PROCÉDÉ POUR AUGMENTER LE RENDEMENT DES RÉCOLTES DES PLANTES AGRONOMIQUES PAR STIMULATION DE LA GERMINATION DES
GRAINS DE POLLEN
L'invention a pour objet un procédé destiné à augmenter le rendement des récoltes des plantes agronomiques.
L'augmentation du rendement des récoltes des plantes agronomiques est une préoccupation constante de l'exploitant agricole. D'un point de vue au moins théorique, il existe diverses voies pour augmenter ce rendement et en particulier il est évident pour l'homme du métier qu'il devrait être possible d'y parvenir en agissant sur la fécondation et plus particulièrement sur la germination des grains de pollen en stimulant cette dernière.
On rappelle que les grains de pollen sont transportés, lors de la pollinisation, sur les fleurs et déposés à la surface réceptrice du stigmate.
Lorsqu'il y a compatibilité pollinique, les grains de pollen germent; ce phénomène se traduit par la différenciation d'un tube pollinique qui chemine à l'intérieur du style, qui est un organe longiforme surmontant l'ovaire et se terminant par le stigmate, jusqu'au sac embryonnaire dans lequel se produit la fécondation.
Il est bien connu (voir par exemple la page 405 de l'ouvrage BIOLOGIE VÉGÉTALE, "Croissance Morphogenèse Reproduction " par P. Champagnat, P. Ozenda et L. Baillaud, paru chez Masson et Cie, Editeurs, édition 1969) que la longévité du grain de pollen, une fois la pollinisation réalisée, est faible et ne dépasse généralement pas une durée de 24 heures. Et lorsque la germination d'un grain de pollen donné n'a pas lieu pendant cette courte durée, la fécondation qu'il aurait pu assurer ne se produit pas. L'invention a donc pour but, surtout, de fournir des
moyens propres à stimuler la germination des grains de pollen.
Ξt, la Société Demanderesse, à l'issue de recherches approfondies portant au départ sur des extraits d'algues brunes essentiellement à base de fractions oligosaccharidiques , a trouvé non seulement que lesdits extraies d'algues favorisaient la germination des grains de pollen grâce en partie à la présence desdites fractions oligosaccharidiques mais surtout que ces extraies d'algues contenaient en très faible quantité de très nombreux composés comportant la structure bétaïne parmi lesquels la L-phénylalanine bétaïne est la plus abondante et pour lesquels une remarquable activité stimulatrice de la germination des grains de pollen a u être mise en évidence, cette accivité étant attribuable à la présence de la structure bétaïne dans le composé en question; la Société
Demanderesse a également pu établir que les composés à structure bétaïnoïde avaient la même activité stimulatrice.
Il est rappelé que la structure bétaïne esc celle présentée par les dérivés d'a ino- ou d ' imino-acides comportant un radical azote tétravalent per-méthylé; dans le cas de la structure bétaïnoïde, l'azote tétravalent est per- alkylé .
L'invention a donc pour objet l'utilisation pour la stimulation de la germination des grains de pollen de plantes agronomiques, d'une quantité efficace d'au moins un composé possédant la structure bétaïne ou bétaïnoïde, ledit composé étant différent de la glycine bétaïne.
Plus particulièrement, l'invention porte sur l'utilisation de composé comportant la structure bétaïne présentant la formule générale :
- Ri représente une chaîne latérale d'un α-amino-acide ou d'un α-imino-acide,
R2, R3, R représentent des radicaux alkyles identiques ou différents, saturés ou insaturés, ramifiés ou non, comportant de 1 à 16 atomes de carbone et éventuellement un ou des noyaux aromatiques ou hétérocycliques ,
- R5 représente l'atome d'hydrogène ou un radical alkyle saturé ou insaturé, ramifié ou non, comportant de 1 à 5 atomes de carbone, ce radical alkyle pouvant porter des fonctions monovalentes notamment des hydroxyles et des halogènes ainsi que des fonctions divalentes, notamment des carbonyles ,
Ri, R2/ R3/ R4 et R5, lorsqu'il est différent de H, pris deux à deux, pouvant former des cycles ayant de 3 à 10 chaînons, ces cycles pouvant comporter au moins un hétéroatome .
Selon un mode de réalisation avantageux, le composé comportant la structure bétaïne ou bétaïnoïde est représenté par la formule I dans laquelle :
- Ri représente la chaîne latérale d'un α-amino-acide aromatique choisi dans le groupe comprenant les radicaux phenylalkylene, hydroxyphenylalkylène et indolyl-alkylène ayant de 1 à 5 atomes de carbone, le radical aminopropyle et le radical aminobutyle,
- R2, R3 et R4 sont des radicaux alkyles identiques ou différents ayant de 1 à 3 atomes de carbone, et
- R5 représente l'atome d'hydrogène.
Selon un autre mode de réalisation avantageux, on utilise un composé de formule (I1) ou de formule (I") à
structure cyclique
dans lesquelles:
- n est un nombre entier de 1 et 10,
- Ri., R3, R et R5 sont tels que définis en rapport avec la formule (I) .
Dans la formule (I1), n est de préférence égal à 2 ou à 3 et, dans la formule (I"), n est de préférence égal à 1 ou 2.
Selon un autre mode de réalisation avantageux de l'invention, le composé à structure bétaïne est choisi dans le groupe comprenant la L-tyrosine bétaïne, la L-tryptophane bétaïne, la L-lysine bétaïne, la L-arginine bétaïne, la L- lysine (quaternisée au niveau de l'azote en position 5)- bétaïne, ou la L-arginine (quaternisée au niveau d'un azote du résidu guanidine) -bétaïne .
De façon particulièrement avantageuse, le composé à structure bétaïne est la L-phénylalanine bétaïne.
Le composé comportant la structure bétaïne peut, pour autant qu'il s'agit de la L-phénylalanine bétaïne, être obtenu par récupération à partir d'extraits d'algues brunes.
Le prix de revient d'un produit ainsi obtenu étant
toutefois trop élevé pour une utilisation industrielle en raison des faibles teneurs de départ, la Société Demanderesse a mis au point un procédé de synthèse plus performant que ceux qui existent déjà pour préparer ladite L-phénylalanine bétaïne.
Il est en effet connu de préparer la L-phényl-aïanine bétaïne par tri éthylation de la L-phénylalanine à l'aide d'un excès d'oidure de méthyle. Cependant, ce procédé présente l'inconvénient majeur de mettre en œuvre une grande quantité d'iodure de méthyle qui est un produit onéreux. Ξn outre, ce procédé libère une quantité importante d'iodure. Il esc donc nécessaire de séparer le produit final obtenu de ces iodures, classiquement par oxydation à l'aide d'eau oxvgέnée, ce qui augmente encore le coût de la synthèse.
Or, la Société Demanderesse a trouvé que la L- phénvlalanine bétaïne pouvait être obtenue à l'aide d'un procédé mettant en oeuvre des réactifs moins onéreux et nécessitant une purification plus limitée.
Le procédé de préparation de L-phénylalanine bétaïne conforme à l'invention comporte:
- une étape de N-diméthylation de la L-phényl-alanine (II) à l'aide d'hydrogène et de formol selon le schéma réactionnel
(") (m)
- une étape de méthylation du produit (III
) obtenu à l
'étape précédente à l'aide d'iodure de méthyle selon le schéma réactionnel
CM
HÇH3
(III)
(IV)
- une écape de purification de la L-phénylalanine bétaïne (IV) obtenue à l'étape précédence, cette étape de purification comprenant une recristallisation notamment par l'éthanol, puis un lavage par de l'acétone puis par de
1 ' he cane .
Dans ce procédé, une seule molécule d'iodure de méchyle par molécule de produit fini est nécessaire et, par conséquent, la quantité d'iode I2 à éliminer en fin de réaction est moindre.
Dans le procédé conforme à l'invention, l'étape de diméthylation peut être effectuée avantageusement dans un solvant alcoolique tel que le méthanol, et en présence d'un catalyseur tel que du palladium sur charbon ou l'oxyde de platine. On préfère, pour des raisons de coûts, utiliser le palladium sur charbon.
Les produits chimiques de l'étape de diméthylation sont introduits sous gaz inerte (azote, argon) dans le réacteur dans 1 ' ordre suivant :
- la L-phénylalanine,
- le catalyseur mis en suspension au préalable dans une solution aqueuse de formaldéhyde et - le solvant alcoolique.
On peut préparer les composés de formule (I1) dans laquelle Ri représente la chaîne latérale d'un α-aminoacide aromatique, selon le schéma réactionnel suivant:
L-phény
OHC— (C
R4X
- X représentant un atome d'halogène, de préférence 1 ' iode,
- R étant tel que défini ci-dessus.
Ainsi, on peut préparer le composé de formule
par réduction, à l'aide d'hydrogène et en présence de palladium sur charbon, d'un mélange de L-phényl-alanine et d'aldéhyde succinique sous forme de solution aqueuse dans un mélange eau/ éthanol ; après séparation du. catalyseur par filcration, l'isolement du produit obtenu est réalisé après évaporation du solvant; après purification du produit obtenu par recristallisation dans l'ethanol, il est traité par une molécule d' iodométhane en présence de carbonate de potassium.
Par ailleurs, le composé de formule
peut être préparé de la même façon que précédemment en utilisant, à la place de l'aldéhyde succinique, du glutaraldéhyde .
On peut préparer les composés de formule ( I 'J dans laquelle R3 = R4 de la manière suivante.
La L-proline (n=l) ou l'acide L-pipécolique (n=2) sont traités par au moins deux équivalents d'halogénure d' alkyle de formule RX dans laquelle:
R = R3 = R4 et X = Cl, Br ou I dans un mélange hydromethanolique en présence de deux équivalents de carbonate de potassium. Après agitation à température ordinaire pendant 10 heures, on évapore le solvant puis on recristallise le résidu obtenu dans
1 ' éthanol .
On peut préparer les composés de formule (I") dans laquelle R3 est différent de R4 de la manière suivante.
La L-proline ou l'acide L-pipécolique sont traités par un équivalent d'aldéhyde de formule R3-CHO (dans laquelle R3 est comme défini plus haut) en présence d'hydrogène et de palladium sur charbon.
Après alkylation réductrice, 1 ' α-aminoacide N-alkylé par le radical R3 est obtenu par évaporation du solvant et recristallisation dans l'ethanol. Au préalable, le palladium sur charbon a été séparé par filtration.
L'α-aminoacide N-alkylé est alors quaternisé par un équivalent d'halogénure d' alkyle de formule R4X dans laquelle X = Br, Cl ou I, et R4 et tel que défini plus haut dans une solution hydromethanolique en présence d'un
équivalent de carbonate de potassium.
Les produits obtenus sont séparés par évaporation des solvants puis purifiés par recristallisation dans l'ethanol. Le composé de formule (I), (D ou (I") est avantageusement utilisé sous la forme de zwitterion ou sous la forme du sel de la fonction ammonium, le contre ion étant alors choisi dans le groupe comprenant F", Cl", Br", I", N03 ", R6S03 ", R7COO", avec R6 et R7 représentant notamment des radicaux alkyle, arylalkyle ou phényle éventuellement substitués ; de préférence le contre ion est choisi dans le groupe comprenant Cl", I" et N03 " ; le composé de formule (I), (I1) ou (I") peut également être mis en œuvre sous forme de complexe avec un sel minéral tel que IK.
Selon un mode de réalisation avantageux, le composé comportant la structure bétaïne ou bétaïnoïde, est utilisé seul ou en combinaison avec au moins un autre produit phytosanitaire ou un agent fongicide ou insecticide. De façon particulièrement avantageuse, l'utilisation selon l'invention est réalisée par application foliaire. L'invention pourra être bien comprise à l'aide du complément de description qui suit et des exemples non limitatifs qui sont donnés en rapport avec des modes de réalisation avantageux.
Se proposant, par conséquent, de stimuler la germination des grains de pollen, on s'y prend comme suit ou de façon équivalente.
On traite les plantes dont il s'agit de stimuler la germination des grains de pollen à l'aide d'une composition pour application notamment foliaire comprenant; outre les véhicules et constituants classiques de ce genre de compositions, au moins un composé comportant la structure bétaïne ou bétaïnoïde et notamment de formule (I), (I') ou
( I " ) -
Ce traitement est réalisé au moment de la floraison et plus précisément au moment de la pollinisation.
Il est mis en œuvre, de préférence, avant ou durant la période correspondant à 1 ' ouverture des anthères .
Il peut être effectué par pulvérisation d'une composition comprenant une quantité efficace d'au moins un des composés de formule (I), (I1) ou J I " ) .
Il est possible d'avoir recours à une seule pulvérisation; toutefois, il peut être avantageux de la renouveler au moins une fois; dans ce cas, la première pulvérisation est avantageusement effectuée dès l'apparition des premières fleurs ; dans le cas des arbres fruitiers, la deuxième application est effectuée 8 à 15 jours plus tard.
Le moment précis sera choisi en fonction de la plante traitée .
Celle-ci pourra être constituée par toute plante d'intérêt agronomique ou ornemental pour laquelle la fécondation fait appel soit à un mécanisme de pollinisation croisée (désignée par le terme allopollinisation) , soit à un mécanisme de pollinisation directe (désignée par le terme autopollinisation) dans lesquels le pollen et le stigmate intéressés appartiennent à un même individu. Les plantes qui ne sont pas visées par la présente invention sont celles dont les enveloppes externes des fleurs ne s'ouvrent pas et dans lesquelles la pollinisation s'effectue en quelque sorte à huis clos, le pollen n'étant pas mis en liberté et germant directement dans l'anthère; c'est le cas des fleurs cléistogames .
De bons résultats peuvent être obtenus in vitro avec les pollens de plantes aussi diverses que
- le tabac, - les plantes légumières telles que les carottes, tomates, choux-fleurs et pommes de terre,
- des arbres fruitiers tels que le pommier, le cerisier et le prunier,
- les plantes oléagineuses telles que le soja, le tournesol et le colza,
- des céréales telles que le maïs,
- des fleurs telles que le lis.
L'invention porte également sur des compositions de stimulation- de la germination des graines de pollen qui comportent, outre les constituants et véhicules classiques, de 5 à 6000 μg/ml, de préférence de 50 à 1500 μg/ml et plus préférentiellement de 100 à 1000 μg/ml d'au moins un composé à structure bétaïne ou bétaïnoïde.
Selon un mode préférentiel de réalisation de la composition conforme à l'invention, le composé à structure bétaïne ou bétaïnoïde présente la formule (I), (I') ou (I").
Lorsque la composition est appliquée sous forme liquide, le composé de formule (I), (I') ou ( I 'J . est incorporé dans une composition sous forme liquide ou pulvérulente.
Le véhicule est généralement l'eau.
. Il est toutefois possible d'avoir recours, en lieu et place de l'eau, à un véhicule choisi dans le groupe comprenant les huiles minérales, les huiles végétales, tous corps gras liquides et les alcools dont notamment le propylèneglycol ou la glycérine.
Les constituants classiques essentiels qui pourront être associés au composé de formule (I), (I') ou (I") sont fonction de la matière active et des plantes traitées; ils sont choisis généralement dans le groupe comprenant des charges solides, des solvants, des agents tensioactifs, des agents dispersants et des agents émulsifiants .
Lorsque la composition est appliquée sous forme de poudre, le véhicule est avantageusement constitué par une charge notamment minérale.
Cette charge peut être choisie dans le groupe comprenant le kaolin, l'argile finement dispersée et le talc .
Les constituants classiques qui peuvent être inclus dans la composition se présentent sous forme de poudre et
sont généralement choisis dans le groupe comprenant les dextrans .
Il est à noter que les compositions sous forme de poudre sont diluées, au moment de l'emploi, dans un véhicule constitué notamment par l'eau.
Les compositions dans lesquelles est présent le composé de formule (I), (I') ou (I").peuvent se présenter sous forme d'engrais liquides en combinaison éventuellement avec un ou plusieurs oligo-éléments correcteurs de carence qui peuvent être choisis dans le groupe comprenant les sels de molybdène et de manganèse.
EXEMPLES
EXEMPLE 1
Préparation de la L-phénylalanine bétaine.
Dans un réacteur d'un volume minimum de 25 litres et balayé par un courant de gaz inerte tel que 1 ' azote ou l'argon, on introduit dans l'ordre suivant: - 1 kg de L-phénylalanine,
- 80 g de palladium sur charbon à 5%,
- 2,5 1 de solution aqueuse de formol à 37%,
- 10 1 de méthanol technique.
On élimine alors le gaz inerte du réacteur en lui appliquant un léger vide puis on le remplit d'hydrogène jusqu'à l'obtention d'une pression d'environ 1,1 bar.
On agite fortement la préparation obtenue tout en maintenant une pression d'hydrogène de 1,1 bar. L'évolution de la réaction est suivie par mesure de la quantité d'hydrogène absorbée en fonction du temps. La réaction est conduite à la température ambiante.
L'agitation est maintenue pendant au* moins 48 heures, temps au bout duquel il n'y a plus d'absorption d'hydrogène. On arrête alors l'alimentation en hydrogène puis le catalyseur est séparé par filtration sur B chner. On récupère le filtrat (environ 13,5 1) que l'on introduit dans un réacteur agité à double enveloppe de 25 1.
On ajoute à cette solution agitée à température ordinaire 420 g de carbonate de potassium puis, goutte à goutte, en 30 minutes, 1 kg de iodométhane.
Dès la fin de l'addition, on agite à température ordinaire pendant 18 heures. On évapore les solvants et réactifs à 90°C sous vide de 30 mbars jusqu'à obtenir dans le fond du réacteur un solide blanc. On ajoute à ce solide 4,5 1 d'éthanol absolu technique que l'on porte à reflux pendant au moins 2 heures.
Le produit passe en solution qui devient limpide. Si celle-ci est trouble, on la filtre sur verre fritte. On laisse la solution revenir à température ordinaire et la L- phénylalanine bétaïne cristallise.
Le produit cristallin est séparé par filtration sur
Bϋchner, lavé par de l'acétone puis par de l'heptane, puis séché sous vide. On obtient ainsi 1,5 kg (83%) de complexe L-phénylalanine bétaïne iodure de potassium d'une pureté supérieure à 95%.
EXEMPLE 2
Procédé de préparation à partir d'algues brunes d'un extrait d'algues désigné par GR 39 .
On soumet 690 g d'algues fraîches de type Laminaria digi tata à une extraction en présence de 1 litre d'acide sulfurique 0,1 M. L'extraction est réalisée au bain-marie à 70°C pendant 2 h.30 sous agitation.
Après clarification du milieu par filtration sur des filtres de marque SEITZ, de porosité 1 μm, le liquide obtenu est soumis à une ultrafiltration tangentielle sur une membrane tubulaire carbone-céramique de type "Carbosep" de porosité 300.000 Daltons . L'opération est réalisée en maintenant une pression transmembranaire de 5 bars.
On obtient ainsi un filtrat présentant un volume d'environ 0,9 litre et de pH 2 à 2,5. On neutralise le produit par addition d'une solution de soude 1 M jusqu'à pH entre 6 et 7.
Le filtrat neutralisé est ensuite soumis à une ultrafiltration tangentielle grâce à un système Pellicon commercialisé par la Société Millipore équipé d'une cassette de porosité 3000 Daltons associée à une pompe PROCON également commercialisée par la Société Millipore. Le filtrat ainsi obtenu est ensuite lyophilisé et on obtient ainsi 8 g de poudre sèche correspondant à l'extrait GR 39. La teneur en L-phénylalanine bétaïne dans l'extrait GR 39 est de 0,03 ppm ± 0,01 ppm (ppm signifiant partie par million, soit mg/kg) .
Le principe des tests in vitro dont il a été question plus haut consiste à faire germer des grains de pollen d'une plante donnée au sein d'une solution aqueuse de la substance phytoactive que l'on teste du point de vue de ses activités stimulatrices de la germination.
Dans les tests décrits ci-après réalisés in vitro, la substance phytoactive est un composé à structure bétaïne ou bétaïnoïde.
On a plus particulièrement examiné les effets obtenus avec le L-phénylalanine bétaïne et avec l'extrait GR 39.
Il est important de veiller à ce que l'eau dans laquelle sont effectuées les expériences soit d'une très grande pureté; le degré de pureté minimum peut être caractérisé par une résistivité supérieure à 10 mega-Ω x cm. On décrit ci-après lesdits tests dans leur application à une plante donnée, à savoir le tabac.
On récolte des grains de pollen de Nicotiana tabacum à partir d'anthères juste déhiscents sur des fleurs bien épanouies; chaque fleur possède cinq anthères. Pour cette récolte, on détache les anthères de leurs filaments; quatre anthères sont identiques au point de vue longueur de filament; la cinquième qui a un filament plus court n'est pas utilisée par souci d'homogénéité.
On travaille dans le champ de vision d'une loupe binoculaire, ce qui permet d'effectuer les manipulations avec plus de précision ; on enlève, après les avoir disposées dans un verre de montre rempli d'une eau répondant aux susdites conditions de pureté, les parois des anthères pour libérer les grains de pollen. On nettoie les grains de pollen par trois ou quatre lavages à 1 ' aide de la même eau pure .
On laisse décanter et on élimine ceux des grains qui flottent .
On élimine l'excès d'eau et on obtient une suspension de grains de pollen désignée par "SP".
Dans une première série d'expériences, on a préparé des solutions aqueuses de concentrations croissantes de L- phénylalanine bétaïne ; ces concentrations croissantes sont de 5 μg/ml, 10 μg/ml, 50 μg/ml, 100 μg/ml, 500 μg/ml, 1000 μg/ml, 1500 μg/ml, 2000 μg/ml, 2500 μg/ml, 3000 μg/ml,
4000 μg/ml, 5000 μg/ml, 6000 μg/ml.
Du point de vue pratique, on utilise des plaques de titration comportant par exemple 6 rangées de 4 puits ayant un diamètre de 1 cm et une profondeur de 1 cm. On introduit dans chaque puits . un volume de 1000 μl d'une solution qui comporte le composé à tester à l'une des susdites concentrations.
On ajoute également dans chaque puits un volume de 30 μl de la suspension "SP". Le mélange est homogénéisé.
C'est à l'intérieur des puits des plaques de titration que se produit la germination des grains de pollen et que l'on étudie l'activité stimulatrice du composé à structure bétaïne. Chaque expérience est réalisée au moins cinq fois et chaque fois on procède à deux répétitions
En même temps, on réalise deux expériences témoin.
Une première expérience témoin est effectuée dans 1 ' eau répondant aux susdites conditions de pureté, c'est-à-dire directement sur la suspension "SP" . Cette expérience est en fait destinée à contrôler la pureté de l'eau utilisée; en effet, dans une eau répondant aux susdites conditions de pureté, aucune germination ne se produit.
Une deuxième expérience témoin est effectuée en utilisant un tampon de germination comportant dans de 1 ' eau ayant la susdite pureté
- du saccharose à raison de 12% en poids,
- de l'acide borique à raison de 0,01% en poids,
- du chlorure de calcium dihydrate à raison de 0,03% en poids .
Il est connu que dans ce tampon la germination des grains de pollen est optimale.
Les plaques de titration sont ensuite maintenues à l'obscurité à une température de 22°C à 24°C. Une première observation est faite sous la loupe
binoculaire 5 à 6 heures, une deuxième 24 heures et une troisième 36 heures après le début de l'expérience.
A chacune des observations, on apprécie un certain nombre de paramètres, à savoir: - la densité des grains de pollen en train de germer,
- la longueur du tube pollinique, cette appréciation étant facilitée par l'utilisation d'une loupe binoculaire comportant un étalon interne,
- l'intensité de l'agglutination des grains de pollen, et
- la lyse de ces grains.
Il se trouve que ces paramètres sont difficilement quantifiables , même pour ce qui est de la longueur des tubes polliniques étant donné que ceux-ci ne sont pas toujours rectilignes.
Comme indiqué plus haut, la germination des grains de pollen est dans le cas de l'expérience témoin effectuée avec le tampon de germination optimale ; on caractérise cette germination optimale par le symbole ++++. Pour traduire l'intensité de la stimulation dans le cas des tests effectués à l'aide de la L-phénylalanine bétaïne aux différentes concentrations, il est convenu que:
- lorsqu'il n'y a aucune stimulation, l'activité est considérée comme étant nulle et elle est caractérisée par le symbole -, lorsque la stimulation est comparable à celle constatée pour le témoin de germination, elle est également caractérisée par le symbole ++++, lorsque les stimulations se traduisent par une germination d'une partie des grains de pollen, on les caractérise suivant l'intensité par ordre croissant par les symboles ε, +, ++ et +++ .
Dans le cas du tabac, les concentrations optimales déterminées pour la L-phénylalanine bétaïne sont de 100 μg/ml à 2000 μg/ml, avec une activité maximale pour 1000
μg/ml .
Dans une deuxième série d'expériences, on a effectué les mêmes tests toujours sur le tabac, en remplaçant la L- phénylalanine bétaïne par l'extrait GR 39 obtenu conformément à l'exemple 2. Cet extrait a été mis en œuvre selon le même protocole et aux mêmes concentrations que la L-phénylalanine bétaïne.
Les activités ainsi trouvées pour la L-phényl-alanine bétaïne et pour l'extrait GR 39 sont réunies dans le tableau A.
TABLEAU A
L'examen des résultats réunis dans le tableau A montre que la L-phénylalanine bétaïne est active à une concentration de 100 à 2000 μg/ml, alors que l'extrait GR 39 est moins actif à ces concentrations mais conserve une certaine activité à des concentrations supérieures .
Les essais en plein champ qui sont en cours confirment l'activité stimulatrice de la germination des grains de pollen.
Il devient donc possible d'augmenter le rendement des récoltes des plantes agronomiques par la stimulation de la germination des grains de pollen en appliquant aux dites plantes des compositions comportant à titre de matière active au moins l'un des composés à structure bétaïne ou bétaïnoïde dont il est question ci-dessus.
On donne ci-après quelques exemples des compositions du genre en question.
EXEMPLE 3
Composition à usage agricole à base de L-
Phénylalanine bétaïne .
Dans cette composition, la L-Phénylalanine bétaïne se trouve associée à des oligo-éléments sous forme d'engrais liquide .
Pour 1 kg en poids /poids, cette composition est constituée de :
Sulfate de magnésium, 7H20 0,3010 kg Sulfate de manganèse, 1H20 0, 0510 kg
Sulfate de zinc, 7H20 0,1060 kg
L-phénylalanine bétaïne 0 , 0500 kg
Tween 80 0,0050 kg
Eau 0, 4870 kg 1,0000 kg
Cette composition peut être utilisée à la dose de 3 litres/ha au stade floraison sur des arbres fruitiers.
EXEMPLE 4
Composition à usage agricole à base de L-Phénylalanine bétaïne.
Cette composition soluble se présente sous forme de poudre contenant la matière active en association avec du molybdène.
Pour 1 kg en poids/poids, cette composition est constituée de :
Molybdate de sodium 0,010 kg
L-Phénylalanine bétaïne 0 , 100 kg Kaolin 0,890 kg
1,000 kg
Cette composition pourra être utilisée après dissolution dans l'eau à raison de 10 g/1 à la dose de
1 kg/ha et pulvérisée au moment de la floraison, sur des plantes légumières .