Micro-capteur réalisé en technologies microsystèmes pour la mesure et/ou la détection de l'encrassement
L'invention concerne un capteur et un système de mesure ou de détection de l'encrassement d'un réacteur ou d'une conduite contenant un fluide.
Sur les sites industriels, on trouve différents types d'installations dans lesquelles circulent des fluides de natures diverses.
Ces installations comprennent des conduites dans lesquelles circulent des fluides et peuvent comprendre également des réacteurs comme par exemple des échangeurs thermiques
Dans ce cas précis, l'encrassement de telles installations peut s'avérer préjudiciable dans la mesure où il est susceptible d'affecter les performances de l'installation (par exemple le rendement d'un processus industriel). En outre, lorsqu'un encrassement se forme sur la paroi interne d'une conduite ou d'un réacteur, il convient de procéder à son nettoyage au bon moment.
Il faut toutefois que cet encrassement soit décelable en continu par les opérateurs ou le personnel de maintenance de l'installation afin de pouvoir apprécier, dans le cadre d'une maintenance préventive, le meilleur moment pour réaliser les nettoyages.
En tout état de cause, les encrassements provoquent irrégulièrement l'arrêt de l'installation et ce, pendant une durée parfois indéterminée, ce qui pénalise fortement le déroulement du processus industriel. Ces interventions peuvent représenter des tâches pénibles pour le personnel, d'autant plus si l'encrassement n'a été détecté que tardivement et si son épaisseur est trop importante.
Ce désencrassement présente un coût économique non négligeable puisqu'il convient d'intégrer au coût des opérations de maintenance le coût induit par l'arrêt temporaire de l'exploitation.
On notera également qu'au fur et à mesure que les échangeurs thermiques s'encrassent, il s'ensuit une perte d'efficacité progressive, avant un
arrêt de fonctionnement potentiel de l'installation ou de la partie de l'installation comprenant ces échangeurs.
Par ailleurs, dans les réseaux d'eau chaude sanitaire et dans les tours aéroréfrigérées industrielles ouvertes, des bactéries peuvent se développer à l'intérieur du réseau et du circuit de refroidissement.
De même, un risque de contamination par les légionelles est envisageable.
Actuellement, il convient de procéder à un contrôle régulier des installations en prévoyant des points de piquage dans les conduites ou dans les réacteurs où circulent les fluides qui sont susceptibles de provoquer un encrassement.
Ces points de piquage permettent également de prélever des échantillons, puis de les analyser en laboratoire afin d'obtenir soit une mesure de l'encrassement soit une analyse du type d'encrassement formé (nature, composition...).
Sur certains sites industriels on utilise, pour mesurer l'épaisseur de la couche d'encrassement formée à l'intérieur des parois d'une conduite ou d'un réacteur, des méthodes faisant intervenir une mesure de la perte de charge qui se produit entre deux points espacés dans le sens de l'écoulement du fluide. On peut également utiliser des méthodes mesurant les différences de température entre ces points.
Ces dernières mesures présentent toutefois de réels inconvénients dans la mesure où :
- elles ne permettent pas d'obtenir une information locale, - elles manquent de réactivité mais également de sensibilité et d'étendue de la gamme de mesure.
On connaît d'après le document FR 2 885 694 une méthode de mesure de l'encrassement dans un réacteur ou une conduite qui utilise deux sondes de température. Plus particulièrement, ces deux sondes sont introduites dans une conduite respectivement grâce à deux points de piquage et l'une de ces sondes
mesure la température du fluide, tandis que l'autre sonde mesure la température en paroi d'un générateur de chaleur.
Selon cette méthode, on s'arrange en premier lieu pour obtenir une différence de température entre la température de paroi et la température du fluide aussi proche de zéro que possible. Ensuite, le générateur de chaleur émet un flux thermique tandis que l'on mesure au cours du temps l'écart de température entre la température de paroi et celle du fluide, l'état d'encrassement du réacteur étant déterminé à partir de la mesure de cet écart de température.
Cette méthode et le système associé présentent toutefois certains inconvénients limitant leur utilisation en milieu industriel.
En particulier, la présence de deux points de piquage physique sur une conduite ou un réacteur représente toujours pour un industriel une contrainte d'installation assortie d'un coût non négligeable.
En outre, deux sondes de température, même si elles sont du même type, présentent toujours une certaine dérive de fonctionnement l'une par rapport à l'autre en raison par exemple de dispersions qui interviennent lors de la fabrication.
Du fait de ces dérives, les deux sondes n'ont pas le même comportement l'une par rapport à l'autre vis-à-vis d'une même température du milieu dans lequel elles sont plongées.
De plus, la sonde de température qui sert de référence (celle qui mesure la température du fluide) peut elle-même s'encrasser, ce qui introduit une dérive supplémentaire par rapport à l'autre sonde de température.
En raison, également, des différences de cinétique (ou dynamique) de réponses entre les deux sondes de température, on peut alors constater un écart de température entre les deux sondes alors que, théoriquement, un tel écart de température ne devrait pas se produire.
Ensuite, la méthode utilisée dans le document précité impose toute absence de variation de la température du fluide dans lequel sont plongés les deux éléments de mesure de température séparés. Or, cela réduit grandement le champ d'applications dans la mesure où la plupart des procédés industriels et/ou
des procédés de traitement de l'eau modifient et perturbent sans cesse la température moyenne du milieu.
Enfin, la méthode utilisée, en imposant des conditions initiales, nécessite à la fois un traitement a posteriori des informations enregistrées ainsi qu'une vérification systématique des conditions avant toute utilisation. Cela rend donc cette méthode inutilisable pour des applications en continu ou pour un fonctionnement à long terme (24h/24). Au mieux, l'accès à l'écart de température (dérive thermique) est observable sur la période de mesure envisagée et programmée. Les inconvénients qui viennent d'être cités peuvent ainsi conduire à des mesures erronées de l'encrassement et donc à un manque de fiabilité de la méthode utilisée. En outre, en raison du mode opératoire et des éléments constitutifs du dispositif physique le nombre d'applications possibles est restreint.
La Demanderesse s'est aperçue qu'il serait intéressant de pouvoir disposer d'un nouveau capteur de détermination d'encrassement de conception simplifiée et qui fournisse des mesures fiables dans le temps.
La présente invention a ainsi pour objet un micro-capteur de mesure ou de détection d'encrassement, pouvant être réalisé selon les technologies de fabrication de la micro-électronique (ex : technologies microsystèmes). Plus particulièrement, l'invention a pour objet un capteur de mesure et/ou de détection d'un encrassement se formant directement ou indirectement sur une face dite avant du capteur, caractérisé en ce qu'il comprend sous la forme d'une pluralité de couches superposées :
- au moins un élément chauffant qui est apte à diffuser, sur commande, un flux thermique homogène contrôlé dont la puissance thermique est sensiblement inférieure à 200 mW,
- un isolant thermique disposé du côté opposé à la face avant du capteur pour empêcher la dissipation du flux thermique dudit côté opposé,
- au moins un élément de mesure de température qui est placé dans le flux thermique homogène diffusé par ledit au moins un élément chauffant et qui offre une précision de mesure de température meilleure que 0,1 °C,
- un substrat sur lequel sont rapportées les couches desdits au moins un élément chauffant et au moins un élément de mesure de température.
Un capteur dont le ou les éléments chauffants génèrent une faible puissance thermique, par exemple inférieure ou égale à 200 mW (de préférence inférieure à 100 mW, et par exemple comprise entre 1 et 50 mW) et dont le ou les éléments de mesure de température placés dans la partie homogène du flux thermique (au cœur du flux, c'est-à-dire le plus loin possible des bords du ou des éléments chauffants pour s'affranchir des effets de bord) offrent une grande précision, par exemple meilleure que 0,1 °C (de préférence meilleure que 0,01 °C, et par exemple comprise entre 0,005 et 0,01 °C) est particulièrement avantageux dans la mesure où il est très sensible, très réactif et très fiable.
Les caractéristiques des éléments constitutifs de ce capteur énoncées ci-dessus sont liées au fait que ce capteur possède de très faibles dimensions (capteur microsystème). Il peut par exemple être fabriqué par des technologies de fabrication utilisées en micro-électronique et consistant à réaliser les éléments fonctionnels sous la forme de couches déposées l'une au dessus de l'autre sur un substrat ou de part et d'autre de celui-ci selon l'agencement souhaité. L'utilisation des technologies collectives de fabrication de la microélectronique (MEMS) permet de fabriquer, par exemple sur un disque de silicium ou « wafer », un grand nombre de capteurs, notamment de plusieurs centaines à plusieurs milliers. Ainsi, la reproductibilité est assurée, à la fois, entre deux séries de fabrication mais également au sein d'une même série de fabrication. Les capteurs ou composants obtenus sont ainsi identiques et possèdent les mêmes caractéristiques.
Les capteurs ainsi fabriqués en série sont donc plus fiables dans leur fonctionnement et moins onéreux à produire.
En outre, dans un tel capteur comprenant plusieurs couches d'éléments fonctionnels, ces éléments se trouvent particulièrement proches les uns des autres et possèdent donc des dimensions réduites de l'ordre du micromètre.
De ce fait, la consommation énergétique des éléments pris séparément et du capteur dans son ensemble s'en trouve fortement réduite.
Par comparaison avec une structure de capteur reprenant les mêmes éléments fonctionnels mais qui ne serait pas réalisée en technologies microsystèmes :
- le micro-capteur est plus réactif au flux thermique diffusé par le ou les éléments chauffants car les pertes thermiques sont réduites ;
- le ou les éléments de mesure sont bien plus sensibles dans le capteur miniaturisé (par exemple cent fois plus sensibles) ; - le capteur microsystème présente une plus grande sensibilité à la mesure de l'épaisseur d'une couche d'encrassement (par exemple de l'ordre de quelques μm au lieu de quelques centaines de μm).
Par ailleurs, dans la mesure où le capteur est très sensible, le flux thermique diffusé par le ou les éléments chauffants peut être fortement réduit et il est donc évacué très facilement par le milieu dans lequel est placé le capteur.
Ainsi, lorsque le capteur est placé dans un fluide ou au contact d'un fluide, le débit de ce dernier peut être très faible, voire nul, et le flux thermique généré par le capteur sera malgré tout dissipé de façon satisfaisante par le fluide. D'autres technologies de fabrication peuvent être utilisées (sérigraphie, nanotechnologies...) pour fabriquer un micro-capteur et obtenir les mêmes avantages ou des avantages similaires.
On notera que le capteur selon l'invention est capable de déterminer de façon particulièrement efficace l'encrassement formé sur la face extérieure de ce dernier lorsqu'elle est placée dans un fluide ou en contact avec un fluide. Par « détermination » de l'encrassement, on entend la mesure d'une épaisseur de couche d'encrassement formée sur le capteur et/ou la détection d'une couche d'encrassement en cours de formation.
La mesure de température est locale et non globale en raison des faibles dimensions de l'élément de mesure et l'élément de mesure de température mesure la température de l'endroit où il se trouve.
On notera qu'un tel capteur offre une plus grande réactivité lorsque l'élément de mesure de température est directement au contact du fluide puisqu'il
n'y a pas de résistance thermique due à l'interface entre l'élément de mesure de température et le fluide.
Le capteur est ainsi plus rapide et plus sensible qu'en présence de l'interface. En outre, le ou les éléments chauffants dissipent une puissance thermique très faible afin de ne pas chauffer le fluide, ni de provoquer une élévation de température pariétale susceptible d'engendrer la formation d'encrassement (tartre...).
Ainsi, on mesure des phénomènes d'encrassement se produisant de façon naturelle et non provoquée par le dispositif de mesure.
Par ailleurs, cette faible puissance thermique est donc naturellement évacuée dans le fluide, ce qui permet au capteur d'être utilisé en milieu stagnant ou lors de l'interruption de la circulation du fluide.
Toutefois, la puissance thermique doit être suffisamment significative afin que l'élément de mesure de température puisse délivrer un signal utile.
On notera que ce capteur fonctionne avec un seul ou avec plusieurs éléments de mesure de température.
Par ailleurs, le capteur selon l'invention est apte à fournir des mesures en continu et en temps réel, quelles que soient les évolutions des conditions du milieu de mesure (température du fluide non maîtrisée).
Pour réaliser la fonction de mesure et/ou de détection, le capteur fait partie d'un système qui comprend des moyens de fourniture d'énergie aux éléments fonctionnels du capteur et des moyens de traitement des données fournies par ces éléments. Le système comprend, en outre, éventuellement des moyens d'affichage des résultats (exemple : courbe de mesure de la température mesurée en fonction du temps, courbe d'épaisseur d'encrassement en fonction du temps...) et/ou des moyens de transmission à distance d'informations relatives aux données quantitatives (température, épaisseur, ...) et/ou qualitatives (présence ou absence d'encrassement...). Selon une caractéristique, le capteur selon l'invention fait partie d'un système qui est destiné à mesurer et/ou à détecter l'encrassement formé ou en cours de formation à l'intérieur d'un contenant renfermant un fluide. Un tel
contenant est, par exemple, un réacteur ou une conduite véhiculant un fluide. On notera que la mesure et/ou la détection du niveau d'encrassement sont effectuées de façon continue et quasiment en temps réel, quelles que soient les évolutions des conditions du milieu de mesure (par exemple température du fluide non maîtrisée).
Grâce au capteur selon l'invention les mesures sont fiables dans le temps.
Selon une caractéristique, ledit au moins un élément de mesure de température possède une surface dont la taille est au moins sensiblement inférieure à 2 % de celle de la surface dudit au moins un élément chauffant.
Ce rapport de dimensions relatives garantit la fiabilité, la sensibilité et la réactivité du capteur. Le rapport surfacique peut même être inférieur à 1 %.
On notera que la taille de la surface qui compte dans l'élément chauffant est celle de la zone active (zone de chauffe) et non la taille totale incluant celle de la zone non active (zone non chauffante, par exemple zone périphérique).
Selon une caractéristique, la surface active dudit au moins un élément chauffant a une taille inférieure ou égale à 25 mm2.
Cette taille est relativement réduite par rapport aux éléments chauffants utilisés dans des capteurs de l'art antérieur.
Selon une caractéristique, la surface dudit au moins un élément de mesure de température a une taille inférieure ou égale à 0,49 mm2.
La taille de cet élément de mesure confère à celui-ci des dimensions particulièrement réduites qui lui permettent de mesurer une température pariétale locale et non globale et offre la possibilité au capteur d'être particulièrement réactif.
Selon une caractéristique, ledit au moins un élément chauffant et ledit au moins un élément de mesure de température sont réalisés sous la forme de pistes ou lignes résistives. Ces pistes ou lignes résistives sont des dépôts métalliques effectués sur un substrat ou sur une couche préalablement déposée sur le substrat.
Ces pistes sont configurées suivant une forme plus ou moins complexe afin d'obtenir la ou les caractéristiques physiques recherchées (par exemple l'obtention d'un flux thermique donné aussi homogène que possible).
Ces pistes sont par exemple agencées de façon à former un ou plusieurs serpentins disposés sur le substrat ou sur la couche qui peut par exemple être disposé de façon concentrique.
Ces différents agencements permettent de réaliser un ou plusieurs éléments chauffants ou un ou plusieurs éléments de mesure de température en technologie microsystème en optimisant la surface disponible. On notera que l'épaisseur des pistes ou lignes résistives peut être ajustée en technologie microsystème afin d'obtenir les propriétés souhaitées, et, par exemple, pour le ou les éléments chauffants modifier la puissance de chauffe du capteur.
De même, en modifiant l'épaisseur du dépôt métallique constitutif des pistes ou lignes résistives on peut faire varier les caractéristiques fonctionnelles du ou des éléments mesure de température comme, par exemple, la sensibilité et/ou la dynamique de réponse.
On notera par ailleurs que le capteur peut comporter des couches intermédiaires d'isolation électrique entre les différentes couches fonctionnelles. Cette ou ces couches intermédiaires permettent également d'aplanir la surface de la couche en vue de faciliter le dépôt ultérieur d'une couche supérieure ou bien le contact avec un autre élément.
Selon une caractéristique, ledit au moins un élément chauffant et ledit au moins un élément de mesure de température sont, par exemple, chacun des résistances en platine.
Les éléments chauffants et de mesure de température réalisés ainsi sont particulièrement performants.
Selon une caractéristique, le substrat possède une première et une deuxième faces opposées, l'isolant thermique étant en vis-à-vis de la première face tandis que la couche dudit au moins un élément chauffant est en vis-à-vis de la deuxième face, la couche dudit au moins un élément de mesure de température étant superposée à la couche dudit au moins un élément chauffant.
Cet agencement permet ainsi d'obtenir un capteur dont les couches fonctionnelles d'élément chauffant et d'élément de mesure de température sont disposées du même côté du substrat, l'une au-dessus de l'autre.
Selon une caractéristique alternative, le substrat possède une première et une deuxième faces opposées, l'isolant thermique étant en vis-à-vis de la première face, la couche dudit au moins un élément chauffant étant disposée entre l'isolant thermique et la première face du substrat, la couche dudit au moins un élément de mesure de température étant disposée en vis-à-vis de la deuxième face du substrat. Suivant cet agencement, la couche d'élément chauffant et la couche d'élément de mesure de température sont disposés de part et d'autre du substrat. Cet agencement permet d'écarter ledit au moins un élément de mesure de température dudit au moins un élément chauffant.
Par exemple, le substrat placé entre ces deux couches fonctionnelles et qui est un conducteur thermique a une épaisseur inférieure ou égale à 300 μm. Selon une caractéristique, on choisit l'épaisseur du substrat de façon à ce que l'élément de mesure de température soit plus proche du fluide que de l'élément chauffant afin que la température pariétale mesurée par l'élément de mesure de température soit la plus représentative possible de la température de peau et ne soit pas trop influencée par le flux thermique généré par l'élément chauffant .
Cet agencement est ainsi plus sensible et plus réactif que l'agencement précédent.
L'invention prévoit d'utiliser le capteur brièvement exposé ci-dessus pour mesurer ou détecter l'encrassement formé (ou en cours de formation) sur le capteur qui est installé dans une paroi d'un contenant (par exemple une canalisation industrielle ou un réacteur industriel renfermant un fluide.
Plus généralement, l'encrassement se forme sur la face extérieure du capteur qui est exposée au fluide. Cette face extérieure correspond soit à la face extérieure dudit au moins un élément d'interface lorsque le capteur est fabriqué avec un tel élément,
soit la face externe d'un matériau d'interface séparé contre lequel le capteur peut être positionné.
Ainsi, le capteur mesure la température pariétale locale et détermine l'écart de température quand une faible puissance électrique est appliquée audit au moins un élément chauffant.
A partir de cet écart de température on détermine en continu et en temps réel (aucune comparaison avec des mesures de référence préenregistrées n'est nécessaire) l'épaisseur de l'encrassement se formant de manière naturelle
(c'est-à-dire non provoquée, par exemple par réchauffement dudit au moins un élément d'interface) sur la face extérieure du capteur.
Selon une caractéristique, au moins la face externe du capteur est représentative de l'état de la surface d'une paroi du contenant qui est en contact avec le fluide, par exemple par la nature du matériau et/ou par sa rugosité. Ainsi, en adaptant cette face extérieure en fonction de l'environnement dans lequel va être placé le capteur, on s'assure que ce dernier va se comporter comme un élément faisant partie de cet environnement et non comme un corps étranger.
En particulier, en reproduisant au moins sur la face extérieure de l'élément d'interface ou du matériau d'interface, l'état de surface de la paroi du contenant à laquelle le capteur va être associé, la formation d'un éventuel encrassement sur cette face externe sera très fortement représentative du phénomène d'encrassement sur la paroi du contenant.
Ainsi, l'état de surface de la face externe de l'élément d'interface ou du matériau d'interface dépend de l'état de surface interne de la paroi ou des parois du contenant, état de surface qui dépend des applications envisagées.
Selon une caractéristique, la face externe du capteur possède une rugosité équivalente (par exemple identique) à celle d'une paroi du contenant qui est en contact avec le fluide. Cette adaptation permet d'affiner la ressemblance entre la face externe du capteur et la paroi du contenant.
A titre d'exemple, l'élément d'interface ou le matériau d'interface peut être en acier inoxydable par exemple de classe 316L si le fluide est dans un contenant en acier inoxydable 316L ou bien en polychlorure de vinyle (PVC) si le fluide est dans un contenant en PVC. De façon générale, l'élément d'interface est réalisé dans le même matériau que celui de la paroi du contenant pour s'assurer de la représentativité de l'état de surface de la paroi et du phénomène d'encrassement.
Un capteur ou au moins l'élément d'interface ou le matériau d'interface du capteur est ainsi dédié à une application donnée et, au moins, à une situation donnée.
Toutefois, si l'élément d'interface du capteur ou sa face externe n'est pas représentatif de l'état de la surface des parois du contenant, le capteur peut néanmoins être utilisé pour détecter l'encrassement de manière relative (par exemple en détectant la croissance et la décroissance des dépôts). Ainsi, l'élément d'interface ou la face externe du capteur n'ont pas besoin d'être ressemblants avec la paroi du contenant dans ce mode de fonctionnement où le signal délivré par le capteur est utilisé comme un indicateur.
Dans le cas où l'on fait appel à un matériau d'interface séparé, la mise en œuvre de ce matériau d'interface supplémentaire peut être réalisée séparément du capteur et en adéquation avec la ou les applications visées. Ce matériau d'interface supplémentaire sera assemblé sur le capteur mais ultérieurement à la phase de fabrication dudit capteur. Cette approche permet de fabriquer en grand nombre les micro-capteurs selon leur structure élémentaire, à savoir comprenant le ou les éléments chauffants, le ou les éléments de mesure de température et l'isolant thermique.
En outre, la présence du matériau d'interface en contact avec le fluide, en écoulement ou non, protège le capteur, au moins mécaniquement, voire également chimiquement, et le rend robuste aux agressions extérieures, notamment venant du fluide.
Selon une caractéristique, le capteur comporte au moins un élément d'interface conducteur thermique ayant deux faces opposées, l'une des faces, dite
intérieure, étant disposée contre l'élément de mesure de température. L'autre face, dite extérieure, est destinée à être en contact avec le fluide.
Un tel élément d'interface protège l'élément de mesure de température, ainsi que le reste du capteur et est choisi (matériau et épaisseur) afin d'offrir une résistance thermique aussi faible que possible.
Selon une caractéristique, ledit au moins un élément d'interface présente (entre ses deux faces opposées) une résistance thermique inférieure ou égale à 10°C/W.
Cette caractéristique de l'élément d'interface permet de s'assurer que le flux thermique généré sera bien diffusé jusqu'à la face extérieure et évacué par le fluide, sans rencontrer une forte résistance thermique qui risquerait de provoquer une élévation de température nuisible au bon fonctionnement du capteur. En outre, ceci rend le capteur plus sensible, plus réactif et plus fiable.
On notera que l'épaisseur du matériau d'interface est ainsi adaptée en fonction du matériau lui-même, compte tenu de la résistance thermique à ne pas dépasser.
L'invention a pour objet un système de mesure ou de détection d'un encrassement formé directement ou indirectement sur une face avant d'un capteur qui est exposée à un fluide, le capteur comprenant sous la forme de couches superposées :
- au moins un élément chauffant qui est apte à diffuser, sur commande, un flux thermique homogène contrôlé,
- un isolant thermique disposé du côté opposé à la face avant du capteur pour empêcher la dissipation du flux thermique dudit côté opposé, - au moins un élément de mesure de température qui est placé dans le flux thermique homogène diffusé par ledit au moins un élément chauffant,
- un substrat sur lequel sont rapportées les couches desdits au moins un élément chauffant et au moins un élément de mesure de température, le système comprenant : - des moyens de détermination d'un écart de température entre, d'une part, la température pariétale mesurée par ledit au moins un élément de mesure
de température lorsque ledit au moins un élément chauffant diffuse un flux thermique et, d'autre part, la température du fluide,
-des moyens de calcul de l'épaisseur de l'encrassement formé sur la face avant du capteur exposée au fluide à partir de l'écart de température déterminé.
Selon une caractéristique, ledit au moins un élément chauffant génère une puissance thermique inférieure à 200 mW et ledit au moins un élément de mesure de température offre une précision de mesure meilleure que 0,1 °C.
L'invention a également pour objet un procédé de mesure et/ou de détection de l'encrassement formé sur la face avant d'un capteur qui est exposée à un fluide lorsque celui-ci est installé dans une paroi d'un contenant renfermant le fluide, le capteur comprenant sus la forme de couches superposées :
- au moins un élément chauffant qui est apte à diffuser, sur commande, un flux thermique homogène contrôlé, - un isolant thermique disposé du côté opposé à la face avant du capteur pour empêcher la dissipation du flux thermique dudit côté opposé,
- au moins un élément de mesure de température qui est placé dans le flux thermique homogène diffusé par ledit au moins un élément chauffant,
- un substrat sur lequel sont rapportées les couches desdits au moins un élément chauffant et au moins un élément de mesure de température.
L'invention a aussi pour objet un procédé qui comprend les étapes suivantes :
- détermination d'un écart de température entre, d'une part, la température pariétale mesurée par ledit au moins un élément de mesure de température lorsque ledit au moins un élément chauffant diffuse un flux thermique, et d'autre part, la température du fluide,
- calcul de l'épaisseur de l'encrassement formé sur la face avant du capteur exposée au fluide à partir de l'écart de température déterminé.
L'invention a plus particulièrement pour objet un procédé dans lequel la détermination d'un écart de température comprend les étapes suivantes :
- alternance de phases de commande de la diffusion d'une puissance thermique par ledit au moins un élément chauffant et de non diffusion d'une puissance thermique,
- mesure en permanence durant chacune des phases précitées de la température pariétale par ledit au moins un élément de mesure de température,
- détermination d'un écart de température entre les températures mesurées par ledit au moins l'élément de mesure de température.
Ainsi, la mesure ou détection d'encrassement est effectuée en déterminant l'écart de température fourni par l'élément de mesure de température pariétale quand ledit au moins un élément chauffant génère un flux thermique et quand il n'en génère pas.
On notera que lorsqu'un flux thermique n'est pas généré, le capteur qui est particulièrement sensible et réactif mesure la température du fluide.
A titre d'exemple, en l'absence d'encrassement sur la face extérieure exposée au fluide, l'écart de température est inférieur à 0,1 °C, alors qu'il peut atteindre 2 à 3°C en présence d'un fort encrassement.
Selon une caractéristique, l'étape de commande de la diffusion d'un flux thermique par ledit au moins un élément chauffant comprend une étape de génération d'un signal de modulation de puissance dudit au moins un élément chauffant.
Selon une caractéristique, le signal est alternatif et par exemple est stationnaire.
Selon une caractéristique, plus particulière, le signal alternatif stationnaire est en créneaux. Selon une caractéristique, ledit au moins un élément de mesure de température offre une précision de mesure de la température qui est meilleure ou égale à 1 % de l'écart de température maximale déterminé entre l'état non encrassé et l'état encrassé du capteur.
Ainsi, par exemple si une puissance thermique de 10 mW est générée par l'élément chauffant et qu'un écart de température maximale de 1 à 2°C est détectable, alors la précision de mesure dudit au moins un élément de mesure de température est de l'ordre de 0,01 à 0,02°C.
On notera que selon l'invention l'utilisation d'un élément de mesure de température ou de plusieurs éléments de mesure de température de très grande précision permettent d'utiliser un ou plusieurs éléments chauffants générant une très faible puissance thermique, alors que des éléments de mesure de température peu précis ne permettraient pas l'utilisation d'une puissance thermique aussi faible.
D'autres caractéristiques et avantages apparaîtront au cours de la description qui va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple non limitatif et faite en référence aux dessins annexés, sur lesquels : - la figure 1 a est une vue schématique générale d'un capteur selon un premier mode de réalisation de l'invention et des moyens associés permettant sa mise en œuvre ;
- la figure 1 b est une vue schématique générale d'un capteur selon un deuxième mode de réalisation ; - les figures 2a à 2f illustrent de façon schématique les étapes de fabrication du capteur selon le premier mode de réalisation ;
- les figures 2a à 2c et 2g à 2i illustrent de façon schématique les étapes de fabrication du capteur selon le deuxième mode de réalisation ; - les figures 3 et 4 illustrent de façon schématique respectivement deux formes de réalisation de la couche d'élément chauffant ;
- la figure 5a illustre de façon schématique la superposition d'une couche d'élément de mesure de température et de la couche d'élément chauffant de la figure 4 ; - la figure 5b illustre la superposition d'une couche comprenant deux éléments de mesure de température et de la couche d'élément chauffant de la figure 4 ; les figures 6 et 7 illustrent de façon schématique respectivement deux formes de réalisation de couche d'élément de mesure de température ;
- la figure 8 est une vue schématique montrant l'implantation d'un capteur selon l'invention dans un corps monté sur une paroi d'un contenant ;
- la figure 9 est une vue schématique montrant l'implantation d'un capteur selon l'invention dans une paroi d'un contenant ; les figures 10 et 11 illustrent les mesures de température relevées par un capteur selon l'invention, respectivement en présence et en l'absence d'encrassement en relation avec un signal d'alimentation S ; - la figure 12 illustre de façon schématique l'évolution d'une courbe d'encrassement au cours du temps formée sur le capteur représenté sur les figures 2f et 9.
La présente invention a pour but de proposer, notamment grâce aux procédés de fabrication collective de la micro-électronique en général, et grâce aux procédés de fabrication des technologies microsystèmes en particulier, un capteur de petites dimensions capable de déterminer un encrassement dans un fluide en écoulement ou au repos.
On notera qu'un capteur miniaturisé selon l'invention peut être alternativement fabriqué suivant d'autres techniques telles que la sérigraphie. Comme représenté schématiquement sur la figure 1a, un capteur 10 réalisé en utilisant des technologies de fabrication microsystèmes selon un premier mode de réalisation de l'invention comprend plusieurs éléments fonctionnels assemblés les uns avec les autres sur un substrat 12 ayant deux faces opposées 12a, 12b, à savoir : - au moins un élément chauffant 14 réalisé sous la forme d'une couche déposée sur la face 12b du substrat 12 et qui diffuse, sur commande, un flux thermique homogène contrôlé,
- au moins un élément de mesure de température 16 réalisé sous la forme d'une couche déposée sur la couche 14 et qui est disposé de façon à être dans la partie la plus homogène du flux thermique dissipé (quand l'élément 16 est unique il est au centre de la zone active du ou des éléments chauffants),
- un isolant thermique 11 en contact avec la face 12a du substrat (l'isolant est par exemple un bloc de Teflon de 400μm d'épaisseur et de 0,25 W/mK de conductivité thermique),
- et, de façon optionnelle, au moins un élément d'interface 18 conducteur thermique réalisé sous la forme d'une couche déposée sur la couche 16 et qui protège le capteur vis-à-vis d'agressions extérieures.
Dans cet exemple le capteur est ainsi réalisé sous la forme d'une pluralité de couches hétérogènes superposées.
L'élément de mesure de température 16 est par exemple dans un rapport de surface avec l'élément chauffant 14 (plus précisément avec la zone active de l'élément chauffant) inférieure à 2 %, c'est-à-dire que la taille de l'élément 16 est au moins 50 fois plus petite que celle de l'élément 14.
La figure 1a ne fait pas apparaître les éléments fonctionnels au sein des couches pour des raisons d'échelle et de lisibilité. L'élément de mesure de température est caractérisé par une grande précision de mesure meilleure que 0,1 °C, plus particulièrement comprise entre 0,005 et 0,01 °C, qui lui permet de coopérer avec un ou plusieurs éléments chauffants générant une faible puissance thermique
La puissance thermique générée est comprise entre 1 et 50 mW. Cette puissance est, d'une part, suffisante pour que l'élément de mesure 16 très sensible puisse mesurer une température et, d'autre part, suffisamment faible pour ne pas influencer le milieu de mesure (fluide).
Il faut en effet éviter de chauffer le milieu pour, par exemple, éviter de provoquer un encrassement non naturel sur le capteur. La faible valeur de puissance et la grande précision de mesure permettent au capteur d'être très sensible, très réactif et très fiable dans la mesure et/ou la détection d'encrassement, sans toutefois être perturbé par les conditions de mesure en général et par la circulation du fluide en particulier.
La couche dudit au moins un élément chauffant 14 qui est alimentée par des moyens d'alimentation en énergie électrique 20 (exemple : générateur de courant ou de tension capable de fournir une puissance électrique sur
commande), via des moyens de connexion 22, diffuse un flux thermique homogène et contrôlé illustré par la flèche verticale sur la figure.
Ce flux est dissipé vers la face avant du capteur (face qui est destinée à être en contact direct ou indirect avec le fluide et qui est soit la face libre de la couche 18 soit la face libre de la couche 16) opposée à la face arrière du capteur où se trouve l'isolant thermique en raison de la présence de cet isolant.
Plus généralement, la dissipation du flux est empêchée en face arrière du capteur par l'isolant thermique.
La couche dudit au moins un élément de mesure de température 16, placée dans ce flux thermique homogène et connu, mesure la température pariétale en continu ou de façon discontinue et transmet ces mesures, via les moyens de connexion 24, à une unité de traitement de données 26 ou calculateur
(incluant par exemple un microprocesseur et des mémoires).
Lorsque la couche dudit au moins un élément d'interface 18 est présente elle transmet le flux thermique vers l'extérieur du capteur, en direction du milieu fluide dans lequel il est placé et dissipe cette chaleur.
Les données (par exemple température pariétale mesurée par l'élément 16 et puissance induite dans l'élément 14) sont recueillies par l'unité 26.
Cette unité 26 échantillonne et traduit en grandeurs physiques (température, ...) les mesures et informations provenant du capteur, ainsi que la puissance générée. On notera que le système de détermination d'encrassement formé du capteur et notamment des éléments 20 et 26 comprend des moyens
(unité 26) de détermination d'un écart de température entre les températures mesurées par l'élément de mesure et des moyens de calcul (unité 26) de l'épaisseur de l'encrassement formé à la surface du capteur à partir de cet écart de température ainsi déterminé et des formules physiques de géométrie de capteur connue.
Plus particulièrement, les moyens de détermination mesurent un écart de température entre, d'une part, la température pariétale mesurée par l'élément de mesure de température lorsque l'élément chauffant dissipe un flux thermique et, d'autre part, la température du fluide. Le système comprend en outre, de façon optionnelle, un afficheur 28 et/ou des moyens 30 de transmission d'informations à
distance. L'afficheur 28 permet, par exemple, d'afficher en continu, les valeurs de température (mesurée) et d'encrassement (calculée) comme on le verra plus loin, par exemple sous la forme de courbes représentant l'évolution temporelle de la température et/ou de l'épaisseur d'encrassement. Les moyens 28 (exemple : transmetteur) permettent d'envoyer à distance les données mesurées et/ou traitées par l'unité 26 et/ou une information d'alerte et/ou une autre information relative au capteur et/ou à son état de fonctionnement.
La figure 1 b illustre un capteur 10 réalisé en utilisant par exemple des technologies de fabrication microsystèmes selon un deuxième mode de réalisation de l'invention.
Les éléments fonctionnels déjà décrits en relation avec le capteur illustré à la figure 1a restent les mêmes et ne sont donc pas décrits à nouveau.
L'agencement du capteur de la figure 1 b est différent de celui de la figure 1a dans la mesure où l'élément chauffant 14 et l'élément de mesure de température 16 sont disposés, non pas d'un même côté du substrat 12, mais de part et d'autre de celui-ci.
En effet, l'élément de mesure de température 16 est disposé en regard de la face 12b du substrat et par exemple au contact de celle-ci (bien qu'une ou plusieurs couches intermédiaires puissent être disposées entre ces deux éléments) et l'élément chauffant 14 est disposé entre la face 12a du substrat et l'isolant thermique 11.
Dans cette disposition les deux éléments fonctionnels 14 et 16 du capteur sont éloignés l'un de l'autre d'une distance correspondant sensiblement à l'épaisseur du substrat 12. Cette épaisseur peut être de l'ordre de plusieurs centaines de microns et par exemple de 300 microns.
Cette disposition permet de réduire l'influence directe de l'élément chauffant sur l'élément de mesure de température afin d'améliorer les performances du capteur. Grâce à cet agencement, le ou les éléments de mesure de température 16 mesureront une température pariétale qui est plus proche de celle du fluide que de celle de l'élément chauffant.
La mesure de l'encrassement qui en résultera sera donc plus fiable. Par ailleurs, le capteur est ainsi plus sensible.
On notera toutefois que l'élément de mesure de température se trouve toujours dans la partie homogène du flux thermique généré par l'élément chauffant malgré cet écartement entre les deux éléments.
On notera que pour certaines fonctionnalités du capteur, il est envisageable de prévoir certaines opérations de micro-usinage sur une ou plusieurs couches précitées.
La description d'un capteur microsystème et d'un procédé de fabrication de celui-ci va maintenant être faite en référence aux figures 2a-i et 3 à 7.
Les figures 2a à 2f illustrent un procédé de fabrication du capteur de la figure 1a, tandis que les figures 2a à 2c et 2g à 2i illustrent un procédé de fabrication du capteur de la figure 1 b. Les étapes 2a à 2c sont communes aux deux procédés et vont maintenant être décrites.
Sur la figure 2a, une couche isolante électriquement 40 est d'abord déposée sur un substrat d'accueil 42 par exemple en silicium, d'une épaisseur donnée (par exemple 300μm). Une couche de passivation 40 peut être formée sur les deux faces opposées du substrat (Fig.2a). Cette couche isolante 40 peut être une monocouche d'oxyde de silicium déposée thermiquement, ou une monocouche de nitrure de silicium d'une épaisseur de l'ordre du μm. Elle peut être alternativement composée d'une bicouche qui est généralement composée d'une première couche d'oxyde de silicium sur laquelle est déposée une deuxième couche de nitrure de silicium. Les épaisseurs couramment utilisées sont, pour le SiO2, de 0,7μm et de 0,8μm pour le nitrure de silicium.
Comme représenté sur la figure 2b, une couche 14 constituée d'un ou de plusieurs éléments chauffants (un seul élément chauffant est représenté dans cet exemple de réalisation) est formée par un dépôt métallique sur l'une des couches isolantes 40 (par exemple, la couche supérieure).
L'élément chauffant 14 est configuré de manière à optimiser et à favoriser la création du flux de chaleur. Le métal est déposé sous la forme d'une
ou de plusieurs pistes ou lignes résistives de faible largeur formant une figure géométrique plus ou moins complexe selon les caractéristiques physiques recherchées (ici, le flux thermique à produire par l'élément chauffant), en couvrant une ou plusieurs zones, voire la quasi-totalité de la couche 40. Ces lignes s'apparentent à des pistes métalliques résistives formées, par exemple, par sérigraphie sur un substrat de circuit imprimé. Ces lignes sont conçues de manière à former un ou des serpentins 40a (Fig.3) ou bien des lignes concentriques 40b (Fig.4). L'élément chauffant est constitué soit d'une monocouche de métal de type Platine (Pt), ou bien d'une bicouche de type Titane/ Platine (Ti/Pt). La première couche en Titane est une couche d'accroché qui permet à la couche de Platine d'augmenter son adhérence. Elle a également pour rôle d'augmenter, lors d'une phase de chauffe, sa résistance mécanique qui est engendrée par la variation de contrainte dans cette couche. L'objectif est de limiter au maximum les effets de décollement et, par là-même, d'augmenter la durée de vie de l'élément chauffant. Cet élément chauffant peut être également réalisé en silicium dopé.
On notera que l'élément chauffant des figures 3 et 4 comporte des pistes ou plots de connexion qui permettent de fournir à cet élément l'énergie électrique nécessaire en provenance du dispositif 20. En particulier, l'élément chauffant de la figure 3 comporte quatre plots de connexion électrique qui sont par exemple utilisés à des fins de test ou de mesure en mettant en œuvre la technique connue des quatre pointes.
Le dimensionnement du ou des éléments chauffants est réalisé grâce à la formule suivante : R chauffe = P-(L/S) où, p est la résistivité du matériau constituant l'élément chauffant, L est la longueur du fil constituant l'élément chauffant, S est la surface de l'élément chauffant définie par la formule suivante, S = h*l où I est la largeur de l'élément chauffant et h sa hauteur.
Le dimensionnement de l'élément chauffant est réalisé en déterminant le flux de chaleur nécessaire pour pouvoir déceler un encrassement à la surface du capteur en fonction de l'application visée.
L'injection d'un courant électrique ou d'une tension dans la résistance de chauffe génère une surchauffe de celle-ci. Un flux de chaleur est alors généré et varie en fonction de la puissance injectée dans l'élément chauffant. La valeur de sa résistance au repos est calculée en fonction de la puissance du flux de chaleur à générer.
Grâce à l'utilisation des technologies microsystèmes (petite tailles des éléments) la puissance injectée dans l'élément chauffant est très faible par exemple de l'ordre de 10 mW (ce qui correspond à un courant d'intensité comprise entre 0,1 et 10mA), ce qui est particulièrement avantageux.
On notera que l'élément chauffant est ainsi par exemple réalisé sous la forme de pistes résistives en Platine de 40μm de largeur et de 2μm d'épaisseur et dont la résistance électrique est de 3,2 kΩ à 20°C.
La taille de la surface active de l'élément chauffant est par exemple de 25mm2 (correspondant à un carré de 5mm de côté).
La puissance thermique générée par un tel élément est comprise entre 5 et 5OmW et plus particulièrement entre 5 et 10 mW. La densité de puissance est quant à elle comprise entre 0,2 et 2 mW/mm2.
Une couche 44 isolante électriquement est déposée sur la couche de l'élément chauffant 14 (Fig.2c). Cette couche diélectrique, par exemple en nitrure de silicium, est déposée selon la technique de dépôt connue sous l'appellation PECVD. Le premier rôle de cette couche est de supprimer tout risque de court circuit entre l'élément chauffant 14 et la prochaine couche à déposer (élément de mesure), lors du fonctionnement qui sera décrit ultérieurement. Le deuxième rôle de cette couche est de planéifier la topographie engendrée par la présence de l'élément chauffant afin de faciliter le dépôt de l'élément de mesure.
Les étapes 2d et 2f du procédé de fabrication du capteur de la figure 1 a vont maintenant être décrites.
Une couche 16 comprenant un ou plusieurs éléments de mesure de température est déposée sur la couche isolante 44 décrite précédemment
(Fig.2d). Cette couche est configurée de manière à optimiser la variation de ses caractéristiques résistives en fonction de la température. La répartition d'un flux de chaleur lors d'une phase de chauffe d'un élément chauffant est homogène au centre de celui-ci et devient discontinue lorsque l'on s'éloigne de son centre. Par conséquent l'élément de mesure de la température est déposé au dessus de l'élément chauffant 14, réalisé par exemple suivant la configuration 40b de la figure 4, sur la couche diélectrique 44. L'élément de mesure 16 est disposé de façon centrée sur l'élément chauffant et il est de taille bien inférieure à celle dudit élément chauffant afin d'être placé dans la partie du flux la plus homogène au cœur de celui du flux thermique, évitant ainsi les perturbations engendrées par les effets de bord.
La figure 5a montre la position centrée et superposée d'un élément de mesure de température 16 au dessus d'un élément chauffant.
On notera que plusieurs éléments de mesure de température peuvent être placés dans le flux thermique et répartis à distance les uns des autres comme représenté sur la figure 5b. Sur cette figure, deux éléments de mesure 16a et 16b sont disposés dans la partie centrale de l'élément chauffant pour être au cœur du flux homogène et connu mais écartés l'un de l'autre pour pouvoir déterminer l'encrassement à deux endroits distincts de la surface du capteur. Plus de deux éléments peuvent être utilisés selon les besoins et les applications.
La géométrie retenue pour créer cet élément de mesure est connue de l'homme du métier. Une ou plusieurs lignes métalliques résistives agencées sous la forme de serpentins (Fig.6) ou bien de lignes concentriques (Fig.7) peuvent être utilisées de la même façon que décrit plus haut pour l'élément chauffant en référence aux figures 3 et 4. Le ou les éléments de mesure de la température sont constitués soit d'une monocouche de métal, par exemple de platine soit d'une bicouche de type Ti/Pt. La première couche en Titane constitue la couche d'accroché. L'élément de mesure de température 16 est ainsi par exemple réalisé sous la forme de pistes résistives en Platine de 20μm de largeur et de 2μm d'épaisseur et dont la résistance électrique est de 3 k Ω à 20°C. La précision
de mesure est par exemple de 0,005°C avec une électronique adaptée (ayant par exemple une précision de 20 bits).
La taille de la surface de l'élément de mesure de température est par exemple de 0,49 mm2 (ce qui correspond à un carré de 700μm de côté). On notera que l'élément de mesure des figures 5a et 5b, 6 et 7 comporte des pistes ou plots de connexion qui permettent de fournir à cet élément l'énergie électrique nécessaire en provenance du dispositif 20 et de recueillir , au niveau de l'unité 26, les données de température.
L'élément de mesure tel que celui de la figure 7 peut être mis en œuvre en utilisant par exemple la technique bien connue des deux pointes qui permet, connaissant la tension et l'intensité électriques, d'en déduire de façon directe la valeur de la résistance.
Cette mesure est utilisée lorsque le bruit de mesure ou associé à la mesure n'est pas trop élevé et c'est celle utilisée dans l'assemblage des figures 5a et 5b.
Lorsque le bruit est trop élevé l'élément de mesure tel que celui de la figure 6 peut être mis en œuvre en utilisant par exemple la technique bien connue des quatre pointes. Selon cette technique de mesure indirecte, on connaît la valeur de la tension imposée aux bornes, on mesure la valeur de l'intensité et l'on en déduit la valeur de la résistance.
On notera que la technique des quatre pointes peut également être utilisée à des fins de test.
Une couche isolante 46 est déposée sur la couche de l'élément de mesure de température (Fig.2e). Cette couche isolante électriquement est déposée sur l'élément de mesure. Le premier rôle de cette couche est de supprimer tout risque de court circuit entre l'élément de mesure et la prochaine couche à déposer (élément(s) d'interface), lors du fonctionnement qui sera décrit ultérieurement.
Le deuxième rôle de cette couche est de rendre plane la topographie du microsystème en cours de fabrication. Le dépôt d'une couche de diélectrique suivant la technique connue dite PECVD permet de limiter les variations de profil trop importantes.
L'épaisseur de cette couche doit être comme expliqué ci-dessus d'une épaisseur suffisante pour, d'une part, éliminer tout risque de court circuit entre l'élément de mesure et la couche d'interface lorsqu'elle est présente et, d'autre part, diminuer de manière conséquente les reliefs produits par la topographie engendrée par la présence de l'élément de mesure et offrir, ainsi, une surface aussi plane que possible.
De façon optionnelle, une couche 18 de protection formée d'au moins un élément d'interface est déposée sur la couche isolante 46 (Fig.2f) par des techniques bien connues de l'homme de l'art (ex : PEVCD). Cette couche peut être constituée, par exemple, d'une couche de métal ou d'une couche de diélectrique.
Comme déjà mentionné, le procédé de fabrication du capteur de la figure 1 b comprend les étapes 2a à 2c déjà décrites et les étapes 2g à 2i qui vont maintenant être brièvement décrites. La figure 2g correspond à l'étape d'application ou de dépôt d'une couche 16 comprenant un ou plusieurs éléments de mesure de température sur la couche isolante 40 située sous le substrat 42 de la figure 2c.
Sur la figure 2g on a renversé l'agencement de la figure 2c et l'élément chauffant 14 se retrouve en partie basse, sous le substrat 42. L'étape consistant à déposer l'élément ou les éléments de mesure de température 16 est identique à ce qui a été décrit au regard de la figure 2d, si ce n'est que les ou les éléments de mesure de température sont ainsi disposés du côté du substrat qui est opposé au côté sur lequel est disposé l'élément chauffant
14. L'étape illustrée sur la figure 2h correspond à l'application ou au dépôt d'une couche isolante 46 identique à celle décrite en relation avec la figure 2e précédemment décrite.
De la même façon que pour la figure 2f, une couche optionnelle 18 de protection jouant le rôle d'élément d'interface est déposée sur la couche isolante 46, au-dessus du ou des éléments de mesure de température 16.
Les caractéristiques et avantages décrits en relation avec les étapes de la partie du procédé de fabrication illustré sur les figures 2d à 2f restent valables pour les figures 2g à 2i et ne seront donc pas répétées.
La figure 8 illustre un exemple de réalisation dans lequel le capteur microsystème 10 selon l'invention est associé à une paroi 50 d'un contenant 52 (par exemple un réacteur chimique ou bien une cuve) dans lequel un fluide, ici stagnant, symbolisé par la référence F est présent.
On notera que le contenant 52 renfermant le fluide peut être d'un autre type tel qu'une conduite ou une canalisation d'une installation industrielle,.... On notera en outre que le fluide présent dans le contenant n'est pas nécessairement au repos mais peut être en écoulement.
Le capteur microsystème 10 tel que représenté de façon schématique sur la figure 1a ou 1 b, est monté dans l'une des parois du contenant comme indiqué sur la figure 8 par l'intermédiaire d'un corps 54 dans lequel le microsystème 10 est intégré.
Plus particulièrement, le capteur 10 est agencé dans une enveloppe cylindrique creuse 56 pourvue à une de ses extrémités longitudinales 56a d'une plaque 58 formant épaulement et qui a par exemple une forme de disque ou de pastille. Cette plaque est par exemple soudée à l'enveloppe cylindrique 56. On notera que d'autres formes de corps peuvent être envisagées sans remettre en cause le fonctionnement du capteur.
La plaque 58 formant épaulement est destinée à être insérée dans un aménagement prévu de façon correspondante dans la paroi 50 du contenant afin d'être montée en position affleurante par rapport à cette dernière. La plaque 58 formant épaulement peut également être assemblée sur un cylindre qui est à insérer dans la paroi 50 du contenant disposant d'un perçage (ou point de piquage) déjà existant et prévu à cet effet.
Cette plaque 58 est amincie dans sa partie centrale, là où le capteur est positionné, et constitue un matériau ou élément d'interface qui est au contact du fluide F par sa face externe 58a.
On notera que la face 58a et la surface 50a peuvent être disposées à la même côte afin de ne pas introduire de perturbation dans l'écoulement.
Dans ce mode de réalisation l'élément d'interface 18 du capteur des figures 1a et 1 b n'est pas présent, la plaque 58 jouant le rôle d'élément d'interface.
Pour augmenter au maximum l'échange thermique entre l'élément chauffant du capteur microsystème 10 et la face interne 58b de la plaque 58 un élément de transmission de chaleur 60, tel qu'une pâte thermique avec un fort coefficient de conductivité thermique, peut être utilisé et placé au contact du microsystème. Plus particulièrement, cet élément 60 est disposé sur la zone active du microsystème constituée par la quasi-totalité de sa face externe à l'exception peut être d'une faible zone périphérique (les éléments sensibles du microsystème étant plutôt disposés de façon centrée). Cet assemblage est ensuite disposé contre la face arrière ou interne 58b du matériau d'interface 58.
Par ailleurs, comme représenté sur la figure 8, le capteur microsystème 10 est monté sur un support 62 tel qu'une carte de circuit imprimé dont le rôle est de créer les contacts électriques nécessaires entre ce capteur microsystème et la partie du système associé qui assure l'alimentation électrique et le traitement de l'information de ce capteur. Ces contacts électriques coopèrent avec les pistes ou plots illustrés sur les figures 3 à 7 et brièvement décrits plus haut. Cette partie du système de mesure a été représentée sur les figures 1a et 1 b par les éléments 20, 26, 28 et 30 reliés au capteur par l'intermédiaire des connexions 22 et 24.
Afin de concentrer au maximum le flux thermique homogène et contrôlé généré par l'élément chauffant vers l'avant du capteur microsystème 10, c'est-à-dire vers l'élément de mesure et le matériau d'interface, un élément d'isolation thermique 64 supplémentaire est introduit dans le corps 54 par l'extrémité arrière 56b. Cet élément 64, tel qu'une une pâte à faible coefficient de conductivité thermique, est disposé contre la face arrière du support 62 afin de former un écran thermique additionnel à l'arrière du corps et ainsi privilégier la dissipation du flux thermique vers l'avant dudit corps. On notera toutefois que l'isolant thermique 11 des figures 1a et 1 b assure déjà une fonction satisfaisante de barrière au flux thermique en face arrière du capteur.
En outre, une isolation thermique supplémentaire non représentée est également réalisée entre la plaque 58 et l'enveloppe cylindrique 56 du corps 54. Le rôle de cet isolant thermique, qui peut être constitué d'une pâte thermique isolante ou bien d'une rondelle en céramique non représentée, est de supprimer tout risque de pont thermique entre le matériau d'interface 58 et l'enveloppe 56 pendant une phase de chauffe.
La plaque 58 jouant le rôle de matériau d'interface avec le fluide est adaptée au moins pour que sa face externe 58a soit représentative de l'état de surface de la paroi 50 du contenant afin que le dépôt d'une couche d'encrassement sur la face 58a soit réalisé de façon quasi identique au dépôt d'une couche d'encrassement sur la face interne 50a de la paroi du contenant.
En effet, c'est sur la face externe 58a de cette plaque que le phénomène d'encrassement va être mis en évidence selon l'invention, étant entendu que ce phénomène se produit bien sûr à d'autres endroits de la surface interne 50a de la paroi.
Ainsi, la détermination de l'encrassement formé sur la face 58a, détermination qui correspond soit à une mesure d'encrassement soit à une détection d'encrassement, sera particulièrement fiable compte tenu de la nature de cette face externe et également compte tenu du micro-capteur qui est particulièrement sensible et génère très peu de perturbations susceptibles de modifier le phénomène d'encrassement.
Afin que la face externe 58a soit représentative de l'état de surface de la paroi du contenant, il est préférable que cette face possède une rugosité équivalente à celle de la paroi, voire identique. Ainsi, par exemple dans le cadre d'une application agro-alimentaire, la paroi 50 peut être en acier inoxydable, par exemple de classe 316L, et la face 58a du capteur peut être réalisée de manière à posséder une rugosité de surface égale ou inférieure à 0,8μm, tout comme celle de la face 50a de la paroi.
De préférence, la face externe 58a est réalisée dans un matériau de même nature que celui de la paroi du contenant. Si ce matériau n'est pas identique, il doit au moins être d'une nature compatible avec celle du matériau constitutif de la paroi.
La solution la plus simple est que le matériau d'interface 58 soit réalisé dans un matériau identique à celui de la paroi du contenant.
Dans cet exemple la plaque 58, tout comme l'enveloppe cylindrique 56 sont réalisées en acier inoxydable, matériau qui est celui utilisé pour la paroi 50 et notamment sa surface interne 50a.
La plaque 58 est un conducteur thermique qui présente une résistance thermique inférieure ou égale à 10°C/W afin de conférer au capteur une bonne sensibilité et un rapport signal sur bruit élevé.
Le matériau utilisé et son épaisseur sont ainsi choisis pour offrir au flux thermique une très faible résistance thermique. L'épaisseur est par exemple de 300 μm.
Il convient de noter que le capteur selon l'invention peut ne comporter qu'un seul élément de mesure de température.
La température du fluide, et plus généralement du process industriel faisant intervenir le contenant, n'est généralement pas connue.
Cela n'a pour autant aucune incidence sur le procédé de mesure et/ou de détection de l'encrassement formé à l'intérieur du contenant comme on le verra par la suite.
Le procédé permet de s'affranchir d'éventuelles variations de cette température au cours du temps.
On notera toutefois que le capteur microsystème selon l'invention peut comporter plus d'un élément de mesure de température selon les applications envisagées. De même, il peut également comporter plusieurs éléments chauffants en coopération avec un unique élément de mesure de température ou bien avec plusieurs de ces éléments.
La figure 9 illustre de façon schématique l'installation directe d'un capteur microsystème tel que celui des figures 1a, 1 b, 2f et 2i dans une paroi 50 d'un contenant 52.
Dans cet exemple de réalisation le capteur 10 est en contact direct avec le fluide F par la face externe 18a de son élément d'interface 18 au lieu d'avoir recours au matériau d'interface 58 de la figure 8.
La sensibilité du capteur ainsi agencé est donc accrue, fournissant par là-même de meilleurs résultats que dans le cas de la figure 8.
On notera que le capteur 10 n'est pas tout à fait monté de façon affleurante par rapport à la paroi mais est très légèrement en retrait par rapport à celle-ci. Ce retrait a été volontairement exagéré pour l'illustrer sur les figures. En pratique, il est par exemple de quelques centaines de microns, par exemple de
500 μm.
Les éléments de la figure 9 qui sont inchangés par rapport à la figure 8 conservent les mêmes références et ne seront pas à nouveau décrits. Un joint d'étanchéité 61 est prévu à la périphérie de la face externe du capteur pour assurer l'étanchéité du montage.
Par ailleurs, toutes les caractéristiques et avantages décrits ci-dessus en référence à la figure 8, notamment à propos de l'élément d'interface 58 (état de surface de la face externe 58a, propriétés conductrices) s'appliquent ici à l'élément d'interface 18a du capteur.
On va maintenant décrire en référence aux figures 10 et 11 le procédé de mesure selon un premier mode de réalisation de l'invention qui s'applique aussi bien à la configuration de la figure 8 qu'à celle de la figure 9.
Ce procédé permet de mesurer et/ou de détecter l'encrassement qui se forme sur la face externe 58a du matériau d'interface 58 de la figure 8 ou sur la face externe 18a de l'élément d'interface 18 de la figure 9.
On entend par « encrassement » tout dépôt adhérent se formant à la surface de l'élément considéré à partir de corps qui sont dans le fluide de manière temporaire ou permanente (encrassement de nature organique, tel un biofilm, ou inorganique, tel un entartrage).
On notera que le procédé selon l'invention permet d'effectuer la mesure et/ou la détection d'encrassement sur site, en ligne et en continu, et quasiment en temps réel.
Il n'est donc pas nécessaire d'effectuer de prélèvement sur site et d'analyse ultérieure des échantillons prélevés aux fins de mesure et/ou de détection d'encrassement.
Le procédé selon un premier mode de réalisation prévoit d'alterner des phases de commande de diffusion d'un flux thermique par le ou les éléments chauffants 14 du capteur et de non diffusion d'un flux thermique sur une durée donnée. Par ailleurs, le procédé prévoit pendant cette durée de mesurer en continu la température de surface de l'élément d'interface au contact du milieu de mesure grâce à l'élément de mesure de température (ou seulement la température locale de l'endroit où est positionné l'élément de mesure de température en l'absence d'élément d'interface). On peut par exemple effectuer cette alternance de phases de chauffe et de non chauffe du capteur tout au long du déroulement d'un process industriel, ou seulement lors de certaines étapes de celui-ci.
La fonction de mesure d'encrassement permet de connaître à tout instant l'épaisseur de la couche d'encrassement formée à la surface du matériau d'interface ou directement du capteur et qui reproduit de manière très fiable, l'encrassement formé sur la surface intérieure du contenant dans lequel est installé le capteur.
Par ailleurs, lorsque le capteur est utilisé pour remplir une fonction de détection, il peut être utilisé pour déclencher un signal d'alarme en cas de détection d'une couche d'encrassement en formation ou dépassant un seuil prédéterminé.
Comme déjà exposé ci-dessus, le dispositif 20 génère une puissance électrique qui est transmise à l'élément chauffant, par exemple sous la forme d'un signal de modulation de puissance qui est, par exemple, de type alternatif. Ce signal est de préférence stationnaire, c'est-à-dire qu'il définit des états stables parfaitement déterminés durant lesquels soit une puissance électrique déterminée est fournie à l'élément chauffant, soit aucune puissance n'est fournie à cet élément.
La figure 10 illustre un signal alternatif stationnaire réalisé sous la forme de créneaux.
Plus particulièrement, la figure 10 illustre, d'une part, en partie basse le signal de puissance en forme de créneaux S qui est appliqué à l'élément
chauffant et, d'autre part, en partie haute, la température mesurée par l'élément de mesure durant chacune des phases de chauffe et de non chauffe.
Les différentes mesures de températures montrent que celles-ci restent sensiblement constantes (autour d'une valeur Ti), ce qui traduit un état non encrassé du capteur et donc de la paroi interne du contenant.
La température T1 correspond à la température du fluide.
Lorsque l'état de surface est propre, le flux thermique produit par l'élément chauffant est transféré à l'élément de mesure et à l'élément d'interface, puis diffusé dans le milieu de mesure et la température mesurée par l'élément de mesure reste sensiblement constante et égale à la température du milieu.
En revanche, lorsqu'un encrassement se forme sur la face externe de l'élément d'interface et donc sur la face interne de la paroi du contenant, le flux thermique généré par l'élément chauffant va provoquer une élévation de température au niveau de l'élément d'interface ou du matériau d'interface. En effet, la couche d'encrassement en cours de formation agit comme un isolant thermique (barrière thermique) qui réduit ainsi les échanges thermiques avec le milieu de mesure et donc la dissipation du flux.
L'écart de température qui apparaît va être pris en compte, comme on le verra par la suite, pour déterminer la valeur de l'épaisseur d'encrassement. Ce phénomène se traduit sur la figure 11 par l'apparition de paliers d'augmentation de température correspondant aux parties du signal S en créneaux où une puissance est injectée à l'élément chauffant.
L'écart de température entre la température mesurée sur le palier (T2) et la température mesurée en l'absence d'encrassement (Ti) est représentatif de l'encrassement formé à l'instant correspondant aux mesures effectuées et, plus particulièrement de l'épaisseur de la couche d'encrassement.
Cette épaisseur est obtenue par des formules bien connues de l'homme de l'art et qui dépendent de la configuration géométrique du capteur, à savoir une géométrie plane pour le capteur 10 de la figure 1. Plus généralement, l'épaisseur de la couche d'encrassement est donnée par l'équation suivante :
où :
P désigne, en W, la puissance électrique fournie à l'élément chauffant et qui correspond sensiblement à la puissance générée par le flux thermique, h désigne, en WIm2IK, le coefficient de transfert thermique convectif,
D désigne, en m, le diamètre de l'élément chauffant quand celui-ci est de forme cylindrique ou, en équivalence de surface, le côté de l'élément chauffant quand celui-ci est de forme carré,
Ti et T2 désignent respectivement, en K, la température mesurée en phase de non-chauffe et de chauffe, λ désigne, en W/m/K, le coefficient de conductivité thermique de la couche d'encrassement qui se dépose sur la surface du capteur, et, enfin, e désigne, en m, l'épaisseur mesurée de la couche d'encrassement qui se dépose sur la surface du capteur. On notera que plus l'épaisseur du dépôt formé à la surface du capteur augmente, plus l'élévation de température sera importante pour une puissance donnée.
En pratique, le procédé prévoit d'imposer une consigne de chauffe en puissance (exemple : 10 mW) en imposant un courant électrique dont l'intensité peut varier de 0,1 à 10 mA, de déterminer l'écart de température qui en résulte (augmentation), puis de calculer l'épaisseur de la couche d'encrassement.
Il convient de noter que l'on peut être amené à effectuer une compensation en courant en fonction d'éventuelles variations de la température du fluide par exemple grâce à la connaissance de la température du fluide obtenue lors des phases de non chauffe. On détermine ainsi le courant devant être injecté dans l'élément chauffant pour respecter la consigne de puissance.
On notera que la durée de la période de chauffe, varie de plusieurs secondes à plusieurs minutes, comme représenté sur les figures 10 et 11 où le temps écoulé est exprimé en secondes. La durée de la période de chauffe n'est pas nécessairement égale à la durée de non chauffe mais, pour des raisons pratiques de mise en œuvre de
l'invention, des périodes temporelles égales de chauffe et de non-chauffe seront préférées. De plus, la durée de la période de chauffe et/ou de non chauffe peut varier au cours du temps afin de s'adapter dynamiquement aux conditions opératoires du processus industriel mais, en pratique, une durée optimale sera déterminée, fixée et maintenue selon l'application et le processus industriel.
D'un point de vue pratique, l'écart de température T2-T1 est déterminé en utilisant des algorithmes de régression linéaire et/ou non linéaires entre deux périodes de non chauffe qui encadrent une période de chauffe.
On notera qu'une limite supérieure de puissance d'alimentation peut être prévue dans la phase de régulation, afin qu'en cas de non encrassement, la puissance nécessaire, pour générer l'écart de température souhaité, ne dépasse pas la limite physique de puissance du système électronique.
On notera que la simple détection d'un écart de température significatif, tel que par exemple un écart de 1 degré Celsius, fournit une information importante puisqu'elle est représentative d'un encrassement formé à l'intérieur d'un contenant renfermant un fluide.
Une telle information peut par exemple donner lieu à l'envoi d'un signal d'alarme en vue de prévenir un opérateur ou du personnel de maintenance de l'installation. Cette fonction de détection peut bien entendu être couplée à la fonction de mesure d'encrassement dans la but de pouvoir également donner une information quantitative sur l'épaisseur de la couche d'encrassement ainsi formée.
Grâce aux procédés et technologies microsystèmes, l'élément de mesure de température présente une très grande sensibilité et précision en température qui est par exemple meilleure que 0,05°C.
Par ailleurs, ces procédés et technologies permettent de concevoir un capteur présentant les caractéristiques et avantages suivants : faibles dimensions (proximité des éléments fonctionnels les uns par rapport aux autres), - faible consommation, capacité à générer de faibles flux de chaleur de l'élément chauffant,
grande sensibilité de l'élément de mesure, temps de réponse très courts.
Il devient ainsi possible de mesurer des épaisseurs d'encrassement avec un débit du fluide nul et avec une sensibilité de mesure d'encrassement voisine de 1 μm. On notera d'ailleurs que le capteur illustré à la figure 9 est bien plus sensible que celui de la figure 8 puisque directement en contact avec le fluide
La figure 12 représente une courbe de mesure d'épaisseur d'encrassement obtenue en réalisant successivement, au cours du temps, des dépôts sur la surface active extérieure d'un capteur selon l'invention, et en utilisant un spray de résine polymère dont la conductivité thermique est connue.
Cette courbe a été obtenue en laboratoire mais dans des conditions opératoires proches de celles d'applications industrielles telles qu'un circuit de refroidissement par exemple.
Le capteur utilisé est celui représenté sur les figures 2f et 9 avec l'agencement des éléments chauffant et de mesure de la figure 5a.
L'élément chauffant (couche 14) est formé d'une bicouche Ti/Pt avec 500Â d'épaisseur pour la première couche et 2000Â pour la deuxième. La couche d'isolation 44 est en Si3N4.
L'élément de mesure (couche 16) est formé d'une bicouche Ti/Pt avec 500Â d'épaisseur pour la première couche et 3000Â pour la deuxième. La couche d'isolation 46 est en Si3N4.
L'élément d'interface (couche 18) est formé d'une bicouche Ti/Au avec 500Â d'épaisseur pour la première couche et 1000Â pour la deuxième.
La procédure expérimentale consiste à réaliser une première série de mesures avec le capteur sans aucun dépôt à sa surface (phase de calibration).
Ensuite, un premier dépôt de résine polymère est effectué sur la surface de la couche 18 du capteur, un recuit à 100°C pendant 60s est réalisé pour solidifier la résine et une série de mesures d'épaisseur sont effectuées avec le capteur connecté à son système électronique de mesure. Le premier palier de la courbe est ainsi obtenu.
On réalise ainsi quatre autres dépôts successifs avec une mesure d'épaisseur à chaque fois, donnant ainsi lieu à quatre autres paliers.
On notera que les dépôts successifs ne suivent pas une croissance linéaire en raison des recuits successifs subis par les couches formées à l'étape précédente. On constate que les épaisseurs mesurées sont de l'ordre de quelques micromètres, ce qui montre la grande sensibilité du capteur. Les capteurs des modes de réalisation précédents peuvent être utilisés suivant deux méthodes de fonctionnement dont la première a déjà été présentée ci-dessus et qui vont être reprises ci-après de façon plus générale.
Une première méthode (premier mode de réalisation du procédé selon l'invention) consiste à utiliser des créneaux temporels périodiques tels que présentés en Figures 10 et 11 (typiquement de 30s à plusieurs minutes) afin de procéder à des chauffes régulières de l'élément chauffant et des périodes de repos. La température étant mesurée en continu et fournie par l'unité 26, cette température est la température du fluide en période de repos (identifiée par T1 en Figures 10 et 11 ). En période de chauffe, cette température mesurée se stabilise à la valeur T2 qui est la température de peau (ou température pariétale) résultant du transfert de chaleur de l'élément chauffant vers le milieu de mesure à travers l'élément d'interface (ou directement lorsqu'il n'y a pas d'élément d'interface) et, potentiellement, à travers une couche d'encrassement. En l'absence d'encrassement, la température pariétale (en phase de chauffe) est égale à la température du fluide (aux erreurs de mesure près et selon la résistance thermique générée par l'épaisseur de l'élément d'interface 18 lorsqu'il est présent) car l'intégralité du flux thermique est dissipée dans le milieu de mesure. En présence d'encrassement, une résistance thermique supplémentaire vient s'opposer au transfert de chaleur vers le milieu de mesure et la température de peau (T2) prend une valeur supérieure à T1.
Ainsi, régulièrement, on connait la température du fluide (T1 ) et la température de peau {12). Pour déterminer l'épaisseur de l'encrassement, on applique les formules et équations présentées ci-dessus afin de fournir une information à l'afficheur 28 (typiquement, l'épaisseur d'encrassement et la température du fluide) et/ou au transmetteur 30 afin de délivrer un signal
standardisé (typiquement, 4-2OmA) pour s'intégrer à une supervision ou à un enregistreur de signaux.
Ainsi, avantageusement, selon cette méthode, on évalue de manière continue l'épaisseur d'encrassement se formant sur la surface du dispositif de mesure (capteur) afin de délivrer une information à l'utilisateur sur l'état de propreté.
Cette méthode ne nécessite ni de calibration préliminaire du dispositif de mesure selon les conditions d'utilisation (débit ou nature du fluide), ni de traitement a posteriori des informations pour déterminer l'épaisseur d'encrassement. D'autre part, des variations de conditions opératoires (dans une certaine limite, comme la température, le débit, la pression) n'influencent pas la mesure d'encrassement (ceci confère à la méthode une grande fiabilité, et permet une utilisation en continu et une application en milieux industriels) puisque le dispositif recalcule régulièrement la température du fluide. Enfin, si l'on connaît a priori la nature de l'encrassement se formant et a fortiori sa conduction thermique, alors le système peut délivrer un signal d'épaisseur d'encrassement en unités μm ou mm ; sinon, le système se fonde sur une valeur par défaut de conduction thermique de la couche d'encrassement pouvant se former et le signal de mesure est, au final, un indicateur selon une unité arbitraire.
Selon une deuxième méthode (deuxième mode de réalisation du procédé de mesure selon l'invention), au lieu d'utiliser des cycles répétés à l'infini de phases de chauffe et de non-chauffe pour connaître la température du fluide (obtenue en phase de non-chauffe), on peut procéder par chauffe constante à condition de :
- Soit se situer dans un cas applicatif où la température ne varie pas, ou alors ne varie pas quand on souhaite réaliser les mesures, auquel cas la température est connue et peut être connue de l'unité 26 (T1 est ainsi fixée),
- Soit la température est variable mais on dispose d'autres moyens accessibles pour connaître cette température (par le biais d'un deuxième capteur de température déjà présent dont l'information parvient à l'unité 26 ou
facilement dérivable par l'homme de l'art dans le dispositif existant), auquel cas la température T1 est fournie en continu.
La chauffe constante du dispositif permet d'obtenir une information plus dynamique de l'épaisseur d'encrassement, à partir de la différence T2-T1 , soit une information quasiment en temps réel au regard des cinétiques de formation et de disparition par traitement des encrassements (typiquement, inférieure à 0,5s).
Ainsi, ce mode de fonctionnement permet de suivre des phénomènes rapides de croissance ou de décroissance d'encrassement tels que le suivi des phases de nettoyage en industrie agro-alimentaire par exemple. Cela est donc utile pour optimiser ces phases de nettoyage (souvent longues et toujours coûteuses) sachant qu'aucun dispositif actuel (ni aucune méthode globale) ne peut suivre en temps réel l'efficacité de ces nettoyages.
On notera que la première méthode pourrait toutefois être utilisée pour suivre des phases de nettoyage dans des industries où la contrainte de temps est moins cruciale.