Mécanisme de direction, en particulier pour véhicules courts
Domaine technique
La présente invention concerne un mécanisme de direction pour orienter les roues directrices d'un véhicule par rapport au châssis. La présente invention concerne en particulier un mécanisme de direction destiné à des véhicules courts et pour lesquels un rayon de braquage réduit est demandé. La présente invention concerne aussi un fauteuil roulant pour handicapés muni d'un tel mécanisme de direction.
Etat de la technique
Le mécanisme de direction le plus employé dans les véhicules à quatre roues est connu sous le nom de direction Ackermann. La direction Ackermann, qu'il n'est pas nécessaire de décrire plus en détail ici, permet aux quatre roues du véhicules de s'orienter sur les tangentes de cercles concentriques. Le rayon de braquage est déterminé par la distance entre le centre des cercles et les roues. Les roues tournent ainsi autour d'un même point, ce qui permet de préserver les pneus, de garantir une adhérence optimale et de réduire le bruit.
La géométrie du dispositif Ackermann n'est cependant pas parfaite et les centres de rotation des quatre roues ne sont pas parfaitement superposés. Par ailleurs, le rayon de braquage dépend de la longueur du véhicule et notamment de la distance entre l'essieu avant et l'essieu arrière. Si des véhicules très longs, par exemple des autocars, peuvent effectuer des virages serrés, il n'en va pas de même des véhicules courts.
De nombreux véhicules courts, notamment des fauteuils roulants pour handicapés ou des véhicules utilitaires tels que petits tracteurs, exigent cependant une grande manœuvrabilité et un rayon de braquage réduit afin de modifier l'orientation du véhicule pratiquement sur place, sans usure excessive des pneumatiques et avec un minimum de bruit.
US4852679 décrit une direction à rayon de braquage réduit pour chaise roulante électrique. Le mécanisme emploie des câbles pour relier les quatre roues au centre du véhicule. L'ensemble est fragile et les différents câbles exigent un espace important sous le véhicule. Ce volume ne peut pas être utilisé pour les batteries par exemple.
DE4236786 décrit une direction pour chaise roulante électrique, permettant un rayon de braquage très petit grâce à un système de cames. Le calcul et l'usinage des cames est complexe, et l'usure des pièces mobiles dans les cames rapide.
Un autre mécanisme de direction basé sur des cames est décrit dans US5862874.
D'autres fauteuils roulants sont dirigés en accélérant les roues externes dans les virages, sans les orienter correctement. Ces mécanismes sont simples à réaliser mécaniquement, mais l'électronique de commande des moteurs est plus complexe. Par ailleurs, les pneus mal orientés font un bruit important dans les virages et tendent à s'user rapidement en laissant des marques.
Un but de la présente invention est donc de proposer un mécanisme de direction amélioré par rapport aux mécanismes de l'art antérieur, et en particulier un dispositif adapté aux véhicules courts qui ne présente pas les défauts mentionnés ci-dessus.
Selon l'invention, ces buts sont obtenus au moyen d'un mécanisme de direction selon la revendication indépendante, des variantes de réalisation préférentielles étant indiqués dans les revendications dépendantes.
En particulier, ces buts sont atteints au moyen d'un mécanisme de direction pour orienter les roues directrices d'un véhicule par rapport au châssis, comprenant : un premier axe vertical par roue directrice, permettant à chaque roue
directrice de pivoter par rapport audit châssis afin de modifier la direction du véhicule, une biellette permettant d'exercer un couple sur chaque roue directrice pour la faire pivoter autour dudit premier axe vertical, un premier axe de déplacement linéaire permettant des mouvements de translation entre la deuxième extrémité de ladite biellette et ledit châssis.
Le premier axe de déplacement permet de déplacer la biellette pour modifier la direction de la roue dans les virages.
Dans un mode de réalisation préférentiel, l'extrémité mobile des biellettes peut pivoter par rapport au châssis. L'extrémité des biellettes peut ainsi se mouvoir selon deux axes par rapport au châssis. Le premier axe permet un mouvement de translation, par exemple le long d'une coulisse, et le deuxième axe permet à la coulisse de pivoter par rapport au châssis.
Dans un mode de réalisation préférentiel, les deux degrés de liberté ne sont pas indépendants l'un de l'autre, ou du moins pas totalement indépendants. La position de la biellette le long de la coulisse correspondante, ou la gamme de positions possibles, dépend alors de l'orientation de la coulisse. Cette configuration permet d'assurer une superposition des centres de braquage des quatre roues, quel que soit le rayon de braquage.
Dans un mode de réalisation préférentiel, une seconde biellette non parallèle aux roues contraint la première biellette à coulisser de manière définie le long d'une coulisse. Ceci permet l'orientation différenciée des roues gauches et droites.
Brève description des dessins
Des exemples de mise en œuvre de l'invention sont indiqués dans la description illustrée par les figures annexées dans lesquelles :
La figure 1 illustre une vue en perspective d'un fauteuil roulant muni d'une direction selon l'invention, avec les roues droites.
La figure 2 est une vue de face du fauteuil de la figure 1.
La figure 3 est une vue de dessus du fauteuil de la figure 1.
La figure 4 illustre une vue en perspective du fauteuil roulant de la figure 1, avec les roues tournées à 45° environ.
La figure 5 est une vue de face du fauteuil de la figure 4.
La figure 6 est une vue de dessus du fauteuil de la figure 4.
La figure 7 illustre une vue en perspective du fauteuil roulant de la figure 1, avec les roues droites, le siège et le marchepied étant démonté.
La figure 8 est une vue de face du fauteuil de la figure 7.
La figure 9 est une vue de dessus du fauteuil de la figure 7.
La figure 10 illustre une vue en perspective du fauteuil roulant de la figure 7, les roues étant tournées à 45° environ, le siège et le marchepied étant démonté.
La figure 1 1 est une vue de face du fauteuil de la figure 10.
La figure 12 est une vue de dessus du fauteuil de la figure 10.
La figure 13 est une vue en perspective de l'essieu avant avec les roues droites.
La figure 14 est une vue en perspective de l'essieu avant avec les roues tournées à 45° environ.
La figure 15 est une vue de dessus du châssis et d'une variante simplifiée du mécanisme de direction, sans les suspensions, les roues étant droites.
La figure 16 est une vue en perspective d'une portion du dispositif de la figure 15, correspondant à un des deux essieux.
La figure 17 est une vue de dessus du châssis et d'une variante simplifiée du mécanisme de direction, sans les suspensions, les roues étant tournées à 45° environ.
La figure 18 est une vue en perspective d'une portion du dispositif de la figure 17, correspondant à un des deux essieux.
Exemple(s) de mode de réalisation de l'invention
Les figures illustrent un fauteuil roulant muni d'une direction conforme aux revendications. Le mécanisme décrit est cependant applicable à d'autres types de véhicules, notamment à tout type de véhicules courts nécessitant un rayon de braquage réduit, y compris des véhicules à deux ou à quatre roues directrices et à deux ou à quatre roues motrices.
Le fauteuil roulant illustré comporte un siège 16 et des marchepieds 18 montés sur un châssis et quatre roues 1 a, 1 b, 1 c et 1 d. L'inclinaison du siège peut de préférence être modifiée à l'aide d'un moteur électrique non représenté. Un joystick 19 permet à l'utilisateur de diriger le fauteuil d'une seule main ; des boutons auxiliaires non représentés permettent de commander des fonctions annexes, par exemple pour modifier l'inclinaison et/ou la hauteur du siège.
Les quatre roues sont motrices et entraînées chacune par un moteur électrique 20a, 20b, 20c, 2Od. Les moteurs sont alimentés électriquement au moyen de batteries 17 situées avantageusement sous le fauteuil 16, de part et d'autre de la barre de transmission de direction 13. Une électronique de commande non représentée permet de commander
indépendamment la vitesse des quatre roues 1 en fonction des consignes introduites à l'aide du joystick 19. Comme on le voit en particulier sur les figures 6 ou 14, les moteurs électriques sont montés sur l'axe de rotation des roues et tournent donc avec la roue dans les virages. Dans une variante préférentielle, la commande électronique des moteurs permet d'impartir une vitesse des roues externes supérieure à la vitesse des roues internes dans les virages.
Dans une variante, les roues sont entraînées au moyen d'un seul moteur central. Il est bien entendu aussi possible d'entraîner uniquement les roues avant ou les roues arrières.
Les roues 1à à 1 d peuvent tourner par rapport au fauteuil et au châssis, constitué notamment des traverses transversales 3 et de la traverse longitudinale 4, autour de premiers axes verticaux 2a à 2d respectivement, de manière à modifier la direction du véhicule. Les mouvements des quatre roues sont liés mécaniquement entre eux, en sorte que la rotation d'une roue entraîne nécessairement la modification de l'orientation des trois autres roues.
Une biellette 5a à 5d est associée à chaque roue 1 a à 1 d respectivement. Une extrémité des biellettes est liée de façon articulée à un point 50a à 50d de la roue correspondante distant de l'axe de rotation 20. En agissant sur une biellette 5 pour déplacer l'articulation 50 correspondante, on modifie l'orientation de la roue 1 et la direction du véhicule.
L'autre extrémité de chaque biellette, vers l'intérieur du véhicule, est liée par un pivot 10 à un coulisseau 9. L'extrémité intérieure de chaque biellette peut ainsi se déplacer avec le coulisseau le long d'une coulisse 1 1 rectiligne, selon un premier axe de déplacement linéaire. Lorsque les roues du véhicule sont droites, dans la position illustrée par exemple sur les figures 13 ou 16, les deux coulisseaux d'un même essieu se trouvent à la même position longitudinale le long de la coulisse. Ils se déplacent en sens
opposé dans les virages, l'amplitude maximale des déplacements pouvant être limitée dans les deux sens.
Chaque coulisse 1 1 est en outre liée au châssis du véhicule au moyen d'un axe vertical 12a / 12c permettant aux coulisses de pivoter dans un plan horizontal. Dans l'exemple de mode de réalisation illustré, les deux coulisses avant 1 1a, 1 1 b sont articulées au moyen d'un axe commun 12a dans l'axe longitudinal du véhicule ; il en va de même des deux coulisses 1 1 c, 11 d de l'essieu arrière, liées à un axe commun 12c.
Cette disposition permet donc aux extrémités des biellettes de l'essieu avant respectivement arrière de pivoter autour des axes 12a respectivement 12c. Ces axes de rotation constituent un deuxième degré de liberté pour les déplacements de l'extrémité intérieure des biellettes. Les figures 14 ou 17 par exemple permettent d'observer que les coulisses 11 de chaque essieu tournent dans le même sens que les roues de l'essieu correspondant, l'angle de rotation étant cependant différent.
La rotation des coulisses 1 1 de chaque essieu autour d'axes verticaux 12a, 12c communs permet en outre de lier mécaniquement les rotations des deux roues de chaque essieu ; le pivotement d'une roue entraîne la rotation de la coulisse correspondante autour de l'axe 12, puis le pivotement de l'autre roue du même essieu.
Les éléments du mécanisme de direction associés à chaque roue comportent en outre une seconde biellette 6a à 6d. Une extrémité de chaque seconde biellette 6 est liée à la première biellette 5 correspondante au moyen d'un axe vertical 7 permettant aux deux biellettes de pivoter l'une par rapport à l'autre. L'autre extrémité des secondes biellettes pivote par rapport aux traverses 3 du châssis autour d'axes verticaux 8.
Les deuxièmes biellettes 6 permettent de forcer la première biellette 5 correspondante à coulisser le long de la coulisse 11 associée lors de rotations des coulisses autour de l'axe 12. Les deux degrés de liberté évoqués ne sont donc pas indépendants l'un de l'autre ; une rotation de
l'extrémité des biellettes 6 entraîne nécessairement une translation le long de la coulisse correspondante 11. La trajectoire parcourue par l'extrémité interne des biellettes 6 lorsque les roues tournent est donc la combinaison d'une translation et d'une rotation liées l'une à l'autre par la géométrie du système. Cette disposition permet de faire tourner les quatre roues autour d'un centre de braquage commun ; on observe sur les figures les rayons de braquage des roues externes plus grands que les rayons des roues internes.
Le mécanisme de direction des roues avant et des roues arrières est lié au travers d'une barre de transmission 13. La barre 13 est liée au pivot 12a par un élément de liaison 14a, et au pivot arrière 12 par un élément 14c. Les rotations d'un des pivots dans un sens sont transmises par la barre 13 à l'autre pivot qui tourne en sens opposé, de manière à braquer les roues des deux essieux en sens opposé. Sur la variante des figures 15 à 18, la barre 13 est rectiligne et oblique par rapport à la traverse longitudinale 4 et à l'axe de symétrie du châssis. La variante des figures 1 à 14 emploie en revanche une barre 13 muni d'un double coude et dont la portion centrale est parallèle à la traverse 4 au moins lorsque les roues sont droites, comme on le voit par exemple sur la figure 9. Cette disposition permet de réduire l'a largeur requise au centre du véhicule pour les déplacements de la barre 13, et donc d'augmenter la place disponible pour les batteries 17 de part et d'autre de cette barre.
Comme indiqué plus haut, les rotations des quatre roues sont liées entre elles. Il suffit donc d'agir sur une seule roue ou sur un seul élément de la direction, par exemple au moyen d'un vérin électrique, pour faire tourner le véhicule. Dans une variante préférentielle de l'invention, la direction est commandée par un vérin dont une extrémité fixe est liée à la barre longitudinale 4 et l'autre extrémité mobile à la barre de transmission 13. La position longitudinale du vérin permet de déterminer l'angle de rotation momentané des roues. Cette position peut être déterminée par la commande qui donnée au vérin, ou par un capteur mesurant la position effective obtenue. Cette information peut être employée par l'électronique de commande des moteurs électriques pour modifier la vitesse de rotations des roues internes et externes dans les virages.
Dans une variante, deux vérins distincts sont employés pour commander la rotation de l'essieu avant et de l'essieu arrière. Cette variante permet de supprimer la liaison mécanique 4 entre les deux essieux. Emploier un vérin additionnel complique cependant la commande.
La barre de transmission 13 a l'avantage de lier mécaniquement les rotations de la roue avant avec celles des roues arrières. Il est cependant aussi possible d'actionner la direction avant indépendamment de la direction arrière, par exemple afin de n'actionner la direction arrière que dans les virages serrés et/ou lorsque la vitesse est réduite. Il est aussi possible dans le cadre de l'invention d'appliquer le mécanisme de direction à des véhicules comprenant uniquement deux roues directrices.
Comme on peut l'observer par exemple sur les figures 2, 13 ou 14, les principaux composants du mécanisme de direction, notamment les biellettes 5 et 6 ainsi que les coulisseaux 1 1 sont montés horizontalement sensiblement dans le même plan que la base inférieure de la suspension 15. La direction reste ainsi fixe par rapport aux roues lorsque la suspension est actionnée, et n'entre pas en collision avec la partie supérieure de la suspension ou d'autres éléments du fauteuil. Les coulisses 1 1 sont de préférence constituées par des cylindres de section circulaire, plutôt que polygonal, et permettent ainsi aux coulisseaux 9 et aux premières biellettes 5 de pivoter autour de l'axe longitudinal des coulisses 11 lors de mouvements de la suspension. A cet effet, la distance entre les deux coulisses 1 1 d'un même essieu est suffisante pour éviter toute collision entre premières biellettes ou entre coulisseaux, même en cas de mouvements importants de la suspension.
Liste des numéros de référence employés
Centre de rotation du véhicule Roues Premier axe vertical de pivotement des roues Traverses transversale Traverse longitudinale Biellettes Liaison biellette-roue Seconde biellette Troisièmes axes verticaux Quatrièmes axes verticaux Coulisseaux Axes biellettes-coulisseaux Coulisses Deuxièmes axes coulisses-traverses Barre de transmission avant-arrière Liaison axe-barre de transmission Mécanisme de suspension Siège Batteries Appuie-pieds Joystick Moteurs électriques