Cloison et procédé pour sa construction Pour diminuer le prix de revient des construc tions, en économisant notamment mortier de liaison et main-d'oeuvre spécialisée, on a proposé depuis fort longtemps d'utiliser des éléments préfabriqués reliés par simple emboîtement.
En particulier, pour réaliser des murs droits ou courbes, on a proposé des parpaings en béton moulé ou des briques en terre cuite dont la face opposée au parement est pourvue de mortaises et de tenons alternés en queue d'aronde. Imbriqués entre eux, ces éléments permettent d'édifier des parois à double voile décalé.
On a prévu également des éléments spéciaux, dérivés des précédents, pour les angles et autres nécessités de la construction.
Toutefois, dans la pratique, ce mode de cons truction ne s'est pas développé. Cela paraît dû au fait que les éléments préfabriqués, en terre cuite notamment, se déforment au séchage ou à la cuisson et ne sont jamais rigoureusement identiques. De sorte qu'il est, ou difficile-de les emboîter, ou impossible d'obtenir des parois rigoureusement dressées de part et d'autre.
Le présent brevet a pour objet une cloison for mée, dans son épaisseur, de deux tranches d'éléments superposés, dont les faces affrontées, sont pourvues, chacune, de mortaises et de tenons complémentaires en queue d'aronde, imbriqués avec les tenons et mortaises d'éléments décalés de l'autre tranche, ca ractérisée en ce que les surfaces d'imbrication sont coincées par une couche interposée.
Le brevet a également pour objet un procédé de construction d'une telle cloison, ce procédé étant caractérisé en ce qu'après la pose d'une rangée d7élé- ments de l'une ou de l'autre des deux tranches on règle, par insertion de coins, l'écartement de ces éléments par rapport aux éléments opposés de l'au tre tranche, pour réaliser le contact entre les flancs des tenons et des mortaises et pour dresser le pare ment de la cloison, et introduit aussitôt ladite ma tière de remplissage dans les alvéoles formés entre les éléments supérieurs de l'une et de l'autre tranche.
Le dessin annexé représente, à titre d'exemple, quelques éléments de construction et quelques for mes d'exécution de la cloison, faisant l'objet du brevet.
Les fig. 1 à 8 sont des vues en perspective de différents éléments de construction pouvant être uti lisés.
Les fig. 9, 10 et 11 sont des vues en perspective de trois formes d'exécution de la cloison.
La fig. 1 représente un élément courant 1 à une mortaise 2 et deux demi-tenons 3 et 4.
La fig. 2 représente un autre élément courant 5 à double mortaise 6 et 7 avec un tenon 8 et deux demi-tenons 9 et 10.
La fig. 3 représente une variante de l'élément de la fig. 2 comportant une mortaise centrale 12 et deux demi-mortaises 13 et 14 avec deux tenons 15 et 16.
La fig, 4 représente une deuxième variante 17, à mortaise excentrée 18, qui peut s'imbriquer avec sa semblable de manière à former un parallélépipède, ce qui est quelquefois utile, pour monter des piliers par exemple. La fig. 5 représente un élément 19 du type de la fig. 1, à parement convexe. Son vis-à-vis intérieur aura un parement concave.
Comme on le verra plus loin à propos du mon tage des parois verticales, les éléments de ce type (fig. 1 et fig. 5) ne peuvent être imbriqués que par piles parallèles. L'originalité des éléments comportant deux ou plusieurs mortaises provient de ce qu'ils se prêtent non seulement à cet empilage, mais encore à celui dit à coupe de pierre (joints croisés en tous sens).
Dans tous les cas, les dimensions des mortaises dont on pourra prévoir le fond concave, par exem ple pour augmenter le volume des alvéoles seront calculées de telle sorte que l'introduction des tenons dans les mortaises correspondantes s'effectue sans friction. Le principe de blocage de ces éléments repose en effet sur le bourrage de la cheminée cons tituée entre les faces opposées d'un tenon et d'une mortaise lorsqu'on a écarté par translation deux éléments imbriqués et fait, dans la mesure du pos sible, coïncider leurs nervures.
Pour monter une cloison verticale, plane ou courbe, on aligne avec soin sur les fondations tra ditionnelles, et à lit de mortier, une première rangée d'éléments, parement tourné vers l'extérieur, mor taises disposées verticalement.
On enfile ensuite les tenons dans les mortaises correspondantes et en croisant les joints, des élé ments d'une hauteur égale à la moitié de celle de l'élément standard adopté. (Ce décalage peut être réalisé en béton branché ou en maçonnerie si l'on ne dispose pas de demi-éléments.) Les demi-éléments sont aussi soigneusement alignés que les précédents sur le même lit de mortier, lorsque la coïncidence des faces latérales des nervures a été assurée. Les alvéoles constitués de la sorte dans l'axe de la paroi, entre rangées parallèles, sont immédiatement bourrés de mortier.
Pour continuer, il suffit d'enfiler verticalement les éléments, les uns dans les autres, rangée par ran gée, et de les écarter avec un petit coin, ce qui fait coïncider sur une petite largeur les bords en regard des tenons et des mortaises, ainsi qu'exposé plus haut.
Le remplissage des alvéoles s'effectuera par la suite à l'aide d'un petit récipient ou d'un injecteur pneumatique. On utilisera du mortier maigre, du sa ble sec, une matière isolante ou imperméable quel conque, suivant le résultat que l'on désire atteindre. Le raidissement du mur est obtenu pratiquement par ce blocage réciproque des éléments opposés.
Il est également possible de préfabriquer sur le chantier ou en usine des pans de mur verticalement ou à plat.
La fig. 9 représente en perspective un pan de mur réalisé au moyen d'éléments creux ou perforés 1, du type de la fig. 1 (formant des piles parallèles), constitué par deux tranches accolées 21-22. Il a été prévu des piliers d'angle 23 (et des chaînages) en béton armé que l'on coule après mon tage des parois, ce qui permet de réaliser de sérieuses économies de coffrages dans le cas des grands im meubles.
La fig. 10 représente en coupe transversale un pan de mur et son angle. Ce dernier, 24, donné à titre d'exemple, peut servir de conduit de fumée ou de coffrage.
La fig. 11 représente en coupe transversale un pan de mur courbe de silo ou de citerne cylindrique. Ces fig. 10 et 11 montrent nettement les alvéoles 20 constitués, en forme de trait de Jupiter, entre les deux rangées parallèles 21-22 d'éléments, après écartement de ceux-ci par translation.
Les éléments représentés aux fig. 6, 7 et 8, bien que partiellement dérivés de ceux dont la forme, le mode d'imbrication et l'universalité viennent d'être décrits, se caractérisent notamment en ce que leurs mortaises n'ont pas leurs côtés parallèles.
Les bords latéraux 27 et 28 de ces mortaises 26 forment un angle rentrant vers l'intérieur comme les précédents. Mais, vues de face, elles se présentent comme deux trapèzes 29 et 30, ou deux triangles isocèles et semblables 31 et 32, à axe vertical, oppo sés par leurs sommets dans la partie médiane de l'élément.
Les mortaises et les tenons ainsi constitués ont des dimensions égales. En raison de l'évasement des mortaises, le centrage et le blocage des éléments, dont les faces de jonction ont été préalablement trempées dans un liant liquide, par exemple du bi tume, s'effectuent automatiquement au moment de l'enfilage vertical.
On obtient ainsi une paroi à double voile, avec joints croisés en tous sens ; son étanchéité est due au fait qu'un film discontinu de matière imperméable et liante, isole, en même temps qu'elle unit, les deux voiles.
Revêtus d'un parement venu de moulage (mo saïque, carrelage, ciment-pierre, matière plastique, plâtre, etc.), ces éléments se prêtent à toutes les exi gences architecturales ; des modèles appropriés sont prévus pour les angles, les pieds-droits, les linteaux, les corniches, etc.
D'une manière générale, en matière de bâtiment, tous ces modèles seront préfabriqués en trois épais seurs, les mortaises étant standard, de manière à permettre, par combinaison entre pièces de même conception, l'édification de parois dans les cinq épaisseurs courantes (10, 15, 20, 25 et 30 cm par exemple).
Mais rien ne s'oppose à ce que l'on adopte des dimensions plus importantes, si l'on applique ce der nier principe de montage, comme cela paraît conve nir tout particulièrement, à la construction de digues, de barrages, ou de tout autre ouvrage d'art.