La présente invention a pour but de supprimer ou pour le moins de fortement réduire les
inconvénients liés aux déplacements non concentrique du spiral plat lors de ses
extensions ou de ses contractions. Cette invention concerne dans les mouvements
d'horlogerie mécanique et plus particulièrement ceux utilisés dans les montres-bracelet.
La précision du mouvement d'horlogerie mécanique dépend de l'ensemble balancier-spiral qui
constitue l'organe régulateur. Cet ensemble est un résonateur mécanique qui oscille à une
fréquence de par exemple 4 Hz. Les figures 1, 2 et 3 représentent à titre d'exemple un ensemble
balancier-spiral d'un mouvement d'horlogerie traditionnel représenté partiellement. La figure 1
est une vue en perspective de dessus, la figure 2 une coupe et la figure 3 une vue de l'ensemble
balancier-spiral. Ces différentes figures nous permettent de voir le balancier 1 chassé et rivé sur
son axe 2, le spiral 3 lié à la virole 4 elle-même chassée sur l'axe 2, le pont de balancier 5 qui
contient le palier antichoc supérieur 6 de l'axe 2. Nous savons que plusieurs phénomènes sont
susceptibles d'influencer la précision du mouvement d'horlogerie et que parmi eux, ceux liés à la
gravitation sont particulièrement importants. En effet, ces phénomènes ont une incidence sur la
précision du mouvement d'horlogerie mécanique en fonction, d'une part des positions variables
dans lesquelles se trouve notamment la montre-bracelet placée au poignet de son utilisateur et,
d'autre part des positions successives des défauts d'équilibre ou balourds issus des écarts
dimensionnels dus à la production et de ceux induits lors de des oscillations de l'ensemble
balancier-spiral. Ce dernier point est particulièrement important pour les mouvements
d'horlogerie munis d'un spiral usuellement appelé spiral plat et donc dépourvu de courbe
terminale dite de type Breguet. Nous citerons pour référence la Théorie de la construction
horlogère pour ingénieur, Volume : Mécanique, chapitre 5 page 67 à 142; édité par L'Ecole
d'ingénieurs de L'Arc jurassien CH 2400 le Locle.
Le lecteur comprendra que pour décrire l'objet de l'invention nous considérons dans l'exposé
suivant le spiral dit Breguet à courbe terminale réalisée au-dessus de son plan principal et le
spiral dépourvu de cette courbe dénommé usuellement spiral plat. Les figure 4,5 et 6
représentent un spiral plat dans 3 positions différentes. La figure 4 représente un spiral 3 au repos
fixé au centre à la virole 4 et à l'extérieur au piton 8, à l'extrémité de la courbe 7. Dans cette
position, les spires du spiral sont approximativement concentriques. La figure 5 représente un
spiral en contraction, pour lequel les spires se trouvent contractées et notamment resserrées dans
la partie opposée à la courbe 7. La figure 6 représente un spiral en extension, pour lequel les
spires se trouvent dilatées, et notamment espacées dans la partie opposée à la courbe 7. Les
balourds ainsi engendrés induisent des défauts d'isochronisme qui font que l'emploi du spiral plat
n'est pas satisfaisant pour les montres qui ont pour ambition de représenter l'horlogerie
mécanique de haute qualité. Pour faciliter la compréhension de la suite, nous analyserons les trois
principes relatifs à l'isochronisme des ensembles balanciers-spiraux énoncés en 1861 par
Edouard Philips, soit :
- Le centre de gravité du spiral au repos doit se trouver au centre du spiral, c'est-à-dire
sur l'axe de balancier
- le centre de gravité du spiral en mouvement doit rester sur l'axe de balancier
- le spiral ne doit exercer aucune pression sur les pivots de l'axe de balancier.
L'homme de l'art se satisfait de ces règles et réalise pour les satisfaire quand il dispose de
suffisamment de place en hauteur, comme le montrent les figures 7 et 8, une courbe 10
généralement appelée courbe Breguet située au-dessus du plan général du spiral et pour le
cas où il ne dispose pas de suffisamment de hauteur il se contente d'un spiral plat sans
courbe particulière et applique dès lors les théories du point d'attache. Ces théories
permettent de corriger partiellement les défauts induits lors des oscillations du spiral plat ;
cependant, pour parvenir à un résultat correcte il est nécessaire de mettre en oeuvre de
complexes et coûteuses opérations d'appairage entre le balancier et le spiral, ceci afin de
placer le point d'attache de ce dernier à un endroit précis.
A propos des trois conditions de Philips nous pouvons lire dans le Tome II de la théorie
générale d'horlogerie de Léopold Defossez, 1952 (page 340): "Ces trois conditions ne
sont pas incompatibles; dès que l'une d'elles est remplie, les deux autres le sont aussi ou à
peu près. Il suffit donc de chercher à munir le spiral de courbes qui ramène son centre de
gravité au repos sur l'axe de balancier", et, dans les conclusions à propos des courbes
Breguet page 350, "ainsi les courbes terminales qui remplissent les conditions 1 et 2
ramènent le centre de gravité du spiral au repos sur l'axe de balancier et l'y maintiennent
pendant la déformation; elles obligent le spiral à se développer concentriquement, c'est-à-dire
sans exercer de pressions sur les pivots du balancier".
Nous considérons pour notre part qu'il est insuffisant, voire erroné de s'intéresser au
centre de masse ou centre de gravité du spiral de cette manière simplifiée, ceci sachant
que le spiral est encastré au piton 8 et que la masse de la partie extérieure du spiral
n'intervient que progressivement. Le spiral est en fait supporté par cet encastrement et
l'on peut dès lors affirmer que maintenir le spiral concentrique pendant ses oscillation est
l'objectif essentiel à atteindre pour minimiser les défauts d'isochronismes.
Observons un spiral Breguet et comparons son fonctionnement avec ce que fit Frodsham
qui fut le premier à proposer une solution permettant d'obliger le spiral à se développer
concentriquement. Frodsham a imaginé d'attacher l'extrémité extérieure du spiral à un
ressort très flexible de telle sorte que ce ressort suive plus ou moins le mouvement de la
spire extérieure du spiral au point de leur liaison. En fait la courbe extérieure du spiral
Breguet se comporte de cette manière, son extrémité 11 se déplace simultanément
tangentiellement et radialement, elle accompagne le reste du spiral dans son
développement concentrique. Sachant que l'influence de la masse de la partie extérieure
du spiral est minimisée par son encastrement, nous pouvons admettre que la courbe 10 du
spiral Breguet n'a pas de rapport avec la position de son propre centre de masse, mais que
sa forme et que sa longueur permettent en fait d'augmenter la rigidité de la partie
terminale extérieure du spiral et de satisfaire ainsi au besoin de développement
concentrique de sa partie centrale. La pratique a démontré que pour réaliser cette
condition ladite courbe devait être construite sur environ les 270° précédants son
encastrement au piton et que la rigidité de cette courbe devait être environ 1,5 fois
supérieure à celle d'une spire qui prolongerait le spiral du même point de départ 11 et sur
le même secteur d'environ 270°.
Pour obtenir le même résultat pour un spiral plat, il est nécessaire de placer la courbe
terminale à l'extérieur du spiral dans sa périphérie. Dans ce cas, au contraire du spiral
Breguet la courbe ne peut pas être plus courte, elle sera en fait plus longue de l'ordre de
50 %. Elle sera donc d'une rigidité insuffisante et elle ne pourra pas être raisonnablement
réalisée en utilisant la partie finale d'un spiral métallique traditionnel laminé. A ce sujet,
nous citerons le brevet CH-A-327796, qui revendique: "Un spiral plat dont au moins une
partie de la lame présente une section droite différente de celle du reste de la lame, en vue
d'obtenir, lors du fonctionnement, un développement concentrique du spiral. Cette section
droite différente est obtenue notamment par pliage de la lame sur elle-même dans le sens
de sa longueur, dans le but d'obtenir, à l'endroit de la partie pliée, une rigidité supérieure à
celle du reste du spiral". Le document propose deux parties pliées, l'une se situant près de
la virole pour obliger la moitié intérieure des spires à se développer concentriquement et
l'autre se situant près du piton pour obliger cette fois-ci la moitié extérieure des spires à se
développer également concentriquement. Les propositions de ce brevet sont intéressantes
et vont dans le bon sens, mais l'on comprendra que les problèmes liés aux pliages rend
cette solution inexploitable dans le cadre d'une production traditionnelle de spiraux
métalliques estrapadés et traités thermiquement ensemble.
Pour obtenir une courbe extérieure d'une rigidité suffisante, il suffit en fait de faire varier
l'épaisseur de celle-ci. En employant des techniques telles que par exemple, le découpage,
l'usinage au fil, la découpe au laser ou chimique et le laminage impliquant des variations
d'épaisseur ; nous pouvons envisager, de produire séparée de la partie centrale du spiral
ou non, une courbe adéquate.
La présente invention a pour objet un spiral pour mouvement d'horlogerie mécanique
caractérisé par le fait qu'il est muni d'une courbe extérieur périphérique située dans le
même plan et que la rigidité de cette courbe est telle que la partie centrale de l'ensemble
ainsi constitué se développe concentriquement lors de ses oscillations.
La figure 9 présente schématisé cet ensemble en plan. Il est constitué d'une courbe
extérieur 10 allant du point 15 au piton 8 qui enveloppe la partie centrale 14 sur un angle
β plus ou moins égal à 270°. Cette courbe 10 présente 3 coudes 16, 17 et 18 qui sont
comparables à ceux existants sur la courbe traditionnelle du spiral Breguet désignés à la
figure 7 en 11, 12 et 13. Ces coudes sont utiles au spécialiste qui peut une fois l'ensemble
balancier-spiral placé dans le mouvement les modifier et obtenir ainsi le meilleur centrage
possible des spires de la partie centrale de l'ensemble. Afin de répondre à la nécessité de
renforcer la rigidité de la courbe 10, l'épaisseur de celle-ci est renforcée dans les zones
19, 20 et 21.
La figure 10 présente, selon ce qui précède, une exécution pour laquelle la courbe
extérieure est fabriquée séparément de la partie centrale, les deux éléments étant fixés
l'un à l'autre au point 15 par collage ou tout autres moyens susceptibles de réaliser cette
fixation.