FR3056076A1 - Paillis organique - Google Patents

Abstract

L'invention porte principalement sur une méthode d'obtention d'un paillis organique, qui est essentiellement caractérisée en ce qu'elle comporte au moins les étapes de fauchage d'au moins une plante fraiche comportant des parties vertes, de séchage des dites plantes fauchées, de broyage des plantes séchées, et obtention du paillis, le séchage pouvant précéder le broyage ou succéder au broyage., et le broyage pouvant être effectué concomitamment au fauchage. L'invention porte également sur un paillis organique réalisé à base d'une ou de plusieurs plantes choisies parmi les adventices, les plantes rudérales et les plantes envahissantes.

Description

TAILLIS ORGANIQUE" [0001] L'invention s’inscrit dans les domaines de l’agriculture, de l’horticulture et de l’entretien de jardins collectifs et amateurs et des espaces végétalisés et infrastructures (JEVI). L’invention concerne plus particulièrement les paillis.

[0002] Le paillage est une opération qui consiste à recouvrir le sol avec des matériaux d'origine végétale, minérale ou plastique, principalement pour limiter l'évaporation et la pousse des mauvaises herbes. Le paillage permet également de limiter les variations de température et d’humidité et peut, selon sa nature, apporter des éléments nutritifs au sol.

[0003] Il existe différents types de paillis parmi lesquels les paillis en matière plastique, en film biodégradables, mais également des paillis organiques à base de déchets organiques (sciure, plantes sèches, feuilles mortes, copeaux de bois) ou de compost.

[0004] L’élaboration de paillis organique, par exemple dans le cas des feuilles ou des plantes sèches, consiste à ramasser les feuilles mortes ou les plantes sèches et à les broyer.

[0005] C’est notamment le cas pour le Miscanthus, une plante herbacée vivace de la famille des graminées dont les tiges et/ou feuilles sèches sont récoltées à la fin de l’hiver puis broyées pour être utilisées comme paillis. Mais le paillis de Miscanthus ne limite pas suffisamment la germination de certaines adventices.

[0006] L’invention vise une nouvelle méthode d’obtention d’un paillis conférant notamment au paillis obtenu une meilleure efficacité d’inhibition de la germination des adventices. L’invention vise également un paillis présentant cette même efficacité.

[0007] À cet effet, la méthode d’obtention d’un paillis organique de l’invention est essentiellement caractérisée en ce qu’elle comporte au moins les étapes de : fauchage d’au moins une plante fraîche comportant des parties vertes, séchage des dites plantes fauchées, et broyage des plantes séchées, le séchage pouvant précéder le broyage ou succéder au broyage, et le broyage pouvant être effectué concomitamment au fauchage.

La méthode de l’invention peut également comporter les caractéristiques optionnelles suivantes considérées isolément ou selon toutes les combinaisons techniques possibles : - les parties vertes comportent des tiges et des feuilles. - la plante est choisie parmi les adventices, les plantes rudérales et les plantes envahissantes. - la plante présente un fort caractère allélopathique. - la plante est choisie parmi l’Inule visqueuse et ΓAllante glanduleux. - le paillis obtenu est mélangé à au moins un paillis obtenu par la même méthode telle que précédent énoncée utilisant une plante d’espèce différente.

[0008] L’invention porte également sur un paillis obtenu par la méthode précédemment énoncée.

[0009] L’invention porte en outre sur un paillis organique réalisé à base d’une ou de plusieurs plantes choisies parmi les adventices, les plantes rudérales et les plantes envahissantes.

[0010] Avantageusement, le paillis est réalisé à base d’Inule visqueuse, d’Ailante glanduleux ou d’un mélange de ces deux plantes.

[0011] D’autres caractéristiques et avantages de l’invention ressortiront clairement de la description qui en est donnée ci-dessous, à titre indicatif et nullement limitatif, en référence aux figures annexées parmi lesquelles : - la figure 1 est un graphe illustrant le taux de germination de deux plantes, le Lolium multiflorum (une adventice) et le Nasturtium officinale soumis à la présence de trois paillages selon l’invention à base respectivement d’Inula viscose, d’Ailanthus altissima et de mélange de ces deux plantes, en comparaison avec un témoin sans paillage et un paillage de l’art antérieur à base de Miscanthus, - la figure 2 est un graphe illustrant la taille moyenne des coléoptiles de Lolium multiflorum soumis aux trois paillages selon l’invention à base respectivement d’Inula viscosa, d’Ailanthus altissima et de mélange de ces deux plantes, en comparaison avec un témoin sans paillage et un paillage de l’art antérieur à base de Miscanthus, et - la figure 3 est un graphe illustrant le taux de germination de Lolium multiflorum et de Nasturtium officinale 14 jours après le retrait du paillis, soit 14 jours après les mesures correspondant aux résultats présentés sur la figure 1, et - la figure 4 est un graphe illustrant le nombre d’adventices au mètre carré ainsi que leur nature, sur un sol préparé pour le maraîchage 6 semaines après la pose d’un paillis d’Inule en comparaison avec un paillis de Miscanthus.

[0012] La Demanderesse a mis un point une nouvelle méthode d’obtention de paillis organiques à base de plantes permettant d’obtenir un paillis d’efficacité supérieure aux paillis organiques existants.

[0013] Cette méthode comprend notamment une étape de fauchage de plantes fraîches, par opposition au fauchage des plantes ou parties de plantes déjà sèches. On entend par plantes fraîches des plantes présentant toutes ou certaines parties vertes. Dans la méthode de l’invention, le séchage est réalisé après le fauchage, avant ou après le broyage. On peut également prévoir que le broyage et le fauchage sont réalisés en même temps, le cas échéant par une même machine, puis que les plantes fraîches broyées sont ensuite séchées.

[0014] La fauche de plantes fraîches permet avantageusement de conserver le caractère allélopathique des plantes utilisées, lequel caractère allélopathique agit à l’encontre de la germination mais également à l’encontre de la croissance des adventices ayant réussies à germer malgré la présence du paillis, et favorablement à l’enrichissement des sols. C’est la raison pour laquelle on préfère l’utilisation de plantes à fort caractère allélopathique.

[0015] En outre, on préférera dans le cadre de l’invention l’utilisation conjointe des tiges et des feuilles. Si les feuilles présentent un caractère allélopathique plus prononcé, les tiges agissent, de par leur poids plus important, sur l’effet mécanique du paillis qui empêche la germination et la pousse de germes. Il est à noter que l’efficacité d’un paillis à l’encontre de la germination des adventices réside principalement dans l’effet mécanique résultant de la présence d’une masse sur le sol qui isole la terre de l’environnement extérieur. Il est à noter qu’en plus des tiges et des feuilles, les paillis peuvent comporter des fruits et des fleurs qui n’affectent en rien leurs propriétés antigerminatives.

[0016] La Demanderesse a par ailleurs découvert que la réalisation de paillis à base d’adventices, de plantes rudérales ou encore de plantes invasives permettait d’éviter la pousse de plantes de ce même type. Ceci est tout à fait surprenant puisqu’il pouvait être attendu que l’utilisation de ces plantes de type à pousse spontanée comme paillis aurait pu engendrer une prolifération de germination des plantes utilisées pour réaliser le paillis. À l’inverse, les tests présentés plus loin montrent que l’utilisation de ce type de plantes a permis de limiter voire d’annihiler totalement la germination des adventices et ce, sans provoquer la repousse des adventices utilisées pour élaborer le paillis.

[0017] On comprend que l’utilisation de plantes de type spontanée (adventices, plantes rudérales, plantes envahissantes) pour réaliser des paillis est tout à fait avantageuse car elle permet de pallier doublement à la prolifération de ce type de plante, d’une part en assurant leur fauchage, et d’autre part en limitant la pousse d’adventices.

[0018] La Demanderesse a plus particulièrement utilisé pour réaliser les paillis des plantes à pousse spontanée récoltées dans la région française du Languedoc Roussillon, et plus particulièrement l’Ailante glanduleux (Ailanthus altissima) de la famille des plantes exotiques envahissantes, l’Inule visqueuse (Inula viscosa) de la famille des plantes rudérales et des adventices, ainsi qu’un paillis résultant d’un mélange de paillis d’Ailante et de paillis d’Inule. Ces deux plantes présentent un fort caractère allélopathique comme cela est reconnu par la communauté scientifique de ce domaine.

[0019] Pour réaliser le paillis de l’invention, l’Inule visqueuse et l’ailante glanduleux sont de préférence récoltées entre les mois de mai et d’octobre. Le fauchage est réalisé sur les plantes fraîches qui sont ensuite soit laissées sur place pour séchage, soit transportées pour être séchées sur un autre site. La période de séchage varie entre 24 heures et une semaine et est réalisée à température ambiante. Le broyage est ensuite réalisé par une broyeuse, par exemple une broyeuse à végétaux de type à couteaux.

[0020] Alternativement, en restant dans le cadre de l’invention, la méthode d’obtention du paillis peut s’inscrire dans le cadre d’un procédé autre, par exemple d’un procédé d’extraction de substances de plantes dans lequel les plantes, après l’opération d’extraction, forment des coproduits alors valorisables pour la fabrication de paillis.

[0021] On pourra par ailleurs prévoir l’ajout, dans le paillis de l’invention, de polymères synthétiques ou naturels, à base de lignine et cellulose notamment ou tout autre système de collage destinés à maintenir une meilleure cohésion et stabilité du paillis.

[0022] Le paillis obtenu peut être destiné aux professionnels pour une utilisation en maraîchage, en viticulture ou encore en arboriculture, aux collectivités ou aux jardiniers amateurs. Selon l’utilisation et dans le cas d’un mélange de plantes plus ou moins ligneuses, on pourra faire varier le taux de plantes ligneuses et peu ligneuses dans le paillis. Pour des applications en maraîchage, on utilisera en majorité des plantes peu ligneuses (par exemple l’Inule visqueuse) notamment pour bénéficier de l’enrichissement du sol engendré par la présence des parties feuillues, et à l’inverse pour des cultures pérennes, on préférera les plantes à caractère ligneux (par exemple ΓAllante glanduleux) dont la durée de dégradation est plus lente.

On décrit ci-après des exemples de réalisation non limitatifs de la méthode et des paillis de l’invention ainsi que les conditions des tests réalisés au support des résultats donnés sur les graphiques des figures 1 à 4.

[0023] Exemple 1 : Tests en mini serres Élaboration des paillis d’Inule visqueuse, d’Ailante glanduleux et du mélange de paillis L’Inule visqueuse et ΓAllante glanduleux sont récoltées dans la région du Languedoc Roussillon et plus particulièrement dans le département des Pyrénées Orientales, L’Inule visqueuse a été récoltée en juin 2014 et l’Ailante glanduleux en septembre 2014.

Une fois le fauchage réalisé, l’Inule et ΓAllante sont mises en sac puis transportées sur un autre site où le séchage est réalisé sur des bâches pendant une durée variant entre 48 heures et 10 jours selon le volume.

Une fois séchées, l’Inule et l’Ailante sont broyées dans une broyeuse à végétaux de type broyeur à couteaux. L’Inule séchée et broyée constitue alors le paillis d’Inule, et l’Ailante séchée et broyée constitue le paillis d’Ailante. Pour réaliser le paillis de mélange, ΓAllante séchée et broyée et l’Inule séchée et broyée sont mélangées dans des rapports de 50 :50. Le mélange peut être indifféremment dénommé paillis de mélange d’Inule et d’Ailante ou mélange de paillis d’Inule et d’Ailante. Évaluation du taux de germination et de la taille des radicules de Nasturtium officinale et Lolium multiflorum

Les effets des paillis d’Inule visqueuse, d’Ailante glanduleux et de mélange de paillis d’Inule visqueuse et d’Ailante glanduleux obtenus dans les conditions décrites précédemment sont déterminés en mini serres sur deux espèces de plantes : le Cresson commun (Nasturtium officinale) et le Ray-grass d’Italie (Lolium multiflorum) qui est une adventice.

Ces effets sont comparés à ceux d’un paillis du commerce réalisé à base de Miscanthus, ainsi qu’à un sol nu dépourvu de paillis.

Pour chacune des deux espèces testées, 3 tests identiques sont réalisés consistant à semer 30 graines sur terreau humidifié et à couvrir le terreau de 5 centimètre de paillis. Le paillis est retiré 7 jours après sa pose et une lecture du taux de germination et de la taille des coléoptiles des pousses ayant germée est réalisée.

La figure 1 rapporte les résultats obtenus en termes de taux de germination pour les deux espèces testées.

Les résultats référencés 1 concernent les tests réalisés sur le Ray-grass d'Italie et les résultats référencés 2 concernent les tests réalisés sur le Cresson commun. Les sous références a,b,c,d et e concernent les résultats obtenus respectivement sur un témoin sans paillis (a), avec un paillis de l’art antérieur de Miscanthus (b), avec un paillis d’Inule (c), avec un paillis d’Ailante (d) et avec un mélange de paillis d’Inule et d’Ailante (e).

On constate que les trois paillis de l’invention permettent d’éviter toute germination du Cresson commun alors que le paillis de Miscanthus n’y parvient pas totalement. Pour ce qui est du Ray-grass, les paillis de l’invention permettent de réduire de plus de moitié le taux de germination généré sans paillis, alors que le paillis de Miscanthus n’assure qu’une faible diminution du taux de germination.

Les trois paillis de l’invention présentent ainsi une excellente efficacité pour limiter voire annihiler la germination des plantes et des adventices. Il est à noter que lors des tests réalisés, la pousse ou germination d’aucune autre adventice, y compris celles utilisées pour réaliser les paillis n’a été décelée.

La figure 2 présente les tailles moyennes des coléoptiles du Ray-grass d’Italie ayant germé obtenue avec les trois paillis de l’invention, le paillis de Miscanthus et le témoin sans paillis.

On constate que la taille des coléoptiles du Ray-grass est nettement inférieure avec les paillis de l’invention, comparé au témoin sans paillis et également au paillis de l’art antérieur de Miscanthus.

Mise en évidence du caractère irréversible de l’absence de germination À la suite des essais et mesures précédemment décrits, les paillis testés sont retirés. La figure 3 rapporte les résultats obtenus en termes de taux de germination pour les deux espèces testées 14 jours après le retrait du paillis.

Pour les trois paillis de l’invention, on constate que le taux de germination n’augmente pas après le retrait du paillis, ce qui démontre que l’absence de germination (résultant de la présence des paillis de l’invention) présente un caractère irréversible. On peut constater pour certains résultats, par exemple pour le Ray-grass d’Italie avec le paillis d’Inule (référence 1c), une sensible diminution du taux de germination provenant d’une perte naturelle de certains plants germés.

Analyses de la composition du sol

Dans cet exemple, le paillis de l’invention est un paillis d’Inule visqueuse préparé comme précédemment décrit.

Le paillis d’Inule visqueuse de l’invention est comparé à un paillis de l’art antérieur de Miscanthus et à un sol nu sans pailiis.

Les paillis sont laissés en place sur le sol pendant 6 mois puis enfouis pendant un mois. Les analyses de la composition du sol sont alors effectuées. Les résultats sont présentés dans le Tableau 1 ci-dessous.

Tableau 1

On constate que le paillis de l’invention engendre une augmentation de la teneur en carbone organique, en matière organique et en azote total. On obtient donc avec le paillis de l’invention un enrichissement du sol sans réduction de l’azote, probablement issus de la méthode d’obtention du paillis par fauchage des plantes vertes, y compris les feuilles.

[0024] Exemple 2 : Tests en champs

Les tests en plein champs (serres) sont réalisés avec un paillis d’Inule visqueuse dont la méthode d’élaboration est celle précédemment décrite, outre le fait que pour ces tests, l’Inule a été récoltée en Août 2014.

La terre est préparée pour du maraîchage. Après avoir été labourée, la terre est recouverte sur trois zones par le paillis de d’Inule, et sur trois autres zones par un paillis de Miscanthus, La terre est régulièrement arrosée sur ces zones. Après 6 semaines, on dénombre et on qualifie les adventices ayant poussées sur les zones comportant le paillis d’Inule et sur les zones comportant le paillis de Miscanthus. Les résultats sont rapportés en nombre d’adventices au mètre carré et présentés sur la figure 4.

On constate que les zones recouvertes de paillis d’Inule présentent un nombre substantiellement moins important d’Ortie, de Véronique et d’autres adventices non identifiées que sur les zones recouvertes d’un paillis de Miscanthus.

Les exemples précédemment décrits mettent en évidence l’efficacité des paillis de l’invention et des paillis obtenus par la méthode de l’invention. Cette efficacité s’illustre à la fois pour des essais réalisés en mini serre et pour des essais réalisés en champs.

Claims (7)

1. REVENDICATIONS MODIFIEES - FR1601375

   1. Méthode d’obtention d’un paillis organique, caractérisée en ce qu’elle comporte au moins les étapes de : fauchage d’au moins une plante fraîche comportant des parties vertes, séchage des dites plantes fauchées, et broyage des plantes séchées, le séchage pouvant précéder le broyage ou succéder au broyage.
2. 2. Méthode selon la revendication 1, caractérisée en ce que les parties vertes comportent des tiges et des feuilles.
3. 3. Méthode selon l’une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisée en ce que la plante est choisie parmi les adventices, les plantes rudérales et les plantes envahissantes.
4. 4. Méthode selon la revendication 3, caractérisée en ce que la plante présente un fort caractère allélopathique.
5. 5. Méthode selon l’une quelconque des revendications 3 et 4, caractérisée en ce que la plante est choisie parmi l’Inule visqueuse et l’Ailante glanduleux.
6. 6. Méthode selon l’une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisée en ce que le paillis obtenu est mélangé à au moins un paillis obtenu par la même méthode selon l’une quelconque des revendications 1 à 5 utilisant une plante d’espèce différente.
7. 7. Paillis organique obtenu par la méthode selon l’une quelconque des revendications 1 à 6.