La présente invention se rapporte à l'utilisation dans une composition cosmétique ou dermatologique, ou pour la préparation d'une telle composition, d'une quantité efficace d'un substitut de miel obtenu en cultivant des micro-organismes avec des sucres dont la composition est proche de celle du miel ; le substitut de miel ou la composition étant destinés à accélérer la cicatrisation et à hydrater la peau.
Bien avant l'avènement de la médecine moderne, le miel était utilisé non seulement comme nourriture, mais aussi comme médicament. Son développement a longtemps accompagné celui des civilisations, car pendant des milliers d'années, le miel était la seule source de sucré. Les anciens égyptiens, mais aussi les assyriens, les chinois, les grecs et les romains ont utilisé le miel pour le traitement des blessures et des maux d'estomac. Plus récemment, les effets thérapeutiques traditionnels du miel ont été étudiés. Les activités anti-bactériennes du miel ont été confirmées, mais aussi son action sur les plaies, les ulcères et les brûlures. Le miel s'avère un produit de choix pour de nombreux problèmes cutanés.
En cosmétique, le miel est couramment utilisé pour ses propriétés bactéricides et hydratantes et dans le traitement des plaies. Il est aussi employé comme agent dépigmentant ou blanchissant pour le traitement des taches pigmentaires de la peau, en agissant directement sur la mélanogénèse et comme agent kératόlytique pour améliorer l'éclat du teint de la peau et traiter les rides.
Cependant, certains scientifiques commencent à s'interroger sur divers facteurs tels que les effets des pesticides sur le miel. En effet, le développement massif des pesticides ces dernières décennies pourrait avoir des répercussions sur le miel. Par ailleurs, des traitements, utilisés pour traiter certaines maladies des abeilles (utilisation de certains antibiotiques : tétracyclines, etc.), pourraient entraîner des modifications de la qualité des miels. D'autre part, l'essor des organismes génétiquement modifiés pose de nombreuses questions sur la transmission de certains gènes aux insectes. Enfin, des travaux récents ont montré que le nombre d'abeilles, en France, a diminué de moitié ces dernières années du fait vraisemblablement de diverses pollutions et maladies, ce qui a un impact direct sur la production française de miel.
Tous ces facteurs peuvent inciter un secteur d'activité tel la cosmétique, à prendre certaines précautions.
On constate donc que subsiste le besoin d'un composé proche du miel, utilisé comme substitut du miel, mais sans les inconvénients de l'art antérieur. C'est à dire, sans les questionnements, entre autre, sur la pollution, les modifications génétiques et l'approvisionnement.
La demanderesse a trouvé, de façon inattendue, que certains micro-organismes peuvent, dans certaines conditions, fournir un substitut biotechnologique au miel, et que l'application d'une quantité efficace d'un tel substitut biotechnologique de miel permet d'accélérer la cicatrisation.
La présente invention se rapporte donc à l'utilisation dans une composition cosmétique ou dermatologique, ou pour la préparation d'une telle composition, d'une quantité efficace d'un substitut biotechnologique de miel obtenu en cultivant des micro-organismes avec des sucres dont la composition est proche de celle du miel ; le substitut ou la composition étant destinés à accélérer la cicatrisation.
La présente invention se rapporte encore à l'utilisation dans une composition cosmétique ou dermatologique, ou pour la préparation d'une telle composition, d'une quantité efficace d'un substitut biotechnologique de miel obtenu en cultivant des micro-organismes avec des sucres dont la composition est proche de celle du miel ; le substitut ou la composition étant destinés à l'hydratation cutanée.
Par la suite, le terme «substitut biotechnologique de miel » doit s'entendre par « substitut de miel d'origine biotechnologique ». Par substitut de miel, la demanderesse entend un composé riche en sucres, qui possède les propriétés attribuées au miel en terme d'apaisant et de cicatrisant. Par « d'origine biotechnologique », on entend obtenu à l'aide de micro-organismes.
La présence naturelle de certains micro-organismes a été mise en évidence dans le miel, mais en même temps, des études ont montré que le miel possède certaines propriétés anti- bactériennes. Ainsi, seules certaines espèces de micro-organismes sont compatibles avec le miel.
La demanderesse a sélectionné des micro-organismes naturels, proches de ceux présents naturellement dans le miel, et dont la croissance n'est pas inhibée par le miel. Il devient donc possible de cultiver, dans certaines conditions, ces micro-organismes avec du miel, ou un produit proche du miel, et d'extraire ensuite le contenu intra-cytoplasmique et extra- cytoplasmique des micro-organismes ainsi cultivés. Le substitut biotechnologique de miel ainsi obtenu contient :
- les sucres n'ayant pas été consommés, dont une partie a été bio-métabolisée par les micro-organismes,
- le contenu cytoplasmique des micro-organismes, enrichi en sucres, mais aussi en toutes substances nécessaires à la vie de ces organismes.
Ce faisant, une autre utilisation de l'invention est caractérisée en ce que le substitut biotechnologique de miel est obtenu en cultivant des micro-organismes avec des sucres dont la composition est proche de celle du miel.
Par exemple, le micro-organisme utilisé est une levure et préférentiellement le microorganisme utilisé est Saccharomyces sp.
Par « sucres dont la composition est proche de celle du miel » on entend un mélange de sucres commerciaux présents dans le miel à l'état naturel. Parmi ces sucres, ceux présents majoritairement dans le miel sont : un mélange de glucose et de lévulose (fructose) représentant environ 70 % à 75 % du miel, mais aussi la dextrine et le saccharose représentant respectivement 10 % et 2,5 % du miel. Dans la présente invention, la répartition entre les différents sucres n'influe pas sur l'utilisation du produit, mais préférentiellement glucose et lévulose sont majoritaires par rapport aux autres sucres.
Ainsi, une autre utilisation est caractérisée en ce que le substitut biotechnologique de miel est obtenu en cultivant des micro-organismes avec des sucres qui sont un mélange de glucose, lévulose, dextrines et saccharose. Pour donner un ordre de grandeur, dans les compositions cosmétiques ou dermatologiques de la présente invention, le substitut biotechnologique de miel est obtenu en cultivant des micro-organismes avec des sucres utilisés en une quantité représentant de 1 % à 20 % du
milieu de culture du micro-organisme et préférentiellement les sucres sont utilisés en une quantité représentant de 6 % à 14 % du milieu de culture du micro-organisme.
Une autre utilisation est caractérisée en ce que le substitut biotechnologique de miel contient de 10 % à 50 % d'un glycol, et préférentiellement le glycol utilisé est Phexylène glycol.
Préférentiellement, les compositions selon la présente invention se présenteront sous une forme galénique adaptée à l'administration par voie topique cutanée, et couvrent toutes les formes cosmétiques ou dermatologiques. Ces compositions doivent donc contenir un milieu cosmétiquement et/ou dermatologiquement acceptable, c'est-à-dire compatible avec la peau, les poils ou les cheveux. Ces compositions pourront notamment se présenter sous forme de crèmes, émulsions huile-dans-eau, eau-dans-huile ou émulsions multiples, solutions, suspensions, ou encore poudres, adaptés à une application sur la peau, les lèvres et/ou les cheveux.
Cette composition peut être plus ou moins fluide et avoir l'aspect d'une crème, d'une lotion, d'un lait, d'un sérum, d'une pommade, d'un gel, d'une pâte ou d'une mousse. Elle peut aussi se présenter sous forme solide, comme un stick, ou être appliquée sur la peau sous forme d'aérosol. Elle peut être utilisée comme produit de soin et/ou comme produit de maquillage de la peau.
Ces compositions comprennent, de façon connue, les adjuvants nécessaires à leur formulation, tels que solvants, épaississants, diluants, anti-oxydants, colorants, filtres, pigments, charges, conservateurs, parfums, absorbeurs d'odeur. Dans tous les cas, ces adjuvants, ainsi que leurs proportions, seront choisis de manière à ne pas nuire aux propriétés recherchées dans l'invention. Ces adjuvants peuvent par exemple correspondre à 0,01 à 20 % du poids total de la composition.
Lorsque la composition de l'invention est une émulsion, la phase grasse peut représenter de 5 à 80 % en poids, et de préférence de 5 à 50 % en poids par rapport au poids total de la composition. Les émulsionnants et coémulsionnants utilisés dans la composition seront choisis parmi ceux classiquement utilisés dans le domaine considéré. Par exemple, ils
peuvent être utilisés en un proportion allant de 0,3 à 30 % en poids, par rapport au poids total de la composition.
Bien entendu, l'homme de métier veillera à choisir les éventuels composés complémentaires, actifs ou non-actifs, et/ou leurs quantités, de telle sorte que les propriétés avantageuses du mélange ne soient pas, ou sensiblement pas, altérées par l'adjonction envisagée.
Pour donner un ordre de grandeur, dans les compositions cosmétiques ou dermatologiques de la présente invention on peut utiliser le substitut biotechnologique de miel tel que défini précédemment, en une quantité représentant de 0,01 % à 20 % du poids total de la composition et préférentiellement en une quantité représentant de 0,1 % à 10 % du poids total de la composition.
Aussi, un autre objet de l'invention consiste en une composition cosmétique ou dermatologique contenant dans un milieu cosmétiquement ou dermatologiquement acceptable, un substitut biotechnologique de miel obtenu en cultivant des microorganismes avec des sucres dont la composition est proche de celle du miel.
Dans les compositions de l'invention, le substitut biotechnologique de miel est présent en une quantité allant de 0,01 % à 20 % du poids total de la composition, et préférentiellement en une quantité allant de 0,1 % à 10 % du poids total de la composition.
L'invention concerne également un procédé cosmétique facilitant la cicatrisation de la peau, et consistant à appliquer sur une peau scarifiée la composition telle que définie précédemment.
L'invention concerne enfin un procédé cosmétique pour hydrater la peau, consistant à appliquer sur la peau la composition telle que définie précédemment.
D'autres avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront mieux à la lecture des exemples donnés à titre illustratif et non limitatif.
Exemple 1 - Préparation d'un substitut biotechnologique de miel
Dans l'exemple donné, le micro-organisme utilisé est une levure. Comme il existe de nombreux genres de levures, le micro-organisme utilisé est Saccharomyces sp. et préférentiellement Saccharomyces cerevisiae. Les levures Saccharomyces cerevisiae sont cultivées dans un milieu adapté défini.
Lorsque la concentration en levure est élevée, les levures sont concentrées par centrifugation, puis remises en culture dans un milieu liquide essentiellement aqueux, avec une forte concentration en sucres.
Par exemple, un culot humide de 150 grammes de levures est cultivé dans un litre d'un milieu essentiellement aqueux pendant 18 à 36 heures contenant 60 g/1 de glucose, 65 g/1 de lévulose, 10 g/1 de dextrine et 5 g 1 de saccharose.
Ensuite, l'ensemble est broyé en utilisant un broyeur à billes, puis centrifugé et filtré.
20 % d'hexylène glycol peuvent être ajoutés à l'extrait.
L'extrait est ensuite traité et stérilisé pour se conformer aux exigences cosmétiques (couleur, odeur, aspect, stérilité...).
Le produit obtenu est le substitut biotechnologique de miel.
Exemple 2 - Effet du substitut biotechnologique de l'exemple 1 sur la cicatrisation
L'étude permet d'évaluer l'efficacité du produit sur la cicatrisation.
L'étude a été conduite sur des animaux pendant cinq jours consécutifs et n'a eu aucune influence sur le comportement des animaux.
Aucun signe clinique pouvant être dû à l'action du produit n'a été observé durant ce test.
Les seules observations significatives concernaient les suites de l'anesthésie et ont été jugées comme normales. Aucune mortalité n'a été observée durant cette étude.
Mode opératoire :
10 animaux ont subit une incision suivie de la pose de points de suture. 5 animaux ont reçu l'application du substitut de l'exemple 1, une fois par jour pendant 5 jours. Les 5 autres animaux n'ont reçu aucun traitement. Les observations visuelles ont été effectuées chaque jour, et le cinquième jour un étirement au dynamomètre a été réalisé.
Résultats :
24 heures après l'incision, il n'a pas été noté de différence significative entre les animaux traités et ceux témoins.
Par contre, une légère différence est apparue après 48 heures. En effet, des bourgeons cicatriciels plus importants étaient visibles chez les animaux traités, alors qu'ils étaient à peine perceptibles chez les animaux témoins.
Au jour 3 de l'étude, la différence était plus significative, dans la mesure où la cicatrice présentait un bourgeonnement avancé chez les animaux traités, alors qu'elle n'était que débutante chez les ammaux témoins. A ce jour, le décalage dans le processus de cicatrisation entre les 2 groupes d'animaux était de 24 heures.
La même différence était observée au jour 4, où la cicatrisation était partielle chez les animaux témoins, alors qu'elle était presque totale chez les animaux traités. Au jour 5, la cicatrice était refermée chez les animaux traités, alors qu'elle n'était que partielle chez les animaux témoins.
L'étirement au dynamomètre des prélèvements effectués au jour 5 laisse apparaître les résultats suivants :
Pour les animaux traités avec le substitut de l'exemple 1, l'étirement est de 28,7 mm + ou - 2,2 mm.
Pour les animaux témoins, l'étirement est de 23,2 mm + ou - 1,6 mm.
Il y a donc 23,7 % d'augmentation de l'étirement entre les animaux traités et ceux non traités.
Cette différence traduit l'efficacité cicatrisante du substitut de miel de l'exemple 1. Conclusion :
Le substitut de miel de l'exemple 1 a un pouvoir cicatrisant, pouvoir qui a été démontré d'une part visuellement, d'autre part avec étirement au dynamomètre.
Exemple 3 -Préparation de compositions
Ces compositions ont été obtenues par simple mélange des différents composants. Les quantités indiquées sont données en pourcentage de poids.
1 -Emulsion huile dans eau
Phase huileuse :
• Montanov 68 (Cetearyl Alcohol and Cetearyl Glucoside) 5,00 % m Huile de Jojoba 5,00 %
a Acide rétinoïque 0,50 % a Huile de Naseline 5,00 % a Isopropyl Palmitate 7,00 %
Phase aqueuse : a Glycérine 5,00 % a Allantoïne 0,10 % a Substitut biotechnologique de l'exemple 1 5,00 % a Sepigel 305 (Polyacrylamide and C13-14 Isoparaffin and Laureth-7) 0,30 % a Conservateur 0,50 % a Parfum 0,50 %
Eau qsp 100 %
2- Gfd
a Carbopol Ultrez lO (sol. à 2% ) 25,00 % a Triéthanolamine 0,50 % a Substitut biotechnologique de l'exemple 1 3,00 % a Conservateur 0,20 % a EDTA (séquestrant) 0,10 % a Parfum 0,50 % a Eau qsp 100 %
3- Lotion
a Mono Propylène Glycol 1,00 % a Allantoïne 0,30 % a Glycérine 1,00 % a Cetiol HE (PEG-7 Glyceryl Cocoate) 1,00 % a Substitut biotechnologique de l'exemple 1 1,00 % a Conservateur 0,20 % a Parfum 0,50 % a Eau qsp 100 %