Procédé de fabrication d'un appareillage orthodontique et procédé de pose de cet appareillage L'invention concerne le domaine de l'orthodontie, et plus particulièrement celui de la fabrication des appareillages destinés à corriger une malocclusion, c'est-à-dire une arcade dont les dents sont dans des positions défectueuses. Ces appareillages sont soit du type le plus classique, dit « vestibulaire », dans lequel l'appareillage est positionné sur la face antérieure des dents, soit du type dit « lingual » dans lequel l'appareillage est placé sur la face postérieure des dents. Ce dernier type est plus complexe à concevoir et à fabriquer, notamment parce que les configurations des faces postérieures des dents sont beaucoup plus variées d'une dent à l'autre et d'un patient à l'autre que celles de leurs faces antérieures, et cela impose un degré d'individualisation aux différents composants de l'appareillage plus grand que dans le cas d'un dispositif vestibulaire. Mais un dispositif lingual présente l'avantage esthétique évident d'être pratiquement invisible de l'extérieur. Il est connu que ces appareillages peuvent comporter un arc orthodontique, des attaches (dites aussi « brackets ») destinées à recevoir ledit arc orthodontique dans une gorge et éventuellement pourvues d'une base de géométrie donnée et reposant sur la dent, les attaches étant chacune d'un type standardisé ou individualisé, et parfois des pièces intermédiaires placées chacune entre la base d'une attache et la dent qui lui correspond, lesdites pièces intermédiaires contribuant au positionnement désiré de l'attache correspondante et de sa gorge. Les documents WO-A-2009/056776 et WO-A2011/067510 proposent des exemples de conception d'un tel appareillage. Les bases et les pièces intermédiaires peuvent, le cas échéant, être confondues lors de leur fabrication, de même que les attaches et les pièces intermédiaires, voire également les bases, si les attaches sont d'un type totalement individualisé. Les éléments de l'appareillage autres que l'arc sont souvent disposés sur l'arcade du patient à l'aide d'une gouttière de transfert qui porte les éléments et que le praticien dispose sur l'arcade. Il la retire après la réalisation de l'adhésion des éléments sur les dents correspondantes. Dans les appareillages orthodontiques, les attaches doivent tenir compte dans leur configuration de diverses informations qui vont déterminer les efforts que l'appareillage va imposer à la dent à laquelle l'attache sera solidarisée. Ces informations sont notamment le type, le torque, la rotation, la distance entre l'attache (plus précisément, sa gorge) et la dent, l'angulation. Lorsqu'on utilise des attaches standardisées et non des attaches individualisées, il faut que toutes ces informations soient intégrées à l'attache dès sa conception, ce qui conduit les fabricants à devoir proposer un catalogue d'attaches standardisées en nombre considérable (plusieurs milliers, voire quelques dizaines de milliers) pour que parmi elles on soit assuré d'en trouver une qui s'adapte raisonnablement bien à chaque cas particulier que constitue la correction de la position d'une dent donnée d'une malocclusion. Les arcs orthodontiques doivent aussi parfois être conçus pour prendre en charge une partie de l'orientation des mouvements à imposer à la dent. Les pièces intermédiaires entre la base et l'attache permettent de prendre en charge une partie de ces orientations, et ainsi de réduire le nombre d'attaches standard que doit comporter le catalogue d'un fabricant d'appareils orthodontiques. Mais il faut concevoir et fabriquer ces pièces intermédiaires, ce qui est une étape complexe du processus de fabrication de l'appareillage. Le but de l'invention est de proposer un procédé de fabrication d'un appareillage orthodontique permettant d'obtenir d'une manière simple des pièces intermédiaires individualisées bien adaptées au positionnement correct des attaches, que celles-ci soient standardisées ou individualisées. A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de fabrication d'un appareillage orthodontique destiné à corriger une malocclusion et comportant un arc orthodontique, des attaches destinées à recevoir ledit arc orthodontique dans une gorge, les attaches étant chacune d'un type standardisé ou individualisé et pourvues d'une base, et des pièces intermédiaires placées chacune entre la base d'une attache et la dent qui lui correspond, lesdites pièces intermédiaires contribuant au positionnement désiré de l'attache correspondante et de sa gorge, caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes : - on réalise une image numérique de la malocclusion ; - on réalise une simulation numérique des dents du patient dans leur position corrigée visée, en enregistrant les variations de positions de repères, pris sur chaque dent, entre la malocclusion et la position corrigée ; - on conçoit, d'après ladite simulation numérique de la position corrigée, l'ensemble des pièces intermédiaires permettant chacune le positionnement de l'attache correspondante pour la correction de la malocclusion, en déterminant : * les positions requises des bases des attaches sur les dents correspondantes ; * la configuration de l'arc orthodontique correspondant ; - on fusionne numériquement la simulation numérique de chaque dent avec la simulation numérique de la pièce intermédiaire correspondante, et on repositionne numériquement chaque dent ainsi fusionnée dans l'image numérique de la malocclusion en replaçant lesdits repères dans leur position de malocclusion ; - on fabrique par prototypage un modèle de la malocclusion avec lesdites pièces intermédiaires fusionnées aux dents correspondantes ; - on positionne les attaches sur le modèle de la malocclusion à l'aide d'un adhésif ; - et on réalise au moins une gouttière de transfert, de sorte qu'il se forme un espace vide entre l'attache et la dent correspondante, la configuration dudit espace vide correspondant à la configuration de la pièce intermédiaire. La gouttière de transfert peut être conçue numériquement d'après l'image numérique de la malocclusion. L'arc orthodontique peut être un arc standard. L'arc orthodontique peut être un arc individualisé. L'invention a également pour objet un procédé de pose d'un appareillage orthodontique sur la malocclusion d'un patient, caractérisé en ce que : - on fabrique un appareillage orthodontique du type précédent ; - avant le transfert de l'appareillage sur la malocclusion, on remplit lesdits espaces vides correspondant aux configurations des pièces intermédiaires par une composition destinée au collage de l'attache sur la dent ; - et on procède au transfert de l'appareillage sur la malocclusion, en assurant la solidification de la composition de collage. On peut remplir chacun desdits espaces vides avec une matière composite destinée à constituer l'une desdites pièces intermédiaires, puis on repositionne la gouttière sur un modèle de la malocclusion ne comportant pas lesdites pièces intermédiaires, pour ajuster ladite matière à la forme désirée de la pièce intermédiaire correspondante, puis on durcit ladite matière pour stabiliser la configuration définitive de ladite pièce intermédiaire. Comme on l'aura compris, l'invention consiste à réaliser les pièces intermédiaires de l'appareillage en un matériau assurant également le collage de l'attache sur la dent et en utilisant la gouttière de transfert de l'appareillage sur l'arcade comme moule pour les conformer L'invention sera mieux comprise à l'aide de la description qui suit, faisant référence aux figures annexées suivantes : - la figure 1 qui montre schématiquement de profil une portion de la malocclusion prototypée, à savoir une dent et la pièce intermédiaire qui lui a été fusionnée ; la figure 2 qui montre la même portion avec une attache placée sur la pièce intermédiaire ; la figure 3 qui montre la même portion recouverte par la gouttière de transfert réalisée à partir de la malocclusion prototypée ; la figure 4 qui montre isolément la gouttière de transfert incluant l'attache ; la figure 5 qui montre la gouttière de transfert placée sur une dent du patient, avec la composition de collage remplissant l'espace qui a été ménagé à cet effet durant la fabrication de la gouttière. Dans un premier temps, on réalise une numérisation de l'arcade du patient dans son état de malocclusion. Cette opération s'effectue par des moyens connus et habituels et n'a pas besoin d'être davantage commentée. Puis on réalise ce que les praticiens appellent un « set-up virtuel », c'est-à-dire une modélisation numérique de l'arcade du patient avec les dents placées dans leurs positions corrigées visées. Cette simulation numérique est réalisée notamment en enregistrant les variations de la position de plusieurs repères, pris sur chaque dent, entre leur position sur la malocclusion et leur position sur le set-up virtuel. Puis on conçoit, à partir du set-up virtuel, l'appareillage orthodontique qui est nécessaire pour faire passer l'arcade de son état de malocclusion à son état corrigé. Parmi les éléments de cet appareillage figurent les pièces intermédiaires entre la base des dents et les attaches correspondantes. De préférence, on réalise cette conception en utilisant des attaches standardisées, mais il resterait dans l'esprit de l'invention d'utiliser, au moins pour certaines dents, des attaches individualisées. A cet effet, on détermine les meilleures positions requises sur les dents des bases des attaches correspondantes. Puis on détermine la configuration de l'arc orthodontique.
Celui-ci peut être un arc de forme standardisée (dit « arc droit » ou « straight wire ») ou un arc totalement individualisé, à conformer manuellement ou par des moyens automatisés. Selon l'invention, cependant, ce n'est pas l'arc, même individualisé, qui à lui seul va assurer le positionnement des dents en position corrigée. Ce positionnement sera assuré partiellement ou totalement par les pièces intermédiaires à placer entre la base et l'attache qui ont été conçues lors de l'étape précédente. A cet effet, la conception de chaque pièce intermédiaire inclut les informations de type, torque, angulation, rotation... qui sont nécessaires, seules ou en combinaison avec la forme de l'arc, pour assurer le passage de chaque dent à sa position corrigée. Ces pièces intermédiaires, en outre, garantissent et assistent le bon positionnement de l'attache sur la malocclusion avant la réalisation d'une gouttière de transfert par des méthodes classiques (fabrication en silicone ou en matière thermoformée) ou par un prototypage assisté par ordinateur. Puis on fusionne numériquement les pièces intermédiaires de chaque dent et leurs dents correspondantes.
Puis on fabrique par prototypage un modèle de la malocclusion, à laquelle on a ajouté, à la suite de l'opération de fusion numérique précédente, lesdites pièces intermédiaires fusionnées aux dents correspondantes. La figure 1 représente schématiquement de profil une portion de cette malocclusion prototypée, à savoir une dent 1 et la pièce intermédiaire 2 qui lui a été fusionnée. La ligne en pointillés 3 montre le contour normal qu'aurait eu la dent 1 si la pièce intermédiaire 2 ne lui avait pas été ajoutée lors de la fusion numérique. Parallèlement à la fabrication du modèle de la malocclusion, on fabrique de façon individualisée ou on choisit parmi des éléments standards les différents éléments de l'appareillage : arc et attaches.
Puis on place les attaches 4 sur le modèle prototypé de la malocclusion à l'aide d'un adhésif. On obtient alors sur chaque dent 1 du modèle de la malocclusion la configuration de la figure 2. De préférence, des moyens d'assistance au positionnement de l'attache 4 (butées, tenons, dépression...) sont disposés sur la pièce intermédiaire pour garantir que l'attache 4 sera bien placée exactement à l'emplacement prévu.
Puis on réalise une gouttière de transfert 5, comme représenté sur la figure 3, en moulant la gouttière 5 autour des faces antérieure 6 et postérieure 7 et du sommet 8 de la dent 1 de manière à englober l'attache 4 et la pièce intermédiaire 2. On obtient ainsi, comme visible sur la figure 4, une gouttière 5 emprisonnant l'attache 4, et comportant un espace vide 9 correspondant au volume qu'occupait la pièce intermédiaire 2 sur le modèle de la malocclusion. C'est cet espace vide 9 qui différencie la gouttière de transfert 5 réalisée selon le procédé de l'invention des gouttières de transfert classiques. Avant la pose de la gouttière 5 sur l'arcade du patient, on remplit chacun des espaces 9 avec une composition 10 destinée à assurer le collage des attaches 4 sur les dents 11 correspondantes de l'arcade du patient. Puis on applique la gouttière 5 sur l'arcade, et pour chaque dent 11 on se retrouve dans la configuration représentée sur la figure 5. Après quoi, on assure la solidification de la composition 10 et son adhésion sur la dent 11, et on retire la gouttière 5. Les attaches 4 sont alors toutes posées aux emplacements désirés sur les dents 11. A cet effet, on peut utiliser tous les composites ou ciments ou colles usuels dans le domaine dentaire. Il est cependant préférable d'utiliser un matériau de nature « chargée », présentant donc une fluidité limitée, pour qu'il reste dans l'espace 9 après y avoir été introduit. Optimalement, pour assurer de parfaites conformations et compactions de la composition de collage 11, préalablement à la pose de la gouttière 5 sur l'arcade du patient, on pose la gouttière 5 sur un modèle de la malocclusion réelle, c'est-à-dire dans lequel les dents 1 ont leur configuration réelle, donc sont dépourvues des pièces intermédiaires 2. Enfin, après sa pose, on procède aux opérations habituelles de finition de l'appareillage.
On n'a envisagé explicitement, jusqu'ici, que le cas où on transfère simultanément toutes les attaches sur les dents à l'aide d'une gouttière unique. Mais l'invention peut être étendue au cas où on utiliserait une gouttière par dent ou une pluralité de gouttières couvrant chacune une partie de l'arcade. Autrement dit, le terme de « gouttière de transfert » peut aussi bien désigner une gouttière portant toutes les attaches ou une pluralité d'entre elles qu'une gouttière (ou un gabarit de positionnement, dit « jig ») destiné à une dent précise. Pour un appareillage, il est donc possible d'avoir à fabriquer une ou plusieurs gouttières de transfert. Concernant le remplissage des espaces 9 par la composition de collage, il peut être effectué indifféremment par le prothésiste qui fabrique l'appareillage ou par l'orthodontiste avant la pose l'appareillage sur l'arcade du patient. Dans le premier cas, en fonction du matériau utilisé, il pourra être nécessaire que l'orthodontiste ajoute, de façon connue, un durcissant à la composition de collage pour la rendre opérationnelle.25