Inhibiteurs de 5'-nucléotidases et leurs utilisations thérapeutiques
La présente invention concerne de nouveaux composés possédant un squelette de type 6-amino-purine comme inhibiteurs de 5 '-nucléotidases, et notamment de la 5 '- nucléotidase cytosolique II (cN-II). L'invention concerne également l'utilisation desdits composés, seuls ou en association avec des analogues de nucléosides et/ou de nucléobases, en chimiothérapie anti-cancéreuse.
Les analogues de nucléosides représentent une classe d'agents thérapeutiques largement utilisée dans le traitement des hémopathies malignes et des tumeurs solides. Leur mode d'action repose sur une métabolisation intracellulaire en leurs dérivés phosphorylés (nucléotides) qui interfèrent avec les systèmes enzymatiques impliqués dans la biosynthèse des acides nucléiques (polymérases, ribonucléotide réductase, thymidilate synthétase ...).
Les analogues de nucléobases tels que les dérivés du type 6-mercapto-purines ont à ce jour été décrits pour le traitement des leucémies aiguës lymphoblastiques, les leucémies aiguës myéloblastiques, et les leucémies myéloïdes chroniques chez l'adulte et l'enfant1. Les médicaments anticancéreux administrés par voie orale en pédiatrie sont peu nombreux, mais fréquemment utilisés dans divers cas de pathologies malignes tels que les leucémies, la maladie de Hodgkin, les lymphomes non hodgkiniens, les tumeurs cérébrales, etc. Leur mode d'action est similaire aux analogues de nucléosides.
L'utilisation d'analogues de nucléosides se heurte néanmoins à l'apparition de phénomènes de résistance, impliquant notamment une dérégulation enzymatique entre l' expression intracellulaire de kinases et de 5'-nucléotidases. Ainsi, l'expression élevée de l'activité de 5 '-nucléotisases au diagnostic est connue pour être un facteur prédictif indépendant défavorable de survie chez des patients atteints de cancers. A titre d'exemple, l'expression élevée de la 5 '-nucléotidase cytosolique II (cN-II) est observée cliniquement chez des patients atteints de leucémie aiguë myéloïde ayant une survie globale moins bonne que les autres patients. De plus, de récents travaux2a'b ont montré l'existence de mutations stimulant l'activité de la cN-II humaine entraînant une résistance accrue aux traitements par la 6-mercaptopurine et la 6-thioguanine utilisées en pédiatrie.
Aucune réponse thérapeutique n'a cependant été apportée à ce jour à la modulation des concentrations nucléotidiques résultant de l'expression ou de la surexpression de 5 '-nucléotidases.
Le document US 2010/0204182 décrit des inhibiteurs d'ectonucléotidases pour le traitement de maladies diverses et variées telles que la sécheresse oculaire, les maladies respiratoires, la fibrose kystique, les maladies inflammatoires, les maladies du système immunitaire, les troubles gastro -intestinaux, les troubles rénaux, les cancers et les maladies du cerveau.
Cependant, la cible pharmaco logique dans ce document est membranaire (et non cytosolique) et les applications visées sont extrêmement larges.
Le document « Biochem. J. (1989) 262, 203-8 » décrit des inhibiteurs de 5 '- nucléotidases cytosoliques présentes dans des extraits de foie et de cœur de rats; ces composés appartiennent à la famille des 5 '-déoxy-5 '-alkylthio-nucléosides, en particulier les dérivés de l'adénosine et de l'inosine.
L'un des buts de la présente invention est de mettre à disposition des composés inhibiteurs de 5 '-nucléotidases, pouvant notamment être utilisés dans le traitement du cancer.
Un autre but de l'invention est de mettre à disposition des composés inhibiteurs de 5 '-nucléotidases qui, utilisés en association avec des analogues de nucléosides cytotoxiques et/ou de nucléobases habituellement utilisés en chimiothérapie anticancéreuse, potentialisent l'effet thérapeutique desdits analogues de nucléosides cytotoxiques et/ou de nucléobases.
La présente invention a ainsi pour objet un composé possédant un squelette de type 6-amino-purine caractérisé n ce qu'il présente la formule :
dans laquelle
Ri et R2, identiques ou différents, représentent indépendamment l'un de l'autre hydrogène, alkyle, alcényle, alcynyle, aryle, acyle (-COR9), amino (-NH2), alkylamino (-NHR9), dialkylamino (-NRgR'g), acylamino (-NHCOR9), diacylamino
(-N(COR9)(COR'9)), trifluorométhyle (-CF3), halogène, hydroxyle (-OH), alkoxy (-OR9), thio (-SH), thioalkyle (-SR9),
avec R9 et R'9, identiques ou différents, représentant indépendamment l'un de l'autre alkyle, alcényle, alcynyle, aryle,
Z se situe sur l'une ou l'autre des positions N7 ou N9 de la purine, et représente hydrogène, alkyle, alcényle, alcynyle, aryle, -COR9, halogène, -(CH2)n-OR5, -(CH2)nl-0-(CH2)n2R5, -(CH2V-COOR5, -(CH2)n-P(=0)(ORô)(OR7), avec :
n, ni et n2, identiques ou différents, représentant indépendamment l'un de l'autre un entier allant de 1 à 10 et n' un entier allant de 0 à 10,
R5 représentant hydrogène, alkyle, alcényle, alcynyle, aryle, -COR9,
RÔ et R7, identiques ou différents, représentant indépendamment l'un de l'autre hydrogène, alkyle, alcényle, alcynyle, aryle, -COR9, un cation organique ou métallique,
X représente un radical divalent choisi parmi C=0, C=S, C=NRs ou S02, avec : Rs représentant hydrogène, alkyle, alcényle, alcynyle, -OH, -OR9,
Y a la même signification que R5,
Ar représente un biphényle pouvant être substitué par un substituant R3,
R3 représente hydrogène, alkyle, alcényle, alcynyle, aryle, -NH2, -NHR9, -NRgR'9,
-OH, -OR9, aryloxy, benzyloxy (-OCH2CeH5) ; un hétérocycle aromatique ou non à 5 ou 6 chaînons comprenant un ou plusieurs hétéroatomes choisis parmi N, O ou S, ledit hétérocycle à 5 ou 6 chaînons pouvant encore être substitué par un substituant
R4 avec :
R4 représentant hydrogène, alkyle, alcényle, alcynyle, aryle, -COR9, -(CH2)n-OR5, -(CH2)nl-0-(CH2)n2R5, -(CH2)n -COOR5,
-(CH2)n-P(=0)(OR6)(OR7),
avec R5, R5, R7, n, ni, n2 et n' tels que définis précédemment,
R3 étant lié avec Ar en position ortho, méta ou para,
X étant lié avec Ar en position ortho, méta ou para,
à l'exception du composé 9H-purin-6-yl-[l , l '-biphényl]-4-carboxamide.
Dans la présente demande, le terme alkyle désigne un radical hydrocarboné, linéaire ou ramifié, ayant avantageusement de 1 à 12 atomes de carbone, et de
préférence de 1 à 6 atomes de carbone tel que méthyle, éthyle, propyle, isopropyle, butyle, ter-butyle, pentyle, néopentyle ou n-hexyle.
Le terme alcényle désigne un radical hydrocarboné, linéaire ou ramifié, comportant une ou plusieurs doubles liaisons carbone-carbone, ayant avantageusement de 2 à 12 atomes de carbone, et de préférence de 2 à 6 atomes de carbone avec une ou deux doubles liaisons.
Le terme alcynyle désigne un radical hydrocarboné, linéaire ou ramifié, comportant une ou plusieurs triples liaisons carbone-carbone, ayant avantageusement de 2 à 12 atomes de carbone, et de préférence de 2 à 6 atomes de carbone avec une ou deux triples liaisons.
Le terme aryle désigne un système hydrocarboné aromatique mono-, bi- ou tricyclique, ayant de 6 à 18 atomes de carbone. A titre d'exemple on peut citer le phényle (C6H5), le benzyle (C6H5CH2), le phénétyle (C6H5CH2CH2) le tolyl (C6H4CH3), le xylyle (C6H3(CH3)2), le benzylidène (C6H5CH=CH), le benzoyle (CôHsCO), le biphényle (ou diphényle) (Ci2H9), le naphtyle (C10H7).
Ce terme aryle doit être différencié dans la présente demande de l'abréviation « Ar » représentée dans la formule générale ci-dessus ou dans la formule (I) définie ci-après, et qui désigne spécifiquement, d'une part un biphényle ou d'autre part un biphényle ou un naphtyle, chacun pouvant être substitué par un substituant R3 avec R3 tel que défini précédemment.
Les alkyles, alcényles, alcynyles, aryles tels que définis dans la demande peuvent en outre être substitués par un ou plusieurs substituants choisis parmi alkyle, alcényle, alcynyle, aryle, -NH2, -NHR9, -NRgR' i, -OH, -OR9, aryloxy, benzyloxy (-OCH2C6H5), un hétérocycle aromatique ou non à 5 ou 6 chaînons comprenant un ou plusieurs hétéroatomes choisis parmi N, O ou S.
Le terme halogène désigne un atome de fluor, de chlore, d'iode ou de brome. A titre d'exemple de cation organique on pourra citer un cation ammonium, trialkylammonium ou pyridinium. A titre d'exemple de cation métallique on pourra citer un cation sodium (Na+), lithium (Li+) ou potassium (K+).
Dans le cas où 5 et/ou R7 désigne un cation organique ou métallique, le groupement -(CH2)n-P(=0)(ORe)(OR7) pourra être représenté par l'une des 3 formules suivantes :
-(CH
2)n-P(=0)(0
" "Cation")(OR
7),
"Cation") ou
-(CH
2)n-P(=0)(0
" "Cation")(0
~ "Cation"),
la désignation "Cation" impliquant forcément une charge positive.
Le terme aryloxy désigne un radical aryle lié à un atome d'oxygène.
Un hétérocycle à 5 chaînons, aromatique ou non, comprenant un ou plusieurs hétéroatomes choisis parmi N, O ou S désigne par exemple pyrrole, imidazole, furane, pyrroline, pyrrolidine, tétrahydrofurane, thiophène, tétrahydro-thiophène, pyrazole, oxazole, isoxazole, pyrazoline, imidazoline, pyrazolidine, imidazolidine, dioxolane, thiazole, thiazolidine, isoxazolidine, triazole, oxadiazole, furazane, thiadiazole, tétrazole.
Un hétérocycle à 6 chaînons, aromatique ou non, comprenant un ou plusieurs hétéroatomes choisis parmi N, O ou S désigne par exemple pyridine, pyrane, dihydro-pyrane, pipéridine, pyridazine, pyrimidine, pyrazine, oxazine, dioxine, pipérazine, morpholine, dioxane, thiazine, thiomorpholine, oxathiane, dithiane, triazine, trioxane, thiadiazine, dithiazine, trithiane.
Selon un mode de réalisation de l'invention, pour les composés tels que définis ci- dessus, le substituant R3 représente un hydrogène ou un hétérocycle, aromatique ou non, à 5 ou 6 chaînons comprenant un ou plusieurs hétéroatomes choisis parmi N, O ou S, ledit hétérocyclique pouvant être substitué par un substituant R4 tel que défini ci-dessus.
A titre d'exemple d'hétérocycle à 5 chaînons, on pourra citer un pyrrole ou un imidazole, ledit pyrrole ou imidazole pouvant être substitué par un substituant R4 choisi parmi H ou -(CH2)n-P(=0)(OR6)(OR7) tel que défini ci-dessus.
Selon encore un mode de réalisation de l'invention, pour les composés tels que définis ci-dessus :
Ri représente hydrogène, (-NH2), (-NHR9), (-NR9R'9), (-NHCOR9), (-N(COR9)(COR'9)),
R2 représente hydrogène, benzyle, phényle,
Z représente hydrogène, benzyle, phényle, -(CH
2)
n-OR
5, -(CH
2)
ni-0-(CH
2)
n2R
5i
n, ni, n2 et n', identiques ou différents, représentant indépendamment l'un de l'autre un entier égal à 1 ou 2,
R5 représentant hydrogène, éthyle, acétyle (-COCH3), phényle,
RÔ et R7, identiques ou différents, représentant indépendamment l'un de l'autre hydrogène, méthyle, éthyle, un cation sodium (Na+), un cation lithium (Li+),
X représente C=0, S02,
Y représente hydrogène.
La présente invention a plus particulièrement pour objet un composé tel que défini ci-dessus, caractérisé en ce qu'il est choisi dans le groupe comprenant:
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-2-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -3 -carboxamide,
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -3 ' -N-pyrro le-2-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -4 ' -N-pyrro le-2-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -3 ' -N-pyrro le-3 -carboxamide,
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -4 ' -N-pyrro le-3 -carboxamide,
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -3 ' -N-pyrro le-4-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -4 ' -N-pyrro le-4-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3 '-N-imidazole-2-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl] -4 '-N-imidazole-2-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3 '-N-imidazole-3-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl] -4 '-N-imidazo le-3 -carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3 '-C4-imidazole-2-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-4'-C4-imidazole-2-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3 '-C4-imidazole-3-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-4'-C4-imidazole-3-carboxamide,
-9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -4 ' -C4-(N;-éthoxyphosphinylméthyl)imidazo le-3 - carboxamide,
- 7-(phénylméthyl)-7H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3-carboxamide,
- 9-(phénylméthyl)-9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3-carboxamide,
- 7-[(phénylméthoxy)méthyl]-7H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl] -3 -carboxamide,
- 9-[(phénylméthoxy)méthyl]-9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl] -3 -carboxamide,
- 9-[2-(acétyloxy)éthyl]- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl] -3 -carboxamide,
- 9-(2-hydroxyéthyl)- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl] -3 -carboxamide,
- 2-[(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] acétate d'éthyle,
- acide 2-[(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] acétique,
-[(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] méthylphosphonate de diéthyle, - acide [(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] méthylphosphonique, et leurs mélanges.
L'invention concerne également un composé tel que défini ci-dessus pour son utilisation en tant que médicament, et de préférence pour son utilisation dans le traitement du cancer.
La présente invention a également pour objet un composé possédant un squelette de type 6-amino-purine caractérisé en ce qu'il présente la formule (I) :
dans laquelle
Ri, R2, R3, X, Y et Z sont tels que définis précédemment,
Ar représente un biphényle ou un naphtyle, ledit biphényle ou naphtyle pouvant être substitué par un substituant R3, avec R3 étant tel que défini précédemment,
R3 étant lié avec Ar en position ortho, méta ou para,
X étant lié avec Ar en position ortho, méta ou para,
ledit composé de formule (I) étant destiné à une utilisation dans le traitement du cancer.
II doit être compris que, le composé 9H-purin-6-yl-[l,l '-biphényl]-4-carboxamide rentre bien dans la formule générale (I) telle que ci-dessus décrite et, selon l'invention, est destiné à une utilisation dans le traitement du cancer.
A titre d'exemples de composés de formule (I) pouvant avantageusement être utilisés dans le traitement du cancer, on pourra citer, outre les 27 composés ci-dessus spécifiquement cités:
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-4-carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-naphtalène- 1 -carboxamide,
- 9H-purin-6-yl-naphtalène-2-carboxamide,
- acide (naphtalène-l-carbonylamino-9H-purin-6-yl) méthylphosphonique, - acide (naphtalène-2-carbonylamino-9H-purin-6-yl) méthylphosphonique,
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-bi hényl]-4-sulfonamide,
et leurs mélanges.
A titre d'exemples de cancers pouvant être traités à l'aide des composés de formule (I), on pourra citer ceux choisis parmi :
- les tumeurs solides, telles que les tumeurs des cellules glandulaires, cutanées, mésenchymateuses, génitales et neurologiques, ou
- les hémopathies aiguës (telles que les leucémies myéloblastiques aiguës et les leucémies lymphoblastiques aiguës), les syndromes myéloprolifératifs chroniques et les syndromes lymphoprolifératifs chroniques (tels que les lymp homes malins
Hodgkiniens ou non Hodgkiniens), la leucémie lymphoïde chronique, la tricholeucocytose et le myélome multiple.
L'invention a aussi pour objet un composé de formule (I) pour une utilisation telle que définie ci-dessus, et plus particulièrement pour inhiber au moins une 5'- nucléotidase choisie parmi la 5 '-nucléotidase cytosolique II (cN-II), la 5 '- nucléotidase cytosolique IA (cN-IA), la 5 '-nucléotidase cytosolique IB (cN-IB), la 5 '-nucléotidase cytosolique IIIA (cN-IIIA), la 5 '-nucléotidase cytosolique IIIB (cN- IIIB), Pecto-5 '-nucléotidase (eN, CD73), la 5'(3 ')-désoxynucléotidase cytosolique (cdN) ou la 5'(3 ')-désoxynucléotidase mitochondriale (mdN), et en particulier la 5'- nucléotidase cytosolique II.
Selon un mode de réalisation de l'invention, au moins un composé de formule (I) pourra être utilisé en association avec au moins un analogue de nucléoside et/ou au moins un analogue de nucléobase pour potentialiser l'effet anti-cancéreux dudit analogue de nucléoside et/ou dudit analogue de nucléobase. Ainsi, l'invention concerne un composé de formule (I) pour une utilisation telle que définie ci-dessus, caractérisé en ce que ledit composé de formule (I) est associé avec au moins un analogue de nucléoside et/ou au moins un analogue de nucléobase pour potentialiser l'effet anti-cancéreux dudit analogue de nucléoside et/ou dudit analogue de nucléobase.
L'analogue de nucléoside utilisé en association avec un composé de formule (I) pourra par exemple être choisi parmi la cladribine, la fludarabine, la clofarabine, la cytarabine, la gemcitabine, la nélarabine, la floxuridine ou la pentostatine.
L'analogue de nucléobase utilisé en association avec un composé de formule (I) pourra par exemple être choisi parmi le fluorouracile, la 6-mercaptopurine ou la 6- thio guano sine.
L'invention a encore pour objet une composition comprenant :
- au moins un composé de formule (I) tel que défini précédemment, en association avec :
- au moins un analogue de nucléoside choisi parmi la cladribine, la fludarabine, la clofarabine, la cytarabine, la gemcitabine, la nélarabine, la floxuridine ou la pentostatine, et/ou
- au moins un analogue de nucléobase choisi parmi le fluorouracile, la 6- mercaptopurine ou la 6-thioguanosine,
- et éventuellement au moins un excipient pharmaceutiquement acceptable.
Dans la suite, l'expression « composition de l'invention » désigne la composition telle que définie ci-dessus.
Les composés de formule (I) pouvant avantageusement être utilisés dans une composition de l'invention sont plus particulièrement les composés spécifiquement cités ci-dessus.
L'invention a encore pour objet la composition telle que ci-dessus définie pour son utilisation en tant que médicament, et de préférence dans le traitement du cancer.
Typiquement, la composition de l'invention telle que ci-dessus définie pourra être utilisée pour une administration simultanée, séparée ou séquentielle dans le traitement du cancer.
Les exemples de cancers pouvant plus particulièrement être traités à l'aide d'une composition de l'invention sont ceux décrits ci-dessus, à savoir :
- les tumeurs solides, telles que les tumeurs des cellules glandulaires, cutanées, mésenchymateuses, génitales et neurologiques, ou
- les hémopathies aiguës (telles que les leucémies myéloblastiques aiguës et les leucémies lymphoblastiques aiguës), les syndromes myéloprolifératifs chroniques et les syndromes lymphoprolifératifs chroniques (tels que les lymphomes malins
Hodgkiniens ou non Hodgkiniens), la leucémie lymphoïde chronique, la tricholeucocytose et le myélome multiple.
La forme des compositions pharmaceutiques, leur voie d'administration, leur dosage et leur posologie dépendent naturellement de la sévérité de la pathologie, de son stade d'évolution, de l'âge, du sexe, du poids du sujet à traiter, etc.
L'homme du métier veillera donc à adapter les dosages en fonction du patient à traiter.
Les compositions pharmaceutiques selon l'invention peuvent être formulées pour une administration topique, orale, systémique, percutanée, transdermique, parentérale
(à savoir intraveineuse, intramusculaire, sous-cutanée, intradermique) ou autre. Selon le mode d'administration, la composition selon l'invention peut se présenter sous toutes les formes galéniques.
Pour une administration par voie orale, la composition de l'invention peut se présenter sous forme de comprimés, de gélules, de dragées, de sirops, de suspensions, de solutions, de poudres, de granulés, d'émulsions, de microsphères ou nanosphères ou vésicules lipidiques ou polymériques permettant une libération contrôlée.
Pour une administration par voie parentérale, la composition selon l'invention peut se présenter notamment sous forme de solution aqueuse ou de dispersion de type lotion ou sérum, et sera conditionnée sous forme d'ampoules, de flacons de perfusion etc.
Ces compositions sont préparées selon les méthodes usuelles connues de l'homme de l'art.
L'invention concerne encore un composé de formule (I) tel que défini ci-dessus, en association avec au moins un composé choisi dans le groupe comprenant :
- un composé de formule (I),
- un analogue de nucléoside choisi parmi la cladribine, la fludarabine, la clofarabine, la cytarabine, la gemcitabine, la nélarabine, la floxuridine ou la pentostatine,
- un analogue de nucléobase choisi parmi le fluorouracile, la 6-mercaptopurine ou la 6-thioguanosine,
et leurs mélanges,
pour une administration simultanée, séparée ou séquentielle dans le traitement du cancer.
L'invention a aussi pour objet l'utilisation d'un composé de formule (I) pour la fabrication d'un médicament, en particulier un médicament destiné au traitement du cancer.
Un autre objet de l'invention concerne également des méthodes de traitement d'un sujet souffrant d'un cancer, notamment d'un cancer tel que défini précédemment, comprenant l'étape d'administration audit sujet d'une quantité thérapeutiquement efficace d'au moins un composé de formule (I) ou d'une composition de l'invention.
Par "quantité thérapeutiquement efficace" on entend une quantité suffisante pour traiter et/ou arrêter la progression dudit cancer.
L'invention a également pour objet un procédé de préparation d'un composé de formule (I), caractérisé en ce que :
- un composé 6-amino-purine de formule (II) :
dans laquelle Ar est un biphényle ou un naphtyle, ledit biphényle ou naphtyle étant substitué sur un de ses cycles par un substituant R3 et sur son autre cycle par un substituant Rio,
à savoir le composé de formule (III) est représenté par l'une des formules ci- dessous :
Ar = biphényle ou Ar = naphtyle
avec :
R3 tel que défini précédemment,
Rio représente -COORn, -CORn, -SO2R11, avec Ru représentant hydrogène, alkyle, aryle, ou halogène.
Plus particulièrement, lorsque Ar représente :
- un biphényle alors Rio représente -COORn ou -SO2R11,
- un naphtyle alors Rio représente -CORn,
avec Rn tel que défini précédemment. L'invention sera mieux comprise à la lumière des exemples non limitatifs et purement illustratifs suivants.
La figure 1 illustre le schéma de synthèse général des composés de formule (I), dans laquelle Ri, R2, X, Y, Z, Ar et R3 sont tels que définis précédemment. Le composé de formule (III) est tel que défini précédemment.
Les figures 2 et 3 exemplifïent la préparation d'un composé de formule (III) dans laquelle Ar représente un biphényle.
Plus particulièrement les figures 2a et 2b exemplifïent deux voies de synthèse possibles pour préparer un composé de formule (III), dans laquelle le biphényle est substitué sur un de ses cycles par un substituant R3 et sur son autre cycle par un substituant COORn. Dans la figure 3, le biphényle est substitué sur un de ses cycles par un substituant R3 et sur son autre cycle par un substituant COOH.
La figure 4 illustre un procédé de préparation de différents composés de formule (I) dans laquelle Y= H, X= (C = 0) ou S 02, Ar = biphényle ou naphtyle éventuellement substitué par un substituant R3, avec Ri, R2, Z et R3 tels que définis précédemment.
Plus particulièrement, les figures 4a et 4b exemplifïent la préparation d'un composé (I) de l'invention dans laquelle Y = H et X = (C=0) et Ar = biphényle. La figure 4c exemplifïe un procédé de préparation de composés (I) dans laquelle
Y = H, X = S02 et Ar = biphényle.
La figure 4d exemplifïe un procédé de préparation de composés (I) dans laquelle
Y = H, X = (C=0) et Ar = naphtyle.
La figure 5 illustre la survie de souris B6D2F1 ayant reçu des cellules L1210 et traitées par :
- des cyclodextrines seules (■),
- de la fludarabine (100 mg/kg) (·),
- le composé (2) de l'invention seul (3,94 mg/kg) (A) ou en association avec la fludarabine (100 mg/kg) (Δ),
- le composé (2) de l'invention seul (7,89 mg/kg) (♦) ou en association avec la fludarabine 100 mg/kg ( ).
La figure 6 illustre le pourcentage de marquage Annexin V pour des cellules de patients LLC (Fig. 6A) et LAM (Fig. 6B) incubées en présence de DMSO, de fludarabine (10 μΜ), de cytarabine (100 μΜ) ou du composé (2) de l'invention (100 μΜ).
Exemple 1 : illustration de 33 composés répondant à la formule (I) ci-dessus définie
Les tableaux 1 à 4 ci-dessous exemplifient 33 composés de formule (I) synthétisés par les Inventeurs, et désignés respectivement par (1) à (33) dans ce qui suit.
Dans les composés (1) à (18) du tableau 1 :
Ri = R2 = Y= Z= H, X= (C=0) (carbonyle), Ar = biphényle, ledit biphényle pouvant être substitué par un substituant R3, ledit substituant R3 étant choisi parmi hydrogène, pyrrole ou imidazole, ledit imidazole étant substitué ou non par un substituant R4.
La dénomination chimique des composés (1) à (18) est respectivement la suivante :
- 9H-purin-6-yl-[l , l'-biphényl]-2-carboxamide (1),
- 9H-purin-6-yl-[l , l'-biphényl]-3-carboxamide (2),
- 9H-purin-6-yl-[l , l'-biphényl]-4-carboxamide (3),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-3 '-N-pyrrole-2-carboxamide (4),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-4'-N-pyrrole-2-carboxamide (5),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-3 '-N-pyrrole-3-carboxamide (6),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-4'-N-pyrrole-3-carboxamide (7),
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3 '-N-pyrrole-4-carboxamide (8),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-4'-N-pyrrole-4-carboxamide (9),
- 9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3 '-N-imidazole-2-carboxamide (10),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-4'-N-imidazole-2-carboxamide (1 1),
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-bi hényl] -3 ' -N-imidazo le-3 -carboxamide (12),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-4'-N-imidazole-3-carboxamide (13),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-3 '-C4-imidazole-2-carboxamide (14),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-4'-C4-imidazole-2-carboxamide (15),
- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-3 '-C4-imidazole-3-carboxamide (16),
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -4 ' -Q-imidazo le-3 -carboxamide (17),
- 9H-purin-6-yl- [1 , 1 '-biphényl] -4 ' -C4-(N;-éthoxyphosphinylméthyl)imidazo le-3 - carboxamide (18).
L'orientation indiquée dans le tableau 1 (ortho, méta ou para) respectivement pour le groupement -NH-(C=0)- et pour le groupement R3 concerne la position de chacun de ces groupements par rapport au biphényle.
Tableau 1
/^N 1 (13) méta —
N ^-j para
-H (14) ortho
N wéifl
-H (15) ortho
N /jflra
-H (16) méta
N wéifl
-H (17) méta
N /jflra
méta -CH2-P(=0)(ONa)(OEt) (18)
N méta
Dans les composés (19) à (28) du tableau 2 :
Ri = R2 =Y= H, X= (C=0) (carbonyle), Ar = biphényle non substitué.
La dénomination chimique des composés (19) à (28) est respectivement la suivante :
- 7-(phénylméthyl)-7H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3-carboxamide (19),
- 9-(phénylméthyl)-9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3-carboxamide (20),
- 7-[(phénylméthoxy)méthyl]-7H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3-carboxamide (21),
- 9-[(phénylméthoxy)méthyl]-9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-3-carboxamide (22),
- 9-[2-(acétyloxy)éthyl]- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-3-carboxamide (23),
- 9-(2-hydroxyéthyl)- 9H-purin-6-yl-[l, -biphényl]-3-carboxamide (24),
- 2-[(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] acétate d'éthyle (25),
- acide 2-[(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] acétique (26),
- [(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] méthylphosphonate de diéthyle
(27) ,
- acide [(l, -biphényl)-3-carbonylamino-9H-purin-6-yl] méthylphosphonique
(28) .
L'orientation du groupement -NH-(C=0)- indiquée (ortho, méta ou para) concerne la position dudit groupement par rapport au biphényle.
Tableau 2
Z
-NH-(C=0)- orientation Composés (I)
Numéros
-CH2Ph (N7) méta (19)
-CH2Ph (N9) méta (20)
-CH2-0-CH2Ph (N7) méta (21)
-CH2-0-CH2Ph (N9) méta (22)
-(CH2)2-0-Ac (N9) méta (23)
-(CH2)2-OH (N9) méta (24)
-CH2-COOEt (N9) méta (25)
-CH2-COOH (N9) méta (26)
-CH2-P(=0)(OEt)2 (N9) méta (27)
-CH2-P(=0)(OH)2 (N9) méta (28)
N7 ou Ng indiquent la position du substituant Z sur l'azote respectivement en position 7 ou 9 du composé amino-purine (I).
Dans les composés (29) à (32) du tableau 3 :
Ri = R2 = Y = H, X= (C=0) (carbonyle), Ar = naphtyle non substitué.
La définition de Z est indiquée dans le tableau 3 pour chacun des composés (29) à (32).
La dénomination chimique des composés (29) à (32) est respectivement la suivante :
- 9H-purin-6-yl-naphtalène-l-carboxamide (29),
- 9H-purin-6-yl-naphtalène-2-carboxamide (30),
- acide (naphtalène-l-carbonylamino-9H-purin-6-yl) méthylphosphonique (31),
- acide (naphtalène-2-carbonylamino-9H-purin-6-yl) méthylphosphonique (32). L'orientation du groupement -NH-(C=0)- indiquée (1 ou 2) dans le tableau 3 concerne la position dudit groupement par rapport au naphtyle.
Tableau 3
Z -NH-(C=0)- orientation Composés (I)
Numéros
H 1 (29)
H 2 (30)
-CH2-P(=0)(OH)2 (N9) 1 (31)
-CH2-P(=0)(OH)2 (N9) 2 (32)
Dans le composé (33) du tableau 4 :
Ri = R2 =Y= H, X= (S02) (sulfonyle), Ar = biphényle non substitué.
La dénomination chimique du composé (33) est la suivante :
9H-purin-6-yl-[ 1 , 1 '-biphényl]-4-sulfonamide (33).
Tableau 4
L'orientation du groupement -NH-(S02)- indiquée (para) dans le tableau 4 concerne la position dudit groupement par rapport au biphényle.
Exemple 2 : synthèse de composés de formule (ï)
La figure 1 est un schéma de synthèse qui récapitule et généralise l'ensemble des étapes ci-dessous décrites.
Synthèse des composés de formule (I) dans laquelle Y = H, X = (C=Q) ou SO?, Ar = biphényle ou naphtyle éventuellement substitué par un substituant R3.
1) Préparation du composé biphényle de formule (III) dans lequel R_m = COOR_n (fig. 2a et 2b).
En fonction de la définition des substituants R3 ou Rio, l'homme du métier adaptera les conditions expérimentales ci-dessous décrites.
Synthèse du composé (III) dans lequel Ar = biphényle (fig. 2a)
Dans un ballon à fond rond à trois cols sont ajoutés, sous atmosphère d'argon, du Pd(PPh3)4 (palladium triphénylphosphine tétrakis) (0,1 éq.), du DMF (diméthylformamide) et du bromure de phényle substitué par un R3 (1 éq.) (fig. 2a). Sont ensuite successivement ajoutés du carbonate de potassium K2C03 (3 éq.) et le dérivé benzèneboronique éthoxycarbonyle correspondant (1,7 éq.). Le mélange est agité sous argon à 100 °C, jusqu'à ce que la chromatographie sur couche mince (CCM) révèle que le produit de départ est consommé. Le mélange est refroidi à température ambiante, dilué avec de l'eau et le produit est extrait avec de l'acétate d'éthyle (EtOAc). Les phases organiques combinées sont lavées avec de la saumure,
séchées sur du sulfate de sodium (Na2S04) et filtrées. Le solvant est éliminé sous vide et le résidu est purifié par chromato graphie sur colonne de gel de silice, élué par exemple avec un mélange dichlorométhane/méthanol (DCM/MeOH : 100/0 à 95/5) pour donner le composé ester méthylique ou ester éthylique attendu (III) sous forme d'une huile (fïg. 2a).
Synthèse du composé (III) dans lequel Ar = biphényle (fïg. 2b)
Dans un ballon à fond rond à trois cols sont ajoutés, sous atmosphère d'argon, du Pd2(dba)3 (dipalladium tris(dibenzylideneacetone) (0,1 éq.), du DMF (diméthylformamide) et du bromure de benzoate de méthyle ou d'éthyle (1 éq.) (fïg. 2b).
Sont ensuite successivement ajoutés du carbonate de potassium K2C03 (3 éq.) et le dérivé benzèneboronique substitué par un R3 (1,2 éq.). Le mélange est agité sous argon à 100 °C, jusqu'à ce que la chromatographie sur couche mince (CCM) révèle que le produit de départ est consommé. Le mélange est refroidi à température ambiante, dilué avec de l'eau, neutralisé par ajout d'une solution d'acide chlorhydrique (1M) et le produit est extrait avec de l'acétate d'éthyle (EtOAc). Les phases organiques combinées sont lavées avec de la saumure, séchées sur du sulfate de sodium (Na2S04) et filtrées. Le solvant est éliminé sous vide et le résidu est purifié par chromatographie sur colonne de gel de silice, élué par exemple avec un mélange éther de pétrole/dichlorométhane (EP/DCM : 100/0 à 20/80) pour donner le composé ester méthylique ou ester éthylique attendu (III) sous forme d'une huile (fïg. 2b).
2) Préparation du composé biphényle (III) dans lequel R_m = COOH (fïg. 3).
A une solution ou suspension du composé ester méthylique ou éthylique (III) tel qu'obtenu à l'étape précédente (point 1) ci-dessus) dans un mélange 1,4- dioxane/éthanol (2/1, v/v) est ajoutée goutte à goutte une solution d'hydroxyde de sodium (NaOH 2M) dans l'eau. Le mélange est agité à 50 °C jusqu'à ce que la CCM révèle l'achèvement de la réaction. Ensuite, une solution aqueuse d'acide chlorhydrique (HC1 1M) est ajoutée jusqu'à ce que le pH soit égal à 3 et le mélange est extrait avec EtOAc. Les phases organiques combinées sont lavées avec de la saumure, séchées sur Na2S04 et filtrées. Le solvant est éliminé sous vide et le résidu est purifié par chromatographie sur colonne de gel de silice, élué par exemple avec
DCM/MeOH (100/0 à 90/10) pour donner le composé acide carboxylique attendu (III) sous forme d'une poudre blanche (fïg. 3).
3) Préparation d'un composé de formule (I) dans laquelle Y= H, X = CO et Ar = biphényle (fïg. 4a et 4b).
En fonction de la définition des substituants Ri, R2, Z et R3, l'homme du métier choisira les produits de départ et adaptera si nécessaire les conditions expérimentales ci-dessous décrites.
Synthèse du composé (I) telle qu'exemplifiée à la figure 4a
A une solution sous agitation du composé acide carboxylique (III) (1 éq.) tel qu'obtenu à l'étape précédente (point 2) ci-dessus) dans le DMF à température ambiante, est ajoutée un réactif de couplage approprié, comme par exemple un mélange diimidazole carbonyle/diméthylaminopyridine (CDI (2 éq.)/DMAP (0,2 éq.)). Après 5 minutes, le dérivé 2-amino-purine (2 éq.) de formule (II) est ajouté et le mélange est agité à 100°C jusqu'à la fin de la réaction. Ensuite, le solvant est éliminé sous vide et le résidu est purifié par chromato graphie sur colonne de gel de silice, élué par exemple avec un mélange DCM/MeOH (100/0 à 90/10) pour donner le composé de formule (I) de l'invention avec Y= H et X = CO (fïg. 4a).
Synthèse du composé (I) telle qu'exemplifiée à la figure 4b
A une so lution sous agitation d'un dérivé 2-amino-purine (1 ,25 éq.) de formule
(II) dans la pyridine à température ambiante, est ajoutée le composé chlorure d'acide
(III) commercial souhaité (1 éq.). Le mélange réactionnel est agité à 100 °C jusqu'à la fin de la réaction. Ensuite, le solvant est éliminé sous vide et le résidu est purifié par chromatographie sur colonne de gel de silice, élué par exemple avec DCM/MeOH (100/0 à 90/10) pour donner le composé (1°) attendu (fig. 4b).
4) Préparation d'un composé de formule (I) dans laquelle Y= H, X = SO? et Ar = biphényle (fïg. 4c)
A une solution sous agitation d'un dérivé 2-amino-purine (1 ,25 éq.) de formule (II) dans la pyridine à température ambiante, est ajoutée le composé chlorure sulfuryle (III) commercial souhaité (1 éq.). Le mélange réactionnel est agité à 100 °C jusqu'à la fin de la réaction. Ensuite, le solvant est éliminé sous vide et le résidu est
purifié par chromatographie sur colonne de gel de silice, élué par exemple avec DCM/MeOH (100/0 à 90/10) pour donner le composé (1°) attendu (fig. 4c).
5) Préparation d'un composé de formule (I) dans laquelle Y= H, X = CO et Ar = naphtyle (fig. 4d)
A une solution sous agitation d'un dérivé 2-amino-purine (1,25 éq.) de formule (II) dans la pyridine à température ambiante, est ajoutée le composé commercial chlorure d'acide (III) (avec Ar= naphtyle, voir Fig. 4d) souhaité (1 éq.). Le mélange réactionnel est agité à 100 °C jusqu'à la fin de la réaction. Ensuite, le solvant est éliminé sous vide et le résidu est purifié par chromatographie sur colonne de gel de silice, élué par exemple avec DCM/MeOH (100/0 à 90/10) pour donner le composé (1°) attendu (fig. 4d).
Exemple 3 : détermination des propriétés inhibitrices et des activités cytotoxiques des composés (ï) de l'invention
Les propriétés inhibitrices des composés (I) de l'invention ont été déterminées vis-à-vis de l'enzyme cible recombinante purifiée cN-II (détermination de l'inhibition de l'activité 5'-nucléotidasique).
Les activités cytotoxiques des composés de l'invention ont été évaluées dans différentes lignées cellulaires tumorales (détermination de l'ICso).
Une sélection de ces données biologiques est présentée ci-après et concerne les composés de l'invention (I) pour lesquels une activité inhibitrice a été mesurée in vitro mais également en culture cellulaire : effet cytotoxique et/ou effet de synergie avec une des molécules anticancéreuses choisies parmi la cladribine, la fludarabine, la clofarabine, la cytarabine, la gemcitabine, la nélarabine, la floxuridine ou la pentostatine (à savoir analogues de nucléosides).
Les abréviations utilisées signifient :
cN-II : 5'-nucléotidase cytosolique II,
RL : Lignée cellulaire de lymphome folliculaire humain utilisée pour les tests de cytotoxicité (d'autres lignées telles que CCRF-CEM et MDA-MB-231 ont également été testées pour certains composés (I) de l'invention),
MTT Synergie: test d'évaluation de la synergie d'inhibition de la survie cellulaire entre les composés (I) de l'invention inhibiteurs de cN-II et l'agent anticancéreux
connu (à savoir un analogue de nucléosides cytotoxique choisi parmi la cladribine, la fludarabine, la clofarabine, la cytarabine, la gemcitabine, la nélarabine, la floxuridine ou la pentostatine).
Le test MTT décrit ci-après permet d'évaluer si l'effet est de nature :
1) « additif » : effets indépendants des composés (I) de l'invention (inhibiteurs de la cN-II) et des anticancéreux connus,
2) « antagoniste » : effets opposés des composés (I) de l'invention et des anticancéreux connus ;
3) « synergique » : effet potentialisateur de F anticancéreux connu par le composé (I) de l'invention, inhibiteur de cN-II.
C'est ce troisième point (effet synergique) qui est recherché dans ce qui suit.
Procédure expérimentale du test d'inhibition de la cN-II :
L'activité de la cN-II est mesurée in vitro en suivant l'apparition du phosphate inorganique produit au cours de la réaction enzymatique. L'enzyme recombinante et purifiée cN-II est utilisée en présence de son substrat préférentiel, l'inosine 5 '- monophosphate (IMP). Au cours de la réaction d'hydrolyse, de l'inosine et du phosphate inorganique sont produits à partir de l'IMP. Ce phosphate est ensuite dosé par une méthode colorimétrique utilisant le Vert de Malachite (kit vendu par la société Gentaur) : la lecture d'absorbance à 630 nm permet de quantifier le phosphate inorganique.
La même expérience est effectuée en présence des composés (I) de l'invention, inhibiteurs de 5'-nucléotidases (gamme de concentrations de 0 à 2 mM). Ce test de criblage « large » permet de déterminer le pourcentage d'inhibition de cN-II par les composés (I) dans la gamme de concentrations étudiées.
Conditions expérimentales :
Les réactifs utilisés sont : tampon imidazole 50 mM, pH = 6.5, NaCl 500 mM et MgCl2 10 mM. La concentration en enzyme (cN-II) est de 0.1 μΜ et celle de l'IMP de 100 μΜ.
Une incubation à 37°C est réalisée pendant 2 à 5 minutes puis stoppée par l'addition du réactif Vert de Malachite qui contient un acide fort. Une gamme de concentration en phosphate est réalisée en parallèle pour la quantification du phosphate produit au cours de la réaction.
Pour les composés de l'invention qui ont démontré une inhibition forte avec ce premier test, un second test d'inhibition est réalisé par la mesure de la cinétique enzymatique. Ce test plus long permet de caractériser le mode d'inhibition et de déterminer la constante d'inhibition (Ki).
Procédure expérimentale du test « MTT synergie » :
Pour les essais de synergie entre les composés (I) inhibiteurs de cN-II et les analogues de nucléosides cytotoxiques, les cellules sont ensemencées dans des plaques 96 puits contenant des concentrations variées de l'inhibiteur (I) seul, de l'analogue de nucléoside seul ou d'un mélange des deux composés à un ratio constant (proche du ratio des IC50 pour chaque composé seul). Après 72 h d'incubation, les cellules vivantes sont quantifiées à l'aide du réactif MTT.
La concentration inhibitrice 50 (IC50) et l'index de combinaison (CI95) sont calculés avec le logiciel CompuSyn software 1.0 (ComboSyn, Inc., USA).
L'IC5o correspond à la concentration d'un composé permettant une survie de 50% des cellules.
Le CI95 est calculé selon la méthode de Chou et Talalay3 avec une formule prenant en compte les concentrations des deux composés et la fraction affectée à ces concentrations (i. e. les cellules mortes). Des valeurs de CI95 inférieures à 0.9 indiquent une synergie entre les deux composés, des valeurs comprises entre 0.9 et 1 . 1 indiquent une additivité, et des valeurs supérieures à 1 . 1 indiquent un antagonisme selon les habitudes de la littérature4 et le manuel du logiciel (Users guide Compusyn). Cette méthode est la méthode de référence dans l'évaluation des interactions entre molécules 3' 5' 6' 1.
Le tableau 5 ci-dessous regroupe l'ensemble des données expérimentales obtenues sur l'activité inhibitrice d'une vingtaine de composés de formule (I) de l'invention.
Tableau 5
Comp.(I) Inhibition Force d'inhibition Lignée cancéreuse RL testés cN-II (mM) (Fort/Moyen/faible) ic5„ MTT synergie (N°) in vitro (μΜ)
(200 μΜ)
(1) 17 +/- 5% n.d.* f / 70% inh. à 1 mM 165 Additif avec cladribine
(5) 87 +1-3% n.d. F 51 Additif avec cladribine
(4) 69 +/- 9 n.a. F 25 Additif avec cladribine
51 Antagoniste avec
(H) 0 % n.d. i l cladribine &
42% inh. à 0.8 mM clofarabine
Additif avec fludarabine
(15) 0% n.d. i l 107 n.d.
58% inh. à 0.8 mM
(10) 13% n.d. i l 25% inh. à 0.8 168 +/-56 n.d.
mM
(14) 7-40% n.d. f / non reproductible 215 +/-13 n.d.
(6) 56 +/- 13% 1.53 F 11 +1-4 Antagoniste avec cladribine, clofarabine, fludarabine
(7) 28% n.d. M n.d n.d.
(2) 60 +/- 5% 0.8 F/ compétitif 25 Synergie avec cladribine & clofarabine
(13) 10% n.d. f 203 n.d.
(12) 39 +/-l l% n.d. f 34 Synergie avec cladribine & clofarabine Antagoniste avec fludarabine
(16) 47 +/- 12% n.d. f 53 Synergie avec clofarabine Antagoniste avec fludarabine
(17) 21 +/- 10% n.d. f 5 Synergie avec clofarabine Antagoniste avec fludarabine
(19) 68 +/-15% n.d. F 60 Synergie avec cladribine & fludarabine
(20) 58 +/-19 % n.d. F 51 Antagoniste avec cladribine & clofarabine Synergie avec fludarabine
(22) 43 +/- 7% n.d. M 188 +/-33 n.d.
(21) 50 +1-2% n.d. M 36 +/- 5 Synergie avec cladribine & clofarabine Additif avec fludarabine
(3) 60 +/- 5% 0.8 F / compétitif 128 n.d.
(9) 0% n.d. Pas d'effet / 98 Synergie avec
Insoluble cladribine
Antagoniste avec fludarabine
(29) 40 +/- 10% n.d. M 130 n.d.
(30) 35 +/- 10% n.d. M 58 n.d.
(31) 10% n.d. f 250 n.d.
(32) 10% n.d. f 145 n.d.
(33) 70 +/- 5% n.d. F 195 n.d.
*n.d. : non déterminé ; n.a. : non applicable car composé insoluble dans le tampon de réaction.
Conclusion
Les composés (2), (9), (12), (16), (17), (19), (20) et (21) montrent un effet synergique avec au moins un des trois agents anti- cancéreux de l'art antérieur.
Les composés (2), (4), (6), (12), (17) et (21) montrent également une activité cytotoxique intrinsèque sur le modèle cellulaire utilisé avec des IC50 de l'ordre de quelques micromolaires à quelques dizaines de micromolaires.
Exemple 4 : évaluation de l'activité antitumorale in vivo et cytotoxique ex vivo d'un composé de l'invention
Les propriétés antitumorales du composé (2) de l'invention, à savoir le 9H-purin- 6-yl-[l,r-biphényl]-3-carboxamide, ont été déterminées dans un modèle syngénique de tumeur intrapéritonéale chez la souris. Procédure expérimentale de l'évaluation in vivo :
Afin d'obtenir des solutions du composé (2) à des concentrations compatibles avec les évaluations in vivo, le composé (2) est solubilisé à 10 mM à l'aide de 2,6- diO-méthyle-béta-cyclodextrines. Des cellules de leucémie murine L1210 (1 million) sont injectées dans la cavité intrapéritonéale de souris B6D2F1 (trois souris par groupe) âgées de quatre semaines au jour 1, et les souris sont traitées aux jours 2, 4,
7, 9 et 1 1 par la fludarabine (100 mg/kg), le composé (2) (7,89 mg/kg ou 3,94 mg/kg), une association de fludarabine et du composé (2) ou une solution de cyclodextrines seules. La survie des souris est utilisée comme point final de l'expérience (voir figure 5).
Conclusion :
Une augmentation de la dose du composé (2) de 3,94 à 7,89 mg/kg permet de prolonger la survie des souris indiquant un effet dose dans cette gamme.
L'association entre le composé (2), en particulier à 7,89 mg/kg, et la fludarabine à 100 mg/kg permet de prolonger la survie des souris par rapport à la fludarabine seule, indiquant un effet potentialisateur de cette association.
Procédure expérimentale de l'évaluation ex vivo :
Du sang périphérique a été récupéré de patients atteints de leucémie lymphoblastique chronique (LLC) ou de leucémie aiguë myéloïde (LAM) sur des tubes héparinés. Après lyse des globules rouges, le sang est incubé pendant 24 heures en présence de DMSO, de fludarabine 10 μΜ, de cytarabine 100 μΜ ou du composé de l'invention (2) 100 μΜ avant détermination de l'induction de l'apoptose et de la mort cellulaire avec les marqueurs Annexin V et iodure de propidium par cytométrie en flux. Les cellules ayant subi un effet des incubations sont marquées en Annexin V seul ou avec Γ iodure de propidium (voir figure 6).
Conclusion :
Tous les échantillons LLC sont plus sensibles à une incubation de 100 μΜ du composé (2) de l'invention qu'à une incubation de 10 μΜ de fludarabine (65,3%
versus 45,8%), ce qui indique une bonne cytotoxicité du composé (2) pour ces cellules.
Pour les échantillons LAM, deux sur cinq sont plus sensibles à 100 μΜ du composé (2) qu'à 100 μΜ de cytarabine, avec une moyenne sur les cinq échantillons en faveur de la cytarabine (44,5% vs. 38,6%).
CONCLUSION GENERALE
L'originalité de l'invention repose sur la nature de la cible pharmacologique (cytosolique et non membranaire). Aucun inhibiteur de 5 '-nucléotidases intracellulaire (cytosolique) n'est à ce jour décrit dans le traitement de pathologies humaines.
L'association inédite des composés de l'invention, inhibiteurs de 5'-nucléotidases, et en particulier de la cN-II, à des analogues de nucléosides cytotoxiques connus à ce jour, permet d'accroître l'efficacité de cette classe médicamenteuse par plusieurs mécanismes : (1) par l'inhibition intrinsèque de la cN-II induisant un mécanisme d'apoptose ; (2) en augmentant la concentration intracellulaire des formes phosphorylées (nucléotidiques) de l'analogue nucléosidique, formes responsables de son activité antiproliférative ; (3) en permettant de répondre à certains mécanismes de résistance cellulaire associés à la surexpression de la cN-II.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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