PROCEDE POUR L'OBTENTION D'UNE REPRESENTATION ADAPTEE A LA CORRELATION D'ENREGISTREMENTS MONODIMENSIONNELS
L'invention concerne un procédé pour l'obtention d'une représentation particulièrement adaptée à la corrélation de signaux dans des bandes de fréquences identiques et l'application de ce procédé en géophysique aux calages stratigraphiques et aux calages entre données de puits et données sismiques. Dans de nombreux domaines, il est nécessaire de corréler rapidement deux ou plusieurs courbes représentant les variations d'une première grandeur y en fonction d'une seconde grandeur x, pour des besoins de comparaison, d'ajustement, etc. Les courbes à comparer peuvent être de même nature, c'est-à-dire représenter les variations d'une même première grandeur en fonction d'une même deuxième grandeur, ou de nature différente. Il peut par exemple s'agir des enregistrements d'un même phénomène physique mais décalés dans le temps ou l'espace, ou des enregistrements relatifs à des phénomènes physiques différents ou encore des enregistrements relatifs à un même phénomène physique enregistré par exemple par des méthodes différentes de sorte que leur contenu fréquentiel est différent. Les corrélations peuvent s'effectuer numériquement. Le résultat obtenu est en général global et peu fiable si on ne fait pas d'hypothèses contraignantes sur les signaux, la méthode consistant alors à choisir entre plusieurs pics d'auto-corrélation. La corrélation peut être effectuée visuellement, par décalage manuel d'une des courbes par rapport à l'autre le long de l'axe de la deuxième grandeur. On recherche ainsi par décalages successifs la similitude optimale sur une ou plusieurs portions de la courbe. Cette méthode permet de tenir compte des connaissances à priori. C'est celle qui est couramment employée en géophysique pour le calage en profondeur ou en temps des horizons sismiques ou pour la corrélation d'enregistrements effectués dans un puits et d'enregistrements sismiques.
Le principal inconvénient d'une telle méthode résid dans la difficulté qu'il y a à comparer des signaux d formes qui peuvent être très différentes, par exemple s leur contenu fréquentiel est différent. Le procédé selon l'invention permet l'amélioratio de la fiabilité des corrélations effectuées visuellemen entre au moins deux enregistrements grâce à 1•introductio des analyses temps-fréquence pour comparer les signaux dan des bandes de fréquence identiques. On connaît un procédé d'analyse d'un signal permettant de décomposer ledit signal comme une somme de fonctions élémentaires a fa ou ondelettes qui vibrent chacune comme des sinusoïdes sur une plage dont la position sur l'axe x est liée au paramètre b et dont la largeur est liée au paramètre a (fréquence centrale) , et qui s'amortissent très fortement à l'extérieur de cette plage. La décomposition d'un signal à l'aide d'une famille de ces ondelettes constitue ce qu'on appelle une analyse "temps - fréquence" car les premières et plus courantes décompositions ont été effectuées sur des enregistrements des variations d'une première grandeur en fonction du temps (la deuxième grandeur) . Dans ce cas, la dimension du paramètre b est celle d'un temps et la dimension du paramètre a est la dimension de l'inverse d'un temps donc d'une fréquence temporelle.
Pour plus d'informations sur la décomposition en ondelettes ou les analyses "temps - fréquence", on se référera à l'article "L'analyse par ondelettes" de Yves MEYER et al., paru dans "Pour la Science" de Septembre 1987, ou encore à l'ouvrage "Wavelets" de J.N. COMBES et al. aux éditions Springer-Verlag, article et ouvrage que l'on intégrera à la présente description.
Plusieurs types de fonctions peuvent être utilisées, permettant de définir de nombreuses familles d'ondelettes ayant des propriétés différentes. Celles-ci peuvent être par exemple des Gaussiennes, des fonctions créneaux ou triangles, des fonctions réelles ou complexes, orthogonales ou non entre elles. On se référera à l'article cité
précédemment pour connaître les contraintes applicables à ces diverses fonctions et à d'autres pour générer de familles d'ondelettes.
Pour une famille d'ondelettes ψa ^ déterminée, o définit la "transformée en ondelettes" à deux dimensions et z associée à un enregistrement selon l'axe x comme l suite des coefficients c a/b correspondant chacun à 1'intégrale du produit de 1'enregistrement à analyser pa 1'ondelette élémentaire a ^ selon les valeurs de b suivant l'axe x et les valeurs de a suivant un axe z. Dans le cas o l'on a choisi des ondelettes complexes pour effectuer 1'analyse temps - fréquence d'un enregistrement ou d'un signal, il devient possible de définir la partie réelle, la partie imaginaire, le module ou encore la phase de la transformée en ondelettes.
Le procédé pour l'obtention d'une représentation particulièrement adaptée à la corrélation, dans une même bande fréquentielle [fl, f2] selon un axe z, d'au moins deux enregistrements monodimensionnels si et s2, des variations d'une première grandeur (yl et y2) fonction d'une seconde grandeur (xl et x2) variant le long d'un axe x, est caractérisé en ce que :
- on définit une famille d'ondelettes d'analyse en choisissant une fonction ondelette ya £,(*) dépendant d'un paramètre a représentant la fréquence de 1'ondelette et d'un paramètre b définissant la position de 1'ondelette sur 1'axe x et en définissant pour la fréquence a une suite de m valeurs allant de i^ à f2, m étant au moins égal au nombre d'octaves compris dans la plage de fréquence [f-^, î_ } ' e*" pour le paramètre b une suite de n valeurs,
- sur la base de cette famille d'ondelettes, on calcule pour chacun des enregistrements si et s2 les transformées en ondelettes correspondantes SI et S2 avec leurs n m coefficients respectifs Cla b et C2a b, la transformée en ondelettes d'un enregistrement s (x) , s(x) désignant Sj ou s2, étant définie comme la double suite des n m coefficients Ca^b tels que C.^b = / ε(x) a b(x)dx, lorsque les
paramètres a et b prennent successivement les différentes valeurs qui leur sont attribuées,
- pour chacun des enregistrements, on construit au moins une matrice dont les coefficients Aa b sont une grandeur à savoir soit le module, soit la phase, soit la partie réelle soit encore la partie imaginaire de chacun des coefficients Ca £ en fonction des valeurs croissantes de a et b,
- on transpose selon 1'axe fréquentiel la ou les matrices associées à un des deux enregistrements, et - on représente par paires, à fin de corrélation optique, la matrice transposée associée à l'une desdites grandeurs et correspondant à l'un des enregistrements et la matrice non tranposée associée à la même grandeur et correspondant à l'autre enregistrement, en disposant côte à côte lesdites matrices transposée et non transposée de sorte que tous les coefficients Aa b correspondant à une même valeur de b soient sur un même alignement et que quand on décrit chaque alignement on rencontre les coefficients de l'une des matrices suivant les valeurs décroissantes de a puis les coefficients de la seconde matrice suivant les valeurs croissantes de a ou, de préférence, on rencontre les coefficients de l'une des matrices suivant les valeurs croissantes de a puis les coefficients de la seconde matrice suivant les valeurs décroissantes de a. Pour la représentation, on choisit par exemple une palette de couleurs ou de gris adaptées aux valeurs prises par les différents Aa ^ .
La fonction ondelette Ψ a ^(x) choisie pour construire la famille d'ondelettes d'analyse peut être, par exemple, une Gaussienne, une fonction créneau ou triangle, cette fonction ondelette pouvant être réelle ou complexe et donner naissance à une famille d'ondelettes orthogonales ou non entre elles. Les fonctions de la famille sont m ondelettes élémentaires se déduisant les unes des autres par dilatation. Comme indiqué plus haut m est au moins égal au nombre d'octaves compris dans la plage fixe [fl, f2] d'analyse. Les n valeurs formant la suite des valeurs attribuées au paramètre b pour 1'analyse correspondent
préférentiellement aux coordonnées du centre des plage élémentaires d'analyse sur l'axe x.
On choisira préférentiellement des ondelette élémentaires complexes de façon à représenter la phase de transformées, par exemple des ondelettes dites de "MORLET".
Le procédé de l'invention trouve une applicatio particulièrement intéressante dans le domaine de l géophysique, en particulier pour les opérations dites d calage stratigraphique. Les opérations consistent à corréle au moins un enregistrement sismique (ou trace sismique) , situé au droit ou au voisinage d'un puits de forage avec un trace synthétique construite le plus souvent à partir d mesures effectuées dans le puits, ceci afin d'associer avec précision à chacun des marqueurs principaux de la sismique un niveau géologique reconnu dans le puits. De façon générale, on peut en géophysique être amené à corréler entre eux des enregistrements d'origines différentes, par exemple deux traces sismiques associées à une même verticale au croisement de deux profils sismiques mais enregistrées lors de deux campagnes sismiques différentes, ou encore une trace sismique et un enregistrement effectué dans un puits au voisinage (diagraphies log ....).
Il est courant dans ce domaine, pour faciliter la corrélation optique des enregistrements sismique et synthétique lors d'un calage stratigraphique, de dupliquer la trace synthétique une dizaine de fois par exemple et d'insérer le groupe de traces ainsi obtenu entre les deux enregistrements sismiques entourant le lieu du puits.
Le procédé de représentation selon 1'invention permet d'améliorer encore plus la perception optique et la complète par l'apport d'informations supplémentaires dues à la transformée.
D'autres caractéristiques et avantages de 1'invention apparaîtront à la lecture de la description suivante d'un exemple d'application particulier, tiré du domaine géophysique, en référence aux dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 représente une trace sismique T1(t) d'u profil sismique représentant les accélérations du sol en u lieu M en fonction du temps t pour des temps variant entr 200 et 3800 millisecondes ainsi que la phase et le module d sa transformée temps - fréquence, par pas de 4 ms, ave autant de pixels que d'échantillons,
- la figure 2 représente une autre trace T2(t) représentan les accélérations du sous-sol au lieu M et appartenant à u second profil sismique croisant le premier profil au lieu M, ainsi que la phase et le module de sa transformée temps fréquence,
- la figure 3 montre une représentation selon 1'inventio permettant une corrélation optique aisée des deux trace T^(t) et T2(t), à partir de l'utilisation de la phase d leurs transformées temps - fréquence. La représentation es limitée à 2400 ms et le nombre de fréquences réduites.
La fonction utilisée ici pour la décomposition en ondelettes des traces est une ondelette dite de "MORLET" de la forme +2îrit ~t2Ln(2) j (t) = e x e
Dans cette formule, i est le nombre imaginaire dont le carré est égal à -1, e est la base des logarithmes népériens et Ln(2) est le logarithme népérien de 2. Cette fonction permet de générer toute une famille de fonctions élémentaires ou ondelettes ψ
a £
où a est la fréquence de la fonction élémentaire et b la position sur l'axe t où est centrée ladite fonction élémentaire.
Pour une fréquence a donnée, les coefficients ca b^) de la transformée en ondelettes sont le résultat de la somme en continu du produit de l'enregistrement T(t) représentan suite des fonctions élémentaire
Il est courant de choisir une échelle logarithmique pour l'axe des fréquences, puis de décomposer la plage de fréquences étudiée en octaves (ceci toutefois n'est pas obligatoire, l'échelle pouvant tout aussi bien être linéaire, logarithmique ou autre). En l'occurrence, l'étude a été faite ici pour une même plage de fréquences comprises entre deux fréquences f-^ et f
2 délimitant 4 octaves comportant chacun 16 échantillons, ce qui a permis de définir 65 fréquences d'analyses a.; définies comme suit, avec f = 1000/16x16 Hz et f
2 = 1000/16 Hz :
(j-l)/16 a_: = f^_x2
A chacune des m fréquences a.; (m = 65 dans cet exemple) est associée la suite des coefficients Ca vj(t) calculés comme indiqué ci-dessus.
La suite des n points b d'analyse a été définie comme identique à la suite des temps d'échantillonnage des traces ^ et T2 (toutes les 4 ms) .
Le résultat de l'analyse temps - fréquence d'un enregistrement T(l) est donc ici constituée de la suite de 65 courbes de variation dans le temps Ca b , chacune des 65 courbes étant associée à une des fréquences d'analyse et consistant en une suite de n coefficients Ca b. Les fonctions élémentaires utilisées ici étant complexes, il convient de représenter soit le module, soit la phase, soit la partie réelle, soit encore la partie imaginaire de la transformée. Nous avons choisi de représenter la phase et le module. Chacune des traces monodi ensionnelles T(t) d'axe t donne ainsi après analyse deux représentations bidimensionnelles, image de deux matrices A(TI) , P(TI) dont une des dimensions est la même que celle de la trace analysée (axe t) et dont l'autre dimension est un axe fréquentiel f. La matrice A est représentative d'une amplitude et la matrice P d'une phase, pour chaque point (t,f) considéré.
Pour corréler les traces T^ et T2, on va chercher dans les deux matrices A^ -^) et A2(T2) les plages de fréquence pour lesquelles les deux traces ont une amplitude minimale de façon à filtrer l'image pour ne travailler que
sur la partie de la matrice significative (présence d signal) .
Ensuite, on va corréler optiquement les traces grâc aux matrices Pι( ) et P2(T2) en commençant par les basse fréquences et en terminant par les plus hautes fréquences. La corrélation s'arrête dans la bande de fréquences la plu haute où les signaux peuvent être comparés de faço cohérente.
La représentation graphique la plus performante pou effectuer cette corrélation optique consiste à transpose une des matrices associées à -^ selon l'axe f et à la juxtaposer selon l'axe t à la matrice correspondante associée à T2 de telle sorte que les coefficients desdites matrices correspondant à un même t soient sur un même alignement et que lorsque l'on décrit chaque alignement on rencontre les coefficients de 1'une des matrices selon les valeurs croissantes de la fréquence puis les coefficients de la seconde matrice suivant les valeurs décroissantes de la fréquence. On profite ainsi de la puissance de détection de symétrie de l'oeil humain.
Dans l'exemple traité, l'axe t est vertical et les différents axes f sont horizontaux. Sur la figure 3, on trouve deux représentations selon l'invention. Sur la première image à gauche (titre : PHASE) , les deux matrices V_^ {T_) et P2(T ) ont été juxtaposées, Pη^T-j^ apparaissant à gauche de 1'image (basses fréquences à gauche et hautes fréquences à droite), et P2(T ) apparaissant à droite
(hautes fréquences à gauche, basses fréquences à droite) . Il peut être intéressant de laisser un blanc entre les images de ces deux matrices et même d'intercaler entre ces deux images au moins l'une des traces que l'on cherche à corréler avec 1•autre.
Dans la seconde image (titre : ENERGIE) , ce sont les matrices
et A
2(T
2) qui ont été représentées, selon la même disposition.
L'image des énergies permet de repérer d'un seul coup d'oeil les zones de fréquences où il y a de l'énergie dans les deux signaux. L'image des phases permet, par
symétrie, de distinguer des configurations communes, d'abord dans les basses fréquences en comparant les parties extrêmes gauche et droite de la représentation, puis d'affiner dans les hautes fréquences en comparant les parties centrales de la représentation.
Le procédé de représentation selon .1'invention peut être automatiquement exécuté à l'aide d'un micro-ordinateur ou de station et d'un logiciel permettant le calcul de la transformée temps - fréquence d'un signal, et équipé d'un écran graphique haute définition permettant la visualisation des matrices et des courbes. Dans le cas présent, le calcul a été effectué par un logiciel écrit en F77 et langage C sur un ordinateur de type HP 9000 s 300 et les données ont été visualisées sur le même ordinateur équipé d'un écran CH (standard HP) sur lequel tournait un serveur X Windows (XII, R3).
L'invention ne se limite pas à l'exemple décrit et représenté, diverses modifications pouvant être apportées sans que l'on sorte pour autant du cadre de l'invention. Le procédé s'applique en particulier à la corrélation de tous types d'enregistrement, réel ou complexe, quelle que soit la variable.