Traitement d'effluents gazeux
La présente invention concerne le traitement de gaz, notamment industriels renfermant une part significative de dioxyde de carbone.
Les réglementations qui visent à limiter les émissions de gaz notamment à effet de serre se multiplient. Les réglementations en question sont le plus souvent assorties de pénalités pour ceux qui ne se conforment pas aux exigences formulées. De façon significative les exigences sont de plus en plus contraignantes. Les industries notamment qui constituent une source importante d'émission de ces gaz sont conduites à trouver des solutions permettant d'atteindre les conditions satisfaisant à ces réglementations.
Par nature certaines industries qui consomment de grandes quantités d'énergie fossiles, produisent également de grandes quantités d'effluents gazeux contenant ces gaz dont l'émission est réglementée. Toutes les industries dans les productions desquelles la mise en oeuvre de fusion calcination, traitement thermique de toute nature sont concernées. Parmi celles-ci les centrales thermiques, la sidérurgie, les productions de verre, le raffinage des produits pétroliers, les cimenteries...
A l'heure actuelle la recherche s'est portée principalement sur les techniques permettant de réduire les émissions de gaz, et donc sur les moyens de limiter la consommation de ces combustibles fossiles. Une autre voie de recherche s'est portée vers l'utilisation de sources d'énergie n'engendrant pas d'effluents gazeux. Ces sources sont cependant généralement plus coûteuses et ne font souvent que déplacer les émissions vers des industries situées en amont. C'est le cas de l'énergie électrique lorsque celle-ci est produite dans des centrales thermiques.
Au-delà de la réduction des émissions d'effluents réglementées, il est nécessaire de disposer de moyens permettant de limiter leur rejet dans l'atmosphère. Des solutions consistent à enfouir ces effluents dans la mesure
où cette solution est industriellement possible. Ceci est pratiqué par exemple sur certains sites de production de gaz naturel ou de pétrole, ou même de mines. Les effluents gazeux sont par exemple réintroduits dans les poches souterraines dont proviennent les combustibles extraits.
La suppression des gaz comme le dioxyde de carbone peut aussi faire l'objet de traitements qui conduisent à fixer ce gaz sous une forme chimique sans incidence sur l'environnement, par exemple sous forme de carbonate de calcium. Les produits de cette transformation ne sont pas d'une valeur significative. Le coût global est donc relativement important.
L'invention se propose donc de mettre en œuvre des solutions qui au-delà de la réduction ou de l'élimination des ces gaz, notamment le dioxyde de carbone, conduisent à leur transformation en produits non nocifs et si possible valorisés.
Le cycle naturel du dioxyde de carbone conduit à une transformation par les organismes à la formation de substances organiques et éventuellement la formation d'oxygène. L'invention vise à développer un ensemble de traitements du type incluant une transformation de nature biologique. Plus particulièrement l'invention concerne la transformation du dioxyde de carbone au moyen d'algues conduisant au développement de ce qui est qualifié de biomasse.
Toutes les techniques de traitement au moyen d'algues présentent des inconvénients et en particulier celui de la rentabilisation des investissements nécessaires. Par ailleurs le traitement requiert souvent la mise en oeuvre d'opération qui sont elles-mêmes consommatrices d'énergie. Pour ces raisons, l'application de ces techniques comportant le développement de biomasse, dans la pratique est demeurée très limitée en dépit de l'intérêt qu'elles suscitent.
L'invention vise à mettre en oeuvre la culture de biomasse à partir d'effluents gazeux produits dans des conditions qui rendent cette culture avantageuse. L'invention pour cela concerne les effluents gazeux dans lesquels la teneur en dioxyde de carbone est relativement élevée. Cette teneur est selon l'invention au moins égale à 50% en volume de ces effluents et de préférence au moins égal à 60%.
Le choix d'effluents riches en CO2 offre plusieurs avantages. En premier la dissolution dans le milieu de culture des algues est facilitée par teneur élevée dans les gaz traités. Le passage de ces gaz dans la solution ne nécessite pas des contacts prolongés et/ou un fractionnement poussé de ces gaz. L'installation conduisant à cette introduction peut se limiter en conséquence à faire bouillonner le gaz dans la solution.
Par ailleurs la forte concentration en dioxyde de carbone fait également que le volume qui doit être traité est d'autant plus réduit. Les investissements en installation en sont donc moindres. A titre de comparaison une combustion effectuée dans des conditions ordinaires, avec de l'air comme comburant, même si les gaz de combustion ne sont pas mélangés avec de l'atmosphère ambiante, ne renferment pas plus de 20% de dioxyde de carbone. Pour une même quantité de CO2 le volume à traiter est donc au moins deux fois supérieur à celui mis en oeuvre selon l'invention.
Si la dissolution du dioxyde de carbone est facilitée comme il vient d'être dit, cette dissolution s'accompagne d'une diminution du pH. La croissance des algues nécessite un milieu qui ne soit pas trop acide. Avec la dissolution du dioxyde de carbone il convient donc d'ajuster le pH pour rester dans les limites les plus favorables à la croissance de la biomasse. Ces conditions dépendent en partie des variétés d'algues utilisées. Dans la pratique, les algues utiles croissent de façon privilégiée dans des milieux dont le pH se situe entre 6 et 8, et de préférence entre 7 et 7,8. Selon l'invention le milieu de croissance est donc ajusté de manière à présenter en permanence ces valeurs de pH.
Les fumées de combustion avant d'être utilisées dans les réacteurs où la biomasse est développée, sont systématiquement dépoussiérées et refroidies. La température du milieu de croissance est un facteur qui influe considérablement sur cette croissance. Une température supérieure à 40°C peut détruire la culture. Inversement une température inférieure à 100C ou même à 15°C limite considérablement le taux de croissance. Pour ces raisons le milieu de culture est avantageusement maintenu entre 20 et 35°C.
Immédiatement après la combustion les effluents sont à des températures de plusieurs centaines de degrés. L'abaissement d e l a température par mélange avec de l'air à la température ambiante n'est à l'évidence pas souhaitable dans la mesure où elle conduit à diluer le dioxyde de carbone et à accroître le volume à traiter. Pour ces raisons le refroidissement est avantageusement opéré en procédant à un échange thermique dans un échangeur clos. Dans la pratique, comme indiqué plus loin, l'énergie prélevée sur les fumées est avantageusement utilisée dans les étapes ultérieures du traitement.
La culture des algues selon l'invention est réalisée dans des réacteurs dans un milieu comportant les éléments nutritifs nécessaires à la croissance. En plus de l'eau et du dioxyde de carbone, la croissance nécessite une faible proportion de produits azotés et de phosphore.
Même si la combustion est effectuée dans une atmosphère essentiellement dépourvue d'azote, il est pratiquement inévitable d'en retrouver une très faible proportion dans les fumées, par exemple de l'ordre de 1%. Ces quantités devraient être suffisantes pour assurer l'apport nécessaire. A l'inverse le phosphore qui n'est pas normalement présent dans les fumées doit faire l'objet d'un ajout systématique.
En dehors des constituants du milieu de culture, la croissance requiert un apport énergétique sous forme de rayonnement propre à
développer la photosynthèse. Les conditions dans lesquelles cet apport est réalisé doivent être optimisées pour que la croissance soit rapide. En particulier le milieu dans le quel les micro-algues sont dispersées doit être exposé de façon aussi homogène que possible.
Le rayonnement utile ne pénètre pas très profondément le milieu de culture. Par ailleurs si le milieu est laissé au repos, un voile d'algues se développe rapidement sur la face exposée au rayonnement qui fait obstacle à la pénétration en profondeur. Pour ces raisons le milieu disposé sur une épaisseur limitée, et d'autre part ce milieu est avantageusement maintenu agité de manière à ce que l'ensemble du volume bénéficie de cet apport.
Si la croissance des algues doit s'effectuer sous rayonnement favorisant la photosynthèse, le bon développement nécessite aussi des périodes de repos pendant lesquelles la culture n'est pas exposée. Ces périodes sont aussi brèves que possible.
La croissance de la biomasse s'accompagne d'un dégagement d'oxygène dans le milieu de culture. Au-delà d'un certain seuil la présence de cet oxygène s'oppose au développement des algues. Le séjour des algues dans le réacteur est donc limité dans le temps par l'accroissement progressif de la teneur en oxygène.
Pour obtenir un rendement aussi élevé que possible, le réacteur dans lequel la croissance est effectuée fonctionne en continu. Le milieu de culture progresse dans le réacteur depuis une extrémité dans laquelle le milieu de culture convenablement préparé est introduit, jusqu'à l'extrémité opposée où la culture convenablement développée est récupérée pour en extraire la biomasse. De façon connue le réacteur est constitué d'enceintes allongées tels que des tubes. Ces derniers en dehors du fait que leur section doit être limitée pour les raisons d'exposition au rayonnement, ont une longueur qui est déterminée par l'augmentation de la teneur en oxygène dans le milieu de croissance.
Lorsque le seuil d'oxygène toléré par les algues est atteint il faut procéder à l'extraction de celui-ci. Cette opération est avantageusement conduite hors du réacteur de croissance, et fait partie de celles qui conduisent à la récupération de la biomasse précédemment développée, et à la régénération du milieu de culture en vue de son recyclage.
Avantageusement le milieu de culture circule de manière continue dans le réacteur de croissance. A la sortie de celui-ci le milieu de culture chargé de la biomasse est séparé de cette dernière. Différentes techniques de séparation sont connues. Elles constituent un des éléments du retraitement des gaz parmi les plus importants dans l'établissement du bilan économique. Pour cette raison un mode de séparation connu qu'est la centrifugation n'est pas préféré car relativement coûteux. Les moyens actuels les plus économiques sont basés sur de techniques de floculation comme celle présentée dans US 6,524,486.
La biomasse extraite du milieu de culture est ensuite séchée et fait l'objet de valorisations diverses dont il est question plus loin. Le séchage est réalisé avantageusement en utilisant la chaleur provenant des fumées elles- mêmes. Les fumées passent dans un échangeur thermique, ce qui permet d'abaisser leur température. L'échange conduit à chauffer un fluide caloporteur lequel est utilisé pour sécher la biomasse. Comme caloporteur on utilise par exemple de l'air.
Le milieu de culture récupéré, on procède à l'extraction de l'oxygène accumulé. Ceci est avantageusement conduit en même temps que l'introduction de dioxyde de carbone. Les effluents gazeux sont par exemple conduits dans une colonne contenant le milieu débarrassé de la biomasse. Le passage des effluents gazeux préalablement refroidis dans le milieu s'accompagne de la dissolution d'une partie du dioxyde de carbone présent, l'excédent entraînant l'oxygène dissout.
Le gaz chargé d'oxygène, si sa concentration est suffisamment élevée dans ce mélange récupéré, peut faire l'objet d'une séparation, par exemple par une liquéfaction suivie d'une distillation. Pour que cette opération soit économique, la concentration de l'oxygène doit être au moins égale à 15% et de préférence au moins égale à 20% du mélange gazeux récupéré.
Le mélange gazeux dioxyde de carbone oxygène peut aussi le cas échéant se substituer à l'air pour des brûleurs lorsque le taux d'oxygène est suffisamment élevé, et notamment supérieur à 20%. Un avantage particulier dans ce cas est le fait que l'on n'introduit as d'azote dans la flamme et qu'en conséquence on ne favorise pas la formation de NOx.
Après la récupération de la biomasse le milieu de culture est réajusté avant d'être recyclé pour une nouvelle opération. Sa teneur en eau est complétée pour tenir compte des pertes résultant à la fois de la croissance de la biomasse et de l'entraînement inévitable de l'eau lors de la récupération de la biomasse. Eventuellement le pH est réglé comme indiqué précédemment si la dissolution du dioxyde de carbone à conduit à l'abaisser en dehors des limites favorables. Enfin on ajoute les éléments nécessaires à la croissance que n'apportent pas les fumées traitées.
En dehors de l'élimination d'une partie au moins de CO2 des fumées, le retraitement offre en supplément la production de biomasse utile. Une des utilisations les plus avantageuses est la production d'huiles. Le choix des micro-algues permet de favoriser cette utilisation. Dans les meilleures conditions la teneur en huiles peut représenter jusqu'à 50% du poids de la biomasse séchée.
L'extraction de l' huile est avantageusement réalisée par évaporation à température élevée. Cette opération est conduite en l'absence d'oxygène pour prévenir toute oxydation. L'huile récupérée par exemple par évaporation à 4000C peut ensuite servir de biocombustible. Une utilisation
particulièrement intéressante est d'ajouter ce combustible à celui utilisé dans l'opération qui conduit à la production des fumées traitées.
La biomasse peut encore faire l'objet d'extractions diverses de produits destinés notamment à des préparations pharmaceutiques ou autres. Les principes utiles sont alors généralement extraits dans des conditions plus modérées, notamment à l'aide de solvants.
La biomasse épuisée de ces différents constituants reste encore une matière valorisable, essentiellement comme tourteau pour l'alimentation animale.
Les fumées de combustion utiles dans le procédé selon l'invention sont notamment celles produites dans les installations utilisant des brûleurs fonctionnant en mode d'oxy-combustion. Ces brûleurs utilisent un comburant constitués pratiquement d'oxygène ou d'un mélange très riche en oxygène.
Le choix de l'oxy-combustion dans les installations industrielles se justifie de plusieurs façons. Pour une même consommation de combustible l'énergie récupérée est plus importante. Parallèlement la quantité de dioxyde de carbone rejetée est sensiblement moindre. Par ailleurs l'absence d'azote dans le comburant évite pour l'essentiel la formation d'oxydes NOx particulièrement nocifs et qui pour cette raison doivent faire l'objet d'une élimination coûteuse avant le rejet des fumées.
L'usage de l'oxy-combustion impose cependant des coûts nouveaux en particulier celui de l'oxygène qui se substitue à l'air des combustions traditionnelles.
Un avantage de la technique de traitement des fumées selon l'invention est la possibilité de récupérer une partie de l'oxygène nécessaire à l'alimentation des brûleurs. Pour que la mise en œuvre de cette récupération
de l'oxygène soit économiquement intéressante, il faut cependant que les volumes traités soient suffisants.
La mise en œuvre des techniques selon l'invention dans le cadre de four de fusion du verre dans lesquels les volumes concernés sont très importants, entrent dans la catégorie qui justifie le cas échéant la récupération de l'oxygène. Même si cette récupération ne concerne qu'une fraction limitée de l'oxygène consommé dans le four, elle contribue utilement à l'économie de l'utilisation de l'oxy-combustion.
A défaut d'utilisation de l'oxygène seul, le mélange oxygène CO2 peut être avantageusement recyclé comme indiqué précédemment.
La technique selon l'invention est représentée de façon schématique aux figures annexées dans lesquelles:
- la figure 1 est une vue diagramme synoptique du processus de traitement des fumées pour alimenter la production de biomasse ; - la figure 2 est une vue schématique de fonctionnement du bioréacteur.
Dans la suite de la description il est fait référence de façon préférée à l'application de l'invention aux effluents gazeux provenant de fours de fusion du verre.
Le schéma d'ensemble du processus présenté à la figure 1 comprend un four 1 alimenté en combustible fossile tel que du fuel lourd. Le comburant est soit de l'air soit avantageusement de l'oxygène. Les gaz de combustion provenant de ce four 1 sont traités en 2 pour en éliminer certains constituant et notamment les poussières.
Les gaz effluents de combustion utilisés selon l'invention doivent contenir une forte proportion de CO2 le reste étant principalement de l'eau.
La présence d'azote dans les gaz envoyés dans le bioréacteur 3 peut apporter le complément utile au développement des algues. La proportion d'azote nécessaire est néanmoins extrêmement limitée par rapport à celle de CO2.
La quantité de CO2 produite par le four est le plus souvent excédentaire par rapport à la capacité d'absorption de la culture. L'admission de CO2 doit être contrôlée pour maintenir le pH de la solution aux valeurs convenant à la croissance des algues. Ce pH est de l'ordre de 6 à 8 et de préférence de 7 à 7,8. Les gaz excédentaires sont évacués en 6, alors que les gaz toxiques éventuellement présents sont éliminés préalablement en 5.
Le schéma de la figure 1 ne montre pas l'utilisation des fumées comme source de chaleur. En pratique les fumées sortant d'un four de fusion du verre sont à des températures supérieures à 14000C. Ces fumées sont systématiquement l'objet de récupération d'énergie. La récupération est utilisée à des fins diverses. Traditionnellement le principal usage est le réchauffement des combustibles et comburants, et le cas échéant, aussi celui des matières premières. Ces mesures permettent d'améliorer le bilan énergétique global. Ceci n'est pas représenté sur le diagramme de la figure 1.
La récupération de la chaleur comme il vient d'être indiqué, n'épuise pas pour autant l'énergie disponible. Pour cette raison le surplus peut être utilisé pour d'autres opérations. En particulier cette énergie peut servir au séchage de la biomasse dans le traitement que cette dernière subit.
Le gaz riche en CO2 est passé dans le réacteur 3 qui est par ailleurs alimenté en compléments nutritifs nécessaires qui ne se trouvent pas dans les gaz eux-mêmes 8. Il s'agit principalement d'un apport en phosphate.
La croissance des algues s'accompagne de la production d'oxygène. L'oxygène doit être systématiquement évacué 9 pour ne pas freiner la croissance. L'oxygène est éventuellement récupéré par exemple par
distillation dans une installation de séparation de l'air ne figurant pas sur le schéma.
La biomasse en suspension est ensuite séparée et séchée. A près séchage la biomasse donne lieu à une ou plusieurs opérations de valorisation en 4.
Le choix des cultures détermine les valorisations ultérieures. Dans tous les cas ces valorisations concernent d'une part la production d'huiles utilisées comme biocarburant qui peut être utilisé en complément 12 du fuel 14 pour le chauffage du four. De la masse peuvent être aussi extraits des composés "coproduits" 13, à usage notamment pharmaceutique ou cosmétique. La matière sèche après ces extractions est ordinairement utilisée comme composant de farines pour l'alimentation animale.
Les bioréacteurs sont réalisés de manière à favoriser la croissance rapide des algues dans un volume nécessairement limité. En dehors des éléments nutritifs d'appoint et du CO2, la croissance impose une exposition au rayonnement indispensable à la photosynthèse. La pénétration du rayonnement limite nécessairement la profondeur de la suspension à quelques centimètres. Cette profondeur n'excède pas normalement 30cm, et de préférence n'excède pas 20cm. La configuration la plus fréquente du réacteur sous forme d'une batterie de tubes 15 transparents, comme représenté schématiquement à la figure 2, est telle que chaque tube présente un diamètre de l'ordre de 10cm. Ces tubes sont alimentés en suspension d'algues à faible concentration par une pompe 16 qui maintient une circulation agitée, pour que les algues soient autant que possible exposées de manière homogène favorisant une croissance rapide. Cette période de croissance doit aussi ménager des périodes de repos qui conditionnent le bon développement.
La longueur des tubes 15 est fonction non seulement de la croissance mais tient compte aussi de la vitesse de circulation et de la présence
d'oxygène. On s'efforce de faire en sorte que la teneur en oxygène reste inférieure à celle pour laquelle la photosynthèse serait inhibée. Ceci limite la longueur des tubes 15 et donc le séjour de la culture avant que la suspension soit l'objet d'un traitement tel que schématisé en 17 dans une colonne de dégazage qui permet l'extraction de l'oxygène.
Préalablement la masse en suspension est au moins en partie séparée de la solution et dirigée vers le traitement de valorisation en 18. Les techniques de séparation de la biomasse sont par exemple la floculation et filtration ou par centrifugation. La floculation est préférée étant en règle générale moins coûteuse à mettre en oeuvre.
La solution appauvrie qui ne contient qu'une fraction résiduelle des algues développées est dirigée par la canalisation 19 vers l'enceinte de dégazage 17. Elle fait l'objet de préférence d'un ajustement de la température pour la conduire aux conditions les plus favorables à la croissance au moyen d'un système de régulation représenté en 20. La température ne doit être ni trop basse ni trop élevée. De façon générale la température la plus adéquate se situe entre 15 et 35°C et de préférence entre 20 et 300C. La régulation de la température est rendue nécessaire en particulier lorsque l'exposition au rayonnement R est intense et a pour conséquence une élévation excessive de la température dans les tubes 15.
L'extraction de l'oxygène peut s'effectuer sous un vide partiel ou, comme représenté, par entraînement en faisant barboter les fumées admises en 21 et évacué en 22.
Avant de retourner la solution dans les tubes 15 par la conduite 24, elle fait l'objet d'un ajustement en 23, comprenant ordinairement l'addition d'eau pour compenser notamment l'eau entraînée , des éléments nutritifs additionnels et le cas échéant une certaine quantité d'algues pour ajuster la teneur initiale. La solution reconditionnée est envoyée dans les tubes par l'intermédiaire de la pompe 16.
II faut remarquer l'importance de l'agitation dans les tubes 15 pour éviter qu'un rideau d'algues se constitue sur la face exposée au rayonnement au détriment d'un développement dans la totalité du volume disponible.
L'exposition au rayonnement est avantageusement naturelle.
Elle peut être aménagée par la mise en place de panneaux situés à proximité des tubes 15, réfléchissant la lumière en direction de ceux-ci. En particulier une surface réfléchissante est avantageusement ménagée sous les tubes 15.
De façon additionnelle il est possible également de disposer de moyens développant le rayonnement adéquat même en l'absence de rayonnement naturel, notamment dans les périodes nocturnes. Bien évidemment le rayonnement naturel est préféré pour des raisons d'économie du processus global. Mais, notamment lorsque la mise en œuvre de ces techniques a pour but principal l'élimination d'une partie du CO2, le fonctionnement continu du four conduit aussi à préférer une élimination permanente et donc le développement ininterrompu de la biomasse nécessitant un rayonnement continu, sous réserve des périodes de repos nécessaires.
Pour des raisons d'économie le rayonnement artificiel est avantageusement produit au moyen de diodes électroluminescentes dont on sait qu'elles offrent un rendement lumineux supérieur aux autres sources possibles. De plus les LED peuvent être disposées au plus près de la biomasse pour une utilisation aussi poussée que possible du rayonnement. Elles peuvent notamment être placées tout autour des tubes dans une distribution régulière et avec sur chaque diodes un réflecteur dirigeant tout le rayonnement vers l'intérieur des tubes. Leurs dimensions restreintes permettent encore d'envisager de les disposer à l'intérieur même des tubes, par exemple dans un tube concentrique aux tubes contenant le milieu de culture, et de diamètre très réduit pour laisser un maximum de volume à la suspension. Les LEDs en
raison même de leurs dimensions suffisamment petites, peuvent encore s'insérer dans le matériau constituant les parois constituant les bioréacteurs.
Il est possible d'évaluer la production de biomasse en fonction de la quantité de CO2 absorbée. Même si la conversion du CO2 utilisé dans le bioréacteur n'est pas totale, cette conversion peut atteindre et même dépasser les 90%. Dans les installations les mieux adaptées cette conversion peut être de 95%. Pour une unité de biomasse sèche la quantité de CO2 absorbée est de l'ordre de 1,6 à 2 unités de masse et en moyenne de l'ordre de 1,8 unité de masse.
La difficulté principale pour la récupération du dioxyde de carbone des effluents gazeux de combustion réside dans la surface nécessaire et dans l'énergie solaire disponible sur cette surface. Dans les zones tempérées d'Europe, le rendement de production de biomasse peut être estimé à 200- 300 tonnes par hectare et par an. Cette production dans les régions bénéficiant d'un ensoleillement plus abondant et plus régulier, peut atteindre 400 tonnes par hectare et par an.
Sur la base d'une conversion moyenne de 1 tonne de biomasse pour 1,8 tonne de CO2, la conversion de ce dernier se situe donc entre 3600 et 7200 tonnes par hectare. Ces valeurs sont à comparer aux quantités de CO2 produites dans les grands fours verriers. A titre indicatif pour un four produisant 650 tonnes de verre par jour, la production de CO2 s'établit environ à 140 000 tonnes par an pour un four fonctionnant en aéro-combustion et a environ 120 000 tonnes en oxy-combustion. Un traitement complet nécessiterait en conséquence une superficie considérable de l'ordre de 15 à 40ha selon les conditions. Une telle superficie est rarement disponible à proximité immédiate des fours en question. Mais la mise en œuvre de ces techniques est avantageuse même si elle ne concerne qu'une part des fumées produites.
La conversion du CO2 et les économies sur les pénalités d'émission, ne sont pas les seuls avantages de la production de biomasse. Un autre facteur qui selon les circonstances peut s'avérer déterminant, est l'utilisation de la biomasse pour la production d'huiles pouvant notamment servir de biocarburant.
Si différentes méthodes peuvent être employées pour extraire les constituants les plus précieux des micro-algues, telle que l'extraction par solvant pour les produits les plus fragiles, ces techniques sont trop onéreuses pour la récupération de l'huile. Une technique efficace pour la récupération de l'huile destinée à la préparation de biocarburants, est la pyrolyse. Pour faire en sorte préserver l'huile il faut opérer en l'absence d'oxygène et à température limitée pendant un temps relativement bref.
La pyrolyse conduite dans les conditions maîtrisées conduit à l'évaporation de l'huile. La température se situe avantageusement entre 400 et 500°C. Après l'évaporation l'huile est refroidie rapidement pour éviter toute dégradation.
Le bilan énergétique devant être le meilleur possible, la chaleur nécessaire pour l'évaporation est avantageusement celle récupérée directement ou non sur les fumées du four.
La proportion d'huile extraite de la biomasse sèche dépend de la nature des algues et de certaines conditions de croissance. L'étude des conditions de croissance montre une proportion accrue d'huile par exemple lorsque la culture est conduite en déficit en azote ou en silice dans le milieu de croissance. Néanmoins il est important de procéder à un bilan global, l'enrichissement en huile dans ces conditions pouvant accompagner un taux de croissance réduit.
Pour les variétés d'algues les plus avantageuses dans la production d'huile, cette dernière peut représenter entre 30 et 50% en poids
de la biomasse séchée. Cette huile en termes de source d'énergie délivre ordinairement entre 0,7 et 1 fois l'énergie d'une même masse de fuel lourd et peut être mélangée à de tels fuels pour alimenter la combustion du four. Les qualités notamment de viscosité ne favorisent pas l'utilisation de cette huile en substitution du fuel lourd. Mais cette huile peut éventuellement constituer un complément lorsqu'elle est introduite en faible proportion ou être utilisée comme combustible dans d'autres applications.
Le bilan économique est éventuellement encore amélioré si l'on ajoute la récupération de l'oxygène pour les fours fonctionnant en oxy- combustion.
Pour un four de fusion du verre fonctionnant en oxy- combustion et produisant 650 tonnes de verre par jour, pour chaque hectare dédié à la production de biomasse dans les conditions exposées ci-dessus, la réduction d'émission de CO2 peut ainsi atteindre 0,5 à 1% de l'émission totale. Dans les mêmes conditions la production d'huile peut amener à une réduction de consommation de fuel de 0,5 à 1% par hectare et une production d'oxygène comprise représentant entre 0,5 et 1,5% de la consommation du four.
Tous ces éléments, indépendamment de l'utilisation ultérieure des matières sèches montrent l'intérêt qui peut s'attacher à la mise en œuvre des techniques de traitement des fumées par la culture de biomasse.