INSTRUMENTATION CHIRURGICALE SPECIFIQUE A UN PATIENT POUR LA PREPARATION DU GENOU DE CE PATIENT La présente invention concerne une instrumentation chirurgicale spécifique à un patient permettant de préparer le genou de ce patient, typiquement en vue d'y implanter une prothèse. Ainsi, l'invention porte sur une instrumentation fémorale et tibiale, que l'on qualifie également de « sur-mesure » ou personnalisée, en lien avec un patient précis, exclusivement sur lequel l'instrumentation est destinée à être utilisée. Ce genre d'instrumentation spécifique à un patient s'oppose aux instrumentations standards, qui sont utilisées indifféremment sur divers patients, le cas échéant en étant réutilisées plusieurs fois successives, en étant nettoyées et stérilisées entre chaque utilisation. L'avènement des instrumentations « sur-mesure » est lié aux possibilités actuelles d'acquérir des données préopératoires suffisamment précises afin de concevoir, notamment du point de vue dimensionnel, des instruments dont les interfaces de coopération mécanique avec les os du patient sont spécifiquement définies en tenant compte de la forme précise, notamment des reliefs de surface, de ces os. Les données préopératoires utilisées proviennent typiquement d'images scanner ou, plus généralement, de tout enregistrement de données de cartographie osseuse avantageusement obtenues de manière non invasive. Ces données sont traitées par ordinateur afin de commander la fabrication d'instruments chirurgicaux sur mesure, une fois que le chirurgien a décidé les détails de la procédure chirurgicale qu'il va suivre pas-à-pas lors d'une intervention à venir. Dans ce contexte, l'invention s'intéresse plus spécifiquement aux instrumentations chirurgicales sur mesure destinées à préparer, à la fois, l'extrémité inférieure du fémur et l'extrémité supérieure du tibia d'un patient, typiquement aux fins d'implantation des composants fémoral et tibial d'une prothèse de genou, étant remarqué que cette dernière peut aussi bien être une prothèse également sur mesure, c'est-à-dire personnalisée spécifiquement au patient à opérer, qu'une prothèse de genou « de catalogue », c'est-à-dire une prothèse standard, produite en série, le cas échéant déclinée en gammes dimensionnelles. Pour préparer l'extrémité inférieure du fémur et l'extrémité supérieure du tibia, le recours à une instrumentation spécifique au patient présente un réel intérêt, du fait de la complexité de l'articulation du genou et de la nécessité de préparer le fémur et le tibia avec la plus grande précision possible, dans le sens où cette préparation détermine directement et significativement le positionnement d"implantation des composants prothétiques sur le fémur et sur le tibia : on comprend donc que les performances mécaniques ultérieures de la prothèse implantée sont directement liées à la meilleure implantation possible en ce qui concerne le positionnement des composants prothétiques vis-à-vis du fémur et du tibia. En pratique, dans le contexte évoqué juste ci-dessus, les instrumentations sur mesure actuelles consistent généralement en deux blocs monolithiques qui, comme expliqué plus haut, ont été fabriqués en utilisant des données de cartographie osseuse préopératoires, relatives à un patient précis à opérer, et que le chirurgien utilise spécifiquement sur ce patient : après avoir mis en place le bloc fémoral sur l'extrémité inférieure du fémur et avoir mis en place le bloc tibial sur l'extrémité supérieure du tibia, selon une configuration unique prédéterminée, liée à la coopération par complémentarité de formes entre une surface d'appui, délimitée par chacun des deux blocs, et l'extrémité de l'os correspondant, le chirurgien utilise ces blocs pour contrôler l'application d'un ou de plusieurs outils de préparation osseuse, tels qu'un foret de perçage ou une broche d'ancrage. Ce ou ces outils permettent alors au chirurgien de préparer les extrémités du fémur et du tibia, notamment permettent de réséquer ces extrémités selon un ou plusieurs plans géométriques très précis, ces plans de coupe étant notamment dimensionnés pour former des appuis plans correspondants pour la fixation de composants prothétiques. Par nature, ces blocs de guidage, spécifiques au patient à opérer, ne laissent au chirurgien aucune possibilité d'ajustement quant à l'application des outils de préparation osseuse précités : en effet, le recours à de tels blocs de guidage sur mesure vise, justement, à faciliter et sécuriser les gestes chirurgicaux, ces derniers étant réalisés, au cours de l'intervention, en suivant un planning opératoire prédéterminé par le chirurgien, notamment sur la base de données de cartographie osseuse préopératoires. En principe, cette approche contrainte, à sens unique, garantit un résultat implantatoire optimal. Toutefois, dans la pratique, les chirurgiens constatent fréquemment que, même en suivant le planning opératoire rigoureusement, le positionnement relatif entre le bloc fémoral et le bloc tibial peut diverger, ne serait-ce que légèrement, par rapport à la projection préétablie : cela est souvent lié à la volonté du chirurgien de corriger, en cours d'intervention, la balance ligamentaire du genou opéré, plus généralement à la volonté du chirurgien de modifier en peropératoire l'environnement ligamentaire ou tissulaire de l'articulation du genou opéré. Quelqu'en soient les raisons, cette modification entraîne un déplacement relatif imprévu entre le bloc fémoral et le bloc tibial, et par là la modification de la future configuration d'implantation des composants prothétiques fémoral et tibial de la prothèse de genou. En particulier, est affectée la planification d'implantation selon l'axe HKA du patient, c'est-à-dire selon l'axe reliant le centre de la tête du fémur au milieu de la cheville du patient, en passant par le milieu du genou : ainsi, alors que les blocs fémoral et tibial de l'instrumentation sur mesure ont été, en préopératoire, conçus en tenant compte de l'axe HKA du patient tel que mesuré en peropératoire, ces blocs fémoral et tibial perdent leur intérêt vis-à-vis de cet axe dès que leur positionnement relatif est affecté en peropératoire. Le but de la présente invention est de proposer une instrumentation sur mesure de préparation du fémur et du tibia d'un patient, qui permet au chirurgien, alors que l'instrumentation est déjà en place sur le fémur et le tibia au cours de l'intervention chirurgicale proprement dite, de tenir compte d'une éventuelle modification du positionnement relatif entre le fémur et le tibia. A cet effet, l'invention a pour objet une instrumentation chirurgicale spécifique à un patient, pour la préparation du genou du patient, comportant : - un bloc fémoral spécifique au patient, qui délimite une surface d'appui fixe sur le fémur du patient, conformée de manière spécifiquement ajustée au fémur, et - un bloc tibial spécifique au patient, qui délimite une surface d'appui fixe sur le tibia du patient, conformée de manière spécifiquement ajustée au tibia, caractérisée en ce que l'instrumentation comporte en outre des moyens de mesure peropératoire du positionnement relatif entre le fémur et le tibia, ces moyens de mesure incluant des première et seconde parties, qui sont portées respectivement par le bloc fémoral et par le bloc tibial, et qui sont adaptées pour, alors que les blocs fémoral et tibial sont respectivement appuyés fixement sur le fémur et le tibia par leur surface d'appui, coopérer l'une avec l'autre de façon à mesurer au moins une caractéristique géométrique du positionnement relatif entre les blocs fémoral et tibial sans agir sur cette caractéristique. Une des idées à la base de l'invention est de faire porter aux blocs fémoral et tibial des moyens additionnels permettant de mesurer en peropératoire le positionnement relatif entre ces blocs. Selon l'invention, au moins une caractéristique géométrique de ce positionnement relatif est ainsi suivie au cours de l'intervention proprement dite, notamment après que les blocs fémoral et tibial ont été mis en place, afin, le cas échéant, d'en détecter et quantifier la modification par le chirurgien. Grâce à l'invention, le chirurgien est donc libre, en cours d'intervention, de contrôler et, si besoin, d'ajuster la balance ligamentaire de l'articulation du genou du patient opéré, sans craindre de devoir poursuivre l'intervention sans savoir dans quelle mesure il s'est écarté du planning opératoire pré-établi. En pratique, sur la base de l'information de mesure, fournie par l'instrumentation conforme à l'invention, le chirurgien est à même de poursuivre efficacement l'intervention, en tenant compte de la modification du positionnement relatif entre les blocs, comparativement à leur configuration relative initiale qui avait été prédéterminée en préopératoire. Pour ce faire, le chirurgien peut, le cas échéant, immobiliser les blocs fémoral et distal dans la configuration relative choisie par le chirurgien : avantageusement, l'instrumentation selon l'invention inclut des moyens de fixation relative ad hoc. Bien entendu, notamment pour que l'instrumentation conforme à l'invention soit compatible avec le contrôle peropératoire et, le cas échant, la correction immédiatement subséquente de la balance ligamentaire du genou du patient à opérer, les moyens de mesure appartenant à cette instrumentation n'induisent pas, en service, de contraintes sur le positionnement relatif entre les blocs fémoral et tibial de l'instrumentation, à tout le moins sur la caractéristique géométrique mesurée par ces moyens. En effet, l'invention vise à mesurer l'ajustement libre du positionnement relatif entre ces blocs fémoral et tibial, sans interférer sur cette liberté d'ajustement, au moins en ce qui concerne la caractéristique géométrique mesurée. Suivant des caractéristiques additionnelles avantageuses de l'instrumentation conforme à l'invention, prises isolément ou selon toutes les combinaisons techniquement possibles : - la caractéristique géométrique est un angle qui est délimité, en projection dans un plan frontal au patient, entre un axe géométrique fémoral, qui est associé fixement au fémur, notamment en reliant le centre de la tête du fémur et le milieu du genou, et un axe géométrique tibial, qui est associé fixement au tibia, notamment en reliant le milieu du genou et le milieu de la cheville du patient ; - la caractéristique géométrique est une distance qui, en projection dans un plan frontal au patient, sépare un axe géométrique fémoral, qui est associé fixement au fémur, notamment l'axe de la gorge de la trochlée du fémur, et un axe géométrique tibial, qui est associé fixement au tibia, notamment l'axe de la tubérosité antérieure du tibia ; - la caractéristique géométrique est un angle qui est délimité, en projection dans un plan sagittal au patient, entre des axes géométriques qui sont respectivement associés fixement au fémur et au tibia selon la direction longitudinale de ceux-ci ; - l'axe géométrique fémoral, respectivement tibial, est défini par le bloc fémoral, respectivement tibial, et en ce que la première, respectivement seconde, partie des moyens de mesure est portée par le bloc fémoral, respectivement tibial, en étant orientée de manière fixe par rapport à l'axe géométrique fémoral, respectivement tibial ; - l'axe géométrique fémoral, respectivement tibial, est défini par la première, respectivement seconde, partie des moyens de mesure, et que le bloc fémoral, respectivement tibial, porte la première, respectivement seconde, partie des moyens de mesure, en étant orienté de manière fixe par rapport à l'axe géométrique fémoral, respectivement tibial ; - les première et seconde parties des moyens de mesure sont adaptées pour coopérer l'une avec l'autre sans contact mécanique ; - les première et seconde parties des moyens de mesure sont des émetteur et récepteur laser ; - les première et seconde parties des moyens de mesure sont en prise mécanique l'une avec l'autre ; - les première et seconde partie des moyens de mesure sont des tiges qui sont articulées l'une sur l'autre et qui sont portées de manière librement coulissante selon leur direction longitudinale respectivement par le bloc fémoral et par le bloc tibial.
L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple et faite en se référant aux dessins sur lesquels : - les figures 1 et 2 sont des vues en perspective, sous des angles de vue respectifs différents, d'une instrumentation conforme à l'invention, en cours d'utilisation sur un genou d'un patient ; - la figure 3 est une vue en élévation selon la flèche III de la figue 1 ; - la figure 4 est une coupe selon la ligne IV-IV de la figure 3 ; et - la figure 5 est une vue analogue à la figure 3, montrant une configuration d'utilisation différente de celle des figures 1 à 4. Sur les figures 1 à 5 est représentée une instrumentation chirurgicale 1 comprenant plusieurs composants qui vont être détaillés les uns après les autres, au fur et à mesure de la description d'une utilisation de cette instrumentation sur le genou d'un patient, typiquement pour, à la fois, préparer l'extrémité inférieure du fémur F du patient à recevoir l'implantation d'un composant fémoral d'une prothèse de genou, non représenté, et préparer l'extrémité supérieure du tibia T du patient pour recevoir l'implantation d'un composant tibial de la prothèse de genou, également non représenté. Dans toute la suite, les termes « supérieur », « inférieur », postérieur », etc. s'entendent dans leur sens anatomique usuel, en considérant que le patient opéré se tient debout sur une surface horizontale. Préalablement à l'intervention chirurgicale d'implantation proprement dite, on recueille des données de cartographie relatives au fémur F et au tibia T du patient à opérer. En pratique, ces données de cartographie préopératoires peuvent être obtenues de diverses manières. A titre d'exemple, des images scanner, radiographiques et/ou IRM du fémur F et du tibia T sont utilisées. Dans tous les cas, à l'issue de cette étape préalable d'acquisition des données, on dispose de suffisamment d'informations pour concevoir et fabriquer un bloc fémoral 10 et un bloc tibial 20, spécifiques au patient, montrés sur les figures 1 à 5.
Plus précisément, le bloc fémoral 10 présente une surface 10A qui est conformée de manière spécifiquement ajustée à l'extrémité inférieure du fémur F et qui, en service, est appuyée fixement contre cette extrémité du fémur, en épousant la surface de cette dernière par complémentarité de formes. On comprend que, pour aboutir à un tel ajustement rigoureux entre la surface d'appui 10A et l'extrémité inférieure du fémur F, la surface 10A est dessinée en utilisant les données de cartographie préopératoires relatives au fémur. De la sorte, la surface d'appui 10A présente des reliefs personnalisés spécifiquement au patient opéré qui, en coopérant avec des reliefs complémentaires délimités par la surface de l'extrémité inférieure du fémur, n'autorisent qu'une seule configuration d'appui ajustée sur le fémur F, comme représenté sur les figures 1 à 5. A titre d'exemple, dans le mode de réalisation considéré sur les figures, la surface d'appui 10A recouvre des zones antérieure et distale de l'extrémité inférieure du fémur F, en épousant de manière ajustée les reliefs de ces zones. De la même façon, le bloc tibial 20 présente une surface 20A qui est conformée de manière spécifiquement ajustée à l'extrémité supérieure du tibia T et qui, en service, est appuyée fixement contre cette extrémité du tibia, en épousant la surface de cette dernière par complémentarité de formes. Des considérations techniques similaires à celles développées ci-dessus pour la surface d'appui 10A s'appliquent à la surface d'appui 20A. A titre d'exemple, dans le mode de réalisation considéré sur les figures, la surface d'appui 20A recouvre des zones antérieure et proximale de l'extrémité supérieure du tibia T, en épousant de manière ajustée les reliefs de ces zones. En service, le bloc fémoral 10 est appuyé fixement, par sa surface 10A, sur l'extrémité inférieure du fémur F, tandis que le bloc tibial 20 est appuyé fixement, par sa surface 20A, sur l'extrémité supérieure du tibia T. De façon non représentée sur les figures, cette fixation est, par exemple, réalisée grâce à des broches d'ancrage osseux qui sont engagées dans des trous traversants délimités par les blocs 10 et 20 et débouchant sur leur surface 10A et 20A, jusqu'à se planter et ainsi s'immobiliser dans la matière osseuse du fémur F et du tibia T. Les blocs 10 et 20 sont alors tels que représentés sur les figures 1 à 4 : on comprend donc que, pour un positionnement relatif initial entre le fémur F et le tibia T, les blocs 10 et 20 sont positionnés l'un vis-à-vis de l'autre dans une configuration initiale prédéterminée, dont les caractéristiques géométriques sont connues à l'avance, sur la base des données de cartographie préopératoires. En particulier, le positionnement angulaire relatif entre les blocs 10 et 20 selon la direction longitudinale de la jambe du patient est pré-établie : plus précisément, ce positionnement angulaire relatif entre les blocs 10 et 20 peut être caractérisé par l'angle HKA, c'est-à-dire l'angle formé, en projection dans un plan frontal au patient, comme sur la figure 3, entre un axe géométrique fémoral HK, reliant le centre H de la tête du fémur F et le milieu K du genou, et un axe géométrique tibial KA, reliant le milieu K du genou et le milieu A de la cheville située à l'extrémité inférieure du tibia T. Ainsi, dans l'exemple considéré sur la figure 3, on constate que les blocs fémoral 10 et tibial 20 sont conçus pour, après leur mise en place initiale sur le fémur F et le tibia T, être positionnés avec un angle HKA relatif, c'est-à-dire un angle délimité entre les axes HK et KA, valant 180°. Par ailleurs, de façon non représentée sur les figures, on notera que les blocs fémoral 10 et tibial 20 sont, de manière préopératoire, conçus pour guider l'application peropératoire, respectivement sur le fémur F et le tibia T, d'au moins un outil de préparation osseuse, tel qu'un foret de perçage, une broche d'ancrage ou une lame de coupe : lors de la conception sur mesure des blocs 10 et 20, des aménagements dédiés de ces blocs, tels que des trous traversants et/ou des fentes, sont intégrés au sein de ces blocs pour guider, de manière non ajustable, c'est-à-dire sans liberté possible pour le chirurgien, le positionnement de moyens de coupe ultérieure du fémur et du tibia, tels qu'un bloc de coupe, afin de réséquer les extrémités du fémur et du tibia selon un ou plusieurs plans de résection dimensionnés pour former par la suite des appuis plans correspondants pour la fixation de composants prothétiques, respectivement fémoral et tibial, d'une prothèse de genou.
Dans ce contexte, on comprend que le positionnement entre la préparation du fémur F, guidée par le bloc 10, et la préparation du tibia T, guidée par le bloc 20, repose sur la connaissance prédéterminée de la configuration relative de positionnement entre les blocs 10 et 20 après que ces blocs ont été mis en place et appuyés fixement sur le fémur et le tibia alors que ces derniers occupent une configuration d'origine pré-établie, à partir des données de cartographie préopératoires obtenues préalablement à l'intervention chirurgicale proprement dite. En particulier, dans l'exemple considéré ici, la préparation du fémur F par le bloc 10 et la préparation du tibia T par le bloc 20 sont conçues pour être réalisées alors que les blocs 10 et 20 sont positionnés l'un par rapport à l'autre avec un angle HKA de 180°, comme évoqué plus haut. On notera que cette valeur de 180° pour l'angle HKA n'est pas limitative pour l'instrumentation 1, dans le sens où, même si cette valeur de 180° est une valeur souvent optimale, une valeur légèrement différente peut être voulue par le chirurgien ou imposée à celui-ci eu égard au patient opéré. Par conséquent, comme expliqué dans la partie introductive du présent document, dès que le chirurgien modifie, même légèrement, la configuration relative entre le fémur F et le tibia T après avoir fixé sur ces derniers les blocs 10 et 20, le positionnement angulaire entre les blocs 10 et 20 selon les axes HK et KA est modifié, ce qui revient à dire que l'angle HKA entre les blocs 10 et 20 n'est plus égal à 180°. L'instrumentation 1 répond à cette problématique en utilisant des moyens de mesure 30 qui vont être décrits en détail ci-après. En pratique, la modification, par le chirurgien, de la configuration relative initiale entre le fémur F et le tibia T intervient fréquemment, dans le sens où elle se produit systématiquement dès que le chirurgien cherche à contrôler et, le cas échéant, à corriger la balance ligamentaire de l'articulation du genou. Comme représenté sur les figures 1 à 5, les moyens de mesure 30 incluent deux composants principaux, à savoir, dans l'exemple de réalisation considéré sur les figures, un émetteur laser 31 et un récepteur laser 32, qui sont respectivement portés de manière fixe par le bloc fémoral 10 et le bloc tibial 20. Cet émetteur 31 et ce récepteur 32 relèvent d'une technologie connue en soi : un faisceau laser 31A, émis par l'émetteur 31, est prévu pour frapper une surface de détection 32A délimitée par le récepteur 32 de sorte que, en fonction de la portion précise de la surface 32A touchée par le faisceau 31A, des moyens de traitement de signal, reliés à l'émetteur 31 et au récepteur 32, sont à même de remonter, par calcul, à l'inclinaison du faisceau 31A par rapport à la surface 32A. Selon l'invention, pour que l'émetteur 31 et le récepteur 32 coopèrent l'un avec l'autre de façon à mesurer en peropératoire l'angle HKA entre les blocs fémoral 10 et tibial 20, l'émetteur 31 est monté fixement sur le bloc 10 de sorte que son faisceau 31A s'étend selon l'axe HK, tandis que le récepteur 32 est monté fixement sur le bloc tibial 20 de façon qu'un axe médian de sa surface de détection 32A s'étend selon l'axe KA. Pour ce faire, deux possibilités de réalisation sont envisageables. Ainsi, si l'on s'intéresse au cas de l'émetteur 31, une première possibilité consiste à ce que le bloc fémoral 10 soit conçu en définissant l'axe HK, l'émetteur 31 étant alors rapporté et fixé sur le bloc 10 en étant orienté de manière fixe et prédéterminé par rapport à l'axe HK défini par le bloc 10 : à cette fin, comme dans l'exemple de réalisation considéré sur les figures, l'émetteur 31 est rapporté sur le bloc 10 en étant reçu dans un logement ajusté, délimité par le bloc 10, notamment sur sa face opposée à sa surface d'appui 10A. Selon une seconde possibilité de réalisation, l'émetteur 31 est conçu pour définir l'axe HK, l'orientation de son faisceau 31A étant par exemple réglable par rapport au reste de l'émetteur 31 : dans ce cas, le montage de l'émetteur 31 sur le bloc 10 est réalisé de sorte que ce bloc soit orienté de manière fixe et prédéterminé par rapport à l'axe HK défini par le faisceau 31A préréglé au sein de l'émetteur 31. Bien entendu, les considérations qui précèdent quant à la définition de l'axe HK par soit le bloc 10, soit l'émetteur 31 sont transposables à la définition de l'axe KA par soit le bloc tibial 20, soit le récepteur 32.
Les composants des moyens de mesure 30 ayant été décrits en détail, la suite de la description reprend le cours de l'intervention chirurgicale, dont les premières étapes ont été décrites plus haut. Ainsi, après que le chirurgien ait modifié la configuration initiale relative entre le fémur F et le tibia T, notamment pour des raisons liées au contrôle de la balance ligamentaire du genou, un exemple d'une configuration modifiée alors atteinte est représenté sur la figure 5 : comme bien visible sur cette figure, l'angle HKA se retrouve strictement supérieur à 180°, étant toutefois remarqué que l'inclinaison relative entre le fémur et le tibia est volontairement exagérée sur cette figure, pour des raisons de visibilité. On comprend que, dès que l'angle HKA est modifié de sa valeur initiale, valant 180° dans l'exemple considéré ici, le chirurgien en est immédiatement averti par les moyens de mesure 30 : en effet, dans ce cas, le faisceau laser 31A se retrouve dirigé vers une portion de la surface 32A, différente de celle par laquelle passe l'axe KA. Moyennant un traitement du signal fourni par le récepteur 32, la variation angulaire appliquée à l'angle HKA est quantifiée et communiquée au chirurgien, notamment par un afficheur ad hoc, non représenté sur les figures. Sur la base de cette information fournie par les moyens de mesure 30, le chirurgien est alors en mesure de poursuivre l'intervention chirurgicale tout en tenant compte de la modification du positionnement relatif entre les blocs 10 et 20, par rapport à leur configuration initiale sur la base de laquelle avait été planifié le déroulement de l'intervention chirurgicale. En pratique, diverses possibilités opératoires s'offrent au chirurgien. A titre d'exemple, une première possibilité consiste à ce que le chirurgien ajuste de nouveau la balance ligamentaire pour repositionner les blocs 10 et 20 selon leur configuration initiale, notamment pour ré-établir entre eux un positionnement angulaire tel que leur angle HKA soit de nouveau égal à 180°: dans ce cas, les actes chirurgicaux subséquents pourront être réalisés en respectant le planning initial décidé en préopératoire, comme expliqué plus haut. Une autre solution, a priori plus respectueuse de l'environnement ligamentaire naturelle de l'articulation du genou, consiste à tenir compte de la mesure du positionnement relatif entre le fémur F et le tibia T, obtenue à la figure 5, pour modifier de manière correspondante l'application subséquente sur le fémur et/ou sur le tibia du ou des outils de préparation osseuse, étant remarqué que, dans ce cas, ce ou ces outils ne peuvent plus, au moins pour l'un des os du fémur et du tibia, être guidés par le bloc fémoral 10 ou tibial 20 correspondant : autrement dit, le chirurgien dégage alors au moins l'un des blocs 10 et 20, au profit d'un autre ancillaire, par exemple un ancillaire standard, grâce auquel il va pouvoir tenir compte de la valeur mesurée pour l'angle HKA dans la configuration que présentent le fémur F et le tibia T pour recevoir les composants fémoral et tibial de la prothèse de genou. Encore une autre solution consiste à poursuivre l'intervention chirurgicale avec les blocs 10 et 20 alors que le fémur F et le tibia T sont dans la configuration non initialement prévue de la figure 5 mais, dans ce cas, on jouera sur les composants de la prothèse ultérieurement implantée, pour compenser la variation de l'angle HKA. A titre d'exemple, un insert, généralement présent entre les composants prothétiques fémoral et tibial d'une telle prothèse de genou, sera choisi dissymétrique vis-à-vis des condyles interne et externe, pour accommoder la variation de l'angle HKA.
Indépendamment de la façon dont se poursuit et se termine l'intervention chirurgicale visant à implanter la prothèse de genou, on souligne que, selon l'invention, la mesure, par les moyens 30, de l'éventuelle altération du positionnement relatif entre le bloc fémoral 10 et le bloc tibial 20, notamment celle de l'angle HKA entre eux comme expliqué plus haut, est réalisée sans que ces moyens de mesure 30 n'interfèrent avec le libre positionnement relatif des blocs 10 et 20. Autrement dit, les moyens de mesure 30 ne sont pas conçus pour agir sur ou contraindre le positionnement relatif des blocs 10 et 20, mais uniquement pour mesurer ce positionnement, plus précisément l'éventuelle évolution de ce positionnement lors de l'intervention chirurgicale proprement dite. Pour le mode de réalisation considéré sur les figures 1 à 5, cet aspect de l'invention est évident dans le sens où la coopération entre l'émetteur 31 et le récepteur 32 est une coopération de nature optique, liée à l'interaction entre le faisceau laser 31A et la surface de détection 32A. Plus généralement, dans la mesure où, à titre de variantes non représentées, les moyens de mesure 30 présentent d'autres formes de réalisation, on privilégiera les formes de réalisation dans lesquelles la partie de ces moyens, portée par le bloc fémoral 10, n'établit aucune interaction mécanique avec la partie de ces moyens, portée par le bloc tibial 20. Tout en tenant compte de ce qui précède, une variante, non représentée, des moyens de mesure 30, peut présenter la forme d'un mécanisme ad hoc, reliant physiquement les blocs fémoral 10 et tibial 20. Ainsi, à titre d'exemple, pour mesurer le positionnement angulaire relatif selon l'angle HKA entre les blocs 10 et 20, le bloc 10 est pourvu d'une tige rigide, qui s'étend en longueur suivant l'axe HK, tout en étant montée sur ce bloc 10 de manière librement coulissante suivant cet axe, tandis que le bloc tibial 20 est pourvu, lui aussi, d'une tige rigide qui s'étend en longueur suivant l'axe KA, tout en étant libre de coulisser suivant cet axe KA, les deux tiges précitées étant articulées l'une sur l'autre avec une liaison pivot sensiblement centrée en K, autour d'un axe d'articulation perpendiculaire, à la fois, à l'axe HK et à l'axe KA.
Divers aménagements et variantes à l'instrumentation 1 décrite jusqu'ici sont par ailleurs envisageables : - plutôt que de fournir au chirurgien un retour d'information par un écran d'affichage, en ce qui concerne les mesures réalisées par les moyens 30, un retour de nature sonore, lumineuse ou tactile peut être prévu ; - d'autres caractéristiques géométriques, que l'angle HKA, concernant le positionnement relatif entre le bloc fémoral 10 et le bloc tibial 20 peuvent être mesurées par une instrumentation conforme à l'invention ; à titre d'exemple, c'est le cas de la distance qui, en projection dans un plan frontal au patient, sépare l'axe de la gorge de la trochlée du fémur F et l'axe de la tubérosité antérieure du tibia T, cette distance ayant un impact direct sur la stabilité de la rotule du genou prothésé ; un autre exemple est l'angle qui, en projection dans un plan sagittal au patient, est délimité entre des axes géométriques longitudinaux, respectivement associés au fémur et au tibia, alors que le genou est en pleine extension, cet angle étant généralement qualifié de « genu flexum » lorsqu'il est ouvert en arrière, tandis qu'il est qualifié de « genu recturvatum » lorsqu'il est ouvert en avant ; et/ou - plutôt que les blocs fémoral 10 et tibial 20, portant les moyens de mesure 30, soient des blocs à utiliser au début de l'intervention d'implantation de la prothèse, notamment afin de guider l'application de la préparation des extrémités du fémur et du tibia, comme expliqué plus haut, les moyens de mesure 30 peuvent être portés par des blocs fémoral ou tibial conçus, sur mesure, pour être appuyés sur le fémur et le tibia après que les extrémités de ces derniers aient été au moins en partie réséquées ; dans ce cas, l'instrumentation correspondante est utilisée pour vérifier, a postériori, que le positionnement relatif entre ces blocs fémoral et tibial, notamment leur positionnement angulaire selon l'angle HKA, est resté conforme aux spécifications du planning opératoire décidées à l'avance.