L'invention a pour objet une composition pharmaceutique destinée au traitement ou à la prophylaxie des infections humaines à rétrovirus, notamment celles à virus générateur du syndrome de l'immunodéficience acquise (SIDA/AIDS). Elle a également pour objet à titre de médicaments pour le traitement ou la prophylaxie de telles infections, les composés hétérocycliques utilisés dans ces compositions.
L'un des problèmes majeurs auxquels est aujourd'hui confrontée la médecine est la toute récente apparition des infections humaines à rétrovirus. D'une part, les rétrovirus eux-mêmes, en particulier les rétrovirus humains, sont encore mal connus et leur mode d'action est loin d'être élucidé. D'autre part, la médecine ne dispose pas de produits permettant de lutter efficacement contre le développement de ces rétrovirus dans l'organisme ou contre les conséquences d'un tel développement au sein de l'organisme humain. On est à ce jour réduit à tenter d'enrayer au mieux la propagation de ces rétrovirus au sein de la population et à soigner les personnes atteintes à l'aide de médicaments dont les effets secondaires ne sont pas négligeables.
Le rétrovirus HIV (LAV/HTLV III) semble être, à l'heure actuelle, l'un des plus préoccupants pour le genre humain: il est responsable du syndrome de l'immunodéficience acquise (SIDA/angl.: AIDS). Se transmettant essentiellement par voie sexuelle ou sanguine, il touche un nombre grandissant de personnes et sa propagation est aujourd'hui qualifiée d'endémique. Le seul médicament utilisé à l'heure actuelle, avec un succès très relatif, pour ralentir l'évolution du SIDA chez les personnes atteintes, comprend comme principe actif la 3 min -azido-3 min -deoxythimidine ou AZT (voir p.ex. Demande EP-A-0 196 185). L'AZT a cependant pour inconvénient d'être instable à la chaleur (il est généralement conservé à -20 DEG C), de produire des effets secondaires mal supportés par les individus affaiblis par la maladie et d'être fort cher.
L'AZT est en outre non soluble dans l'eau, ce qui limite d'autant les formes d'application.
Tant l'industrie pharmaceutique que la médecine sont à la recherche de médicaments nouveaux permettant de traiter plus efficacement les infections à rétrovirus humains tel le SIDA, sans pour autant présenter les désavantages susmentionnés, en particulier ceux inhérents à l'emploi de l'AZT.
La présente invention permet de combler avantageusement cette lacune en proposant, à titre de médicament destiné au traitement ou à la prophylaxie des infections humaines à rétrovirus, au moins un composé hétérocyclique azoté choisi parmi le chlorure de 3,6-diamino-10-méthyl-acridinium, la 3,6-diamino-acridine et la 9-amino-acridine.
Les composés susmentionnés font partie d'une série plus étendue, communément appelée "acridines" et dont certains dérivés sont connus et utilisés depuis fort longtemps comme agents anti-bactériens tel par exemple le composé de formule
EMI2.1
ou ACD-y (Acridine Yellow). La découverte des propriétés anti-rétrovirales des dérivés aminés de l'acridine mentionnés ci-dessus est des plus surprenantes car, en l'état actuel de nos connaissances, rien ne permettait de présager une activité de ce type.
Les composés retenus dans le cadre de la présente invention comportent tous au moins un groupement amino rattaché à l'hétérocycle azoté; ils peuvent être représentés comme suit:
EMI2.2
On constate qu'ils ont en commun une structure favorisant par délocalisation la répartition d'une charge positive pouvant résulter de la protonation ou de la quaternisation de l'atome d'azote en position 10, comme dans le cas de l'acriflavine (ACF). Il a en effet été observé que ces composés sont fortement ionisés à pH physiologique, mais rien dans l'art antérieur ne permet de supposer que ces propriétés soient le siège de l'activité anti-rétrovirale mise en évidence.
L'activité anti-rétrovirale des composés cités dans le cadre de la présente invention a été mise en évidence, entre autres, sur le virus leucémigène de Friends (spleen focus forming virus/SFFV-F) lors d'expérimentations in vivo décrites plus loin. Comparées à la 3 min -azido-3 min -deoxythymidine (AZT) quant à leur effet sur le développement dudit virus, l'acriflavine (ACF) s'est révélée nettement plus efficace que l'AZT pour une dose de toxicité comparable, la proflavine (PF) présentant une activité similaire à celle de l'AZT. Tout laisse à penser que leur effet anti-rétroviral sur le virus du SIDA (AIDS) soit comparable sinon supérieur à celui de l'AZT.
Les composés hétérocycliques azotés proposés par l'invention au titre de médicament ont le grand avantage d'être aisément accessibles sur le marché et d'être remarquablement stables à température ambiante. Au vu de leur utilisation préalable comme agents anti-bactériens, leur toxicité a fait l'objet de nombreuses investigations: elle est parfaitement connue et il en va de même pour les effets secondaires éventuels. Les dits composés ont également l'avantage d'être hydrosolubles, ce qui facilite d'autant leur application, par voie buccale ou intraveineuse par exemple.
Au vu de l'énumération ci-dessus et de la connaissance des doses efficaces (ED50 par exemple), l'homme de l'art est en mesure de choisir aisément la formulation la plus adéquate, c'est-à-dire le dosage de l'ingrédient actif, la nature du support ou diluant, la posologie, etc...
On décrira ci-après, à titre non limitatif, la mise en évidence in vivo des propriétés anti-rétrovirales des composés hétérocycliques azotés de la présente invention.
Exemple
La méthode utilisée est conforme à celle décrite par Georges MATHE et al. dans C.R. Acad. Sci. 259, 4403 (1964).
A des souris issues de la souche DBA2 réparties par groupes de huit, on a inoculé par voie intraveineuse, au temps to, 0,2 ml d'une solution à 1% d'un extrait de rate contaminé par le rétrovirus leucémigène de Friends. Environ 1 heure après cette injection, on a administré à chaque souris infectée, par voie intrapéritonéale, une solution aqueuse du composé hétérocyclique choisi, aux doses figurant dans le tableau ci-après. Un groupe de 8 souris infectées a été gardé tel que, comme échantillon de contrôle.
Parallèlement, on a administré à un autre groupe de huit souris infectées une suspension huileuse d'AZT, également par voie intrapéritonéale, aux doses figurant dans le tableau ci-après. Les injections de substances médicamenteuses ont été répétées quasiment toutes les 24 heures, selon la séquence suivante : jour zéro - jour 1 - jour 2 - jour 3 - jour 6 - jour 7.
<tb><TABLE> Columns=2
<tb>Title: Tableau
<tb>Head Col 01 AL=L: Composé
<tb>Head Col 02 AL=L: Dose par injection
<tb> <SEP>Acriflavine (ACF)* <SEP>12,50 mg/kg
<tb> <SEP>6,25 mg/kg
<tb> <SEP>Proflavine (PF) <SEP>12,50 mg/kg
<tb> <SEP>6,25 mg/kg
<tb> <SEP>3 min -Azido-3 min -deoxythymidine (AZT) <SEP>50 mg/kg
<tb> <SEP>25 mg/kg
<tb> <SEP>12,50 mg/kg
* sous forme de mélange ACF/PF env. 50/30
<tb></TABLE>
Au huitième jour, on a effectué un prélèvement de plasma sanguin des souris infectées traitées et non traitées, et injecté 0,1 ml de ce plasma en l'état, respectivement après dilution à 10% et 1%, à des souris non contaminées issues de la souche DBA2. Cette injection s'est effectuée par voie intraveineuse.
La détermination du nombre de virus reçus par ces dernières a été effectuée huit jours après cette injection, par un comptage des foyers de formation unitaires dans la rate. L'effet des substances médicamenteuses utilisées dans cette expérimentation a été exprimé au moyen du rapport entre le nombre de foyers comptés suite à injection du plasma de souris infectées traitées et le nombre de foyers comptés suite à injection du plasma de souris "contrôle". Les valeurs obtenues sont exprimées logarithmiquement et sont reportées dans la figure ci-jointe.
SFU = "spleen focus units"
On constate ainsi que la proflavine (PF) présente une activité anti-rétrovirale comparable à celle de l'AZT alors que l'acriflavine présente une activité anti-rétrovirale nettement supérieure à celle de l'AZT (min. facteur 10).
The subject of the invention is a pharmaceutical composition intended for the treatment or prophylaxis of human retrovirus infections, in particular those with a virus generating the acquired immunodeficiency syndrome (SIDA / AIDS). It also relates as medicaments for the treatment or prophylaxis of such infections, the heterocyclic compounds used in these compositions.
One of the major problems facing medicine today is the very recent appearance of human retrovirus infections. On the one hand, the retroviruses themselves, in particular human retroviruses, are still poorly understood and their mode of action is far from being elucidated. On the other hand, medicine does not have products which make it possible to fight effectively against the development of these retroviruses in the organism or against the consequences of such a development within the human organism. To date, we have been reduced to trying to stop the spread of these retroviruses within the population as much as possible and to treat those affected with drugs whose side effects are not negligible.
The HIV retrovirus (LAV / HTLV III) seems to be one of the most worrying for mankind today: it is responsible for the acquired immunodeficiency syndrome (SIDA / angl .: AIDS). It is mainly transmitted by sexual or blood route, it affects a growing number of people and its spread is today called endemic. The only drug used at present, with very relative success, to slow the progression of AIDS in people affected, includes as active ingredient 3 min -azido-3 min -deoxythimidine or AZT (see e.g. Application EP-A-0 196 185). However, AZT has the disadvantage of being unstable when heated (it is generally stored at -20 DEG C), of producing side effects badly tolerated by individuals weakened by the disease and of being very expensive.
AZT is also not soluble in water, which limits the forms of application.
Both the pharmaceutical industry and medicine are looking for new drugs which can more effectively treat infections with human retroviruses such as AIDS, without having the above-mentioned disadvantages, in particular those inherent in the use of AZT.
The present invention makes it possible to advantageously fill this gap by proposing, as a medicament intended for the treatment or prophylaxis of human retrovirus infections, at least one nitrogenous heterocyclic compound chosen from 3,6-diamino-10-methyl- chloride. acridinium, 3,6-diamino-acridine and 9-amino-acridine.
The above-mentioned compounds are part of a larger series, commonly called "acridins" and some derivatives of which have been known and used for a very long time as anti-bacterial agents such as for example the compound of formula
EMI2.1
or ACD-y (Acridine Yellow). The discovery of the anti-retroviral properties of the amino derivatives of acridine mentioned above is most surprising because, in the current state of our knowledge, there was nothing to predict an activity of this type.
The compounds used in the context of the present invention all comprise at least one amino group attached to the nitrogen heterocycle; they can be represented as follows:
EMI2.2
We note that they have in common a structure favoring by delocalization the distribution of a positive charge which can result from the protonation or the quaternization of the nitrogen atom in position 10, as in the case of acriflavine (ACF ). It has in fact been observed that these compounds are strongly ionized at physiological pH, but nothing in the prior art makes it possible to assume that these properties are the seat of the anti-retroviral activity demonstrated.
The anti-retroviral activity of the compounds cited in the context of the present invention has been demonstrated, inter alia, on the leukemigenic virus of Friends (spleen focus forming virus / SFFV-F) during in vivo experiments described below. . Compared to 3 min -azido-3 min -deoxythymidine (AZT) in terms of their effect on the development of said virus, acriflavin (ACF) was found to be significantly more effective than AZT for a dose of comparable toxicity, the proflavin (PF) with activity similar to that of AZT. Everything suggests that their anti-retroviral effect on the AIDS virus (AIDS) is comparable if not greater than that of AZT.
The heterocyclic nitrogen compounds proposed by the invention as medicaments have the great advantage of being easily accessible on the market and of being remarkably stable at room temperature. In view of their prior use as anti-bacterial agents, their toxicity has been the subject of numerous investigations: it is perfectly known and the same goes for possible side effects. Said compounds also have the advantage of being water-soluble, which facilitates their application all the more, by the oral or intravenous route for example.
In view of the above enumeration and knowledge of the effective doses (ED50 for example), those skilled in the art are able to easily choose the most suitable formulation, that is to say the dosage of the active ingredient, the nature of the support or diluent, the dosage, etc.
The in vivo demonstration of the anti-retroviral properties of the heterocyclic nitrogen compounds of the present invention will be described hereinafter without limitation.
Example
The method used is in accordance with that described by Georges MATHE et al. in C.R. Acad. Sci. 259, 4403 (1964).
0.2 ml of a 1% solution of a spleen extract contaminated with the leukemigenic retrovirus from Friends was inoculated into mice from the DBA2 strain divided into groups of eight. About 1 hour after this injection, each infected mouse was administered, intraperitoneally, an aqueous solution of the heterocyclic compound chosen, at the doses shown in the table below. A group of 8 infected mice was kept as, as a control sample.
At the same time, another group of eight infected mice were administered an oily suspension of AZT, also intraperitoneally, at the doses shown in the table below. Drug injections were repeated almost every 24 hours, in the following sequence: day zero - day 1 - day 2 - day 3 - day 6 - day 7.
<tb> <TABLE> Columns = 2
<tb> Title: Table
<tb> Head Col 01 AL = L: Compound
<tb> Head Col 02 AL = L: Injection dose
<tb> <SEP> Acriflavine (ACF) * <SEP> 12.50 mg / kg
<tb> <SEP> 6.25 mg / kg
<tb> <SEP> Proflavine (PF) <SEP> 12.50 mg / kg
<tb> <SEP> 6.25 mg / kg
<tb> <SEP> 3 min -Azido-3 min -deoxythymidine (AZT) <SEP> 50 mg / kg
<tb> <SEP> 25 mg / kg
<tb> <SEP> 12.50 mg / kg
* in the form of ACF / PF mixture approx. 50/30
<tb> </TABLE>
On the eighth day, a blood plasma sample was taken from the treated and untreated infected mice, and 0.1 ml of this plasma was injected as it was, respectively after 10% and 1% dilution, into uncontaminated mice obtained from of the DBA2 strain. This injection was done intravenously.
The number of viruses received by the latter was determined eight days after this injection, by counting the foci of unit formation in the spleen. The effect of the medicinal substances used in this experiment was expressed by means of the ratio between the number of foci counted following injection of the plasma of infected infected mice and the number of foci counted following injection of the plasma of "control" mice. The values obtained are expressed logarithmically and are shown in the attached figure.
SFU = "spleen focus units"
It is thus found that proflavin (PF) has an anti-retroviral activity comparable to that of AZT while acriflavine has an anti-retroviral activity significantly greater than that of AZT (min. Factor 10).