Chemise de cylindre pour l'habillage de la paroi cylindrique d'un cylindre d'un moteur à combustion interne [0001 La présente invention concerne une chemise de cylindre pour l'habillage de la paroi cylindrique d'un cylindre d'un moteur à combustion interne ainsi qu'un bloc cylindres d'un moteur à combustion interne ayant au moins un cylindre équipé d'une telle chemise de cylindre. [0002 Dans sa forme la plus générale, un moteur à combustion interne, ou moteur thermique, comprend un bloc moteur dans lequel est formé au moins un cylindre à l'intérieur duquel est monté mobile un piston relié par un élément de liaison telle une biellette, à un vilebrequin. Le bloc moteur comprend trois parties principales dont une est appelée bloc cylindre(s), car elle comporte un ou plusieurs cylindres. Pour la suite de la rédaction, l'orthographe unique bloc cylindres est adoptée sans que cela ne doive exclure de l'invention les moteurs ayant un seul cylindre. [0003] Le bloc cylindres est recouvert d'un côté d'une culasse (deuxième partie principale) dans laquelle sont disposés les moyens nécessaires au fonctionnement de la combustion interne, notamment des moyens d'admission, des moyens d'échappement et éventuellement des moyens d'allumage. De l'autre côté, le bloc cylindres est recouvert d'un carter moteur dans lequel est logé un vilebrequin (troisième partie principale). Lorsque le moteur à combustion est du type de piston à mouvement de translation, par opposition au moteur à piston rotatif, le bloc moteur comporte au moins un cylindre délimité par une paroi cylindrique droite à l'intérieur duquel peut translater un piston relié par une biellette au vilebrequin. La culasse comprend, pour le cylindre ou pour chacun des cylindres, les moyens de distribution, par exemple au moins une soupape d'admission, au moins une soupape d'échappement et éventuellement une bougie d'allumage, ainsi que des moyens mécaniques pour la commande des soupapes. Et le carter moteur contient le vilebrequin et la biellette et le réservoir d'huile nécessaire à la lubrification du moteur. [0004 Quelque soit le type de fonctionnement d'un tel moteur à combustion interne, à savoir fonctionnement à deux temps, à quatre temps, à allumage par compression ou allumage commandé, ce fonctionnement comportera toujours, pour chacun des cylindres, une étape d'admission d'un combustible et de l'air nécessaire à la combustion, une étape de compression du mélange combustible/air, une étape de combustion interne du mélange combustible/air et une étape d'échappement du combustible brûlé. Ces quatre étapes sont organisées, par une architecture adéquate du moteur à combustion, en deux ou en quatre cycles. [0005i On comprend aisément que la conception du moteur à combustion interne et le choix du matériau en lequel il est réalisé sont déterminés essentiellement par les contraintes auxquelles le moteur est exposé pendant l'étape de combustion qui est une vraie explosion. [0006] Ainsi, il est proposé dans WO 2004/083474 de réaliser des bloc-cylindres et/ou des culasses à base de fonte à graphite lamellaire présentant une résistance en traction accrue. Ce document décrit en particulier l'utilisation d'une fonte à graphite lamellaire à matrice perlitique comprenant de 2,7 à 3,8% de carbone, de 1 à 2,2% de silicium, de 0,3 à 1,2 % de manganèse, de 0,02 à 0,1 % de phosphore, de 0,04 à 0,15% de soufre, de 0,05 à 0,15% d'étain, jusqu'à 1,5% de cuivre, jusqu'à 0,6% de chrome, jusqu'à 0,6% de molybdène et de 0,0095 à 0,016% d'azote. Ce dernier constituant est ajouté en vue d'augmenter la résistance à la traction de la fonte. L'utilisation d'une fonte pour réaliser le bloc-cylindres et/ou la culasse engendre un poids important ce qui n'est pas une solution intéressante en termes de recherche de performances du moteur. [000n En effet, la plupart des compromis trouvés pour l'architecture d'un moteur à combustion interne et montrant à la fois résistance aux contraintes et souplesse aux déformations, a trait à une conception selon laquelle le moteur (bloc-cylindres / culasse) est réalisé de préférence en un alliage léger, en général un alliage à base d'aluminium, et chacun des cylindres est pourvu d'une chemise de cylindre réalisée en un matériau résistant et déterminant l'alésage du cylindre. [0008] Cette chemise de cylindre peut être fixe ou mobile, et lorsqu'elle est fixe, elle peut être fixée durablement dans le bloc cylindres ou être amovible. [0009 L'avantage de la conception d'un moteur à combustion interne ayant un bloc cylindres à cylindres chemisés est de pouvoir bénéficier à la fois d'un moteur léger et souple et de cylindres rigides et notamment suffisamment résistants aux contraintes générées par l'explosion ainsi qu'à l'usure et au grippage qui peuvent être engendrés par l'ensemble piston / segments . [0010] Ainsi, les chemises sont à l'heure actuelle réalisées en fonte à graphite lamellaire à matrice perlitique et phosphoreuse, matériau qui diffère de la fonte présentée dans WO 2004/083474. Un tel matériau permet notamment de conférer une bonne résistance à l'usure et au grippage permettant de résister au frottement de l'ensemble piston / segments . [0011] Cependant, pour les moteurs essence et diesel qui devront répondre aux prochaines normes telles qu'Euro 5 et 6 et futures, l'accroissement des performances spécifiques à ces normes a pour conséquence une augmentation des sollicitations mécaniques des pièces. En particulier, il est alors nécessaire d'augmenter la résistance en traction et en fatigue des chemises, qui à l'heure actuelle n'est pas suffisante par rapport à ces normes. Mais il convient en outre de conserver les qualités premières de ces chemises à savoir une bonne conductivité thermique, une bonne usinabilité et une bonne résistance à l'usure et au grippage. [0012] Dans US 5 851 014, il est proposé de réaliser des chemises de cylindre réalisées en fonte à graphite lamellaire à matrice perlitique, comprenant de 2,99% de carbone, 4,61% de silicium, 0,77% de manganèse, de 0,53% de phosphore, de 0,039% de soufre, 1,86% de cuivre, 1,7% de chrome, 0,81% de vanadium, le reste étant du fer. Cette composition, pour augmenter sa résistance à l'usure, peut en outre comporter jusqu'à 8% en poids d'au moins l'un des éléments suivants : nickel, cobalt, molybdène, tungstène, aluminium, étain, azote fixé, titane, niobium, tantale et bore. Toutefois, ces additions ne visent qu'à améliorer la résistance aux frottements et ne proposent nullement d'améliorer la tenue mécanique des chemises ainsi réalisées. [0013] Dans la mesure où les fontes à graphite lamellaire présentent de nombreux avantages, il est souhaitable de pouvoir continuer à les utiliser. Or, les méthodes conventionnelles telles qu'addition d'éléments perlitisants, diminution du carbone équivalent, etc, permettant d'augmenter la résistance mécanique de telles fontes entraînent de sévères problèmes de coulabilité rendant leur exploitation difficile. [0014] Le but de l'invention est donc de proposer une chemise de cylindre en fonte à graphite lamellaire à matrice perlitique présentant une résistance en traction et en fatigue améliorée tout en préservant toutes les qualités attendues d'une telle fonte quant à sa conductivité, son usinabilité et sa résistance à l'usure et au grippage. [0015] L'invention a donc pour objet une chemise de cylindre pour l'habillage de la paroi cylindrique d'un cylindre d'un moteur à combustion interne, réalisée en fonte à graphite lamellaire à matrice perlitique comprenant du carbone, du silicium, du manganèse, du phosphore, du soufre, du chrome, caractérisé en ce que la teneur en phosphore de la fonte est comprise dans la plage de 0,2 à 0,5% et en ce que la fonte comprend en outre de l'azote dans une teneur comprise dans la plage de 95 à 160 ppm. [0016] De manière avantageuse, on obtient ainsi une chemise de cylindre présentant une tenue en fonctionnement améliorée dans le cas de moteurs plus chargés tout en conservant les propriétés attendues des fontes à graphite lamellaire en termes d'usinabilité et de coût de production, mais aussi en termes de qualités de résistance à l'usure et au grippage du fait de la teneur en phosphore. [0017] On a pu s'apercevoir de manière avantageuse que l'addition d'azote dans la teneur prévue selon l'invention permet entre 15 et 30% de gain sur la résistance mécanique de la chemise réalisée selon l'invention. Par ailleurs, l'addition d'azote modifie la forme des lamelles de graphite ce qui améliore la résistance en fatigue de la fonte : les lamelles deviennent moins longues, plus épaisses et ont des extrémités plus arrondies. [0018] En outre, cette addition d'azote selon l'invention permet d'améliorer la résistance mécanique sans prendre le risque de générer des défauts internes qui dégraderaient alors cette tenue mécanique comme cela pourrait être le cas si la teneur dépassait le teneur en azote définie dans l'invention. L'azote permet notamment de renforcer le caractère perlitique de la matrice. [0019] On décrira maintenant l'invention plus en détails à l'aide d'un exemple de réalisation d'une chemise de cylindre selon l'invention. [0020] Une chemise de cylindre selon l'invention est réalisée en fonte à graphite lamellaire à matrice perlitique, phosphoreuse et dopée en azote. Cette fonte comprend du fer, du carbone dont la teneur est comprise dans la plage de 2,7 à 3,8%, du silicium dont la teneur est comprise dans la plage de 1 à 3%, du manganèse dont la teneur est comprise dans la plage de 0,3 à 1,2%, du chrome dont la teneur est comprise dans la plage de 0,3 à 0,8%,du soufre dont la teneur est inférieure à 0,15°/0.. [0021] La fonte peut également comprendre, du nickel dont la teneur est inférieure à 1 %, et/ou du cuivre dont la teneur est inférieure à 1%, et/ou de l'étain dont la teneur est inférieure à 1%, et/ou du molybdène est inférieure à 1%. [0022] De préférence, le bore, le titane et l'aluminium doivent être considérés comme des impuretés dont la teneur respective doit être inférieure à 0,02%. En effet, ces éléments présentent une forte affinité avec l'azote et neutraliseraient son action dans la fonte. On évite ainsi la formation de nitrures de titane par exemple. [0023] De manière à présenter de bonnes qualités de résistance à l'usure et au grippage, la fonte contient de 0,2 à 0,5 % de phosphore tandis qu'un dopage en azote permet de renforcer la teneur en traction et en fatigue de cette fonte. [0024] L'addition d'azote est donc limitée à une teneur en azote de 95 à 160 ppm. L'ensemble des pourcentages sont exprimés en poids par rapport au poids total de la composition. [0025] Ainsi, l'invention permet d'obtenir une chemise dont la tenue en fonctionnement est améliorée dans le cas de moteurs plus chargés tout en conservant les propriétés des chemises liées aux fontes à graphite lamellaire.