<B>Procédé de</B> construction <B>d'un pont</B> Le présent brevet a pour objet un procédé de construction d'un pont, notamment en béton précon traint.
Habituellement, la construction de ponts, et notamment de ponts en béton, demande l'établisse- ment, à l'endroit où le pont définitif doit être érigé, d'un échafaudage permettant la coulée du béton, échafaudage destiné à être démonté après la prise du béton. De tels échafaudages pour la construction de ponts sont d'un montage souvent très difficile selon la voie que le pont doit traverser, que ce soit une voie ferrée, une voie routière, une voie fluviale ou une traversée de gorges, par exemple.
Les difficultés de montage de ces échafaudages rendent ce travail dangereux et excessivement coû teux. La présente invention a pour objet un procédé permettant de diminuer de notable façon le coût de construction d'un pont. Ce procédé est caractérisé par le fait qu'on construit tout d'abord une pile sur au moins l'un des bords de la voie que le pont doit enjamber, qu'on place un palier .de butée à axe ver tical sur cette pile, qu'on construit un élément d'arche sur cette pile dans une direction sensible ment parallèle à ladite voie, qu'après terminaison de cet élément, on le fait pivoter d'environ un quart de tour sur le palier de butée pour l'amener trans versalement à la voie dans sa position définitive.
De préférence, on construit ledit élément d'arche de manière qu'une partie le prolonge du côté opposé au pivot pour équilibrer au moins partiellement la, par tie en arche.
Le brevet a aussi pour objet un pont construit selon le procédé défini ci-dessus et caractérisé par le fait qu'il comprend au moins un élément en forme d'arche prenant appui sur une pile, cet élément présentant un prolongement s'étendant du côté opposé à l'arche vers la culée pour équilibrer, au moins partiellement, le poids de l'arche de part et d'autre de la pile.
Le dessin annexé représente, schématiquement et à titre d'exemple, une mise en oeuvre du procédé et une forme d'exécution du pont, objets du brevet.
La fig. 1 est une vue en élévation montrant une moitié de pont en construction sur la rive d'un cours d'eau, par exemple.
La fig. 2 est une vue en plan correspondant à la fig. 1.
La fig. 3 est une vue en élévation montrant le pont à l'état presque terminé.
La fig. 4 est une coupe verticale à plus grande échelle selon IV-IV de la fig. 3.
La fig. 5 est une coupe semblable à la précédente d'une variante d'exécution.
Dans l'exemple de mise en ceuvre représenté, ce procédé de construction d'un pont, notamment d'un pont en béton précontraint, consiste à construire tout d'abord une pile 1, respectivement 2, de part et d'autre de la voie 3 que le pont doit enjamber, que cette voie soit une voie ferrée, une route ou un cours d'eau, tel que représenté au dessin. Ensuite, on place sur chacune des piles 1 et 2 un palier de butée ou pivot 4 constitué, par exemple, par un roulement axial à billes ou galets coniques. Ensuite, on élève un échafaudage 5 de montage rapide et aisé directe ment sur la berge 6 correspondante du cours d'eau.
La moitié 7 du pont en béton précontraint peut donc être coulée rapidement et sans danger pour le per sonnel, étant donné que tout le travail se fait sur terre ferme et non au-dessus de l'eau. De préférence, cette moitié 7 de pont est formée d'un élément 8 en forme de demi-arche. Cet élément 8 présente un pro longement 9 du côté opposé à sa partie en forme d'arche pour équilibrer au moins partiellement ladite partie en arche. Lors du montage de l'échafaudage 5 ou éven tuellement après que l'élément 8 du pont a été coulé, on construit un chemin de roulement 10 en forme d'arc de cercle centré sur le pivot 4.
Comme le montre la fia. 2, ce chemin de roulement 10 s'étend sensiblement du point 11, situé sous l'extré mité 12 du prolongement 9 en construction, à un point 13, situé sensiblement sous l'extrémité 12 dudit prolongement en position définitive après que l'élé ment 8 a été tourné .d'environ 900. C'est précisément pour faciliter cette manoeuvre que le chemin de rou lement 10 est établi. Sur ce chemin de roulement 10 est disposé un chariot 14 destiné à guider le prolon gement 9 de l'élément d'arche 8 pendant la rotation de celui-ci.
Après coulage de la moitié de pont 7 et sa prise, et si le besoin s'en fait sentir, on charge l'extré mité 12 du prolongement 9, par exemple à l'aide de pièces de fonte 15, de manière à parfaire l'équili- brage de l'ensemble sur le pivot 4 avant sa rotation.
Une fois l'ensemble équilibré et l'extrémité 12 reposant sur le chariot 14, on fait pivoter d'environ un quart de tour sur son palier de butée 4 la moitié 7 du pont pour l'amener transversalement à la voie 3 dans sa position définitive (comme indiqué en trait mixte à la fig. 2).
Lorsque les deux moitiés du pont ont été pivotées pour les amener toutes deux transversalement à la voie 3, dans le prolongement l'une de l'autre, on les clavette en position définitive, par exemple en cou lant un élément-joint de béton 16 entre les deux demi-arches 8.
Une fois les deux moitiés 7 du pont amenées dans leur position définitive, on peut remplacer le palier de butée 4 par des supports métalliques articulés selon un axe horizontal transversal par rapport au pont, supports de construction bien connue. Ensuite, un joint de dilatation de construction habituelle peut être disposé entre chaque extrémité 12 et la culée 17 respective.
Le mouvement de rotation de chaque moitié 7 du pont se fait de préférence à l'aide d'un treuil accro ché à l'extrémité 12.
Pour éviter tout risque d'oscillation intempestive ou de basculement de chaque moitié 7 autour de son pivot 4 respectif, on dispose autour de celui-ci des butées 18, par exemple en bois dur.
Pour garantir davantage encore la stabilité de chaque moitié 7 du pont pendant leur mouvement de rotation, on peut, comme le montre la fig. 5, dis poser le pivot 4 le plus haut possible dans l'axe de chaque moitié 7, de sorte que ce pivot 4 soit situé si possible au-dessus du centre de gravité de la moitié 7 du pont. Ainsi, la stabilité de celle-ci est garantie par effet pendulaire >. Ce procédé de sus pension de chaque moitié 7 du pont demande de prévoir une ouverture dans la semelle inférieure 19 de chaque moitié 7 pour y placer un support 20 du pivot 4.
Bien entendu, la semelle supérieure 20 de chaque moitié 8 doit être renforcée en conséquence, éventuellement par des nervures 21 et 22 pour résis ter à la réaction du palier de butée 4.
En variante et selon les dimensions du pont et le bon équilibrage de chaque moitié 7 de celui-ci, le chemin de roulement 10 et le chariot 14 pourraient être supprimés.
Le procédé décrit ci-dessus n'est pas seulement applicable à la construction de ponts en béton pré contraint formés en deux éléments enjambant une voie quelconque ; il peut aussi être appliqué à la construction d'un pont formé d'un seul élément tel que l'élément 7 construit sur une pile 1 située d'un côté de la voie à franchir. Dans ce cas, la longueur de l'élément 7 serait telle que l'extrémité d'arche 8 soit située au-dessus du bord opposé de la voie 3 après rotation dudit élément. Un tel pont serait donc de construction asymétrique.
Des ponts présentant plusieurs arches successi ves pourraient aussi être construits selon ce procédé. Notamment dans le cas où un tel pont doit enjamber plusieurs voies parallèles ou, éventuellement, dans le cas où ce pont doit enjamber un cours d'eau pré sentant des îlots intermédiaires entre ses deux ber ges.
Dans toute la description qui précède, il a tou jours été question de construction de ponts en béton précontraint. Toutefois, il va de soi que le procédé serait également applicable à la construction de ponts métalliques ou en bois avec les mêmes avan tages de sécurité et de diminution du coût de cons truction.