Artifice photographique
La présente invention est relative à un artifice photographique utilisé dans un atelier photographique pour créer l'apparence qu'un personnage ou être vivant est incorporé,éventuellement en pieds,dans un paysage arbitraire d'ambiance préalablement photographié, en mettant en oeuvre un appareil de prise de vues et un projecteur de diapositives.
L'invention trouve sa principale application en photographie de mode. Il est bien connu que les créateurs de mode et les grandes maisons de confection et d'habillements lancent leurs collections d'été pendant les mois d'hiver et leurs collections d'hiver en été.
Or, la réalisation durant les mois de janvierfévrier de photographies d'ambiance parfaitement réussies représentant un paysage d'été nécessite le déplacement dans un pays baigné de soleil tel la Tunisie ou la Guadeloupe, de toute une équipe de travail comptant des mannequins ou modèles, des maquettistes, créateurs de mode et photographes-compositeurs.
Malgré son coût exorbitant, un tel déplacement
ne garantit jamais que les conditions atmosphériques permettront de réaliser immédiatement les prises de vue souhaitées. Un ciel couvert oblige parfois ce petit monde à prolonger son séjour idyllique.
En photographie de mode ou de publicité, il est parfois impératif d'inclure un modèle ou un personnage dans le cadre connu d'une ville. Il est évident que réussir une prise de vue au milieu de la circulation
et du passage incessant des piétons et curieux est en soi une performance qu'il n'est matériellement pas possible de répéter régulièrement.
D'autres photographies requièrent un environnement d'intérieur, telle une salle de bain ou un salon. La réalisation d'une photo d'intérieur n'est pas non plus simple, puisque les pièces susdites n'offrent généralement pas de recul suffisant.
On a dès lors depuis longtemps essayé tant bien que mal de créer artificiellement le décor des photos de mode ou de publicité.
C'est ainsi que l'on connaît un artifice photographique selon lequel on dispose le mannequin devant un écran perlé à haute brillance, constitué d'une multitude de perles sphériques concaves assurant parfaitement la réflexion de la lumière dans une direction précise. Les écrans les plus performants sont réalisés à partir de coupoles sphériques trempées dans un bain d'aluminium.
Un projecteur d'images, par exemple un projecteur de diapositives de format 6 x 6 ou même 24 x 36 mm, est disposé face à l'écran, du côté de la prise de vue photographique. Ledit projecteur est pourvu d'un tube flash dont l'enclenchement est synchronisé ou asservi à celui de l'appareil de prise de vues. Au moment de l'éclair, le projecteur dirige, par l'intermédiaire d'un miroir semi-transparent, une image sur l'écran. Une partie de l'image projetée est néanmoins reçue par le mannequin.
L'image recueillie par l'écran est renvoyée de manière extrêmemnt directionnelle vers le miroir semitransparent susdit qui laisse traverser une partie des rayons lumineux pour les conduire vers un appareil de prise de vue où elle impressionne la pellicule et en prélève une autre partie pour les dévier vers un corps absorbant.
Puisque l'écran susdit réfléchit la lumière en direction de l'appareil de prise de vue avec une intensité environ cent fois plus élevée que le modèle ou le mannequin, seule la fraction d'image provenant de l'écran sera fixée sur pellicule.
Ce procédé connu présente cependant plusieurs inconvénients.
Ainsi, l'ombre du mannequin portée sur l'écran,
est nécessairement plus grande que celle du mannequin lui-même. La silhouette du mannequin est entourée d'un léger filet noir qui donne l'impression que ladite silhouette a été découpée et ensuite collée sur un paysage.
Un second inconvénient consiste dans le fait que
le support de l'écran généralement constitué d'une matière synthétique qui retient les billes-miroir, contrairement à celles-ci, diffuse la lumière dans
toutes les directions et crée de ce fait un voile sur
la photographie, dont les teintes s'affadissent.
Enfin, quelle que soit la finesse du grain de
la pellicule, le paysage de la photographie présente,
en raison de la structure même de l'écran à billes réfléchissantes, un aspect granuleux, indéniablement amplifié par un agrandissement même faible de la photographie.
La présente invention vise à remédier aux inconvénients susdits et propose un truquage photographique
qui permet de recréer en studio n'importe quelle ambiance donnant l'apparence d'un paysage réel, dans lequel peut évoluer le modèle. Elle est relative à un artifice photographique utilisé dans un atelier photographique pour créer l'apparence qu'un personnage ou être vivant est incorporé, éventuellement en pieds.dans un paysage arbitraire d'ambiance préalablement photographié, en mettant en oeuvre un appareil de prise de vues et un projecteur
de diapositives, essentiellement caractérisé en ce qu'on projette le paysage susdit sur un écran du type translucide dont les dimensions peuvent atteindre 10 m et devant lequel évolue le personnage ou être vivant susdit
à photographiera l'aide d'un projecteur de diapositives muni d'un flash dont l'enclenchement est asservi à celui de l'appareil de prise de vues et monté derrière l'écran.
Dans un autre mode de mise en oeuvre particulier,
on utilise comme écran, une vitre translucide comportant une seule face dépolie, de préférence par
sablage.
Dans un mode de mise en oeuvre différent, on utilise un écran translucide constitué d'un support transparent, en verre ou en méthacrylate de méthyle, sur
lequel sont collées ou incrustées des perles transparentes.
Suivant une particularité de l'invention, on règle le rapport de puissance de la lampe-témoin et du flash pour régler la luminosité du fond de la photographie.
On obtient d'excellents résultats lorsqu'on utilise un projecteur pour diapositives 6 x 6 muni d'un tube flash d'une puissance 1500 joules et présentant un objectif de
300 mm de distance focale et une ouverture de 2,8.
D'autres particularités et détails de l'invention apparaîtront au cours de la description détaillée suivante, d'une forme de réalisation de l'invention, faisant référence aux dessins ci-joints, dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en perspective d'un ensemble de moyens mis en oeuvre de part et d'autre d'un écran semi-transparent pour réaliser l'artifice photographique suivant l'invention, et
- la figure 2 montre un projecteur à condenseur asphérique.
Dans ces figures, les mêmes notations de référence désignent des éléments identiques ou analogues.
On crée artificiellement un décor de photographie de mode ou de publicité en disposant comme illustré à la figure 1, le mannequin désigné par la notation de référence 1, devant un écran translucide 2. Sur la face arrière dudit écran est envoyé, par un projecteur 3, disposé derrière l'écran, l'image d'un paysage 2' provenant d'une diapositive.
Le projecteur 3 de diapositives est pourvu d'un tube flash synchronisé à celui de l'appareil de prise
de vues 4 constitué d'un appareil photographique ou d'une caméra. L'image projetée par l'éclair du projecteur est reçue entièrement par l'écran 2. Le mannequin 1 ne constitue donc plus un obstacle à l'image projetée. Au moment de l'éclair du projecteur 3, d'autres sources de lumières principales 5,6 disposées à un angle situé directement au-dessus dû modèle 1, éclairent celui-ci et procurent une photographie qui donne l'illusion parfaite que le modèle 1 est incorporé dans le paysage 2' choisi à partir d'une diapositive. A condition de maîtriser un certain nombre de paramètres relativement simples, on parvient, grâce à l'artifice suivant l'invention, à réaliser en studio, des photographies d'ambiance parfaitement réussies et ce, dans n'importe quel paysage. Il suffit que celui-ci soit préalablement fixé sur diapositive ou éventuellement sur image.
L'artifice permet un réglage parfait de la densité de la disposition de fond et des sujets. De même, elle permet un réglage aisé de la tonalité, de la profondeur de champ et de la luminosité.
En vue de rendre possible la mise au point de l'image et permettre de composer celle-ci, on équipe généralement le projecteur de diapositives 3 d'une lumière témoin ?. Cette lampe-témoin permet entre autres, de régler la grandeur de l'image. Il suffit pour effectuer ce réglage, d'avancer ou reculer le projecteur 3 ou encore modifier l'objectif-zoom 3:La luminosité du flash est suffisante que pour éclairer un écran atteignant 10 m. (Figure 2).
La mise au point comporte également le réglage de la température des couleurs de fond qui peut se faire
à l'oeil nu ou éventuellement au thermocolorimètre. On balance les couleurs à l'aide de filtres placés sur le projecteur.
On vérifie le dépoussiérage parfait de la diapositive et on règle la profondeur de champ et règle le flou à son goût. Un certain flou de l'ambiance permet de décrocher les modèles.
Un aspect important de la mise en page concerne l'incorporation des modèles 1 dans l'image projetée 2'.
On obtient d'excellents résultats en disposant
les mannequins 1 sur un podium 7'd'environ 50 cm de haut à une distance d'environ 1 à 2 m de l'écran 3. L'arrière du podium ne touche pas l'écran 2.
On camoufle soigneusement le podium 7'à l'aide de plantes s'il s'agit d'un jardin, de sable s'il s'agit d'une plage ou de gravier pour prolonger un chemin. Si l'environnement est un intérieur, on déploie un tapis
ou reconstitue un carrelage.
La source de lumière principale émise par le flash 8 lors de la prise de vue éclaire les mannequins 1 et le podium 7: Elle atteint également l'écran 2. Or la reproduction d'une diapositive sur un écran a toujours tendance à se contraster à l'excès. Pour éviter les
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cule. Le prévoilage est réalisé en fait par la lumière perdue.
Les ombres portées par le ou les mannequins 1 sur l'écran 2 renforcent le réalisme de l'image 2'. Quant au vide existant entre le podium 7'et l'écran 2, il n'est heureusement pas photographié.
Au moment de la prise de vue, l'éclair du tube flash remplace ou renforce pendant une fraction de seconde, la lampe témoin du projecteur 3.
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- parfaitement synchronisé avec la source de lumière flash 5,6 éclairant le modèle ;
- suffisamment puissant ;
- le plus compact possible. La lumière émise en-dehors de la zone focale utile du projecteur 3 est perdue.
S'il s'agit d'une source de lumière intense ponctuelle, une puissance d'environ 600 joules est suffisante,
si elle est entièrement récupérée. Une puissance supérieure à environ 1500 joules est cependant préférable, même pour un flash de faible encombrement.
On peut faire appel à divers types de projecteurs
3 de diapositives. Si on envisage d'oublier un projecteur à condenseur asphérique, on le munira de préférence de lentilles d'une longueur focale d'environ 300 mm pour des dispositives de format 6 x 6 et ce afin d'éviter une diminution de l'intensité lumineuse dans les zones périphériques. L'emploi d'un écran 2 anti "hot-spot" permet éventuellement de réduire la distance focale des lentilles.
On peut également avoir recours au projecteur à miroir, utilisé couramment par les professsionnels pour les projections cinématographiques. Ce projecteur a l'avantage d'admettre un tube flash plus lumineux, mais moins compact.
Quant au format des diapositives, le choix est libre, mais pratiquement on se limitera aux formats courants, tels le 6 x 6, qui semble confortable puisqu'une telle diapositive est très lumineuse et le
24 x 36, très répandu, mais forcément moins lumineux.
L'écran translucide 3 peut être réalisé en verre ou en plexiglas. Il doit être traité de manière à présenter une face matte. Un écran d'excellente luminosité a été obtenu à partir d'une vitre, dont une face a été dépolie par fin sablage. L'emploi d'un filtre dégradé de couleur foncée au milieu et claire au bord, que l'on dispose entre le projecteur et l'écran translucide, a
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EXEMPLE
Pour photographier un modèle 1 suivant
décrit ci-dessus, dans un paysage 2' rétro-projeté à partir d'une diapositive 6 x 6 sur un écran 2 de manière à obtenir une image de 2,60 m de large, on règle le diaphragme de l'appareil de prise de vues, à 16 ou 22 si on n'utilise aucun filtre anti hot-spot. Par contre,
en présence d'un filtre, on réduira le diaphragme à 11. On choisit pour le projecteur, un objectif présentant une longueur focale de 300 mm. On règle l'ouverture à 2,8 avec un tube flash d'une puissance de 1500 joules.
Au lieu d'utiliser un écran 2 à face dépolie, on peut également utiliser un écran perlé constitué d'une vitre en verre ou d'un panneau de matière synthétique souple transparente présentant au moins les mêmes qualités de limpidité et de transparence que le verre, tel le plexiglas.
Par collage, on munit ce panneau de perles transparentes du type DEBRISAN fabriquées par Schering. On peut même utiliser des perles plusieurs fois plus petites. Il est possible ainsi d'éviter la formation
d'un point chaud. En fonction des colles mises en oeuvre, on déplacera la position du projecteur 3 plus
ou moins latéralement par rapport à l'axe de prise de vues.
Les perles peuvent aussi être placées sur le support par incrustation.
Le procédé ne fixe aucune contrainte pour l'appareil de prise de vues. Celui-ci peut être équipé de n'importe quelle pellicule, noir et blanc, ou couleur, diapositive, sans aucune limitation de sensibilité.
Les focales recommandés sont le télé 2x ou télé 3x.
Il est évident que l'invention n'est pas limitée aux modes de mise en oeuvre du procédé décrit ci-dessus et que de nombreuses modifications peuvent être apportées à ces derniers, sans pour autant les soustraire de la portée des revendications suivantes.
REVENDICATIONS
1. Artifice photographique utilisé dans un atelier photographique pour créer l'apparence qu'un personnage
ou être vivant est incorporé, éventuellement en pieds,
dans un paysage arbitraire d'ambiance, préalablement photographié, en mettant en oeuvre un appareil de prise
de vues et un projecteur de diapositive, caractérisé en
ce que l'on projette le paysage (2') susdit, sur un
écran (2) du type translucide dont les dimensions peuvent atteindre 10 m et devant lequel évolue le personnage ou être vivant (1) susdit à photographier, à l'aide d'un projecteur (3) de diapositive muni d'un flash dont l'enclenchement est asservi à celui de l'appareil de prise
de vues (4) et monté derrière l'écran (2).