Harnais de mécanique Jacquard On sait que les harnais ou arcades des mécani ques Jacquard ont toujours été pourvus, à leur ex trémité, de poids dénommés Plombs ou Fu seaux , qui ont pour but de tendre l'arcade pour obtenir après la sélection de la mécanique Jacquard, au moyen du carton du dessin, une bonne ouverture de la foule pour le passage de la navette.
Les inconvénients de ces poids sont nombreux, même à vitesse réduite, et s'amplifient par suite de l'augmentation sensible de la vitesse de marche des mécaniques Jacquard. Les principaux griefs que l'on peut faire à l'emploi des fuseaux sont les suivants - A chaque tour de métier, des chocs répétés se répercutent dans l'ensemble de la mécanique du fait qu'à chaque sélection de la mécanique Jacquard, les fuseaux qui sont au repos doivent être levés et sont soumis à un mouvement de traction des arcades.
Ces chocs se perçoivent net tement par la vibration des arcades du harnais.
- A la descente du fuseau à sa position inférieure, que ce soit en Jacquard à lève simple ou à lève et baisse, cette descente est brutalement stoppée par la mécanique et cet arrêt brutal se répercute dangereusement dans toute la longueur de l'ar cade qui vibre et même au fil de chaîne qui est parfois cassé par le maillon de la lisse quand on n'a pas su déterminer avec précision le poids du fuseau en rapport avec sa longueur de course, la tension des fils et la vitesse du métier. Pour ob vier à ces vibrations dangereuses on a, d'ailleurs, encadré ces fuseaux dans un bac.
Ces chocs permanents usent prématurément les arcades du harnais et nuisent à l'ensemble que for ment la mécanique Jacquard et le métier à tisser dont certains mouvements ne peuvent pas être ré glés avec toute la précision désirable par suite de ces chocs et vibrations, d'autant plus que les chocs varient avec les dessins des cartons de la mécanique Jacquard qui déterminent les levées et les baisses.
Pour remédier aux inconvénients des poids, dans certaines mécaniques connues on a remplacé ces der niers par des ressorts. Mais les fibres et poussières textiles qui proviennent des fils de chaîne bourraient rapidement les spires des ressorts et les ressorts de venaient inopérants.
On a alors essayé de faire passer la corde atta chée au bas de la lisse sur une poulie disposée à la base du métier et fait remonter cette corde à travers les fils de chaîne pour l'accrocher à un ressort monté sur le métier au-dessus de la foule.
Ce dispositif s'est révélé d'une réalisation impossible dans la pra tique : si l'on songe que pour un métier courant de quarante fils au centimètre on a, par centimètre de largeur de métier, deux rangées et demie de seize cordes qui sont distantes de quatre millimètres d'axe en axe, il aurait fallu loger 5600 poulies sous un mé tier qui fabrique un tissu de cent quarante centimè- tres de largeur;
non seulement les poulies auraient dû être minuscules, mais leur rotation aurait été ren due impossible par les fibres et poussières textiles qui tombent des fils de chaîne. En outre, en suppo sant qu'on puisse passer les cordes de retour à tra vers la chaîne pour les accrocher aux ressorts, on doublerait l'épaisseur du harnais et on éprouverait des difficultés presque insurmontables pour repren dre un fil de chaîne cassé.
Pour pouvoir maintenir les ressorts au-dessus de la foule, on a imaginé de retourner le métier Jac quard, mais alors la mécanique Jacquard est placée au-dessous de la foule et reçoit toutes les poussières et les fibres textiles qui tombent des fils de chaîne. On a même envisagé de placer la mécanique Jac quard en sous-sol pour que l'ouvrier puisse continuer à surveiller la marche du métier à tisser. Cette dis position n'a pas été réalisée dans la pratique.
La contexture normale des tissus Jacquard pour le linge de table et les coutils damassés est de 36 à 40 fils au centimètre, ce qui représente une distance de quatre millimètres d'axe en axe des cordes d'ar cade ; les ressorts devraient donc avoir un diamètre inférieur à quatre millimètres. Si on considère que la contexture est doublée dans les tissus Jacquard pour ameublement et qu'elle est quadruplée dans les tissus de soierie, on se rend compte du faible dia mètre que devraient avoir les ressorts qui devraient remplacer les poids.
En outre, la réalisation technique des ressorts s'est révélée impossible quand les métiers travail laient à 80 coups à la minute : les ressorts cassaient très vite aux spires d'extrémités.
Si on considère qu'actuellement les métiers travaillent à 200 coups à la minute et tendent vers des vitesses encore supé rieures, on conçoit qu'il soit impossible de fabriquer des ressorts de très faible diamètre qui résistent à un tel travail continu. En supposant même qu'on trouve le moyen d'empêcher les fibres et poussières textiles de se déposer sur les ressorts, ceux-ci ne peuvent être utilisés dans la pratique.
La présente invention a pour objet un harnais de mécanique Jacquard caractérisé en ce que chaque fil d'arcade est tendu et tiré vers le bas par un lien élastique disposé entre la base de la lisse dans la quelle passe un fil de chaîne et un organe d'accro chage fixé dans le bas du bâti du métier à tisser.
Suivant une forme d'exécution préférée, ledit lien est un fil élastique recouvert d'une gaine extensible de protection.
Suivant une autre forme d'exécution préférée, la gaine extensible de protection du fil élastique est constituée par un guipage ou une tresse textile.
Suivant une autre forme d'exécution, le lien est un ruban élastique tissé dont les fils de chaîne sont en matière élastique et les fils de trame en matière textile.
Le dessin annexé montre, schématiquement et à titre d'exemple, une forme de réalisation du harnais faisant l'objet de la présente invention.
La fig. 1 représente, en perspective, une vue partielle d'un cadre grillagé servant à l'accrochage de fils élastiques et une vue partielle d'un cadre grillagé servant de planche d'empoutage, avec une arcade pourvue de sa lisse et d'un fil élastique.
La fig. 2 représente, à plus grande échelle, le mode d'accrochage du fil élastique entre le grillage d'accrochage inférieur et la lisse.
Comme représenté au dessin, le grillage d'accro chage des arcades est formé par un cadre constitué par deux cornières longitudinales 1 et 2 assemblées sur deux cornières d'extrémité dont seule la cornière 3 est visible au dessin.
Il est recommandé de disposer de place en place, suivant la longueur de ce cadre, des entretoises telles que 4et5. Les côtés d'extrémité 3 de ce cadre sont percés pour recevoir des barres longitudinales 6 disposées d'une façon équidistante tandis que les côtés longi tudinaux 1 et 2 du cadre sont percés régulièrement pour recevoir des traverses 7.
Aussi bien les barres longitudinales 6 que les traverses 7 sont coudées à une extrémité, comme visible en 8, et cette partie coudée est recouverte par une règle plate 9a et 9b, fixée par vis ou boulons 10 pour maintenir les barres et traverses dans leur logement. Lorsqu'on voudra déplacer ou remplacer ces barres ou traverses, il suf fira de dévisser la règle pour dégager leurs têtes coudées et la remettre en place lorsqu'on aura re garni le grillage.
Naturellement, les traverses 7 peu vent être placées indifféremment au-dessus ou au- dessous des barres longitudinales 6 et les perfora tions dans les profilés du cadre sont établies de ma nière que les traverses 7 touchent les barres longi tudinales 6.
Comme connu, chaque fil d'arcade 11 est attaché à la boucle supérieure 12 d'une lisse 13 pourvue d'un oeillet 14 dans lequel passe un fil de chaîne.
A la boucle inférieure 15 de la lisse 13 est accro ché un crochet 16 fixé à l'extrémité d'un fil élastique 17 dont l'autre bout est attaché à un crochet 18 qu'on accroche à un anneau ou à un crochet 19 accroché lui-même à l'une des traverses 7 du pan neau inférieur.
La longueur du fil élastique 17 a été déterminée pour qu'il soit tendu même lorsque la lisse 13 est dans sa position basse ; en pratique, on peut donner à ce fil élastique 17 une longueur d'environ 300 mm.
Grâce aux fils élastiques 17, les fils d'arcade du harnais se trouvent toujours tendus normalement, la levée ou descente des arcades par la mécanique Jacquard ne provoque ni chocs ni vibrations.
Il a été constaté, en effet, que dans un métier équipé d'une mécanique Jacquard avec arcades à fuseaux dont la course ne dépasse par 120 mm, il était impossible de dépasser une vitesse du métier de 200 coups à la minute. Par contre, avec un métier équipé avec le harnais décrit et représenté, on peut atteindre des vitesses supérieures sans entraîner des vibrations du métier.
Le fil élastique, qu'il soit nu ou recouvert d'une gaine extensible telle que guipage textile ou tresse textile, par exemple, n'est jamais bourré par les pous sières ou fibres textiles qui tombent des fils de chai- ne. Ce fil élastique travaille sur toute sa longueur et conserve son élasticité même après un long usage.
Des fils élastiques d'une section d'un millimètre carré, par exemple, n'ont pas montré de défaillance après plusieurs milliers d'heures de fonctionnement de mécaniques Jacquard travaillant à plus de 200 coups à la minute. Avec ces mécaniques équipées de fils élastiques de traction des arcades, on a obtenu un meilleur travail de la chaîne et une durée plus longue du harnais avec une vitesse accrue.
Dans une autre forme d'exécution du harnais, le lien élastique, au lieu d'être constitué par un fil élas- tique, pourrait être constitué par un ruban élastique tissé, dont les fils de chaîne sont en matière élastique et les fils de trame en matière textile.