ELECTRO-AIMANT A FAIBLE CONSOMMATION
La présente invention concerne les électro-aimants, plus particulièrement un électro-aimant à très faible consommation.
Il existe deux catégories principales d'électro-aimant: les électro-aimants à bascule, et les électro-aimants à courant de maintien. Les premiers ont deux positions stables et passent de l'une à l'autre par une impulsion dans la bobine correspondante. Ainsi, ils ne consomment de l'énergie que dans les phases de transition. Le mécanisme de bascule est encombrant et nécessite une remise à zéro avant chaque utilisation du fait que la position de la bascule n'est pas connue.
La deuxième catégorie est celle qui nous intéresse dans le cadre de cette invention. Elle concerne les électro-aimants qui, lors du passage du courant dans leur bobine, attirent une palette qui se trouve dans le circuit magnétique du noyau de la bobine. Lorsque le courant cesse, la palette reprend sa place initiale, la plupart du temps aidée par un ressort pour être indépendante de la gravité.
Ces électro-aimants sont composés d'une bobine, d'un noyau en fer doux, d'une armature et d'une palette solidaire de la pièce à déplacer. Pour attirer la palette contre le noyau en fer doux, il faut faire passer un courant important du fait que l'entrefer, conséquence de l'écartement de la palette, est grand.
Une première solution a été proposée pour diminuer le courant consommé par ce type d'électro-aimant. Elle est basée sur le fait que le courant nécessaire pour le maintien de la palette dans la position fermée est nettement plus faible que le courant servant à l'attirer contre le noyau. Pour obtenir ce résultat, la tension nominale appliquée à la bobine est divisée par exemple par cinq, après le temps nécessaire au déplacement de la palette. On peut obtenir le même résultat par l'intermédiaire de deux enroulements, l'un pour la commande et l'autre pour le maintien.
Les électro-aimants de l'état de la technique souffrent de deux inconvénients majeurs: leur consommation et leur coût. Bien que la solution exposée ci- dessus apporte une nette amélioration par rapport aux électro-aimants initiaux, la consommation reste un élément non négligeable, en particulier pour des applications où le courant est limité, par exemple les systèmes fonctionnant sur piles ou connectés à une ligne téléphonique.
En ce qui concerne le coût de tels électro-aimants, il reste élevé du fait de l'utilisation de matériau à faible rémanence. On utilise usuellement des alliages de faible coercivité de type Fer/Nickel. En effet, de tels alliages sont nécessaires pour empêcher la bobine d'agir comme aimant permanent, ce qui interdirait à la palette de revenir dans sa position initiale. De plus, un traitement thermique de ces matériaux après usinage mécanique est toujours nécessaire. Ce traitement thermique cause des déformations qui ne peuvent plus être corrigées après coup sans altérer les caractéristiques magnétiques. Les tolérances de fabrication étant très serrées, elles entraînent des coûts de production élevés.
Une solution utilisant des noyaux en fer dur utilisant la rémanence pour le maintien de la palette est décrit dans le document DE 4012810. Afin de relâcher la palette on applique une impulsion de démagnétisation au noyau.
Le but de la présente invention est de disposer d'un électro-aimant nécessitant moins d'énergie pour son action et de fabrication économique.
Ce but est pleinement atteint par un système à électro-aimant comprenant des moyens de commande et un électro-aimant, celui-ci comprenant une bobine, une palette mobile et un noyau en un matériau dur tel que l'acier ordinaire et d'une rémanence telle qu'une fois magnétisé, il maintient la palette en position fermée, caractérisé en ce que les moyens de commande comprennent des moyens pour stocker l'énergie de magnétisation pour l'appliquer ensuite sur la bobine lors de la démagnétisation de noyau
Par matériau dur, on entend un acier d'une coercivité supérieure à 5 A/cm sans traitement thermique. Par l'utilisation d'un tel matériau, le noyau est
magnétisé de telle sorte que la palette est attirée en position fermée, et fonctionne comme aimant permanent pour le maintien de ladite palette dans cette position. Ainsi, plus aucun courant n'est nécessaire pour conserver la palette en position fermée. Cette exécution résout également l'obstacle du prix puisque le noyau en fer doux est remplacé par de l'acier ordinaire, donc facile à usiner. La seule condition est de démagnétiser le noyau pour relâcher la palette.
Pour cette opération il est connu de faire passer un champ alternatif décroissant dans le noyau. Dans la pratique, une seule inversion du champ dans la bobine permet de démagnétiser suffisamment le noyau pour que la palette soit relâchée. Il faut se rappeler que la palette est munie d'un ressort de rappel.
La présente invention s'étend également à un système de commande d'un électro-aimant à noyau d'acier qui utilise l'énergie emmagasinée dans la bobine pendant la magnétisation du noyau. Cette énergie qui est récupérée à l'aide d'un condensateur, est utilisée ensuite pour le processus de démagnétisation.
Il est connu de placer une diode en parallèle avec la bobine de l'électro-aimant afin d'absorber la surtension provoquée par l'interruption du courant dans la bobine. Le but de la présente invention est de récupérer cette énergie dans une capacité pour qu'au moment où l'on souhaite relâcher la palette, on utilise cette énergie pour appliquer une tension inverse à la bobine afin d'obtenir un champ magnétique inverse dans le noyau. Bien que la démagnétisation complète nécessite plusieurs inversions de polarité, une simple inversion de polarité permet de démagnétiser le noyau suffisamment pour que le ressort de rappel de la palette puisse lutter contre la rémanence résiduelle du noyau.
L'invention sera mieux comprise grâce à la description détaillée qui va suivre en se référant aux dessins annexés dans lesquels :
- la Figure 1 représente une vue des pièces mécaniques d'un électro-aimant;
- la Figure 2 représente le schéma de commande d'un électro-aimant possédant un noyau en fer doux;
- la Figure 3 représente le courant dans la bobine pendant la phase d'attraction;
- la Figure 4 représente un schéma de commande avec démagnétisation à l'aide d'un circuit résonant;
- la Figure 5 représente la courbe du processus de démagnétisation correspondant au fonctionnement du schéma de la Figure 4;
- les Figures 6 et 7 représentent deux schémas de commande avec démagnétisation à l'aide d'un contact supplémentaire;
- la Figure 8 représente un cas particulier où le contact principal est relié à la masse;
- la Figure 9 représente le fonctionnement de la "pompe électromagnétique" correspondant au fonctionnement du schéma de la Figure 6;
- la Figure 10 représente une variante pour les applications de petite puissance.
Sur la Figure 1 , on distingue clairement les différents éléments d'un électroaimant qui se compose d'un noyau N, d'un circuit magnétique C et de la palette P. La bobine (non représentée) se glisse autour du noyau N. La palette P avec son ressort de rappel r est représentée dans sa position ouverte. Elle est montée pivotante et peut basculer pour s'appliquer contre le noyau N. Plus la distance entre le noyau et la palette ouverte est grande, plus l'énergie nécessaire pour son déplacement sera élevée. Le ressort tire la palette dans sa position ouverte, d'une part pour vaincre la rémanence résiduelle du noyau, et d'autre part pour que le fonctionnement de l'électro-aimant soit indépendant de la gravité, donc de sa position dans l'espace.
L'alimentation d'un tel électro-aimant peut se faire d'une manière classique c'est-à-dire par un circuit délivrant le courant nécessaire à l'attraction de la palette. Du fait que le courant lors de la fermeture du contact k est grand, cette alimentation doit être capable de délivrer des courants qui peuvent atteindre par exemple 150 mA pendant une courte période. Une variante plus intéressante est utilisée dans la présente invention dans laquelle le courant de pointe est délivré par une capacité. Selon l'exemple de la Figure 2, l'alimentation DC fourni un courant maximum de 20 mA, courant qui va charger la capacité C à travers la résistance Ra. Le contact k sert à déclencher l'attraction de la palette et c'est la charge de la capacité C qui ira magnétiser la bobine. Cette configuration est également utilisée dans les Figures 4, 6, 7 et 10. La bobine est ici représentée par sa composante inductive L et sa composante résistive R.
Une diode de protection D empêche une élévation de la tension aux bornes de la bobine lors de l'ouverture du contact. Avant la fermeture du contact k, l'énergie pour magnétiser l'aimant est accumulée dans le condensateur C. Le contact k fermé, le courant de magnétisation, correspondant au diagramme de la Figure 3, s'établit à travers l'inductance L et la résistance R.
On peut observer sur la Figure 3 que, une fois un maximum de courant atteint, celui-ci diminue jusqu'à ce que la palette se soit fermée, puis augmente, suivant une fonction exponentielle correspondant à l'inductance du circuit magnétique fermé. Au minimum de la courbe, le processus de magnétisation peut être interrompu par ouverture du contact k. Le courant, se bouclant à travers la diode de protection D, diminue jusqu'à zéro suivant la loi exponentielle
R i(t) = I0e L (Io, courant au point d'interruption)
L'énergie emmagasinée dans l'inductance au point d'interruption est égale à
I2
énergie qui est dissipée dans la résistance R et est donc perdue.
Selon le mode de réalisation de la Figure 4, la diode de protection D, peut être remplacée par une capacité pour former un circuit résonant RLC1.
Sous la condition R < 2 * / / C, , un processus d'oscillation amorti s'effectue. La Figure 5 nous montre de quelle manière le courant dans la bobine diminue jusqu'à zéro, effectuant plusieurs inversions de polarité pour démagnétiser le noyau.
Après l'attraction, le noyau ferromagnétique présente une induction de rémanence BR. L'induction suit le courant en parcourant plusieurs fois la boucle d'hysterèse dans le sens des flèches. L'amplitude du courant diminue, la boucle se rapetisse et l'induction tend vers zéro. De cette manière, l'acier est démagnétisé et la palette se décolle.
L'énergie de démagnétisation est composée de l'énergie du champ magnétique Em, emmagasinée dans la bobine, et de l'énergie du condensateur ECI = U2C 1 . L'énergie électrique du condensateur C1 , d'environ 2 mJ, s'ajoute à la consommation de l'aimant.
Avec le montage de la Figure 5, le condensateur C1 se charge lors de la magnétisation de la bobine. Cela a pour conséquence que pendant l'ouverture du contact k, l'énergie accumulée dans la bobine doit d'abord dépolariser le condensateur C1 pour ensuite le charger dans la polarité inverse. Ainsi, une grande partie de l'énergie de la bobine est dissipée dans cette opération. De plus, cette configuration ne permet pas le maintien de la palette sans passage de courant dans la bobine.
Pour pallier à cette perte d'énergie, on applique le schéma de montage de la Figure 6. Selon cet exemple, on améliore le rendement de l'énergie accumulée dans la capacité C1 par une diode D montée en série avec le condensateur C1.
Cette forme de réalisation permet de maintenir l'aimant dans l'état d'attraction uniquement par la rémanence du noyau et de provoquer le relâchement au moyen d'une commande.
La partie essentielle de ce montage repose sur la diode D, branchée en série avec le condensateur C1. Elle permet de séparer le condensateur C1 du pôle négatif pendant le processus de magnétisation et, de ce fait, empêcher qu'il soit chargé inutilement. Après l'ouverture du contact k, l'énergie emmagasinée dans la bobine est transférée à travers la diode D dans le condensateur C1. L'aimant reste magnétisé jusqu'à ce que le contact k1 se ferme (fonction de maintien). Lorsque le contact k1 se ferme, le condensateur C1 , maintenant polarisé dans le bon sens, se décharge dans la bobine en démagnétisant l'armature du noyau. Grâce à cette configuration, l'énergie Em emmagasinée dans la bobine pendant la magnétisation n'est pas perdue mais est utilisée pour relâcher la palette.
Pour les bobines nécessitant une faible force d'attraction, il peut arriver que le minimum du courant de magnétisation à la fin du processus de fermeture de la palette soit trop bas pour fournir suffisamment d'énergie pour la démagnétisation. Le condensateur C1 peut aussi se décharger dans le temps à travers les résistances de fuites. Dans ce cas, on se propose de recharger le condensateur C1 au moyen de la source de tension, par exemple au moyen d'une résistance R2 (par exemple de 1000 Ohm), comme indiqué sur la Figure 7.
Dans ce cas de figure, le condensateur C1 de démagnétisation est chargé au repos. Pendant la fermeture du contact k (phase de magnétisation d'une durée d'environ 10 à 30 ms), le condensateur C1 se décharge très peu, grâce à la présence de la résistance R2. Lorsque le contact k s'ouvre, le condensateur se recharge par l'énergie emmagasinée dans la bobine (processus très rapide). A partir de ce moment, la tension du condensateur C1 s'égalise, par la résistance R2, avec la tension du condensateur principal C. L'énergie du condensateur C1 préchargé à 2 mJ environ s'ajoute à la consommation de l'ensemble.
Pendant le processus de démagnétisation (contact k1 fermé), toute l'énergie du condensateur C1 est utilisée pour la démagnétisation. En même temps, un courant de quelques mA passe à travers la résistance R2 et provoque une consommation d'énergie supplémentaire de 0,5 à 1 mJ.
II y a deux cas pour lesquels la solution ci- dessus présente des limitations: la tension d'alimentation est trop basse ou le contact k, en raison de la gestion de plusieurs aimants se trouve, dans la branche de la masse.
La recharge du condensateur C1 peut aussi être réalisée en interrompant le courant de magnétisation après le coude de courant minimum (voir Figure 3). En plus, le contact k peut être activé plusieurs fois successivement. Si le contact k est fermé, la bobine se charge d'énergie magnétique. Après son ouverture, celle-ci se transfère dans le condensateur C1. La fermeture du contact peut s'effectuer avant que le courant I diminue à son minimum. Le diagramme de la Figure 9 montre ce processus répété plusieurs fois. Pendant la phase de pompage P1 , la tension U aux bornes de la capacité C1 s'accroît. Après chaque coup, la tension U aux bornes de la capacité C1 peut être mesurée. Lorsque la tension U atteint la valeur nécessaire, le processus est arrêté et la phase de démagnétisation P2 peut alors être effectuée.
L'inconvénient de la "pompe électromagnétique" est son rendement assez faible (η= 0,3 env.). Le rendement est mauvais car la capacité C1 ne se charge que pendant l'ouverture du contact k. Une grande partie de l'énergie est perdue inutilement pour la remagnétisation de la bobine.
Le rendement peut être considérablement amélioré en introduisant le condensateur C1 dans la branche principale, comme indiqué sur la Figure 10.
Le courant pendant la magnétisation charge directement le condensateur C1 (par exemple de 1 mF). Pour éviter une surtension sur la bobine, le contact k ne doit pas être ouvert avant la charge complète du condensateur C1. Si la tension aux bornes du condensateur C1 était trop faible, ce dernier peut être rechargé en actionnant le contact k. L'amplitude du courant de
démagnétisation peut être ajustée à l'aide de la résistance R1. Ce montage convient plutôt aux aimants de petite puissance.
L'énergie emmagasinée dans le condensateur C1 équivalente à
Ea = U2Ci I 1 = UQI 1 , peut être utilisée pour la démagnétisation. Puisque l'énergie tirée de la source est E = UQ , on calcule le rendement η = Ecι f E = 0,5 .
Ce type d'invention ne s'applique pas uniquement aux électro-aimants mais peut être également utilisé pour la réalisation de relais. Des essais ont montré qu'il est possible d'atteindre des fréquences de travail de l'ordre de 50 Hz.
Cette invention s'étend également à un module de commande d'un électroaimant disposant d'un noyau en acier ordinaire. Ce module comprend tous les éléments nécessaires à la magnétisation et la démagnétisation du noyau. Ce module peut être disponible sous la forme d'un circuit intégré intelligent. Il reçoit des ordres simples tels qu'ouvrir ou fermer l'électro-aimant et gère l'état de charge de la capacité C1 de démagnétisation sur la base des schémas des Figures 6, 7 ou 10.