Le secteur technique de l'invention est celui des dispositifs de déroulement d'un fil assurant la transmission d'informations de toute nature (ordres ou comptes-rendus) entre deux mobiles évoluant dans un fluide. Une des applications principales de l'invention est son utilisation pour la filotransmission entre un sous-marin ou un bâtiment de surface et une torpille autopropulsée.
En effet, dans le milieu sous-marin, la transmission d'informations non perturbées entre deux mobiles est une opération délicate, car les ondes porteuses disponibles ne permettent pas la transmission à grande distance, et ne sont en général pas fiables. La liaison de transmission à travers un câble ou un fil permet de remédier à ce problème.
Pour des mobiles se déplaçant à faible vitesse et dans un périmètre réduit, les câbles utilisés sont généralement encombrants, fixés sur le mobile et se déroulent depuis le bâtiment lanceur.
Si le mobile doit se déplacer dans un périmètre important, quelle que soit sa vitesse, ou si les deux mobiles se déplacent simultanément dans des voies indépendantes l'une de l'autre, il est nécessaire d'utiliser des câbles de faible section qui se dévident simultanément depuis les mobiles en mouvement, ainsi chaque mobile laisse derrière lui un fil immobile dans le fluide, et les efforts sont nettement réduits.
C'est le cas des torpilles actuelles qui se déplacent à diverses vitesses- sur une grande distance en étant contrôlées par le bâtiment qui les a lancées.
Dans ce domaine, plusieurs réalisations ont déjà été proposées.
La bobine du bâtiment lanceur est positionnée dans un conteneur verrouillé au fond du tube lance torpille. Le fil, qui se déroule depuis celui-ci, est protégé par une gaine pour éviter des ruptures dues aux frottements et aux
accrochages possibles avec les parties saillantes du tube. Cette gaine de protection se déploie pendant les premiers mètres du parcours de la torpille en étant entraînée par celle-ci. La gaine est lestée pour s'écarter du lanceur, toutefois il a été observé qu'avec l'augmentation de la vitesse du sous-marin, elle a tendance à se rapprocher de celui-ci au point que le fil se dévide le long de la coque et risque d'être happé par le courant d'eau induit par l'hélice, ce qui est susceptible de créer sa rupture.
La conception actuelle du conteneur français a aussi pour conséquence de limiter la grosseur de la bobine et donc la longueur de fil emportée par le sous-marin, ce qui réduit ses capacités d'évolution pendant la phase de filoguidage. Les sous-marins de conception française lancent leurs torpilles au moyen de vérins télescopiques, appelés « refouloir pneumatique » ; l'effort de poussée s'exerce sur l'arrière de la torpille. Jusqu'à ce jour il a toujours été possible de désaxer la sortie du fil sur une des gouvernes de l'arme de telle sorte que le refouloir n'exerce aucun effort de pression sur la gaine ou le fil. Mais les nouveaux équipements internes des torpilles limitent la place en périphérie et ne permettent plus d'appliquer cette solution, ce qui oblige à positionner la sortie de fil dans l'axe sur l'extrémité arrière de la torpille.
Dans le même domaine technique on connaît le brevet déposé sous le numéro FR 2 654 204 qui décrit un dispositif de déroulement de câble de filotransmission d'un engin se déplaçant à grande vitesse dans un fluide. Le câble est stocké sous forme d'une bobine intégrée dans un volume existant autour d'un carénage solidaire du mobile lancé, il se déroule à la demande en fonction du déplacement de ce dernier.
Une des extrémités du câble est solidaire du mobile lancé, elle correspond à la couche d'enroulement de plus petit diamètre. L'autre extrémité, reliée au conteneur, se déroule depuis la couche de plus grand diamètre. Ainsi le câble se déroule en glissant sur l'arrière de la structure en formant une courbe en hélice tronconique se refermant derrière le mobile lancé, dans le même temps le fil se déroule aussi depuis la bobine du conteneur, ainsi chaque point reste alors ensuite à peu près immobile par rapport au fluide.
Ce conteneur peut être posé sur le pont d'un navire de surface ou lancé simultanément avec la torpille à partir d'un sous-marin en restant lié à ce dernier par un câble.
Ce dispositif de déroulement de câble présente un certain nombre d'inconvénients liés en particulier à sa forme.
De par la forme du conteneur, la trajectoire de ce dernier n'est pas stabilisée. Dans le cas où le conteneur et la torpille sont lancés simultanément, le conteneur risque de venir heurter la coque du sous-marin et ainsi de perturber les écoutes effectuées par ses senseurs acoustiques.
Un autre inconvénient réside dans la taille du conteneur qui limite la longueur de fil du coté du sous- marin et donc réduit ses capacités d'évolution. La longueur de fil est également limitée par la conception de la torpille.
Le but de la présente invention est de remédier aux inconvénients ci-dessus en proposant un dispositif de déroulement de fil de transmission lancé simultanément avec la torpille.
La présente invention a également pour but de fournir un dispositif éloignant le point de dévidage de la coque du lanceur.
Un autre but de l'invention est de réaliser un dispositif ayant une trajectoire stabilisée dans le fluide.
Un autre but de l'invention est de proposer un dispositif augmentant les capacités d'évolution du sous- marin de par la longueur de fil disponible.
Pour ce faire, l'invention a pour objet un dispositif de déroulement d'un fil assurant la transmission d'informations de toute nature (ordres ou comptes-rendus) entre deux mobiles évoluant dans un fluide dans lequel le câble est enroulé sur au moins une bobine logée dans un dévidoir, ce dernier étant disposé entre les deux mobiles, dispositif caractérisé en ce que le dévidoir, dissociable des deux mobiles, comporte des moyens de stabilisation de celui-ci dans le fluide. Les moyens de stabilisation du dévidoir comportent, de préférence, une quille combinée à un plan fixe.
De préférence, une entretoise de poussée, associée au dévidoir situé entre le mobile lancé et son mécanisme de lancement, assure la transmission des efforts de poussée lors du lancement.
Un mécanisme de liaison peut assurer temporairement la liaison entre le dévidoir et le mobile lancé. Il peut se composer d'un système bille sur ressort à contrainte de séparation tarée. Le dispositif peut comporter une courte gaine de protection où se dévide le fil, reliée au mécanisme de liaison par l'une de ses extrémités.
Le dévidoir comporte, de préférence, une ou deux bobines . De préférence, s'il comporte deux bobines, un mécanisme régulateur de tension du fil permet de transférer l'action de dévidage de la première bobine sur la seconde en supprimant le choc occasionné par les variations de longueur de la boucle de transfert.
Un élément associé au dévidoir peut permettre de compenser les jeux entre le dernier nommé et l'extrémité du refouloir pneumatique pour éviter le choc en début de déploiement de ce dernier. Cet élément est constitué, de préférence, d'une rondelle en mousse souple disposée entre le dévidoir et le refouloir pneumatique.
Ce dispositif présente l'avantage de permettre un lancement simultané de la torpille et du dévidoir comportant la ou les bobines de fil. Le point de dévidage se trouve ainsi à l'extérieur des deux mobiles.
Un autre avantage réside dans la forme du dévidoir, un plan fixe associé à la quille permet au dispositif d'avoir une trajectoire stabilisée et ainsi ne risque pas de venir heurter la coque du sous-marin.
Le dispositif présente également l'avantage d'éloigner du sous-marin le point de dévidage, ce qui constitue une protection face aux agressions potentielles dues aux turbulences à proximité de la coque. Le dispositif offre avantageusement une grande capacité d'évolution du sous-marin en ayant la possibilité de disposer deux bobines dans le dévidoir et donc de permettre un dévidage plus rapide du fil, étant donné qu' il ne lui est pas possible de terminer son dévidage avant la fin de sa liaison avec la torpille.
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront dans la description détaillée, non limitative, ci-dessous .
Cette description sera faite en regard des dessins annexés parmi lesquels :
- la figure 1 représente un schéma de fonctionnement durant la phase de séparation de la torpille ;
- la figure 2 représente un schéma de fonctionnement durant le dévidage du fil après stabilisation du dévidoir ;
- la figure 3 représente un schéma d'ensemble avant le lancement de la torpille ;
- la figure 4 représente une vue en coupe verticale du dispositif ; - les figures 5, 6 et 7 représentent des vues suivant la figure 3 montrant respectivement l'avant, l'arrière du dispositif, ainsi qu'une coupe transversale suivant un axe C-C.
En référence aux figures 1 à 7 on voit un dispositif de déroulement de fil de transmission entre un sous-marin et une torpille.
Ce dispositif se compose d'un dévidoir (2) comportant une ou deux bobines de fil (15) et (16) . Avant lancement, ce dévidoir est placé entre un mécanisme de lancement, appelé refouloir pneumatique (4), et une torpille (1), à l'intérieur d'un tube de lancement (6) du bâtiment lanceur (7). D'autres modes de lancement, comme le lancement par eau refoulée ou le lancement par auto démarrage, sont envisageables, cela implique des modifications du dévidoir qui ne sont pas représentés sur les figures.
Le dévidoir est positionné dans l'axe de la torpille par un centreur (18) .
Une gaine souple (10), dans laquelle se dévide un fil (8), relie une des faces du dévidoir à la torpille par un mécanisme de liaison (9) . Ce dernier est basé, par exemple, sur un système mécanique bille sur ressort comportant une contrainte de séparation tarée, identique à la solution existante (tout autre système de séparation est envisageable) . Une rondelle en mousse (19) est placée entre le refouloir pneumatique et le dévidoir, pour compenser le jeu entre les deux éléments, et absorber le choc dû au déploiement du premier nommé. La mousse utilisée est de préférence souple et élastomère, la rondelle pourra être
solidaire du refouloir pneumatique, mais une mousse rigide peut également être employée, dans ce cas la rondelle sera détruite à chaque lancement et sera nécessairement solidaire du dévidoir. Le dévidoir est relié par un câble (5) à un boîtier (3) solidaire du tube lanceur. Ce câble, assurant la transmission des informations vers le sous-marin, est relié à la bobine de fil par une liaison (11) .
Une entretoise de poussée (12), placé dans l'axe du dévidoir, permet de transmettre les efforts du refouloir pneumatique sur la torpille lors de la phase de lancement. Elle comporte une réservation destinée à faciliter le passage de la gaine. Le dévidoir dispose d'un plan fixe (14) assurant son éloignement par rapport au sous-marin. Une quille (17) positionnée sur la partie inférieure du dévidoir assure la stabilité de sa trajectoire lorsqu'il n'est plus solidaire de la torpille.
Le dévidoir peut stocker une ou deux bobines, elles sont placées de chaque coté de ce dernier. Dans le cas où le dévidoir comporte deux bobines, le fil est continu. Pour transférer le dévidage du fil d'une bobine à l'autre sans provoquer d' à-coup, un mécanisme régulateur de tension du fil (13) permet de compenser la détente du fil en fin de dévidage de la première bobine en jouant sur la détente d'un ressort. Le fil est alors guidé par un système de poulies et le ressort assure la constance de tension du fil.
Le fonctionnement du dispositif est le suivant : au moment du lancement, le refouloir pneumatique exerce un effort sur l' entretoise de poussée solidaire du dévidoir, qui pousse à son tour la torpille jusqu'au déploiement complet du premier nommé. L'ensemble dévidoir et torpille sort alors du tube de lancement avec une vitesse initiale.
Le dévidoir, alors libre par rapport à la torpille, bascule. Mais étant toujours relié à cette dernière par le
mécanisme de liaison, il se trouve tracté tant que la contrainte de séparation n'est pas atteinte.
Le moteur de la torpille se met en route, l'ensemble torpille et dévidoir s'éloigne du sous-marin. Ainsi le câble liant le dévidoir au sous-marin se déploie.
Lorsque le câble est complètement déployé, l'effort sur le mécanisme de liaison exercé par la torpille devient supérieur à la limite de rupture, le dévidoir est alors solidaire du sous-marin par l'intermédiaire du câble. La contrainte de séparation est atteinte, l'ensemble gaine et dévidoir se sépare donc de la torpille.
Il s'ensuit une période d'instabilité pendant laquelle le dévidoir se positionne quille en bas en retrait par rapport à la brèche dans l'orifice du bordé de l'étrave. En fin de positionnement, sa position est fonction de l'angle d'incidence de l'axe de son plan fixe avec l'axe du vecteur vitesse et la valeur de celui-ci. Ainsi le point de dévidage se trouve éloigné du sous-marin, le dévidoir ne risque pas de venir heurter ce dernier. La torpille s'éloigne du dévidoir en dévidant le fil contenu dans cette dernière, laissant ainsi derrière elle un fil immobile dans le fluide car du fil se déroule également depuis la bobine contenue dans le dévidoir. Ce dernier, solidaire du sous-marin par le câble, a une trajectoire stabilisée.