Le présent procédé consiste à réaliser un réseau
d'assainissement à faible profondeur, grâce à un dispositif
de pompage centralisé qui assure la vidange de plusieurs
points bas séparés, où convergent plusieurs réseaux
gravitaires suivant la pente naturelle du terrain.
Ces réseaux gravitaires peuvent être réalisés à faible
profondeur sans surcoût lié à la multiplication des postes
de pompage, du fait qu'il y a un seul poste d'aspiration
refoulement d'où partent plusieurs canalisations d'aspiration
vers les regards de collecte.
Dans la conception traditionnelle des réseaux
d'assainissement, la topographie est le facteur déterminant et
souvent pénalisant pour la réalisation des projets.
Quand le terrain est plat, le réseau doit s'approfondir
rapidement pour permettre l'écoulement gravitaire et on doit
réaliser des postes de refoulement pour relever les eaux
et repartir gravitairement.
Quand le terrain est accidenté, on doit s'approfondir pour
franchir les buttes ou créer un poste si la canalisation
gravitaire est trop profonde.
Les postes de refoulement sont très lourds dans leur
conception actuelle : il faut réaliser une bâche de
réception située en dessous de l'arrivée gravitaire elle-même
déjà profonde, donc créer un génie civil important et profond,
les pompes sont immergées dans l'effluent et il faut
prévoir les dispositifs pour assurer leur guidage et leur
relevage.
Actuellement on essaie donc de limiter le nombre de postes car
leur coût de réalisation et de maintenance, est élevé.
Dans l'état actuel de la technique, il existe plusieurs
solutions pour s'affranchir de sur-profondeurs et diminuer
les coûts des réseaux gravitaires.
Assainissement sous vide, sous pression, air comprimé.
- Dans l'assainissement sous vide, de petits tronçons de
collecteurs gravitaires amènent l'effluent dans des
regards de collecte équipés de valves qui sont reliés par une
canalisation maintenue sous vide à une Centrale de vide. La
Centrale de vide est une installation importante qui est
constituée d'une cuve maintenue en permanence sous vide par
des pompes à vide et équipée également de pompes d'extraction
du liquide en dehors de la cuve.
- Dans le système sous pression, chaque point de collecte est
équipé d'un petit poste de relèvement, ce qui entraíne la
multiplication des équipements mécaniques et électriques.
- Le système à air comprimé nécessite la réalisation d'une
centrale d'air comprimé et d'un réseau d'air comprimé
alimentant chaque aéro-éjecteur.
Dans toutes ces techniques, le transfert est onéreux et elles
ont donc une application essentiellement lorsque les
difficultés du terrain rendent la solution traditionnelle très
pénalisante (terrain rocheux, marécageux ...).
L'intérêt du présent procédé est de concilier la réalisation
de réseaux gravitaires à faible profondeur, avec des
réseaux de transfert peu onéreux en investissement et
fonctionnement.
Dans le procédé qui fait l'objet du Brevet, les conduites
gravitaires sont posées suivant la pente du terrain, à
environ 1m40 de profondeur ; elles convergent donc vers les
points bas sans franchissement de points hauts.
En chacun de ces points bas, est créé un regard de collecte
(ou d'aspiration) équipé d'un niveau haut, d'un niveau
bas et d'un niveau alarme reliés par un câble à la télégestion
de la station de pompage.
Dans les regards de collecte, on immerge l'extrémité d'une
canalisation étanche qui relie le regard de collecte à la
pompe.
Cette canalisation étanche peut être posée en même temps que
la conduite gravitaire, elle est de faible section,
identique à une canalisation de refoulement, suit le profil du
terrain à 1 mètre de profondeur environ.
L'extrémité de la canalisation qui se trouve dans le regard de
collecte est équipé d'un clapet, dont l'ouverture et la
fermeture sont commandées par les indicateurs de niveau haut
et bas, l'information est alors également transmise par un
câble de télécommande vers la télégestion située au poste
de pompage.
Toutes les canalisations d'aspiration convergent vers le
poste de pompage et sont rassemblées à leur départ dans le
même ouvrage que celui où se trouve la pompe.
Au raccordement de la canalisation sur la pompe, on met en
place une vanne d'isolement ou d'ouverture du circuit.
Le pompage s'effectue par une pompe auto-amorçante et non
immergée qui crée lors de sa mise en route une aspiration
dans la canalisation et refoule les eaux usées vers
l'exutoire.
Le poste de pompage est géré par une télégestion qui recueille
les informations de niveau haut et bas dans chaque regard de
collecte, ce qui commande l'ouverture ou la fermeture des
vannes et simultanément des clapets ainsi que le démarrage
ou l'arrêt de la pompe.
Ceci permet de vider chaque regard de collecte séparément à
partir d'une seule unité de pompage.
Pour obtenir un bon rendement du système, les canalisations
d'aspiration doivent rester en charge en permanence et le
fonctionnement se fait en l'absence de vide.
La fiabilité du type de clapet et de vannes, est donc très
importante.
La pompe fonctionne en aspiration refoulement. Elle devra donc
être adaptée pour créer une bonne aspiration sans risques de
bouchage et mettre en mouvement les parties liquides et
solides avec une section de passage dimensionnée pour laisser
le passage des filasses et fibres longues.
La dimension des regards de collecte sera fonction du nombre
de constructions raccordées. Ils devront pouvoir assurer un
stockage de l'effluent suffisant pour qu'en cas de
défaillance du système , le regard ne déborde pas avant
l'intervention de dépannage déclenchée par l'alarme.
Le diamètre des canalisations d'aspiration se calculera comme
pour les refoulements en fonction du débit à assurer et des
pertes de charge.
Le procédé a des limites liées à la pression atmosphérique :
la vidange des regards de collecte se faisant grâce à la
pression atmosphérique de 1 bar (10 mètres) . Il faut que la
hauteur géométrique entre le fond de la bâche de collecte et
la pompe n'excède pas 7 mètres pour qu'un débit satisfaisant
soit obtenu.
Dans l'élaboration du projet, il faudra donc tenir compte de
la topographie et des pertes de charge et jouer sur la
section des canalisations, si les pertes de charge sont trop
fortes.
Egalement, le choix de l'emplacement du poste est très
important et son altitude devra être telle que la dénivelée
n'excède pas 7 mètres entre les points de collecte et le
point de pompage.
Différents modes de fonctionnement du procédé peuvent être
réalisés :
- Dans un mode de fonctionnement, chaque réseau d'aspiration
peut être relié directement à la station qui commandera
l'ouverture et la fermeture de la vanne du circuit considéré
et du clapet.
- Dans un autre mode de fonctionnement, plusieurs réseaux
d'aspiration sont connectés sur une canalisation principale
d'aspiration. La vanne commandant l'ouverture du circuit
considéré, est alors située sur la canalisation secondaire au
voisinage de son raccordement à la canalisation principale
d'aspiration.
Dans un exemple d'application du procédé décrit ci-dessous, la
topographie de la zone à desservir est représentée sur la
figure 1. Ce schéma fait ressortir qu'il y a deux points hauts
(cotes 13,34 et 12,00) et quatre points bas (cotes 10,75,
8,18, 9,58 et 9,32) .
Le schéma N°2 montre un mode de réalisation possible du
procédé avec une station unique de pompage (1) implantée dans
le carrefour à la cote TN 11,80, avec 4 bâches de collectes
(20) (21) (22) (23) situées dans chacun des points bas ou
arrivent des réseaux gravitaires (30) (31) (32) (33) (34) (35) à
une profondeur de 1m40.
Ces regards de collectes (20) (21) (22) (23)sont constitués
d'éléments béton, par exemple de Ø 160.
Le regard de collecte 20 reçoit le réseau gravitaire 30, soit
100 Equivalent habitants.
Le regard de collecte 21 reçoit les réseaux gravitaires 31 et
35, soit 120 Equivalent habitants.
Le regard de collecte 22 reçoit les réseaux gravitaires 32 et
39, soit 100 Equivalent habitants.
Le regard de collecte 23 reçoit le réseau gravitaire 33, soit
70 Equivalent habitants.
Au total, 390 équivalents habitants, ce qui à raison de 150
litres par jour par habitant, donne un volume journalier de
58,5 m3 ou un débit de pointe de 14,6 m3/heure ou 4
litres/seconde.
Le regard de collecte (20) (21) (22) (23) ou cuve d'aspiration
est muni d'un niveau haut (10), d'un niveau bas (11) et d'un
niveau alarme (12) tel qu'indiqué sur le schéma N°3.
Une canalisation (4) étanche (en PEHD par exemple), relie la
cuve à la station d'aspiration refoulement (1) de même
qu'un câble de télécommande (7).
Cette canalisation (4) est immergée au fond de la cuve
d'aspiration (20) (21) (22) (23) et son extrémité est munie
d'un clapet (5) particulièrement fiable.
La station de pompage (1) est constituée d'un regard Ø 2000,
dans lequel on trouve deux pompes (6) reliées aux différents
réseaux d'aspiration (4). Chaque réseau est muni à son
raccordement sur la pompe (6) d'une vanne (8), permettant
l'ouverture ou la fermeture du circuit.
Lorsque le niveau haut(10) est atteint dans l'une des cuves
d'aspiration (20) (21) (22) (23), l'information
est transmise par le câble (7) à la télégestion, ce qui
commande l'ouverture simultanée de la vanne (8) et du clapet
(5) et met également la pompe (6) en marche.
La cuve (20) (21) (22) (23) se vide jusqu'à ce que le niveau
bas (11) soit atteint ; le clapet (5) et la vanne (8) se
ferment alors, et la pompe (6) s'arrête. Ceci jusqu'à la
remise en marche de l'un des circuits.
Dans l'exemple de réalisation tel qu'il est décrit ci-dessus,
les circuits fonctionnent séparément mais suivant la
configuration du terrain et en particulier dans les réseaux
disposés en longueur on peut mettre en place une canalisation
d'aspiration principale sur laquelle seraient raccordées
les canalisations d'aspiration secondaire.
Dans la configuration retenue dans l'exemple en cas de demande
simultanéesur deux circuits, la priorité est donné par la
télégestion à celui qui reçoit le plus grand débit.
Le calcul du volume des cuves d'aspiration (20) (21) (22) (23)
s'effectue ainsi :
L'effluent étant stocké dans la cuve (20) (21) (22) (23), le volume minimum
en réserve doit être égal au volume correspondant au débit stocké entre
deux démarrages de la pompe (6) avec un volume de sécurité en cas de
dysfonctionnement. Si Q est le débit journalier, le débit de pointe est Q'=Q : 6 en m3 heure.
Le volume V à stocker est égal à Q'/Nx6 (N étant le nombre de pompe et 6
le nombre de démarrages de la pompe en une heure).
CUVE | EQH | Q journalier | Q POINTE M3/h | V minimum |
20 | 100 | 100x150L=15m3 | 2,5 | 0,21m3 |
21 | 120 | 120x0,15=18m3 | 3 | 0,25m3 |
22 | 100 | 100x0,15=15m3 | 2,5 | 0,21m3 |
23 | 70 | 70x0,15=9,5m3 | 1,6 | 0,18m3 |
Pour une cuve de Ø 1600 S=2,01 m2 donc il faut une hauteur 0,25 m : 2 =
12,5 cm d'eau minimum dans la cuve.
Nous admettrons une hauteur de 20 cm entre les niveaux haut (10) et bas
(11), le niveau 15 alarme (12), 10 cm au dessus et une réserve sécurité de
40 cm au dessus de l'alarme (12). L'arrivée gravitaire étant à moins 1m40,
la profondeur totale du regard sera donc d'environ 2m30. La coupe d'un
regard est représentée sur la figure 3.
La pompe auto-amorçante fonctionnera par aspiration refoulement.
Elle devra assurer le débit correspondant à 390 Eqh, soit 4 litres par
seconde avec une HMT égale à la somme des pertes de charge dans
l'aspiration et le refoulement augmentée de la hauteur géométrique du
refoulement et de l'aspiration.
Avec un refoulement Ø 76,8, une longueur de refoulement de 530 m et un
débit de 4 litres par seconoe, la perte de charge est de 4m82.
La cote piezo à la sortie, est donc de 8,02 m + 4,82 m = 12m84.
Pour l'aspiration le départ de la canalisation dans l'exemple considéré
est de 2m30 sous le niveau du TN, nous pouvons dresser le tableau des
cotes piezo aspiration
Regard de collecte | Cote TN | Cote départ aspiration TN-2,30 | Distance | Perte de charge Ø 76,8 | Cote piezo aspiration |
23 | 8,18 | 5,88 | 250m | - 2,25 | 3,63 |
22 | 9,58 | 7,28 | 230m | - 2,07 | 5,21 |
21 | 9,32 | 7,02 | 275m | - 2,48 | 4,54 |
20 | 10,75 | 8,45 | 352m | - 3,21 | 5,24 |
Le cas le plus défavorable est celui du regard 23, la pompe
devra donc avoir une HMT de 12,84 - 3,63 = 9,21 pour un
débit de 41/seconde.
Pour que l'aspiration fonctionne bien il faut que la hauteur
géométrique ne dépasse par 7 mètres entre le point
d'aspiration et la pompe située dans le poste à la cote 10m50
environ; ce qui est bien respecté, donc on peut admettre le Ø
76/8 comme satisfaisant pour la réalisation de ce projet.