Arrière-plan de l'invention
[0001] La présente invention concerne un balancier pour mouvement d'horlogerie, comportant un axe, une serge et des bras reliant la serge à l'axe, et destiné à être associé à un ressort spiral pour constituer de manière classique l'oscillateur mécanique qui détermine la fréquence de base du mouvement d'une pièce d'horlogerie, en particulier d'une montre.
[0002] Actuellement, dans un balancier pour mouvement de montre, la pièce en forme de roue comprenant la serge (ou jante) et les bras est faite d'un alliage à base de cuivre, notamment en cupro-béryllium ou en nickel. Un tel alliage offre une combinaison avantageuse de qualités qui comprennent, en particulier, sa nature amagnétique, une bonne stabilité chimique et des caractéristiques mécaniques suffisantes. La densité de ces alliages est supérieure à 8 kg/dm<3>.
Leur coefficient de dilatation thermique, qui est d'environ 17 10<-6>/ deg. C pour le CuBe, d'environ 15 10<-6>/ deg. C pour le nickel et d'environ 21 10<-6>/ deg. C pour le maillechort, n'est pas particulièrement favorable.
[0003] La fréquence d'oscillation f d'un oscillateur à balancier-spiral est donnée par:
1/f = 2pi (I/M)<0,5 >
où I est le moment d'inertie du balancier autour de son axe de rotation et M est le couple élastique du spiral, exprimé en Nm/rad. Les fréquences usuelles des oscillateurs de montre s'échelonnent de 2,5 Hz à 5 Hz, par pas de 0,5 Hz afin qu'une durée d'une seconde corresponde à un nombre entier d'alternances de l'oscillateur. Un mouvement est donc conçu pour une fréquence donnée et l'ensemble balancier-spiral doit avoir cette fréquence-là.
Dans la formule ci-dessus, on voit que le paramètre pertinent du balancier est le moment d'inertie. Comme la part des bras du balancier est très faible dans le moment d'inertie, celui-ci dépend avant tout des dimensions (diamètre et section transversale) et de la densité de la serge.
[0004] Dans certains cas, le concepteur d'un mouvement d'horlogerie peut souhaiter utiliser un balancier de relativement grand diamètre, par exemple pour des raisons d'esthétique. Augmenter le diamètre sans changer le moment d'inertie peut se faire soit en diminuant la section de la serge, soit en utilisant un matériau de moindre densité. Dans les deux cas, le balancier aura une moindre masse, ce qui réduit les frottements dans les paliers, donc les perturbations de l'isochronisme du balancier en fonction des positions (verticales et horizontales) du mouvement.
Cependant, une serge de section réduite devient trop faible, surtout si elle doit porter des vis de réglage. On peut alors envisager l'utilisation d'un matériau plus léger.
[0005] Le brevet FR 1 275 357 prévoit de réaliser un balancier de montre allégé, par combinaison d'une serge faite d'un métal léger tel que l'aluminium avec un élément de support élastique en forme de roue, constitué par un cercle et des rayons, le cercle ayant des pattes extérieures pour sa fixation à la serge. Ceci permet de réaliser la roue en un matériau à propriétés mécaniques élevées, par exemple un acier à ressort.
Une solution similaire, mais sans pattes de fixation, est prévue dans le brevet FR 1 301 938.
[0006] Toutefois, une telle construction de balancier en deux pièces faites de matériaux différents n'offre pas les mêmes garanties de durabilité et de stabilité de forme qu'une construction en une seule pièce, notamment à cause des grandes différences de dilatation thermique entre l'acier, les alliages à base d'aluminium et les alliages à base de cuivre. Ces dilatations et les déformations qu'elles peuvent induire modifient notablement le moment d'inertie et donc la fréquence d'oscillation, surtout dans le cas d'une serge en aluminium.
D'autre part, avec cette construction en deux pièces, il est difficile de bien centrer la serge par rapport à l'axe de rotation.
Résumé de l'invention
[0007] La présente invention vise à permettre de réaliser un oscillateur à balancier-spiral ayant un plus grand diamètre que d'habitude pour une même fréquence, ou ayant une fréquence plus élevée avec les mêmes dimensions qu'un oscillateur habituel, en évitant les inconvénients susmentionnés. L'invention vise notamment à alléger le balancier en lui conservant une résistance mécanique suffisante et une bonne stabilité dimensionnelle vis-à-vis des variations de température.
[0008] A cet effet, un balancier selon l'invention est caractérisé en ce que la serge et les bras sont en titane ou en un alliage à base de titane.
De préférence, la serge et les bras sont faits d'une seule pièce, mais il n'est pas exclu de les réaliser séparément, puis les assembler par soudage ou un autre moyen.
[0009] Si l'utilisation du titane n'a pas été envisagée jusqu'ici pour réaliser une roue de balancier de montre, c'est probablement à cause des difficultés d'usinage attendues. Cependant, il s'avère de manière surprenante qu'elle présente un ensemble d'avantages techniques qui permettent de réaliser une roue de balancier à la fois légère et de haute qualité: nature amagnétique, faible densité, résistance mécanique élevée, faible coefficient de dilatation thermique, résistance à la corrosion. Par rapport au cupro-béryllium, le titane est presque deux fois plus léger et se dilate thermiquement deux fois moins, tout en offrant d'aussi bonnes caractéristiques mécaniques.
Par rapport à l'aluminium, le titane est un peu plus lourd, mais présente de bien meilleures caractéristiques mécaniques et une dilatation thermique trois fois moindre. L'invention permet donc de réaliser une roue de balancier en une pièce dont la serge est relativement légère malgré des dimensions relativement grandes, tandis que les bras sont minces et élastiques tout en étant suffisamment solides.
Description sommaire des dessins
[0010] D'autres particularités de l'invention apparaîtront dans la description suivante d'un mode de réalisation d'un balancier pour mouvement de montre ayant une roue de balancier en titane, présenté à titre d'exemple non limitatif de l'invention en référence aux dessins annexés, dans lesquels:
<tb>la fig. 1<sep>est une vue en perspective du balancier, et
<tb>la fig. 2<sep>est une vue en coupe suivant la ligne ll-ll de la fig. 1.
Description détaillée d'un mode de réalisation de l'invention
[0011] Le balancier 1 représenté dans les fig. 1 et 2 comporte un axe classique 2 en acier qui supporte une roue de balancier comprenant une serge 3 et par exemple trois bras 4 faits d'une seule pièce avec la serge. Cette pièce est en titane ou en alliage à base de titane, pour les motifs de légèreté exposés plus haut. Les bras 4 rayonnent à partir d'une partie centrale percée 5 qui est chassée sur une portée 6 de l'axe 2 en butant contre un épaulement 7.
De manière classique, l'axe 2 supporte en outre une virole 8, destinée à la fixation d'un spiral non représenté, et un double plateau d'échappement 9 destiné à coopérer avec une ancre.
[0012] Grâce à la faible densité du titane, la serge 3, ayant en l'occurrence une section transversale trapézoïdale, est suffisamment haute et épaisse pour comporter des trous taraudés destinés à recevoir des vis de réglage s'il le fallait.
Dans le cas présent, l'équilibrage du balancier n'est pas réalisé au moyen de vis de réglage, mais par fraisage de creux 11 dans la face extérieure de la serge.
[0013] En partant de l'idée que le balancier 1 est réalisé en titane (densité 4,5 kg/dm<3>) afin d'avoir un plus grand diamètre qu'un balancier classique en cupro-béryllium (densité 8,25 kg/dm<3>) ayant le même moment d'inertie, en conservant en outre la même section transversale de la serge, on peut calculer que le diamètre moyen de la serge du balancier en titane sera agrandi de 22%. L'effet obtenu du point de vue de l'esthétique est donc significatif, sans entraîner de perte sur les caractéristiques mécaniques de la serge.