Lors de l'exécution de certains assemblages de tôles, il n'est pas toujours possible d'exécuter le cordon de soudure de liaison à partir des deux côtés des tôles assemblées. En effet, souvent la reprise à effectuer est impossible à cause du manque de place, d'une position difficile. Dans d'autres cas, où la résistance mécanique de la liaison n'est pas déterminante, des raisons économiques font qu'il est préférable d'y renoncer. Pour de telles exécutions, il est connu d'utiliser un couvrejoint constitué par un profilé de même matière que celle des tôles, couvrejoint placé du côté opposé au cordon. Cet élément est en général fixé sur une des tôles par des points de soudure plus ou moins longs et plus ou moins espacés.
Il arrive alors que ce procédé de fixation ait pour effet de faire tourner le profilé sur lui-même et d'appuyer fortement son arête de fixation contre la tôle. Il en résulte la création d'une petite chambre de forme triangulaire située sous le couvrejoint, le sommet du triangle correspondant à l'endroit des points de soudure, l'angle au sommet de ce triangle étant évidemment très aigu.
Cette façon de procéder a l'inconvénient que, du fait de l'opération de soudure proprement dite, l'air emprisonné dans cette chambre est fortement chauffé. Par conséquent, l'air se dilate et cherche à partir, ce qu'il fait souvent en traversant le métal fraîchement déposé dans le cordon de soudure et y provoque des porosités qui doivent être corrigées.
La présente invention a pour objet un procédé de soudage à l'arc électrique de deux tôles, l'apport des matières constituant le cordon de soudure de liaison n'étant exécuté qu'à partir d'un seul côté des deux tôles, un profilé auxiliaire, constituant un couvrejoint étant disposé au droit du cordon de soudure de l'autre côté de l'une ou des deux tôles et préalablement fixé rigidement contre l'une d'elles.
Il est caractérisé en ce qu'on maintient un jeu suffisant entre le couvrejoint et la tôle contre laquelle il est fixé, pour permettre aux divers gaz se trouvant à l'endroit où se fait la soudure de s'échapper par ce jeu sans avoir à traverser le cordon de métal apporté.
L'invention a encore pour objet un assemblage réalisé selon ce procédé, comportant au moins deux tôles reliées l'une à l'autre par un cordon de soudure de métal apporté, la liaison comprenant en outre un profilé auxiliaire, constituant un couvrejoint, disposé au droit du cordon de soudure, de l'autre côté de l'une ou des deux tôles et fixé contre l'une d'elles. Cet assemblage est caractérisé en ce qu'un jeu est ménagé entre le couvrejoint et la tôle contre laquelle il est fixé.
Le dessin annexé représente, schématiquement et à titre d'exemple, quatre formes d'exécution de l'assemblage selon l'invention. Les pièces qui correspondent à ces figures portent le même chiffre de référence.
La fig. 1 est une vue en bout de la première forme d'exécution représentant une poutre de pont constituée par deux tôles horizontales de forte épaisseur reliées entre elles par deux tôles verticales d'épaisseur moindre.
La fig. 2 est une vue partielle en bout, à plus grande échelle, de
la poutre représentée à la fig. 1.
La fig. 3 est une vue partielle en perspective de la deuxième
forme d'exécution, représentant l'assemblage de deux tôles soudées bout à bout.
La fig. 4 est une vue partielle en perspective de la troisième
forme d'exécution, représentant un assemblage semblable à celui de la fig. 3 de tôles cylindriques.
La fig. 5 est une vue en bout de la quatrième forme d'exécu
tion, représentant une poutre rectiligne de section triangulaire.
La fig. 1 comprend les éléments principaux qui suivent, à
savoir: deux tôles horizontales 1 et 2 constituant des semelles, et deux âmes 3 et 4, réalisant ensemble une poutre en forme de cais
son. Ces diverses tôles sont soudées les unes aux autres par des
cordons de soudure transmettant les divers efforts de liaison exis
tant entre elles.
La fig. 2 comprend les mêmes éléments principaux que la fig. 1, dont elle représente une vue partielle. La semelle 2 est soudée à l'âme 3 par l'intermédiaire d'un cordon de soudure 5 déposé à partir de l'extérieur du caisson. Dans le cas particulier, l'espace compris entre les diverses tôles constituant le caisson est insuffisant pour permettre l'exécution, dans de bonnes conditions de travail, du cordon de soudure de liaison 5, celui-ci étant repris à par
tir de l'intérieur du caisson.
Pour améliorer la qualité de la soudure, il est usuel de disposer un couvrejoint 6 de section rectangulaire à l'intérieur de la liaison, de telle façon que l'âme 3 appuie contre le couvrejoint qui ferme le fond de la fente existant à la base de l'âme 3 entre celle-ci et la semelle 2, ce qui facilite grandement le travail de soudage. Cependant, il peut arriver que du fait de sa fixation par des points de soudure 7, le couvrejoint appuie contre la face de la semelle 2 par son arête 8. De ce fait, lors de
l'exécution du cordon de soudure principal 5, les gaz emprisonnés dans la chambre située entre le couvrejoint 6 et la semelle 2 ne peuvent pas s'échapper facilement. Ceux-ci chauffés peuvent traverser le cordon principal 5 et provoquer des porosités en lui.
Ces porosités gênantes doivent être enlevées par meulage de la zone touchée et obturées par des opérations de soudure complémentaires, travaux de correction longs et onéreux.
L'assemblage réalisé par le présent procédé présente un jeu 15 situé entre le couvrejoint 6 et la semelle 2. Ce jeu est donné volontairement lors de la fixation du couvrejoint en disposant des cales, non représentées au dessin, entre le couvrejoint 6 et la semelle 2. Ces cales, dont l'épaisseur peut être choisie en fonction du cas, sont minces par rapport aux tôles en présence. En effet, leur épaisseur est de l'ordre de 0,1 mm à 1 mm. Elles peuvent être retirées au fur et à mesure de l'exécution des points de soudure 7.
Ces précautions prises, l'air emprisonné entre ces deux pièces peut s'échapper facilement par la droite sans avoir à traverser le cordon de soudure 5.
Les fig. 3 et 4 représentent d'autres applications possibles du procédé. Dans ces cas, la tôle 9a ou 9b doit être soudée bout à bout avec une autre tôle 10a ou lob, le couvrejoint 1 la ou 1 lb étant disposé de l'autre côté des deux tôles. La seule différence existant entre ces deux constructions réside dans le fait que dans le cas de la fig. 3 les tôles sont planes, tandis que dans celui de la fig. 4 les tôles sont cylindriques. Il va de soi que le même procédé pourrait être utilisé pour d'autre formes.
Enfin, la fig. 5 représente. à titre d'exemple, une forme d'exécution dans laquelle la poutre en caisson ne comprend qu'une seule semelle 12 soutenue par deux tôles 13 et 14 disposées de biais et conférant à l'ensemble un moment de résistance et d'inertie suffisant.
Diverses autres variantes du procédé peuvent être envisagées.
En effet, au lieu de retirer la ou les cales placées provisoirement sous le couvrejoint, il est possible de les laisser en place. On pourrait aussi atteindre le même effet en exécutant des redans à la surface inférieure du couvrejoint 6. Ce dernier, au lieu d'être fixé par des points de soudure, pourrait l'être d'autre manière, par exemple par des rivets, des boulons, etc. De même, le profilé, au lieu d'être de section rectangulaire, pourrait être carré, triangulaire, ou encore constituer une portion de cylindre.
Le procédé peut être utilisé pour toutes les constructions soudées à l'arc électrique et s'applique particulièrement bien à des constructions importantes en acier ordinaire. Il va de soi qu'il pourrait être aussi utilisé pour des constructions exécutées en aciers alliés, inoxydables, ainsi que pour des assemblages en métaux non ferreux: aluminium, laiton, etc. Divers modes de soudure à l'arc électrique sont possibles, le cordon pouvant être déposé sous gaz protecteur (argon, CO2), sous poudre (basique, acide, rutile), le fil de métal déposé étant plein ou fourré, ou bien, plus simplement, en une électrode enrobée. D'autre part, I'exécu- tion de la soudure peut être faite à main ou avec un appareil à souder automatique.