PREVENTION ET TRAITEMENT DE L'HYPERPLASIE BENIGNE DE LA PROSTATE
A L'AIDE D'UN INHIBITEUR SELECTIF DE LA PRODUCTION D'ESPECES REACTIVES DE L'OXYGENE D'ORIGINE MITOCHONDRIALE La présente invention a trait à la prévention et/ou au traitement des maladies dans lesquelles sont impliquées les espèces réactives de l'oxygène (ou ROS) d'origine mitochondriale. Elle concerne plus particulièrement l'utilisation d'un inhibiteur de la production de ROS mitochondriale, en particulier de l'anéthole trithione, pour la prévention et/ou le traitement de l'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP).
ART ANTERIEUR
L'hyperplasie bénigne de la prostate La prostatite chronique d'où s'origine une très grande part des HBP (Di Silvero F. et al., Eur Urol, 2003, 43 :164-175 ; Robert G. et al., Prostate, 2009, 69 : 1774-1780), du moins celles qui ne sont pas liées au seul vieillissement, peut être symptomatique ou asymptomatique, bactérienne, virale, d'origine environnementale ou anatomique et s'accompagner ou non d'une élévation des antigènes spécifiques de la prostate (ou PSA pour « Prostate Spécifie Antigens »). Il est communément admis aujourd'hui qu'un tiers des hommes de la population générale vont présenter des symptômes compatibles avec une prostatite au cours de leur vie (Siber L. et al., Prog Urol, 2010, 20 : 872-885). A cela, il convient d'ajouter tous les cas de prostatites inflammatoires asymptomatiques que détectera, à l'occasion, un examen échographique ou qui restera ignoré si cela n'est jamais recherché, particulièrement si les PSA restent normaux. L'HBP se rencontre dès l'âge de 35-40 ans et sa prévalence augmente avec l'âge pour atteindre 75% chez les sujets de plus de 50 ans (Briganti A. et al., Eur Urol Suppl, 2009, 8 : 865-871), une part reste asymptomatique.
L'HBP est une maladie chronique et progressive dont l'expression histologique se caractérise par un développement anormal des tissus épithéliaux et du stroma fibromusculaire principalement dans les zones antéromédiales de transition mais aussi dans la zone péri- urétrale. Ce remodelage tissulaire avec hypertrophie stromale et épaississement épithélial est la résultante d'un déséquilibre entre prolifération et apoptose cellulaire que gouvernent une hyperproduction de ROS ainsi qu'une surexpression des cytokines pro-inflammatoires (Kim H- J. et al., Biochim Biophys Acta, 2013, 1832 : 183-194 ; Minciullo PL. et al., Urol Int, 2015, 94 : 249-254 ; Saito M. et al., Sci Rep, 2014, 4 : 3822). De fait, des études récentes ont montré que l'hypoxie locale créée par la chute des débits locaux (Saito, 2014 ; Berger AP. et al., BJU Int, 2006, 98 : 587-590 ), l'ischémie (Chou PS. et al., PLoS One, 2014, 9 : e93081) et l'inflammation (Vela Navarrete R. et al., Eur Urol, 2003, 44 : 549-555 ; Fibbi B. et al., Int J Androl, 2010, 33 : 475-488) jouent un rôle majeur dans le développement et l'évolution de cette maladie et
l'élément pivotable qui relie l'ensemble sont les ROS (Ren H. et al., Aging Maie, 2015, Early Online : 1-5 [9 mars 2015] ; Saito, 2014).
Les cellules stromales qui représentent ordinairement 40% de la masse glandulaire forment l'essentiel du tissu prostatique en cas d'HBP. Leur contenu en ROS, HIFla et IL-8 est très fortement augmenté ; cette augmentation est renforcée en situation d'hypoxie et s'accompagne d'une franche prolifération cellulaire (Ren, 2015). Le vieillissement vasculaire est lui-même source d'ischémie locale (Lakatta EG., Circulation, 2003, 107 : 490-497) et d'hypoxie ; Wu montre d'ailleurs que l'HBP est associée dans 70% des cas à une hypoxie tissulaire avec des taux prostatiques d'HIFla qui sont chez l'homme corrélés au poids intra- acinaire de la prostate (Wu F. et al., Oncotarget, 2016, 7 : 12053-12062). La réponse à cette hypoxie chronique débute par l'activation d'HIFs (Hypoxia inducible factor) puisque l'HIF pathway constitue la voie principale de régulation cellulaire en réponse à un défaut de 02 (Kumar H. et Choi D-K, Mediators of inflammation, 2015, ID 584758, Hindawi Publish Corp. ; Meneses AM. et Wielockx B., Hypoxia, 2016, 4 : 53-67). HIFs dont on connaît 3 isoformes (HIFla, -2a et -3a), sont donc des hétérodimères chargés de coordonner les réponses cellulaires transcriptionnelles à l'hypoxie. Les HIFs sont constitués d'une protéine a, ou HIFa, qui est seule induite par l'hypoxie, et d'une protéine β, ou ARNT (Arylhydrocarbon receptor nuclear translocator), qui est constitutivement exprimée.
En normoxie, la fraction a est dégradée à mesure de sa production. Ce sont les PHDs (propylhydroxylases domain E), une famille de dioxygénases constituée de 3 isoformes (PHDi- 3), donc d'oxydases, qui donnent la consigne de dégradation de HIF-Ια, c'est en quelque sorte un détecteur de défaut d'02 (a sensor of hypoxia). Pour ce faire, les PHDs se fixent de manière covalente au domaine ODD (Oxygen-dependent dégradation domain) des HIF-α ; l'activité hydroxylasique ainsi développée est modulée par les mtROS qui sont en effet des inhibiteurs des PHD. Leur action est facilitée par le fait qu'en situation d'hypoxie modérée la production de ROS par la mitochondrie est paradoxalement surexprimée (Kumar, 2015). L'inhibition du complexe 1 mitochondrial comme l'apport de ROS-scavengers (épargneurs de radicaux libres) bloque d'ailleurs la stabilisation d' HIF-Ια induite par l'hypoxie (Kumar, 2015). Pour Kumar (2015), c'est la production de mtROS qui est l'élément responsable de la propagation cellulaire du signal « hypoxie ».
Les ROS vont agir comme second messager, activant une multitude de voies de signalisation cellulaire, facilitant ainsi l'action des facteurs de croissance qui vont favoriser la prolifération cellulaire, des cytokines, de NF-κΒ (qui est inducteur de ROS, et un élément de proprolifération, antiapoptotique et pro-inflammatoire) et de certaines chémokines. Ajoutons que l'hyperproduction d'HIF-Ια concourt à la stimulation de la transition épithélio- mésenchymateuse qui est un puissant facteur de mobilité cellulaire qui participe également au remodelage tissulaire évoqué précédemment (Kim, 2013 ; Wu X. et al., Toxicol Lett, 2017, 265 : 9-16).
Dans ce contexte d'hyperproduction de radicaux libres, ROS et mtROS (la production de l'un stimulant la production de l'autre formant ainsi un véritable système d'amplification par oxydation réciproque [Schramm A. et al., Vascul Pharmacol, 2012, 56 : 216-231]), les antioxydants cellulaires sont rapidement consommés et font défaut à la cellule pour lutter contre l'excès des ROS ainsi produits (Khandrika L. et al., Cancer Lett, 2009, 282 : 125-136 ; Srivastava DS. et Mittal RD. I ndian J Clin Biochem, 2005, 20 : 162-165).
Enfin, l'inflammation elle-même stimule l'expression de HI F-Ια via différentes cytokines produites par les cellules stromales et par les cellules de l'immunité qui infiltrent les zones inflammatoires (Kim, 2013 ; Saito, 2014). A ce titre, on insistera sur le fait que toute infection prostatique est responsable d'une réaction infla mmatoire qui s'accompagnera localement d'une hyperproduction de ROS, d'une up-régulation de NF-κΒ ainsi que des cytokines proinflammatoires (I L -1β, -6, -8) ( Gu N-Y. et al., Prostate, 2016, 76 : 885-896 ; Han I H. et al., Parasite I mmunol, 2016, 38 : 678-687 ; Kim S-S. et al., Korean J Parasitol, 2016, 54 : 123- 132 ; Seo M-Y. et al., Prostate, 2014, 74 : 441-449) ; ces médiateurs de l'inflammation libérés par les cellules épithéliales en réponse à une infection induisent la migration et l'activation des cellules mastocytaires ce qui provoque la prolifération des cellules stromales via les voies de signalisation CXCL8-CXCR1 et CCL2-CCR2 signaling (Kim JH. et al., Prostate, 2016, 76 : 1431- 1444) et augmente leur pouvoir invasif en promouvant la transition épithélio- mésenchymateuse (EMT), élément essentiel du remodelage tissulaire (Han, 2016).
La mitochondrie et la production de ROS La mitochondrie participe à la pathogenèse de presque toutes les maladies associées au vieillissement, y compris les maladies cardiovasculaires, les maladies neurodégénératives (maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer, etc.), diabète, ainsi que des dysfonctionnements tissulaires d'origine ischémique. Il est largement admis qu'elle joue un rôle central dans la «théorie des radicaux libres du vieillissement». Cette théorie affirme que l'accum ulation de dommages causés par les espèces réactives de l'oxygène (ROS pour reactive oxygen species) affecte de nombreuses fonctions cellulaires, en particulier les fonctions mitochondriales, qui sont essentielles pour l'approvisionnement en énergie et le bon fonctionnement cellulaire. Les mitochondries apparaissent donc comme les cibles primaires des ROS du fait qu'un fonctionnement cellulaire optimal est crucial pour fournir l'énergie dont a besoin une cellule pour se réparer.
Si les mitochondries sont la principale source génératrice de ROS, elles sont aussi particulièrement sensibles aux dommages causés par ces ROS. Par conséquent, les mitochondries génèrent elles-mêmes les ROS à l'origine des dommages oxydatifs qui contribuent au dysfonctionnement et à la mort cellulaire.
De nombreuses études ont été menées pour évaluer la capacité d'anti-oxydants à contrecarrer l'effet des ROS. Plusieurs molécules anti-oxydantes ont donné satisfaction lors des études précliniques, mais leur efficacité n'a été que partiellement confirmée dans la plupart des essais cliniques (Orr et al., 2013, Free Radie Biol. Med, 65 : 1047-59).
De plus, des études récentes ont montré qu'une trop forte réduction des ROS a un effet délétère pour les cellules, suggérant qu'une production équilibrée des ROS contribue au bon fonctionnement cellulaire (Goodman et al., 2004 Dec 1. J. Natl. Cancer Inst. 96(23):1743-50; Bjelakovic G et al., 2007 Feb 28. JAMA. 297(8):842-57).
PROBLEME TECHNIQUE ET SOLUTION APPORTEE PAR L'INVENTION
Les travaux relatifs au rôle du stress oxidatif dans de nombreuses pathologies ont mis en évidence l'intérêt de disposer d'un inhibiteur sélectif de la production de ROS mitochondriale. Les anti-oxydants disponibles à ce jour ne présentent pas une telle spécificité avec, pour conséquence, le risque de survenue d'effets secondaires lorsque la production de ROS cytosolique est affectée; ces effets secondaires sont bien décrits.
Le rôle des ROS dans l'HBP a déjà été souligné. D'une part, dans des modèles d'infection prostatique expérimentale à T. vaginalis, l'inhibition de la production de ROS par un antiNOX2 (DPI : diphenyleneiodonium) prévient la surexpression de l'ensemble des cytokines évoquées ci-dessus ce qui suggère fortement que les ROS sont à l'origine de cette surexpression (Kim S- S., 2016) et que cette approche thérapeutique peut être envisagée dans une visée de prévention d'un développement d'HBP suite à une prostatite infectieuse. D'autre part, des travaux récents montrent que le traitement par l'édaravone, un scavenger (épargneur) non spécifique de ROS, fait chuter le taux de ROS prostatique, d'HIF-Ια et de VEGF et réduit la prolifération cellulaire et in fine favorise l'apoptose, rétablissant ainsi l'équilibre normal entre prolifération et apoptose (Ren, 2015). Considérés ensemble, ces résultats suggèrent le rôle central des ROS dans l'HBP.
Forts de ces observations, les inventeurs proposent de réduire la production de ROS spécifiquement au niveau mitochondrial pour bénéficier de l'effet préventif pour la cellule sans subir les effets secondaires délétères des antioxydants non sélectifs. Ainsi, les inventeurs ont établi l'intérêt d'administrer un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, en particulier l'anéthole trithione (ATT), pour prévenir et/ou traiter l'HBP.
Les inventeurs ont en effet montré de manière tout à fait inattendue que ΓΑΤΤ, à la différence des anti-oxydants classiques, agit directement et de manière sélective sur la production de ROS mitochondriaux, majoritairement au niveau du site IQ du complexe I de la chaîne respiratoire mitochondriale, site qui est à la fois le site principal de production de ROS et le site principal des dysfonctionnements mitochondriaux.
En outre, les inventeurs ont préalablement démontré que ΓΑΤΤ n'affecte pas la phosphorylation oxydative mitochondriale, ce qui suggère l'absence d'effets secondaires indésirables et la possibilité de traiter et / ou de prévenir des maladies liées aux radicaux libres de l'oxygène à long terme grâce à cette molécule. Cette propriété est particulièrement intéressante.
Enfin, les inventeurs ont maintenant montré sur un modèle murin d'hyperplasie bénigne de la prostate que l'administration de l'ATT permet de diminuer le signal androgénique tout en réduisant l'inflammation au niveau prostatique. Ces résultats précliniques sont tout à fait satisfaisants et très prometteurs en vue d'une utilisation chez les patients souffrant d'hyperplasie bénigne de la prostate.
L'ATT bénéficie déjà d'une autorisation de mise sur le marché sous le nom commercial de Sulfarlem®, pour augmenter la sécrétion de la bile et de la salive. Il est utilisé pour traiter les digestions difficiles et la sécheresse de la bouche. Ainsi, aucun effet secondaire n'a été rapporté à ce jour relatif à une utilisation à long terme de cette molécule. L'ATT est donc le premier médicament à usage humain autorisé par la FDA et l'EMA qui empêche les mitochondries de produire des ROS au site IQ.
La présente invention propose, de manière tout à fait surprenante et innovante, d'utiliser ce médicament dans une nouvelle indication thérapeutique à savoir pour la prévention et le traitement de l'HBP.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION Un premier objet de la présente invention concerne l'utilisation d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, et en particulier de l'anéthole trithione (ATT), pour la prévention et/ou le traitement de l'HBP.
Par « inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale », on entend tout composé capable d'inhiber spécifiquement la production de ROS au niveau de la chaîne respiratoire mitochondriale, sans affecter la production de ROS cellulaire au niveau du cytosol ; cette spécificité est primordiale car elle prévient les effets secondaires associés à un défaut de ROS au niveau du cytosol, notamment en cas d'inhibition excessive de la production de ROS par un anti-oxydant non sélectif. Dans un mode de réalisation préféré, cet inhibiteur est capable d'induire une inhibition spécifique de la production de ROS au site ^ de la chaîne respiratoire mitochondriale.
De tels inhibiteurs sont, à titre d'exemple, l'ATT, l'ATX ou le NC-POBS, mais tout autre composé présentant la même spécificité d'inhibition est approprié.
Dans un mode de réalisation préféré, l'inhibiteur spécifique de ROS mitochondriale utilisé pour la prévention et/ou le traitement de l'HBP est l'ATT.
Au sens de l'invention, l'utilisation d'un « inhibiteur » s'entend de l'utilisation d'au moins un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriaux ; il peut donc s'agir d'un inhibiteur ou d'une association de plusieurs inhibiteurs, comme cela est décrit par la suite.
L'ATT, pour anéthole trithione, est une 5-(4-methoxyphenyl)-3H-l,2-dithiole-3-thione. Elle est aussi connue sous le nom de AOL. Sa formule est la suivante:
L'ATX correspond à la forme phénolique de l'ATT telle qu'elle est métabolisée par le foie, à la fois chez l'homme et chez l'animal. Cette forme 4-OH-anethole trithione a été décrite précédemment (Li et al., J Pharm Biomed Anal, 2008, 47 : 612-617). La structure d'ATT étant conservée lors de cette métabolisation, il y a tout lieu de penser que l'activité anti-ROS portée par ATT est retrouvée dans ATX, ce d'autant qu'après administration orale qui est actuellement la forme commercialisée, l'essentiel du produit circulant retrouvé est ΓΑΤΧ (Yu, 2011). De plus, ΓΑΤΧ porte un groupement phénol en para qui permet la formation d'esters. Dans un mode de réalisation particulier, ΓΑΤΧ est utilisé sous sa forme estérifiée, par exemple sous forme d'ester de phosphate, d'éthylidenephosphate, de sulfate, d'hémisuccinate, d'acétate, de propionate, d'isobutyrate, d'hexanoate, de pivaloate, d'éthoxycarbonate, de nicotinate, ou encore d'ester d'amino-acides comme le glycine, diéthylglycine ou valine ester, et la liste n'est pas limitative.
Le NC-POBS correspond au N-cyclohexyl-4-(4-nitrophenoxy)benzenesulfonamide, seule molécule décrite dans la littérature à ce jour en tant qu'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriaux au site IQ de la chaîne respiratoire (Orr et al., 2013, Free Radie. Biol. Med., 65: 1047-1059).
Dans un mode de réalisation préféré, l'inhibiteur spécifique est choisi entre l'ATT, ΓΑΤΧ ou un ester d'ATX. De manière tout à fait préférée, l'inhibiteur spécifique est l'ATT. Dans un mode de réalisation particulier, la prévention et/ou le traitement de l'HBP est obtenue grâce à l'association d'au moins deux molécules parmi l'ATT, ΓΑΤΧ et un ester d'ATX.
Par « prévention», on entend au sens de l'invention le fait d'empêcher le développement d'une hyperplasie stromale et/ou d'un épaississement épithélial dans les zones antéromédiales de transition et dans la zone péri-urétrale chez un sujet asymptomatique mais
susceptible de développer une HBP. Les sujets susceptibles de développer une HBP sont notamment les patients atteints d'une prostatite chronique.
Par « traitement », on entend au sens de l'invention une diminution des symptômes associés à ΓΗΒΡ, en particulier la stabilisation, la régression ou le ralentissement de l'apparition d'une hyperplasie stromale et/ou d'un épaississement épithélial dans les zones antéromédiales de transition et dans la zone péri-urétrale chez le sujet atteint d'une HBP. Dans son acceptation la plus large, le terme « traitement » englobe également le fait de prévenir la survenue d'une HBP. Le sujet à traiter peut être un être humain ou un animal.
A ce jour, parmi les traitements disponibles pour les patients souffrant des symptômes associés à une HBP, les alpha-bloquants figurent en première ligne, avant les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase et la phytothérapie. Cependant, ces traitements sont partiellement efficaces et/ou présentent des effets secondaires à long terme.
La prostatite chronique serait à l'origine d'une grande partie des HBP. Or, lorsqu'elle est d'origine bactérienne, la prostatite chronique peut être résistante aux traitements antibiotiques ; il n'existe alors pas de traitement alternatif. Dans ce cas, comme dans les autres cas de prostatite chronique, les inventeurs proposent de prévenir l'apparition d'une HBP par l'administration d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, et ce dès l'âge de 30 ou 40 ans.
Ainsi, dans un premier mode de réalisation particulier, l'invention consiste à prévenir la survenue d'une HBP suite à une prostatite chronique.
Comme cela est exposé en introduction, la survenue d'une HBP résulte d'une combinaison multifactorielle dont l'élément central est les ROS. Dans ce contexte, l'administration d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale pourrait, à elle seule, permettre le traitement étiologique d'une HBP récente.
Par « HBP récente », on entend au sens de l'invention une HBP qui a été diagnostiquée récemment. En pratique, un patient vient consulter lorsque les premiers signes cliniques deviennent gênants. Une prise en charge peut être envisagée dès que le diagnostic est posé. Toutefois, la mise en place d'un traitement symptomatique est souvent retardée du fait que les médicaments actuellement disponibles (alpha-bloquant et inhibiteur de la 5-alpha- réductase) présentent des effets secondaires à long terme. Il serait donc très intéressant de disposer d'un traitement alternatif, sans effet secondaire. Selon les hypothèses des inventeurs, ce bénéfice pourrait être obtenu par l'administration d'un inhibiteur de la production de ROS mitochondriale tel que ΓΑΤΤ. Les effets bénéfiques attendus peuvent aller du ralentissement du développement de ΓΗΒΡ, ou de la stabilisation de la maladie à
l'éventuelle régression des symptômes du fait de l'inhibition des ROS mitochondriaux à un stade précoce de l'hyperplasie.
Ainsi, dans un second mode de réalisation particulier, l'invention consiste à traiter une HBP en monothérapie, par administration d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, cet inhibiteur étant de préférence choisi parmi l'ATT, l'ATX ou un ester d'ATX ou l'association d'au moins deux de ces molécules. Dans ce mode de réalisation, on adresse plus particulièrement une HBP récente.
Dans un mode de réalisation préféré, l'invention consiste à traiter une HBP en monothérapie, par administration d'anéthole trithione (ATT).
Lorsque le traitement de ΓΗΒΡ débute une fois les symptômes installés, ou qu'une prise en charge des symptômes à l'aide d'alpha-bloquants a déjà débuté, l'inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale peut être associé à un alpha-bloquant. Parmi les alpha- bloquants à disposition à l'heure actuelle, on peut citer l'alfuzosine, la terazosine, la tamsulosine et la prazosine.
Ainsi, dans un troisième mode de réalisation particulier, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, cet inhibiteur étant de préférence choisi parmi l'ATT, l'ATX ou un ester d'ATX ou l'association d'au moins deux de ces molécules, en association avec un alpha-bloquant.
Dans un mode de réalisation préféré, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'anéthole trithione (ATT) en association avec un alpha-bloquant. De même, lorsque le traitement de ΓΗΒΡ débute une fois les symptômes installés, ou qu'une prise en charge des symptômes à l'aide d'un inhibiteur de la 5-alpha-réductase a déjà débuté, l'inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale peut être associé à un inhibiteur de la 5-alpha-réductase. Parmi les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase à disposition à l'heure actuelle, on peut citer le finastéride, un inhibiteur sélectif de la 5-alpha-réductase de type II, et le dutastéride, un inhibiteur des 2 iso-enzymes de type I et de type II.
Dans un mode de réalisation préféré, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'anéthole trithione (ATT) en association avec un inhibiteur de 5-alpha- réductase. Dans un quatrième mode de réalisation particulier, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, cet inhibiteur étant de préférence choisi parmi l'ATT, l'ATX ou un ester d'ATX ou l'association d'au moins deux de ces molécules, en association avec un inhibiteur de la 5-alpha-réductase. Dans un mode de réalisation préféré, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'anéthole trithione (ATT) en association avec du nicotinamide.
De plus, l'association avec du nicotinamide, molécule qui induit des enzymes antioxydantes cellulaires - telles que SOD, GPX, catalase - et inhibe la production des trois cytokines proinflammatoires que sont le TNFa, l'IL-6 et l'IL-8 a, peut être envisagée (Lappas M. et Permezel M., J Nutr Biochem, 2011, 22 : 1195-1201 ; Yang SJ., J Nutr Biochem, 2014, 25 : 66-72), ce d'autant que l'HBP est une pathologie du vieillissement et que précisément les taux de nicotinamide diminuent avec l'âge (Williams PA. et al., Science, 2017, 355 : 756-760).
Dans un cinquième mode de réalisation, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, cet inhibiteur étant de préférence choisi parmi l'ATT, l'ATX ou un ester d'ATX ou l'association d'au moins deux de ces molécules, en association avec du nicotinamide. Dans une variante de l'invention, le traitement de l'HBP est obtenu par l'administration (i) d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale choisi parmi l'ATT, l'ATX ou un ester d'ATX ou l'association d'au moins deux de ces molécules, (ii) du nicotinamide et (iii) un alpha-bloquant. Dans un mode de réalisation alternatif, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'anéthole trithione (ATT) en association avec du nicotinamide et un alpha- bloquant. Dans une autre variante de l'invention, le traitement de l'HBP est obtenu par l'administration (i) d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale choisi parmi l'ATT, l'ATX ou un ester d'ATX ou l'association d'au moins deux de ces molécules, (ii) du nicotinamide et (iii) un inhibiteur de la 5-alpha-réductase.
Dans un autre mode de réalisation alternatif, l'invention consiste à traiter une HBP par l'administration d'anéthole trithione (ATT) en association avec du nicotinamide et un inhibiteur de 5-alpha-réductase.
La présente invention concerne également une méthode de traitement de l'HBP consistant à administrer une dose efficace d'un point de vue thérapeutique d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale à un patient qui en a besoin.
Un deuxième objet de l'invention concerne l'utilisation d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, pour diminuer le signal androgénique au niveau prostatique. Cette utilisation s'inscrit en particulier dans le traitement de l'HBP.
Dans un mode de réalisation préféré, l'invention concerne l'utilisation de l'anéthole trithione (ATT) pour diminuer le signal androgénique au niveau prostatique.
Cette utilisation est à rapprocher du bénéfique thérapeutique obtenu grâce aux inhibiteurs de 5-alpha réductase, qui sont les molécules les plus utilisées à l'heure actuelle dans le traitement de l'HBP.
Cet effet de ΓΑΤΤ est supporté par les résultats présentés aux exemples ci- dessous, en particulier le paragraphe 3, relatif aux figures 3A à 6C où l'on observe un effet anti- androgénique visible sur les récepteurs à androgènes ainsi que sur les récepteurs 1 et 2 de la 5-alpha réductase (servant à transformer la testostérone en son métabolite actif, la dihydrotestostérone) et sur les récepteurs PSP94 (gène cible activé par la voie androgénique).
Un troisième objet de l'invention concerne l'utilisation d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, pour diminuer l'inflammation au niveau prostatique. Cette utilisation s'inscrit en particulier dans le traitement des prostatites et de l'HBP.
Dans un mode de réalisation préféré, l'invention concerne l'utilisation de l'anéthole trithione (ATT) pour diminuer l'inflammation au niveau prostatique.
L'effet promoteur de l'inflammation sur la progression de l'hypertrophie bégnine de la prostate est de plus en plus reconnue, l'inhibition de l'inflammation au niveau prostatique est donc particulièrement recherchée dans le traitement de l'HBP ( (De Nunzio et al., 2016).
Cet effet de ΓΑΤΤ est supporté par les résultats présentés aux exemples ci-dessous, en particulier le paragraphe 4, relatif aux figures 7 à 9C, où l'on observe un effet anti- inflammatoire visible par la diminution du marqueur CD45, ainsi que la diminution des marqueurs pro-inflammatoires IL6 et TNFalpha.
Dans un mode de réalisation préféré, l'invention consiste en l'utilisation d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale, pour diminuer à la fois le signal androgénique et l'inflammation au niveau prostatique.
Dans un mode de réalisation encore plus préféré, l'invention consiste en l'utilisation de l'anéthole trithione (ATT) pour diminuer à la fois le signal androgénique et l'inflammation au niveau prostatique. Sur la base des traitements disponibles jusqu'à présent, il est admis qu'il existe une relation inverse entre inflammation intra-prostatique et le signal androgénique, visible notamment lors de la diminution du signal androgénique de manière expérimentale (castration par exemple) qui entraine une augmentation de l'inflammation. Or, de manière tout à fait surprenante, les inventeurs ont présentement montré que l'utilisation d'un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale tel que l'anéthole trithione, entraine une diminution du signal androgénique concomitante à une diminution de l'inflammation intra-prostatique. Un tel mécanisme d'action est tout à fait original et particulièrement adapté au traitement de l'hyperplasie bénigne de la prostate puisqu'il fait diminuer deux des paramètres à l'origine de la maladie.
Dans un autre mode de réalisation préféré, la dose journalière d'anéthole trithione pour son utilisation dans la prévention et/ou le traitement de ΓΗΒΡ est compris entre 40 et 400mg. Préférentiellement cette dose journalière est comprise entre 80 et 240 mg. Dans un mode de réalisation encore plus préféré, la dose journalière d'anéthole trithione est séparée en deux prises comprises entre 20 à 200mg chacune, encore plus préférentiellement en deux prises comprises entre 40 à 120mg chacune.
A titre d'exemple, chaque prise peut comprendre 40, 50, 60, 70, 80, 90, 100, 110, 120, 150 ou 200 mg d'ATT.
Dans un mode de réalisation préféré, la dose d'anéthole trithione est de 80 mg par prise.
Un quatrième objet de la présente invention concerne une com position pharmaceutique comprenant un inhibiteur spécifique de la production de ROS mitochondriale choisi parmi l'ATT, l'ATX ou un ester d'ATX ou l'association d'au moins deux de ces molécules pour prévenir et/ou traiter l'HBP.
Dans un mode de réalisation préféré, la composition com prend au moins de l'ATT.
Dans un mode de réalisation particulier, la composition comprend de l'ATT et au moins une autre molécule choisie parmi une molécule alpha-réductase, une molécule alpha-bloquant et du nicotinamide
Une telle composition est adaptée a ux utilisations thérapeutiques de la présente invention et peut être administrée par exemple par voie orale ou intraveineuse.
DESCRIPTION DETAILLEE DES FIGURES La Fifiure 1A présente le ratio entre le poids de la prostate latérale (en mg) et le poids de l'animaKen g) pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 1B présente le ratio entre le poids de la demi prostate (en mg) et le poids de l'animaKen g) pour le groupe contrôle et le groupe ATT. La Fifiure 2 présente le niveau d'expression de Ki-67 observé en immunohistochimie (I HC) pour pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 3A présente le niveau d'expression du récepteur aux androgènes observé en RT- qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 3B présente le niveau d'expression du récepteur aux androgènes observé en RT- qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 3C présente le niveau d'expression du récepteur aux androgènes observé en RT- qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 4A présente le niveau d'expression du récepteur aux SRD5A1 (récepteur de 5 alpha réductase) observé en RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 4B présente le niveau d'expression du récepteur aux SRD5A1 (récepteur de 5 alpha réductase) observé en RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 4C présente le niveau d'expression du récepteur aux SRD5A1 (récepteur de 5 alpha réductase) observé en RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT. La Figure 5A présente le niveau d'expression du récepteur aux SRD5A2 (récepteur de 5 alpha réductase) observé en RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 5B présente le niveau d'expression du récepteur aux SRD5A2 (récepteur de 5 alpha réductase) observé en RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 5C présente le niveau d'expression du récepteur aux SRD5A2 (récepteur de 5 alpha réductase) observé en RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT. La Figure 6A présente le niveau d'expression du récepteur aux PSP94 (gène cible activé par la voie androgénique) observé en RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 6B présente le niveau d'expression du récepteur aux PSP94 (gène cible activé par la voie androgénique) observé en RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 6C présente le niveau d'expression du récepteur aux PSP94 ((gène cible activé par la voie androgénique) observé en RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT. La Figure 7 présente le niveau d'expression du marqueur CD45 observé par immunoma rquage sur une demi prostate, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 8A présente le niveau d'expression de la cvtokine I L6 (marqueur d'inflammation) observé en RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT. La Figure 8B présente le niveau d'expression de la cvtokine I L6 (marqueur d'inflammation) observé en RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 8C présente le niveau d'expression de la cvtokine IL6 (marqueur d'inflammation) observé en RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 9A présente le niveau d'expression du TNF alpha (marqueur d'inflammation) observé en RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 9B présente le niveau d'expression du TNF alpha (marqueur d'inflammation) observé en RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT. La Fifiure 9C présente le niveau d'expression du TNF alpha (marqueur d'inflammation) observé en RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT
La Figure 10A présente le niveau d'expression de l'oxydation/carbonylation des protéines observé par blot dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 10B présente le niveau d'expression de l'oxydation/carbonylation des protéines observé par blot dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 10C présente le niveau d'expression de l'oxydation/carbonylation des protéines observé par blot dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT
La Figure 11A présente le niveau d'expression de la dioxygénase PHD1 (marqueur de stress oxydatif), observée par RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 11B présente le niveau d'expression de la dioxygénase PHD1 (marqueur de stress oxydatif), observée par RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 11C présente le niveau d'expression de la dioxygénase PHD1 (marqueur de stress oxydatif), observée par RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT
La Figure 12A présente le niveau d'expression de la dioxygénase PHD3 (marqueur de stress oxydatif), observée par RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 12B présente le niveau d'expression de la dioxygénase PHD3 (marqueur de stress oxydatif), observée par RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 12C présente le niveau d'expression de la dioxygénase PHD3 (marqueur de stress oxydatif), observée par RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 13A présente le niveau d'expression de HIFI alpha (marqueur d'hypoxie), observé par RT-qPCR dans la prostate dorsale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Figure 13B présente le niveau d'expression de HIFI alpha (marqueur d'hypoxie), observé par RT-qPCR dans la prostate latérale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT.
La Fifiure 13C présente le niveau d'expression de de HI FI alpha (marqueur d'hypoxie), observé par RT-qPCR dans la prostate ventrale, pour le groupe contrôle et le groupe ATT
PARTIE EXPERIMENTALE
EXEMPLE 1 : Évaluation préclinique
De ΓΑΤΤ (anéthole trithione) a été administré à des souris "probasine-prolactine" (Pb-PRL). I l s'agit d'un modèle de souris transgénique dans lequel la prolactine est spécifiquement surexprimée par les cellules épithéliales de la prostate, ce qui conduit au développement d'une hyperplasie bénigne présentant des caractéristiques communes avec la pathologie humaine : hypertrophie du tissu, hyperplasie des cellules épithéliales et stromales, et inflammation intra-prostatique (Kindblom et al., 2003; Bernichtein et al., 2015a; Bernichtein et al., 2015b).
Pour l'étude, ΓΑΤΤ a été solubilisé à la concentration de 15mg/mL d'huile de noix de coco purifiée et a été administré par gavage durant 28 jours consécutifs à la dose uniquotidienne de 60 mg/kg (soit 4 mL/kg, ce qui représente de l'ordre de 120-150 μί pa r souris). Le groupe contrôle (véhicule) a été traité par l'huile seule.
La dose retenue pour l'étude, 60 mg/kg, a été ainsi choisie parce qu'elle permet d'obtenir a u temps lOh des concentrations plasmatiques moyennes d'ATX (153 ng/mL, n= 6 souris) similaires à celles qui sont usuellement observées chez l'homme dans les 2-3h suivant le pic plasmatique après une prise orale unique de 75 mg (ou 1 mg/kg [He et al., 2011]) ce qui garantit - compte tenu de la demi-vie très courte du produit chez le rongeur (0.4h, chez le rat) - des concentrations s'apparentant à ce qu'on réaliserait chez l'homme pour une dose raisonnable et ce, durant au moins un demi nycthémère.
Chaque groupe comprenait 12 souris Pb-PRL d'un âge moyen de 6 ± 0,4 mois.
I. Traitements et prélèvements
Des souris Pb-PRL ont été hébergées dans des conditions standard (nourriture ~20-22 kcal/jour, 12h jour/nuit). L'étude a été réalisée sur des souris de 5 à 6 mois. Le composé a été administré quotidiennement par gavage durant 28 jours consécutifs à la dose de 4mL/kg . Le poids des animaux a été mesuré chaque semaine afin d'évaluer la bonne tolérance . Une diminution de 2 à 3 g du poids de la souris a été observé, du au stress lié au gavage.
Deux groupes expérimentaux de 12 souris Pb-PRL ont été inclus dans l'étude :
• Groupe 1 (Groupe Contrôle) : Véhicule (Huile de noix de coco purifiée; 5 ml/kg).
• Groupe 2 (Groupe ATT): Anéthole trithione (60 mg/kg/j). Les animaux ont été sacrifiés au terme des 28 jours de traitement (dislocation cervicale), et les prostates ont été prélevées et analysées selon les procédures standard précédemment décrites dans la littérature (Bernichtein et al. Prostate 2015, Bernichtein et al. PLoS. ONE 2015, Bernichtein et al. Cancer Res 2017).
1. Étude de l'effet de ΓΑΤΤ sur le poids des prostates des souris Pb-PRL.
Le poids frais de chaque lobe prostatique a été mesuré au sacrifice et normalisé sur le poids de la souris. De même, les caractéristiques macroscopiques distinguant les prostates du groupe ATT du groupe contrôle ont été répertoriées.
Les résultats sur la prostate latérale et la demi-prostate sont présentés respectivement aux Figures la et lb. On note une tendance à la perte de poids de la prostate, statistiquement significative dans le lobe latéral.
2. Étude de l'effet de ΓΑΤΤ sur la prolifération épithéliale
La prolifération cellulaire a été mesurée par IHC Ki-67 qui permet de calculer l'index de prolifération de l'épithélium (comptage manuel ou logiciel Calopix)
Les résultats de l'analyse de l'effet de ΓΑΤΤ sur la prolifération épithéliale sur une demi prostate sont présentés à la Figure 2.
On note une baisse de la prolifération épithéliale de la prostate statistiquement significative telle qu'estimée par immunohistochimie du facteur Ki-67 (Figure 2).
3. Étude de l'effet de ΓΑΤΤ sur le signal androgénique
Cette étude a été réalisée par analyse en RT-qPCR de l'expression d'éléments liés à la signalisation androgénique et de cibles classiques du récepteur des androgènes dans la prostate (AR, PSP94, Srd5Al, Srd5A2) (Bernichtein et al. Prostate 2015, Sackmann Sala et al. J Pathol 2017)
Les résultats de l'analyse de l'effet de ΓΑΤΤ sur le signal androgénique observables :
Au niveau du récepteur des androgènes de la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 3A, 3B et 3C.
Au niveau du récepteur SRD5A1 (5 alpha réductase) de la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 4A,4B et 4C.
Au niveau du récepteur SRD5A2 (5 alpha réductase) de la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 5A,5B et 5C.
- Au niveau du récepteur PSP94 de la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 6A,6B et 6C.
On observe un effet anti-androgénique révélé par la baisse statistiquement significative de l'expression des ARN messagers du récepteur des androgènes, des enzymes 5-alpha réductases 1 et 2 (qui transforment la testostérone en son métabolite actif, la dihydrotestostérone), et du PSP94, gène cible activé par la voie androgénique (Sackmann Sala et al., 2017)
4. Étude de l'effet de ΓΑΤΤ sur l'inflammation
L'inflammation a été mesurée par deux approches : · Immunomarquage (IHC) CD45 : permettant de quantifier le nombre et la taille des foyers inflammatoires (analyse d'image avec le logiciel Calopix).
• RT-qPCR de cytokines sélectionnées : IL6, et TNFa.
Les résultats de l'analyse de l'effet de l'ATT sur l'inflammation :
Visibles par immunomarquage de CD45 sur une demi prostate sont présentés à la Figure 7.
Visibles par RT-qPCR de IL6 de la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 8A, 8B, et 8C.
Visibles par RT-qPCR de TNFalpha de la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 9A,9B, et 9C.
On observe une baisse de l'inflammation révélée par la diminution statistiquement significative du nombre de foyers de cellules leukocytaires positives pour le marqueur CD45 (Bernichtein et al., 2015a). Cet effet est supporté par la baisse d'expression de certaines cytokines/récepteurs pro-inflammatoires (IL6 et TNFalpha), et par l'augmentation statistiquement significative de la fibrose cicatricielle typiquement observée dans ce modèle lors d'une réduction de l'inflammation (Bernichtein et al., 2015a)
5. Étude de l'effet de l'ATT sur le stress oxydatif
Le stress oxydatif sera mesuré par deux approches :
• Oxydation/carbonylation des protéines par blot (OxyblotTM, Merck).
· Expression des dioxygénases PHD1 etPHD3 (RT-qPCR)
Les résultats de l'analyse de l'effet de l'ATT sur le stress oxydatif
Observables par oxydation/carbonylation des protéines par blot sont présentés pour la prostate dorsale, latérale et ventrale respectivement aux figures 10A,10B et 10C. - Observables par expression de la dioxygénase PHD1 pour la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 11A, 11B, et 11C.
Observables par expression de la dioxygénase PHD3 pour la prostate dorsale, latérale et ventrale sont présentés respectivement aux figures 12A, 12B et 12C.
On observe une baisse du stress oxydatif telle que révélée par la diminution statistiquement significative de la carbonylation des protéines dans tous les lobes (méthodologie Oxyblot™) et de l'expression des ARN messagers des enzymes dioxygénases PHD1/PHD3. 6. Étude de l'effet de ΓΑΤΤ sur l'hypoxie
L'hypoxie a été observée par l'analyse de HIFI alpha mesuré par RT-qPCR au niveau de la prostate dorsale, latérale et ventrale. Les résultats sont présentés respectivement aux figures 13A,13B et 13C. On observe une augmentation de l'hypoxie révélée par l'augmentation statistiquement significative, dans un ou plusieurs lobes prostatiques, de l'expression des ARN messagers du marqueur d'hypoxie qu'est HIFI alpha. II. Conclusion
Les résultats de cette étude pré-clinique montrent que la molécule d'ATT exerce deux effets recherchés pour un traitement efficace de l'hyperplasie bénigne de la prostate : un effet anti- androgénique et un effet anti-inflammatoire, cela en plus de l'effet bénéfique contre le stress oxydatif.
On peut remarquer que dans cette étude, les souris ont été traitées chaque jour avec une dose unique suffisante pour 12h. Cela en raison des risques liés au stress qu'implique le gavage pour les animaux, Ainsi, les souris n'ont été traitées que 12h sur 24, et non 24h/24 comme prévu chez l'Homme, et ce pendant une période réduite.
Les résultats obtenus sont donc très prometteurs car malgré la durée de traitement courte et le traitement 12h/24, on observe de bons résultats sur les paramètres recherchés pour un traitement efficace de l'HBP.
EXEMPLE 2 : Évaluation clinique
Au plan méthodologique, l'amélioration clinique d'un sujet présentant une HBP peut être évaluée en se référant à une échelle qui fait consensus : l'IPSS (International Prostate Symptom Score).
Une telle étude peut être réalisée en deux temps :
sur une période courte, de 2-3 mois, en suivant en tant que critère d'évaluation principal deux éléments : l'amélioration clinique et les taux de PSA (lorsque ceux-ci sont augmentés) ;
sur une période longue, de 2 ans par exemple, en évaluant les symptômes cliniques et la vitesse de progression de la maladie chez des sujets devenus insatisfaits de leur traitement par αΐ-bloquants ou 5-alpha-réductase. Une telle étude peut comporter trois bras : Bras 1 : traitement prescrit habituellement utilisé seul : al bloquants ou 5-
alpha-réductase, Bras 2 : traitement aux al bloquants ou 5-alpha-réductase + Sulfarlem® (ou un autre inhibiteur de la production de ROS mitochondriale, tel que ΓΑΤΤ), Bras 3 : Sulfarlem® (ou autre inhibiteur de la production de ROS mitochondriale tel que ΓΑΤΤ) utilisé seul