Procédé pour l'extraction du suint de laine contenu dans les liquides alcalins utilisés pour le lavage de la laine. L'invention concerne l'extraction, c'est- à-dire la récupération du suint. de laine con tenu dans la liqueur de dessuintage épuisée, ladite liqueur contenant un détersif anionique et un alcali.
Le lavage de la. laine, qui constitue une des premières opérations du traitement de la laine brute, a pour but d'en éliminer la, graisse, les souillures, les sels de suint, les matières protéiniques et d'autres impuretés. L'agent. de lavage d'un procédé d'un usage très répandu consiste en eau contenant des détersifs anioni- ques et des alcalis. Une opération de ce type s'effectue par exemple dans une série de quatre récipients dits bassines et constituant un groupe de lavage de la laine . On lave la laine dans la première et la seconde bas sine à 49 C environ avec une solution aqueuse de savon ou de détersif synthétique et un alcali. L'alcali est généralement le carbonate de sodium ou de potassium.
On fait arriver le détersif et l'alcali dans ces bassines d'une manière continue ou intermittente. Les troi sième et quatrième bassines sont en principe les bassines de rinçage dans lesquelles on rince la laine de façon à la débarrasser de détersif et d'alcali. Puis on traite la liqueur épuisée de façon à en recueillir le suint, qui est. un produit de valeur.
Au cours de l'opération de lavage, conti nuée pendant une période de plusieurs jours. la teneur en savon de la liqueur augmente progressivement sous l'effet de la réaction entre le carbonate de sodium et de faibles quantités d'acides gras en liberté dans le suint. Au fur et à mesure de l'augmentation de la teneur en savon au cours de l'opération de lavage, il est nécessaire d'ajouter des agents dits d'agglomération pour améliorer leur pouvoir détersif en provoquant l'agglomération des molécules de savon à. l'état de micelles, dans lequel elles constituent des détersifs beaucoup plus efficaces. Il est de pratique. courante dans les filatures d'ajouter à cet effet, de temps en temps, une certaine quantité de car bonate de sodium.
Il existe trois procédés principaux de ré cupération du suint dans la liqueur aqueuse de lavage en usage dans les installations indus trielles. Ce sont le procédé de centrifugeage, le procédé de cracking par un acide et le procédé basé sur la précipitation par forma tion de savon de chaux.
Le procédé de centrifugeage appliqué cou ramment dans la pratique consiste à faire pas ser la liqueur de lavage épuisée à une tempé rature inférieure au point d'ébullition de l'eau dans une essoreuse centrifuge du type des écrémeuses et à faire passer la graisse con centrée qui en sort dans une super-essoreuse centrifuge pour en éliminer la faible quantité d'humidité qu'elle contient encore. Ce procédé ne permet de recueillir qu'une faible fraction, dépassant rarement un tiers, de la graisse contenue dans la liqueur, car le complément de la graisse est à l'état d'émulsion si fine qu'il ne se sépare pas sous l'effet de la force centrifuge dont on dispose.
Le procédé de cracking par un acide, qui consiste à traiter la. liqueur par l'acide sulfu rique, puis à la filtrer et à éliminer la. graisse du gâteau de filtrage, permet de séparer la. majeure partie de la graisse de la. liqueur de lavage mais, au cours du traitement sui vant, 45 à 60 % de la graisse se perdent. La teneur en acides gras de la graisse ainsi obte nue est très forte et elle est de moins bonne qualité que celle qu'on obtient par centrifu- geage. La liqueur résiduelle du traitement ne peut pas resservir dans l'installation de la vage, -à cause de sa forte acidité.
Le procédé basé sur la précipitation par le calcium de façon à former des savons mé talliques exige aussi un filtrage et l'élimina tion de la graisse du gâteau de filtrage. Quoique ce procédé permette de séparer une grande quantité de graisse de la liqueur de lavage, son application comporte un grand nombre de bacs de dépôt. et, comme précédem ment, une grande quantité de graisse est. per due dans le gâteau de filtrage. La liqueur ne peut être réutilisée après le traitement. dans l'installation de lavage de la laine sans subir un autre traitement.
Les procédés de récupération de la graisse actuellement en usage ne permettent donc d'obtenir qu'un faible rendement ou sont coû teux à appliquer, à. cause des frais de main- d'#uvre et du prix des produits de traitement, et. ne permettent. d'obtenir qu'un suint de qua lité inférieure et/ou en faible quantité ou une liqueur clarifiée qui ne peut pas resservir au lavage de la laine sans subir un autre traite ment. Lorsqu'on lave la laine dans une solution aqueuse de détersifs anioniques d'un pH supé rieur à 8, la solubilité et le degré d'émulsifi- cation des diverses substances contenues dans la solution paraissent être conformes à l'ordre décroissant suivant: 1.
Sels inorganiques. 2. Protéines.
3. Sels organiques.
4. Esters oxydés (décolorés) et alcools supérieurs.
5. Esters non oxydés et alcools supérieurs. Il en résulte que les esters et les alcools de couleur claire, sensiblement purs, inodores et neutres, se séparent. en premier lieu (par exemple par l'action centrifuge). Ces compo sés sont. ceux qui ont le plus de valeur et peuvent être obtenus par simple eentrifugeage de la. liqueur épuisée. Cette liqueur peut. alors servir à, un nouveau lavage et centrifugeage. Mais elle ne peut resservir qu'un nombre de fois limité. La, quantité de graisse de qualité supérieure recueillie est relativement faible ainsi qu'il a déjà été dit.
La présente invention permet. de récupérer le suint des liqueurs de lavage avec un rende ment élevé, à l'aide d'opérations peu nom breuses, sans altérer la qualité du suint et dans des conditions telles que la liqueur est régénérée, de sorte qu'il est possible de l'uti liser à nouveau pour le lavage.
Le procédé selon l'invention, pour l'extrac tion du suint. de laine contenu dans les liquides alcalins contenant un détersif anio- nique, utilisés pour laver la laine, est caracté risé en ce qu'on ajoute à ce liquide au moins un sel ionisable soluble dans l'eau, d'un métal alcalin ou d'ammonium ne formant pas de produits de réaction insolubles avec les com posés contenus dans la liqueur de lavage, cette addition étant faite dans une proportion suffi sante pour atteindre le point où l'émulsion de graisse dans ladite liqueur commence à se détruire lors d'un chauffage ultérieur, mais insuffisante pour provoquer la précipitation des protéines, détersifs et savons contenu;
dans la. liqueur, après quoi on chauffe la liqueur jusqu'à ce que sa couleur devienne plus foncée et. qu'une goutte d'essai de la li queur déposée. sur une feuille de papier filtre produise un anneau à. périphérie claire et centre foncé, puis on sépare le suint. de la liqueur par centrifugeage. Ce procédé est mis en oeuvre comme suit: On fait. passer la liqueur des bassines de lavage dans un bac de dépôt dans lequel on la chauffe à ébullition. On ajoute le sel sous forme de solution saturée ou à l'état solide.
Les sels qui conviennent sont, des sels ionisa- bles solubles dans l'eau de la catégorie des sels de métaux alcalins ou d'ammonium, des acides organiques contenant moins de trois atomes de carbone ou des acides minéraux. On donne la préférence au chlorure de sodium. D'autres sels appropriés sont par exemple les chlorures, sulfates ou nitrates de sodium, po tassium, ammonium, le thiocyanat.e de sodium, l'acétate d'ammonium, le borax et le bichro mate d'ammonium.
On chauffe la, solution contenant le sel à une température à laquelle l'émulsion de graisse commence à se détruire. La couleur apparente de la solution devient. plus foncée lorsque ce point critique est atteint. En géné ral, la couleur apparente passe de la couleur tan à la couleur café foncé. Avant que ce point critique soit atteint, on obtient par un essai d'une goutte de la liqueur sur du papier filtre un anneau de densité uniforme sans anneau extérieur. Lorsque ce point critique est atteint., on obtient par cet essai un anneau extérieur aqueux de couleur claire et un centre foncé. Ce point est généralement atteint au bout de 15 minutes ou à peu près d'ébullition avec le chlorure de sodium, mais cette durée varie avec la nature de la liqueur et la tem pérature.
A ce point critique, l'émulsion n'est pas effectivement détruite. Le sel n'a pas pro voqué la précipitation des savons, détersifs et des protéines. Les grains de l'émulsion de graisse des liqueurs ainsi traitées sont deve nus beaucoup plus gros, sans aucune sépara tion de graisse, ainsi que l'indique l'analyse. Des liqueurs amenées à ce point. critique ont été observées au repos pendant 19 heures, sans que la graisse se sépare.
Le liquide de lavage amené au point cri tique subit un traitement centrifuge pour en séparer le suint. Des essoreuses centrifuges ordinaires peuvent servir à cet effet. La quan- tité de suint recueillie est généralement 2 à 2,5 fois plus forte que celle qu'on peut re cueillir dans la liqueur par un simple traite ment centrifuge. La graisse recueillie est de qualité supérieure.
On constate qu'avec l'addition de la quan tité de sel spécifiée, la liqueur épuisée ainsi traitée peut être réutilisée au lavage de la laine et généralement sans autre addition immédiate de carbonate de sodium. C'est- à-dire que la liqueur épuisée est régénérée et que le sel remplit la fonction d'un agent d'agglomération.
L'exemple suivant montre de quelle ma nière peut être exécuté le procédé suivant l'invention.
<I>Exemple:</I> On fait sortir environ 1211.0 litres de liqueur épuisée de lavage de la laine conte nant 3,71/o. de graisse de la première bassine d'une installation -de lavage de la. laine et on les chauffe à ébullition dans un bac de dépôt en y ajoutant 589 kg de chlorure de sodium. On fait. bouillir la liqueur jusqu'à ce que sa couleur passe de la. couleur tan (tanin) à celle du café foncé et qu'en déposant une goutte d'essai sur une feuille de papier filtre on obtienne une tache foncée entourée d'un anneau extérieur de couleur claire. Ce point critique est atteint au bout de 15 minutes environ. Puis on fait passer la liqueur dans une installation centrifuge ordinaire de récu pération de la graisse pour .en séparer le suint.
On recueille ainsi plusieurs centaines de kilogrammes de suint de qualité supérieure au lieu des 90 à 136 kg qu'on recueillerait. dans cette liqueur dans une essoreuse centri fuge ordinaire. En général, la liqueur clari fiée provenant de cette opération ordinaire ne ressert plus, tandis que celle qu'on obtient dans cet exemple peut être réutilisée au lavage de la laine sans addition de carbonate de so dium ni autre agent. d'agglomération .
Il n'est pas nécessaire d'ajouter le sel à température élevée, mais si on l'ajoute en élevant la température, le sel se dissout rapi dement et on opère de préférence de cette manière dans la pratique. La nature du sel peut varier. Lorsque ce sel est le chlorure de sodium, qui est celui qu'on choisit de préférence, la proportion qui convient est comprise entre environ 2 à 131/o du poids de la. liqueur totale et est variable suivant la nature de la liqueur. La proportion paraissant la plus avantageuse est comprise entre environ 2 et 41/@ du poids de la liqueur totale.
Lorsqu'on doit employer d'autres sels, leur proportion est choisie de façon à rendre leur action équivalente à celle des proportions indiquées ci-dessus de N aCl; il est facile de déterminer la proportion d'un sel donné né cessaire à une liqueur spéciale par une simple addition d'essai du sel.
De préférence, on chauffe le liquide à la température d'ébullition ou à une température supérieure, mais la température peut être aussi plus basse. Cependant, on a constaté que plus la température est élevée, plus est courte la durée de chauffage, une fois le sel ajouté, qui est nécessaire pour atteindre le point cri tique.