DISPOSITIF ET ANALYSE EN MASSE DE MOLECULES
METTANT EN ŒUVRE UNE PHOTODISSOCIATION
PAR FAISCEAU LASER UV OU VISIBLE
La présente invention a pour objet un dispositif et un procédé d'analyse par spectrométrie de masse de molécules, mettant en œuvre, d'une part, un piège à ions quadripolaire et, d'autre part, un faisceau laser UV ou visible, assurant la photodissociation des molécules sous forme ionisées qui sont piégées à l'intérieur du piège quadripolaire.
De manière classique, un piège à ions permet, d'une part, de piéger des ions sous la forme d'un nuage d'ions stables et, d'autre part, d'en réaliser leur analyse en masse. Le principe général d'un piège à ions quadripolaire et du procédé d'analyse en masse mettant en œuvre un tel piège ont été décrits dans les brevets US 3 527 939 et US 4 650 999. Classiquement, un piège à ions quadripolaire est équipé d'une entrée pour l'injection des molécules sous forme ionisée à analyser et d'une sortie pour l'éjection des ions à détecter, et comprend un système d'électrodes qui permet de générer un champ quadripolaire tridimensionnel, capable de sélectionner les molécules sous forme ionisée à analyser, en fonction de leur rapport masse sur charge (m/z) et de les piéger dans un volume de piégeage. Ce sont les variations appliquées au champ quadripolaire qui permettent de sélectionner et piéger des molécules ionisées dont le rapport m/z a été prédéterminé et d'éjecter les autres ions. Les molécules sélectionnées sont alors éjectées vers des moyens de détection permettant leur analyse en masse. Le procédé et le dispositif décrits dans ce brevet ne permettent pas la différenciation de molécules de même rapport m/z.
La spectrométrie de masse en tandem, qui consiste à isoler une masse, puis à la fragmenter par collision avec un gaz et à analyser en masse les fragments obtenus, est décrite dans le brevet US 4 736 101. Cette technique analytique est aujourd'hui largement implantée dans les pièges à ions commerciaux et est très utilisée en protéomique, notamment.
Cette technique analytique, nommée « Collision Induced Dissociation » (CID) présente, cependant, plusieurs inconvénients :
- Tout d'abord, il y a compétition entre l'excitation par collision avec le gaz et l'éjection des ions dans le piège. C'est-à-dire que les trajectoires des ions sont modifiées lors de la CID, ce qui peut conduire à une perte des ions parents ou fragments et à une baisse de la résolution en masse.
- L'excitation est non sélective. En effet, les collisions conduisent à un chauffage global de la molécule qui ne dépend pas de ses propriétés géométriques ou électroniques. - Cette technique présente une faible efficacité pour les molécules de m/z élevée.
- Elle fait appel à des mécanismes statistiques conduisant seulement aux canaux de fragmentation les plus bas en énergie.
Par conséquent, une solution alternative a été proposée. Celle-ci consiste à exciter les molécules avec une radiation lumineuse. L'excitation des molécules est alors indépendante de leur piégeage. La dissociation multiphotonique infrarouge (IRMPD), utilisant des lasers à CO2, est décrite dans Anal. Chem. 1996, 68, 4033 et J. Am. Soc. Mass Spectrom., 1994, 5, 886. Dans les travaux détaillés dans ces publications, l'énergie interne de l'ion est augmentée par absorption séquentielle d'un grand nombre de photons, conduisant à des fragmentations statistiques proches de celles produites par CID, c'est-à-dire qu'une dissociation non sélective est également obtenue.
En 1987, Louris et al. (Int. J. Mass. Spectrom. Ion Processes, 1987, 75, 345) ont proposé d'utiliser un laser UV pour réaliser la photodissociation des ions piégés. Dans cette publication, l'injection du laser UV, à l'intérieur du piège, est réalisée au moyen d'une fibre optique. L'utilisation d'une fibre optique permet une interface entre les moyens de production du laser et le piège assez simple. Néanmoins, le faisceau laser obtenu, en sortie de la fibre optique, est divergent, et de fortes densités d'énergie sont nécessaires pour obtenir une photodissociation satisfaisante. De plus, l'utilisation d'une fibre
optique n'est pas adaptée à des faisceaux lasers sous la forme de puises ultrabrefs, de Tordre de quelques femtosecondes notamment Par ailleurs, le laser, injecté à l'intérieur du piège, peut interagir avec les parois du piège et entraîner la génération de parasites. Gabryelski et Li (Rev. Scient. Inst. 1999, 70, 4192) ont également utilisé un montage expérimental utilisant un laser pour la photodissociation, qui conduit à une faible résolution en masse. De plus, là encore, le laser de puissance élevée utilisé génère un très grand nombre d'ions parasites au sein du piège. Plus récemment, Weinkauf et al. (Phys. Chem. Chem. Phys. 2004, 6,
2633) ont proposé d'injecter un laser au sein d'un piège à ions quadripolaires, constitué d'une électrode anneau et de deux électrodes chapeau en injectant le laser, à travers les trous aménagés dans une des électrodes chapeau, pour éjecter les ions vers les moyens de détection. Ce montage ne nécessite, certes, aucune modification des électrodes, cependant il n'est réalisable que si les moyens de détection ne se trouvent pas dans l'axe d'introduction du faisceau laser. De plus, aucun alignement du laser n'est envisagé, de sorte qu'il est difficile de garantir que ce dernier couvre le nuage d'ions piégés à l'intérieur du piège quadripolaire. Dans ce contexte, la présente invention vise à fournir un dispositif et un procédé d'analyse de masse d'un échantillon par utilisation d'un piège à ions quadripolaires, permettant d'effectuer une dissociation photo-induite par un faisceau laser visible ou ultraviolet, qui permette une dissociation beaucoup plus spécifique que la CID ou la dissociation . multi-photonique infrarouge et qui ne présente pas les inconvénients de l'art antérieur.
La présente invention a donc pour objet un dispositif d'analyse de masse de molécules comprenant un piège à ions quadripolaire équipé d'une entrée pour l'injection des molécules sous forme ionisée à analyser et d'une sortie pour l'éjection des ions à détecter, comprenant un système d'électrodes qui permet de générer un champ quadripolaire tridimensionnel, capable de sélectionner les molécules sous forme ionisée à analyser, en
fonction de leur rapport masse sur charge (m/z) et de les piéger dans un volume de piégeage, ledit piège étant couplé à un faisceau laser UV ou visible assurant la dissociation des molécules sous forme ionisée à analyser, caractérisé en ce que le faisceau laser est introduit dans le piège, sans passage par une fibre optique, par une ouverture, aménagée dans l'une des électrodes, distincte de l'entrée pour l'injection des molécules sous forme ionisée à analyser et de la sortie pour l'éjection des ions à détecter, et obturée de façon étanche par un hublot laissant passer le faisceau laser, la dimension du hublot étant choisie de façon à ce que le faisceau laser couvre tout le volume de piégeage.
Un autre aspect de l'invention est relatif à un procédé d'analyse de masse de molécules mettant en œuvre une injection des molécules sous forme ionisée à analyser dans un piège quadripolaire, une sélection des molécules sous forme ionisée à analyser, en fonction de leur rapport masse sur charge (m/z) et leur piégeage dans un volume de piégeage, au moyen d'un champ quadripolaire tridimensionnel généré par un système d'électrodes, une dissociation des molécules sous forme ionisée à analyser piégées dans le volume de piégeage, au moyen d'un faisceau laser UV ou visible, puis une éjection des ions à détecter, caractérisé en ce que le faisceau laser assurant la dissociation est introduit dans le piège, sans passage par une fibre optique, par une ouverture, aménagée dans l'une des électrodes, distincte de l'entrée pour l'injection des molécules sous forme ionisée à analyser et de la sortie pour l'éjection des ions à détecter, et obturée de façon étanche par un hublot laissant passer le faisceau laser et de façon à ce que le faisceau laser couvre tout le volume de piégeage.
La présente invention est détaillée dans la description qui va suivre par références aux figures annexées.
Les fîg. 1 et 2 illustrent des exemples de dispositif conforme à l'invention. La fîg. 3 montre une vue en coupe d'une partie du dispositif conforme à la fig. 2.
Les fîg. 4 à 8 relatives à des spectres obtenus avec le dispositif illustré fig. 2 seront détaillées dans la partie de la description relative à l'exemple.
Classiquement, le dispositif I selon l'invention, tel que par exemple illustré fïg. 1, utilise un piège à ions quadripolaire 1 équipé d'une entrée 2 pour l'injection des molécules sous forme ionisée à analyser et d'une sortie 3 pour l'éjection des ions à détecter, comprenant un système d'électrodes 4 qui permet de générer un champ quadripolaire tridimensionnel, capable de sélectionner les molécules sous forme ionisée à analyser, en fonction de leur rapport masse sur charge (m/z) et de les piéger dans un volume de piégeage 5. L'entrée 2 est reliée à une série de moyens 6 permettant tout d'abord de ioniser un échantillon d'intérêt et d'injecter les molécules ionisées obtenues à l'intérieur du piège 1. Dans l'exemple de dispositif I illustré à la fig. 2, ces moyens 6 sont constitués d'une source électrospray 7 couplée à une paire d'octopôles 8 reliée à l'entrée 2 du piège 1, moyens classiquement utilisés dans les dispositifs commerciaux. Le piège quadripolaire 1 est également couplé, à la sortie 3 pour l'éjection des ions à détecter, à des moyens de détection 9 des ions éjectés. Ces moyens de détection 9 sont, par exemple, constitués d'une dynode de conversion couplée à un multiplicateur d'électrons, l'ensemble de ces moyens de détection pouvant être protégé par une cage de Faraday.
Le système d'électrodes 4 peut être composé d'une électrode annulaire 10 centrale délimitant une cavité où se trouve le volume de piégeage 5 et de deux électrodes chapeaux 11 et 12 situées de part et d'autre de la cavité délimitée par l'électrode annulaire 10, tel que représenté fîg. 2. Des espaceurs Q, par exemple en quartz, sont positionnés de façon à ce que le système d'électrodes délimite une cavité fermée. De façon classique, l'entrée 2 pour l'injection des molécules sous forme ionisée à analyser peut être aménagée dans une des électrodes chapeau 11, la sortie 3 pour l'éjection des ions à détecter étant aménagée dans l'autre électrode chapeau 12. Le plus souvent l'entrée 2 et la sortie 3 seront positionnées en face l'une de l'autre, de façon à ce que l'axe d'injection des molécules sous forme ionisée
à analyser et l'axe d'éjection des ions à détecter coïncident sur un axe x. Les diamètres de l'entrée 2 et de la sortie 3 sont très petits, de l'ordre de quelques centaines de μm.
Bien entendu, le dispositif I comprend des moyens électroniques de contrôle et de réglage du champ quadripolaire permettant de maintenir et faire varier le champ quadripolaire généré et, ainsi assurer la sélection, le piégeage et/ou l'éjection de molécules de masse m/z donnée.
Selon une des caractéristiques essentielles de l'invention une ouverture 13 est aménagée dans l'une des électrodes pour le passage du faisceau laser L qui va servir à la photodissociation des ions. Cette ouverture est obturée de façon étanche par un matériau perméable (c'est-à-dire transparent) au faisceau laser sous la forme d'un hublot 14, la position de l'obturation et la direction y de propagation du faisceau laser L étant choisies de façon à ce que le faisceau laser L n'interagisse pas à l'intérieur du piège avec l'injection des molécules sous forme ionisée à analyser, ni avec l'éjection des ions à détecter et atteigne directement le volume de piégeage 5. L'ouverture 13 est équipée de moyens d'étanchéité assurant l'étanchéité entre le hublot 14 et l'électrode dans laquelle l'ouverture 13 est aménagée. La dimension de l'ouverture 13 ou, plus précisément, du hublot 14 est, quant à elle, choisie de façon à ce que le faisceau laser couvre tout le volume de piégeage. Le diamètre du faisceau laser L est effectivement directement lié à la dimension du hublot 14. La dimension de l'ouverture et surtout la dimension du passage pour le faisceau laser est donc déterminée au plus juste par rapport à celle du volume de piégeage 5, de façon à ce que la valeur de la section transversale du faisceau laser L par rapport à l'axe y soit, de préférence, comprise entre la valeur de la section transversale du volume de piégeage 5 par rapport à l'axe y et la valeur de cette section + 5%. Par obturation étanche, on entend que l'ouverture est fermée par un système de hublot 14, par exemple, de manière telle que les conditions de pression et les conditions électrostatiques de piégeage à l'intérieur du piège 1 ne soient pas modifiées à l'intérieur du piège, et en particulier au niveau et au voisinage du volume
de piégeage 5. L'étanchéité du hublot 14 et les dimensions de l'ouverture 13 permettent de garantir que l'introduction du faisceau laser L ne vienne pas modifier les lignes de champ électrostatique dans lesquelles sont piégées les molécules sous forme ionisée. Le hublot 14 est dans un matériau laissant passer le rayon laser, par exemple, en silice fondue (de qualité UV) ou en saphir. Une source 15 génératrice d'un faisceau laser L est donc positionnée en amont du hublot 14. L'ouverture 13 est suffisamment éloignée de l'entrée et de la sortie des ions, de façon à ce que la source 15 puisse être positionnée, en tenant compte de l'encombrement des moyens 6 de ionisation et des moyens d'injection des molécules ionisées d'une part et les moyens de détection 9 d'autre part. Dans le cas d'un système d'électrodes 4 constitué d'une électrode anneau 10 et de deux électrodes chapeaux 11 et 12 comme indiqué ci-dessus, l'ouverture 13 pour l'introduction du laser sera avantageusement aménagée dans l'électrode anneau 10. De préférence, l'introduction du faisceau laser L est effectuée selon une direction y perpendiculaire à la direction x d'injection et d'éjection lorsqu'elles sont parallèles et alignées.
Dans le dispositif I de l'invention, le faisceau laser L n'est pas injecté par l'intermédiaire d'une fibre optique, ce qui permet une grande adaptabilité du dispositif selon l'invention à différents types de faisceau laser. En effet, la mise en œuvre d'une fibre optique conduit souvent à un faisceau divergent, notamment dans le cas de laser UV de puissance élevée, et ne peut fonctionner qu'avec une gamme de longueurs d'onde. Il est également rappelé que l'utilisation d'une fibre optique pour l'introduction d'un laser UV d'une longueur d'onde inférieure à 220 nm est, à l'heure actuelle, quasiment exclue. De plus, à des puissances élevées, notamment pour des longueurs d'ondes inférieures 260 nm, une solarisation, conduisant à une dégradation réversible de la fibre est constatée. Le dispositif I selon l'invention peut, quant à lui, fonctionner avec une large gamme de longueur d'ondes, du visible à l'UV. L'invention est particulièrement adaptée à la mise en œuvre d'un laser UV d'une longueur d'onde, notamment comprise entre 193 et 450
nm. Quelque soit sa nature UV ou visible, le laser utilisé présente, préférentiellement, une puissance au moins égale à 10 mW et, de préférence, comprise entre 10 et 100 mW. De plus, des lasers sous la forme de puises très courts, de l'ordre de quelques nanosecondes, picosecondes ou femtosecondes, pourront être utilisés. Il est notamment possible d'injecter des impulsions ultracourtes contrôlées en phase et amplitude.
Selon une variante préférée de l'invention, particulièrement adaptée à l'utilisation d'un faisceau laser UV, le dispositif est équipé de moyens d'alignement du faisceau laser L sur le volume de piégeage 5. Dans ce cas, avant d'injecter les molécules à analyser, une étape d'alignement du faisceau laser sur le volume de piégeage va être réalisée. En tant que moyens d'alignement, on peut utiliser, par exemple une photodiode positionnée sur l'axe y choisi qui est centré sur le volume de piégeage 5, ou bien des moyens tels qu'illustré fïg. 2, et détaillés dans l'exemple qui va suivre. Les moyens d'alignement illustrés fîg. 2 utilisent, une source laser visible 16 de faible puissance injectée par l'intermédiaire d'une fibre optique 17, selon l'axe y déterminé centré sur le volume de piégeage 5 et, dans l'exemple illustré perpendiculaire à l'axe x d'injection et d'éjection des ions. Ce faisceau visible sort donc par l'ouverture 13 aménagée pour l'introduction du faisceau laser L qui va servir à la photodissociation et permet de repérer l'axe y en sortie, à l'aide de deux pinholes 18 et 19 positionnés de façon centrée sur ce dernier. Le faisceau laser L va alors pouvoir être aligné sur cet axe y à l'aide de deux miroirs 20 et 21.
Bien entendu, là encore l'injection du laser visible utilisé pour l'alignement, au sein du piège quadripolaire 1, se fait selon une ouverture 22 obturée de manière étanche au sens tel que défini ci-dessus, tout en laissant passer la lumière visible.
Selon un autre mode de réalisation de l'invention, une ouverture obturée 23 de façon étanche par un élément perméable au faisceau laser utilisé est aménagée dans le piège quadripolaire 1, de façon à permettre la sortie du piège 1 du faisceau laser L introduit. Dans ce cas, la sortie du
faisceau laser L introduit dans le piège 1 est assurée, ce qui permet d'éviter, notamment dans le cas d'un laser UV, de polluer les résultats d'analyse par la présence d'ions désorbés du matériau constitutif des parois internes du piège. Dans l'exemple illustré fïg. I1 l'ouverture 22, aménagée pour la mise en oeuvre des moyens d'alignement 15, coïncide avec celle 23, aménagée pour l'évacuation du laser L hors du piège 1, puisque ces deux ouvertures 22 et 23 doivent se trouver dans l'axe y. Dans le cas, d'un système d'électrodes annulaire/2 chapeaux, l'ouverture 13 pour l'introduction du laser L et celles 22 et 23 pour son évacuation et son alignement sont aménagées dans l'électrode annulaire 10, de façon diamétralement opposée, comme illustré fïg. 2. La fig. 3 illustre des moyens d'étanchéité de l'ouverture 13, qui peuvent être adaptés aux ouvertures 22 et 23. Le système d'obturation étanche, illustré fïg. 3, est constitué d'un embout cylindrique 24 en un matériau isolant, par exemple, inséré dans l'ouverture et présentant un hublot 14 en saphir (ouverture 13) ou silice fondue de qualité UV (ouverture 22). Les moyens d'étanchéité comprennent donc, dans l'exemple illustré, un tube 24 réalisé dans un matériau isolant dont une extrémité est obturée par un hublot 14 en saphir ou silice fondue de qualité UV. Le tube 24 est engagé dans un alésage, aménagé au niveau de la surface extérieure de l'électrode en étant centré sur l'ouverture 13, de sorte que le hublot 14 se trouve aligné avec l'ouverture 13. Les assemblages du tube 24 et du hublot 14, ainsi que du tube 24 et de l'électrode 10, sont alors réalisés pour être étanches. Il sera remarqué que, selon l'exemple illustré, le tube 24 présente une longueur supérieure à l'épaisseur du hublot 14 et le diamètre du hublot 14 est supérieur au diamètre de l'ouverture 13. Dans le cas où une ouverture 23 est prévue pour la sortie du laser, il peut être prévu de disposer, après cette sortie, des moyens de contrôle 25 de l'alignement du laser. Ces moyens de contrôle 25 sont, par exemple, constitués d'un détecteur de photons. Le dispositif I selon l'invention comprend, également, des moyens 26 assurant la synchronisation entre l'introduction du faisceau laser dans le
piège et le piégeage des molécules sous forme ionisées à analyser. On pourra, par exemple, utiliser un obturateur électromécanique après la source 15 du faisceau laser L. Ces moyens 26 vont permettre de moduler la durée de l'interaction des molécules à analyser avec le laser. De plus, les différents moyens électroniques de contrôle, d'une part du champ quadripolaire, d'autre part du faisceau laser, ainsi que ces moyens de synchronisation, vont permettre de réaliser des expériences de type MSN, par photodissociations successives. C'est-à-dire qu'après la première dissociation, au moins une séquence suivante est mise en oeuvre : par réglage du champ quadripolaire tridimensionnel généré par le système d'électrodes, sélection de molécules sous forme ionisée à analyser issue de la dissociation précédente, en fonction de leur rapport masse sur charge (m/z) et piégeage de ces dernières dans le volume de piégeage, puis dissociation des molécules sous forme ionisée sélectionnées. Il est également possible de coupler le procédé selon l'invention avec une analyse CID en amont.
Le piège quadripolaire 1, ainsi que d'autres éléments du dispositif sont disposés dans une enceinte E, dans laquelle les conditions de pression nécessaires à la détection doivent être maintenues. Par conséquent, les différentes connections réalisées au niveau de l'enceinte, pour l'introduction du laser, sa sortie, pour les moyens d'alignement devront être parfaitement étanches, pour ne pas perturber les conditions de pression à l'intérieur du piège.
Le dispositif I et le procédé selon l'invention sont adaptés à de nombreuses applications : - en photo-physico chimie, pour des mesures de spectre de dissociation, la réalisation de spectres MSN par photodissociation, pour des mesures de section efficace de photofragmentation ;
- en protéomique, pour le développement d'une nouvelle méthodologie pour l'identification à haut débit de protéines. En effet, le dispositif et le procédé selon l'invention permettent d'obtenir une large gamme de fragments, y compris des fragments de très petite taille, ce qui permettra
d'accroître l'efficacité d'identification de protéines ou de peptides. De plus, il est possible d'effectuer une fragmentation successive par étape contrôlée permettant de partir de protéines entières ou de mélange de protéines, en supprimant les étapes d'électrophorèse et de clivage des protéines qui sont les plus coûteuses en terme de temps et main d'oeuvre ;
- pour la détection de polluants chimiques ou bactériologiques, en identifiant des polluants par couplage de la spectrométrie de masse, et de la spectroscopie optique. La masse et le spectre d'absorption optique par laser fourniront une identification non ambiguë de nombreux polluants chimiques ou bactériologiques présents dans les eaux usées et les gaz, notamment ;
- pour le suivi de la formation de complexes moléculaires, par étude de la dissociation en fonction de l'énergie du laser qui permettra une détermination directe de l'énergie de liaison du complexe ;
- pour l'étude de la dégradation photo-induite de molécules, qui trouve notamment application en cosmétique, dans le domaine de l'environnement et en biodégradabilité.
Il apparaît donc que les applications industrielles du procédé et du dispositif I selon l'invention sont nombreuses, dans des domaines variés tels que la pharmacie, la cosmétique, la biotechnologie, la pétrochimie, la chimie organométallique...
A titre d'illustration, un exemple précis d'un dispositif, tel qu'illustré fîg. 2, va être décrit. Un piège commercial LCQ DUO MSN, thermo électron, a été modifié, afin de permettre son couplage avec une source laser. Les lasers utilisés pour la photo dissociation sont :
" un laser Nd : YLF q-switché pompé par diode (Crystalaser, λ = 262 nm et 524 nm),
- et un laser oscillateur paramétrique optique (Panther OPO pompé par un powerlite 8000 Continuum, λ = 215 nm à 2,2 μm).
Deux miroirs ont été utilisés pour aligner le faisceau laser. Le faisceau laser traverse deux pinholes de 1 mm de diamètre, avant d'entrer, à travers une fenêtre en quartz, dans la chambre du dispositif, dans lequel une pression réduite de 10"5 mbar est maintenue. L'entrée du faisceau laser dans le piège se fait en traversant l'électrode anneau centrale.
En effet, l'électrode anneau centrale a été percée de deux trous diamétralement opposés de 3 mm de diamètre, dans lesquels ont été collés deux embouts, tels qu'illustrés à la fîg. 3. Le premier embout est utilisé pour l'injection du laser. Il s'agit d'un tube en matériau isolant, au fond duquel une fenêtre en saphir a été collée. Le diamètre utilisé permet au laser de recouvrir totalement le nuage d'ions.
Le deuxième embout est utilisé pour la sortie du laser et la procédure d'alignement. Il est également constitué d'un tube en matériau isolant avec, d'un côté, une lentille de collimation sur 3 cm et, de l'autre, une connexion SMA pour fibre optique.
Les deux embouts sont parfaitement alignés et collés, perpendiculairement à l'axe de l'électrode qui coïncide avec l'axe x d'injection et d'éjection des ions. La fixation des embouts est effectuée avec une grande étanchéité, afin d'obtenir une modification du montage qui n'altère pas la pression d'hélium dans le pièce, nécessaire à son fonctionnement optimal. Aucune modification de la calibration, de la résolution en masse et des capacités de piégeage de l'appareil n'est induite par les modifications effectuées sur l'électrode anneau. Pour réaliser l'alignement, une fibre optique, transmettant de l'UV au proche infrarouge (SENTRONIC), connecte le deuxième embout à un passage vide pour fibre optique (SENTRONIC). Une seconde fibre est connectée à la sortie de ce passage. Après la fibre, se trouve un miroir amovible, un détecteur de photon et un laser visible, utilisé pour l'alignement (hélium, néon).
Afin de définir l'axe d'alignement pour l'injection du laser, un laser visible est injecté à travers la fibre optique. Sa sortie, à travers les deux fenêtres, définit un axe optique qui passe par le centre du piège et, donc, par le volume de piégeage qui correspond au nuage d'ions qui va être piégé. Les deux pinholes sont alors alignés sur cet axe.
Le laser pour la photodissociation est alors aligné sur l'axe optique défini précédemment, grâce aux deux miroirs. Il doit traverser les deux pinholes. La détection des photons en sortie de fibre optique permet un ajustement fin de l'alignement du laser au centre du piège. Cette détection permet, également, une mesure relative de la puissance du laser injecté.
La synchronisation temporelle, entre l'injection du laser dans le piège et les tensions radiofréquence appliquées sur les électrodes du piège, est réalisée grâce à un obturateur électromécanique contrôlé par un générateur de délais asservi sur l'électronique du piège. Les séquences de dissociation testées, induites par laser, consistent à injecter des ions à partir de la source électrospray, à isoler dans le piège un ion de masse m/z donné, en éjectant les autres masses, puis à injecter, pendant un temps donné, le laser de photodissociation. Les ions, issus de la fragmentation, sont ensuite analysés en masse par la procédure classique. Le montage et la synchronisation utilisés permettent de réaliser des expériences de type MSN par photodissociation (isolation d'une masse, photo fragmentation, isolation d'un fragment, photodissociation ...)-
Le tryptophane a été utilisé comme molécule test.
La fîg. 4 montre le spectre de photodissociation de la molécule de tryptophane, obtenu à λ = 262 nm (P = 10 mW, temps d'irradiation = 10 ms). Un spectre obtenu par CID est montré en encart.
La fïg. 5 montre le spectre de photodissociation du tryptophane, en fonction de la longueur d'onde du laser. Le spectre a été normalisé en fonction de la puissance laser.
La fîg. 6A et 6B montrent l'évolution du rapport de branchement mesurée pour les principaux produits de fragmentation du tryptophane, en fonction de la longueur d'onde du laser de photodissociation.
Les fig. 7 A à 7F montrent les spectres de dissociation induite par laser MS3. La molécule de tryptophane protonée (M = 205) est injectée et isolée dans le piège. Elle est photo fragmentée avec λ = 265 nm. Un des fragments (M = 204, 188, 159, 146 et 118) est isolé, puis fragmenté à son tour. Le temps d'irradiation du laser pour chaque étape de dissociation est 300 ms. Pour chaque fragment, différents types de structures sont proposés. La fîg. 8 montre un spectre de photodissociation de la Gramicidine D, à λ = 262 nm (P = 10 mW, temps d'irradiation = 300 ms).