déchargeant dans un tube central dont le diamètre est identique ou supérieur à celui des deux tubes précédents. Ils sont dits « symétriques » car les deux tubes d'injection des réactifs présentent le même diamètre et le même angle par rapport au tube central, le dispositif étant caractérisé par un axe de symétrie. De préférence, le tube central présente un diamètre deux fois plus élevé environ que le diamètre des tubes opposés ; de même la vitesse de fluide dans le tube central est de préférence égale à la moitié de celle dans les tubes opposés.
On préfère cependant employer, en particulier lorsque les deux fluides à introduire ne présentent pas le même débit, un mélangeur (ou tube) en T ou en Y
asymétriques plutôt qu'un mélangeur (ou tube) en T ou en Y symétrique. Dans les dispositifs asymétriques, un des fluides (le fluide de plus faible débit en général) est injecté dans le tube central au moyen d'un tube latéral de diamètre plus faible. Ce dernier forme avec le tube central un angle de 90° en général (tube en T) ; cet angle peut être différent de 90° (tube en Y), donnant des systèmes à co-courant (par exemple angle de 45°) ou à contre-courant (par exemple angle de 135°) par rapport à l'autre courant.
A titre de mélangeur rapide, on utilise de préférence un mélangeur à jets tangentiels, un mélangeur Hartridge-Roughton ou un mélangeur (ou précipiteur) vortex, qui dérivent des dispositifs en T symétriques.
Plus particulièrement, dans l'étape (vi), on peut mettre en oeuvre un mélangeur rapide à jets tangentiels, Hartridge-Roughton ou vortex, comprenant une chambre ayant (a) au moins deux admissions tangentielles par lesquelles entrent séparément (mais en même temps) soit, d'une part, le silicate, et, d'autre part, le milieu résultant de l'ajout d'acide au milieu réactionnel issu de l'étape (v), soit, d'une part, le silicate et l'acide, et, d'autre part, le milieu réactionnel issu de l'étape (v), et (b) une sortie axiale par laquelle sort le milieu réactionnel obtenu dans cette étape (vi) et ce, de préférence, vers un(e) réacteur (cuve) disposé(e) en série après ledit mélangeur. Les deux admissions tangentielles sont de préférence situées symétriquement, et de manière opposée, par rapport à l'axe central de ladite chambre.
La chambre du mélangeur à jets tangentiels, Hartridge-Roughton ou vortex éventuellement utilisé présente généralement une section circulaire et est de préférence de forme cylindrique.
Chaque tube d'admission tangentielle peut présenter un diamètre interne d de 0,5 à 80 mm.
Ce diamètre interne d peut être compris entre 0,5 et 10 mm, en particulier entre 1 et 9 mm, par exemple entre 2 et 7 mm. Cependant, notamment à l'échelle industrielle, il est de préférence compris entre 10 et 80 mm, en particulier entre 20 et 60 mm, par exemple entre 30 et 50 mm.
Le diamètre interne de la chambre du mélangeur à jets tangentiels, Hartridge-Roughton ou vortex éventuellement employé peut être compris entre 3d et 6d, en particulier entre 3d et 5d, par exemple égal à 4d ; le diamètre interne du tube de sortie axiale peut être compris entre 1 d et 3d, en particulier entre 1 ,5d et 2,5d, par exemple égal à 2d.
Les débits du silicate et de l'acide sont par exemple déterminés de façon à ce qu'au point de confluence les deux courants de réactifs entrent en contact l'un avec l'autre dans une zone d'écoulement suffisamment turbulent.
Dans le procédé selon l'invention, on obtient, à l'issue de l'étape (vi) (ou de l'étape (vii) le cas échéant), éventuellement suivie d'un mûrissement, une bouillie de silice qui est ensuite séparée (séparation liquide-solide).
La séparation mise en œuvre dans le procédé de préparation selon l'invention comprend habituellement une filtration, suivie d'un lavage si nécessaire. La filtration s'effectue selon toute méthode convenable, par exemple au moyen d'un filtre presse, d'un filtre à bande, d'un filtre sous vide.
La suspension de silice ainsi récupérée (gâteau de filtration) est ensuite séchée.
Ce séchage peut se faire selon tout moyen connu en soi.
De préférence, le séchage se fait par atomisation. A cet effet, on peut utiliser tout type d'atomiseur convenable, notamment un atomiseur à turbines, à buses, à pression liquide ou à deux fluides. En général, lorsque la filtration est effectuée à l'aide d'un filtre presse, on utilise un atomiseur à buses, et, lorsque la filtration est effectuée à l'aide d'un filtre sous-vide, on utilise un atomiseur à turbines.
Il y a lieu de noter que le gâteau de filtration n'est pas toujours dans des conditions permettant une atomisation notamment à cause de sa viscosité élevée. D'une manière connue en soi, on soumet alors le gâteau à une opération de délitage. Cette opération peut être réalisée mécaniquement, par passage du gâteau dans un broyeur de type colloïdal ou à billes. Le délitage est généralement effectué en présence d'eau et/ou en présence d'un composé de l'aluminium, en particulier d'aluminate de sodium et, éventuellement, en présence d'un acide tel que décrit précédemment (dans ce dernier cas, le composé de l'aluminium et l'acide sont généralement ajoutés de manière simultanée).
L'opération de délitage permet notamment d'abaisser la viscosité de la suspension à sécher ultérieurement.
Lorsque le séchage est effectué à l'aide d'un atomiseur à buses, la silice susceptible d'être alors obtenue se présente habituellement sous forme de billes sensiblement sphériques.
A l'issue du séchage, on peut alors procéder à une étape de broyage sur le produit récupéré. La silice qui est alors susceptible d'être obtenue se présente généralement sous forme d'une poudre.
Lorsque le séchage est effectué à l'aide d'un atomiseur à turbines, la silice susceptible d'être alors obtenue peut se présenter sous la forme d'une poudre.
Enfin, le produit séché (notamment par un atomiseur à turbines) ou broyé tel qu'indiqué précédemment peut éventuellement être soumis à une étape
d'agglomération, qui consiste par exemple en une compression directe, une granulation voie humide (c'est-à-dire avec utilisation d'un liant tel que eau, suspension de silice ...), une extrusion ou, de préférence, un compactage à sec. Lorsque l'on met en œuvre cette dernière technique, il peut s'avérer opportun, avant de procéder au compactage, de désaérer (opération appelée également pré-densification ou dégazage) les produits pulvérulents de manière à éliminer l'air inclus dans ceux-ci et assurer un compactage plus régulier.
La silice susceptible d'être alors obtenue par cette étape d'agglomération se présente généralement sous la forme de granulés.
Les poudres, de même que les billes, de silice obtenues par le procédé selon l'invention offrent ainsi l'avantage, entre autres, d'accéder de manière simple, efficace et économique, à des granulés, notamment par des opérations classiques de mise en forme, telles que par exemple une granulation ou un compactage, sans que ces dernières n'entraînent de dégradations susceptibles de masquer, voire annihiler, les bonnes propriétés intrinsèques attachées à ces poudres ou ces billes.
De manière générale, le procédé selon l'invention permet d'obtenir des silices formées d'agrégats de grosses particules primaires de silice à la surface desquels se trouvent des petites particules primaires de silice présentant avantageusement les caractéristiques des silices décrites dans la demande internationale WO 201 1/026895.
La mise en œuvre du procédé de préparation selon l'invention, particulièrement lorsque l'acide concentré utilisé est de l'acide sulfurique concentré, permet notamment d'obtenir au cours dudit procédé (à l'issue de l'étape (vi) ou de l'éventuelle étape (vii)) une suspension plus concentrée en silice que celle obtenue par un procédé identique utilisant uniquement de l'acide dilué, et donc un gain en productivité en silice (pouvant atteindre par exemple au moins 10 à 40%), tout en s'accompagnant de manière surprenante de l'obtention de silices précipitées présentant, de préférence, une morphologie, une granulométrie et une porosité particulières. Généralement, les silices précipitées obtenues par le procédé selon l'invention présentent une bonne aptitude à la dispersion dans les polymères et confèrent à ceux-ci un compromis de propriétés très satisfaisant, par exemple au niveau de leurs propriétés mécaniques, dynamiques et rhéologiques, comparables à celles des silices précipitées obtenues par un procédé identique utilisant uniquement de l'acide dilué.
De manière avantageuse, dans le même temps, notamment lorsque l'acide concentré utilisé est de l'acide sulfurique concentré, le procédé selon l'invention permet, par rapport à un procédé identique mettant en œuvre uniquement de l'acide dilué, un gain (pouvant atteindre par exemple au moins 15 à 60 %) sur la consommation d'énergie (sous forme de vapeur vive par exemple), en particulier à la réaction de précipitation (c'est-à-dire à l'issue de l'étape (vi)), du fait d'une diminution des quantités d'eau engagées et de l'exo-thermicité liée à l'utilisation d'acide concentré. En outre, l'utilisation d'acide concentré permet de restreindre (par exemple d'au moins 15 %) la quantité d'eau nécessaire à la réaction, notamment du fait de la diminution de la quantité d'eau utilisée pour la préparation de l'acide.
Les silices précipitées préparées par le procédé selon l'invention peuvent être utilisées dans de nombreuses applications.
Elles peuvent être employées notamment comme support de catalyseur, comme absorbant de matières actives (en particulier support de liquides, par exemple utilisés dans l'alimentation, tels que les vitamines (vitamine E), le chlorure de choline), dans des compositions de polymère(s), notamment d'élastomère(s), de silicone(s), comme agent viscosant, texturant ou anti-mottant, comme élément pour séparateurs de batteries, comme additif pour dentifrice, pour béton, pour papier.
Cependant, elles trouvent une application particulièrement intéressante dans le renforcement des polymères, naturels ou synthétiques.
Les compositions de polymère(s) dans lesquelles elles peuvent être employées, notamment à titre de charge renforçante, sont en général à base d'un ou plusieurs polymères ou copolymères, en particulier d'un ou plusieurs élastomères, notamment les élastomères thermoplastiques, présentant, de préférence, au moins une température de transition vitreuse comprise entre -150 et +300 °C, par exemple entre -150 et +20 °C.
A titre de polymères possibles, on peut citer les polymères diéniques, en particulier les élastomères diéniques.
On peut citer, à titre d'exemples, non limitatifs, d'articles finis à base des compositions de polymère(s) décrites précédemment les semelles de chaussures, les pneumatiques, les revêtements de sols, les barrières aux gaz, les matériaux ignifugeants et également les pièces techniques telles que les galets de téléphériques, les joints d'appareils électroménagers, les joints de conduites de liquides ou de gaz, les joints de système de freinage, les gaines (notamment les gaines de câbles), les câbles et les courroies de transmissions.