Il est connu qu'on peut imprimer des textiles et autres surfaces planes en matière synthétique par transfert à chaud du motif ou dessin préalablement imprimé sur un support provisoire de papier. Les supports provisoires utilisés dans cette technique (dite de thermo-impression) sont généralement constitués par une bande de papier qui porte, sur l'une de ses faces, le motif à transférer, sous forme d'une couche colorée, formée par un (ou plusieurs) colorant sublimable ou vaporisable et un (ou plusieurs) liant qui a pour fonction essentielle de maintenir le colorant sur le support.
Les supports provisoires de ce genre sont bien connus et décrits par exemple aux brevets français N"' 1223330 et 1 575069 (voir aussi le brevet belge No 761 618).
La présente invention concerne de nouveaux supports provisoires pour la thermo-impression qui différent des supports connus par le fait qu'ils présentent en plus d'une impression polychrome ou d'une seule couleur (obtenue, comme dans le cas des supports connus, à l'aide d'un ou plusieurs colorants qui passent a l'état de vapeur entre 160 et 220 C à la pression atmosphérique), un produit qui absorbe le rayonnement infrarouge, ce produit pouvant faire partie de la couche colorée ou former un souslaquage qui sépare ladite couche colorée de la base du support ou encore être déposé sur celle des deux faces du support qui ne porte pas de matiéres à transférer.
Ces nouveaux supports provisoires peuvent donc comporter, sur l'une au moins des deux faces d'une feuille, d'un ruban ou d'une bande de base plus ou moins inerte et stable à la chaleur, par exemple en papier, une couche mince de matiéres organiques comportant des matières colorantes volatiles ou sublimables, qui forment le dessin à transférer, et dans ou sous cette couche, un produit qui absorbe le rayonnement infrarouge.
Si l'on préfère éviter que ce dernier ne soit en contact avec les matières volatiles, on peut, au lieu de le déposer dans ou sous la couche colorée. en enduire l'autre face du support provisoire qui consiste alors en une feuille ou bande de matière flexible et stable à la chaleur portant. sur une de ses faces, un produit absorbant le rayonnement infrarouge et, sur l'autre, les matières volatiles que l'on veut transférer sur un support définitif. Les nouveaux supports selon l'invention peuvent également comporter le produit absorbant le rayonnement infrarouge dans la base inerte du support sur une des faces duquel est appliquée la couche de matières volatiles, transférables à chaud.
Les produits capables d'absorber le rayonnement infrarouge sont bien connus et sont généralement utilisés pour protéger de la chaleur certaines matières plastiques, par exemple. A titre d'exemple de tels produits utilisables pour préparer les nouveaux supports selon la présente invention, on mentionnera les sels de benzoquinone diammonium N-tétraphénylés, particulièrement ceux de la formule générale
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dans laquelle X, X', Y et Y' représentent chacun un reste alcoyle comportant au plus 6 atomes de carbone, R et R' représentent chacun un reste benzénique substitué ou non, et A représente un anion quelconque. Le choix de l'anion n'étant nullement critique, on pourra utiliser des sels très variés, par exemple des chlorures.
des nitrates, des chlorates, des sulfates, des sulfonates, des fluoborates. des hexafluoroarséniates ou des hexafluoroantimoniates.
Les sels de fluorénol sont aussi des absorbeurs d'infrarouge appréciés et ils peuvent également être utilisés pour préparer des nouveaux supports conformes à l'invention. Parmi eux on mentionnera spécialement ceux du brevet étatsunien N 3000833 qui répondent à la formule
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dans laquelle R1, R2 et R3 représentent chacun un atome d'hydrogène, un groupe O-CnH2n + 1 (n = I à 6) ou un groupe aminogène, deux au moins d'entre eux étant des groupes aminogéne et X représente un anion quelconque, un ou plusieurs des atomes d'hydrogène pouvant être remplacés par les substituants suivants: alcoxy, alcoyle, chlore, brome, fluor, nitro, acyle. acylamino ou sulfonamido.
On peut aussi préparer les nouveaux supports de la présente invention à l'aide d'absorbeurs d'infrarouge du type de ceux décrits au brevet étatsunien N 3298898 de du Pont. Ces produits sont des chélates ferriques ou ferreux de monoximes d'o-quinones, tels l'oximate ferreux de 1 ,2-naphtho-quinone, I'oximate ferreux de 6-bromo-l ,2-naphtho-quinone, I'oximate ferreux de 3,5- ou 7'-hydroxy-naphthoquinone, I'oximate ferreux d'un mélange de 0,5 à 2 moles de dinitrosorésorcine pour I mole d'l-nitroso-2-naphthol.
On peut ajouter un ou plusieurs de ces agents absorbant le rayonnement infrarouge directement aux encres utilisées dans l'impression de la feuille ou bande de matière flexible, de préférence en cellophane ou en papier, qui forme la base inerte des nouveaux supports. On peut aussi imprégner cette feuille ou cette bande à l'aide d'un tel agent ou en enduire celle des faces qui portera ensuite le dessin ou motif à transférer. ou encore, et cette ma nière de faire présente certains avantages, en enduire la face de la feuille (ou bande) opposée à celle qui porte le motif à transférer.
L'enduction avec des absorbeurs d'infrarouge peut, dans ce dernier cas, être effectuée après l'impression de la base du support avec des encres contenant les matières à transférer.
Pour appliquer les agents qui absorbent le rayonnement infrarouge on peut donc soit les ajouter en petite quantité aux encres d'impression ou les dissoudre. voire les disperser dans un solvant organique (voir. dans une résine) approprié et imprégner ou enduire la base inerte du support provisoire à l'aide de la solution ou de la dispersion obtenue. Les qualités utilisées varient entre 0.1 et 5 grammes par m2.
Pour protéger des effets nuisibles des rayons ultraviolets ou même de la chaleur, on peut ajouter aux produits qui absorbent le rayonnement infrarouge des agents stabilisateurs de tout genre, par exemple l'hydroquinone et ses éthers, la tétrachlorobenzoqui
none et le mélange de tri- et de tétrachlorobenzoquinone connu
sous le nom commercial de chloranile.
L'adhérence des agents qui absorbent le rayonnement infra
rouge à la base du support peut être aisément accrue, si c'est nécessaire, par addition de liants aux solutions ou aux dispersions de ces agents avant leur emploi; à cet effet on utilise de préférence de l'alcool polyvinylique ou une autre résine ou liant, par exemple le liant des encres employées pour former la couche colorée ou encore une des résines qui enrobe les particules de matières colorantes dans les encres qui servent à l'impression de la couche colorée.
Pour appliquer sur une des faces du support une couche d'agents d'absorption du rayonnement infrarouge et, sur cette couche ou, de préférence sur la face opposée du support, la couche colorée qui comporte le dessin à transférer, on peut opérer sur l'appareillage usuel. On peut par exemple procéder à un passage sur une vernisseuse séparée, pour appliquer l'absorbeur d'infrarouge et effectuer l'impression proprement dite du papier sur une machine à imprimer à rouleaux ordinaire. On peut aussi n'employer qu'une seule machine à imprimer; il suffira, pour ce faire, que celle-ci soit pourvue d'un (ou de plusieurs) rouleau encreur supplémentaire, qui sera placé avant les rouleaux gravés qui impriment le dessin à transférer.
Un séchage intermédiaire entre l'application des deux couches caractéristiques des supports de la présente invention assure que ce prélaquage ne gêne pas l'impression proprement dite sur le papier du motif à transférer ultérieurement. Le ou les rouleaux supplémentaires permettent d'enduire toute la surface du support provisoire tandis que les rouleaux encreurs proprement dits sont généralement gravés et ne déposent de l'encre sur le support qu'aux endroits voulus et déterminés par la nature du motif à transférer.
Ce dernier est imprimé sur le support provisoire comme dans les procédés connus par application d'encres aqueuses ou, de préférence, d'encres anhydres ou presque anhydres, c'est-à-dire des solutions, vernis, émulsions ou dispersions totalement ou presque totalement exemptes d'eau qui contiennent, dissous ou très finement dispersé, un colorant de dispersion qui, à la pression atmosphérique, passe à l'état de vapeur entre 160 et 220c, un solvant organique anhydre ou presque anhydre et un liant ou épaississant stable à la chaleur.
Pour éviter toute interférence des agents qui absorbent le rayonnement infrarouge avec les matières à transférer, on peut aussi effectuer un prélaquage, c'est-à-dire appliquer sur la base du support imprégnée ou enduite du produit qui absorbe l'infrarouge, une couche de résine incolore et stable à la chaleur et imprimer ensuite, selon la technique habituelle, le motif à transférer directement sur la couche incolore.
Pour former sur le support la couche de matières volatiles on opère selon les procédés usuels par exemple selon les procédés décrits aux brevets français No' I 223330 et 1 575 069, c'est-à-dire que l'on prépare des encres contenant des colorants sublimables. Par colorants sublimables, il faut entendre ici, comme dans le procédé connu, des colorants de dispersion qui, à la pression atmosphéri que, passent à l'état de vapeur entre 160 et 220 : ces colorants peuvent être par exemple des colorants azoïques ou anthraquinoniques sublimables ou encore des nitroarylamines, des colorants styryliques, des dérivés de la quinophthalone, des périnones, etc.
On mentionnera spécialement la 1,4-diméthylaminoanthraquinone, la 1,5-diamino-4,8-dihydroxyanthraquinone bromée ou chlorée, la 3'-hydroxyquinophthalone, la 1-hydroxy-3-phénoxy4- aminoanthraquinone, la 1,4-diamino-2,3-dichloranthraquinone, le 2(4'-acétaminophénylazo)-p-crésol, la 4-(4'-méthyl-2'-nitrophénylazo)-3-méthyl-5-yrazolone, la l-amino-2-cyano-4anilidoanthra- quinone, ainsi que les colorants dont le comportement à 180 -210 est très voisin, par exemple l'ester propylique ou butylique de l'acide l,4-diaminoanthraquinone-2-carhoxylique et la l-amino-2- cyano-4-cyclohexylaminoanthraquinone.
Pour préparer les encres destinées à former la couche colorée des nouveaux supports selon l'invention, on utilise, de préférence
à l'eau, des solvants organiques à peu près anhydres. Par solvants
organiques à peu près anhydres on entend ici des solvants ou mé
langes de solvants miscibles ou non miscibles à l'eau, dont le
point d'ébullition à la pression atmosphérique est inférieur à 120
et, de préférence, inférieur à 105 centrigrades. A titre d'exemple
de tels solvants, on mentionnera les hydrocarbures halogénés ou
non des séries aliphatique ou aromatique tels que le toluène, le cyclohexane, I'éther de pétrole, les alcools à bas poids moléculaire, tels que le méthanol, les alcools éthylique, propylique, isopropyli
que, les esters d'acides aliphatiques tel l'acétate d'éthyle, les cé
tones comme la méthyléthylcétone, etc.
Les agents d'épaississement ou liants stables à la chaleur, c'està-dire qui ne fondent pas à la chaleur où s'effectue le transfert, sont disponibles dans le commerce et sont largement utilisés pour imprimer directement les matières textiles, mais il convient de les choisir parmi ceux qui ont une faible teneur en substances solides.
Ils doivent être susceptibles de sécher en donnant une pellicule non collante qui retient le ou les colorants utilisés. On utilise de préférence des liants inertes et relativement peu ou pas du tout décomposables qui se bornent à retenir les substances sublimables utilisées sans les modifier. A titre d'exemple, on mentionnera ceux qui sont susceptibles d'être séchés, par exemple dans un courant d'air chaud, de manière à former une pellicule non collante sur la feuille du support imprimé, tels, par exemple, que les éthers ou esters de polysaccharides, les nitrocelluloses.
Comme liants particulièrement bien appropriés, on mentionnera les esters, par exemple l'acétobutyrate de cellulose, et surtout les éthers cellulosiques tels que les éthyl-, propyl-, benzyl- et hydroxy-éthyl-celluloses ainsi que leurs mélanges et tout spécialement l'hydroxypropylcellulose et les mélanges d'éthers cellulosiques contenant de l'hydroxypropylcellulose.
Avec les encres ainsi préparées on peut imprimer un support localement ou en totalité. L'impression peut se faire sur les machines utilisées habituellement pour ce genre de travail ou sur des machines qui ont un ou plusieurs rouleaux supplémentaires avant les rouleaux encreurs proprement dits.
Les supports obtenus permettent de teindre ou d'imprimer les matières synthétiques. La teinture ou impression des matières synthétiques non textiles, qui fait aussi l'objet de la présente invention, consiste à mettre le support provisoire ainsi qu'il vient d'être décrit au moins localement en contact avec la matière à teindre qui est de préférence portée, lors de cette mise en contact, à une température de même ordre de grandeur que celle à laquelle les colorants passent à l'état de vapeur, pour que ceux-ci ne se condensent pas simplement en surface. La teinture ou impression peut donc se réduire à un passage sur une plaque ou sur une calandre chaude ou sur tout autre appareil permettant de mettre en contact le support provisoire et la matière à teindre et de les porter à la température requise pendant le temps nécessaire.
Aucun traitement subséquent de lavage ou de vaporisage n'est nécessaire pour assurer la fixation du colorant ou éviter son dégorgement ultérieur.
Les nouveaux supports de la présente invention conviennent à la thermo-impression des matières synthétiques non textiles les plus diverses: superpolyamides (polymères de l'±-caprolactame ou de l'adipate d'hexaméthylène diamine), les polyesters surtout linéaires comme les polytéréphthalates d'éthylène, le polyacrylonitri le, etc. Les matières à thermo-imprimer peuvent se présenter sous les formes les plus variées, par exemple sous forme de feuilles, de films, de pellicules, de revêtements.
Dans les exemples suivants. les parties et pourcentages indiqués s'entendent, sauf mention contraire, en poids et les températures en degrés Celsius.
Exemple 1
L'impression d'un dessin multicolore sur une feuille en Tergal (polymère de téréphthalate d'éthylène) pesant 120 g au mètre carré:
On prépare des encres jaune, rouge et bleue en dispersant 6 parties de chacun des colorants
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<SEP> OH
<tb> <SEP> OH <SEP> ÉÉ0
<tb> ÉjÉÉlÉJaune) <SEP> N1M
<tb> <SEP> 2
<tb> (rouge)
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(bleu) et une partie de fluoroantimoniate de benzoquinone-diammonium
N-tétraphénylé dans une solution de 6 parties d'éthylcellulose dans 87 parties d'alcool isopropylique ou éthylique. Par impression hélio on imprime à l'aide de ces encres et de plusieurs rouleaux encreurs une des faces d'une bande de papier, de manière à obtenir un dessin multicolore, et on sèche.
Une feuille en polymère du téréphthalate d'éthylène est placée sur la feuille de papier ainsi imprimée et le tout est chauffé à 200' pendant 30 secondes.
Au lieu d'ajouter l'agent absorbant le rayonnement infrarouge aux encres utilisées pour imprimer le papier, on peut aussi enduire l'envers et on obtient d'aussi bons résultats.
Exemple 2
On opère comme à l'exemple I mais en enduisant d'abord une des faces d'une bande de papier d'une suspension du produit absorbant les rayons infrarouge dans une solution à 5% d'éthylcellulose ou d'acétylcellulose dans l'acétone de manière qu'il reste, après séchage, 2 grammes de produit au métre carré, puis on enduit l'autre face de manière uniforme avec une encre rouge obtenue en dispersant 6 parties de l-hydroxy3-phenoxy-4-amino-anthraquinone dans une solution de 6 parties d'éthylcellulose dans 88 parties d'alcool éthylique. On enduit de manière à avoir après séchage 4 grammes de colorant au mètre carré.
Avec le papier ainsi obtenu on peut par transfert à chaud sur des films en polyesters linéaires ou en polyamide obtenir aisément des teintures rouges, et même des motifs rouges quand on soumet le papier vers 200 à l'influence d'un rayonnement infrarouge sé- lectif.
Exemple 3
On opère comme à l'exemple I mais sur une machine à imprimer unique dont le premier rouleau enduit le papier sur toute sa largeur de 3 grammes du chélate ferreux de nitroso-ss-naphthol par mètre carré de papier.
Un deuxième rouleau recouvre l'enduction à l'agent absorbeur d'infrarouge d'une solution de 12 parties d'éthylcellulose dans 88 parties d'alcool isopropylique. Après séchage intermédiaire le papier passe sur les rouleaux encreurs d'une machine à imprimer qui impriment soit un dessin multicolore à l'aide des encres jaune, rouge et bleue indiquées à l'exemple 1, soit une couleur unique, par exemple un bleu foncé, à l'aide d'une encre contenant 6 parties de 1,5-dihydroxy-4,8-diamino-anthraquinone bromée et finement dispersée dans une solution de 6 parties d'éthylcellulose dans 88 parties d'alcool éthylique.
Le support provisoire ainsi obtenu permet également l'impression de feuilles de polyester ou de polyamide d'une remarquable netteté.
Exemple 4
On prépare des encres jaune. rouge et bleue en dispersant 8 parties de chacun des colorants suivants: (jaune) 3-hydroxyquinophthalone, (rouge) I-amino-4-hydroxy-2-phenoxyanthraquinone, (bleue) 1,5-diamino-4.8-dihydroxyanthraquinone bromée ou chlorée, avec 6 parties d'éthylcellulose dans 86 parties d'un mélange d'alcool isopropylique et de méthyléthylcétone. Par impression helio, on imprime. à l'aide de ces encres et de plusieurs rouleaux encreurs, un dessin ou une couleur unique sur une bande de papier, puis on sèche.
On enduit ensuite l'autre face du papier de 3 grammes au mètre carré du chélate de fer de l'o-nitrosop-crésol dans une solution de 3 parties d'acétobutyrate de cellulose dans un mélange de 35 parties de méthyléthylcétone et de 65 parties d'alcool éthylique, et on sèche.
Pour effectuer le transfert du dessin de la bande de papier sur une feuille ou un film de polyamide ou de polymère du téréphthalate d'éthylène. on met le papier en contact avec la matière non textile et soumet le tout à un rayonnement infrarouge à 190-.