Procédé de traitement du tabac en vue d'éliminer en partie les substances cancérigènes contenues dans sa fumée La présente invention se rapporte à un procédé de traitement du tabac en vue d'éliminer en partie les. substances cancérigènes contenues dans sa fumée.
On a observé d'une part que l'extraction, par certains dérivés halogénés liquides d'hydrocarbures, de chacune de diverses substances (benzopyrènes; polymères, hydrocarbures polycycliques, etc.) que contient le tabac se fait sélectivement en sorte que les quantités de ces. diverses substances ne restent pas proportionnelles entre elles lorsqu'on fait varier la durée du traitement, la température à laquelle il est effectué, ou l'humidité du tabac.
D'autre part, les quantités des diverses substances cancérigènes présentes dans la fumée du tabac ne sont non plus directement liées chacune aux quantités de certaines substances contenues dans le tabac, mais peuvent encore varier en fonction du rapport entre ces der nières quantités et aussi en fonction des conditions physiques, dans lesquelles a lieu la combustion, sus ceptibles elles aussi de varier selon la durée du trai tement, de la température à laquelle il s'est fait, et de l'humidité du tabac lors de ce traitement.
Par conséquent, la teneur de la fumée en subs tances cancérigènes n'est pas une fonction simple et directe de la durée et de la température du traite ment et de l'humidité du tabac lors du traitement, et l'effet d'une modification de ces paramètres sur la toxicité de la fumée n'est nullement prévisible.
A cela s'ajoute, bien entendu, qu'une prolonga tion du traitement du tabac ou une augmentation de la température à laquelle il se fait non seulement ne diminue pas nécessairement la toxicité de la fumée, mais encore risque fort de détériorer son arôme.
Le procédé selon la présente invention permet d'obtenir une diminution relativement forte de la toxicité de la fumée tout en conservant dans une très grande mesure l'arôme de celle-ci.
Ce procédé, dans lequel on met le tabac, alors que son humidité ne dépasse pas celle à laquelle il est assujetti à la fabrication, en contact avec au moins un dérivé halogéné, liquide d'un hydrocarbure, est caractérisé en ce que ledit traitement du tabac est effectué à température ordinaire '(environ 18 à 250 C), à la pression atmosphérique et pendant une heure au plus.
De préférence, le traitement pourra être effectué sur du tabac coupé, avant sa torréfaction ou son stockage. On pourra avantageusement employer un dérivé halogéné d'un hydrocarbure aliphatique- inin flammable ou difficilement inflammable et dont le point d'ébullition est supérieur à 500 C, tel que le té trachlorure de carbone, ce qui permet d'opérer le traitement dans un appareil ouvert pouvant aisé ment être intercalé dans la chaîne de fabrication.
Dans un mode d'exécution préféré, on emploie par exemple le tétrachlorure de carbone sec dans la proportion de 1-2 litres de solvant pour 1 kilo gramme de tabac, et on traite le tabac coupé con tenant de préférence 10-15 % d'humidité relative, à température ambiante (18-250 C) pendant de préfé rence une heure au maximum avec ce solvant en contre-courant. Le tabac extrait est rincé avec une faible quantité de solvant, égoutté et peut être dé barrassé des restes du solvant par un courant d'air ou tout autre moyen approprié avant de passer à la prochaine étape de la chaîne de fabrication.
Le fait que le traitement est effectué à température am biante le simplifie considérablement. Pour sa mise en oeuvre, tous moyens et installations permettant une extraction en continu peuvent servir.
Le procédé suivant l'invention permet non seu lement d'extraire du tabac certaines substances no cives ou qui contribuent à la formation de substan ces nocives lors de la combustion, mais surtout de modifier la structure de la feuille de tabac de telle sorte que les substances nocives, par suite des con- ditions de combustion modifiées, ne peuvent plus se former qu'en quantités très réduites.
Le tabac obtenu par ce procédé est de structure modifiée, directement visible, en certains cas, au mi croscope, de telle sorte que sa combustion produit une fumée dans laquelle les matières: goudronneuses sont diminuées d'au moins 30 %, les dérivés de l'an- thracène et du pyrène sont diminuées d'au moins 40% et le 3,4-benzopyrène est diminué d'au moins 55 %.
Les substances irritantes, contenues dans les matières goudronneuses non cancérigènes par elles- mêmes, mais responsables d'une part de la toux du fumeur et favorisant d'autre part, le déclenchement du cancer bronchique, se trouvent également ré duites dans la fumée. La nicotine, d'autre part, quoique réduite, n'est pas enlevée totalement du tabac par le procédé selon l'invention.
La fumée obtenue par combustion d'un tabac ainsi traité continue à produire un effet stimulant, très apprécié par la plupart des fumeurs. Ces avan tages sont obtenus sans modifications considérables du goût et de l'arôme de la fumée. Si l'on désire, on peut diminuer encore le contenu en nicotine en in- corporant un bout filtrant par exemple.
Le procédé suivant l'invention peut être effectué par exemple d'ans un tube en forme de U ouvert à ses deux extrémités, selon le schéma du dessin an nexé. Le tabac coupé 1, entraîné par une chaîne de transport 2 venant du coupage est introduit dans le tube en U 3 muni d'un élévateur à tamis 4. Par ces tamis, le tabac est transporté en contre-courant dans une zone de solvant 5 à température ambiante, le tabac frais étant mis en contact d'abord avec le sol vant le plus saturé, comme c'est usuel dans les ex tractions à contre-courant.
La vitesse de l'élévateur est réglée de façon à ne laisser le tabac en contact avec le solvant qu'une heure au maximum. Le sol vant se trouvant dans le tube en quantité de 1-2 litres par kilo de tabac est continuellement renouvelé par du solvant frais introduit par le tube d'entrée 6. D'autre part, le solvant et les extraits. sont retirés continuellement par le tube de sortie 7.
Le solvant peut alors être récupéré de façon connue et réintro- duit dans le circuit d'extraction, tandis que les ex traits peuvent être fractionnés, purifiés et utilisés à leur tour. Le tabac extrait est rincé très rapidement par une petite quantité de solvant projetée par le gicleur 8, puis s'égoutte dans une zone d'égouttage 9 au-dessus du niveau du solvant dans le tube ; il passe ensuite par une zone de séchage 10 où il est débarrassé des restes du solvant par un courant d'air par exemple ; finalement, le tabac est transporté à la torréfaction ou au stockage, où la chaîne de fabri cation continue comme d'habitude.
Le procédé selon l'invention a été appliqué à diverses sortesi de tabacs. Les modifications qui in terviennent dans la composition de leur fumée sont les suivantes
EMI0002.0043
/o <SEP> Diminution <SEP> dans <SEP> la <SEP> fumée <SEP> de <SEP> tabac <SEP> traité
<tb> Sortes <SEP> de <SEP> tabac
<tb> Anthracène <SEP> Pyrène <SEP> 3,4-Benzopyrène <SEP> Goudron
<tb> Maryland <SEP> 41,2 <SEP> 38,2 <SEP> 63,9 <SEP> 32,5
<tb> Orient <SEP> 43,3 <SEP> 43,0 <SEP> 64,9 <SEP> 33,3
<tb> Virgïnia <SEP> 48,5 <SEP> 45,0 <SEP> 54,0 <SEP> 34,2 Le procédé selon l'invention est spécialement approprié pour la fabrication de cigarettes. Il peut être employé également pour traiter du tabac poux cigares ou pour la pipe.
On préfère cependant dans ces cas ne pas traiter le tabac coupé mais les feuilles entières: ou les cigares manufacturés.