DESCRIPTION
TITRE : LIANT CONTENANT UNE ARGILE
L' invention se rapporte au domaine des liants, notamment des liants pour produits de construction tels que des bétons et des mortiers. Traditionnellement, les bétons et mortiers comprennent des liants et des granulats. Les liants peuvent être organiques, en particulier à base de résines, mais sont le plus souvent des liants minéraux, hydrauliques ou non-hydrauliques. Les liants minéraux hydrauliques (c'est-à-dire des liants faisant prise de façon irréversible au contact de l'eau et pouvant durcir sous l'eau) sont le plus souvent des ciments tels que les ciments Portland (éventuellement additionnés d'au moins un autre produit choisi parmi les laitiers de haut fourneau granulés broyés ou les composés pouzzolaniques tels que les cendres volantes) , les ciments alumineux, les ciments suifo-alumineux . Les liants minéraux non-hydrauliques (c'est-à-dire des liants ne pouvant durcir sous l'eau) comprennent notamment la chaux aérienne et les liants gypseux (à base de sulfate de calcium) .
Il existe aujourd'hui un besoin de disposer de liants à la fois à faible empreinte carbone et non- irritants. La production des ciments Portland, mais aussi des ciments alumineux et suifo-alumineux, nécessite des traitements de cuisson à très haute température qui occasionnent d'importants rejets de dioxyde de carbone. Le ciment Portland est en outre irritant pour la peau et les yeux .
Afin de répondre à ce besoin, la présente invention a pour objet un liant comprenant :
au moins une argile crue comprenant au moins un minéral argileux, la teneur pondérale totale en minéral argileux allant de 1 à 60% par rapport au poids de liant, au moins un filler calcaire ou dolomitique,
au moins un agent rétenteur d'eau,
au moins un additif choisi parmi les agents floculants, les agents hydrofuges, les latex, les liants hydrauliques, les agents collants et les tensioactifs cationiques ,
à condition que, lorsque le liant comprend un liant hydraulique, la teneur pondérale totale en liant hydraulique soit inférieure à la teneur pondérale totale en minéral argileux.
Dans le présent texte, les teneurs indiquées pour les constituants du liant, respectivement du mortier, sont des teneurs pondérales exprimées relativement au poids total de la composition de liant, respectivement de la composition de mortier.
De manière surprenante, il s'est avéré que l'utilisation d'argile crue comme liant majoritaire, avec peu ou pas de liant hydraulique, permettait d'atteindre de bonnes performances. Dans le cas par exemple des colles à carrelage, de bonnes valeurs d'adhérence par traction sont obtenues. Bien que dépourvues de propriétés d' hydraulicité, les argiles crues se sont révélées capables de lier de manière très efficace les granulats de mortier ou de béton.
On entend par argile un matériau pulvérulent comprenant majoritairement au moins un minéral argileux. L'argile peut être constituée d'un minéral argileux ou de plusieurs minéraux argileux. Alternativement, l'argile peut contenir, en plus d'un ou plusieurs minéraux argileux, d'autres minéraux, tels que par exemple du quartz, du
feldspath, du mica etc... C'est en particulier le cas lorsque l'argile est obtenue par broyage d'une roche argileuse. L'argile peut également provenir de terres excavées, notamment au cours d'activités de construction.
Les minéraux argileux sont des aluminosilicates hydratés de la famille des phyllosilicates . Au moins un minéral argileux est de préférence choisi parmi la kaolinite, les smectites (notamment la montmorillonite, la saponite ou la beidellite) , l'illite, la sépiolite, 1 ' attapulgite (aussi appelée palygorskite) , l'hectorite et la laponite. L'argile ne comprend de préférence pas de minéral argileux fibreux.
Les minéraux argileux présentent une structure en feuillets bidimensionnels constitués de deux types de couches (tétraédriques et octaédriques) reliées par leurs sommets. Dans les couches tétraédriques, les atomes de silicium sont entourés par quatre atomes d'oxygène, tandis que dans les couches octaédriques, des atomes d'un métal tel que l'aluminium sont entourés par six atomes d'oxygène. De par leur structure à très grande surface spécifique, les argiles présentent une capacité à admettre de nombreux échanges de cations ou anions par insertion dans le réseau interfoliaire ou par adsorption en surface des feuillets. Dans le cas de la kaolinite, la capacité d'échange ionique reste faible et l'espace interfoliaire est occupé par des molécules d'eau et maintenu par des liaisons hydrogènes entre les groupes hydroxyles des feuillets octaédriques et l'oxygène des feuillets tétraédriques. Dans le cas des smectites, la capacité d'échange ionique est plus élevée car le cation aluminium dans la couche octaédrique du feuillet est partiellement substitué par un cation divalent du type magnésium. Dans ce cas, la charge globale, négative, est contrebalancée par des ions sodium et/ou calcium dans l'espace interfoliaire. Les couches étant
maintenues ensemble par des forces relativement faibles, l'eau et d'autres molécules polaires peuvent pénétrer dans l'espace interfoliaire, entraînant le plus souvent une variation dimensionnelle de l'ensemble du matériau.
Au moins une argile crue est de préférence choisie parmi les kaolins et les bentonites, notamment les bentonites de sodium, de calcium ou de magnésium. Les bentonites contiennent principalement de la montmorillonite .
Le liant peut contenir plusieurs argiles ou plusieurs minéraux argileux. Dans tous les cas, c'est la teneur pondérale totale en minéral argileux qu' il faut considérer, c'est-à-dire la somme des teneurs pondérales respectives de chacun des minéraux argileux compris dans la composition de liant.
La teneur pondérale totale en minéral argileux dans le liant est de préférence d'au moins 2%, notamment d'au moins 3% ou d'au moins 4%, voire d'au moins 5%. Des teneurs d'au moins 10%, notamment d'au moins 12% et même d'au moins 14% sont préférées. Elle est de préférence d'au plus 50%, notamment d'au plus 40%, voire d'au plus 30% ou d'au plus 25%. Il a par exemple été observé que de bonnes valeurs d'adhérence par traction, utiles lorsque le liant est utilisé dans la composition d'une colle à carrelage, étaient obtenues même pour de faibles teneurs en minéral argileux, de l'ordre par exemple de 10 à 30%, ce qui démontre une capacité étonnamment élevée des argiles crues à lier les granulats.
Par « filler » on entend un matériau pulvérulent ayant une distribution granulométrique volumique telle que la valeur de d90 est inférieure à 250 ym. De préférence, la valeur de d50 est inférieure à 20 ym, notamment à 10 ym. La distribution granulométrique peut être déterminée par granulométrie laser.
Le calcaire est composé principalement de carbonate de calcium (calcite) et la dolomie de carbonate de calcium et de magnésium (dolomite) . De préférence le filler calcaire, respectivement dolomitique, comprend au moins 80% en poids, notamment au moins 90% en poids, de calcite, respectivement de dolomite.
Sans vouloir être lié par une quelconque théorie scientifique, il semblerait que les fillers calcaire et dolomitique aient un effet de stabilisation de l'argile, en apportant des ions alcalino-terreux qui vont compenser les charges de l'argile. Les fillers jouent donc un rôle actif dans le liant selon l'invention.
La teneur pondérale en fillers calcaire et/ou dolomitique dans le liant est de préférence comprise entre 10 et 90%, notamment entre 20 et 80%, voire entre 30 et 75%, bornes incluses.
L'agent rétenteur d'eau est de préférence un éther de cellulose ou un éther d'amidon. Il permet d'améliorer la consistance, notamment l' ouvrabilité, du béton ou mortier final avant application. L'agent rétenteur d'eau permet en outre d'éviter un dessèchement trop rapide de l'argile. L'éther de cellulose est également un agent épaississant et améliore les propriétés d'adhérence du mortier final. La teneur pondérale totale en agent rétenteur d'eau dans le liant est de préférence comprise entre 0,01 et 10% notamment entre 0,05 et 5%, voire entre 0,1 et 3%, bornes incluses .
Le liant comprend en outre au moins un additif choisi parmi les agents floculants, les agents hydrofuges, les latex, les 1iants hydrauliques, les agents collants et les tensioactifs cationiques. Il peut comprendre un mélange de plusieurs de ces additifs, par exemple un mélange d'un ou plusieurs agents floculants et d'un ou plusieurs agents hydrofuges, un mélange d'un ou plusieurs agents floculants
et d'un ou plusieurs latex, un mélange d'un ou plusieurs agents hydrofuges et d'un ou plusieurs latex, ou un mélange de ces six additifs.
La teneur pondérale totale en ces additifs dans le liant est de préférence comprise entre 0,05 et 40%, notamment entre 1 et 30%, voire entre 2 et 20% ou entre 3 et 10%, bornes compr ses .
L'agent floculant, en favorisant l' agrégation des particules d'argile, améliore la cohésion du liant argileux, et donc les propriétés mécaniques du béton ou mortier final.
L'agent floculant est de préférence un polymère polycationique, notamment un polyammonium quaternaire. Cet agent est particulièrement efficace lorsqu'au moins une argile crue est une bentonite, probablement parce que cette dernière est relativement chargée. Sans vouloir être lié par une quelconque théorie scientifique, il semblerait que le polymère polycationique soit capable, en s'adsorbant sur les feuillets, de ponter plusieurs particules entre elles.
Le polyammonium quaternaire possède de préférence une masse moléculaire comprise entre 10 000 et 1 000 000. Il peut être obtenu par réaction de polycondensation entre l'épichlorhydrine et une amine primaire ou secondaire, par exemple la diméthylamine . La fonction ammonium quaternaire (site cationique) est alors située sur la chaîne principale du polymère. Alternativement, la fonction ammonium quaternaire peut être située sur des chaînes latérales. Le polyammonium quaternaire peut dans ce cas être obtenu par réaction d'un chlorure d'allyle et de diméthylamine.
La teneur pondérale en polymère polycationique dans le liant est de préférence comprise entre 0,05 et 30%, notamment entre 0,2 et 15%, voire entre 0,5 et 5%.
L'agent floculant peut également être une source de cations polyvalents. Le cation polyvalent est de préférence un cation alcalino-terreux, de préférence le calcium, voire le magnésium . D' autres cations polyvalents sont notamment 1 ' aluminium, le zinc et le fer. La source de cations polyvalents est de préférence un hydroxyde (par exemple 1 ' hydroxyde de calcium) ou un sel, notamment un sel inorganique, tel qu'un sulfate, un nitrate ou encore un chlorure .
La teneur pondérale totale en source de cations polyvalents dans le liant, notamment en sel ou en hydroxyde de calcium, est de préférence comprise entre 0,05 et 30%, notamment entre 1 et 20%, voire entre 2 et 10%, bornes comprises .
Les sources de cations polyvalents sont particulièrement efficaces lorsqu'au moins une argile crue contient de la kaolinite.
L'agent hydrofuge permet d'améliorer la résistance à l'eau, et notamment l'adhérence par traction du mortier après immersion dans l'eau, ce qui est particulièrement avantageux pour les applications comme colle à carrelage. Il est de préférence choisi parmi les cires, les silicones (par exemple le polydiméthylsiloxane) , les silanes, et les stéarates et oléates de zinc, de calcium, de magnésium ou de sodium. La cire est de préférence sous forme de poudre micronisée, avec un d50 de 2 à 50 ym. La cire est par exemple une cire de paraffine. La teneur pondérale totale en agent hydrofuge dans le liant est de préférence comprise entre 0,05 et 30%, notamment entre 1 et 25%, voire entre 2 et 20 ou entre 3 et 15%, bornes incluses.
Par « latex », on entend une dispersion aqueuse polymérique ou une poudre capable de former une telle dispersion (poudre redispersible) . Le latex est de préférence à base d'un copolymère d'éthylène et d'acétate
de vinyle, d'un copolymère d'éthylène et de versatate de vinyle ou d'un copolymère de styrène et de butadiène. Le latex possède un effet filmogène qui améliore la flexibilité à l'état durci du mortier ou du béton final ainsi que ses propriétés d'adhésion. La teneur pondérale en latex dans le liant est de préférence comprise entre 0,05 et 30%, notamment entre 0,5 et 20%, voire entre 1 et 10%, ou entre 2 et 5%, bornes comprises.
Par liant hydraulique au sens de l'invention on entend un liant choisi parmi :
- les ciments Portland,
- les laitiers de haut-fourneau granulé broyés avec activateur,
- les cendres volantes de classe C,
les ciments alumineux,
- les ciments suifo-alumineux,
- les ciments bélitiques,
la chaux hydraulique,
- les ciments de phosphates (par exemple les ciments phospho-magnésiens ) .
Par « ciment Portland », on entend non seulement les ciments CEM I mais aussi les ciments Portland composés (CEM II, incluant les ciments Portlands au laitier, à la fumée de silice, à la pouzzolane, aux cendres volantes, aux schistes calcinées, au calcaire) , les ciments de haut fourneau (CEM III), les ciments pouzzolaniques (CEM IV) et les ciments composés (CEM V), au sens de la norme EN 197-1.
Les laitiers de haut-fourneau granulés broyés ne sont considérés comme liants hydrauliques qu'en présence d'activateurs, par exemple des activateurs alcalins tels que le silicate de sodium ou le carbonate de sodium. Un mélange activateur préféré contient du silicate alcalin, du tripolyphosphate alcalin et une source d' alcalino-terreux, par exemple de la chaux.
La teneur pondérale totale en liant hydraulique dans le liant correspond à la somme des teneurs pondérales respectives en chacun de ces composés ou mélanges de composés (y compris, le cas échéant, l'activateur du laitier de haut-fourneau) .
La teneur pondérale totale en liant hydraulique peut être nulle.
Afin d'améliorer les performances après immersion dans l'eau du mortier ou béton final, le liant comprend avantageusement au moins un des liants hydrauliques précités, ou un mélange de plusieurs des liants hydrauliques précités. A titre d'exemple, la présence de ciment alumineux est particulièrement bénéfique.
La teneur pondérale totale en liant hydraulique dans le liant est de préférence d'au plus 25% ou d'au plus 20%, notamment d'au plus 15% ou d'au plus 10%, voire d'au plus 4% ou d'au plus 2%. Elle peut être avantageusement d'au moins 1%, notamment d'au moins 2%, voire d'au moins 4%.
Le rapport entre la teneur pondérale totale en liant hydraulique et la teneur pondérale totale en minéral argileux est de préférence d'au plus 0,9, notamment d'au plus 0,8 et même d'au plus 0,7 ou d'au plus 0,6. Il peut être avantageusement d'au moins 0,1, notamment d'au moins 0,2.
De préférence, le liant est soit exempt de ciment Portland, soit en contient mais en une teneur pondérale d'au plus 2%, notamment d'au plus 1%, afin de réduire les propriétés irritantes. Cette teneur peut avantageusement être nulle. Une teneur d'au moins 0,2%, notamment d'au moins 0,4%, par exemple comprise entre 0,6 et 2% est toutefois bénéfique du point de vue des propriétés du mortier ou béton final après immersion dans l'eau, sans
trop impacter négativement le caractère irritant du mortier ou du béton.
Les agents collants sont de préférence choisis parmi l'amylose, 1 ' amylopectine et leurs dérivés. L'ajout d'amidon, par exemple de blé, permet d'apporter ces deux agents. Il peut s'agir d'amidon modifié afin de changer sa température de gélatinisation et son impact sur la viscosité. L'amidon peut avoir subi une étape de pré gélatinisation. Les agents collants permettent d'améliorer les performances mécaniques et la résistance à l'eau des liants .
Les tensioactifs cationiques permettent de stabiliser le liant en milieu humide, notamment par intercalation entre les feuillets des argiles chargées ou par adsorption en surface des feuillets, rendant hydrophobes les surfaces d'échange des argiles.
Les tensioactifs cationiques sont de préférence des sels (notamment iodures ou bromures) d'ammonium quaternaire ou de phosphonium. On peut citer notamment les sels de tétraéthylphosphonium, de tétrabutylphosphonium, de tétrahexylphosphonium, de tétraoctylphosphonium, le bromure de cétyltriméthylammonium, le bromure de tétradécyltriméthylammonium, le dichlorure de butyldiammonium, le bromure d' hexadécyltriméthylammonium, le chlorure de diallyldiméthylammonium, le chlorure de dodécyltriméthylammonium, l'acétate de tétraméthylammonium, le chlorure de benzyltriéthylammonium, le bromure de tétraéthylammonium, le chlorure de tétra-n-butylammonium.
Le liant peut être sous forme d'un mélange de poudres sèches, prêt à gâcher, avec éventuellement ajout de granulats pendant ou avant le gâchage. Dans ce cas le latex est présent dans le mélange sous forme d'une poudre redispersible .
L'invention a aussi pour objet un produit de construction, notamment un béton ou un mortier comprenant un liant selon l'invention, et éventuellement des granulats. Le produit de construction peut également être un produit préfabriqué.
Le mortier est de préférence un mortier pour enduit de façade, un mortier-colle, une chape, un mortier pour couche de base d'un système d'isolation par l'extérieur ou un mortier de j ointoiement . Le mortier selon l'invention est de préférence un mortier-colle, plus précisément une colle à carrelage. Le mortier est de préférence sous forme d'un mélange de poudres sèches, prêt à gâcher avec un liquide de gâchage, en particulier de l'eau. Le taux de gâchage est de préférence compris entre 5 et 40%, notamment entre 10 et 30%, bornes comprises.
De préférence, le béton ou le mortier ne comprend pas d'autre liant que le liant selon l'invention. Avantageusement, le béton ou le mortier consiste en le liant selon l'invention et des granulats.
Les granulats sont de préférence des sables, notamment de nature siliceuse ou calcaire. La teneur pondérale totale en granulats dans le mortier ou le béton (à l'exclusion des fillers calcaire ou dolomitiques , qui font partie du liant) est de préférence comprise entre 5 et 85%, notamment entre 10 et 70%, bornes comprises.
Les sables calcaire sont préférés car ils permettent d'obtenir, dans le cadre d'une application comme mortier- colle, une bien meilleure adhérence par traction après immersion dans l'eau. Sans vouloir être liés par une quelconque théorie scientifique, il semblerait que les ions calcium apportés par les sables calcaire pourraient influencer la compacité de l'argile et que l'absorption d'eau par les particules de calcaire pourrait renforcer le
réseau argileux du fait des liaisons hydrogène causées par l'eau absorbée.
Le mortier est de préférence un mortier sec.
Le mortier, notamment mortier sec, comprend de préférence de 2 à 10%, notamment de 3 à 8%, de minéral argileux, de 10 à 30%, notamment de 12 à 25% de filler calcaire ou dolomitique et de 50 à 85%, notamment de 55 à 80% de sable, notamment calcaire. La teneur en agent rétenteur d'eau est de préférence comprise entre 0,1 et 1%. Le mortier comprend de préférence un latex en une teneur pondérale comprise entre 1 et 5%. Le mortier comprend de préférence un agent hydrofuge en une teneur comprise entre 2 et 8% .
Le liant ou le béton ou mortier peut comprendre d'autres additifs, par exemple des fibres (minérales ou organiques, par exemple des fibres de verre, de cellulose, des fibres naturelles, telles que des fibres de lin ou de chanvre) , des granulats légers (par exemple perlite, vermiculite, argile calcinée expansée, verre expansé) , des agents réducteurs d'eau (notamment des plastifiants ou des superplastifiants, tels que lignosulfonates , polycarboxylates , polymélaminesulfonates , polynaphtalène- sulfonates) , des pigments, des biocides, des surfactants, des super-absorbants (par exemple à base de polyacrylates de sodium) .
La teneur pondérale en fibres dans le béton ou mortier est de préférence d'au plus 10%, notamment 5%.
Le liant selon l'invention, par les bonnes performances qu' il confère aux mortiers en termes d'adhérence par traction, est particulièrement bien adapté à la réalisation de colles à carrelage.
L' invention concerne donc également un procédé de réalisation d'un carrelage sur un support, comprenant une
étape dans laquelle on applique, sur les carreaux ou dalles dudit carrelage et/ou sur ledit support, au moins une couche d'une pâte obtenue par gâchage avec un liquide de gâchage d'un mortier-colle selon l'invention ou d'un mortier-colle comprenant un liant selon l'invention. L'invention concerne aussi l'utilisation d'un mortier-colle selon l'invention ou d'un mortier-colle comprenant un liant selon l'invention comme colle à carrelage, pour coller des carreaux ou dalles d'un carrelage sur un support.
Le support est typiquement un mur ou une cloison, ou un sol, par exemple une chape.
Les carreaux ou dalles du carrelage peuvent être en matériaux divers, tels que céramique, grès, ciment, pierre, marbre, etc. La colle peut par exemple être appliquée au moyen d'un peigne à colle, d'une taloche, d'une truelle ou d'une spatule crantée.
Le liant est également bien adapté pour la réalisation d'une couche de base d'un système d'isolation par l'extérieur. Un tel système comprend depuis la paroi à isoler - typiquement une paroi maçonnée, un panneau isolant (par exemple en laine minérale ou en polystyrène) collé ou fixé mécaniquement à ladite paroi, une couche de base incorporant une armature typiquement en fibres de verre, puis au moins un enduit en finition.
Les exemples qui suivent illustrent l'invention de manière non limitative. Les compositions ainsi que leurs propriétés sont reproduites dans les tableaux 1 à 7 ci- après. Les exemples dont la référence commence par la lettre C sont des exemples comparatifs.
Les tableaux indiquent des compositions de mortiers secs obtenus en mélangeant des liants selon l'invention avec des granulats (en l'occurrence des sables siliceux ou calcaire) . Les teneurs sont donc exprimées en pourcentages
pondéraux par rapport au poids total de la composition de mortier. La composition sèche de mortier est ensuite gâchée avec de l'eau, le taux de gâchage correspondant à la quantité d'eau ajoutée par rapport au poids de la composition sèche de mortier.
Les mortiers exemplifiés sont particulièrement adaptés en tant que colles à carrelage. L'adhérence par traction est mesurée selon la norme EN 12004-2, après 7 jours sauf indications contraires. Le carrelage utilisé est un carreau de type Bla au sens de la norme EN 14411, présentant par conséquent une absorption d'eau d'au plus 0,5%.
La cire 1 est une cire micronisée Ceretan MX 2919 commercialisée par la société Münzig. La cire 2 est une cire commercialisée sous la référence HydroWax 170 par la société Sasol Wax.
Le latex 1, à base de copolymère d'éthylène et d'acétate de vinyle, est commercialisé sous la référence Vinnapas 5010 N par la société Wacker. Le latex 2, à base de copolymère de styrène et d'acrylate, est commercialisé sous la référence Acronal S735P par la société BASF. Ces deux latex sont sous forme de poudre redispersible .
Le produit appelé « Polycation » est un agent floculant de type polyammonium quaternaire commercialisé sous la référence Floset EVA 45P par la société SNF.
Le ciment Portland est un ciment CEM I 52,5 R de la société Heidelberg. Le ciment alumineux est commercialisé par la société Kerneos sous la référence Ternal White.
La « bentonite Na » est une bentonite de sodium et la « bentonite Mg » une bentonite de magnésium.
Le filler calcaire 1 possède un dlO de 1,8 ym, un d50 de 8,8 ym et un d90 de 34 ym. Le filler calcaire 2
possède un dlO de 1,6 ym, un d50 de 5,2 ym et un d90 de 21 ym.
Les sables siliceux se distinguent par leur granulométrie. Le sable 1 possède un dlO de 260 ym, un d50 de 520 ym et un d90 de 820 ym. Le sable 2 possède un dlO de 180 ym, un d50 de 280 ym et un d90 de 450 ym. Le sable 3 possède un dlO de 85 ym, un d50 de 154 ym et un d90 de 273 ym. Le sable 1 est donc le plus grossier et le sable 3 le plus fin.
Le sable calcaire possède un dlO de 11 ym, un d50 de
78 ym et un d90 de 275 ym.
Tableau 1
Tableau 2
Tableau 3
Tableau 4
Les exemples comparatifs Cl à C4 ne permettent pas d'atteindre les performances requises en termes d'adhérence par traction pour les colles à carrelage (minimum de 0,5 N/mm2), contrairement aux exemples selon l'invention.
En l'absence d'argile (exemple Cl) ou d'éther de cellulose (exemple C2), le mortier ne possède aucune propriété adhésive. L'adhérence est presque inexistante dans le cas de l'exemple C3, lequel contient une très grande quantité d'argile crue et pas de filler calcaire. L'absence d'additif ne permet pas à l'exemple C4 d'atteindre de bonnes performances.
Des essais de résistance mécanique après immersion dans l'eau ont également été réalisés. Pour ce faire, des éprouvettes parallélépipédiques de 2*2*10 cm3 ont été réalisées en faisant durcir pendant 14 jours les compositions de mortier dans des moules, puis en immergeant
les éprouvettes dans l'eau pendant 3, 7 et 14 jours. La résistance à l'indentation est mesurée au moyen d'un pénétromètre et correspond à la force à exercer pour enfoncer un indenteur conique à travers l'éprouvette. Les compositions testées sont reportées dans le tableau 5 ci- après. La composition de l'exemple 12 correspond à celle de l'exemple comparatif C5 avec ajout, par rapport à cette dernière, de 5% de cire et 5% de ciment alumineux.
Tableau 5
Dans le cas de l'exemple C5 (comparatif), la résistance à l'indentation est nulle. Pour l'exemple 12 en revanche, la résistance à l'indentation est de 0,3 N/mm2 après 3, 7 et 14 jours d'immersion. La résistance à l'indentation après 3 jours d'immersion est de 0,6 N/mm2 dans le cas de l'exemple 13. L'ajout de liant hydraulique permet donc d'améliorer considérablement les propriétés mécaniques après immersion dans l'eau.
Tableau 6
Les exemples du tableau 6 montrent l'effet bénéfique des sables calcaire par rapport aux sables siliceux sur l'adhérence par traction après immersion dans l'eau.
L'ajout du latex, de même que l'utilisation d'un sable siliceux plus fin, permet d'améliorer l'adhérence par traction .
Le tableau 7 compare différentes argiles entre elles.
Tableau 7