DISPOSITIF RAYONNANT A FILTRAGE DE FREQUENCE INTEGRE ET PROCEDE DE FILTRAGE CORRESPONDANT
La présente invention concerne un dispositif rayonnant fonctionnant par couplage électromagnétique dans lequel est filtré un signal afin d'en rejeter au moins une fréquence indésirable. L'invention concerne également un procédé pour filtrer un signal afin d'en rejeter au moins une fréquence indésirable dans un dispositif rayonnant fonctionnant par couplage électromagnétique. Les télécommunications sans fils connaiss ent un fort développement depuis l'avènement de la téléphonie mobile grand public. Ces systèmes de communications se sont considérablement diversifiés et ne touchent plus seulement les réseaux téléphoniques mais également des systèmes de réseaux locaux sans fils, par exemple les réseaux WLAN à 2.4GHz et 5GHz. Des dispositifs rayonnants utilisant un couplage électromagnétique pour réaliser le transfert de puissance sont couramment utilisés dans de tels systèmes. On remarque que ces systèmes requièrent des re ssources spectrales de plus en plus importantes pour pouvoir satisfaire la demande de nouveaux services coûteux en terme de débit. Ainsi il devient nécessaire de gérer les ressources spectrales au mieux. L'exploitation des ressources allouées pour chacun d es systèmes de communications doit donc être optimisée et les interactions éventuelles entre systèmes sans fils doivent être diminuées.
Par ailleurs, les systèmes de communication bidirectionnels, tels que les systèmes satellitaires ou les applications mu Itimédia domestiques sans fils, intègrent des fonctions d'émission/réception nécessitant une isolation importante entre ces deux voies, étant donné le rapport important entre les niveaux des signaux des voies d'émission et de réception.
Ainsi, l'invention s'inscrit dans une démarche de diminution des interactions et consiste à rejeter les fréquences indésirables telles que des raies
parasites provenant d'autres systèmes, des parasites provenant de la chaîne d'émission/réception, une harmonique, une sous ba nde d'une antenne large bande...
L'élimination de fréquences indésirables dans les systèmes de communication est généralement réalisée à l'aide d'un ou plusieurs filtres classiques connus de l'homme de l'art et placés dans la chaîne de transmission du système. Cependant, il est connu que les filtres ajoutent des pertes dans la bande utile du système de communication.
La présente invention propose un dispositif rayonnant disposant de moyens pour filtrer un signal de manière à en rejeter au moins une fréquen ce indésirable ne présentant pas les inconvénients des moyens de filtrage de l'art antérieur ainsi qu'un procédé de filtrage correspondant.
La présente invention concerne un dispositif rayonnant tel que les conditions de couplage sont choisies de manière à permettre de rejeter au moins une fréquence indésirable.
Ainsi, le dispositif rayonnant dispose d'une fonction de filtrage intégrée. En effet, l'utilisation du couplage électromagnétique lui -même pour filtrer des fréquences indésirables permet selon l'in vention d'intégrer cette fonction dans le dispositif rayonnant lui -même. Cela permet de relâcher les contraintes de filtrage dans la chaîne de transmission et/ou d'améliorer le filtrage sans augmenter le nombre de pôle d'un filtre déjà existant. On observe également une minimisation des pertes liées au filtrage étant donnée que le filtrage est permis par des conditions de non -couplage au niveau de la transition.
Ainsi, l'invention permet, par exemple, d'éliminer les raies parasites provenant d'autres systè mes (exemple : antenne double mode), d'éliminer les parasites provenant de la chaîne d'émission/réception, d'éliminer l'harmonique
d'une antenne, d'éliminer une sous bande d'une antenne large bande (exemple : éliminer le 5GHz d'une antenne Ultra Large Band e 3-10GHz), d'améliorer l'isolation des accès d'une antenne bi -bande.
Dans un mode de réalisation, le couplage électromagnétique se faisant à l'aide d'une transition ligne/fente, les conditions de couplage sont choisies par ajustement de la longueur de la ligne.
Dans un autre mode de réalisation, le couplage électromagnétique se faisant à l'aide d'une transition ligne/fente, les conditions de couplage sont choisies par ajustement de la longueur de la fente. Ainsi, selon ces deux derniers modes de réalisatio n, la ou les fréquences indésirables sont éliminées au niveau du dispositif rayonnant lui - même et grâce à la transition ligne/fente.
Da ns une réalisation, l'ajustement de la longueur est fonction du rapport de deux fréquences : l'une désirée, l'autre ind ésirable. L'invention concerne également un procédé pour filtrer un signal afin de rejeter au moins une fréquence indésirable, ledit procédé consistant à choisir des conditions de couplage électromagnétique permettant de rejeter la fréquence indésirable.
D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront à la lecture de la description de différents modes de réalisation, la description étant faite avec référence aux dessins ci -annexés dans lesquels :
Fig. 1 est un schéma d'un dispo sitif rayonnant selon l'art antérieur.
Fig. 2 est un schéma d'un dispositif rayonnant selon l'invention. Fig. 3a à Fig. 3e présentent plusieurs exemples de dispositifs rayonnants dans lesquels l'invention peut être mise en oeuvre.
Fig. 4a représente un dis positif rayonnant selon l'art antérieur et Fig. 4b représente un dispositif rayonnant similaire à celui de la Figure 4a dans lequel l'invention a été mise en oeuvre.
Fig. 5 représente le spectre des dispositifs rayonnants représentés sur les figures 4a et 4b en fonction de la fréquence.
Fig. 6a représente un dispositif rayonnant selon l'art antérieur, Fig. 6b et Fig. 6c représentent deux dispositifs rayonnants similaires à ceux de la figure 6a dans lesquels l'invention a été mise en oeuvre.
Fig. 7a à 7c représentent les résultats obtenus avec les dispositifs rayonnants présentés sur les figures 6a à 6c.
Sur la figure 1 est représenté un dispositif rayonnant fonctionnant par couplage électromagnétique selon l'art antérieur. Selon cette figure représentative d'un exemple de couplage électromagnétique, le couplage se fait en une zone de transition 1 entre une ligne M et une fente S. La ligne M est par exemple une ligne microruban et son rôle est de véhiculer les signaux vers le dispositif rayonnant, à partir d 'un port d'alimentation 2. De manière à réaliser un couplage électromagnétique optimal, la fente S et la ligne M sont disposées selon une structure géométrique précise.
La condition de couplage optimale au sein d'une transition ligne/fente de type Knorr est définie par l'équation suivante :
où H
M est le champ H de la ligne micro -ruban et £
Mest le champ E de la fente
Cela se traduit de la façon suivante : pour que le couplage soit maximal, le champ H de la ligne microruban doit être maximal dans le plan de la transition et le champ E doit être maximal dans le plan de la transition. Cela implique que l'on ramène dans le plan de la transition un court -circuit (CC) sur la ligne microruban et un circuit ouvert (CO) dans la fente.
Sur la figure 1 est ainsi présentée à titre d'exemple une méthode connue pour ramener les conditions de couplage optimales dans le plan de la transition à savoir un quart d'onde guidée λûs/4 dans la fente S terminée par u n
CC et un quart d'onde guidée XGMM sous la ligne M terminée par un CO. XGM et λûs sont respectivement les longueurs d'onde guidée dans la ligne M et dans la fente S.
Selon l'invention les conditions de couplage sont telles qu'elles permettent le filtrage d'une ou plusieurs fréquences indésirables. Ainsi, selon l'invention, les conditions de couplage optimum sont dégradées en se mettant dans des plans, où, soit le champ E s, soit le champ H M, n'est pas maximum. Ainsi un degré de liberté est disponible pour filtrer les fréquences indésirables.
L'invention part du constat que le couplage a lieu dès lors qu'un des deux champs E
s et H
M n'est pas nul. En effet, d'après la formule du couplage dans la transition ligne/fente ( C =
A H
M ), le couplage à encore lieu tant que l'un des deux champs E
s ou H
M est différent de zéro.
Ainsi, selon l'invention, filtrer une fréquence revient à ajuster la longueur, soit de la ligne microruban, soit de la fente, de façon à rejeter la fréquence indésirable de la tran sition ligne/fente.
Selon que la ligne micro -ruban ou la fente se termine par un circuit ouvert ou un court -circuit, huit configurations sont alors possibles et exposées dans le tableau ci -dessous.
Sur la figure 2 est représentée un exemple de réalisation selon la configuration n°7. Les longueurs de la fente L s et de la ligne LM sont déterminées de façon à ce que le couplage lui -même permette le filtrage d'une fréquence indésirable F2, tout en permettant un fonctionnement correct à la fréquence F1.
Afin de permettre u n fonctionnement correct à la fréquence F1, la longueur de la fente Ls entre la transition ligne/fente est de l'ordre de α λGS1/4 où λGS1 est la longueur d'onde guidée dans la fente à la fréquence F1 et α un entier impair.
La longueur Ls est donc par exemple de λGS1 /4.
La longueur LM de la ligne micro -ruban se détermine de la façon suivante : pour rejeter la fréquence F2, la longueur de la ligne L M doit être de l'ordre de k - λGM2/2 où λGM2 est la longueur d'onde guidée de la ligne micro - ruban à la fréquence F2 et k un entier. Pour assurer le couplage à la fréquence F1 , la longueur de la ligne L M doit également être de l'ordre de λGMi /4 + k' - λGM1/2 où λGM1 est la longueur d'onde guidée de la ligne micro - ruban à la fréquence F1 et k' un entier.
D'où que la longueur L M doive satisfaire l'équation suivante :
Soit A = ^1 = 1 + 2- *' λ ',GMl 2 - k
Ainsi, pour tout rapport de deux fréquences (F1 ,F2), il existe un couple (k,k') proche de ce rapport. Par exemple un tableau tel que proposé ci - dessous et reprenant les valeurs possibles pour un certain nombre de couple
(k,k'), permet de choisir le couple (k,k') le plus proc he du rapport des fréquences (F1.F2).
La longueur LM est alors choisie égale à k • λGM2/2.
Des calculs similaires à ceux effectués ci -dessus pour la configuration N°7 peuvent être aisément réalisés pour les autres configurations. Pour la généralisation, on appelle dans la suite L ND, la longueur qui correspond à des conditions non dégradées, que cette longueur corresponde à une longueur de ligne ou de fente, et L D à des conditions dégradées, que cette longueur corresponde à une longueur de lign e ou de fente.
Pour déterminer la longueur L ND, quatre cas se distinguent selon que la ligne micro-ruban ou la fente se termine par un CC ou un CO. Ces quatre cas sont résumés dans le tableau suivant où λGMl est la longueur d'onde guidée de la ligne micro -ruban pour la fréquence F1 et λGS1 désigne la longueur d'onde guidée de la fente pour la fréquence F1 , ce tableau donne les longueurs L ND pour lesquelles les conditions de couplage sont non dégradées :
Par exemple, dans le cas N°1, la condition de couplage n'est pas dégradée pour la ligne micro -ruban qui est terminée par un CO, lorsque la longueur L
ND est de l'ordre de α •
Pour déterminer la longueur L 0 qui génère des conditions de couplage dégradées, quatre cas se distinguent à nouveau selon que la fente ou que la ligne se termine par un CC ou par un CO.
Ces quatre cas sont résumés dans le tableau ci -dessous qui donne les longueurs L0 pour chaque configurat ion de dégradation des conditions de couplage. Dans ce tableau, λGMι est la longueur d'onde guidée de la ligne micro-ruban à la fréquence Fi et λGSι désigne la longueur d'onde guidée de la ligne fente à la fréquence Fi.
Type de
Type Condition de filtrage Condition de couplage Conditions sur
Cas de terminaison F1/F2 à F2 sur LD à F1 sur LD k et k1 ligne de la ligne k entier non
Micro¬ F, 1 + 2 k
N°1 CO k KMI /2 KMJ4 +^ KMJ2 nul ruban F2 2 k k' entier k entier
Micro- F, 2 k'
N°2 CC λGMl/4 + k KMI/2 k' entier non ruban k' KMI/2 F2 1 + 2 k nul k entier F, 2 k'
N°3 Fente CO KsIi 4 + k λGS2/2 k' λGSl/2 k' entier non F2 1 + 2 k nul k entier non F, 1 + 2 k
N°4 Fente CC KsJ4 + k' KsJ2 nul F2 2 k k' entier
Dans le cas N°1 , où les conditions de couplage sont dégradées sur une ligne micro-ruban terminée par un CO, il faut que la longueur L D soit de l'ordre de k - λGM2 /2 où k est un entier non nul pour rejeter la fréquence F2. Pour assurer le couplage à la fréquence F1 , la ligne L D doit également être de l'ordre de KMJ4 + k' KMJ2 OU k' un entier.
D'où que la longueur L D doit satisfaire à l'équation suivante :
* 1 + 2 - fr'
Soit ^*L-Λ = GM 2 _ λ, GMl 2 - k
Ainsi pour tout rapport de deux fréquences (F1 ,F2), il existe un couple (k,k') proche de ce rapport. Le tableau de la fonction F1 1 + 2 k' établi ci- Y ~ 2 k dessus permet de cho isir le couple (k,k') le plus proche du rapport des fréquences (F1,F2).
La longueur L0 est alors choisie égale à k • λGM2/2.
Le tableau ci -dessous présente la valeur de la fonction 1 1 _ 2 k' en
K 1 + 2 k fonction de k et k' pour k entier et pour k' entier non nul. Il permet de choisir le couple (k,k') lorsque la fonction Fi = 2 k est considérée.
1 + 2 - Â:
Pour des longueurs de L D importantes, il est possible de réduire cette longueur en prenant une valeur k inférieure (k entier). Le changement de cette valeur k modifie légèrement le couplage de la transition ligne/fente. Il agit également sur la périodicité P des harmoniques de filtrage où P = F2Jk .
On remarque que pour passer d'une ligne LD terminée par un CO à une ligne LD terminée par un CC, il faut simplement retrancher un quart de longueur d'onde guidée à la valeur initiale.
L'invention peut s'appliquer à tous les dispositifs rayonnants incluant une transition ligne/fente, notamment une antenne fente, une antenn e fente annulaire, une antenne à rayonnement longitudinal (LTSA, Vivaldi, ...), un dipôle imprimé... On trouve des transitions ligne/fente notamment dans les antennes fentes demi-onde ainsi que représentée sur la figure 3a, des antennes
annulaires ainsi que re présentée sur la figure 3b, des antennes à rayonnement longitudinal ainsi que représentée sur la figure 3c, les antennes dipôles ainsi que représentée sur la figure 3d, ou dans les transitions ligne/fente tête -bêche ainsi que représenté sur la figure 3e. Ci-après sont donnés deux exemples de réalisation de structures conçues sur un substrat de type Rogers RO4003 avec les caractéristiques suivantes : Er=3.38, TanD=0.0027, h=0.81mm.
1er exemple : Filtrage de l'harmonique 3 dans une antenne fente annulaire. La figure 4 montre d'une part, figure 4a, une antenne fente annulaire dimensionnée à une fréquence F1 = 5.5 GHz selon les méthodes classiques, et d'autre part, figure 4b, une antenne fente annulaire dimensionnée selon les règles de conception de l'invention pour rejeter l'harmonique 3, soit la fréquence F2 = 16.5 GHz. Cette antenne a été conçue selon la configuration N°8 présentée dans le tableau ci -dessus, c'est à dire avec un CC à l'extrémité de la ligne micro-ruban pour minimiser la longueur de la ligne à l'intérieur de la fente annulaire. La longueur de la ligne entre la transition et le CC est de λGM2/4.
La figure 5 représente le gain des dispositifs rayonnants représentés sur la figure 4a (courbe en trait plein) et sur la figure 4b (cou rbe en trait pointillés) en fonction de la fréquence. Cette figure montre que l'harmonique 3 de l'antenne fente annulaire a bien été supprimée pour le dispositif rayonnant de la figure 4b.
2eme exemple : Filtrage d'une raie dans une transition ligne/fente . Sur les figures 6 sont représentées différentes structures pour filtrer un telle raie. Sur les figures 7, sont représentés les résultats obtenus avec les différentes structures présentées sur la figure 6 sous forme de deux courbes. La première courbe en trait plein représente le coefficient de réflexion dénommé dB(S11) ou dB(S22). La lecture de cette courbe permet de voir comment le dispositif est adapté dans la bande fréquentielle. Ce dispositif est donc adapté pour fonctionner à la fréquence 5.5GHz. La seconde courbe en trait pointillés
représente les pertes d'insertion et est dénommée dB(S21) ou dB(S12). La lecture de cette courbe permet de voir comment le dispositif atténue le signal entre les deux ports 1 et 2 des structures de la figure 6.
La figure 6a montre une structure classique avec une transition ligne/fente tête-bêche à F1 = 5.5 GHz. On désire filtrer la fréquence F2 = 3 GHz selon la configuration N°7. Comme le montre la figure 7a, la fréquence F2 est atténuée de 2,5 dB sur la courbe dB(S21 ). Le rapport F1/F2 est de 1 ,83. D'après le tableau présenté auparavant, on déduit k et k' soit k=3, k'=5. Ainsi L D devient 3 λGM2/2. Cette nouvelle structure est proposée sur la figure 6b à une échelle différente. Avec cette nouvelle structure , on remarque que la fréquence F2 est atténuée de 20 dB sur la courbe dB(S21), comme représenté sur la figure 7b.
On note aussi qu'on peut diminuer la longueur de la ligne sur laquelle les conditions de couplage sont dégradées en choisissant une valeur de k plus faible, par exemple k=1. Ainsi L 0 devient λGM2/2. La structure est alors effectivement plus courte ainsi que représenté sur la figure 6c et on observe cependant que la fréquence F2=3GHz est toujours atténuée d'au moins 2OdB ainsi que représenté sur la courbe dB(S21) de la figure 7c L'invention n'est pas limitée aux modes de réalisation décrits et l'homme du métier reconnaîtra l'existence de diverses variantes de réalisation comme par exemple la possibilité de courber les lignes et/o u les fentes dans le cas où elles seraient trop longues, ou encore de modifier la longueur de la ligne et celle de la fente simultanément par rapport aux conditions optimales de couplage. Les circuits ouverts peuvent aussi notamment être des stubs radiaux ou tout autre structure remplissant cette fonction.